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Letouzey et Ané, (Volume I,p.1639-1640-1983-1984).

Tome 1.2.b BAAL-BERZELLAI

Tome 2.1.a CAATH-CENDRE

BESACE. Voir Panetière.

BÉSAÏ, nom, dans lo Vulgate, de deux personnagesqui portent dans le texte hébreu des noms différents.

1. BÉSAÏ (hébreu: Bêsai; Septante: BaujoO, Be<jef, Bt, ai), chef de famille dont les membres revinrent deBabylone au nombre de trois cent vingt-trois, I Esdr., Il, 17; de trois cent vingt-quatre, II Esdr., vii, 23. On leretrouve parmi les signataires de l’alliance théocratique.II Esdr., x, 18.

2. BÉSAÏ (hébreu: Bêsaï, à la pause Bêsai; Septante: Bïio-t, BocctS), Nathinéen, chef de famille dont les filsrevinrent de Babylone avec Zorobabel. II Esdr., vii, 52.Il est appelé Bésée dans la Vulgate. I Esdr., ii, 49.

BESANGE Hieronymus Lamy, bénédictin, né àLintz le 22 juillet 1726, mort le 29 juillet 1781, professaavec succès durant vingtquatre ans l’Écriture Sainte etl’herméneutique à Salzbourg. Nous avons de lui: 1° Introduclioin Vêtus Testamentum critico-hermeneuticohistorica, 2 in-4°, Steyr, 1765, où il explique par lés Pères, les docteurs et les interprètes autorisés, le sens littéraldes Saints Livres. Sur le Nouveau Testament, il a édité dansle même sens: 2° Introduclio in sancta quatuor Evangelia, in-4°, Venise, 1775, et 3° Introductio in Acta Apostolorum, in-4°, Pavie, 1782. L’introduction aux Épitresde saint Paul est restée inachevée. 4° Fasciculus myrrhæ, explication de la passion de Notre-Seigneur suivantla concordance évangélique, d’après les textes des Pèreset des docteurs de l’Église, in-8°, Steyr, 1766. 5° Diesieben Busspsalmen, interprétation littérale des septpsaumes pénitentiaux avec des notes, pour l’usagé deceux qui veulent offrir à Dieu un cœur contrit et humjlié, in-8°, Salzbourg, 1776. J. Parisot.

BÉSÉCATH, nom, dans la Vulgate, IV Beg., xxii, 1, de la ville de la tribu de Juda qu’elle nomme Bascathdans Josué, xv, 39. Voir Bascath.

BÉSÉE, Nathinéen. I Esdr., ii, 49. C’est le même personnageque Bésaï 2.

BÉSÉLAM (hébreu: Btëlâm, pour Bén-Selâm, «filsde la paix;» Septante: èv eîp^v-t)), un des officiers du roide Perse en Palestine. Il écrivit avec plusieurs autres àArtaxerxès pour l’engager à défendre aux Juifs la reconstructiondu temple. I Esdr., iv, 7. Les Septante, le syriaqueet l’arabe ont traduit par un nom commun, «paix ousalut.»

BÉSÉLÉEL. Hébreu: Besal’êl, «à l’ombre de Dieu;» Septante: Be<jsXeViX. Nom de deux Israélites.

1. BÉSÉLÉEL, fils d’Uri et petit-fils de Hiir, de latribu de Juda. Exod., xxxi, 2; xxxv, 30; xxxvi, 1; xxxvii, l; xxxvin, 22; I Par., ii, 20; II Par., i, 5. Il fut choisi de Dieupour être le constructeur du tabernacle et présider à laconfection de tout le mobilier sacré et de tous les objets quidevaient servir au culte, depuis la préparation de l’huiled’onction et de l’encens sacré, Exod., xxx, 23-38, jusqu’àl’arche d’alliance renfermée dans le Saint des saints. Exod., xxxi, 4-11; cf. xxv-xxviii, xxx. Aussi à l’habileté naturelleque Bëséléel possédait déjà Dieu ajouta-t-il, par une effusionspéciale de son esprit, une habileté et une sagesse surnaturelles.Exod., xxxi, 3; xxxv, 31. Ooliab, que le Seigneurlui associa pour diriger les travaux sous ses ordres, et les ouvriers qui devaient travailler sous leur conduite,

participèrent à cette effusion céleste, Exod., xxviii, 3; xxxvi, 1-2; mais ce fut Béséléel qui en reçut la principalepart, pour exécuter dignement le plan divin et «concevoirtout ce qu’il pouvait faire avec l’or, l’argent, l’airain, et dans la taille des pierres pour enchâsser, et dans, la taille du bois pour travailler en toute sorte d’ouvrages».Exod., xxxi, i-5. Les matériaux dont il avait besoin luifurent fournis par les offrandes du peuple, qui avait emportéd’Egypte une grande quantité d’objets précieux» Exod., xxv, 2; xxxv, 26-29; xxxvi, 3-7. Béséléel avaitappris dans la vallée du Nil l’art de les mettre en œuvre.Les Égyptiens, comme nous l’attestent les monumentsqu’ils nous ont laissés, étaient des ouvriers très habiles; ils excellaient en particulier dans les ouvrages difficileset délicats que Dieu confia à Béséléel: travailler et enchâsserles pierres précieuses, ciseler les métaux, battrel’or, le réduire en feuilles, l’appliquer en minces cloisonsautour des pierres fines, filer, tisser en brodant des sujetsdans la trame, etc. Ils ont produit en fait d’orfèvrerie deschefs-d’œuvre qui font l’admiration de nos plus habilesouvriers du xixe siècle. Béséléel eut pour l’aider dans satâche des ouvriers israélifes qui avaient été formés commelui à l’école des Égyptiens.

Quant à l’outillage nécessaire pour fondre l’or, l’argentet le bronze, Béséléel le trouva au Sinaï même, dans lesmines qu’avaient exploitées ou qu’exploitaient encore lesÉgyptiens, dans l’ouadi Maghara et à Sarabit el-Khadim.Voir Vigoureux, Mélanges bibliques (Inscriptions et minesdu Sinaï), 2 8 édit., p. 257-279. Les mines de l’ouadi Maghara, au nord de l’ouadi Feiran, étaient alors abandonnées; mais elles purent fournir encore à Béséléel des fourneaux, des creusets, des mortiers, etc. Un peu plus loindans l’intérieur de la péninsule, les mines de Sarabitel-Khadim étaient en pleine exploitation du temps deMoïse, et Béséléel y trouva, avec un atelier en activité ettout le matériel nécessaire, des ouvriers égyptiens qu’ilput faire travailler à côté des ouvriers israélites, soit dansla mine même, soit au pied du Sinaï; car l’Exode ne nousdit pas où furent exécutés ces travaux, non plus que ceuxde la fonte du veau d’or qui avait eu lieu un peu plus tôt.Exod., xxxil, 4. Voir E. H. Palmer, The Désert of theExodus, 1. 1, p. 234 et suiv.; H. S. Palmer, Sinaï, p. 84-98.

E. Palis.

2. BÉSÉLÉEL, un des fils de Phahath - Moab, qui répudiaà la prière d’Esdras la femme étrangère qu’il avaitprise pendant la captivité. I Esdr., x, 30, 44.

BESLOTH, BEslu*tH (hébreu: Baslût, Baslî( r «dépouillement;» Septante: BatraXtiô), chef de Nathinéensdont les fils revinrent de Babylone avec Zorobabel.

I Esdr., ii, 52 (Baslùt); II Esdr., vii, 54 (Baslit): une légèredifférence (», yod, pour i, vav) entre les deux transcriptionsprovient des copistes.

BÉSODIA (hébreu: Besôdyâh, «dans le secret deJéhovah,» c’est-à-dire «confident de Jéhovah»; Septante: Ba<raSt’a), père de Mosollam, au temps de Néhémie.

II Esdr., iii, 6.

BESODNER Pierre, théologien transylvanien, étudiaà Francfort-sur-1’Oder et mourut à Hermanstadt en 1616.On a de lui: Bibliotheca thêologica, hoc est Index Bibliorumprsecipuorum eorumdemque hebrxorum, grxcorumet latinorum, in certas classes ita digestorum utprimo intuitu adparere possit quse in numéro rabbinorum, Patrum, lutheranorum, pontificiorum aut Zwinglico-Calvinianorumcontineantur, in-4°, Francfort-surl’Oder,

1608 et 1610.

B. Heurtebize.

BESOIGNE Jérôme, docteur de Sorbonne, né à Parisen 1686, mort dans cette ville le 25 janvier 1763. Entréjeune dans le clergé de Saint-Jacques-de-la-Boucherie, il fut ordonné prêtre en 1715, et reçut le bonnet de docteur le 3 mai 1718. En 1712, il devint régent de philosophieau collège de Plessis-Sorbonne. Nommé curé deSaint-Côme, en 1718, il résigna ce bénéfice, dont on luicontestait la possession. Il fut alors choisi comme coadjuteurdu principal du collège de Plessis, mais ses opinionsjansénistes et son opposition à la bulle Unigenituslui firent perdre cette charge en 1722, et amenèrent sonexclusion de la Sorbonne en 1729, le retrait de ses pouvoirsde confesser et de prêcher et sou exil en 1731.L’année suivante, il obtint du roi de revenir à Paris, oùil demeura jusqu’à sa mort, en 1763. On a de lui: Concordedes livres de la Sagesse, ou la morale du Saint-Esprit, in-12, Paris, 1737; Morale des Apôtres, ou concorde desÉpistres de saint Paul et de toutes les Epistres canoniquesdu Nouveau Testament, in-12, Paris, 1747. Lepremier de ces deux ouvrages fut bien accueilli, et il y en «ut une deuxième édition en 1746. Il a été réimprimé dansle tome xvii du Cursus completus Scripturae Sacrx, deMigne. Le second fut moins goûté, ce qui détourna l’auteurdu dessein de publier les autres concordes, terminées, mais lestées manuscrites. On en peut voir les titres dansla notice biographique indiquée ci-dessous. La Concordedes livres de la Sagesse contient, avec la traduction françaiseen regard, le texte de la Vulgate des Livres Sapientiaux, — moins le Cantique des cantiques, — et quelquesnotes rares, concises, substantielles, éclaircissant les endroitsobscurs. La morale des apôtres est une concordede toutes les Épîtres des Apôtres, y compris l’Apocalypse, composée avec la même méthode que la première. Voirla biographie de Besoigne, en tête du Catalogue deslivres de la bibliothèque de feu M. l’abbé Besoigne, dontla vente commencera lundi 14 mars 1763, in-8°, Paris, 1763. (Bibliothèque Nationale, À 311.) Cette plaquette estanonyme, mais, d’après Lelong, la notice biographiqueest de Laurent Etienne Rondet. Voir Lelong, Bibliothèquehistorique, in-f°, Paris, 1768, t. i, p. 695. 0. B.EY.

    1. BESOLD Jérôme##

BESOLD Jérôme, théologien protestant allemand, mort le 4 novembre 1562. Il habita successivement Wittenberg, où il fut le commensal de Luther, en 1537, etNuremberg, où il se lia avec Mélanchton. Il a publié lesEnarraliones Lutheri in Genesim collectée per Hier.Besoldum, cum prssfatione Ph. Melanchtonii, in-f°, Nuremberg,

1552.

B. Heurtebize.

    1. BÉSOR##

BÉSOR (TORRENT DE) (hébreu: nafial hab-Besôr, avec l’article; Septante: à ^si|iâppo{ Boo-ôp, I Reg., xxx, 9; 6 jaLaçipoi; l °û Boerép, I Reg., xxx, 10, 21), torrent situé à l’extrémité sud de la Palestine etmentionné trois fois seulement. I Reg., xxx, 9, 10, 21.Josèphe, Ant.jud., VI, xiv, 6, l’appelle Bâo-sXoç; Eùsèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 238, Bas-ûp. Gesenius, Thésaurus, p. 249, rattache l’hébreu Beèôr à l’arabebasara, «être froid,» ou basr, «eau froide,» de sortequ’on aurait ici le sens de «rivière de l’eau froide». Onne sait au juste où placer ce torrent, près duquel vintDavid marchant à la poursuite des Amalécites qui avaientpris et incendié la ville de Siceleg. Arrivé là avec sixcents hommes, il fut obligé d’en laisser deux cents, qui, accablés de fatigue, ne purent passer le torrent. Au retourde l’expédition, il leur accorda, malgré certainesréclamations, part égale au butin, parce qu’ils avaient, gardé les bagages, ce qui devint désormais une loi enIsraël. Les principaux ouadis dans lesquels on a voulureconnaître celui dont parle le texte sacré sont les suivants: 1° L’ouadi’Ar’ârah, la branche sud-est de l’ouadi€s-Séba’, courant d’Aroër. à Bersabée. Robinson, PhysicalGeography of the Holy Land, in-8°, Londres, 1865, p. 112. — 2° L’ouadi Ghazzéh, qui se jette dans la Méditerranée, au sud de Gaza. Mûhlau, dans Riehm’s Handwôrlerbuçhdes Biblischen Altertums, 2 in —8°, Leipzig, 1884, 1. 1, p. 173. — 3’L’ouadi esch-Schérî’ah, un des plusconsidérables du sud de la Palestine, et un des affluents

du Nahr Ghazzéh. Van de Velde, Metnoir to accahipdnythe Map of the Holy Land, in —8°, Gotha, 1858, p. 293; R. von Riess, Bibel-Atlas, Fribourg-en-Brisgau, 2e édit., 1887, p. 5; G. B. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, 2 in-8°, Leipzig, 1847, t. 1, p. 166. — En somme, toutela question dépend de l’emplacement de Siceleg (hébreu: Siqlâg). Pour préciser, en effet, le point intermédiairede la marche de David, il nous en faudrait connaître lepoint de départ et celui d’arrivée. Or, si nous savons queles Amalécites habitaient les régions septentrionales dela péninsule sinaïtique, nous ignorons l’endroit où Davidrencontra les pillards nomades. D’Un autre côté, Sicelegest placée par quelques auteurs à Asloudj, sur l’ouadi demême nom, au sud de Bersabée: dans ce cas, aucun destorrents cités plus haut ne saurait représenter celui deBésor, car les incendiaires de la ville durent prendre ladirection du sud ou du sud-ouest, pour retourner dans leurpays. D’autres cherchent Siceleg à Khirbet Zouheiliqah, au nord de l’ouadi esch-Schérî’âh; alors ce dernier répondraitbien aux données de l’Écriture. Voir Siceleg.

A. Legendre.

    1. BESSE##

BESSE (Pierre de), prêtre limousin, prédicateur célèbre, né en 1567 au village de Meymont, aujourd’huicommune de Laroche, près de Feyt, canton d’Eygurande(Corrèze), mourut à Paris le Il novembre 1639. Docteuren Sorbonne, il fut principal du collège de Pompadouret chanoine de Saint —Eustache. Ses qualités comme orateurlui valurent le titre de prédicateur du roi Louis XIII.Il était également aumônier de Henri de Bourbon, princede Condé. Outre ses sermons, on doit à cet auteur: Biblia latine et gallice ex versione DD. Lovanensium aPetro de Besse édita et Henrico IV Francise et NavarrseRégi dicata, in-f°, Paris, 1608; ConcordantiœBibliorum utriusque Testamenti générales a Petro deBesse emendatse, in-f", Paris, 1611; Psalterium Davidicumparaphrasibus illustralum, servala D. Hieronymitranslations, Raynino Snoygondano auctore Petroque deBesse correctore, in-12, Paris, 1617, 1646. — Voir Lelong, Bibl. Sacr. (1723), p. 330, 458, 545; L’abbé Pierre deBesse, étude littéraire, par E. Faye; Notice biographiqueet testament, par le D r Longy; Notices bibliographiques, par A. Bosvieux et R. Faye, in-8°, Tulle, 1885. L’éditionde la Bible de 1608 n’y est pas mentionnée.

B. Heurtebize.

    1. BESSON Jean##

BESSON Jean, né à Pézénas en 1585, mort à Toulousele 29 janvier 1665. Il entra chez les Jésuites en 1606.II enseigna pendant sept ans la rhétorique et six ansl’Écriture Sainte à Toulouse. Il fut ensuite recteur descollèges de Cahors et de Toulouse, préposé de la maisonprofesse de cette dernière ville. On ne connaît de lui que: In Canticum canticorum novse elucubrationes, in scholiaet commentarios tribulx, in-f°, Toulouse, 1646. L’auteury rétablit le texte dans sa première pureté, donnel’explication de chaque mot, établit la comparaison entreles différentes versions et expose le véritable sens du livre.Le P. Besson laissa en manuscrit un Commentarius iûPsalmos. C. Sommervogel.

    1. BESSUR##

BESSUR, nom que la Vulgate donne, Jos., XV, 58, d’après certains exemplaires, à la ville des montagnes deJuda qu’elle appelle ailleurs exactement Bethsur. VoirBethsur.

    1. BÉTANÉ##

BÉTANÉ (Bsrâv?)), nom de lieu, omis dans la Vulgate, mentionné dans le texte grec du livre de Judith, 1, 9.

Le texte syriaque porte. j^-s, Betanon. La plupart

des commentateurs pensent que Bétané désigne une villedont le nom est orthographié d’une manière différentedans les autres livres de l’Écriture. D’après les uns, c’estBéthanoth; d’après les autres, c’est Aïn. Voir Aïn 2.Quelques autres l’identifient avec Béten, ville d’Aser, maisavec peu de vraisemblance, parce que le contexte du livre

de Judith semble indiquer une localité aa sud de Jérusalem, comme Béthanoth et Aïn, et non pas au nord, commeBéten. F. Vigouroux.

BÊTE, animal dénué de raison. Pour les noms qui luisont donnés dans l'Écriture, voir Animaux, col. 603-604.

I. Dieu créateur et providence des bêtes. — Dieuest le créateur des bêtes comme de l’homme et de toutce qui existe. Il créa les poissons et les oiseaux le cinquième jour génésiaque, et les animaux terrestres lesixième. Gen., i, 20-25. Cf. Eccli., xvii, 4. Il les bénit etleur ordonna de croître et de se multiplier, Gen., i, 28; puis il amena devant Adam les oiseaux du ciel et les bètesde la terre, afin qu’il leur donnât un nom; ce que fit le premier homme en les désignant par une de leurs qualitésprincipales. Gen., ii, 19-20. Le principe de vie dans lesbêtes est la néfès, mot qui se dit des hommes et des animaux, comme en français «âme», qui en est la traduction.Gen., i, 24. Lès bêtes ont un corps, bâiâr, et une nef es; maiselles n’ont point à proprement parler, comme l’homme raisonnable, ce que l’hébreu appelle ruah, «esprit.» VoirLa Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iii, p. 111-112; Manuel biblique, 8e édit., t. ii, n°854, p. 415.La Providence s’occupe d’elles, Jonas, iv, 11, et leur faittrouver la nourriture dont elles ont besoin. Gen., i, 30; Job, xxxviii, 41; Ps. xxxv, 7; ciii, 11-30; cxlvi, 9; Matth., vi, 26. Elles sont dans sa main un moyen de châtier oude récompenser les hommes, Lev., xxvi, 6, 22; Deut., xxviii, 26; xxxii, 24; I Reg., xvii, 46-47; Job, v, 22-23; Ps.lxxih, 19; Sap., xii, 9; xvi, 1, 5; Eccli., xxxix, 36; Is., Xxxv, 9; lvi, 9; Jer., xii, 9; xv, 3, etc., et elles glorifientà leur manière leur créateur. Ps. cxlviii, 10; Is., xliii, 20; Dan., iii, 81. Le Créateur donna à l’homme l’empire surles animaux, Gen., i, 26, 28; ix, 2, et lui permit de senourrir de leur chair. Gen., ix, 2-3. (Sur l'époque oùl’on commença à se servir de la nourriture animale, voirChair des animaux.) La loi mosaïque restreignit à l'égarddes Juifs l’usage de la viande et ne les autorisa à mangerque celle des animaux purs. Voir Animaux impurs, col. 613.I Dieu voulut qu’on lui offrît à lui-même des animaux pursen sacrifice, Gen., viii, 20, et il détermina au Sinaï quelsétaient ceux qui pouvaient être immolés en son honneuret les rites qu’on devait observer dans cette immolation./ Voir Sacrifices.

IL Prescriptions légales concernant les bêtes. —Plusieurs prescriptions divines données au Sinaï sontrelatives aux animaux domestiques. Elles ont un caractère élevé qui les distingue avantageusem*nt des coutumes des anciens peuples. Cf. Quintilien, Tnst., v, 9, 13.La plupart semblent avoir pour objet de rappeler àl’homme qu’il doit traiter avec douceur et humanité cesauxiliaires précieux qui lui ont été donnés pour son service, puisque Dieu lui-même ne dédaigne pas de s’occuperd’eux avec bonté. Cf. Prov., xii, 10. Déjà, après le déluge, le Seigneur avait étendu aux animaux le pacte qu’il avaitfait avec Noé de ne plus envoyer ce fléau sur la terre.Gen., ix, 9-16. — À l'époque de la sortie d’Egypte, il faitaux bêtes domestiques l’honneur de se réserver leurs premiers-nés comme les fils aînés d’Israël eux-mêmes. Exod., Xi, 5; xii, 23, 29; xiii, 12 - 13. Dans la loi, il ordonna queces serviteurs de l’homme bénéficieraient comme leursmaîtres du repos du sabbat. Exod., xx, 10; xxiii, 12; Deut., v, 14, et que, pendant l’année sabbatique, ils pourraienterrer en liberté dans la campagne et manger ce que laterre aurait produit spontanément. Exod., xxiii, 11; Lev., xxv, 7. — Il est interdit de leur faire subir la castration, d’après l’interprétation juive du Lévitique, xxii, 24; cf. Josèphe, Ant. jud., V, viii, 10, comme il est interdit de lafaire subir aux hommes. — L’hybridation est égalementprohibée. Lev., xix, 19. Il est même défendu d’attacherà la charrue deux animaux d’espèce différente, commele bœuf et l'âne, Deut., xxii, 10, sans doute à cause del’inégalité de leurs forces. — Quelques règlements sont

d’une délicatesse touchante, bien propre à adoucir, parl’enseignement qu’ils renferment, la rudesse native des.enfants de Jacob. On ne doit point museler le bœuf quipiétine le blé sur l’aire, Deut., xxv, 4; I Cor., ix, 9, nifaire cuire un chevreau avec le lait de sa mère, Exod., .xxm, 19; xxxiv, 26; Deut., xjv, 21, ni égorger le mêmejour la mère et ses petit*, Lev., xxii, 28, ce qui seraitune sorte de barbarie. Si l’on voit un âne s’affaisser sous.le poids trop lourd de sa charge, il faut le soulager, Exod., xxiii, 5; s’il est tombé, il faut le relever, demême que le bœuf. Deut., xxii, 4. Cf. Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 30. Quand on rencontre un nid d’oiseaux, si lamère couve ses œufs ou nourrit ses petit*, il n’est permis.de prendre que les petit*; la mère doit rester en liberté.Deut., xxii, 6-7. Lorsqu’un bœuf ou un âne se sont égarés, celui qui les trouve est tenu de les ramener à leurmaître, alors même que celui-ci serait son ennemi. Exod., , xxm, 4; Deut., xxii, 1-3. Mais comme un animal.domestique ne doit pas être nuisible à l’homme, si un bœufa tué quelqu’un, il sera lapidé et l’on ne pourra mangersa chair; dans le cas où cet animal aurait été déjà auparavant reconnu vicieux, son maître sera responsabledu mal qu’il aura fait et puni lui-même. Exod., xxi, 28-36. Cf. Gen., ix, 5. Afin d’inspirer une plus grandehorreur du péché, l’animal qui a servi d’instrument àun crime abominable est exterminé avec le coupable.Lev., xx, 15-16. Dans les villes vouées à l’anathème, lesbêtes sont condamnées à périr comme les habitants. Deut. rxiii, 15. Cf. Jer., xxi, 6; Ezech., xiv, 13. — La loi défendait enfin de faire des sculptures ou-peintures représentantdes animaux, à cause du culte qu’on rendait à beaucoupd’entre eux en Egypte, afin de prévenir le danger d’idolâtrie. Exod., xx, 2-4; Deut., iv, 15-19. Cf. Ezech., viii, 10.III. Sens figurés du mot «bêtes» dans l'Écriture.

— Ce mot «bêtes» est employé en plusieurs endroits, dans un sens métaphorique et symbolique.

1° Sens métaphorique. — Dans l’apologue de Joas, roïd’Israël, refusant sa fille en mariage au fils d’Amasias, roide Juda, les bêtes fauves sont les soldats qui renversentet détruisent tout sur leur passage. IV Reg., xiv, 9; II Par., xxv, 18. — Saint Paul, se servant d’une figure qui se retrouve dans toutes les langues, dit, I Cor., xv, 32, qu’ila combattu à Éphèse contre «les bêtes», c’est-à-direcontre les hommes brutaux qui voulaient lui faire violencedans cette ville. Act., xix, 23-32. Des images analoguesse lisent Ps. xxi, 13-14, 17; lxxhi, 13-14; Is., xi, 6-8.

— Dans son Épitre à Tite, i, 12, l’Apôtre rapporte unproverbe qui compare les Cretois à «de mauvaisesbêtes», pour exprimer leur malice et leur méchanceté.Saint Pierre, II Petr., ii, 12, et saint Jude, ꝟ. 10, emploient la même similitude pour peindre une classed’hommes dignes de blâme. Enfin, de même que danstoutes les langues, le mot «bêtes» s’emploie commesynonyme de stupidité. Ps. xlviii, 13, 21; lxxii, 23.

2° Sens symbolique. — Dans les prophéties de Daniel, vu, 3, les quatre grands empires sont symbolisés par «quatre grandes bêtes», que le prophète décrit en détail, vii, 3-27. Voir Daniel (livre de). — Saint Jean sesert plusieurs fois des bêtes comme emblème dans l’Apocalypse, vi, etc.; il faut remarquer toutefois que le mot. «animaux» y est employé le plus souvent, IV, 6, etc., dans le sens d' «êtres vivants» (Çùa), et non dans celuide «bêtes». Mais il désigne simplement par le nom de(typiov, bestia, xi, 7; xm-xx, la personne, la puissanceet l’empire de l’Antéchrist, d’après les uns; la Romepaïenne, persécutrice des chrétiens, d’après les autres. «Quant à la bête ou au monstre aux sept têtes qui sortde l’abîme ou de la mer et qui apparaît en tant d’endroits, c’est l’idolâtrie personnifiée dans Rome et ses empereurs, et exerçant sa tyrannie sur le monde, dit M. Bacuez, Manuel biblique, 8e édit., n» 925-926, t. iv, p. 685-687.On peut voir dans Daniel, vii, 3, les quatre empires représentés sous des images semblables. La robe du léo

pard, les pieds de l’ours et la gueule du lion, que saintJean remarque en cette bête, Apoc., xiii, 2, signifientque Rome païenne réunit la ruse, la férocité et la forcedes trois monarchies, grecque, persane et babylonienne, auxquelles elle succède… Les anciens aimaient à désignerles personnes par des caractères mystérieux et par deschiffres. Cf. Apoc, i, 8; xxi, 6; Eptit. S. Barn., 9, t. ii, col. 752. Ce dernier mode de désignation était d’autantplus naturel parmi eux, que chaque lettre avait sa valeurnumérale. [Le chiffre de la bête] est 666, c’est-à-dire ontrouve en son nom des lettres dont la valeur équivaut àce chiffre. Apoc, xiii, 18. [Mais] une telle donnée [estinsuffisante] pour préciser ce nom, car il y a une foulede noms qui répondent à cette indication, par exemple: selon la valeur des lettres grecques, AaTsîvoî, iMtinus(S. Irénée, v, 30, t. vii, col. 1206; Teaâv, Titan (S. Irénée, loc. cit.); revaiiptxo; , Genséric (Rupert, t. clxix, col. 1084); OùXntoç, Vlpius, prénom de Trajan (Grotius); ’ArioçâTiiç, ç ligature pour crt, .AposJaJ(CorneliusàLapide, Comm. in Apocalyp., c. xiii, 18); M<xoy.iu(, Mahomet; en hébreu, Nero C&sar; en latin, G. F. Julianus Cses.Aug., nom de Julien sur les médailles (Dom Calmet, Comm. sur l’Apocalypse, ch. xiii, 18); Diodes Augustus[Dioclétien] (Bossuet, Explic. de l’Apocalypse, ch. xiii, 18), etc. Aussi plusieurs commentateurs ont-ils étéconduits à dire que ce nombre n’a qu’une valeur mystique.» Cf. Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. v, p. 579-582. — Voir Zoologie biblique.

F. Vigouroux.

BÉTÉ (hébreu: Bétah; Septante: rj Mereêdcx; CodexAlexandrinus: Ma<7Ôàx)> " ue d’Adarézer, roi de Soba, prise, avec Béroth, par David, qui en emporta uneimmense quantité d’airain. Il Reg., viii, 8. Dans le passageparallèle, I Par., xviii, 8, on lit Tibhaf (Septante:

  • i MataêlO; manuscrits du Vatican et du Sinaï: Msraëïixâ;
; Vulgate: Thebath). En laissant de côté le thav

final du second mot, il n’y a là qu’une simple transpositionde lettres: maa, Bélah; nmis, Tibhaf. Quelle est

la vraie leçon? Impossible de le savoir d’une façon certaine, la ville étant d’ailleurs complètement inconnue.Cependant les plus anciennes versions sont d’accord avecie texte des Paralipomènes. Les Septante donnent, eneffet, II Reg., viii, 8, Metlgax; la première syllabe Men’est que la préposition hébraïque qu’ils ont unie au mot; ils ont donc lu naioa, Métébah, au lieu de mit-Tébah, «de Tébah.» La transcription est la même dans le secondpassage, I Par., xviii, 8, sauf l’omission du heth dansMaraiéO. La version syriaque présente de même, dans les

deux endroits, — S.^, Tébah. On trouve dans l’arabe,

II Reg., viii, 8, M^s, fâbâh, et, I Par., xviii, 8, Hems,

à côté de Ba’albek, qui répond à Chun. Ajoutons néanmoinsque la paraphrase chaldaïque, II Reg., viii, 8, est semblableà l’hébreu, et que, dans le récit de Josèphe, Ant.jud., VII, v, 3, la ville s’ajjpelle BeiTcxîa. Quelques auteursdonnent la préférence à la leçon des Paralipomènes, parce qu’elle reproduit le nom d’un descendant de Nachor, frère d’Abraham, c’est-à-dire Tébah (Septante: Taëéx; Vulgate: Tabée; syriaque: Tébah; arabe: fdbah), Gen., xxii, 24. Cf. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, Gœttingue, 3e édit., 1866, t. iii, p. 207, note 3. Enfin ona voulu identifier Tibhaf ou Tébah avec une ville de Syrie, nommée Tayibéh, située sur la route de Hamah à Alep, ou avec une autre de même nom, au sud de Ba’albek.Cette dernière aurait en sa faveur sa position près deBereitân, que les mêmes auteurs assimilent à Béroth.Voir Béroth 3. Cf. K. Furrer, Die antiken Stâdte undOrlschaften im Libanongebieté, dans la Zeitschrift desDeutschen Palâslina-Vereins, Leipzig, 1885, t. viii, p. 34.

Malheureusem*nt il n’y a entre a£]a, Tayibph, et nniD,

Téba/f, qu’une ressemblance incomplète. — M. E. de

Rougé, Élude sur divers monuments du règne fie ThoutmèsIII, dans la Revue archéologique, nouv. série, Paris, , 1861, t. iv, p. 356, a cru reconnaître Tibhaf dans le n° 6des Listes de Karnak, qu’il transcrit Tevexii. D’autres, égyptologues donnent une lecture et une identificationdifférentes. Voir Thébath. A. Legendke.

    1. BÉTEN##

BÉTEN (hébreu: Bétén; Septante: Ba18<Sx; CodexAlexandrinus, Bxrvé), ville de la tribu d’Aser, mentionnéeune seule fois dans l’Écriture, Jos., xix, 25. Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 236, au mot Barvat, dit que ce bourg s’appelait encore de son temps BeOëeTev(correspondant à l’hébreu pa-wa, BêfBétén) et était

situé à huit milles ( environ douze kilomètres) à l’est dePtolémaïde ou Saint-Jean-d’Acre. C’est d’après ce renseignementque quelques explorateurs ont proposé d’identifierBéten avec le village actuel d’El-Ba’néh, qui se trouvebien à l’est d’Akka, quoique à une distance un peu pluséloignée. Voir la carte de la tribu d’AsER. Cf. Van de Velde, Metnoir to accompany the Map of the Holy Land, in-8°Gotha, 1858, p. 293; G. Armstrong, Wilson et Conder, Nantes and places in the Old and New Testament, in-8, Londres, 1889, p. 27. La différence entre le teth hébreude poa, Bétén, et le’aïn arabe de AàxjJS, El-Ba’néh,

rend évidemment la ressemblance des deux mots incomplèteet forme une difficulté au point de vue de l’onomastique.D’un autre côté cependant, la position qu’occupele village en question répond bien à l’ordre suivi parJosué, xix, 25-31, dans rémunération des villes d’Aser.Voir Aser 3, col. 1086. Cette opinion nous parait, en toutcas, plus acceptable que celle qui cherche Béten dansTibnin, au sud-est de Tyr, sous prétexte que l’hébreuBétén ou Béfén, changé en Tébén = l’arabe Tibn ouTibnin. Cf. Identifications suggested in «Murray’sHandbook», dans le Palestine Exploration Fund, QuarterlyStatement, 1892, p. 207, 333, Sans parler de ladifficulté topographique, nous dirons que de pareillesinterversions dans les lettres d’un mot, quand elles nesont basées sur aucun document ancien, texte, manuscritsou versions, seraient de nature à légitimer touteespèce d’identifications. Mariette avait cru reconnaîtreBéten dans le n° 23 des Listes de Karnak, qu’il transcritpar Batna. Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 21. M. Maspero, lisant Bizana, chercherait plutôt cet endroit dans le massif de collinesqui sépare le lac de Tibériade de la plaine d’Esdrelon. Surles noms géographiques de la liste de Thoutmès IIIqu’on peut rapporter à la Galilée, extrait des Trans^actions of the Victoria Institute, or philosophical Societyof Great Britain, Î886, p. 6. — El-Ba’néh est un, village composé de Druses et de Grecs schismatiques. Lespremiers y ont une mosquée qui passe pour avoir été bâtiesur l’emplacement d’une ancienne église; le gros murformant terrasse qui entoure cet édifice est en partieconstruit avec de beaux blocs d’apparence antique. Endehors et; au bas du bourg, dans un enclos planté devieux oliviers, ou remarque la cuve d’un grand sarcophageantique dont le couvercle a disparu. V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 445.

A. Legendre.

1, BETH, a, nom de la seconde lettre de l’alphabethébreu, exprimant la consonne b. Belh signifie «tente» ou «maison». Dans sa forme phénicienne primitive, cecaractère, figuré ainsi, à>, reproduisait l’image d’une

tente, à peu près comme dans l’alphabet éthiopien, fl. Lebêta grec porte le même nom, et sa forme, d’où est venuela nôtre, dérive de celle du beth phénicien, Voir Alphabet.

2. BETH, mot hébreu, bêf, signifiant a maison, demeure, lieu», fréquemment employé en composition avecd’autres mots, pour former des noms propres de villes,

de villages, par exemple: Bethléhem, Béthanie, etc. Ilen est ainsi chez les Arabes, les Syriens, et en généralles peuples orientaux. De même en France beaucoup demaisons de campagne latines (villa) ont été l’originede villages, de bourgs, de cités; et le mot villa, devenu «ville» en français, est entré dans la composition d’ungrand nombre de noms de lieux. Les localités dont le nomcommence par Beth suivent dans l’ordre alphabétique.

E. Levesque.

    1. BÉTHABARA##

BÉTHABARA (Br)6a6apà; syriaque: Bêt-’Abarah).I. Nom. — Ce nom, qui se lit Joa, i, 28, à la place deBelhania, dans un certain nombre de manuscrits anciens(cf. C. Tischendorf, Novum Testamentum grsec., edit.8 a critica major), est, d’après Origène, la plupart des Pèreset des critiques, la lecture vraie et le nom historique del’endroit où saint Jean baptisait, et où le Sauveur reçut lui-mêmele baptême. Voir Béthanie 2. C’est au même endroitque Jésus, quelque temps avant sa passion, fuyant le tumultede Jérusalem, se retira avec ses disciples. Joa., x, 40.Au lieu de Béthabara, on trouve quelquefois Bethbaara, BriSapii, Briapïêi, Brjâapaêâ. La signification qu’Origènedonne à ce nom fait croire que pour lui le mot vrai estBêf’ârâbâh: txETaXa[j.êàv£Tai yàp oïxov xarao-xeufiç; caril signifie «maison d’arrangement, composition, mélange, campement». In Joa., hom. lxi, t. xiv, col. 269 et 270.’Arab, racine de’Aràbâh, a, en effet, le sens de «mêler, composer, tisser, se mettre en embuscade», et’eréb Celuide «mélange, trame,» etc.; ’abàrâh, au contraire, veut dire «passage». Il est certain aussi que la plaine à l’orient duJourdain, la même région Où la tradition chrétienne nousmontre le lieu du baptême du Christ, est souvent appelée «’Ârâbâh, ’Arabah du Jourdain, T’Arabah au delà duJourdain; ou, au pluriel, ’Arboth - Moab, Araboth deMoab sur le Jourdain de Jéricho». (Cf. texte hébreu, Deut., iii, 17; xxxiv, 1, 8; Num., xxii, 1; xxvi, 3, 63; xxxiii, 48; xxxvi, 13; Jos., xii, 3, 8.J Aujourd’hui, dansla partie orientale de la vallée du Jourdain, à une demilieueà l’est du gué de Hagelah, sur le bord méridionaldu ravin creusé par les eaux qui descendent de Kefrein etde Raméh, se trouve une ruine, la seule ruine de villagedans tout le rayon, appelée Khirbet el-’Arbéh (iL>yé), «la ruine de’Arbéh,» nom qui se transcrirait en hébreu’Arâbâh ou’Arbâh. Il existait jadis, il est’vrai, un Beth-’Arabadans la tribu de Juda, par conséquent à l’ouest duJourdain, et non loin, Jos., xv, 6, 61; mais il peut y avoireu, soit simultanément, soit successivement, deux Beth-’Araba, comme il y a eu deux Béthoron, deux Gabaa, etc.On montre aussi un Mahhadet-’Abârah ou «gué d"Abarah» un peu au nord de Beisâi^, et quelques-uns veulentque l’existence de ce nom tranche la question en faveurd’Abarah, et que ce soit le lieu désigné par Origène etles Pères. Il n’y a qu’à lire les indications fournies parla tradition depuis Origène, Eusèbe, saint Jérôme, sur lelieu du baptême du Seigneur, pour être convaincu, supposémême que’Abarah fut la lecture authentique, quele gué de’Abarah est tout différent du’Arabah de l’histoire.

II. Renseignements historiques et traditionnels. —Origène, loc. cit., nous atteste que la tradition déterminaitsur le bord du Jourdain l’endroit où Jean baptisait, et ajoute que la distance de Jérusalem au Jourdain estd’à peu prés 180 stades (34 kilomètres environ). C’est ladistance à la partie du fleuve la plus rapprochée, en facede Jéricho. «De Jéricho à la mer Morte i dit le pèlerinde Bordeaux, ix milles…; de là au Jourdain où le Seigneurfut baptisé par saint Jean, v milles. Près du fleuveest le lieu élevé d’où Élie fut enlevé au ciel.» Itiner., édit. de l’Orient lat. (1879), Itin. lat., 1. 1, p. 19. Eusèbe etsaint Jérôme nous apprennent qu’une multitude de frèresvenaient à l’endroit où Jean baptisait, au delà du Jourdain, pour s’y faire.baptiser. De situ et nom. loc. heb., Béthabara, t. xxiii, col. 881. Sainte Paule y vint, «se

ressouvenant des prêtres qui entrèrent dans le lit du fleuvedesséché, d’Élie et d’Elisée commandant aux eaux et setraçant un chemin au milieu d’elles, et du Seigneur quipurifia par son baptême les eaux souillées par le déluge etles cadavres du genre humain.» S. Jérôme, Peregr. Paulse, édit. de l’Or, lat., Itin. lat., 1. 1, p. 37. Le passage du Jourdainpar les Hébreux et l’enlèvement d’Élie eurent lieu en face deJéricho. Jos., m et iv; IV Reg., ii, 15. Vers 530, le pèlerinThéodosius voit «au lieu où le Seigneur a été baptiséune colonne de marbre sur laquelle est une croix de fer.Là est l’église de saint Jean-Baptiste, bâtie par l’empereurAnastase, élevée sur des voûtes à causé du Jourdain qui labaigne… Depuis l’endroit où le Seigneur futbaptisé jusqu’àcelui où le Jourdain se jette dans la mer Morte, il y a cinqmilles». De TerraSancta, xvii et xviii, édit. Or. lat., Iliner.lat., 1. 1, p. 68. Antonin de Plaisance, surnommé le Martyr, signale, vers 570, «au-dessus du Jourdain et non loin del’endroit du Jourdain où fut baptisé le Seigneur, le trèsgrand monastère de Saint-Jean, où sont deux hospices.» Il assiste, le jour de la Théophanie, à la cérémonie del’immersion et du baptême «aux bords du Jourdain, aulieu où le Seigneur fut baptisé. Il y a une élévation deterrain environnée de cloisons (cancelli), et au lieu où l’eauretourne à son lit est une croix de bois dans l’eau; desdegrés mènent jusqu’à l’eau, les deux rives sont pavéesde marbre». On chante l’office et l’on confère le baptême. «Puis tous descendent dans le fleuve par dévotion, enveloppés du linceul qui doit servir à leur sépulture, yi Delocissanctis, xii, xi, édit. Or. at., Itin. lat., t. i, p. 97 et 98. «C’est au même lieu que passèrent les fils d’Israël, queles fils du prophète perdirent la hache, qu’Élie fut enlevéau ciel.» Id., ix, ibid., p. 96. Selon Grégoire de Tours, les lépreux se rendaient au lieu du baptême du Seigneur, «où les eaux passaient par un contour,» et ils étaientpurifiés. De gloria marlyrum, i, 17 et 18, t. lxxi, col. 721.L’évêque Arculfe (vers 670) décrit «sur la rive du fleuvela petite église carrée élevée à l’endroit, dit-on, où leSeigneur avait déposé ses vêtements… Elle s’élève surquatre voûtes de pierre, sous lesquelles pénètre l’eau…Cette église est au fond de la vallée; plus haut, en face, sur les hauteurs de la berge supérieure, est un grandmonastère où est une autre église élevée en l’honneur desaint Jean-Baptiste. Ce monastère est entouré d’un mur bàtfde pierres de taille». Adamnan, De locis sanctis, 1. ii, xiv, édit. Or. lat., Itin. lat., t. i, p. 177 et 178. «Du monastèrede SaintJean, il y a un mille environ jusqu’au Jourdain; à l’endroit où le Seigneur fut baptisé, ajoute saint "Villibald(vers 780), il y a maintenant une église élevée surdes pilastres de pierre, et sous l’église on voit la terresèche; c’est là, au lieu même, que fut baptisé le Seigneur.Où l’on baptise maintenant, il y a une croix de bois etun petit détour de l’eau, «parva derivatio aquse.» Hodœp., xvi, édit. Or. lat., Itin. lat., t. i, p. 262. Épiphanehagiopolite (avant 1100) indique la grotte du Précurseurà environ un mille au delà du Jourdain. Patr.grsec., t. cxx, col. 271. Un anonyme grec de cette époquedésigne la tombe de sainte Marie l’Égyptienne non loinde la grotte de Saint-Jean et du lieu de l’enlèvementd’Élie. Jtid.jvnon., xiii, p. 39. L’higoumène russe Daniel(1112) trouve, à la distance de deux bons tirs d’arc, l’antiquecouvent de Saint-Jean et les restes d’une grandeéglise consacrée à saint Jean le précurseur; vis-à-vis, sur le penchant d’un monticule, «une petite chapelle àvoûtes; elle se trouve sur le lieu où saint Jean le Précurseurbaptisa NotreSeigneur JésusChrist. De cet endroitune pierre lancée par un enfant peut facilement atteindrejusqu’au lit du Jourdain. On montre, à deux bons 11rsd’arc de la rive du Jourdain, vers l’orient, le lieu où leprophète Élie fut enlevé au ciel…, et tout près la cavernede saint Jean le Précurseur, de même que le torrentd’Élie, qui court sur un lit rocailleux…» Pèlerinage, trad. de Noroff, p. 45-55. L’église du Précurseur, qui avaitété renversée par un tremblement de terre, fut relevée,

dit le moine grec Phocas (1187), par Manuel Comnène. «À deux jets de flèche coule le Jourdain. Près du rivage, à un jet de pierre, est un édificeélevé sur une quadruplevoûte (Ècm TETporaXsupov 00).wt6v), autour duquel coulaitauparavant le Jourdain, et où descendit nu celui qui revêtles cieux de nuages… En face du temple du Baptêmes’aperçoivent des touffes d’arbres, où se trouve la caverne.du Précurseur…» J. Phocas, Descript. Terrée Sanctss, Patr. gr.,-t. cxxxiii, col. 952 et 953; Acta sanctorum, maii t. ii, p. vi et vu. Les pèlerins ne cessèrentpoint de venir en grand nombre visiter les rives du fleuvesacré. Théodoric (vers 1170) vit un soir, près de Jéricho, plus de soixante mille personnes, la plupart avec desflambeaux allumés à la main, se dirigeant vers le Jourdain.Libellus de Lotis Sanctis, xxx, édit. Tobler, p. 73. Aprèsque le pays fut retombé aux mains des Turcs, Thietmar, en 1217, vit encore, au jour de l’Epiphanie, apporter lesenfants de très loin pour les baptiser là où le Christ l’avaitété. 2e édit. Laurent, p. 32. En 1309, le P. Ricoldi, iîtra., édit. Laurent, p. 109, y rencontre plus de dix mille hommesvenant à l’immersion et au baptême, en chantant Kyrieeleison. Dès cette époque, l'église du lieu du baptême, que Villebrand d’Oldenburg signalait, en 1212, comme à moitié détruite [Peregr., édit. Laurent, p. 189), semble avoir disparu. Thietmar, Ernoul, Burckard duMont-Sion, Ludolphe de Sudheim, ne citent plus que lemonastère de Saint -Jean et son église; il était toujoursoccupé par des moines grecs. En 1480, le P. Fabri trouveparqués dans l’une et l’autre des Arabes musulmans. En1522, Salignac y retrouve les religieux de saint Basile.En 1552, les pèlerins latins allaient encore prier dansl'église du monastère, et visitaient le Jourdain à deuxmilles environ du couvent, vers le nord-est. L'église duBaptême n'était plus connue, puisque l’on croyait qu’ellen'était autre que celle de SaintJean, dont le Jourdains'était éloigné. Boniface de Raguse, De perenni CultuT. S., 1875, p. 20, 240 et 241; Zuallard en 1582 (1. IV, c. vu); Cotovic en 1592 (llin., 1. II, c. xvii); Quaresmius en 1630 (T. S. Elucidatio, 1. VI, p. vi, c. vi), trouvent le monastère de Saint-Jean et son église en ruines, et la prennent, comme le P. Boniface, pou r l'église du Baptême. Cf. P. Federlin, dans la Terre-Sainte, 1902, p. 166.III. Identification et état actuel. — En 1881, àl’est, en face de Jéricho, un peu vers le sud, à deuxkilomètres au nord de l’embouchure de l’ouadi Keltet du gué d’Hadjelah, sur le bord du plateau qui domine le ravin où coule le Jourdain, on remarquait unegrande ruine carrée affectant la iorme d’un castel bâti depierres de taille, marquées çà et là de caractères grecs etde croix tracées par les pèlerins. On voyait au centre unegrande salle peu élevée, à voûtes en plein cintre, se terminant à l’est par une abside. Cachés sous les décombres, setrouvaient les restes d’un pavement en mosaïque, aux alentours des chambres dont les voûtes étaient en partie écroulées. Sur la salle du milieu on pouvait encore constater, parles bases des piliers et la disposition des murs, qu’il y avaiteu là jadis une église d’assez vastes proportions. Toutindiquait une construction pouvant remonter au ve siècle, certainement antérieure aux croisés. Les musulmans l’appelaient Qasr el-Yahoud, «le château des Juifs;» leschrétiens, Deir Mar-Hanna, «le couvent de Saint-Jean;» les Grecs, ô IIp68po|jioç, «le Précurseur.» Personne nedoutait que ce ne fussent les débris de l’antique monastère de Saint - Jean et de son église. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. i, p. 111-116; Bædeker, Palestine et Syrie, p. 280; Fahrngruber, NachJérusalem, 1™ édit., p. 296, etc. En 1882, l'église a étérelevée, le couvent et les hospices, rétablis sur les restesanciens. À moins d’un kilomètre du couvent, à cinquantepas environ de la rive orientale du Jourdain, on peut voirun canal de trois mètres de profondeur et quatre à peuprés de largeur. Il se détache du fleuve plus haut et vientle rejoindre à la hauteur du couvent de Saint-Jean. Pendant l’hiver l’eau y passe encore, mais peu profonde; ilest à sec pendant l'été. Sur le flanc oriental de la bergede ce canal, on remarque, descendant au fond, deuxvoûtes cintrées de pierres de bel appareil, juxtaposées. Despierres gisant à côté paraissent attester qu’il y en a eud’autres. Au sud de ces voûtes, dans le lit du canal et surses bords, sont divers pans de murailles semblant avoirappartenu à des chambres donnant sur l’eau. Près desvoûtes, le petit plateau qui les domine est couvert depierres taillées. Dessous, assurent les gardiens du couventdu Précurseur, est un beau pavé de mosaïque. Ici encoretout dénonce le IVe ou le ve siècle. Ces restes sont à septkilomètres (cinq milles) au nord de l’embouchure duJourdain. À moins d’un kilomètre vers l’orient, oh aperçoit un bouquet d’arbres, de broussailles et de roseauxtouffus. Au milieu court un petit ruisseau formé par unesource nommée Aïn-Kharrar. Dans les parois du ravincreusé par les eaux, s’ouvrent plusieurs grottes assez spacieuses. Des moines grecs sont venus depuis peu s’y établir, pour y mener la vie érémitique. Ils croient que làsaint Jean habitait. C’est à une demi-heure de route, ausud-est, qu’est le Khirbet "Arabéh. La nature des lieux, lesdistances, les caractères des ruines, tout est trop bien lareproduction des descriptions de la tradition pour que l’onpuisse hésiter et se méprendre: les débris sur les bordsdu petit canal sont ceux du monument élevé par Anastase, sur le lieu vénéré que l’antiquité chrétienne croyait êtrecelui où le Seigneur était venu et avait été baptisé parsaint Jean. Pour révoquer en doute le témoignage d’Origène, de saint Jérôme et de tous les autres, on en a appeléau passage de l'Évangile, Joa., ii, 1, où il est dit, après lerécit du baptême, que le troisième jour le Seigneur assistait aux noces de Cana, en Galilée, ce qui n’est pas possible s’il s’agit de s’y rendre du Jourdain vis-à-vis de Jéricho. Il est à observer qu’après le baptême l'évangélisteraconte plusieurs faits intermédiaires, que «le troisièmejour» doit naturellement se rapporter au dernier fait, l’appel de Nathanaël. Si les anciens Pères, ont désigné cetendroit, ils avaient assurément leurs raisons, sans douteune tradition positive et certaine. L. Heidet.

    1. BÉTHACAD##

BÉTHACAD (hébreu: Bel 'êqéd [hârô'îm], «maisondu rassemblement [des bergers];» Septante: Ba16âxa6; Codex Alexandrinus: Ba16axâS). La Vulgate traduit cemot comme un nom commun: Caméra pastorum.* «Quand [Jéhu] fut arrivé à une cabane de bergers [Bêt'êqéd hârô'tm], sur son chemin [de Jezraël à Samarie], il trouva les frères d’Ochozias, roi de Juda, et il leur demanda: Qui êtes-vous? Et ils répondirent: Nous sommesles frères d’Ochozias, et nous sommes descendus poursaluer les fils du roi et les fils de la reine. Et Jéhu dit; Prenez-les vivants. Et lorsqu’ils les eurent pris vivants, ils les égorgèrent à côté d’une citerne, près de la cabane[Bêt 'êqéd]., au nombre de quarante - deux hommes, etil n’en resta pas un seul.» IV Reg., x, 12-14. Les Septante ont vu dans le Béthéked hébreu un nom propredésignant une localité, et ils le transcrivent chaque foisBaithacad. Cette manière de comprendre le texte originalparait la mieux fondée. Eusèbe et saint Jérôme, Liber desitu et loc. heb., t. xxiii, col. 884, la confirment, en nousapprenant qu’il y avait en effet dans la plaine d’Esdrelon, entre Jezraël et Samarie, à quinze milles romains de laville de Legio (Ledjoun), un village appelé Béthacad. Ilsubsiste encore aujourd’hui, sous le nom de àU civajBeit-Kâd. The Survey of Western Palestine, Memoirs, 'Samaria, t. ii, p. 83. Beit-Kâd est situé à deux heuresde marche à l’est de Djénin, dans l’angle sudest de laplaine de Jezraël, au sud-ouest de Beîsàn. Il s'élève prèsde la plaine, au sommet d’un monticule dont les lianessont percés de nombreuses citernes, les unes bâties enpierre, la plupartMaillées dans le roc vil. Les explorateursanglais y signalent une grande citerne ruinée. Le villageactuel est environné d’une haie de cactus; les maisons

en sont fort mal construites; le nombre des habitants estde deux cents environ. Voir Ed. Robinson, Biblical Researches, 2e édit., t. ii, p. 316; V. Guérin, Samarie, 1. 1, p. 333. Quelques commentateurs pensent que saint Jérôme, en traduisant dans la Vulgate Bêt’êqéd par «Cabane despasteurs», n’a pas voulu désigner par là une simple cabanede bergers, mais un lieu qui en avait pris le nom, le saintdocteur ayant traduit ici le sens des mots hébreux, ainsi qu’ill’a fait d’aiileurs pour d’autres localités, comme Gen., xii, 6, Convallis illustris pour’Ëlôn Môréh, etc. F. Vigouroux.

Le second livré d’Esdras donne Béthacharam comme undistrict (hébreu: pélék; Septante: irepi-j( «>pov) à la têteduquel se trouvait un chef èar) nommé Melchias, filsde Réchab, qui bâtit à Jérusalem la porte du Fumier.Telles sont les données scripturaires au moyen desquellesnous devons chercher l’emplacement de cette ville.

Le Targum de Jonathan n’offre, dans le texte prophétique, que des noms communs, et traduit Bêt hak-kérémpar «la maison de la plaine des vignes». De mêmepour Kimchi il ne s’agit ici que d’une de ces tours de

3s3

— Le DJébel Foureidis (Montagne des Francs). D’après une photographie.

    1. BÉTHACAREM##

BÉTHACAREM, BÉTHACHARAM (hébreu: Bêthak-Kérém, avec l’article, «maison de la vigne, n.Jer., VI, i; Bêt hak-Kârém, à la pause, II Esdr., iii, 14; Septante: Batôa^apiiâ; Codex Alexandrinus: BriSôaxâp, Jei, VI, 1; Bï)Oaxxapî|i; Codex Alexandrinus: Bt)8 «}(^apixâ; Codex Sinaiticus: Br]6c(x<£[i, II Esdr., iii, 14; Vulgate: Béthacarem, Jer., vi, 1; Béthacharam, II Esdr., m, 14), ville de la tribu de Juda, mentionnée deux foisseulement dans l’Écriture, Jer., VI, 1; II Esdr., iii, 14.Le prophète, après avoir, dans le chap. v, dépeint la corruptionuniverselle du peuple, annonce dans le suivantsa condamnation irrévocable. S’adressant aux Benjamites, ses compatriotes, il les engage à fuir de Jérusalem. Déjà, en effet, il montre l’invasion et la ruine se précipitant dunord vers la ville sainte. C’est donc vers le sud que lesfuyards doivent prendre leur chemin; c’est par là qu’ilfaut faire les signaux d’alarme, et Jérémie, dans uneparonomase ou jeu de mots qu’affectionnent les Orientaux, indique deux endroits en particulier:

ûhi-Teqô’a tiq’û, sô/âr

ve’al Bêt hak-Kérém ée’û ma&’êt

et dans Thécné sonnez de la trompette„ et sur Béthacarem élevez un signal.

garde placées au milieu des vignes et mentionnées parIsaïe, v, 2. Cf. E. F. C. Rosenmùller, Scholia in VêtusTestamentum, Jeremias, Leipzig, 1826, t. i, p. 215. Mais, les plus anciennes versions, Septante, Vulgate, Peschito, ont justement traduit par un nom propre. La Mischna, traité Niddah, ii, 7, édit. Surenhusius, Amsterdam, 1690-1703, t. VI, p. 395, parle aussi d’une «vallée deBêt Kérém», et les commentateurs, R. Ob. de Bartenoraet Moïse Maimonide, en font «un lieu du pays de Ghanaan, dont la terre est rouge et se durcit au contact del’eau». Saint Jérôme, dans son Commentaire sur Jérémie, t. xxiv, col. 721, rappelant la contrée qu’il avaitchaque jour sous les yeux à Bethléhem, nous montreentre Thécua (aujourd’hui Tegou’a) et Jérusalem «unautre bourg, qui dans les langues syrienne et hébraïques’appelle Béthacharma, NDi; nn>3, et est lui-même situésur une montagne». C’est d’après ce renseignement, leseul positif que nous ayons, qu’un certain nombre d’auteurs, à la suite de Poco*cke, ont cherché Béthacarem surla montagne des Francs ou Djebel Foureidis, au sud deBethléhem. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 480.Le Djebel Foureidis est un monticule de neuf cents mètres de circonférence à la base, élevé de cent vingt mètresau-dessus de la plaine environnante (fig. 496). Le plateauqui couronne ce cône tronqué mesure trois cents mètresde pourtour et a été creusé intérieurement en formed’amphithéâtre ou de cratère; il renferme les ruines dediverses constructions. Là étaient la ville d’Hérodia et laforteresse d’Hérodium, fondées par Hérode le Grand. Par, sa position entre Teqou’a et Jérusalem, par sa cimeappropriée à l’érection d’un signal, Jer., vi, 1, par sonnom même de Djebel Foureidis (hébreu: dths, Pardès;

TtapâSenroç), «montagne du Paradis, du Jardin,» analogueà celui de Bê( hah-hérém, «maison de la vigne,» cette éminence semblerait devoir représenter l’emplacementde la ville dont parlent Jérémie et le second livred’Esdras. Miihlau, dans Riehm’s Handwôrterbuch desBiblischen Altertums, Leipzig, 1884, 1. 1, p. 176. On peutvoir aussi, sur «la montagne des Francs», C. Schick, Der Frankenberg, dans la Zeitschrift des deutschen Palàslina-Vereins, Leipzig, 1880, t. iii, p. 88-99. Cependantle silence de Josèphe, qui a décrit l’Hérodium, Ant.jud., XIV, xiii, 9; XV, ix, 4; Bell.jud., i, xiii, 8; xxi, 10, et celui de saint Jérôme sur l’existence d’une ville antérieureà celle d’Hérode diminuent singulièrement la valeurde cette hypothèse. V. Guérin, Description de laPalestine, Judée, t. iii, p. 130-131. — Conder, PalestineExploration Fund, Quarterly Statement, 1881, p. 271, a pfoposé d’identifier Béthacarem avec Aïn Kàrim, villagesitué à une faible distance à l’ouest de Jérusalem, etdont le nom signifie «source de vignobles» ou «sourcegénéreuse, abondante». Il y a bien quelque correspondanceentre les deux noms, mais Ain Kârim ne peutvraiment être désigné comme étant entre Teqou’a etJérusalem; et en outre, comme il est dominé par d’autreshauteurs, quoique placé au-dessus d’une vallée, . on nepeut dire avec exactitude qu’il soit sur une montagne. Onl’identifie généralement avec la Kape’n des Septante. Jos., xv, 59. Voir Karem. A. Legëndre.

BETHAGLA. Voir Bethhagla.

    1. BÉTHANAN##

BÉTHANAN (hébreu: Bêt-Biânânj «maison degrâce;» Septante: Bqflavctv), ville soumise à l’intendancede Bendécar, un des douze préfets chargés, sous Salomon, de fournir aux dépenses de la table royale. III Reg., iv, 9. La Vulgate en fait une localité distincte de celle quila précède dans le texte, c’est-à-dire Élon; de même quelquesmanuscrits hébreux portent la conjonction vav, «et», tandis qu’on lit dans le plus grand nombre: ve’ÊlônBêt-R~ânân. Cf. B. Kennicott, Vêtus Testamentum heb., Oxford, 1776, t. i, p. 609; J.-B. de Rossi, Variée lectionesVeteris Testamenti, Parme, 1785, t. ii, p. 205. La paraphrasechaldaïque, les versions syriaque et arabe ont traduit, conformément au texte original, par «’Êlôn de Bêt-Hanan» ou «’Êlôn qui est en Beit-Hanan». Les Septanteont ajouté Juç, «jusqu’à,» ’EXwv é’wc Br]6avàv, et celasans motif suffisant, puisqu’il faudrait min, «depuis,» avant le premier mot. Si l’on accepte la leçon de la Vulgate, il faut chercher Béthanan dans un rayon dont lesprincipaux points sont déterminés par le contexte: Salebim, probablement Selbit, dans la tribu de Dan; Bethsamès, aujourd’hui’Aïn Schems, sur les confins de Danet de Juda; Élpn, de la tribu de Dan, dont la position estincertaine. Or, à l’est de Selbit et au nord-ouest de Jérusalemse trouve le village de Beit’Anân, qui, par sonnom et par sa position, peut répondre à la cité dont nousparlons. Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 410. Le heth hébreu se change quelquefois en aïnarabe, et pn-n’3, Bêf-Biânân, est devenu (jUft <^**j>Beit’Anân, comme jiïn n>3, Bêt Hôrôn, Béthoron, est

devenu >» * <^**J, Beit’Our. Cette localité appartientà la tribu de Benjamin, mais il est à remarquer que lescirconscriptions territoriales indiquées III Reg., iv, 8-19,

ne correspondaient pas exactement au territoire de chaquetribu; on avait dû plutôt avoir égard à la fertilité relativede chaque contrée pour l’équitable distribution des charges.Beit’Anân rentre bien dans le district assigné i. Bendécar.III Beg., iv, 9. C’est un petit village de six centshabitants, situé sur une éminence; on y remarque, vers.l’ouest, les restes d’un khàn, et, vers l’est, une source.Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 16. — Quelques auteurs cependant ont proposéd’identifier Béthanan avec Beit ffanoun, à deux heuresau nord —est de Gaza, visité par Robinson, Biblical Researchesin Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 35, et V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 175. Cebourg est trop éloigné des villes de la circonscription, etl’identification ne serait acceptable que dans le cas où laleçon des Septante: «depuis Élon jusqu’à Béthanan,» représenterait le texte primitif. D’autres placent la citébiblique à Khirbet Hanounéh, à huit kilomètres à l’estde Beit Nebâla. R. von Riess, Bibelvtlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 6. A. Legëndre.

    1. BÉTHANATH##

BÉTHANATH (hébreu: Bêf-’Ànât; Septante: Ba168a|il, Jos., xix, 38; BaiÛavâx, BaidevéO, Jud., i, 33), unedes «villes fortes» de la tribu de Nephthali, Jos., xix, 38, dont les Israélites ne chassèrent pas les premiers habitantschananéens. Jud., i, 33. Ce nom semble faire allusion auculte de la déesse Anat, qui remonte aux plus anciennesépoques des peuples sémitiques et devait exister dansla terre de Chanaan avant la conquête des Hébreux.Cf. J. Halévy, Journal asiatique, 7 8 série, t. xiii, 1879, p. 208. Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 236, mentionne, au mot Br, 9ava6â, le bourg de BaTavata, distant de quinze milles (environ vingt-deux kilomètres)de Césarée, et passant pour posséder des eaux médicinales.Reland, Palssstina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 629, etd’autres après lui supposent qu’il faut lire ici Dio-Césarée(l’ancienne Séphoris, aujourd’hui Seffouriyèh) au lieude Césarée. Ce renseignement n’en reste pas moins obscurpour nous, d’autant plus qu’à un autre mot, p. 224, ’Aveîp, «de la tribu d’Aser,» Eusèbe indique le village de Baixoavaiaà la même distance de Césarée, vers l’est, et renfermantles mêmes bains.

La plupart des auteurs modernes identifient Béthanathavec un village situé à neuf kilomètres à l’ouest de Qadèset appelé * Ainîtha par les uns, Survey of Western Palestine, Name lists, Londres, 1881, p. 66; ’Ainâtâ pard’autres, R. von Riess, Bibel —Atlas, 2e édit., Fribourgen-Brisgau, 1887, p. 5; et’Anata par M. V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. ii, p. 374. Lapremière partie du mot, c’est-à-dire Beth, est tombée, comme dans plusieurs autres noms. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palâstina und Syrien, dansla Zeitschrift des Deutschen Palastina-Vereins, Leipzig, 1893, t. xvi, p. 1, 23. Il y a convenance au point de vuede l’onomastique et de la position. Béthanath est mentionnéedans Josué, xix, 38, immédiatement après Horem, Magdalel et Jéron; or Horem se retrouve probablementà Khirbet Harah, au nord de’Ainîtha; Magdalel, à Medjeidel, au nord-ouest, et Jéron à Yaroun, au sud.Voir Nephthali, tribu et carte. —’Ainîtha «renfermeenviron quatre cents habitants, soit musulmans, soitmétoualis. Un certain nombre de maisons détruites annoncentqu’il était autrefois plus considérable que de nosjours. Un puits dont l’eau est intarissable et excellentepasse pour être antique, ainsi qu’un grand bassin demicirculairecreusé dans les flancs d’une colline calcaire, blanche et tendre comme de la craie. Un second puits, situé non loin de là, doit dater également de l’antiquité».V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 374. A. Legëndre.

    1. BETHANIE##

BETHANIE (B-riÔama). Lés Évangiles nomment deuxBéthanie: «Béthanie à quinze stades de Jérusalem,» et «Béthanie au delà du Jourdain». (

1. BÉTHANIE (Br, Oav: a; syriaque et arabe: Beif-’Ania’, «maison de tristesse, de misère». Les Talmuds citentun Beit-Hînê, ou Bêt’uni, «maison des dattes» [étymologieplus’vraisemblable que celle du syriaque et de l’arabe], voisin de Jérusalem, qui semble correspondre à Béthaniedes Évangiles; cf. Talm. Bab., Baba-Metsia, 88 o; Pesahirn, 53 a; Tosifta, Sebit, c. 7; Neubauer, Géographiedu Talmud, p. 150), village «à environ quinze stades deJérusalem», joa., xi, 18, résidence de Marthe et de Marie.Il est célèbre par les divers séjours qu’y fit le Sauveur et parla résurrection de Lazare. Matth., xxi, 17; Marc, xi, 11; Luc, x, 38; Joa., xi. C’est à Béthanie, dans la maison

ralement admise. Cf. Reland, Palxstina, 1714, t. hp. 630. Voir Ascension, col. 1072.

I. Sue traditionnel. — Béthanie «à quinze stades dJérusalem» et «au mont des Oliviers», Marc, XI, 1, est généralement identifiée avec El -’Azariéh d’aujourd’hui, «1village de Lazare,» situé à trois quarts d’heure de la villsainte, sur le flanc d’une colline qui prolonge le mont deOliviers, au sud-est (fig. 497). Dès les tempsjles plus anciensles chrétiens n’ont jamais cessé d’y venir vénérer les lieu: témoins des souvenirs évàngéliques qui s’y rattachentspécialement le tombeau de Lazare. Origène signale Béthanie comme parfaitement connue. In Joa., tom. vi, t. xiv

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497. — El -’Azariéh (Béthanie). D’après une photographie.

Je Simon le Lépreux, que Marie Madeleine répandit sonvase de parfums sur les pieds du Sauveur. Joa., xii, 1-10^; Matth., xxvi, 6-13; Marc, xiv, 3-9, et vraisemblablementLuc, vii, 36-50. De Béthanie, Jésus envoie en avant deuxie ses disciples chercher l’ânesse qui doit le porter à Jérusalem.Marc, xi, 1; Luc, xix, 29. Près de Béthanie, Marthe3t Marie étaient venues à sa rencontre, Joa., xi, 20, 29-30, st sur la route de Jérusalem, il avait maudit le figuierstérile, qui se dessécha. Matth., xxi, 17-19; Marc, si, 12. Saint Luc, racontant l’ascension du Seigneur, semble dire que ce fait se passa à Béthanie: Eduxit eosr oras in Bethaniam (grec: Ewc mpbi; autre leçon: êwç

; ! ; ). On a voulu prouver par ce passage, comparé à celui

les Actes, 1, 12, l’existence d’une autre Béthanie sur lemont des Oliviers. Cf. Schwarz, Dos heilige Land, p. 219.Le Beit-Ouhana de M. Schwarz est introuvable. S’il y eutleux Béthanie si voisines, les évangélistes devraient leslistinguer. Le sens littéral strict signifie: «il les conluisitdu côté de Béthanie.» C’est l’interprétation génécol. 269. Eusèbe atteste qu’ «on y montrait l’endroit deLazare». Onomasticon, édit. Larsow, p. 110. Le pèlerinde Bordeaux visita, en 333, à quinze cents pas du montdes Oliviers, Béthanie, où il vit «la crypte où avait étédéposé Lazare». Itin., édit. Or. lat., Itin. lat., 1. 1, p. 18.Saint Jérôme nous apprend qu’à «Béthanie, village àdeux milles d’^Elia et à côté du mont des Oliviers…, ona élevé une église où l’on voit le tombeau de Lazare».De situ et nominibus, t. xxiii, col. 884. Cette église, selon Nicéphore Calliste, était l’œuvre de sainte Hélène.If. E., viii, 30, t. cxlvi, col. 113. Sainte Paule la visita, vers 400, et vit aussi l’hôtellerie (hospitium) de Martheet de Marie. S. Jérôme, Peregr. Paulse, xiii, édit Or. lat., Itin. lat., 1. 1, p. 36. Dès cette époque, le nom de Lazarecommençait à prendre la place de celui de Béthanie. «Lecinquième jour [après Noël], on célèbre, dit une pèlerinedu IVe siècle, au Lazarion (in Lazariu), qui est àenviron quinze cents pas de Jérusalem.» Peregrin. sanctœSylviæ, édit. Gamurrini, p. 83. Le samedi avant la fête des

Palmes, l’évêque de Jérusalem et la population se rendaienten procession «à Lazarium, c’est-à-dire Béthanie.En venant de Jérusalem à Lazarium, à cinq cents pas environde ce même lieu, est une église sur la route, aulieu où Marie, sœur de Lazare, vint à la rencontre du Seigneur». Après avoir chanté l’évangile qui rapporte cefait, «on continuait de là jusqu’à Lazarium.» On y chantaitl’évangile: Cum venisset Jésus in Bethaniam antesex dies Paschse…, on annonçait la Pàque et l’on célébraitla messe. Ibid., p. 89 et 90. Cf. Theodosius, DeTerra Sancta, xiv, édit. Or. lat., Itin. lat., t. i, p. 67.Arculfe, en 670, trouvait à Béthanie «un grand monastèreavec une grande basilique, élevés sur la grotte (spelunca) où le Seigneur avait ressuscité Lazare». Il indiqueune troisième «église au midi de Béthanie, là oùle Seigneur avait discouru avec ses disciples». Adamn., 1. i, c. xxiv et xxv, édit. Or. lat., Itin. lat., t. i, p. 165et suiv. Au commencement du ix" siècle, il n’y avaitqu’un prêtre pour le service de Saint -Lazare. Comm.de Casis Dei, Itin. lat., t. i, p. 302. Le moine Bernardle Sage, vers 870, vient «à Béthanie, qui est au midi, distantd’un mille du mont des Oliviers, à la descente de lamontagne. Là est le monastère dans l’église duquel onvoit le sépulcre de Lazare». Au temps des croisés (1102), Sœvulf vient «à l’église de Saint-Lazare, où l’on voitson sépulcre et ceux d’un grand nombre d’évêques deJérusalem. Sous l’autel est le lieu où Marie Madeleinebaigna de ses larmes les pieds du Seigneur». Recueil dela Société de géographie, t. iv (1839), p. 848. Peu après, les monuments de Béthanie paraissent avoir été remaniés.L’higoumène russe Daniel, en 1112, trouva le sépulcrede Lazare séparé de l’église: «Au milieu du bourg [ deBéthanie] est une grande église, dit-il, richement peinte.On compte douze sagènes (environ vingt-cinq mètres)entre l’église et le sépulcre de Lazare, qui se trouve jusqu’àprésent à l’entrée du bourg. À la distance d’une verste delà (onze cents mètres), du côté de Jérusalem, se trouveune colonne érigée sur le lieu où Marthe rencontra Jésus.» Pèlerinage, trad. de Norofꝟ. 1864, p. 36. On nesait si Théodoricus (1172) indique deux églises distinctes, ou une seule, avec une chapelle à part renfermant lesépulcre. Libellus Terrse Sanctse, édit. Tobler, p. 68. Lemonastère et l’église, qui avaient été donnés aux chanoinesdu Saint-Sépulcre, furent remis par le roi Foulqueset la reine Mélisende, en échange du castel de Thécué, aux bénédictines de Sainte -Aime. Cartulaire du Saint-Sépulcre, édit. Roziére, n" 34, p. 65. On fortifia l’abbayecontre les incursions des Bédouins par une tour puissante, bâtie de grandes pierres de taille. Guillaume de Tyr, Hist., 1. xv, c. xxvi, t. CCI, col. 638. Après les croisades, Villbrand(1211) trouve «les deux églises gardées par les Sarrasins: l’une est où était autrefois la maison de Simon le lépreux…; l’autre, là où était le jardin de Marie et de Marthe; nousy avons vii, dit-il, le monument d’où le Seigneur ressuscitaLazare. Ces deux églises sont si voisines, que, selon monopinion, Lazare a été enseveli dans la cour (curia) ou lejardin de Simon». Pèlerin., édit. Laurent, 1873, p. 188.La maison de Simon paraît être celle que l’on nommaitauparavant la maison de Marthe. En 1383, le P. Burkarddu mont Sion peut visiter encore les deux églises: on luimontra «la maison de Simon…; item la maison de Marthe, qui est aujourd’hui une église bâtie en leur honneur; item le sépulcre de Lazare…, non loin de l’église. On ya fait une chapelle de marbre très convenable et belle; lemonument lui-même est recouvert de marbre». DescriptioTerrse Sanctse, vii, édit. Laurent, 1873, p. 62. En 1342, Ludolphe de Sudheim voit encore debout les trois églisesde Béthanie: «Une au lieu où Lazare fut ressuscité; l’autre où le Christ, dans la maison de Simon, fut oint parMarie Madeleine; la troisième où jadis Salomon avait placél’idole Moloch… Les habitants y mettent leurs troupeauxet en ont fait des étables.» De itinere Terrse Sanctse, xir, Arch. Or. 1at., t. ii, p. ii, Docum., p. 355. Vers ce temps, les

souvenirs des divers lieux saints de Béthanie se confondenten partie. La maison de Simon, celle de Marthe et deMarie, le lieu de la rencontre du Seigneur, nous sontmontrés, dans les descriptions, tantôt loin du tombeau, tantôt plus ou moins voisins. On applique au même monumentdes identifications diverses. Sur le tombeau seulles récits ne varient pas. Les relations du xv siècle cessentde parler des églises et du monastère, ou ne les citentplus que comme des ruines que l’on transforme en habitationsou en étables. Vers la fin du xvie siècle, les musulmansferment l’entrée du sépulcre, changent la chapellequi y est demeurée en mosquée, et empêchent les chrétiensde les visiter. Le gardien du mont Sion obtient àprix d’argent d’ouvrir une autre entrée. Les pèlerins descendentalors dans la première chambre du sépulcre, parplus de vingt degrés. Cette chambre, qui en est commele vestibule, est de forme carrée et assez élevée. On y voitun autel où les Latins viennent célébrer de temps en tempsla sainte messe, spécialement le vendredi de la quatrièmesemaine de carême. L’entrée de.la seconde chambre, letombeau proprement dit, est dans le sol de la première; elle devait se recouvrir d’une dalle placée horizontalement.Cette chambre est de même forme que la première, et l’on n’y voit, non plus que dans celle-ci, ni bancmortuaire, ni arcade, ni four. Elle avait également unautel et était parée de marbre. C’est la description quenous donnent les visiteurs, au XVIIe siècle, du sépulcrede Lazare. Cf. Cotovic, Itinerarium hierosolymitanum etsyriacum, Anvers, 1619, 1. ii, c. xii, p. 276; Quaresmius, T. S. Elucidatio, 1. iv, peregr. x, c. iv, édit. de 1639, t. ii, p. 326 et suiv.; Eug. Roger, La Terre Sainte, Paris, 1646, p. 145 et 146; Bern. Surius, Le pieux pèlerin, Bruxelles, 1666, p. 427-430, etc.

II. Description. — Béthanie ou El-’Àzariéh est denos jours à peu près ce qu’elle était aux derniers siècles.Le village, en pente sur le flanc de la montagne, estun amas confus de maisons de pierres, la plupart forméesdes débris des anciennes constructions. Tous leshabitants, deux cents environ, sont musulmans. Versl’ouest, et dominant le village, est la ruine d’un édificecarré de onze mètres de côté, aux murs épais de quatre, bâti à l’extérieur de grandes pierres, dont quelques-unesde plus de deux mètres. Plusieurs ont voulu voir làun ouvrage judaïque; mais la strie oblongue de la taille, et surtout le mortier épais et le mode de maçonnerie, dénoncent l’époque des croisés. Un large fossé, en partiecreusé dans le roc, environne la construction au sud, àl’ouest et au nord. Il faut voir là la tour de la reine Mélisende.A dix pas vers l’est, dans un enclos appartenantaux franciscains, on remarque de beaux restes de constructionancienne; ils proviennent sans doute du monastère, vraisemblablement élevé lui-même à l’endroit oùl’on disait avoir été la maison de Marthe et de Simon.A une trentaine de pas au nord, on aperçoit un petit campanile, vraisemblablement du temps des chrétiens, maisd’une époque assez rapprochée. Il devait être annexé à lachapelle adjacente au tombeau. Celui-ci est à quinze pasau nord-ouest du campanile. Devant le tombeau, à l’est, est l’oratoire des musulmans, à la place de la chapellechrétienne, s’il n’est pas cette chapelle même. Les chrétiensn’y peuvent pénétrer. Devant l’oratoire est une enceinteà ciel ouvert, rectangulaire, de vingt mètres environde longueur, dans la direction d’ouest en est, surdix de largeur. Un mihrab (niche devant laquelle les disciplesdé Mahomet font leurs prostrations et leurs prières)est dans le mur du sud. La cour est dallée, et, saufle mihrab, tout paraît du temps des chrétiens. Un peuvers l’est, à moins de quatre-vingts mètres du sépulcre, on trouve, dans une habitation, les restes d’une abside etun pavement de mosaïque d’une ancienne église chrétienne.Était-ce la grande église de Saint-Lazare? Le tombeau, en face, presque à l’ouest, étaitil disposé commele Saint -Sépulcre et sa rotonde, dans l’église de Constan

tin, à Jérusalem? Est-ce cette porte ouest qui fut réparée, au XIIe siècle, pour former un monument à part? C’estassez probable. Le tombeau lui-même est ce qu’il étaitau xviie siècle, moins le second autel et les revêtementsde marbre, qui ont disparu. Le roc est un calcaire assezfriable; une partie s’en est écroulée ou a été enlevée. Unemaçonnerie ferme les vides et soutient le reste. Elle doitremonter à plusieurs siècles. Il semble, ainsi que le remarquentd’anciens visiteurs, que le sépulcre de Lazarese soit trouvé dans le voisinage de la maison, peut-êtredans un jardin situé non loin.

En s’appuyant sur cette situation et sur la forme de lagrotte et du sépulcre, Robinson, Biblical Resea.rch.es, édit.

cent cinquante pas à l’ouest de la tour, un groupe deciternes antiques et de caves taillées dans le roc. Là sansdoute était l’ancien Béthanie. D’autres citernes, assez distantesles unes des autres, se voient à l’est de ces excavations, jusque dans le voisinage immédiat du villageactuel. Elles appartenaient très probablement à des villasse développant en dehors du centre. La maison de Marthedevait être de ce nombre. Un sépulcre dans le jardin oudans le voisinage d’une maison de campagne n’était pasun fait rare chez les Juifs. Je connais plus d’une ruine demaisons certainement antiques, des environs de Jérusalem, près desquelles on voit des tombeaux judaïques. Le tombeaude Joseph d’Arimathie était, au témoignage de saint

: =-: >*!» 

Lieu de la rencontre de Jésus et des sœurs de Lazare, près de Béthanie et de Bethphagé, selon Fhigoumèno Daniel.D’après une photographie de M. L. Heidet.

de 1841, t. i, p. 432, et d’autres après lui, ont cru pouvoirnier l’authenticité du tombeau: les Juifs n’ensevelissaientpoint dans les villages habités, et les grottes sépulcralesjuives sont différentes. Si la plupart des sépultures juivessont différentes, on rencontre cependant au tombeau desRois, à Jérusalem, et dans plusieurs autres en Palestine, deschambres sépulcrales, sans loculi ni arcosolia, simples excavationscarrées destinées à recevoir soit un sarcophage, soit le cadavre seul qu’on déposait sur le sol; l’escalierextérieur qui y introduit était recouvert d’une dalle placéehorizontalement. Ces chambres sépulcrales sont absolumentsemblables à celle de Lazare à Béthanie, à l’exceptiondes modifications dont l’histoire nous indique l’époque et lemotif. On a depuis longtemps fait observer que l’Évangilelui-même indique une forme différente de l’ordinaire, correspondante à ce que nous voyons: «Il y avait là unecaverne, et une pierre était posée dessus.» Joa., xi, 38.Cf. Quaresmius, Elucidatio, t. ii, p. 327, et V. Guérin, Descript.de la Palestine, Samarie, t. i, p. 180. La pierren’était donc pas roulée ou placée comme ailleurs à l’entrée, mais superposée à l’ouverture de la caverne. Si l’on examineEl-’Azariéh et ses environs, on rencontre, à deux

Jean, xx, 15, dans un jardin cultivé par un jardinier, àquelques pas de la ville sainte.

A onze cents pas au nord du tombeau de Lazare, à sept cents de l’église de l’Ascension, on voyait, il ya dix ans, une abside et des murs avec des restes depeinture; au centre du cercle, une pierre en forme destèle carrée, avec les diverses scènes de Béthanie; la pierrea été renfermée, en 1883, dans une petite chapelle construitepar les Pères franciscains. Il n’est pas douteux quece ne soit «la colonne» signalée par Daniel l’higoumène, Pèlerinage, p. 361, et la place où la population de Jérusalemvenait entendre chanter l’évangile de la rencontrede Marthe et de Marie avec le Seigneur. Elle se trouvesur un embranchement de Béthanie à l’antique voie deJérusalem à Jéricho, qui passe par Khirbet-Bekei’a-Danet Qasr-’Aly, et va rejoindre le chemin actuel trois kilomètresavant le Khan-el-Hatrùrah. Depuis le xii° siècle, on a vu là aussi Bethphagé. (Voir ce nom.) À un kilomètreau sud-est d’El-’Azariéh, on aperçoit une jolie petiteéglise à coupole, avec un petit couvent. L’abside actuelleest bâtie sur une abside plus ancienne, dont on remarqueencore les assises à l’extérieur. Les Grecs voient là le lieu où Marie vint à la rencontre de Jésus (fig. 498). Une pierre quel’on montre dans l’église serait celle sur laquelle le Sauveurse serait assis. Cette église, que le B. Odoric (1330) semble prendre pour la maison de Marthe, est probablementla troisième église désignée par l’évêque Arculfe, oùle Seigneur venait converser avec ses disciples. Beaucoupde pèlerins, depuis le xiiie siècle, ignorant la traditionantique, dont sainte Sylvie et Daniel sont les témoins,ont voulu voir non loin de cette église le lieu de la rencontre.Au nord-ouest, en se rapprochant de Béthanie,sont de nombreuses citernes et autres excavations. Béthanieaurait-elle jadis étendu ses dépendances jusqu’ici, ouplutôt faut-il y voir, comme paraît le croire le P. Burkard,Pèlerinage, édit. Laurent, p. 62, l’emplacementde l’ancien Bahurim? C’est ce qu’il est difficile de déterminer.

L. Heidet.

2. BÉTHANIE («maison de la barque,» voir plusbas), localité «au delà du Jourdain, où Jean baptisait,»Joa., i, 28: c’est le nom que nous lisons dans la Vulgate etque nous trouvons actuellement en usage dans la liturgiede presque toutes les églises et de tous les rites. Le plusgrand nombre des manuscrits et les plus anciens jusqu’iciconnus ont aussi Béthanie. Cf. Tischendorf, Novum Testamentum græce, edit. octava critica major. Origène constateque Béthanie se lisait dans «la plupart des exemplaires» de son temps. In Joa., t. vi, t. xiv, col. 269. Un certain nombre de manuscrits grecs, syriaques, slaveset autres, portent Béthabara. Cf. Tischendorf, ibid. Origène, en disant σχεδὸν ἐν πᾶσι, «dans presque tous,» reconnaît l’existence de l’autre leçon, et ne peut être accuséd’en être l’inventeur. Les manuscrits auxquels il fait allusionsont par conséquent au moins aussi anciens que lesplus anciens que nous possédons. Saint Épiphane, Adv. hær., 1. ii, hær. 51, t. xli, col. 912, semble donnerBéthabara comme la lecture la plus reçue: «Ces chosesarrivèrent à Béthabara; dans d’autres exemplaires, on litBéthanie.» Saint Jean Chrysostome, In Joa., hom. xvii, 1, t. lix, col. 108, dit que c’est «la plus sûre»: «…à Béthanie; quelques copies disent, et c’est le plus sur (ἀκριβέστερον), Béthabara.» Origène prétend que c’est la seule leçon vraie. «Nous sommes persuadé, dit-il, que ce n’estpas Béthanie qu’il faut lire, mais Béthabara.» La raison, «c’est qu’il n’y a pas de lieu du nom de Béthanie prèsdu Jourdain; mais, au contraire, à l’endroit que les histoiresdésignent, sur les rives du Jourdain, comme le lieuoù Jean baptisait, on trouve Béthabara.» Origène raisonnecomme nous ferions si, dans un livre, nous lisions quesaint François d’Assise a été baptisé à Pise: connaissantpar l’histoire la ville où ce fait s’est accompli, nous conclurionsà une erreur de l’imprimeur, et nous lirionsAssise. Saint Jean Chrysostome, loc. cit., donne le mêmemotif: «Car il n’y a pas de Béthanie au delà du Jourdain,mais seulement une près de Jérusalem.» Commesaint Épiphane, Eusèbe et saint Jérôme, De situ et nom. loc. heb., t. xxiii, col. 884, reconnaissent simplementBéthabara: «Béthabara au delà du Jourdain, disent-ils,où Jean baptisait.» Tous les Pères des premiers sièclesparlent de même.

Les commentateurs et les critiques sont divisés de nosjours comme aux siècles passés. Adrichomius, Theatrum Terræ Sanctæ, Ruben, 1600, p. 126; Bonfrère, Onomm.,note 9, édit. de J. Clericus, 1707, p. 38; D. Calmet, Dict. de la Bible, au mot Béthabara, Paris, 1722, t. i, p. 151;Reland, Palæstina, édit. de 1714, t. ii, p. 627, et beaucoupd’autres, en conformité avec les Pères, disent que Béthanieest une faute. Reland ajoute que «Béthanie, mot plusconnu, a pu plus facilement se substituer au moins connu,Béthabara, que Béthabara à Béthanie». Plusieurs n’ontpoint voulu se prononcer. D’autres, comme Estius, in Joh.,édit. de 1699, p. 329; Quaresmius, T. S. Elucidatio,. iv,per. x, c. v, 1639, t. ii, p. 329; Cornélius a Lapide, in Joa., édit. Vives, p. 317, etc., ont opté pour Béthanie. Suivant eux, il pourrait se faire que Béthanie fût identiqueà Béthabara, Beth’ania, avec aleph, signifiant «maison dela barque» ou «du bac»; Josèphe indique une Béthanieau delà du Jourdain; les manuscrits les plus anciens et lesplus nombreux ont Béthanie; la Vulgate, reconnue authentiquepar le concile de Trente et publiée par les souverainspontifes, a Béthanie; Béthabara vient d’Origène, etc’est, dit-on, une correction non fondée. Mais la premièreraison affirme une possibilité, non un fait; le fait est niéformellement par Origène et saint Jean Chrysostome,implicitement par tous les autres Pères. La Béthaniequ’Estius (In Joa.) a vue dans Josèphe, Ant.jud., XVII, x, 1, est introuvable ou désigne «la Batanée», chose toute différente.L’ancienneté des manuscrits et leur nombre n’attestentsouvent que l’ancienneté de la faute et sa diffusion.Les papes qui ont publié la Vulgate, au nom du concilede Trente, ont reconnu y avoir laissé subsister des fautescertaines (voir Præfatio ad lectorem de la Vulgate): rienne prouve que «Béthanie» ne soit pas du nombre. Origèneet les autres Pères, entre deux leçons existantes,choisissent Béthabara; mais le nom n’a pas été introduitpar eux. La question est de savoir si leur choix s’est faitselon une critique saine et sûre. Ils supposent: 1° que, «l’histoire», c’est-à-dire la tradition qui détermine la placedu baptême du Seigneur à l’endroit appelé Béthabara, oudans son territoire, est une tradition authentique; 2° quele nom de Béthabara est celui qui était usité au temps deJésus-Christ et n’a pas supplanté un autre nom, que parconséquent il a dû être seul employé par l’évangéliste.Ont-ils tort? Pour le dire ou le croire, il faudrait rejeterou contester l’existence ou l’authenticité de la traditionhistorique chrétienne ancienne, indiquant le lieu où leSeigneur a été baptisé: ce serait un peu de témérité.Mais si le souvenir de ce lieu s’est conservé fidèlement àtravers deux siècles, — ce qui n’était guère difficile, —jusqu’à Origène, pourquoi pas le nom du lieu? Nousavons ici des faits nombreux, évidents et palpables, aprèsplus de dix-huit siècles, qui attestent la permanence vitalede l’onomastique ancienne des localités, malgré les Romainset les Grecs, les Byzantins et les croisés. Supposerle changement du nom ou la simultanéité des deux nomsest une supposition gratuite, qu’auraient pu faire Origèneet les autres, s’ils en avaient vu la possibilité.

On a avancé une autre proposition, qui à la fois laissele loisir de reconnaître avec l’histoire le lieu du baptêmeà Béthabara, et ce nom comme nom spécial de l’endroit,et Béthanie comme nom authentique employé par l’évangéliste.Béthanie serait le nom général de toute la valléedu Jourdain. Ce ne serait qu’une forme grecque de l’hébreuBéten, «creux, vallée profonde,» dont Αὐλών, Κοῖλος, souvent usités chez Josèphe et d’autres, ne seraient qu’une traduction, comme le Ghor aujourd’hui. Cf. Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., Bethania, p. 5. Cette supposition ne repose sur aucune preuve. Il serait bien surprenant, si Béten ouBethania était le nom usité, qu’il n’eût été employé quecette seule fois, quand les évangélistes et saint Jean mêmenomment souvent la vallée du Jourdain; mais alors c’estsimplement omnis regio circa Jordanem, ou πᾶσα ἡ περίχωρος τοῦ Ἰορδάνου, πέραν τοῦ Ἰορδάνου, s’il s’agit de la partie orientale. Cf. Matth., iii, 5; Luc, iii, 3; Joa., iii, 26; x, 40. Ce dernier passage (chap. x, 40) marque clairement Béthanie comme un lieu particulier, τόπος,et non comme la désignation générale de toute la vallée.Une dénomination générale demande la déterminationde l’article; Josèphe, Eusèbe, saint Jérôme, etc., nemanquent pas de le faire quand ils nomment ὁ Αὐλών; saint Jean ne le fait pas pour Béthanie: il écrit ἐν Βηθανίᾳ, non ἐη τῇ Βηθανία. Les raisons pour lesquelles on conteste l’assertion d’Origène et des Pères ne sont pasassez fortes pour la détruire; il reste pour nous commepour saint Jean Chrysostome, que Béthabara, ou l’une deses variantes, est la leçon la plus certaine, la plus authentique. Voir Béthabara.

L. Heidet.

    1. BÉTHANITES##

BÉTHANITES (hébreu: yoSbê Bêp-’Anât, «habitantsde Béthanath» ). Jud., i, 23. Voir Béthanath.

    1. BÉTHANOTH##

BÉTHANOTH (hébreu: Bêf-’Ânôt; Septante: B «t6avàn." Codex Alexandrinus: Ba18xvwv), ville de la tribude Juda, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Jos., xv, 59. Elle fait partie du quatrième groupe des villes dela montagne. Jos., xv, 58-59. Des cinq noms qui l’accompagnent, trois sont bien identifiés et nous permettent dedéterminer sa position: Halhul = Halhoul, à une heureet demie au nord d’Hébron; Bessur ( hébreu: Bêp-Sûr) =Beit Sour, à côté de la précédente, vers le nord - ouest; Gédor = Khirbet Djédour, plus au nord. Voir la carte dela tribu de Juda. Woleott, Excursion to Hebron, dansla Bibliotheca Sacra, 1843, p. 58, 59, a découvert aunord-est d’Hébron les ruines d’une petite ville, appeléeBeit’Aînoun, /j**** < —VS > j dans le Survey of WesternPalestine, Name lists, Londres, 1881, p. 397, et dansBobinson, Biblical Researches in Palestine, Londres,

1841, t. iii, p. 204, et My**’^*£ ?i Beit’Anoun, dansV. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 151. II y a correspondance exacte au point de vue dunom et de la position entre le village actuel et l’antiquecité biblique. «Les ruines dont il se compose, dit M. Guérin, loc. cit., sont celles d’une petite ville, divisée en deuxquartiers, l’un haut et l’autre bas. Presque au centre, etcomme protégeant à la fois ces deux quartiers, s’élevaitjadis un petit fort rectangulaire, qui est encore en partiedebout et qui mesure trente et un pas de long sur vingt-quatrede large. Les murs, épais d’un mètre quinze centimètres, sont bâtis avec des pierres de taille de grandesdimensions, qui, aux angles principalement, sont relevéesen bossage. Plusieurs fûts de colonnes antiques, engagéstransversalement comme des poutres, prouvent que cebordj date tout au plus de l’époque byzantine, si mêmeil n’appartient pas à une époque plus récente encore.Seulement les matériaux avec lesquels il a été construitspnt pour la plupart anciens. Divisé intérieurement endeux compartiments, il était surmonté d’une voûte, depuislongtemps écroulée, et renfermait une citerne aujourd’huicomblée. Près de là est un birket maçonné quimesure dix pas de chaque côté. Quant à la ville proprementdite, on en retrouve facilement le plan. Les ruesétroites qui la sillonnaient jadis sont presque toutes encorereconnaissables. Elles étaient bordées de petitesmaisons voûtées à l’intérieur, dont les unes sont à moitiédebout, et les autres sont renversées. Quelques souterrainscreusés dans le roc sont probablement d’anciensmagasins, remontant à une époque plus reculée.» On peutvoir aussi Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 311, 351, et Robinson, Biblical Researches, Londres,

1856, t. iii, p. 280-281.

A. Legendre.

BÉTHAPHUA. Voir Betiithaphua.

    1. BÉTHARABA##

BÉTHARABA (hébreu: Bêt hâ’Ârâbâh, «maisonde l’Arabah» ou «de la plaine déserte»; Septante: BaïQàpaêa, Jos., xv, 6; ©apaêaâji, Jos., xviii, 22; CodexAlexandrinus: Br)8apix61, Jos., xv, 61; Ba18a6apâ, transpositionprobable pour Ba181pa6a, Jos., xviii, 22), villede la tribu de Benjamin, Jos., xviii, 22, située sur la frontièrenord-est de Juda, Jos., xv, 6, et probablement à causede cela attribuée aussi à cette dernière tribu, Jos., xv, 61.Comme son nom l’indique, elle se trouvait dans l’Arabahou la vallée du Jourdain. Voir Arabah, col. 820. D’aprèsle tracé des limites, Jos., xv, 6; xviii, 18 ( les Septante, Jos., xviii, 18, mettent BaiÔâpaéa là où le texte hébreuporte simplement hâ-’Arâbâh), elle devait être placéeentre Beth-Hagla et Aben-Bohen ou la «pierre de Bohan, fils de Ruben». Cette dernière localité est inconnue (voirAben-Bohen, col. 34); mais la première est généralementidentifiée avec’Ain ou Qasr Hadjlâ, au sud-est de’Erihâ

ou Jéricho. Bétharaba était donc entre cet endroit et lemassif montagneux qui se dresse à l’ouest. Voir Benjamin, tribu et carte. Son emplacement exact n’est pasconnu. Quelques auteurs l’identifient avec Qasr Hadjlâ, à une demi-heure au sud-ouest de’Aïn Hadjlâ. Mûhlau, dans Riehm’s Handwôrterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 175. Mais y a-t-il lieu de mettredeux villes distinctes à une distance si rapprochée et dansdeux sites qui semblent, d’après le nom actuel, n’avoirappartenu qu’à une même cité? — R. von Riess, Bibel-Atlas, 2 8 édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 5, distinguela Bétharaba de Juda, Jos., xv, 61, de celle de Benjamin, Jos., xv, 6, rattachant à la première la Bêp’Arâbâh talmudique.Les Talmuds, en effet, mentionnent une localitéde ce nom près de Bethléhem, où le Messie doitnaître; dans d’autres passages ils l’appellent Birath Arabahou Birath Malka. Cf. A. Neubauer, La géographiedu Xalmud, in-8°, Paris, 1868, p. 133.

A. Legendre.

    1. BÉTHARAM##

BÉTHARAM (hébreu: Bêt Hârdm; omis ou corrompudans le manuscrit du Vatican; Br)8apà(i., danscelui d’Alexandrie), ville de Gad, dont le nom est ainsiorthographié, conformément à l’hébreu, dans plusieursmanuscrits et éditions de la Vulgate, au lieu de Bétliaran, Jos., xiii, 27. Cf. C. Vercellone, Variée lectionesVulgatse latinæ, Rome, 1864, t. ii, p. 34. Saint Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxiii, col. 881, la mentionne aussi sous la même dénomination.On la regarde généralement comme identique à Bétharande Num., xxxii, 36. Voir Bétharan.

A. Legendre.

    1. BÉTHARAN##

BÉTHARAN (hébreu: Bêp hârân, Num., xxxii, 36, et Bêt hârâm, Jos., xiii, 27; grec: Baiôapâfj. et B/)6apà[j.), ville de Gad. Bêp-hâ-Râm, «la maison de la hauteur,» est sans doute Je vrai nom; le ment de l’ancienne écriturehébraïque a pu facilement être confondu avec le noûn, dont la différence est peu sensible: Josèphe, en effet, transcrit Bétharamatha ou Bétharamphtha; les Talmudsécrivent Beth Râmta’, forme chaldéenne de Râm et Râmah(Talm. Babyl., Sabbath, 26 a; voir Neubauer, Géographiedu Talmud, p. 160); Ramtha ou Ramphtha est le nomque nous verrons donné encore au IV siècle à la localitépar la population syrienne du pays, tandis que lesArabes l’appellent aujourd’hui Râméh, identique en leurlangue.

Bétharan est presque toujours nommée avec Bethnemra.Elle fut prise par les Hébreux, sous la conduitede Moïse, sur Séhon, roi amorrhéen d’Hésébon; elle futcédée aux Gadites, qui la relevèrent et la fortifièrent. Ellese trouvait dans la vallée (bâ-’êméq), à l’ouest des montsAbarim et du Phogor, dans l’Arabah de Moab qui toucheau Jourdain, en face de Jéricho, et était par conséquentenclavée dans le camp des Hébreux. Num., xxxii, 36; Jos., xiii, 27. Quand la tribu de Gad eut été emmenée encaptivité avec les neuf autres tribus d’Israël, elle fut occupéede nouveau par les Moabites, à qui elle avait dûappartenir avant que Séhon s’en emparât; elle fut reprisepar Alexandre Jannée, vers l’an 80 avant J. -C. Josèphe, Ant. jud., XIV, 1, 4, édit. Didot, t. i, p. 526. Au tempsde Notre -Seigneur, elle entra dans la part d’Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. II la munit de fortes murailleset la nomma du nom de la femme de l’empereur, Julias, Ant. jud., XVIII, ii, 1, p. 695, ou Livias, cf. XIV, I, 4, p. 526. Julias est peut-être une erreur des copistes, quiont pu confondre Bétharan avec Bethsaïde, nommée Juliaspar Philippe. Quoi qu’il en soit, Livias n’en resta pasmoins le seul nom usité dans la suite, et encore par lesseuls Romains et Grecs; car Eusèbe et saint Jérôme constatentque les Syriens l’appellent toujours Bethramphthaou Bethramtha. Voir Lib. de situ, et nom., aux motsBetharam et Bethnimra, Bethphogor, Arabath-Moab, t. xxiii, col. 880, 881, 865. Néron la donna, avec Abila(Abel-Satim, col. 33), à Agrippa le Jeune. La guerre aa

Judée ayant éclaté, elle fut brûlée par le général romainPlacide, avec les autres villes de la Pérée qui se trouvaientdans le voisinage du lac Asphaltite. Josèphe, Bell, jud., IV, vir, 6. Elle fut rebâtie et devint sous les chrétiens lesiège d’un évêché; son évêque, Letoius, assista, en 431, au concile d’Éphèse; Pancratius, à celui de Chaleédoineen 451, et Zacharias à celui de Jérusalem. Cf. Reland, Palsestina, t. ii, p. 874. Au IV» siècle, sainte Sylvie d’Aquitaine, Peregr., édit. Gamurrini, p. 51-52, vint visiterLivias, parce qu’elle «est dans la plaine ( «in campo» où les fils d’Israël dressèrent leur camp…; parce que c’estle lieu où ils pleurèrent Moïse…, où Jésus, fils de Nun, fut rempli de l’esprit de science…; où Moïse écrivit le livredu Deutéronome, où il prononça les paroles du cantique…, et où il bénit les enfants d’Israël.» Elle crut reconnaîtreencore les traces du campement.

De nos jours quelques auteurs, entre autres Raumer, Palestine, p. 260; H. Kiepert, Handkarte von Palàst. etcarte de Pérée, dansBsedeker; Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., 1887, au mot Belh-Haram, etc., indiquent une Beth-Haranqu’ils paraissent regarder comme la Bétharan biblique à environune lieue au nord de Sueiméh et de la mer Morte, à unelieue à l’est du Jourdain, et à une lieue au sud-ouest deTell er-Raméh; mais ce nom ne se trouve pas à cette place; la ruine que l’on y voit est appelée par les Bédouins dela région Tell el-Ghassoul. Si une localité peut être identifiéeavec l’antique Beth-haram-Livias, c’est le Tell er-Raméhd’aujourd’hui. Selon Eusèbe et saint Jérôme, De sit. et nom., t. xxiil, col. 881, «Bethramphtha ou Livias est sous le montPhogor, à cinq milles de Bethnimra;» selon sainte Sylvie, Peregr., p. 53, à six milles environ des fontaines de Moïse, et selon Théodosius, à douze milles de Jéricho. Toutes cesdistances, trop longues ou trop courtes pour Tell el-Ghassoul, conviennent exactement à Tell er-Raméh. Raméh, comme l’indique son nom, est une colline ou mamelons’élevant au-dessus de la plaine du Jourdain, presque aupied des montagnes, à huit kilomètres sud de Nimrin, l’antique Bethnemra, à onze ou douze vers l’ouest des Aïoun-Mouça, «sources de Moïse» (col. 1077), et vingt de Jéricho.Un petit sanctuaire musulman, blanchi à la chaux, couronne le tell; des pierres couvrent le sol au loin, autourde la colline; à quatre ou cinq cents mètres, unpetit monument porte le nom de Qabr Sa’ïd, «le tombeaude Saïd.» Quelques misérables huttes servent, pendantl’hiver, de retraite aux Bédouins qui viennent fairepaître leurs troupeaux dans la vallée. Au loin, aux alentours, on remarque des cercles de pierres qui ont serviet servent encore quelquefois à former une sorte d’enceinteautour des tentes des Arabes. Ce sont sans doutedes groupes de pierres de même nature que sainte Sylviea, considérés comme des débris du campement des Hébreux.L. Heidet.

    1. BETH ARBEL##

BETH ARBEL (hébreu: Bêf’Arbê’l, «maison del’embuscade [?] de Dieu» ), localité mentionnée sous cetteforme seulement dans Osée, x, 14. Salmana (voir ce mot)la ruina et en extermina les habitants. Les anciennes versionsont été embarrassées par ce passage. Les Septanteont traduit: ’Ex toû otxou toO’Iepo601|i, ou plutôt, commele porte le Codex Alexandrinus, ’IepoéaàX. La Vulgate alu cette dernière leçon et traduit d’une manière analogue: «Vastatus est Salmana a domo ejus qui judicavit Baal.» Qui judicavit Baal est la traduction du nom de Jérobaalet désigne Gédéon, juge d’Israël. Jud., vi, 32. Cette façon derendre le texte du prophète s’explique par l’erreur danslaquelle sont tombés les premiers traducteurs d’Osée; ilsont cru que Salmana était le roi de Madian vaincu parGédéon, Jud., viii, 5-21, et ils ont.interprété le texte enconséquence. Mais le Salmana (hébreu: Salman) d’Oséen’est pas le même que le roi de Madian, dont le nomoriginal ( hébreu: $almunâ’) est complètement différent, et Beth Arbel est certainement un nom de lieu et ne peuts’appliquer à un homme.


La difficulté est de déterminer le site de Beth Arbel.Beaucoup pensent que c’est Arbèle de Galilée. Voir Arbèie, col. 885. Les assyriologues voient dans le passage du prophèteune allusion à un événement récent, soit aux victoiresde Salmanasar III pendant sa campagne contreDamas, en 773 avant J.-C, soit aux exploits de Salamanu, roi de Moab, contemporain d’Osée, dont le nomfigure surla liste des tributaires deThéglathphalasar III, après la prise de Damas, en 732. E. Schrader, Die Keilinschriftenunddas Alte Testament, 2e édit., 1883, p. 440-442.Dans la première hypothèse, Beth Arbel peut être l’Arbèlede Galilée; mais dans la seconde, Beth Arbel devraitêtre probablement identifiée avec YIrbid actuelle, Arbèlede la Pérée, au nordest de Pella. Cette ville est mentionnéepar Eusèbe, Onomasiica sacra, 2e édit. Lagarde, p. 236, 72. C’est aujourd’hui le chef-lieu d’un district, surla route d’Oumm Qeïs (Gadara) àBosra. Irbid est au piedméridional d’un monticule, couvert par les ruines d’unchâteau fort. Ces ruines sont assez considérables, maissans intérêt. On jouit d’une belle vue au sommet de lacolline: on voit l’Hermon au nord, le Thabor à l’ouest, et, à l’est, le Kouleib, pic central du Djebel Hauran. —Voir J. L. Porter, Handbook for Syria, 1875, p. 316.

F. Vigourohx.

    1. BETH-ASCHBÉA##

BETH-ASCHBÉA, nom traduit par «maison du Jurement,» dans la Vulgate. I Par., iv, 21. Voir Aschbéa.

    1. BÉTHAVEN##

BÉTHAVEN (hébreu: Bêf’Avén, «maison de lavanité» ou «de l’idole»; Septante: BatO^X; CodexAlexandrinus: B» )()aOv, Jos., vii, 2; Ba16<iv; CodexAlexandrinus: Ba19a13v, Jos., xviii, 12; Baiôwptiv, I Reg., xm, 5; Ba|imô, I Reg., xiv, 23; ô oïxo; T ûv, Os., iv, 15; v, 8; x, 5), ville des montagnes de Benjamin, située prèsde Haï, à l’orient de Béthel, Jos., vii, 2, entre cette dernièreet Machmas. I Reg., xiii, 5; xiv, 23. Elle donne sonnom au <t désert» (hébreu: midbar Bê{’Avén; Septante: r) MaéSapÏTiç Baiôûv) qui se trouvait sur la frontière septentrionalede Benjamin. Jos., xviii, 12. Il semble qu’elledisparut de bonne heure et ne fut pas rebâtie; il n’en estpas question après la captivité; la variété des noms queprésente la version des Septante montre que les traducteursne la connaissaient pas, et si Eusèbe cite BatôaOv, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 230, 235, 243, il ne luiassigne aucune localité correspondante. Les explorationsmodernes de la Palestine n’ont donné aucun résultatsérieux. Tout ce que nous savons, c’est que le «désertde Béthaven» est bien placé dans cette aride contrée quis’étend au sud-est de Béthel (Beiiin), aux environs etau-dessus de Machmas (Moukhmas). Voir la carte deBenjamin. Les collines de calcaire gris sont coupées pardes ravins profonds; quelques pièces de terre cultivéespar- ci, par-là, au milieu des rochers, quelques figuiersépars au fond d’un vallon ou perchés sur les flancs d’uncoteau, des plantes et des arbustes faits pour la dent deschèvres: tel est en deux mots l’aspect de cette région.

Le prophète Osée mentionne trois fois Béthaven, iv, 15; v, 8; x, 5; mais, de l’avis général des commentateurs, il n’y a là qu’une transformation du nom de Béthel, parallusion au culte idolâ trique qui y fut pratiqué après leschisme. Béthel, c’est-à-dire «la maison de Dieu», autrefoisconsacrée par les patriarches, Gen., xxviii, 10-19; xxxv, 14-15, sanctifiée quelque temps parla présence del’arche d’alliance, Jud., xx, 18 (d’après l’hébreu), estdevenue, par la volonté criminelle de Jéroboam, le siègeprincipal de l’idolâtrie, III Reg., xii, 28, 29; aussi nemérite-t-elle plus d’être appelée «maison de Dieu», maisplutôt «maison de la vanité» ou «de l’iniquité i>, Commetraduit Théodotion. Cf. S. Jérôme, In Osée, t. xxv, col. 854.On trouve le même jeu de mots dans Amps, v, 5: û-Bêç’El yheyéh le’âvén, «Béthel deviendra une vanité.» LesSeptante, dans Osée, au lieu de ps, ’Avén, ont lu pu, ’Un, r Ûv, nom appliqué à la ville égyptienne d’Héliopolis,

1. — 55 1667

BÉTHAVEN —, BETHDAGON

1668

où l’on adorait le taureau Mnévis; la pensée est donc bienla même: Béthel est devenue comme une autre On. Puseypense que le nom de la ville de Béthaven fut donné pardérision à sa voisine idolâtre. Cf. Trochon, La SainteBible, Les petit* prophètes, Paris, 1883, p. 42. Les Talmudsidentifient Béthaven avec Béthel. En s’appuyant surun verset biblique, Jos., vii, 2, on y dit «que l’endroitnommé jadis Béthel s’appelle maintenant Béthaven».Cf. A. Neubâuer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, zp. 155-156. S’il est vrai que, suivant la pensée des prophètes, les deux noms ont été appliqués à la même ville, il n’en est pas moins certain qu’ils ont désigné dans lescommencements deux endroits parfaitement distincts. Ceciressort clairement de Jos., vii, 2; xviii, 12. Cf. Reland, Palsestina, Utrecfrt, 1714, t. ii, p. 631.

A. Legendre.

    1. BETHAZMOTH##

BETHAZMOTH, II Esdr., vii, 28. Localité appeléeAzmaveth, I Esdr., Il, 24, et II Esdr., xii, 29.VoirvzMAvêth2.

    1. BETH-BAAL-MÉON##

BETH-BAAL-MÉON, nom complet, dans le textehébreu, Jos., xiii, 17, de la ville transjordanienne appeléeBethmaon, Jer., xlvui, 23, et, dans d’autres passages, Baalméon, Baalmaon ou Béelméon. Voir Baalméon.

    1. BETHBÉRA##

BETHBÉRA (hébreu: Bêt bârâh, «maison du passage, du gué;» Septante: Bxidr^pi), localité mentionnéeseulement deux fois, au moins sous cette forme, dans lemême verset des Juges, vii, 24, où il est certainementquestion d’un gué du Jourdain. Gédéon fit occuper cetendroit par les Éphraïmites, afin de couper la retraiteaux Madianites après les avoir battus. Il y avait à Befhbérades eaux qui, d’après le contexte, sont différentesdes eaux du Jourdain, et désignent sans doute les ouadis, vallées et ruisseaux qui coulent des hauts plateaux d’Éphraïm, vers l’est, dans la direction du Jourdain. Eusèbeet saint Jérôme ne nous apprennent rien sur la situationde cette localité, qu’ils se contentent de nommer. Liberde situ et nominibus, t. xxiii, col. 883. Plusieurs pensentque Bethbéra est la même que Béthabara où baptisait saintJean-Baptiste, d’après la leçon commune du texte grec, Joa., i, 28, quoique le lieu où se trouvait le précurseur, et où l’on se rendait de la Judée et de Jérusalem, lûtprobablement vis-à-vis de Jéricho et par conséquentplus au sud que la localité par où cherchaient à s’enfuirles Madianites. Voir Béthabara. F. Vigouroux.

    1. BETHBÉRAÏ##

BETHBÉRAÏ (hébreu: Bê( bir’î, «maison de la

graisse;» Septante: oîxoç B^poDuetopsi’iA, en faisant unseul mot de Bir’î et du nom suivant, èa’âraïtn; dansla Vulgate: Saarim), ville de la tribu de Siméon. I Par., IV, 31. La comparaison du passage des Paralipomènes, IV, 28-32, avec la liste des villes de Siméon dans Josué, xix, 2-7, montre que Bethbéraï est la même ville queBethlebaoth, Jos., xix, 6, appelée aussi Lebaoth tout court.Jos., xv, 32. Voir Bethlebaoth.

    1. BETHBESSEN##

BETHBESSEN (Septante: BaieëauO, vi Ue où se réfugièrentJonathas et Simon Machabée pour échapper augénéral syrien Bacchide. I Mach., ix, 62, 64. Sa situationprécise est inconnue. D’après le texte sacré, elle était «dans le désert», probablement le désert de Juda, etdans la vallée du Jourdain, non loin de Jéricho. Josèphe, Ant. jud., XIII, 1, 5, l’appelle Brfiokxyâ, c’est-à-direBethhagla. Une autre leçon porte Beth-Kaziz. Voir Casis.Bethbessen avait dû être une place forte, puisque Jonathaset Simon en réparèrent les ruines et la fortifièrent. Bacchideaila les y assiéger; Jonathas s’en échappa, et sonSrère soutint vaillamment le siège pendant un temps considérable, brûlant les machines deguerre queles Syriensavaientconstruites contre la ville, etles forçant finalementà se retirer. I Mach., ix, 62-69. F. Vigouroux.

    1. BETHCHAR##

BETHCHAR (hébreu: Bêt Kâr, «la maison del’agneau» ou «du pâturage»; Septante: Bxiôjjip), lieuinconnu, mentionné une seule fois dans l’Écriture commele point «jusqu’au-dessous» duquel les Israélites, sortantde Masphath, poursuivirent un jour les Philistins.I Reg., vii, 11. Le texte hébreu n’offre pas de variantes, et cependant les versions anciennes, à l’exception desSeptante et de la Vulgate, donnent des noms différents; paraphrase chaldaïque: Bêt Sârôn; Peschito: Bêt Yasan; arabe: Beit Yâsân. Wellhausèn, suivant cette dernièreforme, pense qu’il s’agit ici de Jésana ( hébreu: YeSânàh; Septante: ’Uiruvà). II Par., xiii, 19. Cf. F. de Hummelauer, Comment, in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 89.Mais cette ville, généralement identifiée aujourd’hui avec’Ain Sînia, à environ cinq kilomètres au nord de Béthel, se trouve dans une direction tout opposée à celle quedurent prendre les Philistins pour regagner leur pays, enpartant de Masphath (Scka’fât ou Nébi Samouïl). Houbigant, Biblia hebraica, Paris, 1753, t. ii, p. 185, s’appuyantsur le même mot, voit ici, comme au ꝟ. 12, Hassên(Vulgate: Sen), un des deux points, avec Masphath, entrelesquels Samuel plaça un monument commémoratif dela victoire miraculeuse, appelé «Pierre du Secours» (hébreu: ’Êbén hâ’âzér). Il n’y a là pour lui qu’un seul etmême lieu; car le monument devait être placé là où lecombat avait été engagé, c’est-à-dire entre Masphathet l’endroït jusqu’où les Israélites poursuivirent leursennemis. Voir Sen. Josèphe, Ant. jud., VI, II, 2, appellecet endroit Corrsea, pixpi Koppafwv, et dit que là futélevée la pierre qui marquait «le terme de la victoire etde la fuite des ennemis». Il ne laut ra? confondre Kcppaîaavec Kopéa, dont parle le même historien, Ant.jud., XIV, iii, 4; Bell, jud-, I, vi, 5; IV, viii, 1, et quise retrouve aujourd’hui dans le village de Qouriyout, àun kilomètre et demi au nord de Seiloun (Silo). Eusèbeet saint Jérôme, Onomaslica sacra, Gœttingue, 1870, p. 106, 238, reproduisent la forme hébraïque, Bethcar, Bt)6x «p, et placent au même lieu «la Pierre du Secours».Le changement de consonnes que présentent les versionsa fait supposer aussi qu’il y avait peut- être dans le texteprimitif pin n>3, Bê( Jfôrôn, au lieu de-o n>3, Bêt Kâr, Béthoron dominant une des routes les plus fréquentéespour aller vers le nord du pays philistin. F. de Hummelauer, Comment, in lib. Sam., p. 89. — L’expression «jusqu’au lieu qui était au - dessous de Bethcar» permetde croire que la ville était sur une hauteur, et la routeà ses pieds. Toutes les tentatives faites jusqu’ici pourl’identifier n’ont amené aucun résultat sérieux. On a proposé’Aqour, village situé à l’est lï’Aïn Schems (Bethsamès).Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1876, p. 149. On a indiqué comme possible’AînKarim, au sud-ouest de Jérusalem. Pal. Expl. Fund,

1888, p. 265; G. Armstrong, Wilson et Conder, Namesand places in the Old and New Testament, Londres,

1889, p. 29. La difficulté se rattache au problème topographique

d’Ében T Ézer.

A. Legendre.

BETHDAGON. Hébreu: Bêf-Dâgôn, «maison deDagon;» Septante: B^ÔSa-cûv. Nom de deux villes de laPalestine. Jos., xv, 41; xix, 27. Le texte hébreu présentece mot en quelques autres endroits de l’Écriture, I Reg., v, 2, 5; I Par., x, 10; mais là, au lieu d’indiquer uneville, il désigne le temple, du dieu philistin, hommepar la partie supérieure, poisson par la partie inférieure, d’où son nom de pli, Dâgôn, diminutif de iii, dag, «poisson.» C’est ainsi que les Septante et la Vulgate ontinterprété ces divers passages en traduisant par olxo; daTtov et templum Dagon; ce qui d’ailleurs ressort manifestementdu contexte. Il faut donner le même sens àI Mach., x, 83, où le nom propre Br)68aytiv, reproduitpar la version latine, ne peut s’expliquer que par «letemple de Dagon», comme au verset suivant, tb ispèv

Exploration Fund, Quarterly Statement, 1877, p. 22.Ce n’est qu’une simple probabilité; on peut la retenir enattendant de meilleures découvertes. — Tell Da’ouk estun tertre qui s’étend de l’est à l’ouest. «On y voit les débrisd’un khan mesurant soixante-quinze pas de long sur àpeu près autant de large, et dont quelques magasins, auxvoûtes légèrement ogivales, sont encore debout. Près delà gisent, au bas du tell, les vestiges d’un certain nombrede maisons renversées. Un puits, où l’on descend parquelques degrés et muni de son réservoir, est encore enassez bon état. Saladin avait utilisé cette hauteur, qui n’estséparée de Tell Keisan que par la distance de deux kilomètres, pour l’assiette et pour la défense de son camp.» V. Guérin, Galilée, t. i, p. 427. — Robinson, BiblicalBesearches, 1856, t. iii, p. 298, a remarqué au sud-estet à quelques milles de Naplouse un autre village dunom de Beit Dedjan. C’est probablement une Bethdagonde l’antiquité; mais à coup sûr ce n’est ni l’une ni l’autrede celles dont nous venons de parler. M. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, 2 in-8°, Paris, 1852, t. i, p. 100, est tenté d’y voir celle de I Par., x, 10; c’està tort, croyons-nous. Peut-être cette ville des montagnesde la Samarie rappelaitelle les nombreuses incursionsdes Philistins au centre même des tribus d’Israël. I Reg.,

xiii, 5-7; xxix, 1; xxxi, 1.

A. Legendre.

    1. BETH DIBLATHAÏM##

BETH DIBLATHAÏM (hébreu: Bêt Diblâtaïm), ville de Moab dont Jérémie, XL viii, 22, annonce la ruine.La Vulgate et les Septante ont traduit le mot hébreu Bêt: Dommn Deblathaïm; oïxoç AeëXaâa’iji. Dans les Nombres, xxxiii, 46, 47, elle est appelée Helmondéblathaïm. Voir

DEBLATHAÏM.

    1. BETH ÉDEN##

BETH ÉDEN (hébreu: Bêt’Êdén, «maison de plaisance;» Septante: "AvSpE; Xoeppdiv), localité inconnueque le prophète Amos, i, 5, menace de destruction. LaVulgate n’a pas conservé le mot hébreu, mais a traduitle sens des mots: domus voluptatis.

1 1° Plusieurs commentateurs croient que Beth Édenétait une maison de campagne des rois de Damas. Grotius, Opéra, Amsterdam, 1679, t. i, p. 509, suppose quecette maison d’Éden est le IlapciSeujoç dont parle Plolémée, v, 15. D’après Ed. Robinson, Later Biblical Besearches, in-8°, Londres, 1856, p. 556, le Paradis, «Parc» de Ptôlémée, serait le village actuel de Djousiéh el’Kadiméh, à l’extrémité septentrionale de la Cœlésyrie, à une heure et demie au sud-est de Riblah, près del’Oronte. On y voit des ruines considérables. Il est appeléel-Kadiméh, c’est-à-dire l’ancien, pour le distinguer d’unnouveau Djousiéh, qui est dans le voisinage. Les fondementsdes maisons et le tracé des rues sont encore visibles; mais la plupart des pierres de ses édifices ont été enlevées, probablement pour construire Djousiéh la nouvelle.Il y avait une torteresse considérable avec des tours auxangles. Une des portes subsiste encore. «Robinson, ditJ. L. Porter, Handbook for travellers in Syria and.Palestine, in-12, Londres, 1875, p. 537, a proposé d’identifierces ruines avec Paradisus, ville que Ptôlémée placeentre Laodicée et Djabrouda, et qui est mentionnée parStrabon (xvi, 2, 19, p. 756) et par Pline (H. N., v, 19 [23]).On ne peut guère révoquer en doute cette identification, quoiqu’il soit malaisé d’expliquer le nom de Paradis, caril serait difficile d’imaginer un site plus triste que celuidu vieux Djousiéh.» Cf. J. L. Porter, dans la Bibliothecasacra, 1854, p. 671-672.

2° D’autres géographes placent Beth Éden à Beit el-Djaune, «la maison du paradis,» gros village qu’on rencontresur la route de Banias à Damas, après avoir passéMedjdel esch-Schems, sur le versant oriental de l’Hermon, au débouché de deux vallées, entre des parois derochers percés de grottes sépulcrales. Il est arrosé parle Nahr el-Djennani, une des sources du Nahr el-Aouadj, J’aneien Pharphar, sur les rives duquel croissent de beaux

peupliers. On objecte contre cette identification que celieu s’appelle réellement Beit Djenn, «maison des démons, ou des idoles.»

3° Quelques commentateurs modernes croient que leBeth Éden d’Amos n’est pas différent de l’Éden de Mésopotamiedont parle Ézéchiel, xxvii, 23, qui énumère cette ville(avec Haran, nommée par les Septante au lieu de BethÉden dans Amos) parmi celles qui faisaient un commerceimportant avec Tyr. Les Assyriens s’en étaient emparés.IV Reg., xix, 12; Is., xxxvii, 12. D’après cette interprétation, le prophète annoncerait au roi de Damas, Bénadad, Am., i, 4, que les crimes d’Azaë) ne causeraient passeulement la ruine de son royaume, mais aussi celle detout le pays d’Aram (Syrie), dont Éden, le Bit’Adiniactuel, sur l’Euphrate, entre Balis et Béredjik, faisaitpartie. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und dosAlte Testament, 2= édit, p. 327; Frd. Delitzsch, Wo lagdas Paradies, in-12, Leipzig, 1881, p. 263-265. Voir

ÉDEN 2.

4° Une quatrième opinion, qui place Beth Éden auvillage d’Ehden, près du bois de cèdres du Liban, estgénéralement rejetée par les savants modernes, parceque le nom est complètement différent. Ehden est situéà l’extrémité de l’amphithéâtre des montagnes du Nahrel-Qadischa, «la vallée sainte,» à deux heures à l’est ducouvent maronite de Qanobîn, lieu de sépulture des patriarchesmaronites. Le plateau d’Ehden s’élève à 1500 mètresau - dessus du niveau de la rner; le village de cenom est dominé par une haute paroi de rochers. Tousses’alentours sont plantés de pins, de noyers, de mûriers, et couverts de vergers et de vignes, arrosés pardes ruisseaux tombant en cascades. La vue s’étend auloin; on aperçoit de là la mer et le port de Tripoli deSyrie. F. Vigouroux.

BÉTHÉKED. Voir Béthacad.

BÉTHEL. Hébreu: BêtEl, «maison de Dieu;» Septante: Bcaû^X. Nom de deux villes et d’une montagne dePalestine.

1. BÉTHEL (Septante: Bacô^X, partout, excepté danscertains passages où on lit: Bn^X, II Esdr., xi, 31; Bricravà, Jos., xviii, 22; olxoç ©soO, Gen., xxviii, 19; tduoç@soi, Gen., xxxi, 13; t<Stcoç Bouâ^X, Gen., xxxv, 1; oïxoç toû’IupariX, Ose., x, 15; Am., v, 6; olxoç T ûv, Ose., xii, 4; la Vulgate traduit de même, dans quelques endroits, par domus Dei, Gen., xxxv, 7; Jud., zx, 18, 26; xxi, 2), ancienne ville chananéenne, Jos., viii, 17, primitivementappelée Luza. Gen., xxviii, 19; xxxv, 6; Jos., xviii, 13; Jud., i, 23.

I. Nom; SON origine. — Il est assez singulier de voirce nom si connu, sans variantes dans l’hébreu, avecquelques-unes seulement dans le grec, écrit de laçonsdifférentes par Josèphe: Br^X, Ant. jud., i, xix, 2, B^Xâ, Ant. jud., i, xxi, 2, Be6Y]Xà, Ant. jud., V, ii, 6, 10, BtôïjXY]-, Ant. jud., VIII, viii, 4; xi, 3; Bs6° ]XXâ, XIII, i, 3; Br^Xâ, Bell, jud., IV, ix, 9. Reland, Palsestina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 637, pour ne pas accuserl’historien juif d’inconstance, rejette la faute sur les copistes.On trouve également dans Eusèbe, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 201, 209, 230, Br^X, B^X, BatfiiiX. Quoi qu’il en soit, on connaît l’origine de Béthelou du premier sanctuaire de la Palestine. Jacob, s’enallant de Bersabée en Mésopotamie, pour y chercher uneépouse, s’arrêta un soir près de la vieille cité de Luza.Prenant une des pierres dont le terrain est encore aujourd’huiparsemé, et la mettant sous sa tête, il s’endormit.Pendant son sommeil, il vit en songe une échelle, dontles pieds s’appuyaient sur la terre, dont le sommet touchaitle ciel, et sur laquelle montaient et descendaient lesanges de Dieu: symbole admirable de la Providence oudu commerce incessant établi entre Dieu et l’homme par

la prière et les messagers célestes. Le Seigneur lui renouvelales promesses faites autrefois à Abraham et à Isaac.A son réveil, le patriarche, plein d’un saint effroi, voulutconsacrer par trois actes religieux le souvenir de cettemanifestation surnaturelle. — 1° Il prit la pierre qu’il avaitmise sous son chevet et «l’érigea en monument», c’est-à-diredressa une stèle (hébreu: vayyâiém’ôfàh massêbâh; Septante: xal’irm

vt aûrov <rr>îX» ]v), non pas commeune idole ou un objet de culte religieux, mais comme lamarque d’un lieu consacré au vrai Dieu, et cette consécrations’accomplit au moyen de l’onction sainte, quenous voyons mentionnée ici pour la première fois. VoirBétyle. L’érection de pierres en souvenir d’événements

bligea lui-même à le prendre pour son Dieu unique, comme avaient fait son père et son aïeul, à établir plustard un sanctuaire à Béthel, et à donner la dîme de sesbiens. Gen., xxviii, 10-22.

Son voeu, Jacob l’accomplit en revenant de Mésopotamie.Gen., xxxv, 1. Avant de monter à Béthel, lieuplusieurs fois déjà consacré par la présence de Jéhovah, il prescrivit aux siens une purification religieuse, dontle triple rite est bien marqué. Il leur ordonna: 1° derejeter loin d’eux les dieux étrangers; 2° de faire desablutions; 3° de changer de vêtements, autre symbole dela pureté de l’âme. Gen., xxxv, 2. Cf. Fillion, La SainteBible, Paris, 1888, 1. 1, p. 135. Arrivé «à Luza, surnommée

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499. — Beitta (ancienne BétheD. Ruines à l’ouest du village. D’après une photographie*

remarquables est du reste une des coutumes les plusanciennes. — 2° «Il appela le nom de ce lieu Bêt’El, tandisque Lûz était le nom de la ville auparavant.» Gen., xxviii, 19. La distinction que fait ici le texte hébreu entre «le lieu», ham-mâqôm, et a la ville», hâ’îr, porte naturellementà croire que le patriarche appliqua directementle nom de Béthel ou «maison de Dieu» à l’endroit mêmeoù il avait couché, où il avait eu sa miraculeuse vision.Il était donc en dehors de la ville, probablement sur lacolline actuelle A’El-Bordj, située à l’est-sud-est, à septcents mètres environ de Beitin, et dont nous parlonsplus loin. Louz ou Luza et Béthel furent ainsi primitivementdeux localités distinctes, quoique fort rapprochées.Cf. Jos., xvi, 2. La première devait tirer son nom desplantations d’amandiers (hébreu: lûz) qui l’entouraient, et le garda jusqu’à la conquête du pays de Chanaan parles Hébreux. Le nouveau nom imposé par Jacob, aprèsn’avoir été maintenu que par lui et sa maison, s’étenditpeu à peu à l’antique cité, et les deux appellations se confondirentplus tard. — 3° Enfin un vœu termina cettecérémonie religieuse: le fugitif, attendant du Seigneursa protection à l’aller et au retour de son voyage, s’oBéthel, … il y bâtit un autel et appela ce lieu du nom deMaison de Dieu (hébreu: ’El BêtEl, «Dieu de Béthel» ); car c’est là que Dieu lui apparut lorsqu’il fuyait son frère».Gen., xxxv, 6-7. Dans une nouvelle apparition, le Seigneurconfirma au patriarche le nom d’Israël qu’il lui avait déjàdonné, Gen., xxxii, 28, et lui renouvela ses promessesantérieures. Gen., xxxv, 9-13. C’est après cela que Jacob «éleva un monument de pierre», ajoutant des libationsà l’onction sainte, y. 14. «Et il appela le nom du lieu oùle Seigneur lui avait parlé Béthel.» ꝟ. 15.

Certains auteurs prétendent que l’imposition du nomne se rattache qu’à cette dernière circonstance. Nous nepouvons y voir qu’un renouvellement de la première consécration, l’accomplissem*nt d’une promesse sacrée, queDieu avait entendue et bénie. Abraham, il est vrai, avaitdéjà sanctifié ce lieu par l’érection d’un autel et l’invocationdu nom divin, Gen., xii, 8; xiii, 3; mais tout lemonde reconnaît que, dans ce premier récit, le nom deBéthel est mis par anticipation. — La pierre de Béthela donné lieu à une tradition juive, d’après laquelle elleaurait été placée dans le second temple et aurait servide support à l’arche d’alliance; puis, longtemps après la

destruction de la ville sainte, elle aurait reçu les baisers etîes pleurs des Juifs. Cf. Reland, Palœstina, t. ii, p: 638.II. Identification, description. — Aucune ville peut-êtren’a sa position plus rigoureusem*nt déterminée parl’Écriture que Béthel. Elle se trouvait dans la montagned’Éphraïm, Jud., IV, 5, sur le cThemin de Sichem, Jud., xxi, 19; Gen., xii, 6-8, au sud de Silo, Jud., xxi, 19, àl’ouest de Haï, Jos., vii, 2; viii, 9; xil, 9, au nord de Rama, Jud., iv, 5. Eusèbe et saint Jérôme, Onomaslica sacra, p. 100, 230, la placent à douze milles (prés de dix-huitkilomètres) de Jérusalem, à droite de la routequand onva de cette dernière ville à Naplouse. Malgré des renseignementssi précis, son emplacement exact a été ignoré

des maisons sont fort, délabrées et en partie détruites; toutes sont grossièrement bâties avec des pierres frustes, au milieu desquelles s’en trouvent d’autres révélant untravail soigné et une haute antiquité. Sur le point culminantde la colline, on remarque les débris d’une tour, quia dû être plusieurs fois renversée et reconstruite, et dontles assises inférieures seules sont antiques. Dans une autrepartie du village, une seconde tour de défense, aux troisquarts ruinée, présente les mêmes caractères. Plus bassont les restes d’une église chrétienne, orientée vers l’est; l’abside seule en est debout; elle n’avait qu’une nef, larged’environ huit mètres. Des fragments de colonnes etquelques chapiteaux sont encastrés dans les murs qui

Ruines de la tour carrée de Béthel. D’aprèa une photographie.

de plus d’un auteur. Cf. Robinson, Biblical Researchesin Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 449, note 4. Il seretrouve cependant d’une manière incontestable dans levillage actuel de Beitîn, à peu de distance au nordestA’El-Biréh. La permutation du lam en noun Bst fréquenteparmi les Arabes, et bN-n’S, Bêt-’Êl, est devenu

/» jùCju, Beitîn, comme Jezraël est devenu Zer’în.

Cf. Robinson, loc. cit., note 3; G. Kampffmeyer, AtteNamen itn heutigen Palàstina und Syrien, dans laZeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t, xv, 1892, p. 32; t. xvi, 1893, p. 21.

L’ancienne Béthel n’est plus aujourd’hui qu’un villagede quatre cents habitants à peine, qui s’élève en étage surles pentes d’une colline rocheuse, contournée par deuxvallées qui s’unissent à ses pieds (fig. 499). Quelques raresamandiers, rappelant le vieux nom de Luza, des figuierset des grenadiers ombragent les jardins et les champs, séparés par des murs en pierres sèches. Le contraste estfrappant entre la couleur grise des rochers, le rouge dela terre labourée et le vert foncé des figuiers. La plupart

bordent le chemin. Enfin,-au pied de la colline, l’eaud’une source excellente est recueillie dans un petit réservoircirculaire, situé au milieu d’un immense bassin aujourd’huià moitié comblé. Ce birket mesure cent pas delong sur une largeur un peu moindre; il a été transforméen une sorte de prairie où les enfants jouent et les animauxbroutent; pendant l’été il devient pour le villageentier une aire à battre le grain. Les murs qui en délimitaientl’enceinte existent encore en partie; c’est vers lemidi qu’ils sont le mieux conservés; ils avaient été bâtisavec des blocs de dimensions très considérables et peuréguliers.

Un sentier, bordé, à droite et à gauche, de jardins plantésde vignes et de figuiers, conduit, vers l’est-sud-est duvillage, à la distance de sept cents mètres environ, surune colline dont les ruines sont connues sous le nom deKhirbet el-Bordj. Ces ruines «consistent en une enceinteaux trois quarts renversée, qui avait été construite avecde beaux blocs régulièrement taillés; les assises inférieuressont en place sur plusieurs points; les autres ontété dérangées de leur assiette première ou ont été enle-.

1677

BÉTHEL

1678

vées. Vers le centre de l’enceinte, une petite tour carrée estencore en partie debout (fig. 500); elle mesure treize pas surchaque face, et ne paraît pas remonter au delà du moyenâge. Quelques pierres sont marquées d’une croix grecque…Ailleurs, dans un autre endroit de cette enceinte, diviséeautrefois en plusieurs compartiments, dont les arasem*ntssont à peine visibles (les habitants de Beitln en ayant faitun verger planté de figuiers, de vignes et de légumes), j’aperçois un fût de colonne de marbre, qui est brisé, et, sur un magnifique bloc, une croix grecque, figurée entredeux petites pyramides». V. Guérin, Judée, t. iii, p. 16.C’est peut-être sur cette colline qu’Abraham dressa sa

tère exclusivement religieux. Abraham est le premier qui, par deux fois, à son entrée dans la terre de Chariaan, Gen., xii, 8, et à son retour d Egypte, Gen., xiii, 3, 4, lasanctifia par l’érection d’un autel et l’invocation du nomdivin. Deux fois aussi Jacob la consacra comme le sanctuairede l’Éternel, en lui donnant son nom de «maisonde Dieu». Gen., xxviii, 19; xxxv, 6, 7. Dieu lui-même, parlant un jour au patriarche, aimait à s’appeler «le Dieude Béthel». Gen., xxxi, 13. C’est près de ce lieu béni, sous un chêne, qui fut nommé «le Chêne des pleurs», que fut enterrée Débora, la nourrice de Rébeeca, Gen., xxxv, 8, touchant témoignage de la vénération dont Jacob

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501. — Cirque de rochers à l’est de Béthel. D’après une photographie.

tente et éleva un autel au Seigneur; l’Écriture nous dit, eu effet, que la montagne qu’il sanctifia ainsi était «àl’orient de Béthel», et que le patriarche «avait Béthelà l’occident et Haï à l’orient». Gen., xii, 8; xiii, 3.

Beitîn, étant à 881 mètres d’altitude au-dessus de laMéditerranée, est un des points les plus élevés de la contrée.De ses hauteurs, le regard plonge, vers l’est, dansla profonde vallée du Jourdain fermée par le long murdes monts de Moab et de Galaad; il s’étend jusqu’à lapointe septentrionale de la mer Morte. Cf. PalestineExploration Fund, Quarterhj Statement, 1881, p. 255.Du côté du sud et de l’ouest, la vue embrasse les blanchescollines de Judée et distingue nettement plusieurs pointsde la ville de Jérusalem. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 296. Abraham et Lotpouvaient donc facilement de là contempler le pays etfaire choix de contrées où ils pourraient séparément eten paix élever leurs nombreux troupeaux. Gen., xiii, 10.Le caractère particulier des environs de Beitîn est d’êtrerocailleux; on rencontre certains groupes de rochers oucercles de pierres au nord et à l’est. Cf. Survey of West.Pal, Memoirs, p. 296, 305 (fig. 501).

III. Histoire. — L’histoire de Béthel revêt un caracentourait ceux-là mêmes qui ne se rattachaient que pardes liens extérieurs à sa famille.

Au moment de la conquête, elle semble avoir prêtésecours à la ville de Haï, sa voisine. Jos., viii, 9, 17. Ellese trouva alors, dans le partage de la Terre Promise, surla frontière qui séparait les tribus d’Éphraïm et de Benjamin.Jos., xvi, 1, 2; xviii, 13. Primitivement attribuéeà cette dernière, Jos., xviii, 22, elle fut cependant conquiseparles enfants de Joseph, Jud-, i, 22-26, et, de fait, appartint à la première. Et ainsi, chose singulière, lesdeux principaux sanctuaires échus dans le lot de Benjamin, Jérusalem et Béthel, l’un au sud, l’autre au nord, furent conquis par les tribus voisines, Juda et Éphraïm.

A l’époque troublée des Juges, elle devint un lieu derendez-vous pour le peuple. C’est entre Rama et Béthelque la prophétesse Débora, assise sous son palmier, comme plus tard notre saint Louis sous son chêne, recevaitles enfants d’Israël pour régler leurs différends. Jud., iv, 5. Dans des circonstances difficiles, les Israélites vinrentconsulter le Seigneur à Béthel, pleurer devant lui, jeûner, lui offrir des holocaustes et des hosties pacifiques.Jud., xx, 18, 26; xxi, 2 (dans ces passages, la Vulgate atraduit Bêf-’Êl par domus Dei, ajoutant même, à tort,

Jud., xx, 18; xxi, 2, hoc est, in Silo, «c’est-à-dire àSilo;» les anciens commentateurs et Josèphe, Ant.jud., V, ii, 10, ont vu dans Bêt-’Êl un nom propre). C’estque l’arche d’alliance avait été, au moins temporairement, transportée dans le lieu consacré par Jacob. Jud., xx, 27.Chaque année aussi, Samuel s’y rendait, comme à Gaigalaet à Masphath, pour juger le peuple. I Reg., vii, 16.Au moment du sacre de Saûl, Béthel était encore un dessanctuaires de la nation, puisque les trois hommes qu’ilrencontra y portaient évidemment des offrandes. I Reg., x, 3.

Ce fut probablement en raison des souvenirs religieuxqui s’y rattachaient, et surtout à cause de sa situation surla limite méridionale du nouveau royaume, que Jéroboamfit choix de cette ville pour y placer un veau d’or. III Reg., xii, 29. Il y éleva un autel, établit des prêtres, et «fixaun jour solennel, au huitième mois, le quinzième jourdu mois, à l’imitation de la solennité qui se célébraitalors en Juda». III Reg., xii, 32, 33. Pendant que le roirépandait encore un encens sacrilège devant l’idole, unhomme de Dieu vint de Juda et annonça qu’un fils deDavid, Josias, immolerait un jour les prêtres des hautslieux sur l’autel. Jéroboam étendit la main pour fairearrêter le prophète; mais sa main se dessécha, l’autel selendit, et la cendre se répandit; il obtint sa guérison àla prière de l’homme de Dieu. Comme celui-ci s’en retournait, il fut trompé par un vieux prophète de Béthelqui lui fit violer les ordres de Dieu; sa désobéissancefut punie, un lion le mit en pièces et il fut ensevelidans le sépulcre de son séducteur. Le roi d’Israël n’abandonnapas pour cela la mauvaise voie dans laquelleil était entré, et prépara ainsi, avec sa réprobation, ladestruction de sa lamille. III Reg., xm. Vers la fin deson règne, Béthel tomba entre les mains d’Abia, roi deJuda. II Par., xiii, 19. Elle dut être reprise par Baasa, roid’Israël, qui s’avança jusqu’à Rama. III Reg., xv, 17;

II Par., xvi, 1.

: Le culte de Baal, introduit par l’épouse d’Achab, la

phénicienne Jézabel, III Reg., xvi, 31, et la fondationde Samarie, III Reg., xvi, 24, changèrent probablementpour un temps le centre de l’idolâtrie. C’est sous le règned’Achab, qu’un habitant de Béthel, Hiel, rebâtit Jéricho.

III Reg., xvi, 34. Il subit la malédiction prononcée parJosué, vi, 26; mais son entreprise montre combien étaitgrande alors la perversité en Israël, puisqu’on ne craignaitpas de braver les menaces de Dieu. Élie, avant sonenlèvement miraculeux, visita Béthel, qui possédait alorsune école de prophètes. IV Reg., ii, 2, 3. Les enfantsde cette ville insultèrent Elisée, qui, pour venger sadignité de prophète et Dieu même outragé en sa personne, les livra à la dent de deux ours sortis du bois.

IV Reg., ii, 23, 24. Cet événement fait bien voir encorequelles étaient à ce moment les dispositions des habitants.

Jéhu, dont le zèle aurait dû s’exercer aussi bien sur lesveaux d’or que sur les idoles de Baal, ne fit rien contrele culte de Béthel, IV Reg., x, 29; son intérêt, qui luiétait sans doute plus cher que la loi divine, le porta àconserver un culte illégitime, propre, lui semblait-il, à maintenir un mur de séparation entre les deux royaumeset à affermir le trône dans sa famille. Sous ses descendants, cette idolâtrie dut être de plus en plus florissante; car, à l’époque de Jéroboam II; Amos nous représenteBéthel comme «le sanctuaire royal, la capitale duroyaume», non pas politique, mais religieuse, c’est-à-direle centre même du culte national. Am., vii, 13.Aussi les menaces prophétiques se fontelles entendre: «Au jour où je commencerai à châtier Israël à cause deses prévarications, dit le Seigneur, je visiterai aussi lesautels de Béthel: les cornes de l’autel seront coupées etjetées à terre.» Am., iii, 14. La ville des veaux d’or aurale sort des autres sanctuaires idolâtriques, comme Galgalaet Bersabée: «Galgala sera emmenée captive,» û-Bêt-’Êlyheyéh le’âvén, «et Béthel deviendra une vanité,» Am.,

v, 5, jeu de mots sur’âvén qui signifie en même temps «vanité» et «idole». Voir Béthaven. Si les Israélites necherchent le Seigneur, sa colère, dont le feu est le symbole, détruira le royaume, «et personne ne pourra éteindreBéthel.» Am., v, 6. Telles étaient également les prédictionsd’Osée, x, 15.

Les Assyriens furent les instruments dont Dieu se servitpour exécuter ces menaces. D’après Osée, x, 5, 6, on peutcroire qu’ils emmenèrent les idoles de Béthel. Après lachute du royaume d’Israël, quand la Samarie dévastéefut repeuplée par des étrangers, le Seigneur, pour réprouverl’idolâtrie des nouveaux habitants, envoya deslions, qui les dévoraient. Alors le roi d’Assyrie fit retournerauprès d’eux un prêtre qui avait été au service duveau d’or, et qui s’établit à Béthel, pour «leur enseignerle culte du Dieu du pays». IV Reg., xvii, 25-28. Lerésultat de ses prédications fut un monstrueux mélangedes cultes païens et de la vraie religion. IV Reg., xvii, 29-33. — Quant aux malédictions prononcées par l’hommede Dieu, III Reg., xiii, 2, devant Jéroboam, contre l’autelque le roi venait d’élever, elles furent accomplies à la lettrepar Josias. Celui-ci, après avoir fait jeter hors du temple deJérusalem tous les objets qui avaient servi à Baal, au boisconsacré et à tous les astres du ciel, les brûla hors de laville, dans la vallée du Cédron, «et en emporta la cendreà Béthel,» IV Reg., xxiii, 4, renvoyant à leur lieu d’origineles instruments du culte idolâtrique. Il détruisit aussil’autel et le haut lieu de Béthel; il les réduisit en cendres, après avoir pollué l’autel en brûlant dessus les ossem*ntsdes tombeaux voisins, IV Reg., xxiii, 15, 16; il ne respectaque «le monument» (hébreu: ha$-$iyyûn; Vulgate: titulus) du prophète dont il réalisait les paroles. IV Reg., xxm, 17, 18.

Après la captivité, les hommes de Béthel et de Haïrevinrent sous la conduite de Zorobabel, I Esdr., ii, 28; II Esdr., vii, 32; et les enfants de Benjamin prirent possessionde ces deux villes. II Esdr., xi, 31. Il n’est plusensuite question de Béthel qu’au temps des Machabées; elle est au nombre des villes de Judée où Bacchide eut soinde bâtir des forts. I Mach., IX, 50; Josèphe, Ant. jud., XIII, i, 3. Elle fut prise par Vespasien en même temps que laGophnitique et l’Acrabatène, Josèphe, Bell, jud., IV, IX, 9.

A. Legendre.

2. BÉTHEL (omis par les Septante, Jos., xii, 16, Bat6doûp, I Reg., xxx, 27), ville du sud de la Palestine, qui, dans les deux passages où elle est citée, Jos., xii, 16; I Reg., xxx, 27, ne semble pas pouvoir êtreconfondue avec la précédente. En effet, dans la liste desrois vaincus par Josué, xii, 9-24, au lieu d’être mentionnéeaprès Jéricho et Haï, ꝟ. 9, ce qui serait naturel dansle cas d’identité avec la Béthel d’Éphraïm, elle l’est avecdes localités méridionales, comme Odullam, Macéda etTaphua, ꝟ. 15-17. Ensuite, I Reg., xxx, 27, elle tient latète des villes auxquelles David, revenu à Siceleg aprèssa victoire sur les Amalécites, envoya des dons ou unepart du butin. Or toutes appartiennent au midi. VoirAroer 3, col. 1026; Asan, col. 1055; Hébron, etc. D’aprèscela et d’après l’examen de certaines listes de Josué etdes Paralipomènes, elle paraît bien correspondre à Béthul(hébreu: Befùl), Jos., xix, 4; Bathuel (hébreu: Betû’êl), I Par., iv, 30, ville de la tribu de Siméon. Le voisinage deHormâh dans ces différentes listes (Vulgate: Herma, Jos., xii, 14; Arama, I Reg., xxx, 30; Harma, Jos., xix, 4; Horma, I Par., iv, 30) peut confirmer cette opinion. Voir

Bétiiul.

A. Legendre.

3. BÉTHEL (MONTAGNE DE) (hébreu: harBêf-Êl), montagne signalée sur la frontière méridionale d’Éphraïm, frontière qui, de la basse plaine de Jéricho, se dirigeaitvers le sommet du plateau central de la Palestine. Jos., xvi, 1. C’est là que Saûl, au début de son règne, dans laguerre contre les Philistins, se tint avec une troupe dedeux mille hommes, qui s’étendait jusqu’à Machmas

travail antique. Auprès d’une petite mosquée, les eauxd’une source intarissable et très abondante circulent enmurmurant et tombent en cascade dans un bassin rectangulaire, d’où elles s’écoulent à travers des jardins disposésen terrasses. Sur plusieurs pointe, les rochers ontété taillés comme un mur vertical ou aplanis horizontalementpar la main de l’homme, à une époque peut-êtretrès reculée. On remarque surtout, vers l’ouest nord ouest, des ruines appelées Khirbet el-Bittîr ou Khirbet el-Yehoud.On arrive en un quart d’heure, par un sentiertrès raide, sur le plateau d’une espèce de péninsule quecouronnent les débris d’une ancienne acropole, jadis forsans aucun doute partie de la ville antique dont il a conservéle nom. Bittlr est aujourd’hui une des stations duch*emin de fer de Jaffa à Jérusalem et la locomotive s’approvisionned’eau à sa source. — M. V. Guérin est aussitout disposé à reconnaître dans Bittîr les montagnes duCantique des cantiques et la Basther des Septante. Judée, t. ii, p. 385-388. Les gazelles, nous a dit à nous-mêmeun habitant de Jérusalem, sont encore très nombreusesdans cette région.

Le nom de Béther est, dans l’histoire postérieure à laBible, très célèbre par la résistance héroïque que lesJuifs, à l’époque d’Hadrien, y opposèrent, pendant trois508. — Bittîr. D’après une photographie.

fifiée. Cette péninsule, dont le pourtour peut être évaluéà neuf cents mètres, surplombe au-dessus de l’ouadiBittîr, et ne se rattache que vers le sud à la montagne àlaquelle est adossé le village. Déjà défendue par les rempartsnaturels de rochers qui l’environnent, elle était enoutre protégée par un mur construit avec de gros blocsbien équarris, dont quelques assises seules se voient encoreçà et là. Au point culminant, on observe les tracesd’une tour, dont les fondations sont sans doute antiques, mais qui paraît avoir été remaniée à une époque postérieure.Dans le flanc oriental, trois excavations pratiquéesdans le roc et rapprochées les unes des autres sont regardéespar les uns comme d’anciens tombeaux, par d’autrescomme des citernes. Au-dessous de ce premier plateau, un second vers le nord domine immédiatement l’ouadiBittlr; il formait probablement la basse ville, dont le précédentétait l’acropole. Ces deux plateaux étaient alimentésd’eau par la source, extrêmement considérable, duvilla.se actuel, qui est lui-même d’un accès difficile etpouvait être aisément défendu; le site qu’il occupe faisait

ans et demi, sous la conduite du fameux Barcochébas, àtous les efforts des Romains. La position exacte de cetteplace a été très discutée (voir Reland, Paltestina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 639; Robinson, Biblical Researches inPalestine, Londres, 1856, t. iii, p. 266-271; V. Guérin, Judée, t. ii, p. 390-395). D’une inscription de l’an 135de notre ère, découverte à Bittîr, on peut conclurel’identité’de cette localité avec Béther. Académie desInscriptions, Comptes rendus (séance du 19 janvier 1894),

iv «série, t. xxii, p. 13-14.

A. Legendre.

    1. BÉTHESDA##

BÉTHESDA (PISCINE DE), ’Joa., v, 2 (texte grec).La Vulgate l’appelle Bethsaïde. Voir Bethsaïde 3.

    1. BETH-ÉSEL##

BETH-ÉSEL, BETH-ÉZEL (hébreu: Bêf hâ-csél, <t maison à côté [?]» ), localité mentionnée seulementdans Michée, I, 11, et dont la position est inconnue. LesSeptante et la Vulgate traduisent: oïxo; èxo’iuvoc avrijç; -.domus vicina. Quelques commentateurs placent Beth-Éseldans la plain «des Philistins; d’autres l’identifient avec Azal ou’Êsél de Zach., xiv, 5, à l’est de la montagnedes Oliviers.

BETHGADER (hébreu: Bêt-Gâdêr, «maison de lamuraille;» Septante: Bîtifî&œp), ville de la tribu de Juda.I Par., ii, 51. Elle doit être identique à Gader (hébreu: Gcdér; Septante: TaSIp), une des vieilles cités ehananéennesprises par Josué, xii, 13, assimilée elle-mêmepar certains auteurs à Gédor (hébreu: Gedôr), ville desmontagnes de Juda, Jos., XV, 58, aujourd’hui Djédour.

Voir Gader, Gédor.

A. Legendre.

BETHGAMUL (hébreu: Bêt Gâmûl; Septante: oTxo; raijitoX), ville de Moab, mentionnée une seule fois dansla Bible, Jer., xlviii, 23. Elle se trouvait dans la plaine(hébreu: ham-misôr, y. 21), ou les hauts plateaux quis’étendent à l’est de la mer Morte. Elle n’est pas citéedans les listes de Num., xxxii, 35-38; Jos., xiii, 16-20.Longtemps on a cherché à l’identifier avec Oumm el-Djetnâl, localité située au sud-ouest de Bosra, dans leHauran, et renfermant certaines ruines. J. L. Porter, Thegiant citiez of Bashan, Londres, 1872, p. 69; J. Kitto, Cyclopœdia of Biblical Literature, Edimbourg, 1862, t. i, p. 351; Selah Merril dans le Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1876, p. 51-55. D’après lesvilles qui sont nommées avec elle dans le passage prophétique, il nous paraît impossible de la placer si haut: Dibon (hébreu: Dîbôn, aujourd’hui Dhibân), Cariathaïnl(hébreu: Qiryâfaïm, actuellement Qoureiyat), qui laprécèdent, et Bethmaon (hébreu: Bêt Me’ôn, aujourd’huiMa’in), qui la suit, la rapprochent de l’Arnon. Or, à quelque distance au nordest de Dibon, sur la routed’Oumtn er-Resâs, on rencontre un site ruiné dont le nom, Djemaïl, peut très bien représenter Bê(-Gâmùl, la premièrepartie du mot étant tombée comme dans plusieurscas semblables. C. R. Couder, Heth and Moab, Londres, 1889, p. 378. Il n’y a plus dans cet endroit que quelquesrestes anciens rappelant ceux d’Oumm er-Resâs.Cf. H. B. Tristram, The Land of Moab, Londres, 1874,

p. 150, note.

A. Legendre.

BETH-HAGGAN (hébreu: Bêt haggân, «maison dujardin,» Domus horti, comme a traduit Ja Vulgate, quine lui a pas conservé sa forme de nom propre; Septante: BohOyocv). Ochôzias, roi de Juda, fuyant de Jezraël pouréchapper à Jéhu, qui venait de faire périr Joram, roi d’Israël, prit le chemin de Beth-haggan, Domus horti, IV Reg., ix, 27. C’est incontestablement la ville qui est appeléeailleurs Engannim, «source des jardins,» aujourd’huiDjénin, qui est sur la route de Jezraël à Samarie. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 329. Voir Engannim.

BETHHAGLA (hébreu: Bêt Bloglàh, «maison de laperdrix,» selon Gesenius, Thésaurus, p. 194; Septante: BatOoqfXaijj., Jos., xv, 6; omis, Jos., xviii, 19; Bsêsyaità; Codex Alexandrinus: Bv, 6ïyXâ, Jos., xviii, 21), villesituée sur la frontière nord-est de Juda, Jos., xv, 6, à lalimite sud-est de Benjamin, Jos., xviii, 19, et appartenantà cette dernière tribu, Jos., xviii, 21. Saint Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum hebr., t. xxiii, col. 863, au mot Area Atad, place Bethhagla à trois milles(un peu plus d’une lieue) de Jéricho, et à deux milles(près de trois kilomètres) du Jourdain. Il l’identifie avecl’aire d’Atad, où Joseph, accompagné de ses frères, de Juifset d’Égyptiens, transporta de la terre de Gessen le corps deson père, qu’il pleura pendant sept jours. Gen., L, 10-13.Cette assimilation n’est pas certaine. Voir Atad, col. 1198.Le saint docteur emprunte à ce fait l’interprétation qu’ildonne du mot Bethagla, domus gyri, «la maison ducerclé, de la promenade circulaire,» trouvant la raisond’une semblable désignation dans les courses ou dansesfunèbres qui furent exécutées autour du cadavre de Jacob, selon la coutume orientale dans la cérémonie des funérailles. Il faut pour cela qu’il ait lu nbl? n’a, Bêt’Aglâhj

au lieu de rrbin ira, Bêt Bloglàh,

Bethhagla s’est conservée jusqu’à nos jours, d’une façonincontestable, sous le nom de Ain ou Qasr Hadjlà, .

S^st 1, Hadjld, suivant certains auteurs, iU^" ou sX&,

Hadjlah, suivant d’autres; cf. G. Kampffmeyer, AlteNamen’irtv heutigen Palàstina und Syrien, dans la.Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. XVI, 1893, p. 22. Ces deux points, la source et le couvent(ou le château fort) d’Hadjlâ, peu distants l’un del’autre, se trouvent dans la vallée du Jourdain, à la positionexacte marquée par saint Jérôme; ils répondent aussiparfaitement à la place qu’occupe la vieille cité chananéennedans les différentes énumérations de Josué, xv, 6; xviii, 19, 21. Voir Benjamin, tribu et carte. Celle-ci s’élevaitsans doute aux alentours de la fontaine actuelle, qui «jaillit au milieu d’un petit bassin de forme circulaire, maçonné et profond d’un mètre et demi, qu’environnfrun fourré de broussailles et d’arbres nains. L’eau de cettesource est claire et abondante et forme un ruisseau quiautrefois était canalisé et fertilisait la plaine où elle se perdmaintenant». V. Guérin, Samarie, t. i, p. 56. Saufquelques débris insignifiants, et notamment des cubes demosaïques, épars sur le sol, l’ancienne ville a complètementdisparu. À vingt minutes à l’ouest-sud-ouestde la fontaine était autrefois le couvent fortifié, qui, environnéd’une enceinte flanquée de tours carrées, méritaitbien le double nom de Qasr ou Deir Hadjld.Cette enceinte était bâtie avec des pierres régulières demoyenne dimension, dont quelques-unes sont tailléesen bossage. Au dedans, une église, aujourd’hui relevée, était jadis décorée de peintures murales actuellementfort dégradées, et en quelques endroits presque entièrementeffacées; elles sont accompagnées de légendesgrecques. Les arcades ogivales semblent annoncer untravail de l’époque des croisades. Le couvent, restaurédepuis quelques années, remonte peut-être aux premierssiècles de l’ère chrétienne; il est appelé par les GrecsSaint - Gérasime. — Voir Robinson, Biblical Besearchesin Palestine, Londres, 1856, 1. 1, p. 544-546; W. M. Thomson, TheLandand the Book, Southern Palestine, Londres, 1881, p. 368-370; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. iii, p. 213-217.

A. Legendre.

BÉTHIA (hébreu: Bityâh, «fille de Jéhovah,» c’est-à-dire «adoratrice de Jéhovah»; Septante: Betôca), fillede Pharaon et femme de Méréd, un des descendants deJuda. I Par., iv, 18. Ce Pharaon est-il un Israélite, oubien un roi d’Egypte? On ne voit pas comment Méréd, qui paraît d’une condition ordinaire, aurait pu épouser lafille de Pharaon, et Bithia ne paraît guère un nom égyptien.Cependant dans le même verset on parle d’uneépouse qui était juive; il semble qu’on veuille ainsi ladistinguer de l’épouse étrangère. Ce ^. 18 et le précédent, ont beaucoup souffert de la main des copistes.

E. Levesque.

BETHJÉSIMOTH (hébreu: Bêf-hayeUmôt, «maisondes déserts»; Septante: B19a<n|j.oû6, Br^nio-if), Be16 «(Tsiv<16 et AWt(iwO, Auet(iwO), ville de Ruben, Jos., xiii, 20; appelée Bethsimoth dans Num., xxxiii, 49; Jos., xii, 3. Ellese retrouve aujourd’hui dans Soueimet, nom d’une ruinedu Ghor (vallée du Jourdain), située à deux kilomètresau nord-est de la mer Morte, à dix kilomètres au sud-est deJéricho et à quatre à l’est du Jourdain, que l’on s’accordegénéralement à reconnaître pour identique avec la villebiblique. Cf. de Saulcy, Voyage de Terre Sainte, t. i, p. 320 et suiv.; Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., p. 6. Outrel’identité de racine, on trouve en effet, dans Soueimet, .toutes les conditions topographiques indiquées par la Bible, Josèphe et les Talmuds.

Bethjésimoth était l’une des villes de Séhon, roi d’Hé-

sébon. Elle était située dans l’Arabah de Moab, non loinde la mer Salée ou mer Morte. Jos., xil, 3. Prise par Moïseavant le passage du Jourdain, elle fut attribuée aux Ru-.bénites, qui la relevèrent. Num., xxxiii, 49; Jos., xiii, 20.Le camp des Hébreux s’étendait de Bethjésimoth à Abelsatim.Lors de la captivité d’Israël, les Moabites vinrentoccuper Bethjésimoth, et elle était l’une de leurs principalesvilles ou bourgades au temps de la captivité.de Juda.Ezech., xxv, 9. Elle fut prise au commencement de laguerre de Judée par le général romain Placide, et confiéeà la garde de transfuges. Josèphe, Bell, jud., IV, vii, 6.Elle existait encore dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, car le Talmud de Jérusalem indique la distance

mètres au sud-est, appelée Aïn-Soueimet; ses eaux sontchaudes. On voit des débris de construction aux environset des restes d’un canal. C’est vraisemblablement le canalqui conduisait les eaux de la fontaine aux «thermes deMoïse». Soueimet n’est aujourd’hui qu’un monceau informede pierres, sur lequel viennent quelquefois, pendantl’hiver, camper les Bédouins de la contrée.

L. Heidet.

    1. BETH-LEAPHRAH##

BETH-LEAPHRAH (hébreu: Bêt le’afrâh, «maisondu faon;» Septante: oîxo; t.atk yéX&yra ùjifov; Vulgate: Domus pulveris), localité mentionnée seulement dansMichée, i, 10, avec diverses villes de la côte de la Méditerranée.Voir Aphrah.

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604. — Bethléhem. Tue de l’église de la Nativité. D’après une photographie.

entre Abelsatim et Bethjésimoth à douze milles (Schebîit, vi, 1), et le Talmud de Babylone à trois parsa, distanceéquivalente (Yoma, 75 b; voir Neubauer, Géographie duTalmud, p. 251); Eusèbe la désigne aussi, au ive siècle, comme ville existante, à dix milles au sud de Jéricho.De situ et nom., t. xxiii, col. 880. Saint Antonin dePlaisance, De Loch sanctis, édit. de l’Or, lat., Itin.lat., t. i, p. 97, vers 570, visita une ville qu’il nommeSalamaida (sans doute pour Samaitha, Sarnaith), dansle voisinage de la mer Morte, et qui ne peut être autreque Soueimet. Après avoir décrit le lieu du baptême duSeigneur, il continue: «Et là près est une ville qui «st appelée Salamaida, où campèrent les douze tribusdes fils d’Israël avant de passer le Jourdain. En ce lieuil y a des bains que l’on appelle les bains de Moïse, oùles lépreux sont purifiés. Il y a là aussi une fontaine auxeaux très douces, que l’on prend comme purgatif et quiguérit de nombreuses maladies.» On remarque, à un kilomètrean nord de Soueimet, une fontaine environnée deroseaux, nommée Aïn-Arous, et une seconde, à deux kiloBETHLEBAOTH (hébreu: Bêt Lebâ’ôt, m maisondes lionnes;» Septante: Ba8apt16; Codex Alexandrinus: BxvxlêiH), ville de la tribu de Siméon, Jos., xix, 6, etpar conséquent de l’extrémité méridionale de la Palestine.Elle est simplement appelée Lebaoth, Jos., xv, 32, et, dans la liste parallèle de I Par., iv, 31, on trouve à saplace Bethbéraï ( hébreu: Bê{ Bir’i). Elle est jusqu’icirestée inconnue. Reland, Pateestina, TJtrecht, 1714, t. ii, p. 648, cherche à l’identifier avec la Tomap^îa Beôiexryiqîûvde Josèphe, Bell, jud., IV, viii, 1, et la Bethleptephenede Pline, v, 15, au sud de Jérusalem, sur le chemin del’idumée. C’est une pure hypothèse. Cf. G. B. Winer, BiblischesRealwôrterbuch, 2 in-8°, Leipzig, 1847, 1. l, p. 172

Voir Bethbéraï.

A. Legendre.

BETHLÉHEM.

pain»; Septante:

tine.

Hébreu: Bêt-léhém a. maison du

B» ]01eé[j.. Nom de deux villes de Pales1. BETHLÉHEM, ville de Juda primitivement appelée 593. — Bethléhem. Vue prise de la tour de l’Eglise de la Nativité.

Éphrata, Gen., xxxv, 16; XLVin, 7; Ps. cxxxi, 6, etc.(fig. 503)..Elle est mentionnée pour la première fois àpropos de Rachel, l'épouse bien-aimée de Jacob, quimourut sur la route d'Éphrata, en mettant au mondeson fils Benjamin. L’auteur sacré observe qu'Éphrata etBethléhem sont la même ville. Gen., xxxv, 19; xlviii, 7.Éphrata est le nom d’un de ses fondateurs. I Par., iv, 4.Il est nommé, de même que Salma et Hur, I Par., Il, 51, 54, comme «père de Bethléhem», c’est- à-dire fondateur ou restaurateur de la ville ou bien ancêtre despremières familles qui occupèrent Bethléhem. Les deuxnoms peuvent d’ailleurs indiquer la grande fertilité dupays, car Éphrata signifie «pleine de fruit», et Bethléhem «la maison du pain». Aujourd’hui les Arabes l’apCe qui rendit Bethléhem célèbre parmi toutes les citésde la Terre Sainte, c’est qu'étant la patrie de David, elledevait l'être aussi de l’illustre rejeton promis à sa postérité, le Messie d’Israël. Peu après la conquête de Chanaan, lesLivres Sacrés nous montrent les ancêtres du grand roi, Boozet Ruth, vivant patriarcalement dans les vallons d'Éphrata.Ruth, i, 1, 19; IV, 13-22. C’est à Bethléhem, dans la familledlsaï ou Jessé, descendant de ce Booz, que le prophèteSamuel, I Reg., xvi, 4, va sacrer roi le jeune pâtre David.On s’est étonné que le pasteur devenu roi n’ait pas choisi, comme avait fait Saùl, sa ville natale pour capitale; carau point de vue stratégique, Bethléhem offrait d’aussi réelsavantages qu’Hébron et Jérusalem. Nous voyons, en effet, II Reg., xxiii, 14, et I Par., xi, 16, que les Philistins s’y

[[File: [Image à insérer]|300px]]
605. — Bethléhem. Intérieur de l'église de la Nativité.

pellent Beitlahm, «la maison de la viande,» en raisonsans doute des nombreux troupeaux qu’on y élève, ou dela prospérité relative du district.

I. Histoire. — Bien que Bethléhem ne se trouve pasmentionnée dans le texte hébreu et dans la Vulgate parmiles villes qui, d’après le chapitre xv du livre de Josué, appartenaient à la tribu de Juda, la désignation Usitée, Bethléhem de Juda, Jud., xvii, 7; I Beg., xvii, 12; Matth., Il, 5, ne laisse pas de doute sur la tribu à laquelle il fautassigner cette localité célèbre, et les Septante la nommantentre @exw et «ÊaYosp, parmi les onze noms qu’ils intercalent dans leur verset 60, Jos., xi, ont probablementsuivi un texte plus complet que le nôtre. Le fait que Jonathan, fils de Gersam, Jud., xviii, 30, ce jeune lévitequi devint prêtre des idoles de Michas, Jud., xvii, 7-9, et plus tard chef du culte idolâtrique parmi les Danites, Jud., xviii, 30, était de Bethléhem, porterait à croireque Bethléhem fut une citélévitique. C’est là que le lévited'Éphraïm était allé prendre la jeune femme qui eut un sitriste sort à Gabaa, Jud., xix, et dont la mort faillit amenerla destruction complète de la tribu de Benjamin qui avaitpris parti pour les coupables.

établirent quelque temps comme en une place forte. Peutêtre faut-il dire qu’au principe de sa royauté contestée, David s’y fût trouvé trop près des Benjamites, partisansdéclarés de la famille de Saûl. Mieux valait pour lui résider alors à Hébron. Plus tard, au contraire, voulant avoirimmédiatement sous la main ces hommes remuants dontil avait ruiné les espérances, mais qu’il fallait ménageret surveiller, il s’en rapprocha en se fixant à Jérusalem.L’histoire dit que Roboam fit fortifier Bethléhem, II Par., xi, 6; ce qui n’empêche pas de croire qu’elle était déjàentourée de remparts, puisque du temps de David etmême de Booz, il est parlé des portes de la ville. Un filsde Berzellaï de Galaad, Chamaam, que David avait, ensouvenir de la fidélité de son père, amené avec lui à Jérusalem, II Reg., xix, 37-40, après la défaite d’Absalom, fut mis en possession par le grand roi d’une partie desterres de Bethléhem. Pour abriter, sans doute, ses nombreux troupeaux, et aussi pour faire du bien au pays, Chamaam fit construire un vaste khan qui porta son nomet servit de station ordinaire aux caravanes allant enEgypte. Là se réunirent, après le meurtre de Godolias, Jer., xli, 17, les Israélites déterminés à s’enfuir vers les bords du Nil, pour éviter les représailles des Chaldéens.Peut-être est-ce dans ce même lieu, car en Orient onsupprime plus aisément une ville qu’un caravansérail, que s’abritèrent Marie et Joseph arrivant, six cents ansplus tard, à Bethléhem pour le recensem*nt de Cyrinus.Luc, ii, 2. Voir Chamaam 2, t. ii, col. 516.

La naissance de Jésus fut, ainsi que l’avait prophétiséMichée, v, 2, l’événement considérable qui devait surtoutrendre Bethléhem à jamais célèbre. Vers cette époque, elle n’était qu’une bourgade, puisqu’on la qualifiait indistinctementde κώμη, Joa., vii, 42, et de πόλις, Luc, ii, 4.Tous les Juifs bethléhémites d’origine, et par conséquentles descendants de David, durent y comparaître pour ledénombrement fait au nom de l’empereur Auguste. Marieet Joseph s’y rendirent, et faute d’autre logement dansla cité, ils se réfugièrent dans le caravansérail. Mais làmême, en raison de l’affluence des étrangers, il n’y eutpas de place dans l’hôtellerie proprement dite, κατάλυμα, et ils durent se retirer dans une des dépendances dukhan, qui servait d’étable pour les animaux. On retrouveencore, et nous avons vu à Khan Djoubb-Yousef, le vrai caravansérail antique, avec ses dispositions fortbien entendues. La partie principale y est constituée parune vaste cour entourée de murs auxquels s’appuieune galerie couverte. Comme, d’ordinaire, le khan est lui-mêmeadossé à une colline, on creuse dans des rochersde nombreux réduits, où, quand les nuits sont froides, les troupeaux s’abritent au lieu de stationner sous le péristyleou même en plein air au milieu de la cour. Pourles voyageurs et les maîtres des troupeaux, il y a d’ordinaireun avant-corps qui sert d’hôtellerie. C’est par unpassage voûté et divisant cet avant-corps en deux partieségales, que l’on pénètre dans la cour du caravansérail.


506. — Plan de l’église et de la grotte de la Nativité, à Bethléhem.

Quand la grande porte de ce passage est fermée, hommeset bêtes sont en sûreté, d’autant que sur la terrasse del’hôtellerie on a soin de poster quelqu’un qui fait le guetet dénonce les maraudeurs. En dehors de l’indicationscripturaire, Luc, ii, 7, 12, 16, saint Justin, Dial. cum Tryph., § 70, t. vi, col. 657, précisant la tradition primitiveavec quelque autorité, puisqu’il était de Palestine, nous apprend que Marie mit son fils au monde ἐν στηλαίῳ τινὶ σύνεγγυς τῆς κώμης, «dans une caverne prèsdu village.» Cela répond assez exactement à quelqu’unede ces excavations dans le rocher que l’on transformaiten étables avec mangeoires pour les animaux. C’estdans un si pauvre réduit que le Fils de Dieu vint aumonde, et c’est une de ces mangeoires qui lui servitde berceau. On comprend qu’un lieu si saint ait été

de bonne heure entouré de la vénération des fidèles.Saint Jérôme, dans une de ses lettres à Paulin, t. xxii, col. 581, raconte que l’empereur Hadrien, voulant détruire, en les souillant par le culte des faux dieux, lestrois grands souvenirs du christianisme, le tombeau duRessuscité, le Calvaire et la grotte de Bethléhem, fit planter, au lieu même de la Nativité, un bois consacré à Thammuzou Adonis. Si le fait est exact, il faut supposer quele bois et l’idole disparurent bientôt faute d’adorateurs, car Origène, Contr. Gels., i, 51, t. xi, col. 756, n’endit rien: «Si quelqu’un désire s’assurer, écrit le célèbreauteur alexandrin, en dehors de la prophétie de Michée-et des Évangiles, que Jésus est né à Bethléhem, qu’ilveuille bien se souvenir que, conformément au récit del’Evangile, on montre à Bethléhem la caverne où il estné. Tout le monde le sait dans le pays, et les païens eux-mêmesredisent à qui veut l’entendre que, dans laditecaverne, est né un certain Jésus, adoré par les chrétiens.» Eusèbe, un siècle plus tard, constate la persistance decet|e tradition, Dem. Ev., vii, 5, t. xxii, col. 540, et danssa Vie de Constantin, iil, 43, t. xx, col. 1101, il rapporteque «sainte Hélène consacra deux temples au Dieuqu’elle adorait, un au mont de l’Ascension, l’autre sur lacaverne obscure de la Nativité… Elle embellit l’augusteréduit par des décorations riches et variées. Quelquetemps après, l’empereur lui-même, surpassant la magnificencede sa mère, orna ce même ljeu d’une façon touteToyale. y> Le pèlerin de Bordeaux vit, vers l’an 333, labasilique que Constantin avait fait bâtir: «lbi basilicafacta estjussu Constantini.» Itinera Terrse Sanctse, édit.Tobler, 1. 1, p. 19. Socrate, H. E., i, 17, t. lxvii, col. 121, et Sozomène, H. E., t. lxvii, col. 933, confirment cesirrécusables témoignages, et on sait avec quelle éloquencesainte Paule et sainte Eustochie, dans leur lettre à Marcella, t. xxii, col. 490f 884, célèbrent le site authentique de laNativité. L’église de Constantin, remaniée par Justinien{Rg. 504, 505), n’a jamais cessé, à travers des péripéties diversesde destruction et de restauration, de marquer la placede l’ancien caravansérail. Nous n’avons pas ici à décrirecette basilique, peut-être le plus ancien édifice chrétienqu’il y ait au monde. Qu’il suffise de dire que, sous lechœur, un peu élevé à sa partie centrale, se trouve lagrotte de la Nativité. Elle va du levant au couchant, surenviron douze mètres de long, quatre de large et troisde haut. Dans sa disposition actuelle, imposée sans doutepar le désir de transformer en crypte l’excavation durocher qui primitivement était de niveau avec le sol, lepetit sanctuaire représente assez mal une caverne où pénétraientles animaux, car de petit* escaliers permettentseuls d’y descendre. Mais il est à croire que l’ouvertureprincipale est cachée sous les tentures et le marbre quicouvrent les murs, probablement dans le long côté duparallélogramme, et peut-être vis-à-vis le lieu dit delàCrèche (fig. 506). Quoi qu’il en soit des détails, la certitudedu site ne semble pas douteuse, et l’on a eu raisond’écrire, à l’extrémité orientale de la petite chapelle, autour d’une étoile d’argent encastrée dans le pavé, cesmots qui proclament le plus auguste et le plus consolantdes mystères: Hic de Virgine Maria Jésus Christus

NATUS EST.

IL Description. — Bethléhem est aujourd’hui une petiteville de sept mille habitants, bâtie à 777 mètres au-dessusdu niveau de la mer, un peu plus haut que l’altitudemoyenne de Jérusalem, sur deux collines dont l’une, cellede l’orient, moins élevée que l’autre, se trouve plus largeet avec des pentes plus douces. Au nord et au midi sedéroulent des vallées pittoresques. Dans les vignes, protégéespar des murs de pierre sèche, croissent le figuier, le grenadier, l’amandier et l’olivier. De petites tours degarde, rappelant les passages d’Isaïe, v, 2, ou de Matth., xxl, 33, s’y dressent encore çà et là. Le vin et le miel deBethléhem sont exquis. Les habitants y sont laborieux, mais turbulents; les femmes chastes et belles; les enfants

intelligents et doux. Le climat est à peu près celui deJérusalem, sauf que les vents y soufflent avec plus de violence.L’ensemble du paysage demeure des plus gracieux.La nuit, quand on n’entend plus que quelques chants depasteurs et les sonnettes des troupeaux paissant au sommetdes collines, tout y porte à de pieuses méditations, .et l’ontrouve naturel que David, pâtre avant d’être roi, ait puisé, dans le spectacle d’une nature si belle, les plus poétiques

507. — Grotte des Pasteurs dans les environs de Bethléhem.D’après une photographie.

inspirations de ses cantiques. Cf. Ps. vin. De la vieille citéfortifiée, quelques fragments de remparts subsistent peut-être.S’il était vrai que les trois citernes, Biar Daoûd, creuséesdans le roc, à cinq cents mètres nord-ouest de Bethléhem, fussent celles-là mêmes dont David désira avoirun peu d’eau, II Reg., xxiii, 15 et 16; I Par., xi, 17-19, il faudrait en conclure que la ville s’étendait alors assezloin vers l’occident, car il est dit que la citerne dont ilvoulait l’eau rafraîchissante était à la porte de Bethléhem.Mais il serait plus naturel dé chercher la citerne où se hasardèrentà aller puiser les trois braves parmi celles qui sontsur la grande place de l’Église, et qui durent, comme le caravansérail, se trouver à l’entrée de la cité. Tout le mondesait qu’à Bethléhem se rattachent les souvenirs du grandexplorateur des Écritures, saint Jérôme, et des pieusesfemmes qui vinrent le rejoindre dans sa solitude. On ymontre la grotte où l’illustre docteur travaillait durantl’été, et la bibliothèque où il se tenait en hiver, celle-làau bout du souterrain qui fait suite à la grotte de la Natifvite, celle-ci dans le couvent des Arméniens.

A une demi-heure environ de Bethléhem, à l’est, la traditionplace la grotte des Bergers auxquels l’ange annonçala naissance de Jésus. Luc, II, 8. Elle est située dans unchamp planté d’oliviers, de forme carrée, fermé par dèsmurs de pierres sèches. On croit que sainte Hélène y avaitbâti une église. Il n’en reste que la crypte ou grotte qui

appartient aux Grecs (fig.507). — On traverse, pour s’yrendre, une petite plaine fertile, nommée le champ de Booz.Cf. Ruth, ii, 2-3. — Près de la basilique de la Nativité, au sud, est une autre grotte appelée la grotte du Lait(fig. 508), où est un sanctuaire franciscain. Elle est creuséedans une pierre calcaire d’une éclatante blancheur. La légendeattribue cette couleur à quelques gouttes du lait dela sainte Vierge tombées sur le sol, pendant qu’elle allaitait

608. — Intérieur de la grotte du Lait près de Bethléhetn.D’après une photographie.

le divin Enfant. — Voir V. Guérin, Judée, 1. 1, p. 120-207; R.Conder, TentworkinPalesline, t.i, Tp.’282; Notrevoyageaux pays bibliques, t. ii, p. 5-25. E. Le Camus.

2. BETHLÉHEM, petite ville de la tribu de Zabulon, Jos., xix, 15. Bien que le livre des Juges, xii, 8, ne ledise pas explicitement, il paraît que ce fut la patrie dujuge Abesan, qui succéda à Jephté de Galaad, jugeaIsraël pendant sept ans et fut remplacé par un autreZabulonite. Il est remarquable, en effet, que l’historiensacré, , ayant à mentionner peu après, chap. xvii, 7, BelhléhemÉphrata, l’appelle catégoriquement Bethléhem deJuda. Le site de cette petite ville a été retrouvé par Robinsonet par V. Guérin, au milieu des collines boiséesde la Galilée, à dix kilomètres ouest de Nazareth. On y voitles restes sans importance d’une synagogue et d’une église.„, E. Le Camus.

    1. BETHLEHEMITE##

BETHLEHEMITE (hébreu: Bêf hal-laïymi; Septante: Bï16Xsf|jit’TTK ou Ba16Xes|itTY)i; ; Vulgate: Bethlehemites), .habitant de Bethléhem de Judâ. I Sam. (Reg.), xvi, 1, 18; xvii, 58; II Sam. (Reg.), xxi, 19; I Par., xx, 5. Dans cedernier passage, le texte original porte seulemeut lahmî, qui ne peut désigner à lui seul un Bethléhémite. Cf.Adéodat, col. 216. Voir Bethléhem 1.

    1. BETHMAACHA##

BETHMAACHA, H Sam. (Reg.), xx, 14, 15, ville dont

le nom complet est Abel-Befh-Maacha. Voir Abel-Beth-Maacha.

    1. BETHMAON##

BETHMAON, nom, dans Jérémie, xlviii, 23, de laville moabite qui est appelée ailleurs Beth-Baal-Méon etBaalméon. Voir Baalméon.

    1. BETHMARCHABOTH##

BETHMARCHABOTH (hébreu: Bêf ham-markâbôf, avec l’article, Jos., xix, 5; sans article, I Par., iv, 31, «maison des chars;» Septante: Ba16|iax E P^ >Codex Alexandrinus: Ba16x|i|iap-/a<Tët16, Jos., xix, 5;

— Ba16|Aapi|ju19; Codex Alexandrinus: Ba10|iap"/aëw6, I Par., iv, 31), ville de la tribu de Siméon, située par conséquentau sud de la Palestine, Jos., xix, 5; I Par., iv, 31.Qu’indique cette «station de chars» dans une région peuhabitée et à cette époque reculée? il est difficile de lesavoir d’une manière exacte. Le nom qui suit dans lamême énumération, Hasersusa ( hébreu: Ifâsar Sûsâh), Jos., xix, 5; Hasarsusim (hébreu: Ifâsar Sûsim), I Par., iv, 31, «le village des chevaux,» désigne pareillementun dépôt ou un relais. Plus tard, sous Salomon, il y eutdes «villes de chars» et des «villes de cavaliers», IH Reg., ix, 19; II Par., viii, 6, c’est-à-dire des garnisons établiessur différents points du territoire. Mais on sait aussi que, bien avant, les Chananéens possédaient des chariots deguerre. Jos., xi, 4; Jud., iv, 3. C’est même au nombrede ces chariots bardés de fer que se mesurait, dans cestemps antiques, la force d’un peuple; ils sont mentionnésdans les campagnes de Thotmès III, de Ramsès II, deRamsès III, comme butin de victoires remportées sur leshabitants de Chanaan; on les trouve représentés sur lesmonuments égyptiens. Cf. F. Vigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iii, p. 282, note 2. Il’est donc probable que Bethmarchaboth étaitl’entrepôt d’un certain matériel de guerre.

Mais où se trouvait cette ville? Celles qui la précèdentet la suivent, étant elles-mêmes pour la plupart inconnues, ne peuvent en rien éclairer la question. D’après sadestination, elle devait être dans la plaine. Aussi semblet-ildifficile, malgré la ressemblance de nom, de l’identifieravec Mirkib ou Merqeb, comme le propose Van deVelde, Reise durch Syrien und Palâstina, Leipzig, 1855, t. ii, p. 144. Situé sur une hauteur, à quatre ou cinqheures à l’ouest de la pointe méridionale de la mer Morte, au milieu des montagnes dont les pentes descendent versle lac, ce village ruiné n’est guère fait pour servir de dépôtde chars de guerre. Nous avouons cependant que, endehors de la signification du mot, qu’il ne faut peut-êtrepas trop presser, il y a correspondance assez exacte aupoint de vue de l’onomastique et de la position. Aussicette opinion est - elle acceptée par certains auteurs, comme R. von Riess, Bibel-Atlas, Fribourg-en-Brisgau, 2 B édit., 1887, p. 6, et regardée comme probable pard’autres, en particulier par M. Fillion, Atlas géographiquede la Bible, Paris, 1890, p. 12. La liste parallèle de Jos., xv, 31, donne, au lieu de Bethmarchaboth, Médeména(hébreu: Madmannâh), et, au lieu de Hasersusa, Sensenna(hébreu: Sansanna). N’avonsnous point ici deuxvilles seulement, possédant chacune un nom et un surnom?Peut-être. Dans ce cas, Bethmarchaboth se confondavec Médeména. Or Eusèbe et saint Jérôme, Onomaslicasacra, Gœttingue, 1870, p. 139, 279, aux motsMedemana et Mr)8eër)vâ (c’est à tort qu’ils voient ici laMédeména d’Isaïe, x, 31, qui se trouvait au nord de Jérusalem), signalent auprès de Gaza un village appelé Menois, Mt|vos£c. Si ce rapprochement est juste, Bethmarchabothserait bien placée sur la grande route qui conduisaitd’Egypte en Palestine. Voir Médeména.

A Le fi END R E

BETH-MERKAH ou BETH - HAM - MERKAH

(hébreu: Bêf hammerkâh, «maison de l’éloignement» ), II Sam. (Reg.), xv, 17. Les Septante ont traduit: olxo; 4 [laxpiv, et la Vulgate: procul a domo; mais il est pro

bable que c’est un nom propre désignant un endroit prèsde Jérusalem, dans la vallée du Cédron. David, fuyantdevant son fils révollé Absalom, s’y arrêta, après êtreSorti de sa capitale et avant de faire l’ascension du montdes Oliviers, pour passer en revue ceux de ses serviteursqui le suivaient et lui restaient fidèles. II Sam.(Reg.), xv, 16, 30. Beth-Merkah était donc situé entreles murs de la ville et le mont des Oliviers, mais il estimpossible de déterminer sa position d’une manière plusprécise. F. Vigouroux.

1. BETH-MILLO, nom hébreu d’une forteresse ond’une place forte que la Vulgate appelle Mello. Jud., ix, 20."Voir Mello 1.

2. BETH-MILLO, maison fortifiée, située probablementdans Jérusalem, et où fut tué le roi Josias. La Vulgatetraduit «maison de Mello». II (IV) Reg. j xii, 20. VoirMello 2.

    1. BETHNEMRA##

BETHNEMRA (hébreu: Bê( Nirnrâh, Num., xxxii, 36; Jos., xiii, 27, «maison de l’eau limpide et saine,» selon Gesenius, Thésaurus, p. 195; Nimrâh, Num., xxxii, 3; Septante: Na(ipà|i; Codex Alexandrinus: ’A(j.6pâv, Num., XXXII, 36; Ba19ava6pix; Codex Alexandrinus: Bri^aiM&, Jos., xiii, 36; Najipâ; Codex Alexandrinus: ’Af16pâu., Num., xxxii, 3), une des «villes fortes», situées à l’est du Jourdain, prises et «rebâties» par latribu de Gad. Num., xxxii, 36. Elle se trouvait «dans lavallée» (hébreu, bâ’êméq), c’est-à-dire dans le Ghôractuel, et faisait autrefois partie du royaume de Séhon, roi amorrhéen d’Hésébon. Jos., xiii, 27. Voisine de Bétharan, avec laquelle elle est toujours citée, Num., xxxii, 36; Jos., xiii, 27, elle occupait «une région très fertile etpropre à nourrir le bétail». Num., xxxii, 4. C’est pourcela que les enfants de Gad, riches en troupeaux, la demandèrentavec les autres villes de la contrée. Num., xxxii, 1-5. Eusèbe et saint Jérôme, Onomaslica sacra, Gœttingue, 1870, p. 102, 103, 232, 234, la mentionnent sousles noms de Br)âva[ipâv, Brjôveixpâ, Bethamnaram, Bethnetnra, et signalent comme existant encore de leur tempsun village appelé Bir|8va|Aapi’{ (dans certains exemplaires: Bridvaêpfç) ou Bethamnaris, à cinq milles (un peu plusde sept kilomètres) de Livias ou Bétharan (aujourd’huiTell er-Ràméh). C’est la Beth-Nimrin du Talmud, laBeth-Namr de la Mischna, Péah, iv, 5. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 248. — Onretrouve actuellement Bethnemra sous le nom à peinechangé de Tell Nimrîn; le mot Beth est tombé et a étéremplacé par tell, «colline,» comme Bethsamès (hébreu: Bêt-SéméS) est devenu’Aïn Schems. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heuligen Palâstina und Syrien, dansla Zeilschrift des deutschen Palâstina -Vereins, t. xvi, 1893, p. 1, 23. Cette colline est située à l’est du Jourdain, dans la partie sud de la vallée, au pied des montagnesde Galaad, sur la rive gauche de Vouadi Nimrîn, quin’est que l’extrémité de Vouadi Scha’îb.Vives et limpides, les eaux de ce torrent descendent des hauteurs orientalespour se jeter dans le Jourdain, un peu au-dessus de Jéricho, non loin d’un des gués bien connus. La routed’Erihâ à Es -Sait passe près des «ruines antiques de^Nimrin, qui consistent en quelques débris de pierrestaillées, un tronçon de colonne de petit module encoredebout, et quelques autres fragments sans intérêt, le touten matériaux calcaires». Duc de Luynes, Voyage d’explorationautour de la mer Morte, Paris, t. i, p. 136. Ausommet de la colline, vaste calotte pierreuse, on distinguequelques tombes musulmanes. — On a voulu voir à Bethnemral’endroit où saint Jean baptisait, où Notre-Seigneurreçut lui-même le baptême, et qui, dans certains manuscritsanciens, est appelé Béthabara au lieu de Béthanie.Joa., i, 28. Voir Béthabara. Faut-il y reconnaître les «eaux de Nemrim» (hébreu: mê Nirnrïm) dont parlent,

dans leurs prophéties contre Moab, Isaïe, xv, 6, et Jérémie,

xlvui, 34? Voir Nemrim.

A. Legendre.

    1. BÉTHOMESTHAÏM##

BÉTHOMESTHAÏM (Septante: BtTojieffOaîpL, Ba! T o|xao6aî[i, BaiTou.ai<jôa(iA, BaiTou.a<r9év, BaiTopLOnMv, Judith, IV, 6; xv, 4; syriaque: Betmaslim; Italique: Estemo), ville dont le nom, omis par la Vulgate, n’estmentionné que dans les Septante et dans les versions quien dérivent. «Le grand prêtre Joakim, qui vivait alors àJérusalem, écrivit aux habitants de Bétyloua et de Béthomesthaïm, situé devant Esdrelon, en face (xa-rà npô™jtov) de la plaine voisine de Dothaïn, pour leur dire des’emparer des passages des montagnes par lesquels onpouvait pénétrer dans la Judée.» Judith, iv, 6-7. Ozias, un des chefs de Béthulie, à la mort d’Holopherne, s’empressade communiquer labonne nouvelle aux enfants d’Israël, et avant tous aux habitants de Béthomesthaïm. xv, 4.

Calmet, dans son commentaire sur le livre de Judith, confond Béthomesthaïm avec Bethsamès; dans son Dictionnairede l’Écriture Sainte, au contraire^ il l’identifieavec Esthémo, ville sacerdotale de la tribu de Juda; Jos., xxi, 14; I Par., vi, 58. M. l’abbé Raboisson, EnOrient, récits et notes d’un voyage en Palestine, Paris, 1887, t. ii, p. 338, qui place Béthulie en pleine Galilée, sur la montagne de Kouroun Haltin, contrairement àl’opinion de tous les palestinologues modernes, identifieaussi Béthomesthaïm avec Schefa Oumm Zeït, située àquinze kilomètres environ au sud-ouest de Tibériade, D’autres proposent de l’identifier avec Khirbet Massîn, située sur une colline escarpée, à l’ouest de Râméh, à huit milles au sud-ouest de Dothaïn (Tell Dothân).Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Naines andplaces in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 36, et Trochon, Introduction générale, t. ii, p. 210.Mais la situation de Massîn, malgré la grande ressemblancede son nom avec celui de la deuxième partie deBel - Mastin, est en désaccord avec les données bibliques; car Béthomesthaïm, d’après les textes du livre de Judithque nous venons de citer, devait être située sur la frontièrede la Samarie, vis-à-vis d’Esdrelon, non loin deDothaïn et de Béthulie, dans une position d’où l’on pouvaitsurveiller la route conduisant en Judée à travers la Samarie.Un site réunissant ces conditions se trouve dansKhirbet Oumm el-Bothméh, à trois kilomètres environ ausud de Djénin, vers l’extrémité méridionale de la plainede Dothaïn, à un mille de l’ancienne route conduisant dela plaine d’Esdrelon à Dothaïn, Sébaste et Sichem, entreles deux chemins qui de Djénin conduisent à Naplousepar Kabathiéh et par Zababdéh; le nom même de Bolhméh, reproduit exactement la première partie de celui deBéthomesthaïm. «Nous parvenons, dit M. Guériii, surun plateau à plusieurs étages successifs et en partie livréà la culture. Il est couvert de ruines appelées Kharbet

Oumm el-Bouthméh, jl t Vt.j| £) *j, i». (ruine de la

mère du térébinthe), à cause de deux vieux arbres decette espèce qui y croissent, et dont l’un surtout est trèsremarquable. Ces ruines sont celles d’un ancien villagedont les maisons avaient été construites avec des pierresirrégulièrement taillées et de dimension moyenne, quiaujourd’hui sont amoncelées en une foule de tas circulairesautour des citernes ou des caveaux creusés dansle roc que ces habitations renfermaient. Au centre à peuprès de ce khirbet s’élève un oualy musulman, que couronneune terrasse du haut de laquelle on a une vue trèsétendue sur tous les environs. Vers l’extrémité méridiovnale du plateau, j’observe un antique birket, long de dix-septpas sur quatorze de large. Creusé dans le roc, il estaujourd’hui à moitié comblé et planté de divers légumes.» Samarie, t. i, p. 342. J. Marta.

BÉTHORON. Nom de deux villes de Palestine et (dansla Vulgate) d’un endroit inconnu, situé à l’est du Jourdain.

I. — 56

1. BÉTHORON (hébreu: Bêt gôrôn, «lieu de lacavité,» peut-être «du chemin creux et étroit», selonGesenius, Thésaurus, p. 195; Septante: ’Ûpuvfv, Jos., x, 10, 11; Batôwpûv, Jos., xvi, 3, 5; xviii, 13, 14; xxi, 22;

I Reg., xiii, 18; III Reg., ix, 17; I Par., vi, 68; vii, 24;

II Par., viii, 5; xxv, 13; Judith, iv, 4; I Mach., iii, 16, 24; vu, 39; ix, 50; Baièo-oOpa, I Mach., iv, 29), nom de deuxvilles voisines, l’une «supérieure» (hébreu: Bêt gôrônhâ’élyôn; Septante: Baiôwpwv -J] &vw, Jos., xvi, 5; I Par., vu, 24; II Par., viii, 5), l’autre «inférieure» (hébreu: Bêp gôrôn haf-tahtôn; Septante: Ba16a>pwv -J) xaTto, Jos., xvi, 3; xviii, 13; I Par., vii, 24; II Par.’, viii, 5; 5] xaTtoTdTTj, III Reg., ix, 17), situées sur la frontière de

sacra, Gœttingue, 1870, p. 102, 233, la placent à douzemilles (à peu près dix-huit kilomètres) de Jérusalem.Deux villages actuels représentent encore de la façon laplus exacte les deux vieilles cités bibliques: Beit’Oûr

el-fôqâ, lïyjtft >* o»-a-j, est la reproduction incontestablede fV’iyn rn’n n» s, Bêt gôrôn hâ’élyôn, Béthoron supérieur, et Beit’Our et-tahta, U^Oi». g <-^VW, celle de jinnnn jfift n’a, Bêt gôrôn haf-tahtôn, Béthoron inférieur. La permutation entre les deux gutturales, heth et’aln, s’explique très bien, et la comparaison desnoms anciens avec les noms actuels de la Palestine en

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509.

Béthoron-Ie-Hant. Vu de l’est. D’après une photographie de M. L. Heldet

Benjamin et d’Éphraïm, Jos., xvi, 3, 5; xviii, 13, 14, etassignées à cette dernière tribu. Jos., xxi, 22; I Par., vii, 24.Ces deux localités sont quelquefois citées ensemble, enraison de leur rapprochement. I Par., vii, 24; II Par., vni, 5. Quelquefois aussi l’Écriture ne fait aucune distinction; leur histoire, en somme, se confond; c’est pourcela que nous les unissons dans un seul et même article.Toutes deux furent fondées, ou plutôt, sans doute, rebâtiespar Sara, petite-fille d’Éphraïm. I Par., vii, 24. Villesde refuge, elles appartenaient aux Lévites descendant deCaath. Jos., xxi, 22; I Par., vi (hébreu, 53), 68. Ellesfurent plus tard fortifiées par Salomon. III Reg., ix, 17; II Par., viii, 5.

I. Identification, description. — L’Écriture elle-mêmenous donne sur Béthoron certains renseignementstopographiques: cette ville se trouvait sur la route quiconduisait de Gabaon (El-Djîb) à la plaine des Philistins.Jos., x, 10; I Mach., iii, 24. Elle occupait une hauteur, avec une «montée» (hébreu: ma’âlêh Bêt gôrôn), Jos., x, 10, et une «descente» (môrad; y.5cra6â(Ti{), Jos., x, 11; I Mach., iii, 21. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica

offre plus d’un exemple. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namenim heutigen Palàslina und Syrien, dans la Zeitschriftdes deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 25; t. xvi, 1893, p. 23. C’est le docteur Clarke qui, lepremier, de nos jours, a reconnu, en 1801, cette identification, admise depuis par tous les critiques. Tout, en effet, concorde ici, les noms, la distinction des deux localités, la position, les détails topographiques dont nous parlonsplus bas et qui répondent pleinement aux exigences del’histoire.

Beit’Our el-fôqâ (fig. 509 et 510) est à neuf kilomètresà l’ouest-nord-ouest d’El-Djîb (Gabaon). Situé à640 mètres au-dessus de la Méditerranée, ce village doitla dénomination qu’il porte à sa position, plus élevéeque celle de Beit’Our ettahta (460 mètres d’altitudesuivant les uns, 400 seulement selon d’autres). Il occupele sommet d’une montagne, et ses habitants, au nombrede cent cinquante, cultivent aux alentours des jardinsplantés de figuiers et d’oliviers. On y remarque les restesd’un petit château fort, qui a dû être plusieurs foisrebâti, aussi bien dans l’antiquité qu’à l’époque du. BÉTHORON

1702°; il est aujourd’hui divisé en plusieurs maiculières.Une route ou plutôt un sentier raide, où en plusieurs endroits le roc a été aplani, >rme d’escalier, conduit au bout de trois quartslans la même direction ouest-nord-ouest, àet-tahta (fig. 5Il et 512J. Ce second vilnerenferme plus aujourd’hui que trois centsest situé sur un plateau élevé, qu’entourent de

des ravins profonds. Les maisons paraissenten partie construites avec des matériaux anîsieursciternes creusées dans le roc attestent

une origine ancienne. Autour des habitations

Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 251, que saint Paul dut être conduit, de nuit, de Jérusalemà Antipatris, et ensuite à Gésarée, pour se justifierdevant le gouverneur romain Félix. Act., xxiii, 31, 32.

IL Histoire. — On comprend, d’après cela, l’importancestratégique qu’eurent de tout temps les deux Béthoron; elles défendaient, comme deux forts avancés, laroute qui donnait accès au cœur même du pays. C’est cequi explique les remparts dont elles furent entourées àdifférentes époques. IlIReg., rx, 17; II Par., viii, 5; IMach., IX, 50; Judith, iv, 4. Le défilé qui les sépare est célèbredans l’histoire sainte par une des plus belles victoires

MO. — Béthoron - le - Haut. Vu de l’ouest. D’après une photographie de M. L. Heidet.

sur des pentes plus ou moins inclinées, desles, plantés d’oliviers, de figuiers et de gre-Guérin, Judée, 1. 1, p. 338, 346. On trouve auxelques ruines peu importantes. Cf. Survey ofilestine, Memoirs^ Londres, 1883, t. iii, p. 17, iteurs de Béthoron supérieure on jouit d’uncoup d’œil: d’un côté, la vue embrasse l’encollines qui forment l’arête centrale de lae l’autre, elle s’étend jusque vers la Méditerdessusles vallées et les plaines, qui, parse! ages, descendent peu à peu à la mer. Lesides se trouvent sur une des routes qui, deconduisent dans la plaine de la Séphéla et au, en passant par El-Djtb, Djimzou et Louddù la voie se biiurque pour aller, au nord, verse Carmel; au sud, vers Gaza. Abandonné

ce chemin était autrefois un des plus fréela ville sainte et la côte. On remarque auxBeit’Our des traces de voie romaine. C’estint la remarque assez juste de Robinson,

qu’aient remportées les enfants d’Israël. La connaissancedes lieux nous permet d’en saisir le tableau complet.

Josué, volant au secours des Gabaonites, avait, parune marche forcée, fait en une seule nuit le trajet deGalgala à Gabaon, et il tomba à l’improviste sur les roisconfédérés, qui campaient auprès de cette dernière ville.Au lever du soleil, il était déjà au pied des montagnesd’El-Djîb avec son armée, pleine d’ardeur, assurée dutriomphe par une promesse divine. Les Hébreux, avecla protection céleste, ne tardèrent pas à mettre en fuiteles Chananéens, surpris par leur attaque. Ils en firentun grand carnage et les poursuivirent «par le chemin dela montée de Béthoron». Jos., x, 10. Les ennemis accablésprenaient ainsi la direction du nord-ouest pour rejoindrela plaine; la longue montée de Gabaon à Béthoronsupérieur fut la première scène de leur débandade.La seconde fut la «descente» de Béthoron-le -Haut àBéthoron-le -Bas, route difficile entre les défilés de laPalestine, où il fallait tantôt glisser sur le rocher uni, tantôt trébucher sur des cailloux roulants, et cela dans

une gorge assez étroite, où une poignée d’hommes biendéterminés pourrait arrêter une armée. «Et tandis qu’ilsfuyaient devant les enfants d’Israël, et qu’ils étaient à ladescente de Béthoron (-le -Haut), le Seigneur lançacontre eux du ciel de grosses pierres jusqu’à Azéca; etplus nombreux furent ceux qui moururent par les pierresde grêle que par l’épée des enfants d’Israël.» Jos., x, H.C’est donc après avoir franchi le sommet de Béthoronsupérieur et en descendant à Béthoron inférieur queles Chananéens en déroute furent frappés par cette grêlemiraculeuse. Josué se tenait au sommet du défilé, au villageactuel de Beit’Our el-fôqà. Devant lui, vers l’ouest,

peuple se fût vengé de ses ennemis.» Jos., x, 12, 13. Telfut le miracle dont furent témoins les hauteurs de Béthoron.Cf. Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 208-211.

C’est par là aussi que les armées syriennes pénétraientdans l’intérieur du pays. L’an 166 avant J.-C, Sëron yconduisait des forces considérables, dans l’espoir de secouvrir de gloire par la défaite de Judas Machabée. Celuicimarcha contre lui avec sa petite troupe, plein de confiancedans la justice de sa cause et dans le secours divin, et le défit complètement. «Et il le poursuivit à la descentede Béthoron jusqu’à la plaine, et huit cents hommes

SU — Béthoronle -Bas 7u de l’est. D’iprèo uno photographie lie M. Ji. neidet.

s’allongeaient les pentes profondes des vallées, s’élargissaitcomme une plaine le vallon verdoyant d’Aïalon ( Yâlo); au delà, l’immense nappe de la Méditerranée; au-dessousde lui, les Amorrhéens en déroute; autour de lui «tousses gens de guerre, tous très vaillants,» Jos., x, 7; enfin, derrière, se dressaient les collines qui cachaient à sonregard Gabaon, maintenant délivré. Le soleil était hautau-dessus de ces collines; il était «au milieu du ciel», Jos., x, 13; vis-à-vis, au-dessus de la vallée occidentaled’Aïalon, se dessinait le pâle croissant de la lune. Le momentétait solennel: l’ennemi allait-il s’échapper, ou bienDieu allait-il, par une victoire signalée, récompenser lesefforts de son serviteur et soumettre d’un seul coup à sonpeuple tout le sud de la Terre Promise? Le bras étenduet la lance à la main, «Josué parla au Seigneur, en ce jouroù il avait livré les Amorrhéens aux enfants d’Israël, etil dit en présence d’Israël:

Soleil, arrête-toi sur Gabaon;

Et toi, lune, dans la vallée d’Aïalon.

Et le soleil et la lune s’arrêtèrent, jusqu’à ce que le

des ennemis furent tués; le reste s’enfuit sur la terre desPhilistins.» I Mach., iii, 13-24.— (La Vulgate, I Macb., iv, 28-34, place à Béthoron la défaite de Lysias par JudasMacchabée, mais il faut lire avec le texte grec et JosèpheAnt. jud., XII, vii, 5, h BatÔuoûpoK, Bethsur, au lieu deBéthoron. Voir Bethsur 1.) — Quelques années après ladéfaite de Séron, Nicanor ayant établi son camp à Béthoron, le héros asmonéen vint habilement se poster à Adarsa(Khirbet’Adaséh) et écrasa l’armée du général syrien, qui périt lui-même dans le combat. I Mach., vii, 3$1-$23. Voir Adarsa, col. 213, 214. — Enfin, après laglorieuse mort de Judas, Bacchide, envoyé en Judée parle roi Démétrius, étendit dans cette contrée l’empire deson maître, et entre autres villes dont il releva et augmentales fortifications, l’histoire mentionne celle deBéthoron. I Mach., ix, 50. — Josèphe, Bell, jud., II, xix, 1, 2, nous apprend comment, l’an 65 de J.-C, leproconsul romain Cestius éprouva de la part des Juifsun cruel échec dans les gorges étroites qui mènent àBéthoron. — Cette ville «est souvent mentionnée dansles Talmuds comme ville natale de docteurs. On n’en dit

rien de particulier, si ce n’est qu’une fois on a déclaréimpur cet endroit, à cause des cadavres qu’on y avaittrouvés». A. Neubauer, La géographie du Taltnud, in-8°, Paris, 1868, p. 154. À l’époque de saint Jérôme, elle n’étaitplus qu’un petit village, comme il le déclare lui-mêmedans son Commentaire sur Sophonie, t. xxv, col. 1354.

A. Legendre.

2. BÉTHORON (hébreu: hab-bipôn; Septante: ri)vræpaTdvo’jffav)’, contrée située à l’est du Jourdain. II Reg., n, 29. Nous disons contrée, et non pas ville, comme laVulgate le fait entendre. Le mot hébreu, en effet, estprécède non seulement de l’article défini, mais encorede kol, & tout,» ce qui indique bien plutôt un district

arabe portent Gessur; la Vulgate et Aquila ont du lire: Bê(ffôrôn, fi-iri n>3, au lieu de flirra, Bitrôn. J. Fûrst,

Hebr. und chald. Handwôrterbuch, Leipzig, 1876, 1. 1, p. 228, croit qu’il vaut mieux rapprocher ce mot depn n>3, Bét Eârân (ou Bétharam-Livias, aujourd’hui

Tell er-Râméh).

A. Legendre.

    1. BETHPHAGÉ##

BETHPHAGÉ (ByiOçetyri, «maison des figues vertes» ), village situé sur le mont des Oliviers, où Jésus-Christenvoya deux de ses disciples prendre l’ânesse et l’ânonavec lesquels il voulait faire son entrée à Jérusalem.Matth., xxi, 1; Luc, xix, 29. Les Talmuds indiquent

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512. — Béthoron-le-Bas. Autre vue de t’est. D’après une photographie de M. L. Heidet,

qu’une localité déterminée. Il est bien sûr également qu’ilne s’agit pas ici des deux Béthoron décrites dans l’articleprécédent, puisque l’endroit en question se trouvait dansla région orientale opposée. «Abner et ses hommes, ditle texte sacré, s’en allèrent à travers la plaine (hébreu: ’Aràbâh; c’est-à-dire la profonde vallée du Jourdain ou leGhôr actuel; voir Arabah, col. 820) toute cette nuit; puisils passèrent le Jourdain et parcoururent tout le Bitron, et ils vinrent au camp (hébreu: Mahânâîm, ville deGalaad, Gen., xxxii, 2 [hébreu, 3], etc.).» Comme Bitrônse rattache à la racine bâfar, «couper,» on croit généralementque ce nom désigne les ravins ou défilés quicoupent les montagnes à l’orient du fleuve; mais, ne sachantpas à quel endroit Abner passa celui-ci, nous nepouvons déterminer la position de cette contrée, qui devaitse trouver entre le gué et Mahanaïm. Robinson, PhysicalGeography of ihe Holy Land, Londres, 1865, p. 63, 79, pense à VOuadi Adjloun ou à YOuadi Mahnéh: c’estune simple hypothèse. Les Septante ont traduit par ôrfit^v Traperrefvounav, sous-entendu ^topav, c’est-à-direa toute la contrée adjacente»; les versions syriaque et

Bethphagé comme une localité très voisine de Jérusalem, jouissant à ce titre de faveurs spéciales. CL Neubauer, Géographie du Talmud, p. 147 et suiv.

Les plus anciens documents ou ne nomment pas Bethphagéou n’en disent rien de précis. Eusèbe, dans l’Onomasticon, édit. Parthey, p. 120, dit simplement: «Bethphagé, village près (7upd{) du mont des Oliviers,» et saintJérôme de même, De situ et nom., t. xxiii, col. 884. Dansle récit du pèlerinage de sainte Paule, ce Père nousapprend seulement que la pieuse Romaine le visita. Peregr.Paulee, édit. Or. lat., Itin. lat., 1. 1, p. 36. Théodoshisle montre comme «voisin» du mont des Oliviers. De TerraSancta, XIV, édit. Or. lat., Itin. lat., 1. 1, p. 67. Selon Épiphanel’hagiopolite ( vers 840), Syria et urbs sancta, t. cxx, col. 269, le lieu où Jésus monta sur l’ânon esta un millede la Rotonde de l’Ascension, au mont des Oliviers, demême que Béthanie. Bernard le Moine (vers 870) désigne «à la descente du mont des Oliviers, du côté occidental, ’un marbre que l’on montre, d’où le Seigneur monta surle petit de l’ânesse i>. Or. lat., Itin. lat., t. i, p. 317. Lesindications que nous fournit l’époque des croisades de

viennent plus claires, malheureusem*nt contradictoires: les unes montrent Bethphagé entre le sommet du montdes Oliviers et Béthanie; les autres au sud du mêmemont, prés de la route qui contourne la montagne. Laplupart des relations du xiie siècle nous indiquent la première situation. «À une verste de Béthanie, du côté deJérusalem, dit le moine russa Daniel, trad. Khitrowo, p. 22, se trouve une tour érigée sur le lieu où Marthe rencontraJésus; c’est là aussi que le Christ monta sur l'âne aprèsavoir ressuscité Lazare.» De Noroff, au lieu de tour, traduit colonne (p. 36). La rencontre de Jésus et de Marthen’ayant pu avoir lieu que sur une des voies de Jéricho, l’indication de l’higoumène ne saurait désigner qu’un lieuau nord de Béthanie, sur le chemin qui rejoint l’anciennevoie, la plus au nord, de Jérusalem à Jéricho. Voir Béthanie 1. «Entre la même Béthanie et le sommet du

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1308, dont un exemplaire a été publié par M. de Vogué, dans Les églises de la Terre Sainte, et l’autre par Bongars, à la suite des œuvres de Marino Sanuto, indiquentclairement Bethphagé au sud du mont des Oliviers. Ceplan marque trois chemins se dirigeant de Jérusalem à Béthanie: l’un, le plus septentrional, passe au nord de l'églisede l’Ascension; le second passe au sud de cette églfèe, à la même distance que le premier; le troisième, plus ausud encore, contourne tout le mont des Oliviers. Sur sontrajet est le figuier maudit, et il porte cette inscriptiondans le premier exemplaire: VIA X SE ASELLU, etdans le second: VIA, XPI SUP ÀSELLTJM..

Les indications du P, Burkard (1283), Descriptio TerrmSanctse, 2 8 édit. Laurent, p. 62, paraissent analogues à ceplan. Bethphagé est pour lui «à un jet de pierre, à gauche, sous le mont du Scandale, dans une vallée. On monte de

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--T ="513. — Pierre de Bethphagé. 'Face nord et face ouest.D’après un dessin de M. G. Guillemot. La face nord représentel’anesse etl'ânon qu’on va amener à Jésus. Sur la face ouest, maintenant effacée, était figurée sans doute l’entrée triomphante de Jésus à Jérusalem.

mont des Oliviers, dit Jean de Wurzbourg (en 1130), à peuprès au milieu, était Bethphagé…; deux sortes de toursde pierre, dont l’une est devenue une église, y subsistent encore et en marquent la place.» Descript. T. S., c. vu; Pair, lat., t. clv, col. 1074. Théodoric (vers 1172)n’est pas moins explicite: «Jésus-Christ, venant à Bethphagé, lequel lieu est au milieu entre Béthanie et le montdes Oliviers, et où l’on a bâti en son honneur une chapelle convenable, envoya deux de ses disciples pour luiamener l’anesse et son ànon; et lui, se tenant sur unegrande pierre que l’on voit à découvert dans la chapelle, monta sur l'âne et s’avança vers Jérusalem par le montdes Oliviers, tandis qu’une foule nombreuse vint à sa rencontre à la descente de la montagne.» Libettus de Lotis Sanctis, édit. Tobler, 1865, p. 52. Après les croisades, les Fran. ciscains ne cessèrent, jusqu’en 1652, de se rendre chaqueannée, le jour des Palmes, à ce lieu intermédiaire entreBéthanie et le mont des Oliviers, pour partir de là en procession vers la Ville sainte; la chapelle et la pierre avaientdisparu, mais la population de Jérusalem y voyait encoreBethphagé. Cf. Quaresmius, Elucid. Terrse Sanctse, lib. iv, peregr. x, c. x, xi et xii, 1639, p. 331-336.

En 1877, on découvrit fortuitement en cet endroit unbloc de pierre carré, adhérant au sol, d’un peu plus d’unmètre de chaque côté, et couvert sur ses faces de fresqueset d’inscriptions latines remontant évidemment au tempsdes croisés. La peinture, au nord (fig. 513), représenteun castel, une foule, une ânesse avec son ânon; celle del’est, des personnages portant des palmes et une inscription détériorée; au sud, du côté de Béthanie (fig. 514), larésurrection de Lazare; à l’ouest est une inscription où onlit entre autres mots: BETHPHAGE. Les Pères franciscainsacquirent, en 1880, le terrain renfermant la pierre, et découvrirent, à trois pas à l’est, le cintre d’une antique abside.Ces découvertes corroborent les témoignages des pèlerins, et montrent assez clairement que la croyance générale duXIIe siècle voyait Bethphagé en cet endroit (fig. 515).

Cependant le plan de la sainte cité et des environs, de

514. — Pierre de Bethphagé. Face sud et face est.D’après un dessin de M. G. Guillemot. La face sud représente larésurrection de Lazare; la face est, la foule qui accompagneNotre-Seigneur le jour des Rameaux.

là par le coté sud, en tournant le mont des Oliviers; onarrive au lieu où le Seigneur monta, et aussitôt apparaît laville avec le Temple et le Saint Sépulcre». Le P. Ricoldi(1309) vient de Béthanie «à Bethphagé, à un mille, prèsdu mont des Oliviers, et trouve le lieu du figuier qui sedessécha sur l’ordre du Seigneur, et le lieu où le Seigneurenvoya ses deux disciples». Liber Peregrinacionis, ibid., p. 109. Le Liber sanctorum locorum Terne Jérusalem deFretellus, Patr. lat., t. clv, col. 1048, et le Tractalus dedistantiis locorum Terræ Sanctm d’Eugésippe, Patr. gr., t. cxxxiii, col. 1000, qui sont du milieu du xip siècle, fontpasser de même entre le mont des Oliviers et le montdu Scandale la route qui de la vallée de Josaphat mènepar Bethphagé à Béthanie.

A moitié chemin entre Jérusalem et Béthanie, à un milleà peu près de l’une et de l’autre, à droite du chemin deJérusalem à Jéricho, à peu de distance sous le mont duScandale, près de l’endroit où, depuis le moyen âge anmoins, on montre où était le figuier qui se dessécha, àl’endroit où le mont des Oliviers tourne vers le nord, surune petite colline, prolongement de la montagne qui s’avance dans la vallée, on remarque une dizaine de citernesou excavations indiquant la situation d’un village antique.Le nom ancien a disparu, et l’on se contente de dénommerl’endroit el-Biâr, a les puits.» Ces restes de village, lesseuls que l’on trouve entre Jérusalem et Béthanie, sontsans douteceux du petit village dont parlent Burkard etRicoldi, et qu’ils regardent comme Bethphagé.

La première identification est plus généralement adoptée; mais la seconde peut s’appuyer sur plusieurs raisons qui ne sont pas sans valeur. 1° Tandis que le cheminpar le sommet du mont des Oliviers était sinon impraticable, du moins peu propice au dessein du Seigneur, celui du sud s’y prêtait au contraire très bien. 2° Ni le siteni les environs du premier lieu désigné ne paraissent convenir aux indications des Talmuds; on n’y voit pas d’endroit pouvant servir d’assiette à un village; on n’y remarquepas non plus de traces sensibles de son existence, tandis -1709

BETHPHAGÉ — BETHPHOGOR

4710’<ju’ii en est autrement du second. On ne peut guère contesterque le lieu mis en honneur par les croisés, nomméBethphagé, ne soit le même que désigne sainte Silvie, Peregrinatio, édit. Gamurrini, p. 89, au ive siècle, entreJérusalem et Béthanie, comme le lieu où Marthe alla à larencontre du Seigneur. Daniel l’higoumène est le dernierécho de la tradition grecque qui en avait conservé le souvenirjusqu’aux croisades; mais, si ce lieu était en mêmetemps Bethphagé, il serait bien étrange que la pèlerine, qui y indique une station dont elle rappelle scrupuleusem*ntles souvenirs qui s’y rattachent, ne signalât pas celui

pèlét, «maison de la fuite;» Septante: BaiçaXaS; CodexAlexandrinus: Ba16ça)i(f, Jos., xv, 27; Br)6ça), âT, Il Esdr., xi, 26; Vulgate: Bethphelet, Jos., xv, 27; Bethphaleth, II Esdr., xl, 26), ville appartenant au sud de la tribu deJuda, Jos., xv, 27, réhabitée, après la captivité, par lesenfants de la même tribu. II Esdr., xi, 26. Datas les plusanciennes éditions de la Vulgate, son nom, Jos: , xv, 27, est écrit avec h final, Bethpheleth. Cf. C.. Vercellone, Variée lectiones Vulgatx latinse, Rome, 1864, t. ii, p. 41.Elle fait partie d’un groupe dont la plupart des villes sontinconnues. Deux seulement parmi celles qui la précèdent

Xli — I. In

Hlf I lllLl u ri l i II, i

n ii lu-ju’à nos Jours. Vue prise du sud-est, du chemin du mont des Oliviers, u LgvIluuIv. îsatue» uuc pùuiugiaifuie ue m. aj. mnueu — L’édifice à toit angulaire est la chapelle qui renferme la pierre carréeavecles peintures des fig. 513 et 514. La maison a terrasse plate située à côté est celle du gardien du monument. À l’extrémité, à gauche, est le couvent des Carmélites. Au haut, sur le mont des Oliviers, la tour des Eusses.

de Bethphagé. Si elle ne le fait pas, c’est que le clergéde Jérusalem n’en faisait pas mention; s’il n’en faisaitpas mention, c’est que Bethphagé était autre part. Oncomprend d’ailleurs que les croisés, qui ne connaissaientplus d’autre route de Jérusalem à Jéricho que laroute actuelle, aient voulu voir à l’est de Béthanie le lieude la rencontre, et, devant assigner cependant un souvenirau lieu et au monument vénéré entre Béthanie et le montdes Oliviers, n’aient pu y voir que Bethphagé, disparue «ans doute d’ailleurs. — Voir G. Gatt, Bemerkungen ûberdie Ortslage von Bethphagé, dans Das heilige Land, Cologne, 1873, t. xvi], p. 65-73; Clermont-Ganneau, TheStone of Bethphagé, dans The Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1878, p. 51-60; Id., Lapierre de Bethphagé, dans la Revue archéologique, t. xxxrv (décembre 1877), p. 366-388. L. Heidet.

    1. BETHPHALETH##

BETHPHALETH, BETHPHELET (hébreu: Bê(

ou la suivent presque immédiatement pourraient servir.de point de repère: Molada ( Tell et Milh) et Bersabée(Bir es-Séba’); mais elle n’a pu être retrouvée jusqu’ici.

A. Legendre.

    1. BETHPHESES##

BETHPHESES (hébreu: Bêt passés, «maison de ladispersion;» Septante: Bripo-ay^ç; Codex Alexandrinus: Baidçairnç), ville de la tribu d’Issachar. Jos., xix, 21.Une seule localité, Enhadda, la sépare, dans l’énumération, d’Engannim (aujourd’hui Djénîn), au sud de la

plaine d’Esdrelon. Elle est inconnue.

A. Legendre.

    1. BETHPHOGOR##

BETHPHOGOR (hébreu: Bêt Pe’ôr, Deut., iii, 29; iv, 46; xxxiv, 6; Jos., un, 20; Septante: oi’xoç <J>oywp, Deut., iii, 29; iv, 46; xxxiv, 6; Ba16 ?oywp, Jos., xiii, 20; Vulgate: Fanum Phogor, Deut., iii, 29; iv, 46; Phogor, Deut., xxxiv, 6; Bethphogor, Jos., xiii, 20), ville de latribu de Ruben. Jos., xiii, 20. Ce nom, qui n’est citéqu’une fois dans la Vulgate et les Septante, se trouve en

hébreu dans trois passages du Deutéronome, iii, 29; IV, 46; xxxiv, 6, traduit en grec et en latin par «maison» ou «temple de Phogor». Il est probable qu’il est mis, par abréviation, pour Bêt Ba’al Pe’ôr, c’est-à-dire lademeure ou le sanctuaire de Ba’al Pe’ôr, comme Bethmaon, Jer., xlviii, 23, est la forme contracte de Bêt Ba’alMe’ôn (Vulgate: Baalmaon). Jos., xiii, 17. Il indique leculte rendu dans cet endroit au dieu Baal sous une de sesformes particulières, c’est-à-dire Ba’al Pe’ôr. Num., xxv, 3, 5. Voir Béelphégor.

Cette localité devait être non loin du mont Phogor, Num., xxiii, 28, une des cimes des monts Abarim, enface de la pointe septentrionale de la mer Morte. Ellejoignait une «vallée» où campèrent les Israélites avantde passer le Jourdain, Deut., iii, 29, qui faisait partie duterritoire de Séhon, roi amorrhéen d’Hésébon, Deut., rv, 46, et dans laquelle fut probablement enterré Moïse.Deut., xxxiv, 6. Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 103, 233, la placent «au delàdu Jourdain, auprès du mont Phogor, opposée à Jéricho, à sis milles (environ neuf kilomètres) au-dessus de Livias(Bétharan, aujourd’hui Tell er-Râméh)». Il n’est pasfacile, malgré ces renseignements, d’en connaître la positionexacte. Suivant Conder, Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1882, p. 88; Heth and Moab, in-8°, Londres, 1889, p. 145, il faudrait la chercher à El-Mareighât, un peu au-dessus de Youadi Zerqa Ma’iii, «surun sommet immédiatement au nord du grand ravin deCallirhoé;» opinion admise par les auteurs de la grandecarte anglaise, Old and New Testament Map of Palestine, Londres, 1890, feuille 15. Cette identification ne nousparait conforme ni aux indications d’Eusèbe et de saintJérôme ni à la place qu’occupe Bethphogor dans l’énumérationde Josué, xiii, 20, où elle est mentionnée avecAsédoth (hébreu: ’asdôf hap-Pisgâh; voir Asédoth, col. 1076), ou les sources appelées Ayoun-Mousa, etBethjésimoth, aujourd’hui Khirbet Souéiméh, à la pointeseptentrionale de la mer Morte. Tristram, The Land ofMoab, iii-8°, Londres, 1874, p. 305, met plus au nord lemont Phogor, dont il fait un sommet du Nébo. C’est, eneffet, entre ce point et Bétharan que nous chercherionsplus volontiers la cité moabite. M. L. Heidet nous indiqueun site qui lui semble convenir assez bien aux renseignementsque nous venons d’exposer; c’est Tell Matâba, belle colline à Test de Tell er-Râméh, à l’entrée desmontagnes qui s’étendent à l’est du Jourdain, à droite duch*emin qui conduit de la plaine vers Mâdéba (Médaba).On y voit quelques restes de constructions. Les Bédouinsy ont un cimetière, et on remarque que souvent ils choisissentpour déposer leurs morts quelque lieu célèbre dutemps passé. On y voit aussi des cromlechs. Cependantaucun nom ne rappelle ici l’antique dénomination. Lessix milles dé Livias n’y sont pas non plus, et se rapporteraientplutôt à une petite ruine située plus haut etappelée El-Benât, au delà de laquelle on rencontre cinqou six pierres en forme de colonnes, mais qui, en réalité, ne doivent être que des bornes milliaires taillées en cetendroit et abandonnées; deux sont fichées en terre à troismètres l’une de l’autre. «Le Talmud (de Babylone, Sotah, 13 b) raconte quele gouvernement romain avait envoyé dans le camp deBeth-Péor, pour s’informer du lieu de sépulture de Moïse.Nous rencontrons l’endroit de Péor dans d’autres passagestalmudiques: «Un certain Sabataï d’Oulam avait loué «son âne à une Samaritaine qui se dirigeait vers Péor.» Sanhédrin, 64 a. Ailleurs on lit: «Un gouverneur est «venu de la province maritime pour se prosterner devantPéor.» Siphré, Nombres, 131, p. 48 a. Il résulteraitde ces passages que Péor ou Beth-Péor existait encoreaprès la destruction du second temple, à moins qu’on neprenne ces passages talmudiques dans un sens légendaire, ce qui est assez probable.» A. Neubauer, La géographiedu Talmud, in-8°j Paris, 1868, p, 252. A. Leuendre.

    1. BETHRAPHA##

BETHRAPHA (hébreu: ’Él-bêf-râfâ’, «la maisonde l’ombre ou du géant,» ou bien «la famille de Ra~pha»; Septante: 6 Baôpaia; Codex Alexandrinus: B «8psçâ) peut à la rigueur être pris, comme il l’est par laVulgate, pour le nom d’un individu, qui serait fils d’Esthon, I Par., iv, 12, dans la descendance de Juda. Maisil semblerait plus conforme à la composition du mot devoir dans le premier élément un nom commun, beth, «maison, famille,» et dans le second un nom propre, Rapha. «Esthon engendra la famille de Rapha.» Lesyriaque et l’arabe suppriment le mot Bê( et ont simplementRupha ou Rapha. Il est néanmoins préférable deprendre Bethrapha pour une localité. Plusieurs noms dece chapitre semblent être des noms de ville plutôt quedes noms d’hommes, par exemple Gédor, Hosa et certainementBethléhem, I Par., iv, 4. Cf. I Par., ii, 45.Or au sud d’Es-Semûd’dans la tribu de Juda on voitencore une localité appelée Râfàt, avec quelques ruinessans importance. Ce pourrait bien être Bethrapha, dontla première partie du nom, Beth, comme il arrive souvent, serait tombée. Il est à remarquer qu’à la fin dumême verset, I Par., iv, 12, où on lit: «Ce sont leshommes de Rêkâh», quelques manuscrits, au lieu dece nom de ville tout à fait inconnu, portent Râfâ’. Legrée a également la variante Prjçà. E. Levesque.

    1. BETH-REHOB##

BETH-REHOB, nom, dans le texte hébreu, Jud., xvin, 28, d’une localité nommée simplement Rohob dansla Vulgate. Voir Rohob.

    1. BETHSABÉE##

BETHSABÉE (hébreu: Bat^séba’, «fille du ser Tment;» dans I Par., iii, 5, Bat-Sûa; Septante: Brjp(TaSes), fille d’Éliam, II Reg., xi, 3, ou Ammiel, I Par., m, 5, épouse de David et mère de Salomon. Elle avaitété mariée d’abord à l’Héthéen Urie. Celui-ci servait dansl’armée qui, sous les ordres de Joab, était allée combattreles Ammonites, et il était occupé au siège de Rabbath-Ammon, capitale du pays, lorsque Bethsabée eut le malheurde se laisser séduire par David, qui était resté àJérusalem. Ce prince conçut pour elle une passion criminelleun jour que, du haut de la terrasse de son palais, il l’aperçut tandis qu’elle se baignait chez elle; il l’envoyachercher par des émissaires, et elle se rendit auxdésirs du roi. II Reg., xi, 1-4. Mais elle ne tarda pas àreconnaître que sa faute ne pourrajt rester secrète, et elleen fit prévenir David, qui, pour cacher le déshonneur deBethsabée, fit venir Urie à Jérusalem, sous prétexte d’avoirdes nouvelles de la guerre, et l’engagea ensuite à aller.se reposer dans sa maison. Urie refusa, et David, pour sedéfaire de lui, donna l’ordre à Joab de le faire périr dansune escarmouche. II Reg., xi, 6-17.

Bethsabée, les jours de son deuil finis, devint l’épousede David. Cependant «tout ce que David avait fait là déplutau Seigneur». II Reg., xi, 27. La colère de Dieu se manifestad’abord par la mort de l’enfant qui fut le fruit del’adultère de David et de. Bethsabée. Ni les larmes ni les; supplications du roi, auxquelles Bethsabée joignit assurémentles siennes, ne purent sauver l’enfant. Cette pertesemble avoir affligé Bethsabée plus encore que David.II Reg., xii, 18, 24. Elle donna bientôt après à David unautre fils, Salomon, et plus tard trois autres: Simmaa ouSamua, Sobab et Nathan. II Reg., xii, 24; I Par., m 5. MaisSalomon fut le préféré de sa mère, qui pouvait d’ailleurs, justifier cette prédilection par celle que Dieu lui - mêmeavait témoignée pour cet enfant. II Reg., xii, 24-25. Cf.Prov., iv, 3. Ce jeune prince avait été désigné par Dieupour occuper le trône de David, à l’exclusion même de sonfrère aîné Adonias, fils d’Haggith. II Reg., vii, 12, 15; Ps. cxxxi, 11. Aussi Bethsabée eut-elle soin de le préparerd’avance par ses conseils à cette redoutable dignité.

Un jour vint cependant où, sur la fin du règne deDavid, elle faillit voir toutes ses espérances détruites.Adonias, profitant de l’affaiblissem*nt de son père, allait

des deux Bethsaïde. i» La Galilée, telle qu’elle est entendue dans le Nouveau Testament, était tout entière en deçà<lu Jourdain; la Gaulanitide, comme la Pérée, était del’autre côté, â l’opposé de la Galilée. Luc, viii, 26. Enattribuant Bethsaïde à la Galilée, Joa., xii, 21, les évangélistes la placent par conséquent à l’ouest du Jourdain; saint Marc, vi, 45, 53, semble même dire qu’elle étaitdans la plaine de Génésareth, au nord-ouest du lac; Bethsaïde -Julias, qui appartenait à la Gaulanitide et était àl’orient du lac, près du Jourdain, était donc une villedifférente. — 2° La Bethsaïde mentionnée par Josèphe «tait, au temps de Notre-Seigneur et des Apôtres, appeléeJulias; les évangélistes auraient dû par conséquent emmentateurs, saint Luc, ix, 10, parle de Bethsaïde-Jiilias: or, si Bethsaïde, patrie des apôtres, était différente deJulias, saint Luc, en ce passage, et x, 13; saint Marc, vi, 45, et viii, 22; saint Matthieu, xi, 21, n’eussent paspu, ce semble, se dispenser, bien moins que pour Canaet Gésarée, de déterminer par un terme de distinction, de laquelle de ces deux villes ils parlent. S’ils ne le fontpas, c’est qu’il n’y avait pas lieu, Bethsaïde étant unique.Josèphe parle de même, Ant. jud., XVIII, ii, 1, d’unemanière absolue, du village de Bethsaïde. — 2° Les partisans de la Bethsaïde unique s’efforcent de résoudre lesdifficultés qu’on leur oppose de la manière suivante: a) D’abord aucun texte positif ne fixe la limite orien516. — Aïn-Tabagha on les Sept - Fontaines. D’après une photographie de M. h. Heldet

ployer ce nom: lorsqu’ils nomment Bethsaïde, ils parlentd’une localité qui n’est point Julias. Il y avait donc, outre Bethsaïde -Julias, une autre Bethsaïde ou lieu depêche, et l’on comprend sans peine que près du lac plusieurs endroits portassent le nom de «maison de pêche».— 3° D’après la narration de saint Luc, rx, 10, et les récitsparallèles des autres évangélistes, on constate que lamultiplication des cinq pains eut lieu près de BethsaïdeJulias, sur la rive orientale du lac; saint Marc, vi, 45, nous montre, de cette même rive, le Seigneur ordonnant à ses disciples d’aller l’attendre au côté opposé, àBethsaïde: il désigne donc par là une seconde Bethsaïde, du côté occidental du lac. Cf. Quarosmius, Reland, V. Guérin, aux endroits cités.

L’unité de Bethsaïde est défendue par les raisons suivantes: 1° Les Juifs et les peuples de la Terre Sainten’ont pas adopté, en général, les noms grecs et latinsattribués par les dominateurs étrangers à des localitésanciennes ayant déjà un nom en leur langue, c’est unfait reconnu; il faut l’admettre pour Bethsaïde en particulier, si, comme en conviennent presque tous les comtale de la Galilée supérieure au Jourdain. Isaïe, IX, 1(hébreu, viii, 23), semble la porter au delà. Les Talmudsnomment plusieurs localités du territoire à l’est du Jourdainet du lac, comme Panéas, Césarée de Philippe, Gamala, Sousitha, villes de la Galilée. Cf. Neubauer, Géographiedu Talmud, p. 236 et suiv. Josèphe, Bell, jud., III, iii, 1, ne dit-il pas implicitement la même chose, lorsqu’il désigne «Thella, ville voisine du Jourdain» (©eXXS xw|uic'lopSàvou Yeitovoç), comme limite de la Galilée supérieuredans sa largeur '? Si le fleuve eût été la limite, il étaitplus naturel de le désigner lui-même; ensuite, commeon ne peut songer à chercher cette limite en deçà dufleuve, il faut la mettre à l’est, avec le village de Thella, dont le nom, selon toute vraisemblance, se retrouve aujourd’hui dans celui de Thell, attribué à un village réellement voisin du Jourdain et à l’est. L’historien juif place, il est vrai, Julias dans la basse Gaulanitide; il constatesans doute par là qu’elle a été annexée politiquement àce canton, lors du partage du royaume d’Hérode l’ancien, pour faire partie de la tétrarchie de Philippe, — les motsèv-ri) xixtu r<xuXavmôt ne disent rien de plus; -^ mais

elle a pu l’être sans cesser de demeurer pour les Apôtreset le peuple du pays ce qu’elle était historiquement etethnographiquement, une ville de la Galilée. Ptolérnée, classant Julias parmi les villes de la Galilée, n’alteste-t-ilpas le fait? — 6) Les Juifs, ainsi qu’il a été dit plus haut, n’ont ordinairement pas fait usage des noms étrangersimposés à leurs villes; pour Bethsaïde cela semble certain.

— c) Le passage de saint Marc, vi, 45, est la difficultécapitale contre l’unité de Bethsaïde. Pour la résoudre, ona proposé de regarder «Bethsaïde» comme une variante, et de lire «Capharnaûm»; cette lecture concorderait avec, le récit de saint Jean, vi, 17, 24. Mais l’universalité de lalecture «Bethsaïde», qui est sans variante aucune (cf. Tischendorf, Novum Testamentum grse.ce, edit. octava criticamajor, t. i, p. 280), ne permet guère cette supposition.

III. La tradition chrétienne. — Bethsaïde appartientà la catégorie des lieux pour lesquels il faut distinguerdeux périodes dans la tradition: la période ancienne, depuis le principe jusque vers la fin du xiie siècle, pendantlaquelle la tradition locale demeure certaine; lapériode moderne, depuis le xme siècle jusqu’à nous, dontles indications des pèlerins, contradictoires entre elles etavec la tradition ancienne, ne sont plus pour l’ordinaireque des conjectures de voyageurs. Les organes de la traditionantique pour Bethsaïde sont assez nombreux, etquelques-uns assez précis.

Le premier est Eusèbe de Césarée, Onomasticon, édit.Larsow et Parthey, p. 118; , Pair, lat., t. xxiii, p. 881. Sonindication: «Bethsaïde, ville d’André, Pierre et Philippe, est située dans la Galilée, sur le lac de Génésareth,» paraît

£17. — Khan Mlnléb. D’après raie photographia

Une tradition la résout différemment. Elle montre le lieude la multiplication des cinq pains aux Sept -Fontaines, à deux milles à l’occident de Capharnaûm (voir ce nom); d’après elle, le Seigneur avait quitté Bethsaïde et la riveorientale; le «lieu désert» où il se trouvait après le miracle, Marc, vi, 35, est différent du «lieu désert» où ilétait auparavant, ^.32, et Luc, rx, 10; il pouvait dire àses disciples de «retourner de l’autre côté, à Bethsaïde».Après avoir raconté le départ des disciples, saint Marc, Vi, 53, et saint Matthieu, xiv, 34, ajoutent, il est vrai: «Et passant de l’autre côté, ils vinrent au territoire deGénésareth;» mais les disciples peuvent s’être rendus àBethsaïde d’abord, à l’orient du lac, conformément à l’ordredu Seigneur, et le lendemain à Capharnaûm, dans la terrede Génésareth. D’autres hypothèses sont possibles. Lesexemples de deux faits paraissant se rattacher à un seullieu et se passer à la suite, mais qui cependant se produisentdans des endroits et en des temps différents et distincts, ne sont pas rares dans les Évangiles. La traditionayant avec elle le passage de saint Marc qui se prête àcette distinction ou la réclame, son interprétation n’arien de contradictoire avec le récit sacré.

composée, d’une part, des données de l’Évangile, et del’autre, avec ces mots: tïj itpb; trj rsvr|o «(Mtt51 XfiA vï l, despropres paroles de Josèphe. On peut présumer de là que, pour Eusèbe, la Bethsaïde des Évangiles et Julias sont unemême localité. Cette présomption peut paraître d’autantplus fondée, que partout ailleurs, pour exprimer la mêmeproposition, il se sert de tournures différentes. Saint Épiphane, Adv. hxr., hær. 51, t. xli, col. 916, nous apprendseulement que Bethsaïde et Capharnaûm étaient «peudistantes l’une de l’autre», formule qui, chez les anciens, est souvent assez large. L’auteur anonyme du Commén-, taire sur saint Pierre, inséré aux Acta sanclorum (29 juin), appelle la patrie de l’apôtre «une petite ville modesteet sans importance», u-txpbv te xoi e-jteXïç m>), (); viov. Virgilius, vers la fin du v s siècle ou le commencement du vi «, va de Tibériade à Magdala, puis aux Sept - Fontaines. Ilcompte des Sept -Fontaines à Bethsaïde sept milles. Itineràhierosolym., dans le card. Pitra, Analecta sacra etclassica, t. v, p. 118. Théodosius, vers 530, désigne Capharnaûmà deux milles des SeptFontaines; à cinq millesde Capharnaûm, suivant quelques manuscrits, six milles, suivant d’autres, est Bethsaïde. Orient latin, Itin. hieros.

latina, 1. 1, p. 72, 83, 354. Saint Willibald, deux siècles plustard, suivant le même chemin, vient à Capharnaûm, puisva à Bethsaïde, et le lendemain se rend à «Corozaïn ( Gérésâ), où le Seigneur a guéri le démoniaque et envoyéles démons dans le troupeau de porcs». Ibid., p. 269.Sœwulf, en 1102, place Tibériade d’un côté de la merde Galilée, «Corozaïn et Bethsaïde, patrie d’André et dePierre, de l’autre côté.» Peregrin., Mémoires de la Sociétéde géographie, t. IV, année 1839, p. 851. Suivantles relations du xil" siècle, c’est entre Bethsaïde et Capharnaûmque commence la mer de Galilée, que le Jourdainentre dans cette mer; Capharnaûm est du côté droit; à quatre milles de Bethsaïde est Corozaïn, cinq milles

rieur; le mille usité aux Ve et VIe siècles est le mille romain, équivalant à un kilomètre et demi, et le mille employéau moyen âge, on le constate par-les autres distancesdes mêmes relations, vaut environ deux kilomètres ou unedemi-lieue. Toutes ces données nous montrent Bethsaïdeà deux kilomètres environ à l’orient du Jourdain, c’est-à-direlà où il faut chercher la Bethsaïde de Josèphe: latradition, cela paraît évident, ne connaît qu’une Bethsaïde, qui est à la fois la patrie des Apôtres et le village appeléJulias.

IV. Identification. — Les voyageurs et les géographesqui cherchent une Bethsaïde à l’occident du Jourdain laplacent en divers endroits, le long du lac, depuis le Joursis. — El’Aradj. D’après une photograpûle de M. L. Heldet.

plus loin Cédar (Gadara). Toutes se servent de termeséquivalents. Cf. Anonyme, dans de Vogué, Les églises dela Terre Sainte, Appendice, p. 422; Théodoric, Libellasde Loch Sanctis, c. xlv et xlvi, édit. Tobler, p. 101et 102; Fretellus, Patr. lat., t. clv, col. 1043, etc. SelonJean de Wurzbourg, la distance entre Bethsaïde et Corozaïn, si le nombre n’est pas une erreur de copiste, seraitde six milles. Ibid., t. clv, col. 1070. En 1217, Thietmar, 2e édit. Laurent, p. 6, reproduit en termes identiques lesdésignations des pèlerins du xiie siècle; nous les retrouveronsencore, au xiv «siècle, dans la relation du B. Odoric, de l’ordre de Saint-François. Laurent, Quatuor mediiœvi peregrinat., 2e édit., p. 147. On avait cependant commencédéjà à s’écarter de la tradition, le récit du P. Burkard, 1283, ibid., p. 40, le prouve, pour chercher uneBethsaïde du côté occidental du Jourdain et du lac.

Ces indications concordent toutes à désigner un mêmelieu. Corozaïn, d’après elles, est évidemment la Kersad’aujourd’hui, située sur la rive orientale du lac, à dixkilomètres environ de l’embouchure du Jourdain supédain jusqu’à Tibériade. Ziegler, Patestina, 1532, carte iii, la marque entre Capharnaûm et le Jourdain, où se trouve levillage d’Abou-Zeinéh, ou la petite ruine d’El-’OSeh. M. deSaulcy, pour qui elle est cependant unique, la voit dansTell -Hum, la seule localité qui ait des ruines correspondantaux monuments que, selon lui, devait avoir Julias.Voyage autour de la mer Morte, t. ii, p. 506-512. Qua-Tesmius, loc. cit., la trouve au delà du Khân-Miniéh, enun lieu où il y a plusieurs moulins, c’est-à-dire à Tabagha(fig. 516), et le croit désigné par Boniface de Raguse.Robinson et plusieurs autres semblent avoir adopté lemême site. Voir Armstrong, Wilson et Conder, Namesand places in the New Testament, p. 5. Le P. Burkard, loc. cit., la reconnaît dans le Khirbet-Miniéh, ruine d’ungrand village, près du Khân du même nom (fig. 517).Dans les siècles suivants, plusieurs pèlerins, à la suite deBurkard, considèrent cet endroit comme le lieu traditionrnel. M. V. Guérin l’accepte sur l’autorité de ces pèlerinset à cause de la convenance du site. Galilée, t. i, p. 213222. La ruine de la rotonde d’un ancien bain, longtemps

regardée comme l’abside d’une église, a servi à confirmercette opinion. Elle est la plus commune aujourd’hui.Au P. Nau, on a montré les restes de Bethsaïde au piedde là montagne assez haute qui termine la plaine duGhoueir et s’élève jusqu’à Tibériade. Voyage nouveaude la Terre Sainte, 1679, p. 588-590. Le P. Surius, récollet, président du Saint-Sépulcre en 1644, trouve derrièrele château de Magdalum, vers l’occident, quelques maisonsde Bethsaïde. Le pieux pèlerin, Bruxelles, 1666, 1. ii, c. xi, p. 324. On n’allègue aucun argument solidepour appuyer ces diverses identifications.

Bethsaïde à l’orient du Jourdain a été identifiée parSeetzen, Smith, Robinson et d’autres, avec Et-Thell,

construction et la rive, un large dumm offre un ombrageaux caravanes de passage (fig. 518).

Et-Thell est trop éloignée du lac pour réaliser l’indicationde Josèphe, qui place non seulement le village^de Bethsaïde, mais aussi Julias, «sur le lac,» tpôç-qjXîuiviri; il faut plutôt y reconnaître la Thella de cet historien.’Aussi l’identification d’Et-Thell avec Bethsaïde est-ellerejetée par plusieurs palestinologues. M. G. Schumacherpropose à la place El-Mes’adiéh. TheJaulân, p. 221et 245. C’est un petit village dans la plaine d’El-Batihah, à deux cents pas de la rive est du lac et à un kilomètre audelà d’El-’Aradj. Il est bâti sur une légère élévation artificielledu terrain, pour que les eaux, qui pendant l’hiver

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519. — El-Mes’adiéh. D’après une photographie de M. L. Heidet.

grand village dont nous avons déjà parlé, situé sur unecolline dominant la plaine El-Batihah, à un kilomètre àl’est du Jourdain et deux au nord du lac de Génésareth.L’étendue des ruines sur lesquelles est bâti le villagemoderne, sa situation forte et en amont de l’embouchuredu Jourdain, les dires des Bédouins du pays, quecette localité aurait été jadis une ville importante, sontles motifs de cette identification. On a présenté aussi Ed-Dikéh, autre village sur le Jourdain, à un bon kilomètreplus au nord qu’Et-Thell. Voir Amstrong, loc. cit. Touten acceptant Et-Thell pour la cité bâtie par le tétrarquePhilippe, M. V. Guérin pense que le village primitif deBethsaïde, «la maison de la pêche,» doit être cherchéplus près du lac, et très probablement au Khirbet El-’Aradj.Galilée, 1. 1, p. 322-338. Cette ruine assez étendue, où l’on remarque de beaux blocs de basalte taillés, està environ un kilomètre à l’est de l’embouchure du Jourdain, à douze ou c quiuze pas du lac. Une voie romainepassait dans le voisinage. Mohammed-Saïd Pacha y a taitélever une maison pour abriter les pèlerins musulmans.Un bouquet de palmiers s’épanouit à côté. Entre cette

baignent cette partie de la plaine, en l’entourant, nel’inondent pas. Ses maisons sont d’assez pauvres huttes, habitées seulement aux jours mauvais par quelques famillesdes Bédouins Thellaouish, qui ordinairementcampent dans la plaine aux alentours. Selon ces Bédouins, qui l’appellent khirbet, le village est ancien; on n’y voitcependant aucun reste de constructions de quelqueimportance. La campagne est ornée de quelques bellestouffes de palmiers, restes sans doute d’anciennes plantations(fig. 519).

C’est dans l’un de ces deux Khirbet, El-Mes’adiéh ouEl-’Aradj, que l’ancienne tradition chrétienne voit Bethsaïde.Le nom de Mes’adiéh pourrait dériver de Bethsaïda: le 6 et m se sont souvent remplacés, commedans Yamna pour Yabna, Thibnah pour Thamna, etles autres permutations ne sont pas sans exemples. Lesdistances, les sept milles romains des Sept - Fontaines( dix kilomètres ou dix kilomètres et demi), cinq millesde Capharnaûm ( sept kilomètres et demi) et quatre millesdu moyen âge ou deux lieues de Kersa, lui conviennentaussi exactement que possible. Mais les mesures des an

ciens pèlerins ne sont ordinairement pas si strictes et siformelles, et les deux Khirbet sont trop voisins pour quel’on puisse se prononcer catégoriquement. El -’Aradj, d’autre part, est plus voisin du Jourdain, et ses ruinesattestent, ce que l’on ne peut nullement dire d’El-Mes’adiéh, qu’elle a pu être une ville non sans quelqueimportance. L’on n’y voit pas, il est vrai, de grands débrisde monuments architecturaux; mais on n’en rencontrepas davantage dans les autres ruines de la région; on asans doute pris dans un sens trop large les paroles deJosèphe: Klrfiôi ts o’xïjTopwv xocl tyj aÀXiq 5yvdc|iei. Il sepeut que Mes’adiéh soit le village primitif, et El-’Aradjla ville bâtie sur son territoire par le tétrarque Philippe.Mais il est aujourd’hui impossible de résoudre définitivementle problème de Bethsaïde. L’avenir apportera, ilfaut l’espérer, quelque document nouveau, ou bienquelques découvertes archéologiques diront le derniermot sur la question. L. IIeidet.

2. BETHSAÏDE, en grec Brfiztôi., piscine de Jérusalemqui avait cinq portiques et où Jésus guérit le paralytiquede trente-huit ans. Joa., v, 1-9. (Fig. 520.)

I. Nom, — 1° Plusieurs exégètes pensent qu’elle s’appelaitprobatique en même temps que Bethesda. D’aprèsle texte latin: Est autem Jerosolymis probatica piscinaquse cognominatur hebraice Bethsaida, il semblerait quela piscine portait un double nom, comme le Lithostrotos-Gabbatha: . l’un grec, pour le, s hellénistes, irpogaTix-rixoXujxêriôpa; l’autre hébreu, pour les indigènes, Bethsaïde, ou l’un des autres noms que nous verrons. Laplupart des Pères, grecs ou latins, prennent le nom depiscine probatique comme un nom réel: «Bethesda, ditsaint Jérôme, est une piscine de Jérusalem, qui est appeléeprobatique, ce que nous pouvons interpréter piicinedes brebis» ( De situ et nom. loc. hebr., Bethesda, t. xxiii, col. 884); Eusèbe (Onom., Bï]Ça8à ou BïiŒaSct), saintCyrille d’Alexandrie (In Joa., lib. xii, c. xix, 7, t. lxxiii, col. 336), saint Jean Chrysostome ( Serin, xii cont. Anom., t. xl viii, col. 803), Ammonius [In Joa., t. lxxxv, col. 1428), Théodore de Mopsueste (dans Tischendorf, Nov. Test., t. i, p. 783), parlent dans le même sens que saint Jérôme.La version syriaque de Nitrie et celle de Schaaf, les versionséthiopienne, persane, slave, anglo - saxonne, sontconformes à la Vulgate. Cf. Tischendorf, Nov. Test, gr., edit. S a critica major. Les traducteurs de ces versionset ces Pères rattachent le qualificatif «probatique» à lapiscine. Saint Jérôme, après Eusèbe, en indique ainsila raison: «Bethesda, piscine de Jérusalem…, avait cinqportiques; on montre un double bassin dont l’un se remplitdes pluies de l’hiver; les eaux de l’autre, chose singulière, paraissent rouges et comme ensanglantées, etattestent ainsi son ancienne destination; car les prêtres, dit-on, avaient coutume d’y venir laver les victimes, etc’est de là qu’elle tire son nom.» De situ et nom. loc.hebr., t. xxiii, col. 884. Selon Ammonius d’Alexandrie, on réunissait en ce lieu les brebis destinées aux sacrifices( loc. cit.); d’après saint Jean Damascène, le bercail était lapropriété de saint Joachim: «Salut, ô probatique, jadisbercail des brebis de Joachim!» In Nativ. B. M. V., t. xcvi, col. 678. Cependant le texte grec, dans presque tous sesexemplaires, porte: êo-riv Se èv toîç’IepoooX-Jixotç’EIIITÇ I1POBATIKH xoX «[iër, e P a, «il y a à Jérusalem, près[ou sur] la probatique, une piscine nommée…» Le plusgrand nombre des versions et des manuscrits anciens sontconformes au texte grec. Quelques manuscrits ont: èv ty)npo6<rcixïj, «à la probatique.» Cf. Tischendorf, loc. cit.La version syriaque de Jérusalem et les versions arabessuppléent au mot sous-entendu en ajoutant porte: «prèsde la porte Probatique.» Il existait, en effet, à Jérusalem, vers le nord-est du Temple, une «porte des Troupeaux» ou «des Brebis». Sa’ar-hass’ôn, Neh. (II Esdr.), iii, 1 et 32; xii, 39, tc’j>.t| t| icpo6 «TixYÎ, «la porte Probatique,» commetraduisent les Septante; et c’est précisément dans cette

région que la tradition locale montre la piscine témoinde la guérison du paralytique. Il paraît donc d’une trèsgrande probabilité que «la probatique» désigne, par uneabréviation assez ordinaire, la porte dont, parle Néhémie.Il faut remarquer néanmoins que si le qualificatif, dansl’Evangile, ne se rapporte pas à la piscine, celle-ci pouvaitcependant quelquefois être dénommée, du temps de Notre-Seigneur, du nom de la porte voisine, comme elle l’a étécertainement dans les âges chrétiens.

2° Bethesda. — Le nom hébreu de la piscine se trouveécrit de trois manières différentes, chacune avec des va520. — Piscine de Bethsaïde, d’après an sarcophage du cimetièredu Vatican. Bottari, Sculturee pitture sagre, t. I. pi. xxxdç.

— Au milieu, des lignes ondulées figurent l’eau de la piscineet séparent les deux registres. Dans le registre inférieur, leparalytique, entouré d’autres malades, est couché sur un lit.Paralysé depuis trente-huit ans, il attend que l’ange remue l’eaude la piscine, dans l’espoir: qu’il pourra enfla y être plongé lepremier, et guérir. Il porte sa main droite à la tête en signede douleur. Dans le registre supérieur, on voit représentéstrois des cinq portiques. Au milieu de la scène, Jésus bénit lemalade guéri qui emporte son grabat. Joâ., V, 8-9.

riantes assez nombreuses: Bethesda, Bethsaida et Bethzétha.— 1° Bethesda est le nom de la très grande majoritédes anciens manuscrits grecs, de la version syriaquePeschito, de celle de Nitrie, de l’édition deWhite, en marge, de l’évangéliairè de Jérusalem, de la version arménienne, de quelques versions arabes et de deux manuscrits del’ancienne italique; c’est le nom adopté par saint Jérôme(loc. cit.), saint Jean Chrysostome (In Joa., hom. xxxri, 1, t. lix, col. 203), saint Cyrille d’Alexandrie (In Joa., lib. net vi, t. lxxiii, col. 336 et 988), Didyme d’Alexandrie (DeTrinitate, ii, 14, t. xxxix, col. 708), etc.; c’est le nom quia en sa faveur les autorités les plus grandes et les plusnombreuses. Il vient, d’après les uns, de Bêt hesda’, «maisonde miséricorde;» d’après les autres, de Bêt’aSda’, «maisond’affusion,» ou de Bê{ hassadaï, «maison du Tout-Puissant.» — 2° Bethsaida, de la Vulgate de Clément VIII, 1725

    1. BETHSArDE##

BETHSArDE (PISCINE DE)

172&

se lit dans le Codex Vaticanus (rv «siècle), dans uncodex de l’ancienne italique et dans la plupart des manuscritsanciens de la Vulgate. Les versions éthiopienne, copte, la syriaque postérieure, la sahidique, lisent commela Vulgate. Un passage de Tertullien, De Baptismo, t. i, col. 12(6, et une indication du pèlerin de Bordeaux (333), dans son Itinérairefprouvent l’ancienneté de cette lecture

BE^Çe-ca, Betzeta, Bethzeta, Betzatha, Berzetha) est, eneffet, le nom donné par le Codex Sinaiticus (ive siècle), deux codex grecs de la bibliothèque Nationale de Paris, le codex bilingue grec et latin de Bèze, par sept manuscritsau moins des plus anciens de la version italique^et deux de la Vulgate. Il n’est guère douteux que c’estde cette façon qu’a lu Eusèbe, qui écrit BvjÇaôâ: les

[Bat sitti Mariam

]PortedeS’Elierme.

I79MO

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521. — Flan de la piscine de Bethsaïde et de sea alentours.

et sa diffusion dans l’Église latine. Bethsaïda, signifianta maison» ou «lieu de la pêche», ne saurait, commetel, avoir été appliqué à un quartier ou à un établissem*ntde Jérusalem, et pour ce motif est presque généralementrepoussé; toutefois les diphtongues at ou si remplaçantfréquemment, dans les anciens manuscrits grecs, la lettre e, et de plus le 8, dans sa forme antique, étantpresque pareil au 8, Bethsaïda pourrait bien n’être, ainsique le pense Tischendorf (loc. cit.), qu’une forme ou unevariante de Bethzétha ou Bèthsétha, qui se lit dans ungrand nombre d’évangiles à la place de Bethsaïda et deBéthesda. — 3° Bethzatha (Br)6; a9â; variante: BuifoOâ,

manuscrits de V Onomasticon ont tous ce nom, sauf celuide Leyde. Cf. édit. Bonfrère et édit. Larsow et Parthey, note. Ce nom est évidemment identique à celui donnépar l’historien Josèphe à la colline et à tout le quartierau nord du Temple et d’Antonia. Ce quartier, d’abord endehors de la ville, avait été entouré de murs par HérodeAgrippa; il fut brûlé par Cestius, pris par Titus et ruinéde nouveau par lui, lors du dernier siège de Jérusalem.Josèphe dit que ce nom de «Bézétha se traduit en grecpar xaivr] nôXiç, «ville nouvelle.» Cf. Josèphe, Bell, jud., V, IV, 2; V, vi et vu. On a beaucoup discuté l’étymologieet le sens de ce nom. Quelques-uns ont voulu y voir î m

plement Bêt-Zêta’, «le lieu des Oliviers,» ce qui estpeu probable, la montagne à l’est de la ville portant déjàce nom; M. Schwarz, Das heilige t Land, p. 285, y a vu

la dénomination propre d’un quartier. L’étymologie la plusvraisemblable est sans doute celle de Josèphe, qui devaitconnaître exactement et le nom et le sens; elle corresEglise de S"- Anne.

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1/ /

ij.v vm/y: - À ^p^’522. — Coupe de la piscine de Bethsaïde de l’ouest à l’est,

le nom araméen Besa’a', «marais,» chose impossible àtrouver à Jérusalem; M. A. Neubauer, Géographie duTalmud, p. 138, incline à y reconnaître l’un des deux

pond au chaldaïque Bêf-hadta’, «maison neuve,» ou «quartier neuf,» lequel pouvait se prononcer Bêf-fiasta’ou Bëf-hazafa; le daleth ayant souvent la prononciation

lVi in de R’Ii-iVIi li ipru. une l’Iii’icgriphlude M. h Kc.l.l

Dans le haut, abside de l’église des croisés. Au milieu, orypte.A droite, entrée de la piscine.

Bis’iu ou Bisiu, «marchés» de Jérusalem mentionnés parles Talmuds, sans doute le Bisa’ou Besa’fa inférieur; maisce nom est un nom commun, et ne paraît pas avoir été

524. — Restes de la fresque de la piscine de Bethsaïde.D’après une photographie du P. Cré.

de s ou z adoucis, comme le dzal des Arabes. Avec cenom on conçoit combien il a été facile d’avoir Beth-hesdapour Bêt-hesta, Bétazata ou Bethzétha, et enfin Bethséda

ou Bethsaïda; ces trois noms ont donc toute l’apparencede n'être que trois variantes du même mot, Bêf - ftedfa', nom du quartier au nord de la ville sainte, par lequel ondénommait encore la piscine qui y était renfermée ou attenante: «la piscine de Bethestha;» c’est ce nom souslequel saint Jean l’aura voulu désigner.

II. Situation et description. — C’est en effet danscette région ou ce quartier, au nord du Temple, à quelquespas de la porte qui s’ouvre à l’est sur la vallée de Josaphat, non loin de l’ancienne forteresse Antonia et au pied dela colline appelée par Josèphe Bézétha, dans un lieutout voisin de celui où est aujourd’hui l'église de Saintevnne, que l’antique tradition locale nous montre la vieille

voisinage immédiat, en disant que la basilique SainteMarie était dans l’un des cinq portiques de la piscine. Delotis sanctis, xxvil, édit. Or. lat., Itin. lat., t. i, p. 106.Saint Sophrone de Jérusalem considère la Prôbatique etla maison paternelle de la sainte Vierge comme un mêmeendroit: «J’entrerai, dit-il, dans la sainte Prôbatique, oùl’illustre Anne enfanta Marie; j’entrerai dans le temple, le temple célèbre de la très pure Mère de Dieu; je baiserai, j’embrasserai ces murs qui me sont si chers; je megarderai d’oublier en passant par cette place le lieu où, dans la maison paternelle, est née la Reine -Vierge j oùs’est levé le paralytique, enlevant de terre sa couche, guéri par une parole. Oui, je verrai ce lieu.» Anacreon525. -^ BirkétIsraël. D’après une photographie.

piscine rendue célèbre par le miracle raconté dans l'Évan, gile (fig. 521). Voir Terre-Sainte, 1 er janvier 1897, p.l.Eusèbe et saint Jérôme, dans le passage cité plus hautde V Onomasticon, n’en précisent pas la situation, maison voit qu’ils ne l’ignoraient pas; Saint Cyrille de Jérusalem ne pouvait l’ignorer non plus, puisqu’il la décrit: «ayant cinq portiques, quatre tout à l’entour et le cinquième au milieu.» Hom. in parai, ii, t. xxxiii, col. 1133.Un écrivain qui doit être de cette époque, l’auteur del’homélie du Semeur, attribuée à saint Âthanase (Patr.gr., 15, t. xxviii, col. 164), la connaissait très bien: «Il y avait, dit-il, à Jérusalem, - une piscine prôbatique avec cinq portiques; mais maintenant les édificesqui l’environnaient ont été détruits.» Le pèlerin de Bordeaux l’indique à l’intérieur de la ville, Itin., édit. Or.lat., Itin. lat., t. i, p. 17; ainsi que le pèlerin Théodosius(vers 530), De Terra Sancta, viii, édit. Or. lat., Itin.lat., 1. 1, p. 65. Il dit que la piscineétait voisine de SainteMarie, nom primitif de l'église appelée plus tard Saintevnne, et à une centaine de pas de l’antique Antonia, tenue pour le prétoire de Pilate. Voir Gabbatha. SaintAntonin de Plaisance (vers 570) précise et indique leDICT. DE LA. BIBLE.

tica, xx, 81-94, t. lxxxvii, part, iii, col. 3821-3824. SaintJean Damascène n’est pas moins formel: «La Mère deDieu nous est née dans la sainte Prôbatique.» Hom. inNat. B. M. V., t. xcrvi, col. 667. Le Commemoratoriumde Casis Dei mentionne, vers 800, le même fait. Edit.Or. lat, Itin. lat., p. 302.

Au temps des croisés, les indications deviennent plusprécises. Voir le pèlerin Sœwulf (en 1102), Recueil desvoy. et mém. de la Société de géographie, t. iv, p. 844.L’higoumène russe Daniel (vers 1107), venant du SaintSépulcre et se dirigeant vers l’orient, après avoir vu leprétoire et autres lieux, ajoute: «Un peu plus loin, àl’orient, à un détour près du chemin, _ à gauche, se trouvait la maison des saints Joachim et Anne. Il y a là, sousrl’autel, une petite grotte taillée dans le roc, où naquit lasainte Vierge, et c’est là aussi que se trouvent les tombeaux des saints Joachim et Anne. Non loin est le portique de Salomon, où se trouve la piscine Prôbatique etoù le Christ guérit le paralytique. Cet endroit est à l’occident [de la maison] des saints Joachim et Anne, et à unjet de pierre lancée par un homme. Tout près de là, àl’orient, se trouve la porte qui mène à Gethsémani. s

I. - 57

Pèlerinage, trad. Khitrowo, Itinér. russes en Or., p. 19; trad. de Noroff, p. 31. On pourrait apporter les témoignages d’une multitude d’autres auteurs dont les indications nous amènent au même endroit; nous n’en citonsplus qu’un, parce, qu’il nous montre la sainte Piscinemarquée d’un monument religieux qui nous aide à lareconnaître. L’auteur de La Citez de Iherusalem écritaprès la reprise de la ville sainte par les musulmans: «Près de la porte de Josaffas, à main seniestre, avoit uneabeïe de nonnains; si avoit à nom Sainte Anne. Devantcelle abeïe a une fontaine c’on apele le Pecine. Deseure lafontaine avoit. j. moustier. Et celle fontaine ne quert point, ains est en une fosse deseure le moustier. À celé fontaine.

626. — Ex-voto de Pompéia Lucilia.Ce pied de marbre blanc, offert par la dame romaine dont le nomse lit sur l’inscription, en reconnaissance de la guérison d’unmal de pied, a été trouvé en 1866 dans les blocages des anciennes voûtes de l'église Sainte-Anne. Il est conservé aujourd! hul au Musée judaïque du Louvre. Il a 13 centimètres delongueur et 18 de hauteur. C’est un pied droit, chaussé d’unesandale, et reposant sur une petite base plate. Quoiqu’il soit mutilé et que les doigts et la partie antérieure du pied soient brisés, on y reconnaît une œuvre de l’art grec; le style en est pur, les formes sveltes et délicates. La Jambe est coupée un peu audessus de la cheville et sur la tranche, légèrement convexe, estgravée en cinq lignes l’inscription: «Pompéia Lucilia a consacré.» D’après la forme des caractères grecs, M. Clermont: Ganneau place ce petit monument après l'époque de l’empereurHadrien. «Pompéia Lucilia, dit-il, devait être femme ou procheparente d’un des gouverneurs ou d’un des officiers supérieursromains envoyés & partir de cette date pour administrer etcontenir la Palestine. J> Bévue de l’Instruction publique, 29 octobre 1868, p. 503.

au tans que Ihesu Cris fu en tière, avenoit que li angeles venoit parfois movoir celé eve.» La Citez de Iherusalem, édit. Or. lat., Itin. franc., p. 49-50. Cf. aussiThéodorie ( loc. cit., p. 65), qui écrivait dans les dernièresannées de la domination franque à Jérusalem (vers 1172).A cinquante pas au nord-ouest de l'église Sainte-Anne, au milieu da vallon qui passe entre la colline Bézétha etcelle qui soutient l’angle nord-est de la ville, est une fossedont le fond est à seize mètres au-dessous du sol actuel{fig. 522). Sa longueur est de seize mètres et sa largeurde six. Elle est à triple étage. Le premier, de huit mètresde haut et voûté, est en partie taillé dans le roc et destinéà recevoir l’eau; on y descend par un escalier en maçonnerie. Le second étage, de cinq à six mètres de hauteur, servait de crypte à une petite chapelle dont il reste l’abside, dirigée vers l’orient; cette chapelle forme le troisièmeétage (fig. 523). On y voit sur la paroi du mur nord, versl’entrée, les restes d’une vieille fresque représentant, au milieu d’eau ondoyante, un personnage don l on remarque lesplis des vêtements au bas et aux côtés, mais dont le restea été gratté (fig. 524). La piscine inférieure semble avoir dûse continuer vers l’ouest, et s'être développée au nord, et

n’avoir été rétrécie que pour les besoins de la constructionde l'église supérieure, à moins que les parties exclues nesoient d’autres bassins; ces parties sont pleines de remblais Il né peut être douteux que cette piscine, à laquelleconviennent de toutes manières les indications des récitsanciens, ne soit celle regardée par les chrétiens du moyenâge comme l’antique piscine de Béthesda; et il n’est guèrepossible de contester que ces derniers ne l’aient connuepar les récits d’une tradition ininterrompue, que nousvoyons remonter jusqu’au rv» siècle.

On a néanmoins voulu chercher la piscine de l'Évangileailleurs. Nous ne parlons pas de l’usage qui s'était établi, depuis le xrve siècle, d’indiquer aux pèlerins, près deSainte-Anne, la vasque adjacente au mur septentrionalde la place du Temple, nommée Birket-Israël (fig. 525),: quoique ce bassin, aujourd’hui comblé, n’ait jamais pu êtreentouré de portiques, comme il resta serai connu dans larégion lorsque la piscine de Saintevnne eut disparu et quel’emplacement en eut été occupé par les musulmans, il eorésulta une confusion qui suppose cependant l’authenticité de la tradition ancienne. Cette tradition a été néanmoins niée par quelques-uns, qui ont voulu voir Béthesdadans la piscine de Siloé, à cause de son intermittence, cf. Joa., y, 4, 7; mais saint Jean, nommant l’une et l’autre, les distingue nécessairement. D’autres ont prétend» la reconnaître dans VAïn es-Sifa, «la fontaine de la guérisom» ou «de la santé», le nom pouvant consacrer le souvenirde la guérison du paralytique; mais il peut lui avoir étédonné pour tout autre motif.

L'évangéliste nous dépeint la piscine au temps dm Christ «avec cinq portiques», où les malades se pressaient pourvenir chercher la guérison. Les portiques furent sansdoute détruits lors de la ruine de Jérusalem; mais on devait encore les reconnaître au IVe siècle, puisque saintCyrille nous montre la piscine entourée par les cinq portiques. Au VIe siècle, Théodosius nous montre les maladesvenant de nouveau se plonger dans ses eaux et leur demander la santé. Vers la fin du même siècle, saint Antctnin l’indique comme un lieu où l’on vient laver de toutela ville. Quand les Francs s’emparèrent de Jérusalem, ilsvoulurent le remettre en honneur, et les malades vinrentde nouveau y chercher la santé. Voir Bongars, GestaFrancorum expugnantium Jérusalem, p. 573. C’est àcette époque que fut construit le «moustier» dont parlel’auteur de La Citez de Iherusalem. Après les croisades, la piscine est encore signalée dans les plans de Jérusalemdu xive siècle, insérés dans les œuvres de Marino Sanuto; .puis on cesse d’en faire mention, et le Birket-Israël passepour la piscine Probatique. C’est en 1871 que M. Mauss, s’occupant de la restauration de Sainte -Anne, retrouvala piscine, et en 1876 que reparut, déblayée par un éboulement, l’abside du «moustier». Aux alentours on avaitdécouvert de nombreux fragments de mosaïque, des chapiteaux corinthiens, des tronçons de colonnes et un piedvotif de marbre avec cette inscription: nONLTHIA AOTKIAIA ANEQHKEN (fig. 526). L. Heidet.

BETHSAMÈS. Hébreu: Bêt SérnéS, «maison dusoleil.» Nom de trois villes de Palestine et d’une villed’Egypte.

1. BETHSAMÈS (Septante:-ndXi; y]Xîou, Jos., XV, 10; Ba16<Tau, 0ç; Codex Alexandrinus: Be8<Tâu, e; , Jos., xxi, 16; Ba19aau, u; partout ailleurs, I Reg., vi, 9, 12, 13, 14, 15, 19, 20; III Reg., iv, 9; IV Reg., xiv, 11, 13; I Par., VI, 59; II Par., xxv, 21, 23; xxviii, 18; Vulgate: Betlisémès, dans I Par., vi, 59), ville située sur la frontière nordde Juda, entre Cheslon et Thamna, Jos., xv, 10, donnéeaux prêtres, Jos., xxi, 16; I Par., vi, 59, et comptée parmiles cités de la tribu de Dan sous le nom de Hirsémès(hébreu: 'îr semés, «ville du soleil;» Septante: irâXetçSâu, |xis; u «; Codex Alexandrinus: jrôXi; Ëaui; ), Jos., xix, 41. .4

I. Nom, identification. — En comparant, en effet, lesdifférentes listes où sont compris ces deux noms Béfsemés et 'lr Séméë, Jos., xv, 10; xix, 41; III Reg., iv, 9; II Par., xxviii, 18, nous croyons pouvoir n’y reconnaîtrequ’une seule et même localité, dont les autres déterminentla position: Cheslon (aujourd’hui Kesla), Jos., xv, 10Thamna (Tibnéh), Jos., xv, 10; xix, 43; II Par., xxviii, 18Sara (Sar’a), Jos., xix, 41; Esthaol (Aschoû'a), Jos.six, 41; Aïalon (Yàlo), Jos., xix, 42; II Par., xxviii, 18Salebim ou Sélebin (Selbît), Jos., xix, 42; III Reg., iv, 9Acron ou Accaron ('Aqir), Jos., xix, 43. Voir les cartesde Juda et de Dan. Nous croyons inutile de chercher deux

vantes: 1° Bethsamès est mentionnée, III Reg., iv, 9, avec Salebim et Élon parmi les cités soumises à l’intendance de Bendécar; elle devait donc, comme elles, appartenir à la tribu de Dan. Jos., xix, 42, 43. — Nous feronsremarquer que les circonscriptions territoriales indiquéesIII Reg., iv, 8-19, ne correspondent pas exactement auterritoire de chaque tribu, mais sont plutôt déterminéesd’après la fertilité relative de chaque contrée, de manièreà favoriser la juste répartition des charges. Voir Béthanan. — 2° Dans Josué, les villes d’un même groupe fontpartie de la même région. Or Bethsamès, ville sacerdotale, Jos., xxi, 16; I Par., VI, 59, est citée avec Jéther

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527. — Aïn -Schems (Bethsamès). D’après une photographie de M. L. Heidet

villes distinctes dans ce cercle restreint, quand un seul pointpeut répondre aux exigences des textes. Nous trouvons, en «ffet, sur la limite des deux tribus un village dont le nom reproduit exactement l’antique dénomination: 'Aïn Schems, ijH^ii k**C = tfoitf n>3, Bêf semés. La première partie

du mot, beth, «maison,» a été remplacée par un autrenom commun, 'aïn, «source,» ce qui s’est produit plusd’une fois dans l’onomastique palestinienne; ainsi Bethagla est devenu 'Aïn Hadjlâ. Les formes primitives, Hirsémés et Bethsamès, subsistant dans la forme actuelleAïn Schems, «source du soleil,» indiqueraient, d’aprèsquelques-uns, que, dans l’antiquité, cet endroit était consacré au culte spécial de l’astre du jour, comme l'étaientles villes appelées par les Grecs Héliopolis, en Egypte eten Syrie. Cette explication n’est nullement certaine: lesChananéens adoraient le soleil sous le nom de Baal etnon sous celui de semés; le nom de «maison du soleil» devait donc signifier autre chose que lieu consacré à honorer le soleil (fig. 527).

Ceux qui veulent distinguer deux villes, l’une de Dan, l’autre de Juda, feront probablement les objections sui(Khirbet 'Attîr), Esthémo (Es-Semou’a), Jeta (Youtta), etc., situées dans le district montagneux qui s'étend ausud d’Hébron. — Le principe est parfaitement exact, répondrons-nous; seulement son application ici n’est pasrigoureuse, parce que les villes sacerdotales et lévitiquesn'étaient pas nécessairement cantonnées dans le mêmecoin. Ensuite, nous avons dans le même groupe une autrelocalité qui s'éloigne des autres dans la direction deBethsamès, c’est Lobna (hébreu: Libndh). Jos., xxi, 13; I Par., vi, 57. Son emplacement n’est pas connu; mais elle est comprise dans la troisième série des villesde «la plaine» ou Séphéla, Jos., xv, 42, et les nomsqui l’accompagnent nous reportent principalement autour de Beit-Djibrïn (Éleuthéropolis). Nous en pourrions dire autant d’Asan. I Par., vi, 59. — 3° Enfin, siBethsamès appartenait à Dan, elle devrait être énuméréeavec les villes sacerdotales de cette tribu, Elthéco, Gabathon, Aïalon et Gethremmon. Jos., xxi, 23, 24; xix, 42, 44, 45. Cf. Reland, Païsestina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 656. Mais il est facile d’admettre que Bethsamès étantsur la limite même des deux tribus, et étant détachéede Juda, ait été rangée par l’auteur sacré parmi les cités

de cette dernière données aux prêtres. Il y a d’autres cas oùles villes frontières restent dans une certaine ligne flottante.L’Écriture elle-même fixe bien la position de Bethsamès.Aux points que nous avons déterminés plus haut, nous ajouterons les suivants. Cette ville se trouvait nonloin du pays philistin, I Reg., vi, pas très éloignée nonplus de Cariathiarim (Qariet el-’Enab), I Reg., vi, 21; vu, 1. L’expression «descendre», employée Jos., xv, 10; I Reg., vi, 2! , indique que son altitude était inférieure àcelle de sa voisine, ce qui s’explique aussi par la proximitéd’une «vallée» dans laquelle les habitants «moissonnaientle blé» au moment où l’arche sainte leur futramenée. I Reg., iii, 13. Enfin une «route» (hébreu: dérék) conduisait d’Accaron à Bethsamès. I Reg., vi, 9, 12. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 106, 237, la placent à dix milles (prèsde quinze kilomètres) d’Éleuthéropolis ( Beit - Djibrîn)en allant vers Nicopolis (’Amouâs). Ils se trompent enl’assignant à la tribu de Benjamin, et la distance marquéeest un peu trop faible. Tous ces détails conviennent parfaitementà’Ain Schems, qui se trouve précisément àl’intersection des deux routes dont l’une va de Beit-Djibrinà’Amouâs, et l’autre se dirige en arc de cerclede la plaine philistine à Jérusalem: c’est la voie ferréeactuelle, qui suit longtemps Vouadi es-Serâr, valléed’abord large, qui se rétrécit ensuite. Les ruines qui signalentcet endroit «sont éparses sur deux collines peuélevées, en partie semées d’orge ou plantées de tabac, enpartie couvertes de broussailles et de hautes herbes. Desamas de pierres mal taillées, de dimensions diverses, mais la plupart de moyenne grandeur, sont disséminéspêle-mêle sur le sol. On observe aussi les arasem*nts de

: plusieurs vieux murs et les assises inférieures de nombreux

/ compartiments, qui constituaient les enceintes d’autant) de petites maisons, depuis longtemps sans doute renversées.Cinq ou six pauvres familles arabes y habitent aumoment de la récolte. Entre les deux collines est unepetite mosquée.» V. Guérin, Judée, t. ii, p. 18. Les restesd’une ancienne ville sont encore bien marqués. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 224; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 60.

IL Histoire. — Le fait le plus important qui se rattacheà Bethsamès est celui qui est raconté au chap. vidu premier livre des Rois. L’arche d’alliance, prise parles Philistins, était depuis sept mois dans leur pays, quand, frappés de plaies cruelles, ils résolurent de la renvoyeren Israël. D’après le conseil de leurs prêtres et de leursdevins, ils la placèrent sur un char neuf, attelé de deuxvaches qui n’avaient pas encore porté le joùg. Pour s’assurerque leurs maux étaient bien l’œuvre de Dieu et nonl’effet d’un simple accident, ils enlevèrent aux génissesleurs veaux, afin de voir si elles prendraient le cheminde la terre israélite plutôt que celui des étables, où ellesétaient naturellement attirées. Ils eurent soin de joindredes présents à l’arche sainte. Les vaches se dirigèrentvers Bethsamès en mugissant, mais sans se détourner.Les habitants du pays étaient occupés à la moisson dufroment, dans la vallée, c’est-à-dire dans Youadi es-Serar, lorsqu’ils virent inopinément l’arche d’alliance. Elle s’arrêtadevant une grande pierre, dans le champ de Josuéle Bethsamite. Les Israélites furent pleins de joie, etles lévites qui habitaient la ville, mettant le char enpièces, en placèrent le bois sur la grande pierre et offrirentles deux génisses en holocauste. Les princes des Philistins, qui avaient suivi de loin ce qui se passait, reconnurentd’une manière visible la main de Jéliovah et s’enretournèrent à Accaron. Mais, au milieu de la fête, Dieu, pour punir la curiosité indiscrète des Bethsamites, en fitpérir un grand nombre; le texte hébreu porte: «soixante-dixhommes du peuple et cinquante mille.» I Reg., vi, 19.Tout le monde admet ici une interpolation ou uneerreur de copiste; le chiffre est évidemment exagéré.

Outre les difficultés grammaticales ( cf. Keil, Die BûcherSamuels, Leipzig, 1875, p. 58), il est certain qu’il nepouvait y avoir ni à Bethsamès ni dans les environs unepopulation de cinquante mille habitants; il ne peut nonplus être question ici d’un rassemblement extraordinairedu peuple, venant de tout le pays et d’une assez grandedistance. Josèphe, racontant le même événement, Ant.jud., l, I, 4, ne parle que de soixante-dix morts. LesBethsamites effrayés prièrent les habitants de Cariathiarimde venir prendre l’arche d’alliance et de l’emmenerchez eux. Pour les détails archéologiques et historiquesqui illustrent ce récit, voir F. Yigouroux, La Bible et lesdécouvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iii, p. 395-398.

— Sous Salomon, Bethsamès fut soumise à l’intendancede Bendécar. 1Il Reg., iv, 9. C’est là aussi que se rencontrèrentJoas, roi d’Israël, et Amasias, roi de Juda; celui-ci, qui avait imprudemment provoqué son rival, futbattu, vit son armée en déroute et fut emmené prisonnierà Jérusalem. IV Reg., xiv, 11-13; II Par., xxv, 21-23. Sous le règne de l’impie Achaz, les Philistins s’emparèrentde cette ville, en même temps que de plusieursplaces qui bordaient leur territoire. II Par., xxviii, 18.

A. Legendre.

2. BETHSAMÈS (Septante: Batôtyajjujç; Codex Alexandrinus: Ba’.$ai.&i), ville frontière de la tribu d’Issachar.Jos., xix, 22. Elle est citée entre le Thabor et le Jourdain.On a proposé de la reconnaître dans le KhirbetBessoum, au nord de cette montagne. Le nom serait unecorruption de Bethsamès, comme Beisan en est une deBethsan (hébreu: Bêt Se’ân). Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 155. Mais ce changement est difficile à admettre, et la localité semble plutôt appartenir à la tribu de Nephthali.Les explorateurs anglais ont à leur tour proposé’Ain esch-Schemsiyéh, dans la vallée du Jourdain, ausud de Béisân. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 231; G. Armstrong, Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 35. On peut objecter à cette hypothèseque l’endroit indiqué est à la limite sud d’Issachar, tandis que Bethsamès serait plutôt, d’après le texte sacré, àla limite nord; à moins que Josué n’ait voulu désigner iciles frontières opposées. S’il fallait chercher notre ville entrele Thabor et le Jourdain, on pourrait la placer à KhirbetSchemsin, vers la pointe méridionale du lac de Tibériade.

A. Legendre.

3. BETHSAMÈS (Septante: ©sacraïui; ; Codex Alexandrinus: ©"aa|ioûç, Jos., xix, 38; Ba18ty «iJiûç; Cod. Alex.: Be8(ja|Jiiiç, Jud., i, 33), ville de la tribu de Nephfhali, citée dans deux versets de l’Écriture avec Béthanath. Jos., xix, 38; Jud., i, 33. Les premiers habitants chaiianéensn’en furent pas chassés, mais devinrent tributaires desenfants d’Israël. Jud., i, 33. On a donné comme possiblel’identification de cette ville avec Khirbet - ScJiemsîn, àl’est du mont Thabor. Cf. G. Armstrong, Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, p. 35. Dans ce cas, elle ne serait pas distincte dela cité frontière d’Issachar. Voir Bethsamès 2. Cependantles noms qui la précèdent immédiatement dans l’ënumérationde Josué, xix, 38, Jéron (Yaroun), Magdalel (Medjeidel), Horem (Khirbet Harah) et Béthanath (’Ainîthaou’Anatha) la font remonter bien plus au nord. Pourrait-onla reconnaître dans Khirbet Schem’a, à quatreou cinq kilomètres à l’ouest de Safed, comme le proposentles mêmes auteurs anglais, loc. cit.? C’est très douteux.Les ruines de Khirbet Scheni’a sont situées au sommetd’une colline. «Les arasem*nts de nombreuses maisonsdémolies y sont encore reconnaissables au milieu d’unépais fourré de chênes verts. On y distingue aussi lesdébris d’un petit édifice, jadis orné de colonnes monolithes, dont les tronçons mutilés gisent sur le sol mêlés àun amas confus de pierres de taille.» V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 434. Aux alentours sont plusieurs tombeaux creusés

dans le roc.

A. Legendre.

1737

BETHSAMÈS — BETHSAN

1738

4. BETHSAMÈS (Septante: ’HXtouwo’Xiç èv *QvJ Vulgate: domus solis, «maison du soleil» ), nom qu’ontrouve une fois dans Jérémie, xliii, 13. Annonçant laconquête de l’Egypte par Nabuchodonosor, le prophètedit (d’après l’hébreu): «Et il brisera les colonnes de BêtSemés qui est dans la terre d’Egypte, et il consumera par

528. — Obélisque d’Héliopolis. D’après une photographie.Cet obélisque, le plus ancien qui nous soit connu, est en syéniterouge d’Assouan, et a été érigé par Osertôsen I er, pharaon dela xiie dynastie égyptienne (Ancien Empire).

le feu les temples des dieux de l’Egypte.» Les Septante onttraduit Bêt Semés par Héliopolis, c’est-à-dire la ville bienconnue, située à la pointe d u Delta, à peu de distanceau-dessus du Caire actuel. Il semble y avoir un pléonasmedans leur phrase: ’HXiouiroXe&jç «ttOXouç toù; êv’tiv, «les colonnes d’Héliopolis qui sont dans On;» cesdeux mots, en effet, désignent ordinairement la même

ville. Cependant on peut dire que On, en égyptien i j£,

An, était le nom civil, tandis que le nom sacré était

L J 3 1 Pi-ra, «la demeure du soleil,» prototype

.exact des mots hébreu et grec, Bût Semés et’W.iovn61z; il indiquait la partie de la cité qui contenait les temples.

Cf. J. de Rougé, Géographie ancienne de la Basse Egypte, Paris, 1891, p. 81. Les colonnes (hébreu: massébôt; Septante: <jtû}.o-jî) qui doivent être brisées sont probablementles obélisques élevés au-devant des temples. Il n’en resteplus aujourd’hui qu’un seul debout (fig. 528) sur l’emplacementde cette grande ville, à laquelle les Arabes donnèrentle même nom qu’à la Bethsamès palestinienne, c’est-à-dire’AînSe hems. — Cependant, d’après certains commentateurs, on pourrait ne voir dans le texte prophétiquequ’une allusion générale aux sanctuaires du soleil et auxstatues des dieux sur la terre des Pharaons. Voici, en effet, sur le sens de Pi~Ra, les paroles de M. Brugsch, Dictionnairegéographique de l’ancienne Egypte, Leipzig, 1879, p. 409: «Il y avait, en Egypte, un grand nombre de villeset de sanctuaires qui portaient le nom de Pi-Ra, demeuredu dieu Ra, en l’honneur du dieu solaire Ra, qui y étaitvénéré. Il paraît même que presque chaque temple, decertaine dimension, avait une chambre ou une salle particulièredésignée par le nom de Pi-Ra, où on célébraitle service divin au soleil du matin sous sa forme de Ra…Il faut bien distinguer les parties nommées Pi-Ra d’untemple, dédié à une autre divinité qu’à Ra, de ces grandssanctuaires qui ont été érigés en l’honneur du dieu Ra, et dont le nom Pi-Ra s’appliquait non seulement auxédifices religieux, mais encore aux villes qui les entouraient.» Cf. J. Knabenbauer, Comment, in Jerem., Paris,

1889, p. 494. Voir On, Héliopolis.

A. Legendre.

    1. BETHSAMITE##

BETHSAMITE (hébreu: yosbê Bêf-Sêmés, «les habitantsde Bethsamès,» Jud., i, 33; Bêt hasSimsî, I Sam.(Reg.), vi, 14, etc.). Dans Jud., i, 33, il s’agit des habitantsde Bethsamès de Nephthali; dans 1 Reg., vi, 13-20, des habitants de la ville sacerdotale de Bethsamès, dansla tribu de Dan. Voir Bethsamès 1 et 3.

    1. BETHSAN##

BETHSAN (hébreu: Bêt èe’ân, «maison du repos,» Jos., xvii, 11, 16; Jud., i, 27; III Reg., iv, 12; I Par., vu, 29; par contraction, Bê( San, I Reg., xxxi, 10, 12, et Bêt San, Il Reg., xxi, 12; Septante: BaiO<râv, Jos. 1, xvii, ii, 16; Jud., i, 27; II Reg., xxi, 12; Brjôrav, III Reg., iv, 12; I Mach., v, 52; xii, 40, 41; Baitoâu; , I Reg., xxxi, 10, 12; BaiO<raâv, I Par., vii, 29; ô oTxoç Sâv, III Reg., iv, 12; 2xu6wv 710X15, Judith, iii, 10; II Mach., xii, 29; la Vùlgate l’appelle toujours Bethsan, excepté dansII Mach., xii, 29, où elle la nomme: civitas Scytharum), ville appartenant à la tribu de Manassé occidental, quoique située dans les limites d’Issachar. Jos., xvii, 11;

I Par., vii, 29. Elle se trouvait ainsi à l’ouest du Jourdain, I Mach., v, 52, à la pointe sud-est de la plaine de.lezraël, Jos., xvii, 16, à six cents stades de Jérusalem.

II Mach., xii, 29.

I. Nom. — Bethsan porte aussi le nom grec de Scythopolis(Josèphe, Ant. jud., "V, i, 22; VI, xiv, 8; XII, viii, 5), contraction de SxuOwv iroXiç, «ville des Scythes,» qu’ontrouve dans le livre de Judith, iii, 10, et II Mach., xii, 29.L’expression des Septante, Jud., i, 27, BatOuâv -J) inxiSxl)9ûv tioIh, est justement regardée comme une glose.Quelle est l’origine de cette appellation? Reland, Pakestina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 992, prétend qu’elle vient deSocoth (hébreu: Sukkôf), lieu célèbre dans l’histoire deJacob, Gen., xxxiii, 17, et que le nom de SuxoOotioXiç, donné à la cité la plus importante de cette contrée, seserait ensuite changé en celui de SxuôôïroXtç. Mais, selonla remarque de Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 330, il n’est guère probableque la ville la plus considérable de la région aitemprunté sa dénomination à une autre relativement peuconnue; puis il n’était pas dans les habitudes des Grecsde former de ces mots hybrides, c’est-à-dire de faire entrerles mots étrangers dans leurs noms composés. Cependantla conjecture de Robinson lui-même n’est pas plussatisfaisante, à savoir: que peut-être ici le nom de Scythesne doit pas être pris à la lettre, et qu’il faut entendre par

cette désignation un peuple rude, barbare, comme sont, de nos jours encore, les tribus nomades et sauvages quihabitent le Ghôr. L’explication la plus naturelle est cellequi est tirée d’une invasion des Scythes, mentionnée parHérodote, i, 103-105, à l’époque du roi d’Egypte Psammétique, dont le régne correspond à celui de Josias, roi deJuda. La critique contemporaine admet comme authentiquele fait de cette expédition, regardé un peu légèrementcomme apocryphe par Reland. Cf. Maspero, Histoireancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., Paris, 1886, p. 512-513. Rien ne s’oppose donc à ce que nous

portance de la vieille cité qu’il remplace. Il se trouve àl’extrémité orientale de la vallée qui, courant entre lemassif montagneux du Djebel Dâhy ou Petit-Hermon aunord, et le Djebel Fpqou’a ou les monts de Gelboéau sud, n’est que le prolongement de la grande plained’Esdrelon. Il occupe un petit plateau qui domine lavallée du Jourdain d’une hauteur d’environ cent mètres.Les alentours sont merveilleusem*nt arrosés par quatrecours d’eau principaux: au nord, le Nahr Djaloûd, quiprend sa source vers Zer’în et coule au pied de la collineappelée Tell el-Hosn, l’ancienne acropole de Bethsan;

L.Thiullier.dsi;

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529. — Plan des ruines de Bethsan.

considérions comme certain aussi l’établissem*nt d’unecolonie de Scythes à Bethsan, qui, à cause de cela, auraitpris, dans le langage des Grecs, le nom de Scytkopolis.Cependant le nom primitif persista toujours dans l’usagedu peuple, à coté du nom imposé par la conquête. Aumoment de l’invasion arabe, il reparut, effaçant l’antiquedénomination grecque, comme ce fut le cas dans la plupartdes lieux de Palestine. Cf. Aboulféda, Tabula SyrUe, édit. Kcehler, Leipzig, 1766, p. 84. L’hébreu Bêf Se’ànou Bêf èân se retrouve, en effet, dans l’arabe actuel

/jLumaj, Beisân, en passant probablement par le talmudique tw>3, Bîêan, ou; d’3, Bîsan.

H. Description. — Beisân n’est plus aujourd’hui qu’unpauvre village de trois cents habitants; mais, par sa positionet par les ruines qui l’entourent, on comprend l’imaudessous, un ruisseau vient le rejoindre dans la directiondu nord-est et sépare la colline du village actuel; enfin, au sud, deux autres ruisseaux descendent à traversle Ghôr dans le fleuve. De belles plantations de palmiersfaisaient autrefois l’un des ornements, aussi bienque l’une des principales richesses de Scythopolis.Cf. Sozomène, H. E., viii, 13, t. lxvii, col. 1550. Ellesont presque complètement disparu: trois ou quatrede ces arbres, dont les eaux courantes et la chaleur duclimat favorisaient la culture, sont lé"s seuls et tristesrestes des magnifiques bois du temps passé. Le Talmudvante également les olives de Bethsan et le lin qui ycroissait. Rabbi Meïr dit: «Un champ qui pouvait contenirla sem*nce d’un sàah produisait à Beth-Scheansoixante-dix kor.» Rabbi Simon ben Lakisch exprimed’une manière poétique la richesse et la beauté du sol,:

des plantes épineuses, soit par des légumes. Quant à lascène et à ses dépendances, il n’en subsiste plus que desarasem*nts et quelques magnifiques dalles encore enplace.» V. Guérin, Samarie, 1. 1, p. 286. Au delà, quelquescolonnes de marbre encore debout s’élèvent au milieu desblés; leur circonférence mesure deux mètres vingt.

Au nord du théâtre, et à la distance d’environ huit centsmètres, se dresse une haute colline, appelée Tell el-Hosn; c’est l’antique acropole (fig. 530). En la gravissant, ons’aperçoit qu’elle forme trois plateaux différents, deuxplateaux inférieurs, à l’est et à l’ouest, et un plateau centralsupérieur, du sommet duquel l’œil embrasse un assezvaste horizon. Au nord, s’élèvent les montagnes de Galilée; à l’ouest; s’étend la plaine d’Esdrelon, dont lesderniers prolongements contournent le Djebel Foqou’aen arc de cercle. Du côté de l’est, le regard se porte surle Ghôr et sur le Jourdain; le fleuve serpente au milieud’un épais fourré de roseaux et de bouquets de tamaris.Une quantité de petit* monticules se dressent dans laVallée verdoyante. Le tell était entouré d’un mur d’enceintemesurant deux mètres trente d’épaisseur et revêtuextérieurement d’un appareil de larges blocs, comme l’indiquentquelques pans intacts. À l’extrémité nord-ouestdu plateau inférieur occidental, on remarque les restesd’une puissante porte voûtée, dont les assises inférieuresseules paraissent antiques et datent sans doute de la fondationde la forteresse. Le Qala’at el-Hosn est bordé, aunord et à l’est, par le ravin profond de VOuadi el-Djâloud, qui le rend inaccessible de ces deux côtés.

Le Djisr el-Maqtou’a, au nord-est, était un pont detrois arches, dont les voûtes sont aujourd’hui détruites; l’arche seule du milieu était à cheval sur le lit du torrent; les deux autres reposaient sur les berges; ellesavaient été bâties avec des blocs réguliers de forme carrée, qui en constituaient le parement extérieur. Au delàde ce pont, on observe, sur les flancs d’une colline, plusieurssarcophages mutilés et un certain nombre d’ouvertures, en partie bouchées, qui sont celles d’autant detombeaux. Au-dessus est le réservoir d’etHammam.Enfin, en revenant vers l’ouest, on rencontre Tell el-Mastabahavec les ruines d’un fort; puis le pont supérieur, dit Djisr el-Khân, à l’extrémité nord-ouest du territoirede Beisàn, . offre une belle vue, en bas, dans lavallée jonchée de quantité de colonnes et d’autres ruines.Cf. Robinson, Biblical Besearches, p. 326-329; Surveyof Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 101-113; V. Guérin, Samafie, t. i, p. 285-288.

III. Histoire. — Bethsan occupait une position avantageusesur la route qui allait de l’Egypte à Damas. Ellefut primitivement possédée par une population chananéenne, qui était valeureuse et se servait à la guerre dechariots armés de fer. Jos., xvii, 16. — La demi-tribu, deManassé occidentale ne put en expulser les habitants, qui furent simplement, dans la suite, assujettis à un tribut.Jos., xvii, 12, 13; Jud., i, 27, 28. —Lorsque Saül eutsuccombé sur le mont Gelboé avec ses trois fils, les Philistinsvainqueurs, dépouillant les morts dès le lendemainde leur triomphe, coupèrent la tête du roi, s’emparèrentde ses armes, qu’ils déposèrent en guise de trophée dansle temple d’Astaroth, et suspendirent son corps, avec celuide ses fils, à la muraille de Bethsan. I Reg., xxxi, 8-10.En apprenant cet indigne traitement, les habitants deJabès Galaad, fidèles à la mémoire de Saûl, furent révoltés.Les plus vaillants d’entre eux, marchant toute la nuit, passèrent le Jourdain (la ville était située à l’est, à sixmilles de Pella), enlevèrent le corps du prince et Ceuxde ses enfants, puis, revenus chez eux, les brûlèrent eten ensevelirent les ossem*nts dans les bois de Jabès.I Reg., xxxi, 11-13; II Reg., xxi, 12. — Sous Salomon, Bethsan et tout le district qui en dépendait étaient administréspar un commissaire nommé Bana, fils d’Ahilud, un des douze préfets établis sur Israël et chargés de fourniraux dépenses de la table royale. III Reg., iv, 12. — Le

texte grec de Judith, iii, 10, nous montre Holopherne passantpar la plaine d’Esdrelon et campant pendant un moisentre Gæbae (ratëai) et ScythQpolis. — Judas Machabée, après son expédition dans le pays de Galaad, l’an 163avant J.-C, retraversa le Jourdain vis-à-vis de Bethsan.I Mach., v, 52. Il se rendit ensuite à la ville; les Juifsqui l’habitaient accoururent au-devant de leurs frères etleur dirent qu’ils avaient toujours été traités avec bienveillancepar les Scythopolitains, même au plus fort descalamités qui avaient pesé sur leur nation. Judas adressadonc de vife remerciements à la population, et l’exhortaà persévérer dans ces bons sentiments à l’égard de sonpeuple. II Mach., xii, 29-31. Vingt ans plus tard, Tryphon, qui avait formé le projet de supplanter le jeune Antiochus, et qui craignait que Jonathas ne s’opposât à satrahison, vint en Palestine avec une armée et s’établit àBethsan. Jonathas vint l’y rencontrer avec quarante millehommes. Mais le général syrien endormit la défiance deson adversaire par de belles promesses, et l’attira perfidementà Ptolémaïde, où il s’empara de sa personne pourbientôt le faire mourir. I Mach., xii, 39-48.

L’histoire, en particulier celle des Juifs à l’époque machabéenne, et les vestiges de plusieurs temples épars aumilieu des ruines de Beisàn, montrent que cette ville, d’où les anciens Israélites n’avaient pu Chasser les Chananéens, resta toujours une cité en partie païenne. Josèphela mentionne sur les confins de la Galilée vers lesud. Bell, jud., III, iii, 1. C’était, de son temps, la plusgrande ville de la Décapole, district auquel elle appartenait, bien que située sur la rive occidentale du Jourdain.Bell, jud., III, ix, 7. Épicrate, général d’Antiochus deCyzique, l’an 109 avant J.-C, la vendit à Hyrcan par trahison, avec les autres villes des environs occupées parles Syriens. Ant. jud., XIII, x, 3. Huit ans plus tard, Cléopâtre, mère de Ptolémée Lathyre, y eut une entrevueavec Alexandre Jannée, et fit alliance avec ce prince.Pompée s’en empara dans sa marche de Damas en Judée, mais il la rendit ensuite à ses propres habitants. Ant. jud., XIV, iii, 4; iv, 4. Gabinius, proconsul de Syrie, la lit réparer.Ant. jud., XIV, v, 3. C’est peut-être à cette époquede restauration qu’il faut attribuer le théâtre et quelques-unsdes autres édifices ornés de colonnes dont nous avonssignalé les ruines. Les Talmuds ne la mentionnent jamaissous un autre nom que celui de Beischan ou Beth-Schean.Comme cette ville était habitée par des païens(cf. Josèphe, Vit., 6), elle n’était pas, à une certaineépoque, comptée parmi les villes de la «Terre d’Israël».Les Juifs qui y demeuraient étaient très minutieux dansl’accomplissem*nt de certaines pratiques religieuses. Talmudde Babylone, Pesahim, ꝟ. 50 b. On dit des Bischni ouBaïschani qu’ils observent très rigoureusem*nt le sabbat.Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 174. Autemps d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 105, 237, Scythopolis continuait d’êtreune ville importante, ém’ur^o; IlaXatorivr]; itéXiç- Eue

était le siège d’un évêché.

A. Legendre.

BETHSÉMÉS. LaVulgate appelle ainsi, IPar., vi, 59, la ville sacerdotale de la tribu de Dan dont elle écritpartout ailleurs le nom Bethsamès. Voir Bethsamès 1.

    1. BETHSETTA##

BETHSETTA (hébreu: Bêt has-sittàh, «maisonde l’acacia;» Septante: Br|6<rsèê; Codex Alexandrinus: BadssTtâ), endroit par où s’enfuit l’armée des Madianites, après sa défaite par Gédéon. Jud., vii, 23 (hébreu et Septante, 22). M. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 301-303, l’identifieavec le village actuel de Schouttah, à deux heuresenviron au nord-ouest de Beisàn. Ce nom, en effet, écrit

(1^, Schoufta’, par les uns, et ij^&j Schout(ah, par

les autres, reproduit fidèlement l’hébreu: n - a^ [n n>£ ],

[Bit has-]sittâh, dont la première partie, beth, «mai

Vulgate. Cette distance de «cinq stades» est, on n’enpeut douter, une erreur de quelque copiste grec: le CodexA lexandrinus porte SXOINOTS I1ENTE, «cinq schènes».Le schène égyptien étant de trente stades, les cinq schèneséquivalent à cent cinquante stades (une vingtaine demilles ou un peu plus de vingt-cinq kilomètres); c’està cette même distance qu’Eusèbe et saint Jérôme, le pèlerinde Bordeaux et d’autres indiquent Bethsur, commenous le verrons plus loin, et c’est là que nous trouvonsaujourd’hui le khirbet (ruine) appelé Beth-es-Sur ouBordj-Sur, «la forteresse de Sur.» Il ne fout pas oublier

ans après, Lysias revint avec cent vingt mille hommeset de nombreux éléphants mettre le siège devant Bethsur.Longtemps la ville résista, et ses défenseurs firent des prodigesde valeur; mais Judas ayant dû se retirer devant lenombre, Bethsur, manquant de vivres, fut obligé decapituler. I Mach., vi, 49 et 50; II Mach., xiii, 18-22.Il avait été convenu que la population emporterait toutce qu’elle voudrait, mais les Grecs la dépouillèrent de tout.Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 5, édit. Didot, t. i, p. 470.Après la mort de Judas, Bethsur devint le refuge desJuifs apostats. I Mach., x, 14. En 145, Simon Machabée

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532. — Aïn-Dirouéh. Fontaine do Saint -Philippe. D’après une photographie de M. L. Eoldet.

que Bethsur était sur les confins de l’Idumée, et qu’Hébronet Ador faisaient partie de l’Idumée à l’époque desMachabées.

I. Histoire. — Bethsur, d’après une interprétation deI Par., ii, 45, adoptée par de nombreux commentateurs, fut fondée par le peuple de Maon. Sous Josué, elle futdonnée, avec Halhul et Gédor, au milieu desquelles elleest nommée, à la tribu de Juda. Jos., xv, 58. Roboamla fit fortifier, et en fit ainsi l’une des principales villesfortes de Juda. II Par., xi, 7. Les Iduméens durent s’enemparer au temps de la captivité de Babylone, puisqu’ellefut considérée ensuite comme ville de l’Idumée. Au temps, des Machabées, elle fut témoin de glorieux combats, etparaît même, après Jérusalem, avoir été le principal boulevarddes défenseurs du culte de Dieu contre l’hellénisme.C’est sous Bethsur qu’en 165 avant J.-C, JudasMachabée, avec dix mille hommes, défit Lysias, dontl’armée était forte de soixante mille fantassins et cinqmille cavaliers. I Mach., iv, 28-36; Il Mach., xi, 1-12.Cf. Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 5. Judas fortifia alorsBethsur et y mitune garnison. 1 Mach, , IV, 61; vi, 7. Deux

l’assiégea longtemps, et les Grecs durent se rendre; illes chassa, améliora les fortifications de la ville et y mitune garnison. I Mach., XI, 65; xiv, 7, 33.

Bethsur fut célèbre chez les chrétiens, parce que c’està la fontaine qui coule dans son voisinage que, d’aprèsla tradition, le diacre saint Philippe baptisa l’eunuque dela reine d’Ethiopie. Act., viii, 26-39. Le pèlerin de Bordeauxla visita en 333: «De là (Bethléhem) à Bethsura, quatorze milles. Là est la fontaine où saint Philippe baptisal’eunuque. De là au Térébinthe, huit milles.» Peregrinatio, dans les Jtinera hierosolymitana latina, édit. de l’Or. lat„ t. i, p. 19. Eusèbe et saint Jérôme, De situ et nom., t. xxiii, col. 882, attestent la même tradition: «Bethsur, dans la tribu de Juda ou de Benjamin; c’est aujourd’hui un village appelé Bethsoron (By)6crrapa)), sur la route d’jïlia (Jérusalem) à Hébron, au vingtièmemille. À côté est une fontaine sortant de la montagne enbouillonnant, dans laquelle on dit que fut baptisé l’eunuquede Candace par Philippe.» Sainte Paule y vint aussi(vers 404), et, «laissant Bethsur à droite, elle se rendit delà àEscol, puis à Hébron. «Peregr., dans Jtin. hier, fat.,

Siméon. D’autres assimilent Béthul à la Bï|9eX! a dontparle Sozomène, H. E., lib. v, 15, t. lxvii, col. 1260.C’était un bourg des environs de Gaza, très peuplé etpossédant des temples vénérés tant pour leur antiquitéque pour leur structure; il y avait surtout un Panthéon, placé sur une colline artificielle et dominant toute la ville, qui avait reçu de là son nom de «demeure des dieux».Cette Béthélie ne peut être que le village actuel de BeitLâhia, au nord-est de Gaza, visité par M. V. Guérin, Judée,

t. ii, p. 176.

A. Legendre.

    1. BETHULIE##

BETHULIE (grec: BeiuXoiia; syriaque: Beit-Palou; arabe: Beif-Faloua’), patrie de Judith, la célèbre héroïnequi sauva son peuple en tranchant la tête d’Holopherne, général de l’armée assyrienne. À l’arrivée des troupesenvahissantes, les habitants de cette ville, obéissant auxordres du grand prêtre, se mirent en devoir de leur barrerle passage. Enfermés dans leurs murs et privés d’eau, ilsétaient presque réduits au désespoir, quand la mort d’Holophernevint les délivrer. — Les indications sur Béthuliedoivent être demandées de préférence à la version grecque, parce qu’elle les donne plus complètes et plus précises quela Vulgate, dont la traduction, comme nous en avertit sonauteur, saint Jérôme, se contente d’exprimer le sens du textechaldaïque, sans s’attacher à rendre toutes les paroles.Prasf. in Judith, t. xxix, col. 39. Nous citons done d’aprèsle grec, tout en indiquant les passages correspondants ouanalogues de la Vulgate.

1° Béthulie était située sur une montagne: grec, vi, 7, Al. 12, 13;-vil, 1, 7, 10, 12, x, 10; Vulgate: i, 8 et 9; "vu, 8; x, 11. — 2° Une source sortait du pied de la montagne, dans la vallée, près de Béthulie: vii, 3, 12; xii, 7; Vulgate: vii, 6; xii, 7. D’après ce dernier passage de laVulgate, un aqueduc venant du sud aurait amené leseaux de la source à la ville; Holopherne l’aurait fait couper.Au passage correspondant, le grec, vii, 12, et lesautres versions disent seulement que la source coulait dupied de la montagne, et que le général la fit garder pourempêcher les assiégés de venir y puiser de l’eau. La traductionlatine est ici sans doute défectueuse; car il est difficiled’expliquer comment les eaux d’une source, sortantdu pied de la montagne sur laquelle la ville était bâtie, pouvaient être amenées à cette ville par un aqueduc.Plusieurs autres sources, moins importantes cependantque cette première, étaient aux alentours de la ville; Holopherne les fit également garder: vi, 11; vii, 7 et 17; Vulgate: "vu, 7. — 3° Béthulie était en face de Jezraël ouEsdrelon, dominait la plaine qui est vers Dothaïn et commandaitles défilés qui donnent accès vers la Judée: iv, 6-7. La version grecque semble n’indiquer cette situationque pour Béthomestaïm: «Le grand prêtre Joachim, dit-elle, écrivit aux habitants de Bétyloua et de Béthomestaïm, qui est devant Esdrelon et en face de la plaine, prèsde Dothaïn, leur disant d’occuper les passages des montagnes, parce que c’est par eux que l’on va en Judée; etil était facile d’en empêcher l’abord, les passages étantétroits et pas plus de deux hommes ne pouvant y passerà la fois.» La version syriaque applique toutes ces conditionsaux deux localités: «Le grand prêtre… écrivitaux habitants de Beth-Palou et de Beth-Mastim, qui sontsur la chaîne des montagnes qui est en face de Jezraël etde la grande plaine voisine de Dothàn.» La Vulgate faitde même en disant que le grand prêtre écrivit «à tousceux qui étaient en face d’Esdrelon 11. Du reste, la missioncommune confiée aux deux villes suppose le voisinageet la parité de situation. — 4° Béthulie était voisine deDothaïn, Belma et Cyamon ou Chelmon, située entreDothaïn et Belma d’une part, et Cyamon d’autre part.Cette position ressort manifestement de la description del’investissem*nt de la ville par les Assyriens: «Ils établirentleur camp, dit la version grecque, dans la vallée, près de Béthulie, près de la fontaine, et ils s’étendirenten largeur sur Dothaïn et jusqu’à Belthem (divers manuscrits ont Belbaïm et Belmaïm; la Vulgate a Belma), eten longueur depuis Bétyloua jusqu’à Cyamon, qui est enface d’Esdrelon.» vii, 3. D’après la version arménienne, les assiégeants campaient «du côté du midi, en largeurde Dothaïm à Pelpem»; d’après le syriaque, «depuisQadmon jusqu’en face de Jezraël.» La Vulgate dit, vii, 3: «Ils vinrent par le bas de la montagne jusqu’au sommetqui regarde sur Dothaïn, depuis le lieu qui est appeléBelma jusqu’à Chelmon, qui est contre Esdrelon.» Levoisinage entre Béthulie, Dothaïn et Belma devait êtreimmédiat; car Manassé, mari de Judith, «étant mort àBéthulie, sa ville, fut enseveli dans la sépulture de sespères, dans le champ qui est entre Dothaïn et Bélamon.» vm, 3. La coutume des Juifs était d’ensevelir leurs mortsdans le territoire de leur ville; aussi la Vulgate dit-ellesimplement: «Il mourut à Béthulie, sa ville, et il y futenseveli,» viii, 3; et plus loin, au sujet de Judith: «Ellemourut et fut ensevelie avec son mari à Béthulie.» xvi, 28.Le champ entre Dothaïn et Belma doit donc être considérécomme commun aussi à Béthulie.

La tradition locale a perdu depuis longtemps le souvenirde Béthulie. Eusèbe et saint Jérôme ne nous en disentrien. Si, après eux, de nombreux voyageurs en parlent, c’est pour nous en donner des identifications qui se contredisentles unes les autres, et le plus souvent semblenttenir très peu compte des conditions géographiques ettopographiques dans lesquelles la place l’Écriture.

Théodosius, vers 530, nous montre «Béthulie, où Holophernefut tué par Judith, à douze milles de Raphia», qui est elle-même «à vingt milles de Gaza». De TerraSancta, édit. de VOrient latin, Itin. latin., t. i, p. 70-71.C’est la Béthélia dont parle Sozomène, H. E., v, 15, t. lxvii, col. 1200, appelée Betulia par saint Jérôme, dansla Vie de saint Hilarkm, t. xxiii, ’col. 44, identiquesans doute à l’antique Béthul ou Béthuel de la tribu deSiméon, nommée au livre de Josué, xix, 4, et au I er desParalipomènes, iv, 30. Calmet, se basant sur la similitudedes noms et sur ce qu’Ozias, l’un des chefs deBéthulie, était de la tribu de Siméon, et peut-être Judithelle-même (cf. Judith, vi, 15 [ Vulgate, 11], et ix, 2), veutque Béthulie soit Béthuel de Siméoii. Comment, sur Judith, 1756, p. 331, et Dictionnaire de la Bible, t. i, p. 154.Mais il n’est nullement établi que les gouverneurs desvilles et des régions, — comme, par exemple, les chefspréposés par David et Salomon, I Par., xxvii, 16 et suiv., et III Reg., iv, 7 et suiv., — étaient nécessairement etsans aucune exception de la tribu dans laquelle ils exerçaientleurs pouvoirs; il est bien moins prouvé encorequ’une ville ne pouvait être habitée par des gens étrangersà sa tribu: Nazareth, par exemple, ne doit pas êtrecherchée dans la tribu de Juda parce qu’elle fut la résidencede Joseph et de Marie, qui étaient de la tribu deJuda.

Les relations du temps de la domination franque enTerre Sainte signalent généralement Béthulie à quatremilles de Tibériade, sans doute vers le sud, où la plupartd’entre elles indiquent Dothaïn: ainsi l’anonyme citépar M. de Vogué, dans Les églises de la Terre Sainte, p. 423; ainsi Jean de Wurzbourg, Patr. lat., t. clv, col. 1071; Théodoric, édit. Tobler, 1865, p. 102; Hégésippe, Fretellus, Odoric de Fréjus, et plusieurs autresqui paraissent copier les précédents. À une heure et demieau sud-ouest de Tibériade, à une demi-heure au sudestde Damiéh, se trouve, sur une colline, une ruinenommée Bessoum; peut-être est-ce l’endroit désignépar ces relations. Mais cette situation, à près de septlieues au nord de Bethsan (Scythopolis), où campait Holopherneavant le siège de Béthulie (Judith, grec, iii, 10), nullement en face de Jezraël et de la plaine de ce nom, loin de la chaîne dont les montagnes s’unissent au massifdes monts de la Judée, n’est certainement pas celle quedésigne l’Écriture.

Une charte de 1139, acte de la donation faite par

Raymond de Tripoli à l’église du Mont-Thabor du Casaide Bethsan, cite une terre «du côté de Béthélion», etajoute que la limite du Casai touche, «au sud, à la vieilleroute, près de Béthélion.» On remarque parmi les signatairesGocelin de Chalmont et Pierre Raymond de Balma.Sébast. Pauli, Codex diplomat., 1733, n° 18, 1. 1, p. 19.Ce Béthélion paraît avoir été dans le voisinage de Fokoua, aux monts de Gelboé. C’est dans cette région queThietmar, en 1217, semble placer Béthulie: «Je vis aussi, ’dit-il, les monts Gelboé…; de même là, dans le voisinage, est Béthulie, ville de Judith.» Peregrinatio, édit. Laurent, 1857, p. 7. M. Fahrngruber pense que ce Béthélionn’est autre que Beth - Ilfa, Nach Jérusalem, Wurzbourg, l re édit., p. 395, note. Nous en parlerons plus loin.

Le dominicain Burkard, en 1283, indique Tibériade àdeux bonnes lieues de Béthulie, «entre l’orient et le midi.» Laurent, Quatuor peregrinat., p. 44 et 45. Marino Sanuto, en 1321, marque Béthulie sur une carte suivant cette indication.Voir Bongars, Gesta Bei per Francos, IIe partie, p. 247, 251 et carte. Adrichomius place Béthulie égalementen Galilée et dans la tribu de Zabulon, à deux lieues vers lenord-ouest. Theatrum Terres sanctse, 1613, p. 137, et cartede Zabulon et Issachar. Or, à deux lieues au nord-ouestde Tibériade, nous trouvons la montagne appelée Qoroûn-Ifatfîn, «les Cornes de Hattin,» du nom du village assisvers sa base au nord-ouest. Elle domine le Merdj-Ifattînou «Pré de Hattin», qui se développe vers l’est. C’est souscette montagne que, en 1187, Saladin défit Guy de Lusignanet les croisés. De nos jours, M. l’abbé Raboisson, En Orient, Paris, in-f°, 1887, appendice C, p. 328-340, a repris l’identification de Hattin. Selon lui, le nom deBéthulie se retrouve dans celui de Khirbet el-Medinet-eth-Thaouiléh, que les habitants de la contrée donnent quelquefoisaux ruines qui couronnent le sommet de la montagne.Les autres localités citées avec Béthulie se reconnaîtraientencore aux alentours: Hattin serait Dothaïn; Loubiéh serait Belma; l’Hermon, près du Thabor, seraitChelmon. Toutefois, selon les habitants de Hattin, lenom de Khirbet el-Medinet-et-Taouîléh, «ruines de laville longue,» est un nom moderne, qu’ils ont attribuéà ces ruines à cause de leur forme: elles s’étendent, eneffet, sur une longueur de plus de quatre cents pas, tandisqu’elles en mesurent moins de cent en largeur. Dureste, quoi qu’il en soit de l’étymologie, les indicationsbibliques ne paraissent guère convenir à la montagnede Hattin, qui est à près de deux lieues plus au nordque Bessoum, séparée de Jezraël et de sa plaine parle Thabor et les montagnes de la Galilée inférieure, àprès de dix lieues des défilés des montagnes judéo-samaritaines.

Au xviie siècle, les Juifs croyaient, s’il faut ajouter foiau P. Nau, jésuite, que Saphet était l’ancienne Béthulie, ce qui ne paraît pas tout à fait improbable à l’auteur duNouveau Voyage de la Terre Sainte, Paris, 1679, p. 563et suiv. Mais Saphet, plus au nord encore que Hattin etloin de toute plaine, peut bien moins que toutes les localitésprécédentes se trouver dans les conditions indiquées.Outre ces endroits, les anciens ont identifié Béthulie avecdivers autres, mais sans plus de fondements. De nosjours, quatre localités se sont surtout partagé les opinions: Messiliéh, Tell-Kheibar, Sanour et Beth-Ilfa.(Voir la carte, n° 533.)

1° Messiliéh ou Messilia est un village à deux lieues ausud de Djénin et de la plaine de Jezraël, à une grandelieue au sud-est de Dothaïn et à deux kilomètres de laroute qui mène de Galilée en Judée par la Samarie. Ilest assis sur les pentes septentrionales des monts quiferment au sud la belle et assez spacieuse vallée nomméeOuadi el-Milk, «la vallée du Domaine.» Ce nom, prispour Ouâd’el - Malik, «la vallée du Roi,» celui del’endroit, qui a quelque ressemblance avec celui de Béthulie, sa situation assez rapprochée de Dothaïn et duch*emin de la Judée, ont paru au lieutenant Conder, chef

de la Société du Palestine Exploration Fund, des motifssuffisants pour proposer l’identification de -Messiliéh avecBéthulie. Tentwork in Palestine, Londres, 1879, t. i, p. 99.

2° Le D’Riess, Bïbelvtlas, 2e édit., 1887, et plusieursautres opinent de préférence pour Tell-Kheibar. C’est, ainsique l’indique ce nom, une colline se dressant d’environ

£.&uff£ar, <£7>

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533. — Carte des divers sites attribués à Béthulie..

200 mètres au-dessus du Merdj - el - Gharouq, vers l’extrémitésud de cette plaine, à une heure plus au midi queMessiliéh. Elle est tout entière couverte de ruines paraissantremonter au temps des Juifs. Un mur construit engros blocs assez grossièrement taillés l’environne; une secondeenceinte, formée également de gros blocs, mais donton ne voit plus guère que les arasem*nts, s’élevait auxdeux tiers de sa hauteur. Une tour d’environ dix mètres decôté couronnait le sommet. Les intervalles sont couverts dedébris d’habitations sous lesquels on retrouve d’antiques

citernes. Tell-Kheibar n’est qu’à cinq cents mètres aunord-est de Métheiloûn, nom qui rappelle Béthélion, etqui peut avoir été transporté de la forteresse voisine aprèssa destruction, ainsi qu’il est arrivé pour d’autres localités.Au sud et à peu de distance, les chemins de la Judée s’engagentdans des gorges resserrées. Un chef d’armée voulanty passer ne pouvait laisser derrière lui une forteressedont les gardiens auraient inquiété l’arrière de son armée.Ce sont les raisons que l’on peut invoquer en faveurde Tell-Kheibar.

3° Sanour, gros village entouré d’un mur flanqué detours, s’élève sur une colline raide et rocheuse qui s’avanceen promontoire des monts formant à l’ouest leMerdj-el-Gharouq (fig. 534). II est à une lieue et demieau sud de Dothaîn, à trois lieues de Djénin et de la plaine

d’ailleurs aux environs de Beth-Ilfa. Zéraïn, l’antique Jezraël, n’en est distant que de deux lieues et peut être aperçudes hauteurs voisines. Non loin, vers le sud, est la vieilleroute qui, venant de Beisân, traverse par des passagesétroits les monts de Gelboé, pour conduire par Beth-Kadà Djénin et aux montagnes de la Samarie et de la Judée.Ces monts de Gelboé, se dressant comme un mur devantBeisân et la large vallée du Nahr Djaloud, où campaientHolopherne et son armée, étaient le premier obstacle quel’on ne devait pas manquer d’opposer à l’armée envahissante.Ces diverses conditions conviennent évidemmentà Béthulie; mais il en est d’autres, et d’essentielles, quimanquent à Beth-Ilfa. D’abord Béthulie était sur une montagne, et Beth-Ilfa est au pied de la montagne de Fakoua, dans la vallée du Nahr Djaloud, à 75 mètres au-dessous du

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534. — Sanour. D’après une photographie.

d’Esdrelon, tout voisin des passages étroits par où pénètrentles chemins de Sichem et de Samarie. Raumer, de Saulcy, Mislin, Victor Guérin et la plupart des pèlerinsde nos jours regardent Sanour comme Béthulie. «Aucunautre site jie paraît lui convenir mieux que Sanour,» ditM. Guérin, Samarie, t. i, p. 346.

Aucune de ces trois localités ne peut être Béthulie.Messiliéh et Tell-Kheibar ont, il est vrai, quelque analogiede nom avec Béthulie, et, de même que Sanour, elles ne sont pas très éloignées de Dothaîn et de Zéraïn, l’antique Jezraël, de sorte qu’elles peuvent défendre aubesoin les passages qui mènent à la Judée, mais ces troislocalités ne sont pas en face de Jezraël et de sa plaine; elles en sont séparées par deux lieues de montagnes plusélevées; on ne trouve pas non plus sous leurs murs cessources multiples où les habitants de Béthulie pouvaientaller se désaltérer.

4° L’identification de Beth-Ilfa avec Béthulie a été proposéeet soutenue par le consul prussien de Jérusalem, M. Schulz, et par Karl Ritter, Erdkunde von Asien, t. xv, p. 433. Le i, vav, se prononçant souvent v chez les Juifs, et f chez les Arabes, — comme, par exemple, la particulefa, «et,» qui n’était primitivement que Vu conjonction, Beth-Ilfa peut être considéré comme absolument identiqueà BrfoXoûa ou Bê}-Ilva. Les eaux ne manquent pas

niveau de la Méditerranée. Si l’on suppose que le nom deBeth-Ilfa a été transporté des hauteurs voisines, il manqueà ces hauteurs mêmes la condition fondamentale, quimanque également à Messiliéh, Tell-Kheibar, Sanour ettoutes les localités proposées, d’être situées entre Dothaînet Belma, d’une part, et Cyamon, d’autre part.

Le Dothaîn ou Dothân du livre de Judith est, selontoute vraisemblance, le Dothaîn de la Genèse, xxxvii, 17, écrit Dothàn au IVe livre des Rois, vi, 13, que le Liber desitu et nominibus, t. xxiii, col. 890, nous montre à douzemilles au nord de Sébaste; il est incontestablement, ditM. Victor Guérin, exprimant le sentiment universel, identiqueà Tell -Dothân, petite colline avec les restes d’unvillage antique, à l’extrémité sud du Sahel ou «plaine» de’Arrabéh. (Voir Dothaîn.) Belma ou Belthem, qu’il fautchercher à une des extrémités de la plaine de Dothaîn, c’est-à-dire de’Arrabéh, est non moins évidemment leBal’amah moderne, ruine à une heure et demie au nordestde Dothàn. Cyamon ou Chelmon, selon toute probabilité, est identique à "Yamôn, grand village à une heureet demie au nord de Dothàn, et à une heure et demie égalementau nord-ouest de Bél’amah, qui regarde le Merdj-Ibn-’Amer, la plaine d’Esdrelon. (Voir la carte, n° 535, )

5° Sur un des côtés du triangle formé par ces troispoints, Berameh, "ïamôn et TellDothân, entre ces deux

fermée dans un bassin de forme circulaire; ses eaux se déversentdans un second bassin rectangulaire, où les musulmansde la contrée viennent se baigner et pratiquer leursablutions. De Scheik - Schibel et de Haraïèq, on peut surveillerles défilés étroits de Kefr-Adan et de Burkîn, par oùpassent les anciens chemins venant d’Esdrelon, et où souventdeux cavaliers ne peuvent passer de front. Ces cheminspassent à la base de la montagne et vont s’engagernon loin, soit dans l’Ouadi-D’àèk, près d’Arrabéh, soit dansTOuadi-Selhab. C’est par l’une ou l’autre de ces deux dernièresvallées que passaient, comme le montre l’exempledes Arabes qui achetèrent Joseph, les caravanes qui se

1er,» ne serait que la traduction faite par les Arabes dunom de Fajoua ou Falo, qui dériverait lui-même du chaldéenfallê, dont une des significations, d’après Ed. Castelli, Lexicon heptaglotton, Londres, 1669, col. 3001, seraitexurere. Voir Intorno al vero sito di Betulia, dans larevue Terra. Santa, de Florence, 1887, n»! 9 et 10 et tirageà part. On peut répondre qu’il n’est pas sûr que Casteïlidonne au mot exurere le sens de «brûler, incendier»,

et l’on peut contester que le mot chaldéen felei (>is) ait

jamais eu cette signification; on peut douter, d’autre part, qu’une ville d’Israël ait porté au temps de Judith un nom

836.

1. Scheli Schibel.

! . Haraïèq el-Mallah. — 3. El-’Asy..

une photographie de M. L. Heidet.

4. Blr El-Hasou.

dirigeaient vers le sud de la terre d’Israël et vers l’Egypte.Dans l’ensemble de cette situation, on retrouve, ce qui nese peut dans les autres localités identifiées avec Béthulie, tous les détails topographiques signalés dans le récit dusiège de cette ville, moins peut-être le canal de la Vulgate, que nous croyons une traduction inexacte de saint Jérôme.Il semble donc nécessaire de reconnaître la montagne deBéthulie dans le Scheik - Schibel, El-’Asy et la ville dansl’une des localités ou des ruines qui s’y trouvent. Maisparmi elles laquelle est Béthulie?

M. Jean Khalîl Maria, professeur au séminaire patriarcalde Jérusalem, qui le premier a attiré l’attention sur cepoint, pense que Béthulie doit être identifiée avec Haraîèqel-Mallalj.Selon lui, le nom vrai de Béthulie serait Beit-Falouaou Falo des versions syriaques et de l’arabe, parceque ces versions reproduisent ordinairement les nomsvrais des localités, laissant les noms conventionnels et lestranscriptions que leur appliquent les versions grecqueset latines. Or jjaraîèq, de la racine arabe baraq, «brûchaldéen, et que les Arabes aient pu ou voulu le traduire.Beit-Faloua peut n’être qu’une transcription de la formegrecque BexuXoûa, par la transformation du premier uen f, fait qui n’est pas sans exemple, et pour ce qui estdes noms du livre de Judith, ceux de Belma’, Qadmounet Qalimôn, dans l’arabe et le syriaque, paraissent provenirdirectement de la connaissance du pays, où l’on adû toujours trouver Bal’amah avec l’y, et plutôt Qiamônou Kiamôn que ces autres formes.

Scheik -Schibel semble avoir plus de titres pour êtreidentifié à Béthulie que Haraïèq. 1° Au lieu de Béthulie, le nom de Béthélion a quelquefois été employé. Béthélioncorrespond à l’hébreu Beit-’éliôn et n’est pas improbable.Dans la transcription de l’hébreu en grec, le’aïn peut êtreremplacé par quelque voyelle que ce soit: le CodexVaticanus et d’autres, diverses fois, écrivent BocitouXoûoc.Cf. Eb. Nestlé, Supplem. Vet. Testam. gr. Tischendorf., IouS. 4, p. 76. Le Codex Sinaiticus garde l’i, Béthylia, comme la Vulgate de saint Jérôme le transcrit du chai

déen. Cf. Eb. Nestlé, ibid. Le changement de on ou omen a est fréquent. Josèphe, Ant. jud., V, i, 17, et VIII; VI, 1, rend Bethorôn par Bvjôwpa et BriO-^tipa; Eusèbe, édit. Larsow et Parthey, 1862, Onomasticon, p. 130, 138, 228 (De situ et nominibus, t. xxiii, col. 901, 903, 905), nomme Gabatha comme équivalent de Gabathon, Faip-wâ de Gamôn, . et’Iavouà de Iavoûv. Bêf-’éliôn, «maison, lieu habité haut, très élevé,» convienttrès bien d’ailleurs à Scheikh-Schibel, dont la positiondomine toutes les collines qui l’avoisinent, toutela plaine d’Esdrelon et celle de Dothân ou’Arrabéh.2° L’Écriture assigne clairement à Béthulie cette situationsupérieure, spécialement chap. VI, 10-15 (texte grec), où

abondamment à la racine du mamelon, à 120 mètres environde niveau au-dessous de son sommet, n’est qu’à sixminutes à peine de distance et du côté le plus accessible, rlaraïèq, au contraire, largement fourni de citernes, devaitpouvoir ordinairement se contenter de leurs eaux, sansrecourir aux fontaines qui sont hors de sa portée: ’Aïnel-Maléh, la seule d’un accès facile, en est éloignée d’unedemi - lieue; les chemins rocheux et escarpés qui mènentaux autres n’en permettaient guère la pratique habituelle.

En résumé, les diverses localités qu’on a essayé d’identifieravec Béthulie, Safet, Sanour, Méthélieh, Tell-Kheibar, Métheiloùn, la montagne de Hattin, Beth-Ilfa,

637. — 1. Bl-’Ajy. — ï. àJicik Schibel. — 3. Haraïeq el-Mallah.D’àptès une photographie’de M. L. Heidet.

4. Bir-el-Hasou.

est raconté l’épisode d’Achior. Holopherne envoie ses soldatsconduire Achior à Béthulie; ils arrivent aux sourcesqui sont sous Béthulie. «Lorsque les hommes de la ville, laquelle est au sommet de la montagne, ajoute le récit, les aperçurent, ils prirent leurs armes et sortirent de laville qui est au sommet de la montagne.» Arrivés au bas, ils trouvent Achior attaché; ils le délient et le conduisentà Béthulie, où ils l’amènent aux chefs de. leur ville. Ornous avons vu que le point supérieur de la montagne, (î) xopuçiq) est occupé par Scheik - Schibel; au contraire, Kefr-Koud, El-Bâred, fjaraïèq, sont dans des positionsinférieures. 3° Béthulie n’avait que de rares et sans doutepetites citernes; «tous les habitants se fournissaient d’eauà la fontaine qui coule au bas de la montagne;» aussi unmois après qu’Holopherne eut empêché l’abord des fontaines, F eau faisait-elle complètement défaut dans la ville, vu, 12, 13, 20 et suiv. (texte grec). Or nous avons remarquéque le Khirbet Scheik -Schibel n’a que quelquesciternes; les habitants devaient nécessairement se fourniraune fontaine peu éloignée.’Aïn el-ilaléh, qui coule

D1CT. DE LA BIBLE.

si l’on conlronte leur situation avec les indications topcgraphiquesdu livre de Judith, n’y répondent point: toutes, éloignées de la plaine de Dothân, sont hors ducercle d’investissem*nt de Béthulie, qui passait par Dothaïn, Balâmon et Kyamôn, trois points qu’il faut reconnaîtredans Tell-Dothân, Bal’ameh et yamôn. La montagned’El -’Asy, désignée parM. Jean Khalîl Marta, presqueau centre de ce cercle, présentant d’ailleurs la réalisationde tous les autres détails signalés, a tous les caractèresd’identité pour être reconnue comme la montagne deBéthulie. Toutefois le Khirbet de Scheik -Schibel, situéau faite de la montagne, semble seul avoir un titre formelà être reconnu pour la ruine de Béthulie. — VoirMa r Mislin, Les Saints Lieux, 3 in-8°, Paris, 1858, t. iii, p. 359-361; Victor Guérin, Description géographique, historique et archéologique de la Palestine, in-4°, 2? partie, Samarie, Paris, 1874, t. i, p. 344-350; (Brunengo), II Nabucodonosor di Giuditta, § xvii, Il sito di Betulia, dans la Civiltà Cattolica, année xxx (1888), série xiii, t. ii, p. 527-536; G. G. F. Re, Dizionario di Erudizione

I. — 58

1763

BÉTHULIE — BÉTONIM

1764

Blblica, au mot Betulia, t. i, p. 225-230; G. Schulz, Mittheilungenûber eine Reise durch Samaria und Galilàa, dans la Zeitschrift der deutschen morgenlàndischenGesellschaft, 1819, t. iii, p. 48. L. Heidet.

    1. BETHZACHARA##

BETHZACHARA ( BaiOÇaxapta, correspondant àl’hébreu Bêf Zekaryâh, «maison de Zacharie» ), villedevant laquelle vint camper Judas Machabée pendant quel’armée d’Antiochus Eupator assiégeait Bethsur. I Mach., VI, 32, 33. Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 4, la place àsoixante-dix stades (à peu près treize kilomètres) de cettedernière. Le nom s’est fidèlement conservé jusqu’à nosjours dans le village de LîiLSj cw, Beit Zaqâria (d’aprèsV. Guérin, Judée, t. iii, p. 316), ou Lylxw o^u,

Beit Skâria (d’après le Survey of Western Palestine, Name lists, Londres, 1881, p. 302), à dix kilomètres. ausud-ouest de Bethléhem, et à la même distance au nordde Beit Sour (Bethsur). Le chiffre de Josèphe dépasseun peu la réalité; mais on sait, par beaucoup d’autrespassages, qu’il ne faut pas demander à l’historien juifune précision mathématique; son indication d’ailleurs estsuffisamment exacte pour faire admettre par tous les auteursune identification qui répond de tous points auxdonnées de l’histoire.

Beit Skâria se trouve à l’ouest de la route qui va deJérusalem à Hébron, sur une colline ou promontoireisolé s’élevant vers le nord-ouest entre deux profondesvallées, et se rattachant vers le sud. par une petite languede terre, aux hauteurs environnantes. C’est donc commeune forteresse naturelle, du sommet de laquelle on domineau loin la grande plaine des Philistins, et au delàapparaît la Méditerranée. Le village est presque entièrementabandonné et consiste eh un amas confus de petitesmaisons fort mal bâties, et la plupart tombant en ruines; quelques-unes seulement sont encore habitées par unedizaine de fellahs. On rencontre çà et là des citernes creuséesdans le roc. Une petite mosquée renferme, dit-on, un tombeau enseveli sous des décombres, et passant pourcontenir les restes vénérés d’Abou Zakaria. À l’entrée dece sanctuaire, on remarque deux colonnes qui semblentprovenir d’une église byzantine; les chapiteaux, en effet, représentent des espèces de corbeilles de joncs entrelacéscomme les mailles d’un filet. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 316; Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 283; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p; 108.

C’est dans la vallée connue aujourd’hui sous le nom deOuadi Beit Zakâria et sur les montagnes qui la bordentque s’engagea la bataille racontée dans le premier livredes Machabées, VI, 31-47, et par Josèphe, Ant. jud., XII, jx, 4; Bell, jud., i, i, 5. Antiochus Eupator, ayant envahila Judée avec une armée formidable, vint mettre le siègedevant Bethsur. Judas Machabée, occupé en ce momentà ehasser de Jérusalem la garnison syrienne, apprenantla venue des troupes royales, se retira de devant la forteressede Sion et vint camper dans les défilés de Bethzæharia, à un endroit «où le passage est étroit», sTevjjçoHari t% n «pô80vi, suivant le récit de Josèphe, qui connaissaitbien les lieux. Le héros âsmonéen avait habilementchoisi son camp. N’ayant qu’une poignée d’hommesà opposer aux forces considérables d’Antiochus, il cherchaà attirer l’ennemi sur un champ de bataille où il neput déployer librement sa cavalerie et ses éléphants, etd’où il put lui-même, en cas d’échec, se ménager uneretraite vers Jérusalem. Le roi, averti de la présence desJuifs, quitta Bethsur dès la pointe du jour et se porta versBethzacharia. Mais comme le terrain ne permettait pasde déployer de front les éléphants excités au combat parle jus de raisin et de mûres, on les fit avancer en colonne.Chacun de ces puissants animaux était accompagnéde mille fantassins couverts de cuirasses et de casquesd’airain, et de cinq cents cavaliers d’élite. Sur chacun

d’eux était placée une tour en bois, du haut de laquelletiraient constamment des archers. Quant au reste de l’armée, on lui fit gravir à droite et à gauche les hauteursqui dominaient le défilé. Le soleil étincelant faisait resplendirles boucliers d’or et d’airain, dont l’éclat se reflétaitsur les montagnes. L’armée, marchant avec assurance(ào-çaXiôç, suivant le grec; caiite et ordinale, a. avecprécaution et avec ordre,» selon la Vulgate), jeta soncri de guerre, qui porta au loin l’épouvante. Les Syriensavaient compté sur la terreur que leur seule présencejetterait parmi les Juifs; ils s’étaient trompés. Judas s’avançaavec sa petite troupe contre la colonne d’attaque, et six cents soldats d’Antiochus tombèrent sous ses coups.Éléazar, frère de Judas, apercevant un éléphant couvert desharnais royaux et soupçonnant qu’il était monté par le roi, se fraya un chemin à travers les phalanges ennemies, seglissa sous le ventre de l’animal, et, en le perçant de songlaive, trouva lui-même une mort héroïque. Malgré cesprodiges de valeur, les Juifs furent contraints de céderau nombre et de battre en retraite vers Jérusalem. —Quel fut le Zacharie qui donna son nom à Bethzacharia?Plus de vingt personnages sont désignés par ce nom dansles Livres Saints; le champ est ouvert à des hypothèsesdans lesquelles nous ne pouvons entrer. A. Leuendre,

    1. BETHZÉCHA##

BETHZÉCHA (hrfcéH; dans certaines éditions: Bt]8-Ça£6), endroit où Bacchide vint camper en quittant Jérusalem.I Mach., vii, 19. Josèphe, Ant. jud., XII, x, 2, l’appelle Brfâ-rfitû), et ajoute que c’était un village, *.ûy.r.Il y avait là un grand puits, tô <ppé «p tô {îiya, dans lequelle général syrien fit jeter un certain nombre de Juifs quil’avaient abandonné après s’être ralliés à lui. L’emplacementn’est pas facile à connaître. Prenant le nom tel qu’ilest dans Josèphe et dans certains manuscrits grecs, Br$; r)6<i, BrieÇaie, quelques auteurs l’appliquent à la montagnedes Oliviers, que la version syriaque du NouveauTestament nomme, en plus d’un passage, Bêt zait.D’autres pensent qu’il s’agit de la colline de Bézétha, près de Jérusalem, à laquelle elle fut plus tard annexéecomme ville neuve. H. Ewald, Geschichte des VolkepIsraël, Gœttingue, 1864, t. iv, p. 418. Mais Josèphe, Bell.jud., Y, iv, 2, appelle cette partie de la cité sainte BeÇeôb, nom qu’il interprète en grec par x.ouvt| tcôXiç, «ville neuve,» et cette étymologie ne peut guère s’appliquer à Bethzétha.On a proposé aussi Beit Za’ta, lieu ruiné sur la routede Jérusalem à Hébron, au nord-est de Beit-Oummar, etautrefois alimenté d’eau par une grande citerne, en partieseulement conservée aujourd’hui. Cf. Palestine ExplorationFund, Quarterly Statement, 1875, p. 69; Surveyof Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. m Tp. 312. Hitzig, combinant le texte des Machabées avec unpassage de Jérémie, xli, 6-9, cherche cet endroit dansle voisinage de Masphath, au nord de Jérusalem. Cf. Keil, Commentar ûber die Bûcher der Makkabâer, Leipzig, 1875, p. 130. D’autres enfin, remontant plus haut, voudraientle placer â Bir ez-zeit, au nord-ouest de Beitin(Béthel). Nous restons dans le champ des hypothèses.Inutile surtout de penser à Bethsetta, qui est beaucoup

trop loin de Jérusalem.

A. Legendre.

    1. BÉTONIM##

BÉTONIM (hébreu: Betônîm, «pistaches,» selonGesenius, Thésaurus, p. 202; Septante: Borocvet; CodexAlexandrinus: Boraviv), ville de la tribu de Gad. Jos., xm, 26. Le mot se retrouve, avec une ponctuation différente, Botnîm, dans la Genèse, xlhi, 11, et indique undes présents, «les pistaches,» que les enfants de Jacobportèrent à Joseph, en Egypte. Cette localité existait encoresous le même nom, Bothnin, Botvi*, au tempsd’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 103, 234. On la reconnaît généralementaujourd’hui dans Batânah ou Batnéh, à quelque distanceau sud-ouest d’Es-Salt, à l’est du Jourdain. Cf. Yan de, Velde, Memoir to accompany the Map of the Boly Land,

Gotha, 1858, p. 298; R. von Riess, Bibel-Atlas, 2° édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 6. C’est peut-être la Bôtnahdes Talrauds, comptée, avec Gaza et Acco (Saint-Jean- d’Acre), comme marché important. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 262.

A. Legendre.

    1. BÉTYLE##

BÉTYLE (paiTuXoç, (JaiTÛXiov; betulus, Pline, H. N., xvii, 9, 51), pierre sacrée, adorée comme une divinité.Ce nom, comme celui d’abadir, de 3N, ’àb; TTO, ’addir, «père puissant;» qu’on donnait aussi quelquefoisaux bétyles (Priscien, v, édit. Putsch, p. 647; S. Augustin, Epist. xvii ad Maxim. Mad., 2, t. xxxiii, col. 83, voir V.De-Vit, Ononiaslicon, 1. 1, p. 2), indique une origine orientale.En effet, on l’admet communément, ce mot n’est quela forme grécisée du composé sémitique bêt’êl, «maison, demeure de Dieu.» II désigne des pierres de formesdiverses, le plus souvent coniques ou ovoïdes, dans lesquelleson supposait une vie divine: gatrùXta, XîOot lu^iu-Xoi, dit Sanehonjaton d’après Philon de Byblos, dans Eusèbe, Prsep. Ev., i, 10, t. xxi, col. 81. Elles étaient placées

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538. — Bétyle de Séleucie de Syrie.

Tête laurée de Trajan, à droite. TPAIANOS APIST 2E…

—% SEAETKEQN LUEPIAS ZEYS KASIOS.

Temple tétrastyle au fond duquel on voit la pierre coniquetombée du ciei.

dans des lieux saints, honorées par des onctions et ornéesde couronnes ou de bandelettes. Il y en avait aussi entreles mains des particuliers, qui s’en servaient pour despratiques superstitieuses et divinatoires. Les bétyles païensparaissent avoir été tantôt des aérolithes, qu’on considéraitcomme ayant été envoyés du ciel par les dieux; tantôtdes pierres, d’une forme plus ou moins extraordinaire, honorées de toute antiquité. Les plus vénérées étaient lesaérolithes, qu’on avait vu tomber enflammés du ciel. «J’ai vu le bétyle volant dans le ciel,» dit Damascius.Dans Photms, Biblioth., Codex 242, t. ciii, col. 1292. Sanchoniaton, édit. Orelli, p. 30, dit expressément qu’Ouranos(Samâ, «le ciel» ) inventa et fabriqua les bétyles, etque Baitylos est fils d’Ouranos. Le nom du dieu araméenQasiu (de Vogué, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, 1. 1, Haouran, n° 5; textes nabatéens, n° 4, p. 96, 103-105), hellénisé en Zeus Casios’, implique par le sens même deson nom cette origine céleste. Les monnaies de Séleuciede Piérie représentent ce dieu sous la forme d’une pierreconique (fig. 538). Cf. la pierre du temple de Paphos, qui est un bétyle, lig. 390, col. 1318.

Les Hébreux, en Palestine, étaient entourés de peuplesqui adoraient les pierres sacrées. Les Arabes du nord etsurtout ceux du sud avaient leurs bétyles. À la Mecque, qui était peut-être le lieu de pèlerinage le plus célèbrede l’antiquité, on adorait, avant Mahomet, une pierre noireplacée au centre de la Kaaba. Dans le mur de ce templeétait encastrée une autre pierre appelée Hobal, et toutautour du temple et de la ville se dressaient des cippesqui avaient chacun leur nom. Ph. Berger, dans Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, t. i, 1877, p. 497. Cf. Clément d’Alexandrie, Cohort., 4, t. viii, col. 133; Hérodote, iii, 8; Maxime de Tyr, Dissert., viii, 8; Poco*cke, Spécimen historiée Arabum, p. 102; M. de Vogué, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, t. i, 1868, Inscr.nab., 9, p. 121; E. Osiander, Studien ûber die vorislamische Religion der Araber, dans la Zeitschrift derdeutschen morgenlàndischen Gesellschaft, t. vii, 1853, p. 498.

Chez les Phéniciens et dans toute la Syrie, le culte desbétyles avait pris une grande extension. Hérodien, v, 3, 4-5, édit. Teubner, p. 129, rapporte qu’on adorait enSyrie, dans un temple qui lui était consacré, une grossepierre appelée Héliogabale (’EXaioYiSaXov; Élah gabal, «le dieu de la montagne» ), qu’on disait avoir été jetéedu ciel par Jupiter. Elle était de couleur noire, ronde parle bas, de forme conique, se terminant en pointe. Sanchoniatonfait aussi expressément du Bétyle un dieu phénicien, et nous dit, comme on l’a vu plus haut, que lespierres de ce nom, œuvres d’Ouranos ( le ciel), étaientanimées. Pbilon de Byblos, ii, 14, 49, dans Eusèbe, loc.cit., et Historicorum Grœcorum fragmenta, édit. Didot, t. iii, p. 567, 568. Cf. Ph. Berger, Notes sur les pierressacrées appelées en phénicien «neçib tnalac baal», dans le Journal asiatique, 7 «série, t. viii, 1876, p. 253-262; G. Gesenius, Phœnicise monumenta, t. i, 1837, p. 384, 387; Zeitschrift der deutschen morgenlàndischen Gesellschaft, t. vii, p. 498.

L’origine de ces pierres tombées du ciel suffit pourexpliquer le respect superstitieux dont on les entourait; mais quelques-uns ont prétendu que le culte qu’on leurrendait, et même le nom qu’on leur donnait, avaient leurexplication dans la Bible. Bétyle, dit-on, n’est pas autre choseque le nom de Béthel, et l’huile qu’on versait sur le bétyleétait une imitation de ce qu’avait fait Jacob’, lorsqu’il eutla fameuse vision de l’échelle mystérieuse qui allait de laterre au ciel. Gen., xxviii, 12. «Quand Jacob se réveillade son sommeil, lisons - nous dans le texte sacré, il dit: …C’est ici la maison de Dieu (bêt’Élôhîrn) et la porte duciel. Et Jacob se leva de grand matin, et il prit la pierrequi lui avait servi d’oreiller, et il l’érigea en monument(massêbâh), et il versa de l’huile sur sa partie supérieure, et il donna le nom de Béthel (Bêt’Êl) à ce lieu, qui s’appelaitauparavant la ville de Luz.» Gen., xxviii, 16-19; cf.xxxv, 15. Il y atout lieu de penser que le culte des bétylesest plus ancien que Jacob; aussi les critiques rationalistessoutiennent-ils aujourd’hui que ce n’est pas le patriarchequi en est l’auteur ou l’inventeur, mais qu’il a pratiquélui - même un acte superstitieux ou même idolâtrique, enusage de son temps parmi les Chananéens.

Pour soutenir une telle opinion, il faut travestir et dénaturerlés faits. Le texte même démontre que la pierrede Béthel était une pierre ordinaire, non un aérolithe ouune pierre antérieurement consacrée; ce n’est pas la pierrequi est appelée Béthel, mais, ce qui est fort différent, laville de Luz qui reçoit ce nom du patriarche, pour lesraisons expliquées clairement par la Genèse, xxviii, 17-19; cf. xxxv, 14-15. Enfin la pierre ne devint pas une idole, mais un monument, un cippe, un mémorial de ce quis’était passé en ce lieu, conformément à l’usage oriental demarquer, pour en conserver le souvenir par un signe sensible, les endroits où s’étaient accomplis les événementsdont on désirait conserver la mémoire. Cf. Gen., xxxi, 44-52; Exod., xxiv, 4; Deut., xxvii; 2; Jos., iv, 3, 20-23; xxiv, 26-27; I Reg., vii, 12; xv, 12. Cf. Hérodote, iv, 92. Leseul trait commun de ressemblance entre les bétyles païenset la pierre de Béthel, c’est l’onction d’huile par laquelleJacob la consacra en quelque sorte en monument. Gen., xxviii, 18; xxxi, 13; xxxv, 14. C’est un rite que n’avaientpas connu les autres patriarches, et qui est indifférent ensoi; Jacob put l’emprunter aux Chananéens, comme l’Églisechrétienne emprunta plus tard quelques-unes de leurscérémonies aux religions polythéistes, mais il n’y attachaaucune idée idolâtrique. «Jacob, dit fort bien saint Augustin, De Civ. Dei, xvi, 38, 2, t. xli, col. 517, ne répanditpas l’huile sur la pierre à la manière des idolâtres, commes’il y voyait un dieu; il ne l’adora point, il ne lui offritpas des sacrifices,» comme le faisaient les païens à leursbétyles. Cf. Frz. Delitzsch, Die Genesis, 1853, t. ii, p. 22; Î767

BETYLE — BEURRE

17<

W. von Baudissin, Studien zur semitischen Religionsgeschichte, t. ii, 1878, p. 145, 219, 242, 247, 250, 266.

Mais l’exemple des peuples voisins fut funeste auxenfants de Jacoo, quand ils se furent établis dans la terrede Chanaan. La loi leur défendait en termes formels dereprésenter la divinité sous une forme sensible quelconque, Lev., xxvi, 1; Moïse leur avait ordonné de déruiretoutes les idoles des Clionanéens, quand ils seseraient emparés de leur pays, Num., xxxtit, 52; maisle penchant au polythéisme fut trop souvent le plus fort.Isaïe, viii, 4-6, leur reproche, d’après une interprétationtrès répandue (voir Gesenius, Thésaurus, p. 484), d’avoireux aussi adoré les pierres comme les Phéniciens:

N’êtes-vous pas des enfants de péché,

Une race de mensonge?…

C’est dans les pierres polies des vallées qu’est ton partage;

Oui, elles sont ton lot;

C’est sur elles que tu verses des libations,

4 elles que tu fais des offrandes.

( La Vulgate a traduit: In partibus torrentis pars tua, pour conserver une paronomase du texte original; 6ehalqê-nahalIiélqèk, mais le sens de hâlâqim est celuide «pierres polies».)..’Voir J. C. S. Hoelling, Dissertatio de bœlyliis veterum, Groningue, 1715; Leipzig, 1724; J. G. Biedermann, Delapidum cultu divino, in-4°, Freiberg, 1749; Jos. Joach.Bellermann, Ueber die aile Sitle Steine zu salbetl undderen Ursprung, Erfurt, 1793; Falconnet, Dissertationsur les Bsstyles, dans les Mémoires de l Académie desInscriptions, t. vi, 1729, p. 513-532; Frd. Mùnter, Ueberdie gef aliène Steine vom Rinieml, in-4°, Copenhague, 1805; Fr. von Dalberg, Ueber Meteor - Cultus der Allen, verzuglich in Bezug an Steine, die vom Hinimei gefallen, in-12, Heidelberg, 1811, p. 64; L. Bosigk, DeBsetyliis, Berlin, 1854; Overbeck, Ueber das Cultusobjectbel den Griechen in seinen âltesten Gestaltungen, dansles Berichte ûber die Verhandlungen der sàchsischenGesellschaft der Wissenschaften, t. lx, 1864, p. 152-163; W. W. Baudissin, Studien zur semitischen Religion, Heꝟ. 2, 1878, p. 145, 219-220, etc.; J. Grimmel; De lapidumcultu apud patriarchas quœsito, Marbourg, 1853; Dozy, Die Isræliten zu’Meccse, 1864, p. 18-32; H. Pierson, Heilige steenen in Israël, Rotterdam, 1864; Id., Bætyliendiens, Arnheim, 1866; Daremberg et Saglio, Dictionnairedes antiquités, aux mots Argoi Uthoi, BsstyKa, 1. 1, p. 413, 642; W. H. Roscher, Lexicon der Mythologie, t. l, 1884-1890, p. 746; Heuzey, La pierre sacrée d’Antipolis, dans les Mémoires de la Société des antiquairesde France, t. xxxv, 1874, p. 99-119; Fr. Lenormant, LesBétyles, dans la Revue de l’histoire des religions, 1881, t. iii, p. 31 -53. F. Vigourocx.

    1. BEURRE##

BEURRE (hébreu: héni’âh; une fois, par contraction, hêmâh, Job, xxix, 6, de la racine hâmd’, «s’épaissir,» proprement lait épaissi, cf. assyrien: himêtu, même sens; substance grasse, onctueuse, jaunâtre, qu’on retire du lait en-le battant.

Le mot fyém’âh, qui se rencontre neuf fois dans laSainte Écriture, Gen., xviii, 8; Deut., xxxii, 14; Jud., v, 25; Job, xx, 17; xxix, 6; Prov., xxx, 33; Is., vii, 15, 22, est toujours traduit par Boùtupov dans les Septante, Aquila, Symmaque et Théodotiou, par butyrum dans laVulgate. Il s’applique cependant à divers autres produits, antres que le beurre, comme la crème, et selon bonnombre d’exégètes, le lait caillé ou lében des Arabes. Cf.Jud., v, 25. Voir Lait. Mais dans Prov., xxx, 33, . il paraîtne pouvoir exprimer autre chose que le beurre: «Enpressant le lait, on produit le hém’âh.» C’est en effet, en agitant, en battant le lait, et par là en exprimant (mit), la partie aqueuse qu’on fait le beurre. Ce passage des Proverbesrenferme une allusion à la fabrication du beurretelle qu’elle se pratique en Palestine. Le fromage ne se fait

pas ainsi; il faut une fermentation. Aussi le Jiém’âhProv., xxx, 33, ne peut être le fromage, comme le croit Gsenius, Thésaurus, p. 86. D’autre part, la crème se foratoute seule à la surface du lait en repos. Il s’agit doiici du beurre. On sait que les Grecs et les Romains îconnurent le beurre que très tardivement et ne l’enployèrent d’abord que comme médicament, Pline, H. ixi, 41, 96, et xxviii, 9, 35; mais en Orient il fut conrdès une époque fort ancienne. — Les voyageurs qui ovécu en Syrie, en Palestine et en Arabie, au milieu d<Bédouins, nous apprennent qu’on y emploie aujourd’hideux sortes de beurre, le beurre solide et le beuriliquide ou fondu. Cf. Niebuhr, Description de l’Arabù2 in-4°, Paris, 1779, t. i, p. 75; J.-L. Burckhardt, Travein Syria and the holy Land, 111-4°, Londres, 1882p. 293; Notes on the Bédouins, 2 in-8°, Londres, 183t. i, p. 59, 60, 61, 62 r 238, 239, 241; Robinson, Biblcal Researches, in-8°, Boston, 1841, t. ii, p. 427. Ile: probable qu’il en a été de même de toute antiquité.

1° Pour fabriquer le beurre solide, on procède actuellement en Palestine et en Arabie de la manière suivante

539. — Fabrication du beurre en Palestine.D’après nue photographie de M. L. Heidet.

On met de la crème ou du lait avec sa crème dans unioutre en peau, sans la remplir entièrement. Après l’avoiibien fermée, on suspend cette outre à trois pieux dressé; en faisceau, et on la balance, oh l’agite jusqu’à ce qu<la crème se prenne en une masse un peu plus consistante et devienne du beurre (fig. 539). Robinson, BiblicaResearches, t. ii, p. 180; t. iii, p. 315; E. F. K. Rosenmûller, Handbuch der Biblischen Alterthumskundet. iv, 2° partie, p. 67-68; J.-L. Burckhardt, Notes on thiBédouins, t. i, p. 239-240. C’est ainsi que devait également se faire autrefois le barattage au temps de l’auteuides Proverbes, xxx, 33, car dans l’immobile Orient lesusages ne changent guère.

2° Le beurre ainsi préparé est jaunâtre, plus ou moinssolide, et ne vaut pas en général le beurre de nos paysoccidentaux. De plus, l’extrême chaleur ne permet pasde le conserver; en peu de temps il devient rance. Aussitrès souvent, dès que le beurre a été fabriqué, on le failfondre sur le feu en l’écumant et on le passe dans urlinge. Le beurre fondu tombe seul dans le vase placéau-dessous; et les autres matières, comme les partiescaséeuses, qui rendent le beurre putrescible, sont ainsiséparées et rejetées. Burckhardt, Notes on the Bédouins, DlCT. dk la Bible

    1. LETOUZEY et ANÉ##

LETOUZEY et ANÉ, éditeurs

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Bibliothèque de l’I’o^de Cambridge, N" II 4, 1769

BEURRE ~ BEZJE (CODEX)

1770

t. i, p. 59. Souvent, au lieu de baratter le lait, si on nedésire pas une grande quantité de beurre, on se contentede recueillir la crème qui se forme toute seule à la surfacedu lait, et on la fait immédiatement fondre sur lefeu pour en recueillir le beurre comme précédemment.Pendant que le beurre est sur le feu, les Arabes ont l’habituded’y jeter des plantes odoriférantes, comme uneespèce de thym très commune, afin de donner au beurreun goût parfumé. Burckhardt, Notes on the Bédouins, 1. 1, p. 240. Comme le beurre doit son état plus ou moinssolide à la présence d’une certaine quantité d’oxygène, ilen perd la plus grande partie en passant par le feu, etreste alors fluide comme l’huile quand la températureest assez élevée. Les Arabes le conservent ainsi longtempsdans des outres ou de grandes jarres, pour leursusages journaliers ou pour le porter fort loin sur lesdivers marchés et le vendre. Voici comment ils l’emploient: on verse ce beurre fondu, sémen, sur du painpartagé en morceaux dans un vase et on le sert ainsi.Mais le plus souvent il est réservé pour les assaisonnementset la préparation de plusieurs mets comme le rizet le blé concassé. Robinson, Biblical Researches, t. ii, p. 427; Burckhardt, Notes on the Bédouins, t. i, p. 591, 238, 241. — Le lait de vache à peu prés seul est utilisépour faire le beurre. Le lait de brebis, ne contenant qu’unetrès petite quantité de beurre, est employé directementou sert à la fabrication du fromage.

Dans son dernier cantique, Moïse parle des excellentspâturages de la Palestine, qui permettront à Israël de senourrir du «hém’âh, des vaches, du lait des brebis, dela graisse des agneaux». Deut., xxxii, 14. — Les expressions «torrents de hém’âh», Job, xx, 17; «se laverles pieds dans le hém’âh,» Job, xxix, 6, sont des hyperboles orientales marquant l’abondance des biens, larichesse en troupeaux. — On servait le hém’âh avec lelait dans les repas. «Abraham prit du hém’âh (beurre oulében) et du hâlâb (lait) et le veau qu’il avait fait cuire,» pour les servir aux trois envoyés célestes. Gen., xviii, 8.La version arabe de ce passage rend hém’âh par sémen, «beurre fondu,» et halab par lében. Robinson raconte, Biblical Researches, t. ii, p. 427, qu’ayant été invité présd’Hébron par un scheick, celui - ci lui servit à la fois dusémen versé sur du pain et le lében ou lait caillé. — Onfaisait des préparations au beurre ou à la crème, appeléeshâmâ’ôf, qui avaient la douceur de l’huile. Ps. lv (hébreu), 22. Dans ce passage, au lieu de mahâmâ’ôf dutexte actuel, qui du reste peut avoir le même sens de «douceurs ou préparations au beurre», il est préférablede lire, d’après le parallélisme, le chaldéen et la versionde Syrnmaque, mèhâmâ’ôt, mot composé de la prépositionrnë (min), «plus que;» et hâmâ’ôf, pluriel dehém’âh. — Le prophète Isaïe, vii, 22, annonce qu’aprèsla dévastation de la terre d’Israël, les champs maintenantsi bien cultivés, qui produisent le blé, le vin et l’huile enabondance, ne seront plus que de vastes pâturages. Aussile lait et le hém’âh suffiront largement au petit nombred’habitants demeurés dans le pays. «À cause de l’abondancedu lait, on mangera du hém’âh.» Nombre d’exégètesvoient dans le hém’âh et le miel la nourriture desenfants. Is., vii, 15. D’autres pensent que le prophèteveut plutôt dire, d’après l’explication qu’il donne lui-mêmeplus loin, vii, 22, que le rejeton de David, Emmanuel, sera réduit à se nourrir de cette pauvre nourriture, à cause de la désolation où se trouvera la terre d’Israëlet de l’état d’humiliation où se verra réduite la maisonroyale de Juda.J.Knabenbauer, Commentarius in Isaiam, in-8°, Paris, 1887, t. i, p. 185-190. E. Levesque.

1. BEYLEY Anselme. Voir Bailey.

2. BEYLEY Robert Slater. Voir Bayley.

BEZ>E (CODEX). Cet important manuscrit bilingue,

grec et latin, des Évangiles et des Actes, appartient à laBibliothèque de l’université de Cambridge, où il est cotéNn. 3. 41. On le désigne dans l’appareil critique du NouveauTestament par la lettre D. Il est écrit à pleine page, le grec sur la page gauche, le latin sur la page droite, eu regard l’un de l’autre. Le parchemin, de moyennefinesse, est partagé en quaternions ou cahiers de huitfeuillets. Le manuscrit a 406 feuillets, après en avoir euprimitivement 534; chaque page compte 33 lignes; la dimensionde chaque feuillet est de 26 centimètres sur 21, 5.Tant dans le latin que dans le grec, le texte est divisé enstiques ou versets, et c’est même le plus ancien manuscritdu Nouveau Testament qui présente cette divisionstichométrique. Ce manuscrit a été exécuté au VIe siècle.L’écriture est onciale, sans séparation des mots (saufdans les titres), sans autre ponctuation qu’un point à la, fin de chaque stique. L’initiale de chaque paragraphe oustique est poussée dans la marge, mais n’est ni décoréeni agrandie. Seules les trois premières lignes de chaquelivre sont écrites à l’encre rouge, ainsi que les souscriptionsfinales. L’indication des sections ammoniennes aété ajoutée de seconde main au IXe siècle; une main plusrécente a mis dans les marges quelques indications pourla coupure des leçons liturgiques. L’écriture grecque etl’écriture latine présentent assez de ressemblance pourpouvoir être l’œuvre d’un même scribe. Le texte a subimaintes corrections: on compte jusqu’à huit mains différenteset de diverses époques qui ont modifié le textepremier, jusqu’à le rendre par endroits illisible: la plusancienne de ces mains est celle du scribe lui-même. Lefac-similé ci-joint (fig. 540) est reproduit du Recueilde la Palseographical Society, pi. 14 et 15, et contientLuc, vi, 1-9.

Le manuscrit renferme les quatre Évangiles et les Actes, mais il présente quelques lacunes accidentelles: Matth., i, 1-20; vi, 20-ix, 2; xxviii, 2-12; Joa.. i. 16-m, 26; Act., viii, 29-x, 14; xxi, 2-10, 15-18; xxii, 10-20, 29-31, pour le grec; Matth., i, 1-11; vi, 8-vtn, 27; xxvi, 65xxvii, 1; Joa., i, 1-m, 16; Act., viii, 20-x, 4; xx, 31-xxi, 2; xxi, 7-10; xxii, 2-10; xxii, 20-xxviii, 31, pour le latin.Le manuscrit contenait autrefois les Épîtres catholiques; il n’en reste plus qu’un fragment, 1Il Joa., 11-15, enlatin. On calcule, d’après le nombre des feuillets perdus, que le manuscrit contenait quelques livres de plus queles épîtres catholiques. Dans quelques courts passages, le texte a été intégralement recopié ou suppléé par unscribe du IXe siècle environ-. Matth., iii, 7-16; Marc, xvi, 15-20, etc. L’ordre des Évangiles dans le manuscritétait: 1° saint Matthieu, 2° saint Jean, 3° saint Luc, 4° saint Marc: cet ordre, où l’on voit la préséance donnéeaux Apôtres, se rencontre dans quelques manuscrits dela version latine pré - hiéronymienne de la Bible, commele Vercellensis, le Veronensis, le Monacensis, et encoredans la version gothique des Évangiles.

Le Codex Bezm est un manuscrit à part dans la traditiontextuelle du Nouveau Testament. D se singularised’abord par des additions. Ainsi après Matth., xx, 28, ilinsère l’addition ûpieîç 8è Çt]T£ït£ Ix (itxpoC aùSo-at-’éoraisoi to’jto xpiijmpiov, soixante mots environ, empruntés, sauf les onze premiers, à l’Évangile de saint Luc, xiv, $1-$20. Cette addition ne se trouve en grec que dans leCodex Beratinus, en syriaque que dans la version Cureton, en latin que dans quelques manuscrits de la Biblepré-hiéronymienne. Ainsi encore en saint Luc, VI, le CodexBezse ajoute à la suite du ꝟ. 5: Tij avreïj ^uipoc-toû vôjiou: «Le même jour, voyant quelqu’un travailler le jour dusabbat, [Jésus] lui dit: Homme, si tu sais ce que tu fais, tu es heureux; si tu ne le sais pas, tu es un maudit etun transgresseur de la Loi,» addition qui ne se rencontreen aucun autre manuscrit. Ainsi encore en saint Jean, VI, ’à la suite du ꝟ. 56, notre manuscrit ajoute: Kadwç èvl|ioi-Çior|v èv a-JTw: «De même qu’en moi [est] le Pèreet que je [suis] dans le Père: amen, amen, vous dis-je, 1771

BEZ^E (CODEX) — BÈZE

1772

si vous ne prenez pas le corps du Fils de l’homme commele pain de la vie, vous n’avez point la vie en lui,» addition commune au Codex Bezse et à deux manuscrits dela Bible pré-hiéronymienne, le Vercellensis et le Corbeiensis. Ailleurs ce sont des rédactions non moins singulières, surtout dans le texte des Actes, véritables gloses, qui ont fait dire à M. Paulin Martin que le Codex Bezse seraitau texte vrai ce qu’un Targum est à l’Ancien Testament! Le même auteur ne compte pas moins de dix-huit centvingt-neuf leçons propres au seul Codex Bezse. — Il fautremarquer toutefois que le Codex Bezse est un manuscritbilingue, et que, comme tous les manuscrits onciaux bilingues ( Boernerianus, Claromontanus, Laudianus), ildonne un texte en partie-artificiel par le soin qu’a prisle copiste de conformer aussi rigoureusem*nt que possible le grec au latin, et réciproquement. La critique enest donc fort délicate et conjecturale. Il semble qu’en cequi concerne le Codex Bezse le texte grec a été adaptéau texte latin, au lieu que le latin ait été adapté au grec: encore cette observation n’estelle pas rigoureusem*ntvraie de toutes les variantes du manuscrit. MM. Westcottet Hort estiment que le Codex Bezse donne sans mélangeun texte de la famille dite occidentale; un texte tardif, puisqu’il est paléographiquement du vi" siècle, mais nondégénéré, et «substantiellement un texte occidental duIIe siècle avec quelques leçons accidentelles, probablementdu ive siècle». Ils ajoutent qu' «en dépit d’un nombreprodigieux d’erreurs, c’est un manuscrit inappréciablepour la reconstitution du texte authentique; et qu’il donneune plus fidèle image de l'état dans lequel les Évangileset les Actes étaient généralement lus au me et probablementau IIe siècle, qu’aucun autre manuscrit grec existant».Le Codex Bezse a dû être écrit en Occident, mais on n’ena" aucun signalement jusqu'à la Renaissance. Au concilede Trente, en 1546, l'évêque de Clermont Guillaume Dupré (1528-1561) produisit un antiquissimum codicemgrsecum, pour justifier la leçon qu’on lit dans Joa., xxi, 22: si eum, au lieu de sic eum, âàtv aûtôv 9éX<o (ilvetvv.i’k.: or cette leçon ne se retrouve dans aucun autremanuscrit que le nôtre. M. Scrivener a émis l’opinionque le manuscrit ê', dont Robert Estienne cite les leçonsen marge de son édition du Nouveau Testament grec, en 1550, et dont il dit, dans son épître préliminaire aulecteur, que des amis l’ont collationné pour lui en Italie, n'était autre que notre manuscrit; mais cette opinion de M. Scrivener est aujourd’hui sérieusem*nt contredite. Théodore de Bèze, au contraire, dans sa secondeédition du Nouveau Testament grec, publiée à Genève, en 1582, s’est sûrement servi de notre manuscrit, qu’ilqualifie de meum vetustissimum exemplar. L’année précédente, 1581, Théodore de Bèze avait donné le manuscrit à l’université de Cambridge: le nom lui en est restéde Codex Bezse. Bèze, en devenant propriétaire du manuscrit, avait dû s’informer de sa provenance: «Cetexemplaire de vénérable antiquité, écritil à l’universitéde Cambridge, a été jadis tiré de la Grèce, ainsi qu’ilapparaît aux mots barbares grées écrits dans les marges.» Ceci est une conjecture injustifiée de Bèze. Il poursuit: «Longtemps ce volume a dormi dans la poussière aumonastère de SaintIrénée de Lyon, où il a été mutilé, et où il î été trouvé en 1562, au début de la guerre civile.» Ces explications manquent de clarté: on y peut comprendre cependant qu'à la faveur de la première guerrede religion, celle qui suivit Je colloque de Poissy (1561)et qui précéda la paix d’Amboise ( 1563), et celle-là mêmequi vit le sac de Lyon par le baron des Adrets, le couventde Saint -Irénée ayant été pillé par les huguenots, Bèzese fit sur les dépouilles octroyer ce manuscrit. D’où vientalors que, dans son édition du Nouveau Testament grecde 1598, Bèze appelle ce même manuscrit Claromontanus? On l’ignore; mais il est permis de croire quecette indication n’est pas une inadvertance, et que notremanuscrit, qui fut produit au concile de Trente par l'évéque de Clermont, appartenait peut-être originairementà l'Église de Clermont. — Le Codex Bezse a été collationnéen partie par Patrice Young, à la demande de l'éruditClaude Dupuy, conseiller au parlement de Paris, pourl’usage de Jean Morin et la préparation de ses Exercitationes, Paris, 1633; il a été collationné par l’archevêqueUssher, pour l’usage de Walton et la préparation de saBible polyglotte, Londres, 1657; collationné par Mill, copié parWetstein, collationné par; Bentley, par Dickinson; édité enfin par Kipling, en 1793, et par Scrivener, en 1864. Récemment M. Rendel Harris l’a étudié à nourveau, et signale, dans les marges et parmi les correctionset annotations d’une main grecque du IXe -Xe. siècle, depetites devises ou formules de bonne aventure, de cellesque l’on appelait au moyen âge sortes sanctorum, et cesformules grecques du Codex Bezae sont étroitement apparentées aux formules latines que M. Samuel Berger arelevées dans le manuscrit g 1 ou Codex Sangermanensisde l’ancienne Bible latine, manuscrit du IXe siècle: on lit, par exemple, en marge du manuscrit de Bèze, la deviseIIt<xTE’j<Tov oTr| to TcixpYfJia xa).ov eotiv (sic), et, dans lemanuscrit de Saint-Germain, la devise Credere (sic) quiacausa bona est, et ainsi des autres devises. M. Harris enconclut avec quelque vraisemblance que les deux manuscrits étaient au IXe -Xe siècle dans une même région, c’est-à-dire en France. Dans le même ordre de recherches, M. Harris a constaté que les annotations liturgiques duCodex Bezse étaient coordonnées non point à la liturgiegrecque ou à la liturgie romaine, mais à la liturgie gallicane, c’est-à-dire à la liturgie en usage dans les églisesfranques avant la réforme liturgique du temps de Gharlemagne; il a de même étudié les formes orthographiquesbarbares de tant de mots latins du Codex Bezse, et crupouvoir conclure à la parenté de ce latin de copiste etdu latin vulgaire gallo-romain du VIe siècle. Ce sont làdes observations à vérifier. Enfin M. Harris a émis cettethéorie extraordinaire que le texte latin du Codex Bezseétait un texte montaniste, et que particulièrement le textede l'Évangile de saint Luc et des Actes était le texte dontl’auteur des Actes de sainte Perpétue se servait. Noussignalons ce paradoxe à titre de simple curiosité.

Voir A. Scrivener, Bezae Codex Cantabrigiensis, beingan exact copy in ordinary type… edited with a critîcal introduction, annotations and facsimiles, Cambridge, 1864; Westcott et Hort, The New Testament inGreek, introduction, Cambridge, 1881; P. Martin, Introduction à la critique textuelle du Nouveau Testament, partie théorique, Paris, 1883; C. R. Gregory, Prolegomena ad Novum Testamentum Tischendorf., Leipzig, 1884, p. 369-372; J. Rendel Harris, À study of CodexBezse, a study of the so called western text of the NewTestament, Cambridge, 1891; Id., Crednerand the CodexBezse, dans la Classïcal Review, 1893, p. 237-243. Dernièrement enfin M. Chase (The old Syrian élément in thetext of Codex Bezse, Londres, 1893), a essayé d'établirque les particularités du texte de notre manuscrit, aumoins en ce qui est des Actes des Apôtres, s’expliquaientau mieux par cette hypothèse qu’une série de scribesl’auraient interpolé en traduisant en grec un texte «vieuxsyrien», c’est-à-dire antérieur à la Peschito, et plein luimême de gloses: cette théorie a été jugée fort aventureuse et une façon d’expliquer ignotum per ignotius.Voyez G. A.Simcox, Academy, 1893, 16 décembre, p.551.Theologische Literaturzeitung, 1894, pi. 72-73.

P. Batiffol.

BÈZE (Théodore de), calviniste français, né àVézelayle 24 juin 1519, mort à Genève le 13 octobre 1605. Ilappartenait à une famille noble, et tout enfant fut confiéaux soins de son oncle, Nicolas de Bèze, membre duparlement de Paris. Vers l'âge de dix ans, il fut envoyéà Orléans, où il eut le malheur de rencontrer MelchiorWolmar, célèbre helléniste allemand, dont il suivit lescours, et qu’il rejoignit ensuite à Bourges. Lorsque son

maître, imbu des nouvelles erreurs protestantes, fut obligéde quitter la France, Théodore de Bèzé revint à Orléansfaire ses études de droit. En 1539, il était à Paris, et sononcle lui obtint une abbaye dans le Beaujolais et le prieuréde Longjumeau. Ce fut à ce moment qu’il publia, sousle titre de Juvenïlia, des poésies qui donnent une bientriste idée de ses mœurs. En 1548, il renonça à ses bénéfices, et, prenant ouvertement le parti de la réforme, allahabiter Genève. Peu après, il fut nommé professeur degrec à l’université de Lausanne, où il publia un traité Dehxreticis a civili magistratu puniendis, in-8°>, Paris, 1554, pour justifier le supplice du malheureux Servet, brûléen 1553. Trois ans plus tard, il publia sa version du NouveauTestament, qui eut un grand succès près des calvinistes, ses coreligionnaires. Il fit plusieurs voyages prèsdes princes luthériens d’Allemagne, afin de solliciter leurprotection en faveur des protestants français. En 1559, ilse fixa à Genève, où Calvin lui obtint le droit de bourgeoisieet le fit nommer professeur de théologie, puisrecteur de l’université fondée en cette ville. Il assista aucolloque de Poissy, en 1561, et, près du prince de Coudé, prit part aux guerres civiles et religieuses qui désolèrentla France. Chef des calvinistes après la mort de Calvin, ilprit part en cette qualité à divers synodes ou colloques.Son œuvre principale est son édition du Nouveau Testamentgrec: Novum Testamentum, cujus grxco contextui respondentinterprétation es duse, una vêtus (la Vtilgate), altéraIheodori Beza}, in-f", 1565, 1576, 1582, 1598. On a portésur cet ouvrage des jugements fort différents, mais ons’accorde généralement à reconnaître que c’est la premièreédition du texte grec qu’on puisse appeler critique, parceque Bèze se servit de dix-sept manuscrits, auxquels ilajouta, en 1582, dans la troisième édition, le Codex Cantabrigiensiset le Codex Claromontanus, la Peschito etla version arabe. Malheureusem*nt, de l’aveu de tous, ilfit de ces manuscrits un usage arbitraire; il n’avait pasles qualités nécessaires à un critique, il se laissa influencerdans le choix des leçons beaucoup plus par des raisonsdogmatiques que par des raisons de critique. On estimecommunément les notes qu’il joignit au Novum Testamentum, notes dont la meilleure édition est celle de Cambridge, in-f», 1642. Il travailla aussi à l’édition françaisedé la Bible corrigée sur l’hébreu et le grec par les pasteursde l’Église de Genève, in-f», 1588. Nous citerons encorede cet hérétique célèbre: Traduction en vers françaisdes psaumes omis par Marot, in-4°, Lyon, 1563; Responsio ad defensiones et reprehensiones Sebastiani Castalionisquibus suam Novi Testamenti interpretationemdefendere et ejus versionem vieissim reprehendere conatusest, in-4°, Paris, 1563; Methodica apostolicarum epi-Molarumbrevis explicatio, in-8°, Genève, 1565; Lex Deimoralis, ceremonialis et politica ex libris Mosis excerptaet in certas classes distributa, in-f°, Bâle, 1577; Jobuscommentario et paraphrasi illustratus, in - 4°, Genève, 1583; Canticum canlicorum latinis versibus expressum, in-8°, Genève, 1584; Ecclesiastes Salomonis paraphrasiillustratus, in-4°, Genève, 1588; Adnotationes maj oresin Novum D. N. Jesu Christi Testamentum in duosdistributse partes, in-8°, Paris, 1594. — Voir N. Taillepied, Vie de Théodore de Bèze, in-12, Paris, 1577; Douai, 1616; Fay, De Vita et obitu Th. Bezse Vezelii ecclesiastaeet sacrarum litterarum professori? Genevæ, in-4°, Genève, 1606; Solomeau (Pierre), Érief discours de la vieet de la mort de Th. de Bèze, avec le catalogue des livresqu’il a composés, in-8°, Genève, 1610; Schlosser, Leben desTheodor Beza und des P. M. Vermili, Heidelberg, 1809; J. W. Baum, T. Beza, nach handschriftlichen Quellendargestellt, 2 in-8°, Leipzig, 1843-1851; Richard Simon, Mistoire critique du Nouveau Testament, in-4° (1693), p. 751; Id., Histoire critique des versions du NouveauTestament, in-4°, 1690, p. 285; H. Heppe, Th. Beza, Xeben und ausgewâhlte Schriften, in-8°, Elberfeld,

1861.

B. Heurtebize.

    1. BÉZEC##

BÉZEC (hébreu: Bèzéq; Septante: BeÇéx), nom mentionnédeux fois dans l’Écriture, Jud., i, 4-5; I Reg., xi, 8, et indiquant deux villes distinctes suivant les uns, uneseule suivant les autres.

1. BÉZEC, résidence du roi chananéen Adonibézec, oùdix mille hommes furent battus par les forces réuniesdes tribus de Juda et de Siméon. Jud., i, 4. Le roi, attaquédans sa capitale, fut fait prisonnier et subit le traitementqu’il avait fait endurer aux princes vaincus par lui.Jud., i, 5-7. On a émis la supposition que cette villepourrait être la ruine actuelle de Bezkah, au sud-est deLydda. G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and placesin the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 37.Mais est-elle réellement distincte de la suivante? Voir

Bézéc 2.

A. Legendre.

2. BÉZEC (on lit aussi Bézech dans certaines éditionsde la Vulgate), endroit où Saùl fit le dénombrement destroupes d’Israël et de Juda avant de marcher au secoursde Jabès-Galaad. I Reg., xi, 8. Cette dernière ville étaitsituée à l’est du Jourdain; son nom s’est conservé, dansVOuadi Yabis, qui rejoint le fleuve au-dessous de Beisân(Bethsan-Scythopolis). D’après l’ensemble du récit, Bézec nedevait pas être à plus d’une journée de marche de Jabès, surla rive opposée. Or Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticasacra, Gcettingue, 1870, p. 105, 237, mentionnent, de leurtemps, «deux villages du nom de Bézec, voisins l’un del’autre, à dix-sept milles (vingt-cinq kilomètres) de Néapolis, quand on descend vers Scythopolis.» On trouveencore aujourd’hui, dans la même direction et à la mêmedistance, sur la route de Naplouse à Beisân, un Khirbet

dont le nom, (jjiîWj, ’Ibzîq, répond exactement à celui

de pT3, Bézéq. On peut donc fort bien y reconnaître le

lieu du recensem*nt opéré par Saûl. Cf. Survey of WesternPalestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 231, 237. On ydistingue quelques ruines, des citernes et des souterrains, marquant un ancien site. — Cette ville, que Josèphe, Ant.jud., VI, v, 3, appelle BaXà, est, suivant certains auteurs, identique à la précédente, capitale d’Adonibézec. Il semblepourtant, d’après le récit de Jud., i, 3-9, qu’elle appartenait, sinon à la tribu de Juda, ꝟ. 3, au moins au sudde la Terre Sainte plutôt qu’au nord. Mais, s’il est certainque l’expédition des deux tribus méridionales réuniesse dirigea du nord au sud, nous ne connaissons pasleur point de départ; nous ne savons pas non plus si ellesfurent attaquées les premières par les Chananéens sousla conduite d’Adonibézec, ou si elles crurent nécessairede réduire ces ennemis avant de soumettre ceux quihabitaient leur propre territoire. Dans ces conditions, laquestion nous semble difficile à trancher. Cf. F. de Hummelauer, Comment, in libros Judicum et Ruth, Paris, 1888, p. 41; Keil, Josua, Richter und Ruth, Leipzig, 1874,

p. 201. *

A. Legendre.

    1. BIANCHINI Joseph##

BIANCHINI Joseph, savant italien et neveu du célèbreFrançois Biauchini, naquit le 9 septembre 1704 et mourutle 13 octobre 1764. En 1725, il devint chanoine et bibliothécairedu chapitre de Vérone; plus tard, résignant soncanonicat, il entra, le 24 juillet 1732, à l’Oratoire de saintPhilippe de Néri, à Rome, où il entreprit, par ordre deClément XII et de Benoit XIV, des travaux considérablesd’histoire ecclésiastique et de liturgie. La critique biblique, qui avait été le premier objet de ses études, eut une partdans ses vastes publications. Il édita dans le tome iv desŒuvres d’Anastase le bibliothécaire, in-f°, Rome, 1735, sous ce titre: Psalterium cum canticis juxta Vulgatamantiquam latinam et Italam versionem, p. lxxxv-cxcii, le psautier latin de l’Italique, qu’il avait découvert dansun manuscrit de Vérone du VIe siècle. Le texte est accompagnéd’un grand appareil critique. Une seconde édition, insérée dans les Vindicise canonicarum Scripturarum 1775

BIANCHIN1 — BIBLES EN IMAGES

1776

Vulgatæ latinx editionis, in-f", Rome, 1740, p. 1-278, reproduit en caractères latins, et dans une colonne parallèleau texte de l’Italique, le grec des Septante nonrevisé, tel qu’il était répandu avant Origène.

Sous le titre que nous venons de citer, Bianchini, dansle dessein de répondre aux attaques dirigées par les protestantscontre la Vulgate latine, avait conçu un vaste ouvrage, divisé en six parties. Elles devaient comprendre: 1° des fragments inédits des Hexaples d’Origène; 2° leslivres de l’Ancien Testament, traduits par saint Jérômesur le texte hexaplaire des Septante; 3° une «épaisseforêt» de variantes de la Vulgate hiéronymienne, extraitesdes meilleurs manuscrits; 4° plusieurs livres de l’Ancienet du Nouveau Testament de l’Italique; 5° les livres del’Ancien Testament, traduits du chaldéen par saint Jérôme; . 6° l’apologie du Canon des Écritures, dressé par leconcile de Trente. Le tome premier, le seul paru, contientsans ordre, à la suite d’une préface générale où est retracéel’histoire du texte original et des versions grecqueset latines de la Bible, des éléments des six parties del’ouvrage complet. Les principaux sont des fragments desHexaples, tirés du Chisianus, n» 88; les variantes de laVulgate hiéronymienne, recueillies soit du Toletanus parChristophe Palomares, soit du Vallicellanus et du Paullinuspar Bianchini lui-même; des fragments de la mêmeversion empruntés à d’anciens manuscrits de la bibliothèqueVaticane; des parties de l’Ancien Testament del’Italique, Sagesse, viii, 14-x, 3, et Xi, 26-xii, 12; le débutd’Esther, le livre de Baruch, Tobie, i-vi, 12, extraitsde manuscrits de provenances diverses; enfin la descriptionde manuscrits des Évangiles que l’auteur se proposaitde publier plus tard. Cf. Journal des savants, février 1743, p. 117-124. Ces derniers Codices étaient leVercellensis, a, du IVe siècle; le Veronensis, b, du you VIe siècle; le Brkdanus, f, du vie siècle, et le Corbeiensis, n° 21, ff l, pour saint Matthieu. Leur texte, impriméavec des variantes d’autres manuscrits, notammentdu Vindobonensis, i, du VIe siècle, forme Y Evangeliariwmquadruplex latin» versionis antiques seu veteris Italicse, in-f°, en deux tomes, Rome, 1748, ouvrage magnifiquepour l’exécution typographique, et le plus considérable, le mieux conçu et le mieux exécuté au point de vue critiquesur les Évangiles de l’Italique. On y trouve encoredes spécimens et la description de nombreux manuscritsgrecs, latins (entre autres du Forojuliensis et du Perupinus), hébreux, syriaques et arabes de la Bible.

Lés papiers manuscrits de Bianchini contenaient troisécrits de critique biblique: Canticum canticorum latin» versionis antiques, seu veteris italicse; quo egregiumopus Bibliorum sacrorum ejusdem versionis a cl. P. Sabatieredilum suppletur et illustratur; — Collatio libriPsalmorum antiquæ latinse versionis, seu veteris italieneditionis dicti P. Sabatier et alterius editionis factœper Josephum Blanchinum cum textu grœco, et cumepistola S. Hieronymi ad Sunniam et Fretelam, quaostenditur cuinam prœlatio debeatur; — Loca in CassiodoriComplexionibus et aliis Patribus a prœfato P. Sabatieromissa. Cf. Fabricy, Des titres primitifs de larévélation, 2e époque, dans le Cursus completus SacréeScriptural, t. xxvii, col. 606. — Voir Josephi Bianchinipresbyt. Oratorii romani Elogium historicum, Rome, 1764; Villarosa, Meniorie degli Scrittori Filippini, Naples, 1837; Hurter, Nomenclator Htterarius, Inspruck, 1883, t. iii, p. 64-68; E. Mangenot, Joseph Bianchini et lesanciennes versions latines de la Bible, dans la Revue dessciences ecclésiastiques, 7e série, t. v, p. 150-175, et tirageà part, Amiens, 1892. E. Mangenot.

BIBLE. C’est le nom par lequel on désigne l’ensembledes Livres Saints. Chez les Hébreux, le motsé/ër, «livre,» était employé soit avec un déterminatif, soit même seul, Ps. xli, 8; Is., xxix, 18, dans le sens d’écrit sacré. DansDaniel, ix, 2, le pluriel hassefârim, «les livres,» sert à

désigner une collection d’écrits sacrés. En grec, les motsfiiêloç, qui dérive de fiiëloç, «papyrus,» et (JiëXîov, sontles équivalents de l’hébreu sêfér, et le traduisent habituellementdans les parties hébraïques de l’Ancien Testament.Dans les livres des Machabées, composés en grec, la Sainte Écriture est nommée Toi ptëXta xà â-yia, «lessaints livres,» I Mach., xii, 9, et t) Upà ftiëXoç, «le livresacré,» II Mach., viii, 23. Dès l’âge apostolique, saintClément de Rome renvoie «aux livres sacrés», Iv Taîçiepoî; fH’ëXoiç, I Cor., 43, t. i, col. 296, et appelle lepremier la collection des écrits inspirés-uà (kêûa, «leslivres.» Plus tard, saint Jean Chrysostome conseille àses fidèles de «se procurer le remède de l’âme, les Livres(Bt6X£a), ou au moins le Nouveau Testament». In Ep.ad Col. hom. ix, i, t. lxii, col. 361. Ce nom de B^Ju’a, devenu usuel dans la langue grecque, qui était la languede la primitive Église, et désormais consacré pour désignertout l’ensemble des Saintes Écritures, fut conservéen latin, comme beaucoup d’autres mots grecs dont lesens était familier aux premiers chrétiens. On finit doncpar dire Biblia, pour indiquer «les Livres» par excellence, comme on avait dit, en donnant une forme latineà des mots grecs, ecclesia, «église;» diœcesis, «diocèse;» parochia, «paroisse;» episcopus, «évêque;» presbyter, «prêtre;» monachus, «moine;» synodus, «synode,» etc. Seulement avec le temps et conformément à la tendancegénérale de la basse latinité, qui transformait souventles neutres pluriels en féminins singuliers, on cessade traiter le mot biblia comme un pluriel neutre, et on enfit un féminin singulier latin. C’est ainsi que l’emploientles écrivains du moyen âge, et l’auteur de V Imitation, I, i, 3. Du latin, le mot passa dans toutes les languesmodernes, avec le sens de livre sacré contenant tous lesécrits inspires. En français, le mot «Bible» se trouvedéjà dans Joinville, Histoire de saint Louis, édit. Didot, 1874, p. 569.

On appelle Bible hébraïque la collection des textes sacrésécrits en hébreu; Bible des Septante ou Bible grecque, la traduction grecque qui a été faite par les Septantepour le Pentateuque, et d’autres auteurs inconnus pourle reste de l’Ancien Testament. Voir Septante. Les Biblespolyglottes sont celles qui contiennent le texte sacré enplusieurs langues, à l’exemple des Hexaples d’Origène.Voir Polyglottes. Les Bibles rabbiniques sont cellesqu’ont éditées les rabbins juifs. La Bible de Sixte -Quintest l’édition de la Vulgate imprimée à Rome par ce pape, en 1590, en 3 vol. in-f°, sur la demande des Pères duconcile de Trente, et la Bible de Clément VIII est uneédition corrigée de la précédente, parue en 1592, et réimpriméeen 1593 et 1598. Les Bibles en langue vulgairesont les traductions du livre sacré dans les différenteslangues parlées dans le monde; Elles sont catholiques etéditées sous le contrôle des évêques, ou protestantes etne relevant alors que de la critique individuelle ou del’autorité d’une secte séparée de l’Église. Pour les autresquestions concernant la Bible, voir Écriture Sainte, Canon, Inspiration, Testament Ancien et Nouveau, etc.

H. Lesêtre.

BIBLES EN IMAGES au moyen âge. Il ne s’agitpas ici des Bibles contenant des images simplementintercalées dans le texte pour lui servir d’illustration, mais de ces Bibles dont les dessins ou peintures formentune partie essentielle, et sont disposés en regard d’explicationsallégoriques et morales pour les rendre plussaisissantes. La peinture est le langage des yeux; onpensait rendre plus faciles à comprendre et graver plusprofondément dans la mémoire les enseignements bibliques, si au commentaire par la parole écrite on joignaitle commentaire plus populaire par la peinture. «Pïcturae sunt libri laicorum,» disait Albert le Grand, Sermones de lempore, iv, Opéra, Lyon, 1651, t. xii, p. 9.Ces Bibles en images, qui furent plus ou moins en vog «ependantle moyen âge, sont donc de véritables commet! DICTIONNAIRE DE LA BIBLE.

LETÛUZEY et ANE Editeurs.

Imp.Dufrenoy.ikj.’rue du Montparnasse Pans.

fcetljalamo Cu<m «fce u3° turgmalt.

    1. PROPHÉTIES D’ISAÏE##

PROPHÉTIES D’ISAÏE, LUI et LIV, RELATIVES À JÉSUS-CHRIST ET À L ÉGLISE

EMBLEMATA B1BLICA ou BIBLE MORALISÉE, BIBLIOTHÈQUE NATIONALE M S. LATIN, 11560, F. 1241779.

BIBLES EN IMAGES

1780

pose cet ouvrage en latin ont été dispersées dans différentesbibliothèques. La première partie, comprenantdepuis la Genèse jusqu’à Job inclusivement, a 224 feuilletsécrits d’un seul côté, et environ 1 780 petit* tableauxoù les personnages se détachent sur un fond or. Il estconservé à l’université d’Oxford: ms. 270 b, fonds Bodléien(n° 2937 du catalogue de Bernard; arch. BodI.A. 154; auct. B. 4 6). La suite ou deuxième partie, contenantdepuis la fin de Job jusqu’aux petit* prophètes inclusivement, se compose de 222 feuillets avec 1800 tableauxsur fond or. Il est à la Bibliothèque nationale, à Paris: ms. latin 11560, provenant de l’abbaye de Saint-Germaindes-Prés.Une page (fol. 4) a été reproduite dans l’albumpaléographique de la Société de l’École des chartes(pi. 37). La troisième partie est représentée par un manuscritdu fonds harléien, au Musée Britannique. Il avaitautrefois 184 feuillets; il est coupé maintenant en deuxtomes, classés sous les n° s 1526 et 1527, n’ayant plus, parsuite de la perte de quelques pages, que 178 feuilletsavec 1 424 tableaux. Ils comprennent les Machabées, dansle n° 1526, et les Évangiles, les Actes, les Épîtres de saintPaul et l’Apocalypse, dans le n° 1527. L’ouvrage completdevait donc comprendre 630 feuillets et 50Û0 tableauxenviron. Les huit derniers feuillets qui restent d’un autreexemplaire absolument semblable au précédent, et appartenantà M. le vicomte de Hillerin, permettent de comblerquelques-unes de ses lacunes, et surtout de penser quece fut sous les auspices de saint Louis qu’une œuvre siconsidérable fut entreprise. Sur le dernier feuillet, occupépar une grande peinture à quatre compartiments, on vSttà droite un roi, à gauche une reine, et au, - dessous deuxreligieux, dont l’un dicte le texte d’un livre placé sur unpupitre, et l’autre écrit ou peint la Bible moràlisée. Cf. letableau et la notice du manuscrit par M. l’abbé Auber, dans les Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, 1838, p. 157-168, et pi. vi et vu. Comme l’écriture et l’enluminuresoit du manuscrit en trois parties, soit de cefragment, conviennent parfaitement au temps de saintLouis, il est naturel de voir dans ce tableau une dédicaceà ce saint roi et à sa mère Blanche de Castille ouà la reine Marguerite de Provence. En tout cas, c’esttien une œuvre française, comme le prouvent les indicationsen français destinées à diriger les artistes dansleur travail. Il a été fait plusieurs copies de la premièrerédaction. Nous venons de signaler un fragment d’unede ces copies. L’incendie de Londres, en 1666, en détruisitune autre, d’après Th. Hearne, Remarks and collections, i, 44. Une copie du xiv 8 siècle, à peu près achevée, ornée de 4 976 dessins au trait, se conserve au Musée Britannique, n° 18719 du fonds additionnel.

La seconde rédaction se fait remarquer par des développements, moins longs que dans la première pour uncertain nombre de passages. Elle est représentée par lems. n° 167 du fonds français de la bibliothèque Nationale.Dans ce manuscrit, le texte latin est accompagné d’uneversion française, dont le style paraît dénoter la deuxièmemoitié du xtv= siècle. «Il y a tout lieu de supposer, ditM. Léopold Delisle, que c’est la Bible en latin et en françaisque Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avait faitcommencer vers l’année 1401, et dont il avait confié ladécoration aux deux enlumineurs Polequin et JannequinManuel, Bible à laquelle Jean sans Peur faisait encoretravailler en 1406, avec l’intention de l’offrir à Jean, ducde Berri.» On y compte environ 5100 petit* tableaux engrisaille. — Un second exemplaire, qui paraît avoir étéfait dans les premières années du x «siècle, présentela même disposition pour le texte et les peintures. C’estle ms. 166 du fonds français de la Bibliothèque nationale.Il suit pas à pas le ms. 167, mais il est inachevé; il s’arrêteau milieu du livre d’Isaïe. Le texte est le même, mais les sujets des tableaux présentent de notables différences.Le frontispice est superbe. Il a été gravé avecquelques petit* tableaux par Saint -Aubin, dans Notices

et extraits des manuscrits, t. VI, après la p. 124. — LaBibliothèque impériale de Vienne possède aussi un manuscritde la Bible moràlisée (aujourd’hui coté 1179)qui remonte au xm «siècle. Ce manuscrit de 246 feuilletsa huit médaillons sur chaque page, sauf la première: cequi donne un total d’environ 1 964 petit* tableaux. Lesdifférences notables du texte sembleraient d’abord indiquerune rédaction très distincte, mais une comparaisonattentive montre la dépendance où il se trouve parrapport à la première rédaction, dont les trois volumesconservés à Oxford, à Paris et à Londres, nous offrentun spécimen.

II. Bible historiée toute figurée. — Cet ouvragesuit le même plan général que la Bible moràlisée; maison trouve de notables différences dans le choix des textes, et surtout dans les explications. Les trois corbeilles quele panetier de Pharaon voit en songe (Gen., XL, 16) sontainsi expliquées dans la Bible moràlisée: «Ce panetiersegnefie ceus qui pecchent par ces trois péchiez ci, avarice, orgueil, luxure, qui sont figuré par paste, par farine, par chars.» (Ms. fr. 167, fol. 13.) Dans la Bible historiéetoute figurée, on lit cette explication plus développée: «Ce que li panetiers sonja qu’il portoit trois corbeilles depaste, de farine et de char: paste, qui est glueuse, senefieconvoitise; la farine, qui est chose vaine, senefieorgueil; la char, luxure. Cil qui [portent] les trois corbeilleset les oisiauz qui bêchent la char senefient celsqui dorment en ces trois péchiez que nos avons devantdit, et deables les enchaoinent et traient en enfer.» (Ms. fr. 9561, fol. 28 v°.) La rédaction toute en françaisdate de la fin du xm" siècle ou du commencement du xiv a.Aucun manuscrit complet n’a été signalé. Le manuscritfrançais 9561 de la Bibliothèque nationale contient depuis laGenèse jusqu’aux Juges inclusivement, et immédiate- 1ment après donne la vie de Jésus-Christ. Pour l’AncienTestament, les pages sont partagées par le milieu: lapartie supérieure est réservée ordinairement aux typeset aux figures, c’est-à-dire à l’Ancien Testament; la partieinférieure à la réalisation, c’est-à-dire au Nouveau, oubien à une allégorie mystique ou morale. On trouved’abord deux sujets sur chaque page; mais ensuite presqueconstamment trois sujets de l’Ancien Testament dans lamoitié supérieure, et trois sujets correspondants dans lebas, soit six tableaux. Voici le texte du tableau de la créationreprésentant l’œuvre du troisième jour: «Ici départDex la terre de la mer, et garaist la terre d’arbres etd’oisiaus, et la mer de poissons, de gros et de menus.

— La terre senefie sainte Église; les oiseus senefient lesdiverses genz del munde qui acrochent sainte Église; lesgranz poissons senefient les granz usuriers qui manjuentles petit, ce sunt la povre gent.» Les soixante-seize dernièrespages peintes représentent la vie de Notre-SeigneurJésusChrist, dans des tableaux gui ne laissent que laplace d’une courte légende, par exemple, fol. 133, verse-: «C’est l’histoire comment la vierge Marie enfanta NostreSeigneur Ihesu Crist, et puis l’envoloupa en dras et leposa en la mangeoire, ensi que saint Luc le dist en sonévangile, u sec*nt capitle.» Les premières pages sontdes scènes de la vie de la sainte Vierge, empruntées auxévangiles apocryphes. — Un autre manuscrit du XIIIe ouXIVe siècle, conservé à Vienne, inscrit au n° 2554 de laBibliothèque impériale, sous le titre de Bïblia historicoallegorico-iconologieaVeteris Testamenti, contient toutl’Ancien Testament. Chaque page a huit médaillons àfond d’or, et à droite et à gauche des peintures on aménagé une bande assez étroite pour le texte explicatif.C’est le même texte que le manuscrit de Paris, saufquelques légères modifications. — Des peintures du Pentateuquede la Bible historiée toute figurée, dérivantdu manuscrit français 9561, se retrouvent sur lesmarges d’un livre d’heures, le manuscrit latin 9471 dela Bibliothèque nationale, qui a été exécuté pour unmembre de la famille de Rohan. Les sujets et les légendes

sont la reproduction des sujets et des légendes du manuscritfrançais.

III. Rappelons encore, comme ayant un rapport assôzétroit avec les œuvres précédentes, mais formant plutôtune histoire sainte qu’un commentaire allégorique etmoral, ce qu’on a appelé les Images de la Bible et lesRésumés d’histoire sainte en rouleaux. — Les Images dela Bible sont des tableaux de grande dimension, avec légendeexplicative en latin à la partie supérieure et à lapartie inférieure de chaque page. Ces tableaux, qui représententles principaux traits de l’histoire biblique, sontdivisés en plusieurs compartiments. Il n’en reste plus quequatre pages, appartenant à la Bibliothèque nationale(Nouv. acq. lat. 2294); le dessin et le coloris sont trèsremarquables. On signale comme ayant la même disposition, le même style, un volume de 43 feuillets, qui faitpartie de la bibliothèque de sir Thomas Phillips, à Cheltenham.— Le Résumé de l’histoire sainte en rouleauxest formé de bandes de parchemin assez étroites, surlesquelles des médaillons représentant les principalesscènes de l’Ancien et du Nouveau Testament sont eneadrésd’une légende plus ou moins développée. Dans unmanuscrit de cette composition datant de la secondemoitié du xme siècle et appartenant à M. Gélis-Didot, l’auteur donne la raison de son travail: «Facta est utilli, qui ad plenam Testamenti doctrinam non possuntpertingere, noticiam saltem rerum gestarum per hystoricamsuccessionem habeant.» L’usage de ces rouleaux futtrès général à la fin du xrv «siècle et surtout au xv?. Aprèsl’invention de l’imprimerie, les libraires de Paris en firentimprimer plusieurs éditions du temps de François I er, sous le titre: Cronica cronicorum, abbrege et mis parfigures, descentes et rondeaulx (petit* ronds où l’on aplacé des noms). Cf. Brunet, Manuel du libraire (1860), t. i, col. 1861-1862.

Ce que l’on faisait pour la Bible entière, on le fit pourcertains livres en particulier, comme le livre de Job, lePsautier, les Évangiles. et l’Apocalypse. Cependant lesenluminures plus ou moins riches dont on les orna n’ontpas généralement le caractère de commentaire allégoriqueet moral, mais plutôt celui de décoration ou d’illustrationhistorique. Voir Léopold Delisle, Livres d’images destinésà l’instruction religieuse, dans l’Histoire littéraire de laFrance, t. xxxi, p. 218-284. E. Levesque.

    1. BIBLIA MAGNA##

BIBLIA MAGNA, compilation de divers commentairessur la Sainte Écriture faite par le P. Jean de La Haye."Voir La Haye (de).

BIBLIA MAXIMA. Voir La Haye (de).

    1. BIBLIANDER##

BIBLIANDER, de son vrai nom Théodore Buchmann, orientaliste protestant suisse, né à Bischofzel (Thurgovie)en 1504, mort de la peste à Zurich le 24 septembre oule 26 novembre 1564. En 1532, il professait l’ÉcritureSainte à Zurich. Il a composé un très grand nombred’ouvrages, dont nous citerons les suivants: ProphetaNahum, juxta veritatem hebraicam latine redditus, cunx exegesi, qua versionis ratio redditur et auctorissententia explicalur, in - 8°, Zurich, 1534; Commentariusin Micham, in-8°, Zurich, 1534; Institutionum grarnmaticarumde lingua hebraica liber unus, in - 12, Bâle, 1535; Commentarius in utramque epistolam Pétri, in-8°, Bâle, 1536; Commentarius in Apocalypsim Johannis, in-8°, Bâle, 1549; Quomodo oporteat légère Sacras Scripturas, prxscriptiones apostolorum, prophetarum, in-8°, Bâle, 1550; De vita, doctrina, fide, operibus et EcclesiaPétri, in-8°, Bâle, 1550; Amplior consideratio decretisynodalis Tridentini de authentica doctrina EcclesiseDei, de latina veteri translatione Sanctorum Librorum, de catholica expositione Hanctas Scripturse, in-8°, Bâle, 1551; Sermo divinse majestatis voce pronuntiatus seucommentarius in Decalogum et sermonem Domini in

monte Sinai, in-f°, Bâle, 1552; De mysteriis salutiferstpassionis et mortis Jesu Messise libri très, in-4°, Bâle, 1555; Protevangelion, sive de natalibus Jesu Christi etipsius Matris Virginis Mariai sermo historiens divi Jacobiminoris; Evangelica historia quam scripsit B. Marcus, vita Marci evangelistse collecta ex probatioribusauctoribus, in-8°, Bâle, 1552. En outre de ces diversécrits, Bibliander travailla à l’édition de la Bible qui parutà Zurich, en 1543, sous le titre de Bibliae sacra hebrseorumlingua grxcorumque fontibus, consultis simulorthodoxis interpretibus, religiosissime translata in sermonemlatinum per theologos Tigurinos, in-f°. Il traduisitpour cette œuvre une partie d’Ézéchiel, Daniel, Job, lesquarante-huit derniers psaumes, l’Ecclésiaste et le Cantiquedes cantiques. — Voir Lelong, Bïbliotheca sacra, t. i, p. 289; Richard Simon, Histoire critique du VieuxTestament (1685), p. 324; Dupin, Bibliothèque des auteursséparés du xvii* siècle (1719), t. i, p. 571.

B. Heurtebize.

1. BIBLIA PAUPERUM. On appelle ainsi une collectiond’images représentant les principaux mystères dela vie de Notre -Seigneur avec les figures prophétiquesqui les annonçaient dans l’Ancien Testament. On croitcommunément qu’elle reçut le nom de «Bible des pauvres» parce qu’elle fut surtout destinée aux pauvres gens, lorsqu’oneut découvert l’art de reproduire la gravure surbois. Avant l’invention de l’imprimerie, les livres, écritsà la main, étaient naturellement d’un prix élevé et au-dessusdes ressources de la plupart des fidèles. La xylographiepermit de multiplier en très grande quantité età peu de frais les exemplaires de cette Bible, et de lamettre ainsi entre les mains des moins fortunés. Lemot «pauvres» peut également avoir été appliqué auxignorants et aux illettrés qui pouvaient comprendre lesimagés, quoiqu’ils ne sussent pas lire. Quelques bibliographesl’appliquent aussi aux religieux des ordres mendiants.Streber, dans Wetzer et "Welte, Kirchenlexicon, 2° édit., t. ii, col. 776. — La Bible des pauvres a existé enmanuscrit, avant d’être reproduite par la xylographie. Lesdessins en sont attribués à l’école de Jean Van Eyck(1366-1456). La première xylographie doit avoir été faiteentre 1410 et 1420. L’origine précise et l’auteur en sontd’ailleurs inconnus, les éditions originales ne nous fourvnissant à ce sujet aucun renseignement.

Certains bibliographes nient que la Biblia pauperumxylographique ait eu plus de deux éditions. Ceux qui ehadmettent davantage ne sont pas d’accord sur leur nombre.Quelques-uns, comme Sotheby, Principia typographica, t. ra, p. 162-166, 186, en comptent plus de sept. LaBibliothèque nationale possède cinq exemplaires, exposésdans la galerie Mazarine (armoire ix). Quatre ont quaranteplanches; l’un d’eux (n"l) est colorié à la main; len°5a cinquante planches (5e édition de Heinecken). L’examenattentif de ces exemplaires prouve qu’il y a eu certainementplus de deux éditions; car, en dehors des variationsde lettres servant à classer les planches, on remarqueque ces dessins ont été plus ou moins légèrement modifiéset retouchés. Il est vrai, que certaines planches ont puêtre remplacées au fur et à mesure qu’elles étaient usées.Les premières Biblia pauperum ont des légendes latines.On publia aussi plus tard cette œuvre en langue vulgaire.Elle fut imprimée à Paris, par Antoine Vérard ( sans date), en français, sous le titre Les Figures du Vieil Testamentet du Nouvel. La Bibliothèque nationale en possède unexemplaire in-4° (A 1399). On croit qu’il a été impriméen 1503. Il reproduit la xylographie. Les légendes latinesy sont conservées, mais chaque série de figures est précédéede plusieurs pages d’explications en français, résuméesà la fin par quelques vers. Une édition allemande, Armen-Bibel, avait été publiée par Friedrich Waltheret Hans Hûrnin, en 1470. Etc. (Pour les Mitions latines, voir Berjeau, Biblia pauperum, p. 17, et plus loin pourl’édition allemande’de Pfister.)

Les éditions primitives, qui n’ont pas été faites encaractères mobiles, sont une «impression tabellaire enplanches de bois, dite impression xylographique, obtenueen appliquant le papier au moyen d’une brossenommée frolton, sur la planche gravée, préalablementenduite d’encre grise à la détrempe. Dans les impressionsde cette nature, les feuillets sont toujours anopisthographes, c’est-à-dire imprimés d’un seul côté du papier».(Thierry-Poux), Bibliothèque Nationale, Imprimés, manuscrits, estampes. Notice des objets exposés, départementsdes imprimés, in-12, Paris, 1881, p. 1. Le frottementde la brosse a produit sur le papier, aux endroitsdes planches qui étaient en relief, des creux quelquefoisassez profonds; ils sont encore très marqués sur lesexemplaires de la Bibliothèque nationale, quoique cesexemplaires remontent au xv° siècle et soient généralementconsidérés comme une des premières impressionsqui aient été faites sur bois.

La Bible des pauvres est une concordance de l’Ancienet du Nouveau Testament. De là les noms qu’on lui aaussi donnés de Figurse typicse Veteris Testamenti atqueantitypicee Novi Testamenti, et de Historia Christi infiguris. C’est, en effet, l’application de l’adage: NovumTestamentum in Vetere latet, Vêtus Testamentum inNovo patet. Elle présente aux veux, sous une forme sensibleet saisissable pour les ignorants comme pour lessavants, les faits principaux de l’histoire sainte, tels qu’ilssont prophétisés dans l’Ancien Testament (images accessoires) et réalisés dans le Nouveau (images principales).L’image, intelligible pour tous, met les faits sous lesyeux; des légendes l’accompagnent, afin que les lettréspuissent les expliquer et les faire mieux comprendre aux «pauvres». Les plus anciennes Biblia pauperum se composentde quarante feuillets, tous conçus d’une manièreanalogue et disposés d’une façon semblable quant aux dessinset aux légendes. Dans un encadrement architectonique, semblable à un triptyque d’autel, sont cinq quartiersou champs disposés en trois compartiments horizontaux, avec trois divisions verticales qui contiennent lesreprésentations particulières, les types et les antitypes.Dans les quatre espaces laissés vides aux quatre anglesd’en haut et d’en bas sont les légendes explicatives. Lesujet central est toujours tiré du Nouveau Testament, parordre chronologique; les sujets de l’Ancien ne suiventpas d’autre ordre que celui de leur concordance avecceux du Nouveau. En haut et en bas, entre les légendes, sont deux bustes de personnages de l’Ancien Testament.L’ordre des planches est marqué par les lettres de l’alphabetgothique deux fois répété jusqu’au v sous deuxformes différentes. Ainsi, dans le dixhuitième tableau(première lettre s), la scène centrale, c’est-à-dire la principale, représente l’institution de l’Eucharistie (fig. 542).A gauche, nous voyons Melchisédech, offrant le pain etle vin; à droite, la manne tombant au Sinaï pour nourrirles Hébreux; par conséquent, les deux célèbres figures dusacrement de l’Eucharistie dans l’Ancien Testament. Auhaut de la page, à gauche, est la légende explicative dusacrifice de Melchisédech: «Legitur in Genesi xim° cap[18-20], quod cura Abraham de sede [cæde] inimicorumrediit et ferret secum magnam prædam quam excussitde inimicis suis tune Melchicedech sacerdos Dei summusoptulit et panem et vinum: Melchicedec Cristum significatqui panem et vinum id est corpus et sanguinemsuum in sena [cœna] suis discipulis ad edendum et bibendumporrigebat.» — À droite, la légende explique lasignification typique de la manne: «Legitur in Exodoxvi° cap" [ 13 - 14 ], quod Dominus prœcepit Moysi utdiceret populo quod quilibet tolleret de manna célestequantum sufficeret sibi pro die illa; manna autem célestequod Dominus Isrælitibus dédit significabat panem sanctum, scilicet sui sanctissimi corporis quod ipse in cenadédit suis discipulis cum dicebat: Accipite ex hoc omnes, etc.» Entre ces deux légendes, on voit, à gauche, David,

le Psalmiste qui a écrit les paroles rapportées au-dessousde son nom: «Panem angelorum manducavit hom*o,» Ps. lxxvii, 25, et, à droite, Salomon, l’auteur des Proverbesqui a écrit: «Pvbior. ix [5]: Venite, comeditepanem meum.» Au-dessous du sacrifice de Melchisédech, on lit: «V s Sacra notant cristi: que Melchicedech déditisti.» Au-dessous de la descente de la manne: «V s Setenet in manibus, se cibat ipse cib.us.» Au bas de la pageest la légende relative à la Gène: «V s Rex sedet in cenaturba cunctus duodena.» Dans la banderole à gauche decette légende sont reproduites les paroles d’Isaïe, lv, 2: «"Ysa lv: Audite audientes me et comedite bohum.» Labanderole de droite contient les paroles delà Sagesse, xvi, 20: «Sapie. xvi: Panem de célo prestitisti illis.» L’édition française de Vérard résume ces légendes dansles vers suivants:

Comme Melchisédech offrit

Au père Abraham vin et pain

Comme Jésus qui mort souffrit

Fit le miracle souverain

Et bailla de sa propre main

Aux prestres son corps a mangier

Comme Moyse fist soudain

La manne du ciel congregier.

Telle est la Biblia pauperum, qui a été longtemps sirépandue et si célèbre, et qui est comme le résumé condenséde l’exégèse du moyen âge. Elle a appris l’histoiresainte et les mystères de notre foi à de nombreuses générationsde chrétiens; elle a fourni des thèmes de sermonsaux prédicateurs, elle a inspiré aussi de nombreux artistes, qui en ont transporté les images et les conceptions surLes vitraux de nos églises, dans les tableaux religieux etjusque sur des tapisseries sacrées. Les fenêtres du couventde Hirschau, en Souabe, ont reproduit en entier laBiblia pauperum. Beaucoup d’autres monuments lui ontaussi fait des emprunts. Voir Laib et Schwarz, Biblia pauperum, 1867, p. 20-25.

Les éditions publiées après l’invention de l’imprimeriemodifièrent souvent’les dispositions et les légendes primitives.Ainsi la Bibliothèque nationale possède un exemplairede la Biblia pauperum avec légendes en allemand( coloriée à la main), imprimée par Pfister, à Bamberg, vers 1462, in-4° (A 1397 septies). Elle a vingt-deux feuilletset quarante-quatre sujets. La disposition des pagesn’est pas non plus la même; la représentation des mystèresdu Nouveau Testament est en haut, les deux sériesde bustes à droite et à gauche et au-dessus de l’extrémitédes deux sujets de l’Ancien Testament, qui sontchangés en partie. Cet arrangement est moins heureuxque l’ancien. On trouve aussi une disposition différentedans un autre manuscrit allemand qui a été publié parLaib et Schwarz, Biblia pauperum, nach dem Originalein der Lyceurnsbibliothek zu Konstanz, mit einer Einleitung, in-f°, Zurich, 1867. (Bibliothèque nationale, A 2060. Réserve.) Les dessins sont complètement différentsde ceux des éditions xylographiques.

On a reproduit de nos jours plusieurs exemplaires anciens.1° Biblia pauperum reproduced in fac-similéfrom one of the copies of the British Muséum, with anhistorical and bibliographical Introduction by J. Ph. Berjeau, petit in-f°, Londres, 1859. (Bibliothèque nationale, A 2092. Réserve.) L’introduction est une étude importante.— 2° Monuments de la xylographie. II. Bible despauvres reproduite en fac-similé sur l’exemplaire dela Bibliothèque nationale, par Adam Pilinski. Précédéed’une notice par Gustave Paulowski, in-4°, Paris, 1883.(Bibliothèque nationale, g Q 7. Réserve.) Cette reproductionn’a aucun texte explicatif. — 3° Biblia pauperum.Facsimile - Reproduction getreu nach dem in derErzherzoglich Albrecht’schen Kunst-Sammlung» Albertina «befindlichen Exemplar. Von Anton Einsle. Miteiner erlâuternden historisch - bibliographischen Beschreïbungvon Josef Schonbrunner. In-f°, Vienne (1890).

^ffiêtfâetfmcmafta

542. — Fac-similé de la feuille s de la Biblia pauperum. D’après un exemplaire de la Bibliothèque nationale de Paris.

1787

BIBLIA PAUPERUM — BIBLIQUES (SOCIÉTÉS)

1788

Tiré à 150 exemplaires. (Bibl. nat. À 2149.) 4° Biblia

fauperum, Deutsche ausgabe von 1471, In-4°, Weimar, 906 (A 18200). — Voir aussi Heinecken, Idée généraled’unecollectioncomplèted’estampes, in-8<>, Leipzig, 1711p. 292-333 (avec reproduction de fac-similés, entre autres, pi. 8, vis-â-vis la page 323, de l’Annonciation de YArmen-Bibelallemande. (Bibliothèque nationale, V 24434); Sam.Sotheby, Principia typographica. The Block-Books orxylographie delineations of Scripture History issued inBolland, Flanders and Germany, 3 in-f», Londres, 1858, t. i, p. 43-68 d; t. ii, p. 51-62, 185-186; t. iii, p. 24-27, 107, 162-166, 186 (Bibliothèque nationale, Q 58. Réserve); Th. H. Home, An Introduction to thelloly Scriptures, 3e édit., 1822, t. ii, p. 220-224; Camesinaet Heider, Die Darslellungen der Biblia pauperumin einer Handschrift des 14. Jahrhunderts im Stift St.Ftorian, Vienne, 1863; Weigel et Zestermann, Anfàngeder-Buchdruckerkunst, 2 in-4°, Leipzig, 1866; J. Heller, Geschichte der Hotzschneidekunst, in-8°, Bamberg, 1823, § 80-81, p. 339-350 (peu exact); J. Ch. Brunet, Manueldu libraire, 5e édit., 1862, t. iii, p. 227; K. Atz, Diechristliche Kunst, 3 8 éd., Ratisbonne, 1899, p. 76-79.

F. VlGOUROUX.

2. BIBLIA PAUPERUM. Il existe aussi sous ce titre unouvrage attribué à saint Bonaventure et complètementdifférent du précédent. Voici le titre d’une des éditions dela bibliothèque Nationale (D 6595 Réserve): Biblia pauperuma Domino Bonavèntura édita, omnibus Christifidelibusperutilis. On lit à la fin: Explicit opus prœclarumDomini Bonaventurse Biblia pauperum nuncupatumAnno Dni MLLLL.XCI. In-4° de 48 ieuillets, plusla table. C’est une collection par ordre alphabétique destextes et des exemples de l’Écriture relatifs aux vertusqu’il laut pratiquer et aux vices qu’on doit éviter: Deabstinentia, de accidia, de ambitiosis, etc. Cette éditionest abrégée; d’autres sont plus complètes. Le recueil estdestiné aux prédicateurs, et il a dû être appelé «Bibledes pauvres», parce qu’étant fort court, il pouvait êtreacheté même par les prédicateurs pauvres. Il en existede nombreux manuscrits et plus de trente éditions imprimées.Cet ouvrage a été attribué à tort à saint Bonaventure; il est d’un dominicain du couvent de Saint-Jacquesde Paris, qui devint le dernier patriarche latin, de Jérusalem, Nicolas de Hannapes (mort le 18 mai 1291). Voirhistoire littéraire de la France, t. xx, 1842, p. 64-76.

F. Vigourotjx.

    1. BIBLIOTHÈQUE##

BIBLIOTHÈQUE, collection de livres et local où ilssont réunis. La Vulgate emploie trois fois ce mot, I Esdr., V, 17; vi, 1, et II Mach., ii, 13. Dans le premier passaged’Esdras, le texte chaldéen porte bêf ginzayya’, qu’ontraduit par «maison du trésor»; dans le second passage, l’original a pê( sifrayyà’, a. la maison des livres,» c’est-à-direla bibliothèque des rois de Babylone. Le roi Dariusy fît faire des recherches pour retrouver l’édit par lequelCyrus avait autorisé la reconstruction du temple de Jérusalem.I Esdr., vi, 1-3. Il n’est pas étonnant que les roisperses eussent une bibliothèque et des archives dans lepalais royal de Babylone; dès une haute antiquité, lesrois de Babylone et d’Assyrie, ainsi que les principalesvilles de ces contrées, eurent des bibliothèques, dontquelques-unes ont été retrouvées par les explorateursde nos jours. Voir La Bible et les découvertes modernes, 5\{\{e\}\} édit., t. i, p. 172-181. — Le texte grec de II Mach., n, 13, a le terme même d’où nous vient notre mot de «bibliothèque», ftigXioSïjXy). Les auteurs juifs de la lettreoù on lit cette expression racontent que Néhémie avaitconstruit une bibliothèque à Jérusalem, pour y recueillirles Livres Saints. — Voir J. Lomeier, De bibliothecis, in-12, Utrecht, 1580, p. 22-59. F. Vigouroux.

    1. BIBLIQUES##

BIBLIQUES (SOCIÉTÉS). Ce nom désigne desassociations protestantes qui se sont donné la mission detraduire la Sainte Écriture dans toutes les langues du

monde, et d’en distribuer partout des exemplaires. Les associationsde ce genre ont pris naissance dès le milieudu xviie siècle. En 1849 s’établit la «Société pour la propagationde l’Écriture dans la Nouvelle-Angleterre», ayantpour but la diffusion des Livres Saints traduits dans lesprincipaux idiomes des sauvages d’Amérique. L’Angleterrevit se fonder, en 1698, une «Société pour la propagationdes connaissances chrétiennes», au moyen de distributionde Bibles, et, en 1780, une «Société biblique», pour fournir des Livres Saints aux armées de terre et demer. En France, vers 1719, le janséniste de Barnevilleavait institué une «Société biblique catholique». éditantle Nouveau Testament sans notes ni commentaires, à lamanière protestante, mais cependant avec des préfaces.A partir de 1792, la «Société biblique française de Londres» se chargea de traduire les Écritures à l’usagedes protestants français. Toutes ces associations durents’effacer devant la puissante «Société biblique britanniqueet étrangère», fondée à Londres, le 7 mars 1804, à l’instigation de Charles, pasteur de Bala, dans le paysde Galles. D’autres Sociétés bibliques se constituèrent, à l’imitation de celle de Londres, à Berlin, en 1814, et àNew-York, en 1817. Ces deux sociétés restèrent indépendantesde la première. Mais, sous les auspices de lagrande association anglaise et avec son concours, s’établirentà Saint-Pétersbourg une Société biblique russe, autorisée par Alexandre I er, en 1813, et prohibée parNicolas I er, en 1826, et à Paris une Société biblique protestante, en 1818. Toutefois il se produisit de bonneheure un double schisme dans la Société britannique.Les Écossais, mécontents de voir qu’elle publiait les «apocryphes», c’est-à-dire les livres deutérocanoniques, que les protestants rejettent du canon, fondèrent la Sociétébiblique d’Ecosse. D’autres accusèrent la Société de socinianisme, firent scission et créèrent une Société bibliquetrinitaire. Des difficultés analogues se produisirent enFrance. En 1826, la Société britannique commence elle-mêmeà refuser son concours aux associations qui publiaientles livres «apocryphes». Pour ne pas se priver dece puissant patronage, la «Société biblique protestante deParis» se mit à publier des Bibles sans «apocryphes» etd’autres Bibles avec «apocryphes», au choix de ceux quiles demandaient La Société de Londres ne s’accommodapas volontiers de cette manière de faire, et, en 1833, elleprovoqua l’établissem*nt de la «Société biblique françaiseet étrangère», qui s’inspira de ses vues. Cependant onréclamait de toutes parts des traductions plus modernes.Une troisième association française, la «Société bibliquede France», se fonda, en 1864, dans le but d’imprimeret de distribuer des traductions nouvelles, mais avecexclusion des deutérocanoniques. Devant cette institution, qui répondait pleinement à ses vues, la «Société bibliquefrançaise et étrangère» s’éclipsa en 1865. La Société britanniquese contenta dès lors d’avoir des dépôts de sestraductions à Paris et dans le reste de la France.

I. Organisation et résultats matériels. — La Sociétébritannique, la plus importante et la plus en vue de toutesles associations analogues, est dirigée par un comité detrente-six membres, tous laïques, dont quinze sont choisisdans l’Église anglicane, quinze dans les autres Églisesprotestantes de la Grande-Bretagne, et six parmi les étrangersrésidant à Londres. Des sociétés locales établies soiten Angleterre, soit sur le continent, secondent l’œuvredu comité central. En mars 1890, la Société bibliquecomptait cinq mille deux cent quatre-vingt-dix-sept sociétésauxiliaires, tant dans le royaume que dans les colonies.Les recettes, qui ont commencé par produire dix-septmille francs, en 1805, dépassent maintenant le chiffre decinq millions. Elles proviennent pour une moitié environde dons, de legs et de souscriptions, et pour l’autre moitiéde la vente des Bibles. La France n’est représentée quepar quatre cents francs dans ce budget de recettes. LaSociété consacre ces ressources à imprimer les Livres

Saints dans toutes les langues et tous les dialectes. À lafin de 1889, elle avait dépensé depuis son origine un peuplus de deux cent soixante - quinze millions de francs, etimprimé cent vingt-quatre millions de volumes, se décomposantainsi: Bibles complètes, trente-sept millions; NouveauxTestaments, cinquante-huit millions; portions détachées, vingt-neuf millions. Près de quatre millions devolumes ont été mis depuis en circulation chaque année.Les langues ou dialectes représentés dans cette masse devolumes étaient de deux cent soixante - quinze en 1889.Quelques nouvelles traductions ont été exécutées depuis.La Société britannique fait distribuer ses volumes par descolporteurs chargés de pénétrer partout et d’employerleur zèle à répandre la Bible traduite dans la langue dupays. Ils la vendent ordinairement à prix très réduit, lamoitié des frais de la Société étant couverts par des donsvolontaires. En 1888, huit cent sept colporteurs bibliquescirculaient, dont soixante en France, quatre-vingt-dix-septen Russie, cent soixante-six dans l’Inde et à Ceylan, centdouze en Chine, etc., et ils ont réussi à placer près deneuf cent quatre vingt-deux mille exemplaires. La Sociétébritannique possède aussi des dépôts dans tous les pays.De 1820 à 1890, il est sorti du seul dépôt de Paris prèsde huit millions quatre cent mille volumes. Cf. G. Browne, History of the British and Foreign Bible Society, 2 in-8°, Londres, 1859; (Bagster), Bible of every Land, in-4°, Londres (1869); La Société biblique britannique et étrangère, notice ùitS, Nancy, 1889; Le Livre universel, in-32, Paris -Bruxelles, 1878; Reed, The Bible Work of theWorld, in-S a, Londres, 1879. — La Société biblique de Berlinétend surtout son action sur les pays de langue allemandeet les colonies de l’empire. — La Société bibliqueaméricaine imite dans l’Amérique du Nord ce que l’Angleterrefait chez elle au point de vue biblique.

II. Résultats de l’ceuvre. — Les résultats matérielsqu’enregistrent les Sociétés bibliques attestent leur activitéet leur libéralité, mais on peut néanmoins leur adresserde justes critiques. — 1° En principe, la lecture seule dela Bible, faite sans préparation, sans direction et sansrègle, par des gens qui ne sont même pas toujours enétat de la comprendre, ne saurait former des chrétiens.

— 2° Au simple point de vue de la fidélité des traductions, les difficultés de l’œuvre sont à peu près insurmontables.On sait tout ce qu’il a fallu de patience, de scienceet de travail pour traduire les Livres Saints dans noslangues européennes. Et cependant ces langues sont forméesde très longue date à l’expression des idées philosophiqueset théologiques les plus délicates. L’Évangilea été prêché dans une langue avec laquelle elles ont unemultitude de points communs. Enfin les mœurs que supposentles récits des Livres Saints ne sont pas, en général, assez éloignées des nôtres pour nous dérouter dansl’intelligence du texte sacré. Mais il en est tout autrementde la plupart des dialectes dans lesquels les Sociétésbibliques font passer la Sainte Écriture. Un très grandnombre d’entre eux manquent de mots et de tournurespour exprimer les notions théologiques, en particuliercelles de foi, de grâce, de salut, etc., et même pourrendre certaines idées abstraites élémentaires, commecelle d’immortalité. Bien plus, quelques dialectes sontd’une telle pauvreté, que les termes les plus usuels de noscontrées ne s’y trouvent même pas. Ainsi en setchuana, dialecte de l’Afrique méridionale, le nombre huit ne peuts’exprimer que par la tournure: «dix moins l’abaissem*ntde deux doigts.» La Bible n’en a pas moins été impriméetout entière en ce dialecte, en 1858. Il ne faut pas oublierd’ailleurs que si nos langues européennes se prêtent avecune facilité relative à la traduction des Livres Saints, c’estqu’elles se sont formées chez des peuples déjà chrétiens, imbus d’idées bibliques et évangéliques. Les dialectes del’Asie orientale, de l’Afrique, de l’Océanie, de l’Amériqueprimitive, sont dans des conditions bien différentes. À ladifficulté que la plupart des langues présentent en ellesmêmes pour rendre le texte des Livres Saints, s’en jointune autre presque aussi grave, et inhérente aux moyensdont on est obligé de se servir pour l’exécution de cestraductions multiples. Chacune d’elles est entreprise, laplupart du temps d’après la version anglaise, par un missionnaireprotestant, qui ne peut guère posséder à fondla langue plus ou moins barbare dans laquelle il doitfaire passer le texte sacré. Il s’aide dans son travail duconcours d’indigènes qui ne connaissent que très superficiellementla langue maternelle du missionnaire, et en toutcas n’ont pas l’habitude d’exprimer, même dans la leur, des pensées très abstraites ni très relevées II se dresseainsi devant les traducteurs des obstacles que le plus beauzèle du monde ne peut surmonter. C’est ce qui faisaitdire à de Sacy, dont les Sociétés bibliques citent volontiersquelques pages dans lesquelles leur zèle et leur desseinreçoivent des éloges: «Il y a des traducteurs qui semblentavoir cru que, lorsque le texte ne leur offrait pas un sensclair et satisfaisant, il leur suffisait de donner à chaquemot de l’original un équivalent quelconque, sans s’embarrassers’il résultait de la réunion de ces mots unensemble que l’intelligence pût saisir.» Considérationssur les nouvelles traductions des Livres Saints, dansle Journal des savants, juin 1824, p. 327. Les missionnairescatholiques se sont plaints bien souvent des effetsdéplorables produits parmi les populations qu’ils évangélisaientpar la distribution de tels livres. «Le zèle desmissionnaires protestants, écrivait l’un d’eux, consiste icicomme partout à répandre force Bibles. Si leurs traductionsreproduisaient la pure parole de Dieu, sans altérationet avec un style intelligible, peut-être pourrait-onespérer que ces sem*nces, quoique jetées par une mainennemie, finiraient sous l’influence de la grâce par porterquelques fruits. Mais elles renferment des erreurs simonstrueuses, elles sont écrites d’une façon si barbare, que les indigènes les plus instruits, tout en reconnaissantles caractères et les mots de leur langue, n’y comprennentrien et ne peuvent.saisir l’enchaînement despensées.» Annales de la Propagation de la foi, t. lxxii, septembre 1840, p. 458. Depuis lors, la Société bibliquea revisé les traductions qu’elle a reconnues fautives, ettoutes assurément ne sont pas également répréhensibles.Cependant, en somme, comme l’a dit le protestant Reuss, il y a là «une fabrication entreprise avec bonne intention, mais nécessairement imparfaite». Geschichte der heiligenSchriften Neuen Testaments, 5e édit, 1874, t. ii, p. 239.III. Condamnation des Sociétés bibliques par l’Église.

— Alors même que l’œuvre entreprise par ces Sociétésserait irréprochable par son côté philologique, elle n’endemeurerait pas moins dangereuse, comme le principed’examen individuel qui l’inspire. Il y a dans l’Écrituredes passages obscurs et difficiles qui ont besoin d’êtreexpliqués, et la lecture du texte seul de la Bible faite pardes ignorants incapables de le comprendre, faute deséclaircissem*nts nécessaires, peut leur être funeste. Aussila uie et la IVe règle de l’Index règlent-elles que lesfidèles ne doivent pas lire indistinctement toute sorte deversions. En 1757, Benoît XIV formula la rv B règle del’Index en ces termes: «Si ces versions de la Bibleen langue vulgaire ont été approuvées par le SaintSiègeapostolique, ou éditées avec des notes tirées des saintsPères ou d’autres savants catholiques, elles sont permises.» Pie VIII confirma ce décret en 1829. Aucune desBibles éditées par les Sociétés protestantes ne remplit cesconditions. Elles sont toutes sans notes et sans explicationsd’aucune sorte. Aussi les souverains Pontifes lesont-ils condamnées: Léon XII, dans son encyclique du3 mai 1824; Pie VIII, dans son encyclique du 24 mai 1829; Grégoire XVI, dans l’encyclique du 8 mai 1844; enfin.Pie IX, dans l’encyclique Quanta cura, du 8 décembre 1864, Syllabus,% iv. II. Lesêtre.

    1. BICHE##

BICHE, femelle du cerf. Voir Cerf.

    1. BIEL Jean Christian##

BIEL Jean Christian, prédicateur allemand protestant, né à Brunswick en 1687, mort en 1745. Il fut l’auteurde nombreuses dissertations théologiques. Son principalouvrage a pour titre: Novus thésaurus philologicus siveLexicon in LXX et alios interprètes et scriptores apocryphosVeteris Testamenti, 3 vol. in-8°, la Haye, 1779-1780.Cet ouvrage, qui ne parut qu’après la mort de son auteur, fut publié par les soins de E. H. Mutzenbecher. Citonsencore de cet auteur: Dissertatio de purpura Lydia adillustrationem loti Actorum, xii, 14, publiée dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xiii, col. cxxi; t. xxix, col. cccclxvii. Anvmadversiones ad Altmannumde Lydia Thyatirensi, dans Ugolini, Thésaurus, t. xxix, col. cccclviïi. B. Hkurtebize.

    1. BIENFAISANT##

BIENFAISANT, BIENFAITEUR. Notre - Seigneurdit en saint Luc, xxii, 25: «Les rois des nations exercentsur elles leur empire, et ceux qui ont l’autorité sur ellessont appelés Bienfaiteurs (EÙep-^tat).» Ce titre d’Évergète, cÙEpylTriç, qui, dans le Nouveau Testament, ne se litque dans ce passage de saint Luc, était donné, en effet, aux rois, comme nous le voyons par l’exemple de PtoléméeÉvergète, et équivalait à «sauveur ou père dela patrie». Cf. Hérodote, viii, 55; Thucydide, i, 129; Xénophon, Anab., vii, 6, 38; Josèphe, Bell.jud., III, IX, 8; ûiodore de Sicile, xi, 26.

    1. BIERMANN Jean##

BIERMANN Jean, ministre coccéien hollandais, mortà Middlebourg en 1721. On a de lui plusieurs commentaires, dans lesquels les écrits inspirés sont expliquésd’après le système de Cox. Ce sont: De Prophétie vanZacharias, in-4°, Utrecht, 1699, 1716; De Prophétie vanHosea, in-4°, Utrecht, 1702; Clavis Apocalyptico-Prophetica, hoc est septem ecclesiarum, ac totidem sigillorum, tubiciniorum et phialarum Apocalypticarum analyticaexplicatio, earumdem cum prophetis Veteris Testamenticollatip, algue ad suas historias applicatio, in-4°, Utrecht, 1702 (Bibliothèque nationale, A, 3391), commentairerestreint aux objets désignés par le titre et remplid’erreurs; Verklaaringe des eersten briefs van Paullusaan die van Korinthus, in-4°, Utrecht, 1705, et Verklaaringedes tweeden briefs van Paullus aan die vanKorinthus, 2 in-4°, Utrecht, 1708; De Prophétie vanHabacuc, in-4°, Utrecht, 1713; Heilige mengelstoffen, in-4°, Utrecht, 1716, ouvrage renfermant, en appendice, des commentaires sur YVrim et le Thummim, et sur lesamis de Job; Moses en Christus, in-4°, Amsterdam, 1700, exposé, par demandes et par réponses, des choses, deslieux, des époques, des cérémonies et des personnes dela Bible. — Voir J. Abkoude, Naam Register van Boeken, in-4°, Leyde, 1743, p. 38; Wûsthoff, Bibliotheca theologîca-philologica, in-4°, Leipzig, 1705, p. 19; Walch, Bibliotheca theologica, in-8°, Iéna, 1757, t. iv, p. 231, ’571, 589, 594, 693, 775, 1159. O. Rey.

BIGAMIE. Elle est simultanée ou successive. Labigamie «simultanée» consiste en ce qu’un homme aen même temps deux femmes, ou une femme en mêmetemps deux hommes; la bigamie «successive» consisteen ce qu’une personne dont le premier mariage est dissouspar la mort de son conjoint ou de toute autre manièrelégitime en contracte un second. Pour la bigamie «simultanée», voir Polygamie. Dans cet article, nous ne parlonsque de la bigamie «successive». L’Écriture donne surce sujet des prescriptions ou des recommandations importantes.

I. Bigamie successive permise, mais inférieure à laviduité. — Sous l’ancienne loi, la bigamie successiveétait permise; quelquefois même elle était commandée, par exemple, dans le cas du lévirat. Nous ne voyons pasque les secondes noces aient été frappées de la moindredéfaveur, quoique les écrivains sacrés signalent avechonneur les veuves qui préferaient leur état à un nouvel

engagement. Judith, viii, 1, 4, 8; cf. Luc, ii, 36-37. —Sous le Nouveau Testament, les secondes noces restentpermises, Rom., vii, 2-3; 1 Cor. vii, 39; dans certains casspéciaux, elles sont conseillées, et pourraient même êtrecommandées. I Tim, v, 14. Mais en général saint Paulconseille la viduité, et il affirme avec solennité et au nomdu Saint-Esprit la supériorité morale de cet état sur unsecond mariage. I Cor., vii, 40. Aussi, sous la loi nouvelle, les secondes noces sontelles frappées d’une certainedéfaveur; l’homme ou la femme qui convole à desecondes noces paraît moins fidèle à son premier engagement, et provoque le soupçon d’une vertu peu affermie.L’appréciation défavorable des secondes noces parsaint Paul a eu un grand retentissem*nt dans l’Églisedes premiers siècles; beaucoup de Pères, tout en déclarantpermises les secondes noces, en détournent énergiquementles fidèles. Cf. Hermas, Mand., IV, iv, 1-3, édit.Funk, Tubingue, 1881, p. 399-400; Tertullien, Ad uxorem, i, 7, t. i, col. 1285-1287; De Exhortatione casti~tatis, 1-13; De Monogamia, 1-17, t. ii, col. 914-930, 930-954; S. Jérôme, Epist. Lir, ad Furiarn, 1-18; Epist. lxxix, ad Salvinam, 7-11; Epist. cxxiii, adAgeruchiam, 1-14, t. xii, col. 550-560, 728, 731, 1046-1056; Contra Jovinianum, i, 14-15, t. xxiii, col. 232-234; S. Ambroise, De Officiis, i, 50, 247, t. xvi, col. 97; S. Augustin, De Bono viduitatis, 1-15, t. xl, col. 431-442. Les Pères grecs surtout se sont fait remarquerpar leur véhémence, quelquefois exagérée, contreles secondes noces. Cf. Athénagore, Légat., 33, t. vi, col. 965-968; Const. apost., iii, 2, Patr. gr., t. i, col. 761-764; Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 12, t. viii, col. 1184; Origène, In Lucam, Hom. xvii, t. XII, col.1846-1847; et In Jeremiam, Hom. xix, t. xii, col. 508-509; S. Basile, Epist. clx, ad Diodorum, 4, t. xxxii, col. 628.Des pénalités et même la privation de la communion ontété portées contre les bigames; concile de Néocésarée(vers 320), can. m et vii, dans Mansi, Concilia, Florence, 1759, t. ii, col. 539-542; concile de Laodicée, can. i, ibid., col. 563. Du reste, au moins à l’époque de saint Paul, cette défaveur des secondes noces se retrouvait chez ungrand nombre de nations païennes, surtout chez les Grecset les Romains. Tertullien, De Exhort. castit., 13, t. ii, col. 928; De Monogamia, 17, t. ii, col. 952-953; S. Jérôme, Contra Jovinianum, i, 43-46, t. xxiii, col. 273-276; E. Feithius, Antiq. Homer., ii, 15, dans Gronovius, Thésaurus grsecarum antiquitatum, Venise, 1732-1737, t. vi, p. 3770-3771; Marquardt, Vie privée des Romains, Paris, 1892, t. i, p. 50, note 8.

II. La bigamie successive et le sacerdoce. — Tertulliena cru que, dans la loi mosaïque, la bigamie successiveétait défendue aux prêtres. De Exhort. castit., vii, t. ii, col. 922; De Monogamia, vii, t. ii, col. 938- Les papessaint Sirice et saint Innocent lui ont emprunté cetteerreur; S. Sirice, Epistola i, ad Himerium, viii, t. xiii, col. 1141-1142; S. Innocent, Epistola ii, ad Victricium, vi, t. xx, col. 474. Non seulement on ne trouve rien desemblable dans la loi de Moïse; mais, comme le remarquesaint Jérôme, Epist. lxix, ad Oceanum, 5, t. xxii, col. 657, la bigamie «même simultanée» était permiseaux prêtres; elle était même à la rigueur, et d’après lestermes ou plutôt le silence de la loi, permise au grandprêtre, et, si cette bigamie «simultanée» fut défendueplus tard à celui-ci, ce ne fut que par un usage que noustrouvons consigné dans la Ghemara de Babylone, Yoma’, c. i, et Yebamôth, c. vi, dans Selden, Vxor hebraica, Francfort-sur-1’Oder, 1673, p. 40, et Krumbholtz, Sacerdotiumhebraicum, I, 16 (dans Ugolini, Thésaurus antiq.sacr., Venise, 1744-1769, t. xii, col. xciv). À plus forteraison, la bigamie «successive» ne fut jamais interditeni aux prêtres ni au grand prêtre. — Il n’en est pas demême sous la loi évangélique. Saint Paul, parlant del’évêque, dit qu’il doit être unius uxoris vir, I Tim., m, 2; Tit., i, 6; il dit la même chose du diacre, I Tim.,

Chez les Égyptiens, le goût extrême de la parure, dontnous retrouvons les traces dans le Pentateuque, Exod., xii, 35; xxxii, 2; Num., xxxi, 50, est attesté par les peinturesdes monuments et par la quantité prodigieuse debijoux trouvés dans les tombeaux. «Non contents de s’enparer à profusion pendant la vie, ils en chargeaient lesbras, les doigts, le cou, les oreilles, le front, les chevillesde leurs morts.» G. Maspero, L’archéologie égyptienne, in-8°, Paris, 1887, p. 304-305. Dans le convoi funèbre quiaccompagne le défunt à sa dernière demeure, avec ledéfilé des armes vient celui des bijoux (fig. 544). Onvoit également sur plusieurs monuments le joaillier en

wM^àé

543. — Palmyrénienne parée de ses bijoux.Bas-relief du British Muséum. L’inscription, à droite, contenaitle nom du personnage, mais il n’en existe plus que la fln.^Onpeut traduire ainsi cette inscription: «… ta, fille d’Ogehi Salmaui, femme de fiab’el-Yarûa.»

train de fabriquer diverses sortes de bijoux et les étalantsous les yeux des chalands. — En Chaldée et en Assyrie, les fouilles n’ont pas été si heureuses: on a trouvé peude bijoux d’or et d’argent, bien que les inscriptions témoignentde l’emploi de ces métaux dans les objets deparure et de leur profusion. «Mais ce sont surtout lesfigures des bas-reliefs qui nous renseignent sur le goûtde la parure chez les Assyriens et sur les œuvres des orfèvresde Ninive et de Babylone.» E. Babelon, Manueld’archéologie orientale, in-8°, Paris, 1888, p. 153-154; Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. ii, La Chaldéeet l’Assyrie, p. 760-765. Cf. Ezech., xxiii, 42; Dan., v, 7, 16. On a retrouvé plusieurs moules dont se servaientles bijoutiers assyriens pour fabriquer leurs bijoux, moulessemblables à ceux des bijoutiers arabes de nos jours(fig. 545). — On constate le même goût chez les Perses(cf. Esth., viii, 2, 15), qui du reste imitèrent les produitsde l’industrie chaldéenne, tout en donnant un cachetoriginal à leurs œuvres. — Plus encore que ces peuples, les Phéniciens étaient habiles dans la fabrication des bijoux: sans doute ils empruntaient l’idée soit à l’Egypte,

soit à l’Assyrie; mais ils la rendaient avec une étonnantevariété de formes, avec un art souvent exquis. Aussi faisaient-ilsun grand commerce de bijoux; ils les exportaientsur toutes les côtes de la Méditerranée et dans l’intérieurde l’Asie jusqu’en Mésopotamie. Perrot et Chipiez, Histoire de l’art, t. iii, Phénicie, p. 816-843. — Les petit*peuples qui entouraient les Hébreux, les tribus nomadesde l’Arabie, en particulier les Madianites, avaient un amourextrême pour les riches parures. Ils en attachaient jusqu’aucou de leurs chameaux. Jud., vni, 21, 24-26.

Les Hébreux ne font pas exception à la règle générale. Al’époque des patriarches, Gen., xxiv, 22; xxxv, 4; xxxviii, 18, à la sortie d’Egypte, Exod., iii, 22; xxxii, 2; xxxv, 22; Num., xxxi, 50, 52, on constate ce goût très prononcé pour lesbijoux. Il en est ainsi à plus forte raison sous les rois, autemps de la plus haute prospérité des Hébreux. Is., lxi, 10; Jer., ii, 32; Ose., ii, 13, etc. Le Cantique des cantiquesen particulier, en décrivant symboliquement la parure del’épouse du Messie, mentionne les nombreux bijoux dontse paraient les femmes d’Israël. Cant., i, 10, 11; iv, 4, 9; v (hébr.), 14; vii, 1; viii, 6. Les Proverbes ne font pasmoins d’allusions à ces ornements. Prov., i, 9; iv, 9; xi, 22; xx, 15; xxv, 12. Parfois même, par suite du relâchementdes mœurs, ce luxe va si loin, que les prophètess’élèvent avec force contre les excès. Ainsi, sous le règneprospère d’Ozias, les femmes juives en étaient venues aupoint de porter sur elles un véritable étalage de bijoux.Par l’accumulation minutieuse et ironique de tous lesdétails de leur toilette, Isaïe, iii, 16-26, se moque de cetabus, le flagelle et leur annonce le sort ignominieux quiles attend en retour.

Chez les Hébreux, comme partout en Orient du reste, les hommes se couvrent de bijoux comme les femmes, avec moins de profusion cependant. En cela les pauvresimitent les fiches, la seule différence est que la matièreest moins précieuse. Aujourd’hui encore on voit enPalestine de pauvres femmes en haillons fieres de leursanneaux, nézem, bracelets en fer ou en verre. On portaitces bijoux en tout temps; mais les jours de fête, comme ceux des noces, on se paraît avec plus de richesseet de profusion. Is., lxi, 10; Jer., ii, 32. On les quittait ensigne de deuil. Exod., xxxiii, 4-6. —Dans leNouveau Testament, la morale évangélique impose plus de réserve dansl’usage des parures. I Petr., iii, 4. Saint Paul, I Tim., il, 9, recommande aux femmes chrétiennes, surtout dansle lieu saint, la modestie qui exclut les vains ornements.

Les bijoux portés par les Hébreux ne sont pas parvenusjusqu’à nous comme ceux des Égyptiens ou des Phéniciens.Nous pouvons cependant nous faire une idée assezjuste du style de leurs bijoux, en étudiant l’art des peuplesavec lesquels ils furent en contact. En cette branche del’art comme en architecture, ils ne furent pas originaux; ils reçurent de l’étranger et les modèles et les articleseux-mêmes. Ainsi, en passant la mer Rouge, ils emportèrentdes bijoux de fabrication égyptienne: c’est direque s’ils fabriquèrent alors des bijoux, ce dut être dansle même style et d’après les mêmes procédés. — Dans lestemps qui précédèrent la captivité, au contraire, les rapportsfurent plus fréquents et plus étroits avec Ninive etBabylone: l’influence de ces deux capitales dut se fairesentir successivement. Mais c’est aux Phéniciens surtoutqu’ils devaient acheter leurs articles de parure: ce peuplemarchand colportait ses bijoux sur toutes les côtes de laMéditerranée comme dans l’intérieur de l’Asie; on yretrouve fréquemment les produits de leur industrie.G. Perrot, Histoire de l’art, t. iii, p. 885; t. iv, p. 448.Ezéchiel, xxvii, 17, parle des échanges qui se faisaiententre la Phénicie, Juda et Israël. Sous les rois, des Israélitesdurent se former à l’école des Phéniciens et fabriquereux-mêmes d’après les modèles courants. Ils en bannirentseulement sans doute les symboles des divinitésétrangères, quand ils furent fidèles à Jéhovah.

Voici la liste par ordre alphabétique des bijoux men

tionnés dans l’Écriture, avec leur nom hébreu et le motqui lui correspond dans les Septante et dans la Vulgate.Un article spécial, consacré à chaque bijou, le fera connaîtreplus en détail.

1. Agrafe. Crochet ou boucle de métal qui rentre dansles objets de toilette, mais est souvent ornementé de façonà servir de bijou. Hébreu: hafy, Exod., xxxv, 22; Septante: ff9pay18aç; Vulgate: armillas; Septante: Ttôpm], I Mach., x, 89, etc.; Vulgate: fibula.

2. Anneau. Cercle de métal précieux servant à orner:

parfums servant en même temps d’ornement. Hébreu: botté hannéfés, «récipients d’esprit, c’est-à-dire d’essence,» Is., iii, 20; Septante: 7tep18s£ia; Vulgate: olfactoriola.Voir Parfums.

4. Boule d’or. Petite boule servant à former ou à ornerdes colliers. Hébreu: kûmai, Exod., xxxv, 22; Num., . xxxi, 50; Septante: ê(jLitXôxtov; Vulgate: mursenulas.On entend aussi ce mot du collier lui-même, composéde ces boules d’or.

5. Bracelet, ornement en forme d’anneau ou de chaîne

544. — Bijoux d’un Egyptien défunt portés a son convoi.D’après Wilkinson, Manners and Customs of the ancient Egyptienne, 2’édlt., t. iii, pi. lxvt.

-1° Les oreilles. Voir Pendants d’oreilles. — 2° Le nez.Hébreu: nezém, ou nézém’af, «nézém de nez,» Ezech., xvi, 12; Septante: èvwiiov èrcl tôv nuxTrjpa; Vulgate: ïnauris. — 3° Les doigts. Anneau de doigt, ou bague, porté par les hommes et les femmes, comme ornement,

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548. — Moule à bijoux.

D’après Layard, Discoveries in the ruina o/Slneveh, 1853, p, 597.

-symbole d’autorité. Hébreu: tabba’af, Is., iii, 21, etc.; Septante: êaxxuXio: ; Vulgate: annulus. L’un des nombreuxanneaux portés aux doigts de la main droite servaitsouvent de sceau. Hébreu: tabba’af, Gen., iii, 42, etliôtam, «sceau,» Jer., xxii, 24; Septante: àitoo-çpayfana, <7çpayt?; Vulgate: annulus. D’autres fois, ce sceau étaitsuspendu au cou par un cordon, pd{îl, Gen., xxxviii, 18; Septante: op(iîaxoç; Vulgate: armilla. — 4° Anneau dechevilles ou de pieds. Voir Périscélide.

3. Boîte à parfum ou Flacon à essence. On suspendaitsouvent aux colliers de petites boites ou flacons à

entourant le poignet ou le bras. La forme en était trèsvariée, aussi porte-t-il différents noms. Hébreu: sâmid, Gen., xxiv, 22, etc.; sêrdh, Is, , iii, 19: ’és’âdàh, Num., xxxi, 50; II Reg., i, 10; Septante: ^IMiov, x^’Swv; Vulgate: armilla.

6. Chaîne, Chaînette. Ces chaînes servaient de bracelet, de collier, d’ornement attaché aux anneaux despieds. Voir Bracelet, Collier, Périscèlide. On a entendupar tôrîrn, Cant, i, 10, 11, une chaîne de perles ou demétal précieux, descendant le long des joues des deuxcôtés du visage; Septante: tpoYsov; Vulgate: turtur.

7. Collier, cercle de métal, chaîne ou cordon de pierrerieset d’ornements d’or, placé autour du cou. C’étaitun simple ornement ou un insigne d’autorité. Il portedivers noms suivant sa forme. Hébreu: râbîd, Gen., xli, 42; Ezech., xvi, 11; ’ânaq, Jud., viii, 26; Cant., iv, 9; harûzim, Cant., i, 9; chaldéen: hàmenîkâ’, Dan., v, 7, 16; Septante: xWo?, xâ6e(jia, ôpjiso-xoç; Vulgate: torques, morille. On y attachait divers ornements, commeamulettes, croissants, flacons d’essence, petit* miroirs.

8. Couronne. Il s’agit ici non pas de la couronne signede l’autorité royale, mais d’un simple ornement. Hébreu: livyâh, Prov., i, 9; IV, 9; Septante: oréjavoç; Vulgate: gratia, augmenta.

9. Croissant. Petit ornement en forme de croissant delune. Il était d’or, d’argent ou de tout autre métal; onl’attachait au collier. Hébreu: sahârônîm, Is., iii, 18; Septante: fj.rivfoxoi; Vulgate: lunulse.

10. Lehâsîm. Petit* serpents en or, selon les uns; pierres précieuses gravées, selon les autres. Septante: êvwTta; Vulgate: inaures.

11. Miroir. On portait de petit* miroirs qui étaient plutôtdes ornements, des bijoux, que des articles de toilette.Hébreu: rnar’ôf, Exod., xxxviii, 8; gilyônim, Is., iii, 23; Septante: xâtoicxpov; Vulgate: spéculum.

12. Pendant d’oreille. L’ornement attaché aux oreillesétait souvent un simple anneau, une boucle de matièreprécieuse. Hébreu: nézém; Septante: èvwttov; Vulgate: inaures. On suspendait à cet anneau ou des pendantsproprement dits, hébreu: netifôt, Jud., viii, 26; Is., iii, 19; Septante: -/.âBejia, (nxifakiS^; ; Vulgate: torques, monilia, ou un grand anneau nommé en hébreu: ’agîl, Num.,

xxxi, 50; Ezech., xvi, 12; Septante: Tpoxf<nco<; , mepiSéÇiov; Vulgate: dextralia, circuli.

13. Périscélide. Cet ornement était composé d’unanneau placé au-dessus de la cheville, hébreu: L âkâsîm, Is., iii, 18; Septante: ly.n*.ia; Vulgate: calceammta, et d’une chaîne attachée à cet anneau ou reliée d’unpied à l’autre. Hébreu: se'âdâh, Is., iii, 18; Septante: XXiSûvat; Vulgate: periscélidse.

14. Soleil. Au collier on suspendait des ornements enor ayant la forme de petit* soleils. C’est ainsi du moinsqu’on traduit souvent sebtsim, Is., iii, 20; Septante: x<xrû|160t. D’autres traduisent ce mot par «réseau pour lescheveux», ou par «bandeau», sorte de tresse en fil d’oret d’argent qui entourait le front.

Voir A. Th. Hartmann, Die Hebràerin am Putztischeund als Braut, 3 in-12, Amsterdam, 1809-1810; Nie.Wilh. Schroder, Commentarius philologicocriticus devestitu mulierum hebrxarum, in-4°, Utreoht, 1776.

E. Levesque.

    1. BISCIOLA Lælius##

BISCIOLA Lælius, né à Modène en 1539, mort àMilan le 10 novembre 1629. Il entra au noviciat de laCompagnie de Jésus le 25 mars 1555. Il enseigna leshumanités, la théologie et l'Écriture Sainte, et gouvernaplusieurs collèges. Ses ouvrages sont peu connus; lesbibliographes ne les citent qu’assez vaguement. Discôrsitre sopra l’Epislola del profeta Baruch agli Ebreischiavi in Babilonia, in-8°, Côme, 1620, publié sous lenom de son frère, Paul Bisciola, comme le suivant: Digressiones in Evangelia Matthsei et Joannis, item inEpistolas Pauli ad Romanos, Galatas et Hebrseos. Il aencore écrit des Observationes sacres, en 12 livres; maisil est douteux qu’elles aient été imprimées.

C. SOMMERVOGEL.

BISON. Quelques auteurs ont pensé qu’il était mentionné dans la Bible. C’est un animal qui ressemble

tions ecclésiastiques. On lui reproche de suivre trop leprotestant H. A.W. Meyer, de Gœttingue, et d'être tombédans diverses erreurs dogmatiques. Sa préface de l’Apocalypse, écrite après le concile du Vatican, est tout à faitrépréhensible.

    1. BITHYNIE##

BITHYNIE (Biûvivca), province d’Asie Mineure. Act., xvi, 7; I Petr., i, 1. Après avoir traversé la Galatie et laPhrygie, saint Paul et ses deux compagnons, Silas etTimothée, s’approchaient de la Mysie, comprise à cetteépoque dans la province d’Asie; mais l’Esprit -Saint leurdéfendit de prêcher l'Évangile en Asie. Act., xvi, 6. Ilsvoulurent alors entrer en Bithynie, mais l’Esprit de Jésusne le leur permit pas. Act., xvi, 7. Cette province cependant ne tarda pas à être évangélisée, puisque saint Pierreadresse sa première lettre aux expatriés élus de la dispersion dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie etla Bithynie. I Petr., i, 1. Il est probable d’ailleurs qu’ily avait des Juifs de Bithynie à Jérusalem le jour de laPentecôte, et qu’ils ont dû rapporter dans ce pays la bonnenouvelle.

Située au nord-ouest de l’Asie Mineure, la Bithynies'étendait le long des côtes orientales de la Propontide, du Bosphore de Thrace et du Pont-Euxin. Elle était bornée à l’ouest par la Propontide et la Mysie, au sud par laPhrygie et la Galatie. Les limites exactes de ces différents, pays sont difficiles à déterminer, «parce que, dit Strabon, xvi, 4, 4, les nations qui les habitaient ne formaientpas d'établissem*nts solides dans les pays dont elles s'étaient emparées, mais continuaient en général à menerune vie errante, chassant devant elles les populations, etsouvent chassées à leur tour.» On peut cependant considérer comme limites de la Bithynie à l’ouest le Rhyndacos (Adimds-tschal), et à l’est l’embouchure du SanBison.

beaucoup à l’aurochs. Mais, bien qu’il appartienne aumême genre, il forme une espèce distincte. Le bison ales jambes et la queue plus courtes que celle de l’aurochs, et le poil beaucoup plus long (fig. 546). Il n’existe quedans l’Amérique septentrionale, et c’est en vain qu’on aessayé de l’acclimater dans nos pays. Le bison n’est doncpas, comme quelques-uns l’ont cru, le même animalque le re'ém des Hébreux. Voir Aurochs.

H. Lesêtre.

BISPING August, théologien catholique allemand, néà Albersloh en 1811, mort à Munster le 17 mars 1884. Ilfut privât-docent en 1844, et, depuis 1850, professeurd’exégèse du Nouveau Testament à l’académie de Munster. Il est l’auteur d’un Exegetisches Handbuch zumNeuen Testamenten, 91n-8°, Munster, 1854-1876, ouvragede valeur, dans lequel il s’attache à montrer l’enchaînement des idées, à expliquer les passages qui intéressentplus immédiatement la foi, la vie chrétienne et les fonc547. — Carte de la province de Bithynie.

garios (Sakaria). D’après les traditions grecques, les Bithyniens étaient une tribu thrace, venue des bords duStrymon. Hérodote, vii, 75; Strabon, xii, 4, 4; Xénophon, Anab., l, 4. Les Thraces établis en Asie se divisaient, d’après ces auteurs, en deux groupes, les Bithyni et lesThyni. De nombreuses colonies grecques furent fondéessur la côte; les principales étaient Chalcédoihe, Calpé, .Héraclée et Tion, fondées par les Ioniens. Voir la carte, n° 547.

La Bithynie fut conquise par Crésus, roi de Lydie, Hérodote, i, 28; puis par les Perses, avec le reste del’empire lydien. Elle forma alors une satrapie dont les.limites ne sont pas exactement connues. Cependant unedynastie locale continua à régner sur une partie du pays.Memnon, dansPhotius, Cod. ccxxiv, 21, t. ciii, col. 897.Les princes de cette dynastie, qui commencèrent à régner

entre 440 et 430 avant J.-G., portèrent pour la plupartle nom de Nicodème, comme les rois grecs d’Egyptecelui de Ptolémée. Strabon, xii, 4, 1. ilithridate II Eupators’empara de la partie de la Bithynie qui s’étendaitdepuis le royaume du Pont jusqu’à Héraclée. Le reste dupays resta sous le gouvernement des rois bithyniens.

Quand les Romains s’emparèrent du royaume de Mithridate, ils gardèrent les mêmes limites; l’Héracléotidefit partie du Pont, le reste appartint à la Bithynie. Strabon, xii, 3, 2. Par testament, le dernier roi de Bithynie, Nicodème III Philopator, laissa la Bithynie aux Romains, en l’an 74 avant J.-G. Appien, Bell, cïv., 1, 111; Tite Live, Epît., xciii. Cf. Lebas-Waddington, Voyage archéologique, t. iii, p. 173.

En 65, la partie occidentale du royaume du Pont, conquissur Mithridate, fut jointe par Pompée à la Bithynie, et forma avec elle une province qui porta le nom deBithynia et Pontus ou de Bithynia-Pontus. Corp. Insr.latin., xi, ii, 1183; Corp. Inscr. grœc, 1720, etc. Le Pontannexé à la Bithynie formait le littoral de la Paphlagoniedepuis Héraclée jusqu’au Halys. Plutarque, Pompée, 38; Tite Live, Epit., en; Strabon, xiii, 3, 1, 2, 7. Voir Pont.En 33, la ville d’Amisus (Sampûn) fut annexée à la provincepar Antoine. — La province de Bithynie et de Pontfut gouvernée d’abord par un propréteur. Appien, ilfithrid., cxxi. En l’an 27 avant J.-G., lors du partage desprovinces entre le sénat et l’empereur, la province deBithynie et de Pont fut attribuée au sénat et gouvernéepar un proconsul. Dion Cassius, Lin, 12. Cf. Eckhel, Doctrin. Num., t. H, p. 400-403. En l’an 20 avant J.-G., Auguste se rendit en Bithynie, pour mettre l’ordre dansl’administration. Dion Cassius, uv, 7. Cf. Pline le Jeune, Ad Trajan. Epist., lxxix, lxxx, lxxxiv. Trajan y envoyaPline le Jeune, avec des pouvoirs extraordinaires et le titrede legatus pro prsetore provincise Ponti et Bithyniseconsulari poteslate. Corp. Insc. latin., /, 2, 5262. Cf. Plinele Jeune, Ad Trajan. Epist., xxxii (xli), cxvii (cxviii).C’est pendant le cours de cette mission que Pline écrività Trajan la fameuse lettre dans laquelle il lui demandaitla conduite à tenir à l’égard des chrétiens, et reçut laréponse qui servit de loi à ce sujet pendant de longuesannées. Pline le Jeune, Ad Trajan. Epist., xevi (xcvn), xcvii (xcvm).

La province de Bithynie renfermait peu de troupes; aucontraire, le service financier y était très considérable.Les nombreux pâturages de la partie occidentale étaientaffermés, sous la république, à une Societas bithynicapublicanorum, ainsi que les biens royaux devenus agerpubliais. Cicéron, Ad famil., xiii, 9 et 65; De leg. agrar., Il, 19, 50. Ces biens furent administrés, à l’époque impériale, par un procurator, Dion Cassius, lx, 33; CorpusInscr. grœc., 3743.

La Bithynie et le Pont avaient chacune une certaineautonomie. La métropole de la Bithynie était Nicomédie.Mionnet, Suppl., t. v, p. 170, n° 983. Elle lutta contre Nicéepour obtenir ce titre. Strabon, xii, 4, 7. À Nicomédie s’élevaitun temple consacré à l’empereur, où se tenait lexotvôv B161m’ «; , assemblée des xoivéëouXot, ou déléguésdes cités, pour la célébration du culte impérial. Le présidentde l’assemblée s’appelait piOtwâpxii; ; ses fonctionsétaient les mêmes que celles de l’asiarque en Asie. Corp.Inscr. grsec, 1720, 3428; Lebas -’Waddington, Voyage archéologique, t. iii, 1142, 1176, 1178; O. Hirschfeld, Sitzungsberichteder kônigl. Pr. Akad., 1888, p.888, note 61; E. Beurlier, Le culte impérial, p. 122. Voir Asiarque.

La Bithynie était divisée en circonscriptions ou diocèses, dont les monnaies nous font connaître les capitales.C’étaient Nicomédie, Nicée, Curs ou Pnisias sur la mer, Apamée, Tius, Prusias au pied de l’Hypius, Chalcédoine, Bithynium ou Claudiopolis, Cratia, Juliopolis et peut-êtreDascylium. Amisus et Chalcédoine étaient villes libres; Apamée et Sinope, colonies romaines fondées par César.

La partie méridionale et orientale est couverte de montagnes. La chaîne de l’Olympe, près de Prusa, est couvertede neige pendant l’hiver. Les chaînes de l’Orminiumet de l’Olgassys sont également très hautes. Ces montagnesvont généralement de l’ouest à l’est, parallèlement à la côteet en inclinant légèrement vers le nord-est. Elles sontcoupées de larges vallées, dirigées vers le nord, commecelles du Sangarios et du Halys. À l’ouest du Sangariosil y a plusieurs lacs considérables, Pline le Jeune, AdTrajanum Epist., xli (l), xm (li), lxi (lxix), lxii(lxx). Cette région occidentale était aussi couverte debelles forêts. Voir A. Schoenemann, De Bithynia et Pontoprovincia romana, in-4°, Gœttingue, 1855; G. Perrot, Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, 2 in-f», Paris, 1862-1872; B. Schwarz, Quer durchBitkynien, in-8°, Berlin, 1889; T. Mommsen et J. Marquait, Manuel d’antiquités romaines, 1892, trad. franc., t. xi, p. 263; T. Mommsen, Histoire romaine, trad. franc., Paris, 1889, t. x, p. 93; H. Kiepert, Manuel de géographieancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 60.

E. Jacquier.

BITUME. Hébreu: hêmâr, de fyâmar, «bouillonner, écumer,» cf. Gen., xiv, 10; Strabon, XVI, 11, 45. Septante: S<yipaXTo «; Vulgate: bitumen.

I. Description. — Les bitumes sont des matières minérales, résultant du mélange naturel de divers carburesd’hydrogène avec des composés oxydés. Ils sont très fréquentsdans les régions volcaniques et doivent être attribuésà d’abondants épanchements d’hydrocarbures, serattachant à la phase solfatarienne des volcans. Ils se présententsous trois aspects: solides, mous, liquides. Les solidescomprennent les asphaltes; les mous, les malthes ou pissasphaltes; les liquides enfin, les pétroles et les naphtes.L’asphalte (affçaXTo; ), le véritable bitume de Judée, solide, est noir ou brun, amorphe, d’un éclat vitreux etrésineux; sa cassure est conchoïdale; il s’électrise négativementpar le frottement, fond au-dessous de 100°, etbrûle avec flamme et fumée, en dégageant une odeursuffocante. Très peu soluble dans l’alcool, il se dissouten partie dans l’essence de térébenthine et dans le naphte.C’est très probablement cette dernière combinaison naturellequi donne naissance aux bitumes mous.

Les bitumes se rencontrent aujourd’hui dans toutes lesparties du monde, changeant de nom suivant les contréesoù on les découvre. Dans l’ancien continent, la Judéeest une des contrées les plus riches en bitumes; la merMorte doit même son nom de lac Asphaltite au bitumequi monte parfois sous forme d’écume à sa surface, etque le vent pousse sur ses bords en masses qui se solidifientet deviennent plus dures que la poix. La Susianeet la Babylonie avaient également du bitume. À Hit, enparticulier, sur le moyen Euphrate, on en trouve dessources très abondantes. C’est de là, dit Hérodote, i, 179, qu’on tira le bitume nécessaire à la construction desmurs de Babylone.

Comme les bitumes proviennent soit de sources, soitde gangues, ils sont recueillis de différentes manières; mais les systèmes scientifiques modernes ont en grandepartie remplacé le procédé primitif des anciens, qui consistaità faire bouillir simplement les gangues bitumeusesdans l’eau. Le bitume montait à la surface, et les résidusterreux se déposaient au fond des récipients.

Le bitume, à cause de ses propriétés dessicatives, étaitemployé par les. Égyptiens dans l’embaumement desmomies, mais dans les embaumements moins soignés etmoins coûteux; car pour les plus luxueux on préféraiten général la résine de cèdre. La grande pureté de cebitume le fit rechercher au moyen âge pour les remèdes: les Arabes l’extrayaient des tombeaux et le vendaient sousle nom de Moumia.

Aux environs des sources de bitume on rencontre uneterre imprégnée de matières bitumineuses que Strabon, vu, 5, 8, désigne sous le nom d’Ampélite. Elle servaità combattre les vers qui rongeaient les pieds de vigne.

Les bitumes liquides servaient également à l’éclairage. Ilest très probable que les Hébreux, si voisins des sourcesde naphte, s’en servaient, comme les habitants de la Sicile, pour l’entretien de leurs lampes. — Sur le bitumede Judée, voir Ibn-el-Beithar, dans les Notices et extraitsdes manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. xxvi, 1™ part., p. 98-101; Abd-Allatif, Relation de l’Égxjpte, trad. S. de Sacy, Paris, 1810, p. 271-277.

F. DE MÉLY.

II. Exégèse. — La première fois où il est certainementquestion de bitume dans l’Écriture, c’est dans le récit dela tour de Babel. Gen., xi, 4. «Ils prirent des briquesen guise de pierre, et du bitume en guise de ciment.» Cette dernière remarque est un signe de la fidélité de latradition qui a transmis ce récit jusqu’à Moïse. Ni en Egypte, ni en Palestine, on n’avait l’idée d’un pareil mortier; enChaldée; au contraire, où le bitume abonde, son emploi estun trait caractéristique des constructions du pays. Hérodote, i, 179, frappé de cette habitude toute locale, insistesur ce détail en parlant des murs de Babylone. «À mesurequ’on creusait les fossés, on convertissait la terre enbriques, et lorsqu’il y en eut une quantité suffisante, onles fit cuire dans les fourneaux. Ensuite pour mortieron employa le bitume chaud.» De nombreux voyageursont reconnu des traces de l’emploi du bitume dans lesédifices de Babylone qu’il a été possible de déblayer. Raimond, Voyage aux ruines de Babylone, in-8°, Paris, 1818, p. 161-178. Les traces en sont encore visibles sur lesbriques babyloniennes et chaldéennes conservées au muséedu Louvre. On le constate du reste dans toute la basseChaldée, en particulier à Warka (Kenneth Loftus, Travelsand researches, t. i, p. 169), et surtout à Ur, la patried’Abraham. Dans les ruines de cette dernière cité, l’abondancedu bitume est telle, que les Arabes lui ont donnéle nom de Mughéir, c’est-à-dire «la bituminée», ou «couvertede bitume». Taylor, Notes onthe ruins of Muqeyer, dans le Journal of the Royal Asiatic Society of GreatBritain, t. xv, p. 260-261. En Assyrie, où il y a pourtantdes sources de bitume, on ne l’employait pas commemortier dans la construction des murs; on le trouve seulementsous les deux lits de briques qui formaient le pavédes terrasses (Layard, Nineveh and Babylon, t. i, p. 29).On a remarqué que, dans les constructions de la Chaldée, le bitume n’est pas employé dans toute la masse desmurailles, mais surtout pour les parties basses et extérieures, afin de leur donner plus de solidité. Là les largesbriques cuites au four, engagées dans des couches épaissesde bitume, forment une maçonnerie si compacte que lesmachines de guerre devaient avoir peu de prise contre elles.Maintenant encore la pioche a peine à en détacher desfragments. En Chaldée, sur la paroi intérieure des murs, pour retenir le revêtement de briques émaillées représentantdes figures d’hommes ou d’animaux, et servantà la décoration des palais, on employait aussi le bitume; en Assyrie, on se contentait ordinairement de mortierou ciment. Cf. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 300.

D’après la Genèse, xiv, 10, il y avait dans la vallée deHassiddîm (ou Siddîm sans l’article; Vulgate: Silvestris)de nombreux puits de bitume. Cette vallée de Hassiddîm, «des champs plains,» est maintenant, en partie au moins, la mer de sel, Gen., xiv, 3, c’est-à-dire la mer Morte; elle a, en effet, une si grande quantité d’asphalte, que, comme il a été dit plus haut, le nom de lac Asphaltitelui a été donné pour cette raison par les Grecs et lesRomains. Josèphe, Bell, jud., III, x, 7; IV, viii, 4; Stràbon, xvi, 2 S 42-44; Tacite, Hist., v, 6. Sur ses bords, à l’est, se trouve une montagne appelée Tour-eUHomar, c’est-à-dire «rocher d’asphalte». Mislin, Les Saints Lieux, 1858, t. iii, p. 255. Ce nom arabe rappelle le mot hêmârdu récit biblique. «Quant aux bitumes de la valléede Siddim, dit de Luynes, Voyage d’exploration à la merMorte, t. i, p. 245, la contiguïté du Wady Mahawat etde ses calcaires bitumeux ne laisse pas de doute sur la

possibilité de leur existence.» Il est donc certain que cettevallée devait être très abondante en sources de bitume.

En Egypte, on connaissait le bitume puisqu’on l’employaitdans les embaumements. Oh s’en servait aussien guise de goudron, pour calfater les barques de papyrus.Josèphe, Bell, jud., IV, viii, 4; Pline, H. N., VI, 22; Théophraste, Hist. pi., rv. Il est donc naturel devoirla mère de Moïse enduire de bitume et de poix lacorbeille de papyrus où elle allait déposer son enfant, afinde la rendre imperméable à l’eau. Exod., ii, 3. L’asphalteemployé en Egypte provenait de la mer Morte. Cf. Stràbon, xvi, 2, 45.

Dans ces trois endroits, le mot employé est hêmâr, , qui signifie incontestablement le «bitume». Quant à Gen., VI, 14, c’est une question de savoir si la substance appeléekôfér, dont Noé devait enduire l’arche à l’intérieur et àl’extérieur, est vraiment du bitume, comme le traduisentles Septante et la Vulgate, ou de la poix, selon le chaldéen, le syriaque et l’arabe. Plusieurs interprètes, en particulierKeil, Genesis, p. 113; Dillmann, Genesis, p. 152, tiennent pour le bitume; Gesenius, au contraire, Thésaurus, p. 708, et J. Fûrst, Hébràisches Handwôrterbuch, t. i, p. 623, pour la poix. Le bitume ou asphalte a unnom bien déterminé dans la Sainte Écriture, hêmâr, semblableau mot homar, employé encore par les Arabesen ce sens. D’un autre côté, la poix est connue sous lenom de zéfép. Exod., ii, 3. Il faudrait donc voir dans kôférune espèce particulière de bitume, un bitume mou, unesorte de pissasphalte ou bien une résine particulière, demêmenature et usage que la poix. Mùhlau et Volck, Gesenius’Hébràisches Handwôrterbuch, 11e édit., 1890, p. 401. Les anciens du reste confondaient souvent lebitumeavec la poix. Il est à remarquer que le récit chaldéendu déluge, n» colonne, lignes 10-11, a aussi le motkupru, en parallèle avec iddu. Frd. Deiitzsch, AssyrischesWôrterbuch, p. 123, identifie les deux mots etleur donne la signification de bitume.

Les Septante (ou plutôt Théodotion) et la Vulgate, Dan., ni, 46, mentionnent une espèce de bitume, le naphte rbitume très inflammable, qui servit avec la poix à alimenterle feu de la fournaise où furent jetés Azarias etses compagnons. Voir Naphte. E. Levesque.

    1. BLACKENEY Guillaume##

BLACKENEY Guillaume, Anglais, religieux de l’ordredes Carmes, docteur de l’université de Cambridge, mortà Norfolk vers l’an 1490. Il se rendit célèbre par sa science, et son grand désir de savoir le fit accuser de magie prèsde l’évêque de Norwich. Son ouvrage, In Cantica canticorumlectures, parut à Venise, en 1591. Voir Bibliothecacarmeliiarum (1752), t. i, p. 592; Fabricius, Bibliothecalatinorum mediïeevi (1734), t. iii, p. 413.

B. Heurtebize.

    1. BLAHOSLAV Jan##

BLAHOSLAV Jan, pasteur des frères bohèmes, néen 1523 à Prérov, mort en Moravie en 1571. Il aimaità se nommer du nom grec de Makarios (traduction dunom Blahoslav). Il étudia à Wittenberg, en 1544, , dutemps de Luther, puis à Krâlovec. Devenu prêtre desfrères bohèmes, il alla à Mladâ Boleslav; le bruit s’étantrépandu dans cette ville que le fils de Ferdinand I er, Maximilien, était favorable à la nouvelle religion, les frèresbohèmes envoyèrent à Vienne des messagers parmi lesquelsse trouvait Blahoslav (1555), pour demander àce prince de les protéger, mais leur demande n’eut aucunsuccès. Les écrits historiques et grammaticaux de Blahoslavse distinguent par la pureté de la langue. Sonouvrage le plus célèbre est la traduction du NouveauTestament faite sur le grec, qui le plaça au rang desmaîtres dans l’usage de la langue maternelle. La premièreédition du Nouveau Testament, traduit du grec, paruten 1565, la seconde en 1569. Elle a été souvent publiéedans la Bible des Frères bohèmes. J. Sedlacek.

I BLAIREAU. H n’est vraisemblablement pas question

— Qu’on ne s’étonne pas de la rigueur de la loi mosaïquecontre le blasphème. Outre les raisons qui autorisent leslégislateurs à punir de la même peine, c’est-à-dire de lamort, les injures faites à Dieu et celles qu’on fait auxsouverains, il y avait une raison spéciale pour le peuplejuif: c’est que, d’après sa constitution théocratique, Dieuétait son vrai roi, dont les Juges, rois ou autres chefsdu peuple d’Israël n’étaient que les lieutenants; dès lorsle blasphème était un crime contre le souverain, et, commenous disons, un crime d’État. — Dans les temps qui précèdentla venue de Jésus-Christ, la nature du blasphèmepunissable paraît s’être élargie; elle comprenait alorsnon seulement l’outrage fait au nom ineffable nw, maisencore tons les propos outrageants pour Dieu ou pourles choses saintes, ainsi que l’usurpation téméraire d’unattribut divin. De là les accusations de blasphème soitcontre Jésus-Christ qui se disait Fils de Dieu et s’attribuaitle pouvoir de remettre les péchés, soit contre saintEtienne qu’on accusait de parler contre le temple et laloi. Matth., xxvi, 64-65; Marc, ii, 5-7; Joa., x, 33; Act., vi, 13; vii, 56-59. — La procédure criminelle contre lesblasphémateurs est exposée dans la Mischna, traité Sanhédrin, vu, 5, édit. Surenhusius, t. iv, p. 242; cf. ibid.les commentaires de Maimonide, de Bartenora et deCoccéius.

2° Déchirement des vêtements à l’audition d’un blasphème.— Dès la plus haute antiquité, les Hébreux, comme d’autres peuples orientaux, déchiraient leurs vêtementsen signe de douleur, dans le deuil privé ou public.Gen., xxxvii, 30, 34; xliv, 13; Lev., x, 6; Num., xiv, 6; Jos., vil, 6; Jud., xi, 35; II Reg., xiii, 31, etc. Le blasphème, étant un outrage à leur Dieu, à leur bienfaiteur, à leur Roi, fut promptement considéré par eux commeun grand malheur et une cause de deuil, aussi bien quela mort de leurs parents ou de leurs amis; dès lors l’usages’introduisit peu à peu, chez les Juifs, de déchirer leursvêtements, quand ils entendaient un blasphème. C’est ceque firent les ministres du roi Ézéchias, et Ézéchias lui-même, en entendant les blasphèmes de Rabsacès, IV Reg., xviii, 37; xix, 1; Is., xxxvi, 22; xxxvii, 1; c’est ce quefit Joram, roi d’Israël, en s’entendant, ou plutôt en croyants’entendre attribuer un pouvoir divin. IV Reg., v, 5-7.Tous observaient cet usage, même les prêtres, et le grandpontife lui-même. C’est pourquoi Caïphe déchira ses vêtements, lorsqu’il entendit Jésus-Christ s’appeler Fils deDieu; ce que, dans sa perfide et opiniâtre infidélité, ilregarda comme un blasphème. Matth., xxvi, 65; Marc, Xiv, 63. Sans doute quelques auteurs, Baronius, Annalesecclesiastici, ad annum 34, . édit. de Lucques, 1738, t. i, p. 140-141; Cornélius a Lapide, In Matthseum, xxvi, 65, blâment Caïphe d’avoir, en déchirant ses vêtements, violéla loi mosaïque qui le lui défend, Lev., xxi, 10-12; mais, d’après l’opinion la plus probable, la prohibition ne concerneque le deuil privé, duquel seul il est question dansle texte cité; dans le deuil public et surtout dans le casd’un blasphème, la loi ne s’applique pas; ainsi le grandprêtre Jonathas déchira ses vêtements dans un deuilpublic. I Mach., xi, 71. Cf. Selden, De jure naturali etgenlium, ii, 12, Wittenberg, 1770, p. 265-266; Hedenus, Scissio vestium, xxxrv-xm, dans Ugolini, Thésaurusantiquitatum sacrarum, Venise, 1744-1769, t. xxrx, col. mxliii-mxlviii; Rohrenseensius, De ritu scindendivestes, ibid., col. mlx-mlxi. — Cet usage de déchirer lesvêtements en cas de blasphème fut transformé en préceptepositif par les rabbins, toutefois avec une distinction: si le blasphémateur est un Juif, le témoin qui l’entenddoit déchirer ses vêtements; si le blasphémateur estun païen, l’obligation n’a pas lieu. Cf. Hottinger, JurisHebrseorum Leges, 1. lxxvi, Zurich, 1655, p. 96; Otho, Lexicon, p. 92.

3° Prononciation du nom sacré nw, c’est-à-dire Jéhovahou «Jahvé», suivant la vocalisation qui tend à prévaloiraujourd’hui. D’après une tradition juive, remontant à une

époque de beaucoup antérieure à Jésus-Christ, non seulementle blasphème proprement dit, mais la simple prononciationdu nom m~>, était défendue (sauf pour lesprêtres, dans le temple, et à certains jours déterminés).Cette tradition, dont nous voyons les effets dans la versiondes Septante, où partout le nom sacré «Jéhovah» est traduitpar Kupîoc, «Seigneur,» est résumée dans Maimonide, More Nebochim, I, 61, 62, traduction latine deBuxtorf, Bâle, 1629, p. 106-109. Cf. Josèphe, Ant. jud., II, xii, 4; Théodoret, Quœstio xv in Exodum, t. lxxx, p. 244; Drusius, Tetragrammaton, c. 7, 8, 9, dans Criticisæri, Amsterdam, 1698, t. i, part, ii, p. 338-342.Cette tradition repose sur une interprétation fausse dupassage du Lévitique, xxiv, 15-16, que nous expliquons.Ce texte porte d’après l’hébreu: «ꝟ. 15. Quiconque auramaudit (qillêl) son Dieu, portera la peine de son péché; y. 16. Et celui qui aura prononcé (nôqêb) le nom de Jéhovahmourra; et tout le peuple le lapidera, qu’il soitIsraélite ou étranger, s’il a prononcé le nom [de Jéhovah].» Les exégètes juifs ont séparé le ꝟ. 16 du ꝟ. 15, et ontainsi fait de la seule prononciation du nom de Jéhovah undélit spécial, puni de la peine de mort, par la lapidation.Or, d’après le plus grand nombre des commentateurschrétiens, cette explication est fausse. Le sens de ces deuxversets est celui-ci: «Quiconque aura maudit ou blasphéméson Dieu portera la peine de son péché; et si, dansce blasphème, il prononce le nom de Jéhovah, il sera punide mort.» Ainsi deux éléments constituent le crime viséet puni par la législation hébraïque: le blasphème contreDieu et la prononciation du nom sacré; c’est pourquoi laVulgate, afin d’éviter toute équivoque, a traduit l’hébreunôqêb par «blasphémer», et a ainsi rendu le ꝟ. 16: «Etcelui qui aura blasphémé le nom du Seigneur mourra.» Cf. Michælis, Mosaisches Recht, § 251, Francfort-sur-le-Mein, 1793, t. v, p. 163-169; Saalschutz, Das MosaischeRecht, k. 64, Berlin, 1853, p. 494-497. On dirait que lesJuifs ont pris soin de réfuter eux-mêmes leur propre interprétation; car, s’il faut expliquer comme ils le font leꝟ. 16, la seule prononciation du nom de Jéhovah doit êtrepunie de la peine de mort par la lapidation, comme leblasphème proprement dit; et cependant jamais ils n’ontinfligé cette peine à celui qui n’a fait que prononcer, sansblasphème, le nom sacré: c’est ce qui résulte évidemmentde la Mischna, tr. Sanhédrin, vil, 5, et des Commentairesannexés de Maimonide, de Bartenora et deCoccéius, édit. Surenhusius, t. iv, p. 242. Cf. Selden, Dejure naturali, ii, 12, p. 261-262.

4° Blasphème des Juifs contre les dieux étrangers. —D’après quelques auteurs, il aurait été défendu aux Juifsde blasphémer même les dieux étrangers. Ainsi ont penséPhilon, De monarchia, I, Paris, 1640, p. 818, et De VilaMosis, iii, p. 684, et Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 10, etContra Apion., ii, 33. Cette opinion repose sur une interprétationfausse du texte de l’Exode, xxii, 28 (hébreu, 27): «Vous ne maudirez pas ( qillêl) les dieux.» Le texte portele mot’ilôhîm, que ces deux auteurs ont traduit par «dieux». Les versions les plus anciennes et l’opinion àpeu près unanime des commenftteurs s’opposent à cetteinterprétation. La paraphrase chaldaïque, la version arabeet la version syriaque ont traduit’êlôhim par s juges» (cf. Polyglotte de Valton, In Exodum, xxii, 28). Si laVulgate, après les Septante, a traduit par «dieux», dii, tout le monde sait qu’elle donne quelquefois ce nom auxcréatures qui participent d’une manière spéciale aux attributsde la divinité, comme aux anges, aux prêtres, auxrois, aux juges, etc. Cf. Ps. lxxxi, 6; Joa., x, 34-35.Aussi la foule des commentateurs a-t-elle rendu’èîôhîmpar «juges» ou «magistrats». S. Augustin, In, Heptateuchum, a, 86, t. xxxiv, p. 627-628; Théodoret, Qusest. £i inExod., t. lxxx, p. 273; Cornélius a Lapide, In Exodum, xxii, 28; Bonfrère, Pentateuchus Mosis, Anvers, 1625, p. 470; Rqsenmûller, In Exodum, xxii, 27, Leipzig, 1822, p. 385; Michælis, Mosaisches Recht, § 251, t. v, p. 159-163.

Si Moise avait impose le précepte de ne pas blasphémerles dieux étrangers, il faut reconnaître que ni lui ni lesautres écrivains inspirés ne l’auraient guère observé; carles écrits de la Bible, surtout les psaumes et les livresprophétiques, sont tout remplis des vérités les plus dureset même d’imprécations contre les faux dieux. Voir, enparticulier, dans le Pentateuque, Deut., vii, 25-26; xxvii, 15; xxrx, 16-18; xxxii, 16-17- Ce qui a pu inspirer àPhilon et à Josèphe cette interprétation nouvelle, ce sontdes vues politiques: à cette époque, les Juifs avaient perduleur indépendance, ou même vivaient en grand nombreau milieu de nations étrangères; il eût été à eux trèsinopportun et très imprudent de blasphémer les dieuxdes nations dont ils étaient les sujets ou les hôtes. Dureste, les Juifs contemporains de Philon et de Josèphe neparaissent guère avoir remarqué ni surtout suivi les avertissem*ntsde leurs doctes compatriotes; car, vers ce mêmetemps, Pline signale leur race comme «célèbre par sonmépris pour les divinités», gens contumélia numinuminsignis. Pline, H. N., xiii, 9, édit. Lemaire, Paris, 1829, t. v, p. 171. Donc, par le mot’èlôhîm il faut entendre, dans le texte cité, les juges ou magistrats d’Israël; siMoïse leur a donné ce nom, c’est afin d’inspirer un plusgrand respect pour leur personne, et aussi pour se conformerà l’usage égyptien, d’après lequel on donnait auxjuges le nom de dieux. Michælis, Mosaisches Recht, § 3a, t. i, p. 217-218. Moïse donne manifestement auxjuges le nom de dieux, ’èlôhîm, en plusieurs autresendroits de l’Exode, xxi, 6; xxii, 8, 9 (hébreu, 7, 8).Cf. Michælis, Supplementa ad lex. hab., Gcettingue, 1792, p. 87-89; Rosenmûller, In Exod., xxi, 6, Leipzig, 1822, p. 358. Au témoignage d’Origène, cet usage s’était conservéparmi les Juifs. Cont. Cels., iv, 31, t. xi, p. 1076.

II. Blasphème sous la loi nouvelle. — Le blasphèmeétant si clairement défendu par la loi naturelle, il n’étaitpas nécessaire que Jésus-Christ ni les Apôtres le défendissentpar un précepte spécial. Le blasphème, sous la loinouvelle, est toujours supposé comme un des plus grandspéchés; c’est un de ceux qui, d’après NotreSeigneur, sortent du cœur et souillent l’homme, Matth., xv, 19; Marc, vii, 21-23; il est présenté comme un des caractèresdes faux prophètes, II Petr., II, 10, 12; des hérétiques, Jud., 8, 10; des impies des derniers temps, II Tim., iii, 2; de la bête, dont parle l’Apocalypse, qui ne cesse de proférerdes blasphèmes contre Dieu et contre les saints, Apoc., xra, 5, 6, et dont la tête est toute couverte de nomsde blasphèmes, Apoc, xiii, 1; xvii, 3.

Que faut-il entendre par le «blasphème contre le Saint-Esprit», dont il est question Matth., xii, 31; Marc, iii, 29; Luc, XII, 10, et dont il est dit qu’il ne sera remis ni dansce monde ni dans l’autre? C’est par le contexte que nouspouvons nous rendre compte de la nature de ce péché.Jésus-Christ venait de faire des miracles manifestementdivins, par exemple, l’expulsion subite des démons, laquelle, ne pouvant être attribuée au chef des démons, «tait évidemment l’œuvre du Saint-Esprit. Les Pharisiens, attribuant ce miracle au chef des démons, blasphémaientdonc contre le Saint-Esprit. De plus, Jésus-Christ, dans les textes cités, distingue le blasphème contre leFils de l’homme et le blasphème contre le Saint-Esprit; blasphémer contre le Fils de l’homme, à cette époqueoù sa divinité n’était pas encore clairement révéléepour tous, c’était, suivant la pensée de saint Athanase etde saint Jérôme, cités ci-dessous, lui reprocher, commefaisaient quelques-uns, certaines faiblesses apparentes, certaines manières d’agir, certaines condescendances, qui ne s’accordaient pas avec les idées peu exactesqu’on avait alors du Messie; or ce péché contre leFils de l’homme était plus facilement excusable, à causede l’ignorance ou de la faiblesse qui en étaient le principe.Il n’en est pas de même du blasphème contrele Saint-Esprit; comme les œuvres de ce divin Espritc’est-à-dire les miracles spéciaux dont il est question dans

n

les textes cités, étaient manifestes et éclatants, l’attributionde ces œuvres au chef des démons était un blasphèmequi ne pouvait venir de l’ignorance ou de la faiblesse, maisseulement de la malice et de l’obstination. C’est pourquoice péché est dit «irrémissible», non pas du côté de Dieu, dont la grâce est assez forte pour le remettre; mais ducôté du pécheur, dont la malice opiniâtre est un obstacleà cette grâce. De même, suivant la pensée de saint Thomas; II a D>, q. xiv, art. 3, qu’une maladie est dite incurable, non seulement quand aucun remède ne peut la guérir, maisencore quand cette maladie, par sa nature même, repousseet exclut le remède qui pourrait la guérir; ainsi le péchédont il s’agit est dit «irrémissible», parce que la naturemême de ce péché consiste à repousser toutes les avancesque Dieu voudrait faire pour le remettre. Ce péché n’estdonc pas irrémissible «absolument>>, mais<< relativement»; ou, en d’autres termes, la rémission de ce péché est nonpas «impossible», mais «très difficile»; de même qu’ilfaudrait un miracle dans l’ordre physique pour guérir lamaladie incurable dont nous parlons, ainsi il faudrait unegrâce exceptionnelle, un miracle de grâce pour remettrele péché dont il s’agit. Tel est le fond des explicationsdes Pères et des saints Docteurs. S. Athanase, Epistola ivad Serapionem, n. 15-16, t. xxvi, col. 657-661; S. JeanChrysostome, Homilia xli in Matth., 3, t. lvii, col. 449; S. Ambroise, De Spirilu Sancto, I, iii, 53-54, t. xvi, col. 716-717, et In Lucam, vii, 121, t. xv, col. 1729-1730; S. Augustin, Sermo lxxi, 6-24, t. xxxviii, col. 448-458, et In Epist. ad Romanos, 14-22, t. xxxv, col. 2097-2104; S. Fulgénce, De remissione peccatorum, i, 24, t. lxv, col. 547; Pacianus, Epist. m ad Sympronianum, 15, t.xm, col. 1073-1074; S. Thomas, II», II*, q. xiv, a. 3; S. Bonaventure, Breviloquium, part. III, c. xi, Venise, 1754, t. v, p. 42-43. À cette explication revient aussi celle duP. Knabenbauer, d’après lequel Jésus-Christ dit du blasphèmeen question, non pas précisément qu’il est irrémissible, mais que, de fait, il ne sera pas remis, par unjuste décret de Dieu, refusant au blasphémateur la grâcede la pénitence. Cf. Knabenbauer, Comment, in Evang.S. Matth., in-8°, Paris, 1892-1893, t. t, p. 487-495.

S. Many.

    1. BLASTE##

BLASTE, BLASTUS (BÀiatoç), chambellan oucamérier, i èitl toû xoiràvoç, qui erat super cubiculumrégis, du roi Hérode Agrippa I er. Act., xil, 20. Sa positioncorrespondait à celle des prœpositi sacro cubiculo deRome. Ces personnages étaient généralement des eunuques.Blastus jouissait d’une certaine influence auprèsde son maître. À la demande des Tyriens et des Sidoniens, il obtint pour eux une audience du roi, à qui ils venaientdemander la paix.

    1. BLAYNEY Benjamin##

BLAYNEY Benjamin, pasteur anglican et hébraïsantcélèbre, mort le 20 septembre 1801. Il enseigna la Janguehébraïque à Oxford, et fut chanoine de l’église du Christ.Il mourut recteur de Polshot. Ses travaux ont une réelleimportance pour l’étude des Saintes Écritures. Ses principauxouvrages sont: The Holy Bible, with marginalréférences, in-4°, Oxford, 1769; À dissertation by wayof inquiry into the import and application of the vision, related Daniel, ix, 30, to the end, usually called, Daniel’sprophecy of seventy weehs, in-4°, Oxford, 1775; Jeremiahand Lamentations. À new translation, with notes, critical, philological, and eocplanatory, in-8°, Oxfovd, 1784 ( une édition de ce travail fut publiée, in-8°, Londres, 1836); Pentateuchus hebrseo-samaritanus charactere hebrxo-chaldaico, in-8°, Oxford, 1790; Zechariah. À newtranslation with notes and an appendice in reply toD’Eveleigh’s sermon on Zach., ii, 8-11. To which isadded a dissertation on Daniel, ix, 20-27, in-4°, Oxford, 1797. En outre, sont conservés dans la bibliothèque deLambeth des travaux manuscrits de Blayney sur lesPsaumes, les petit* prophètes, le cantique de Moïse.

B. Heurtebize.

1811

BLÉ

1812

BLE. — I. Description. — Herbe annuelle, de lafamille des graminées, appelée par les botanistes Tritic*msativum ou Triticum vulgare. Elle a ses tiges ouchaumes creuses à l’intérieur; ses feuilles sont planes, étroites, allongées, rugueuses, ses fleurs réunies en épidroit, presque à quatre angles; cet épi se compose d’autrespetit* épis ou épillets densément serrés les uns contreles autres et portés sur un axe résistant, non fragile; lefruit ou grain est oblong, jaunâtre, creusé d’un sillon

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640. — Triticum salivum.

longitudinal sur l’une de ses faces, arrondi et un peubombé sur l’autre, plus ou moins aminci aux deux extrémités; il est finement duveté au sommet; convenablementmoulu, il donne la farine employée à fabriquer le pain. LeTriticum sativum (fig. 549) est l’espèce qu’on sème le pluscommunément et que tout le monde connaît. Elle présentedeux variétés principales quant à la nature de l’épi: à arêtes dans l’une, c’est le froment vulgaire, le plus répandu; sans arêtes dans l’autre, c’est le froment sansbarbe, qui semblerait rendre davantage, mais dont legrain vaut peut-être moins. Voir N. Host, Icônes etdescriptiones graminum austriacorum, 4 in-f°, Vienne, 1801-1809, t. iii, pi. 26, p 18.

Outre les deux variétés de froment décrites plus haut, il en existe plusieurs centaines d’autres cultivées sur différentspoints du globe. Parmi les espèces botaniquesles plus répandues et connues de toute antiquité, il convientde citer: — 1° Le gros blé (Triticum turgidum), quise rapproche beaucoup de l’espèce vulgaire, mais s’en distinguepar son épi renflé, penché, exactement quadrangulaire, par sa paille plus grosse et son grain plus abondanten son (fig. 550). Voir N. Host, Icônes, pi. 28, p. 19.

— 2° Le blé de Smyrne [Triticum compositum), nomméaussi blé d’abondance, blé-miracle, très remarquable

par son épi volumineux, ramifié à la base, mais plussingulierque vraiment estimable (fig. 551). N. Host tIcônes, pi. 27, p. 19. — 3° Vépeautre (Triticum speita), dont le grain adhère à l’enveloppe florale comme dansl’orge et l’avoine, et donne une excellente farine. N. Host, Icônes, pi. 30, p. 21. — 4° Le petit épeautre ou Locular( Triticum monbcoccum), dont les grains sontpetit* et l’épi floral étroit. N. Host, Icônes, pi. 32. —5° Enfin le blé dur (Triticum durum), espèce cultivéeen Syrie, en Egypte et

dans tout le nord de l’Afrique; c’est elle qui est employéepresque exclusivement à la confection des

pâtes sèches alimentaires. —

Toutes ces espèces de blé

se cultivaient autrefois en

Palestine, du temps des Israélites; sous le nom de «blé», indiqué par la Bible,

on doit donc comprendre les

espèces énumérées ci-dessus. Voir A. R v Delisle, Description de Y Egypte, in-f°,

Paris, t. ii, p. 177-178, pi. 14; J. W. Krause, Abbïldung

und Beschreibung aller bis

jetzt bekannten Getreidearten, in-f, Leipzig, 18341837; Id., Dos Getreidebuch,

in-8°, Leipzig, 1840; Vilmorin -Andrieux, Les meilleurs blés, in-8°, Paris, 1881.

De tous les végétaux que

la Providence a donnés à

l’homme, Gen., i, 11, 29, le

froment ou blé par excellence est celui qui lui fournit le mieux ce pain que sa

bonté lui a promis, mais qu’il

ne doit manger qu’à la sueur

de son front. Gen., iii, 19.

Essentiellement fait pour ses besoins, il peut mieux quetoute autre plante prospérer et croître dans les climatsqu’il peut habiter; mais il demande partout son industrieet l’assiduité de ses travaux, Gen., iii, 17, 23; pour quela terre nous le donne, il faut chaque année la tourmenter, pour ainsi dire, et déchirer son sein. Cependant aucunvégétal, sous un même volume, n’est aussi nutritif; aucun ne se conserve plus aisément et plus longtemps, aucun ne plaît plus à tous les goûts. Mais quelle est lavéritable patrie du blé?

L’origine du froment se perd dans la nuit des siècles..Un des plus anciens historiens, Bérose, prêtre de laChaldée, dit que cette plante précieuse croissait à l’étatsauvage en Babylonie (çùeiv Se… nvpoùç «ypi’ouç). Fragm., i, 2, dans les Historicorum greecorum Fragmenta, édit.Didot, t. ii, p. 196. Un célèbre voyageur du commencementde ce siècle, G.- A. Olivier, écrit dans son Voyagedans l’empire othoman, Paris, 1807, t. iii, p. 460: «Nous trouvâmes, près du camp [à Anah, sur l’Euphrate], dans une sorte de ravin, le froment, l’orge et l’épeautre, que nous avions déjà vus plusieurs fois en Mésopotamie.» D’autres auteurs anciens ont dit qu’on trouvait le blé sauvagedans la vallée du Jourdain, près de Bethsan, etdans l’Inde. Strabon, xi, 7, 2, p. 436. «De tous ces témoignages, dit A. de Candolle, Origine des plantescultivées, in-8°, Paris, 1883, p. 286-288, il me paraît queceux de Bérose et de Strabon, pour la Mésopotamie etl’Inde occidentale, sont les seuls ayant quelque valeur…Il est remarquable que deux assertions aient été donnéesde l’indigénat, en Mésopotamie, à un intervalle de vingt-troissiècles, l’une jadis par Bérose, et l’autre de nos

550. — Triticum turgidum.

Connut sept années d’abondance, suivies de sept annéesde stérilité; elles avaient été prédites par un songe mystérieuxque Joseph expliqua au Pharaon: sept épis pleins, sortant d’une même tige, dévorés par sept épis maigres.Gen., xli, 5, 7, 26, 27. Grâce à la prudente administrationde Joseph, établi viceroi, on remplit les greniers del’Egypte, Gen., xii, 35, 49, de sorte que non seulementles habitants n’eurent rien à souffrir, mais les étrangersdes pays environnants, pressés par la famine, descendaientdans la vallée du Nil pour acheter du blé. Gen., xlh, 2, 3, 6, 19, 25, 26; xun, 2; Act., vii, 12. Quant aufclé à sept épis croissant sur une même tige, il est assimilépar plusieurs au Triticum compositum, que l’on voit encoreen Egypte (fig. 551). Comme Je blé était la nourriturehabituelle du peuple, on le voit toujours figurer dansle texte officiel des listes d’Offrande: ; à faire aux défunts, «ar le mort se nourrissait comme pendant la vie. De mêmedans les peintures funéraires, on voit souvent représentéestoutes les scènes agricoles du labourage des terres, de l’ensem*ncement, de la moisson, du battage, du vannagedes blés, de la mise des grains dans les greniers.Voir Agriculture, fig. 45, 46, 47, 48, col. 277-283. Ellesnous aident à comprendre les mêmes pratiques, usitéesautre fois chez le peuple hébreu, revenu d’Egypte en Palestine, pratiques du reste à peu près communes à toutl’Orient. — Dans les tombes égyptiennes, on a retrouvé desgrains de blé assez bien conservés pour qu’on ait pu reconnaître le Triticum sativum ou blé ordinaire, le Triticumturgidum et le Triticum durum. Il était curieuxde semer ce blé, peut-être contemporain de Moïse ou deJoseph: on a plusieurs fois tenté l’expérience. Le comtede Sternberg aurait vu quelques grains du blé ordinairegermer et fructifier. Faivre, La variabilité des espèces etses limites, in-12, Paris, 1868, p. 171. Un autre essai futfait à Saint-Pol-de-Léon et donna, dit-on, des épis magnifiques, mais une farine insipide. Cf. F. Vigoureux, LaBible et les découvertes modernes, 5e édit., 1889, t. ii, p. 171, note 3; Magasin pittoresque, 1858, t. xxvi, p. 80; cf. Revue archéologique, 6e année, p. 603. Mais on acontesté ces expériences, et l’on prétend que les grainsfournis par les fellahs n’étaient pas anciens. Magasinpittoresque, (oc. cit. "W. Smith, Dictionary of the Bible, t. iii, p. 1745; cf. G. Maspero, dans Matériaux pourl’histoire primitive de l’homme, novembre 1887, p. 479.D’ailleurs il a été constaté que les grains de blé placésdans les tombes avaient le plus souvent subi une torréfaction, ou avaient été enduits d’une sorte de vernis, pourmieux conserver cette nourriture destinée au défunt, en la momifiant en quelque sorte. Cet enduit résineux-a bien permis à la fécule de garder ses propriétés chimiques, mais a étouffé tout germe de vie. V. Loret, Laflore pharaonique, 2e édit., 1892, p. 21.

3. La Palestine, pour être fertile, avait besoin plus quel’Egypte du travail de l’homme, et elle ne pouvait riendonner si Dieu ne la fécondait parla pluie du ciel. Deut., Si, 10-12; mais, avec la bénédiction divine, elle produisaitrôb dâgân, «des céréales en abondance.» Gen., xxvii, 28, 37; c’était une «terre de blé,» Deut., viii, 8; xxxiii, 28; IV Reg., xviii, 32; «du meilleur blé», Deut., xxxil, 14; Ps. lxxx (hébreu, lxxxi), 17; Ps. cxLvn, 14. Toutefois lepeuple ne doit pas oublier que le blé, comme les autrescéréales, «est le bien de Jéhovah,» Jer., xxxl, 12; c’estlui qui le donne à Israël, Ose., ii, 8 (hébreu, 10); lesmoissons obéissent à la voix de Dieu. Ezech., xxxvi, 29; Ps. cm (hébreu, civ), 14; civ (hébreu, cv), 16; Matth., "VI, 8, 11. Si Israël est fidèle, Jéhovah bénira ses céréaleset donnera la pluie en son temps pour les bonnes récoltesde grains, Deut., xi, 14; Ose., ii, 22 (hébreu, 24); si lepeuple est infidèle, au lieu de blé il recueillera des épines, Jer., Xli, 13, ou bien Dieu lui retirera ces biens, Ose., Il, 9(hébreu, 11); Agg., i, 11; ses ennemis les dévoreront etjie lui laisseront rien, Deut., xxviii, 51; Thren., ii, 12, jusqu’à ce qu’il revienne au Seigneur. Is., lxii, 8. Aussi le

psalmiste remercie Dieu d’une abondante récolte, Ps. lxiv(hébreu, lxv): c’est Dieu qui a préparé la terre, arroséles sillons, amolli le sol par des pluies fines, béni la sem*nceet revêtu les collines et les vallées de riches moissons.Ps. lxiv, 10-14. Il n’est donc pas possible de douterque la Palestine n’ait été très fertile en blé. Cf. B.Ugolini, De re rustica veter. Hebrssor., dans ThésaurusAntiq. sacrar., t. xxix, col. m-ix; Guénée, Mémoiressur la fertilité de la Judée, à la suite des Lettres dequelques Juifs, édit. de Lyon, 1819, t. iii, p. 297-460.A l’époque romaine, on voit souvent des épis de blé représentéssur les monnaies judaïques comme une des

552. — Épis sur une monnaie d’Hérode Agrippa I".BAEIAEQE ArPin… Tabernæulum ou dais (symbole dela puissance royale). — ^. Trois épis (image symbolique de laJudée, d’après les uns; dOB oblations faites à Dieu dans letemple, d’après les autres).

principales productions du pays (fig. 552). Maintenantencore, malgré les longs siècles de domination musulmane, la Palestine montre sa fécondité, dès qu’on se donnela peine de la cultiver un peu. Elle offre quantité de plainesfertiles en blé, comme les plaines de la Séphéla, de Saron, de Caïpha, de Zabulon, d’Esdrelon, etc. A. J. Delattre, Lesol en Egypte et en Palestine, dans les Études religieuses, novembre 1892, p. 403. En parcourant la Palestineau printemps, on peut se rendre compte de l’étonnantefertilité de ce sol, et juger de ce qu’il devait produirelorsqu’il était bien cultivé par une population nombreuse.Dans la peinture de l’âge d’or messianique, les prophètesn’ont garde d’omettre ce trait des riches moissons couvrantnon seulement les plaines, mais jusqu’au sommetdes montagnes, et par les ondulations de leurs épishauts et épais manifestant à tous la bénédiction divine, Ps. lxxi (hébreu, lxxii), 16: sous ces images saisissantespour une population agricole est annoncée l’abondancedes biens spirituels. Cf. Zach., ix, 17.

3° Semailles. — On semait le blé en Palestine aprèsles pluies du mois d’octobre, en novembre et mêmeen décembre: cela dépendait des régions et aussi duplus ou moins d’abondance des premières pluies. Deut., xi, 14; Jer., v, 24; Jac, v, 7. Car, après les chaleursbrûlantes de l’été, la terre était tellement desséchée etdurcie, qu’il était impossible d’ensem*ncer avant que lesol eût été amolli et disposé à recevoir le grain dans sonsein. Ps. lxiv (hébreu, lxv), 10. «Donne une bonne portionde sem*nce à ton champ en Tischri, et ne crains pasde semer même en Casleu ( décembre),» dit un Targumsur l’Ecclésiaste, xi, 2. On semait le blé un mois environaprès l’orge; il en était de même en Egypte: aussi, dansce dernier pays, le blé ne fut-il pas frappé par la grêlecomme forge, lors de la septième plaie, parce qu’onle semait et qu’il levait plus tardivement. Exod., ix, 32.Après avoir labouré le sol et tracé les sillons (voir Agriculture, col. 282), on ensem*nçait le tlé soit ordinairementà la volée, en faisant ensuite fouler la terre pardes animaux domestiques, Is., xxxii, 20, soit en le semantavec soin par rangées, en distançant les grainspour assurer des’épis plus abondants. Is., xxyiu, 25.Cf. Strabon, xv, 3, 11.

Le grain de froment ainsi enseveli sous la terre y meurt, et dans la mort se développé le germe de vie. Joa., XII, 24.C’est d’abord, dit saint Marc, iv, 27, 29, une petite herbequi sort de terre, puis un épi, et l’épi se remplit de grains.Alors on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson.Le blé sur pied, la tige ou chaume s’appelle qâmâh,

Deut., xvi, 9; Jud., xv, 5; l’épi, nommé Sibbôlét, Gen., xli, 5, ou’âbïb, «épi mûr,» se remplit de grains: trentepour un est un bon produit, Matth., xiii, 8; mais soixanteet même cent pour un, Matth., xiii, 8, ne sont pas inouïs.Isaae avait récolté le centuple, grâce, il est vrai, à unebénédiction spéciale de Dieu. Gen., xxvi, 12. Plus d’unefois des voyageurs, en Palestine, ont compté soixante etmême cent grains sur un épi. Si l’on songe que plusieurs

^ épis peuvent croître sur une même tige, le centuple neparaîtra pas un produit excessif. H. B. Tristram, NaturalHistory ofthe Bible, 1889, p. 489. Mais la maladie, châtimentdivin, venait parfois attaquer le blé et ruiner toutesles espérances du cultivateur: c’était la rouille du blé, lanielle ou charbon, la carie des grains de froment. Gen., xli, 6; Deut., xxviii, 22; III Reg., viii, 37; Il Par., vi, 28; Amos, iv, 9. D’autres fois le feu, allumé par accident oumis à dessein, Exod., xxii, 6; Jud., xv, 5, détruisait lamoisson. Alors l’agriculteur pleurait ses récoltes anéanties.Joël., i, 5. Ces fléaux étaient souvent annoncés par lesprophètes, pour qu’on y reconnût un châtiment céleste. Aucontraire, quand le peuple était fidèle, Dieu lui promettaitque, même sans semailles, il recueillerait, dans ce quipousserait naturellement, de quoi suffire à sa nourriture.IV Reg., xix, 29. On appelait sâfîafi le fromentqui provenait des grains tombés à terre au temps de lamoisson précédente, Lev., xxv, 5; IV Reg., xix, 29, et safyîs, IV Reg., xix, 29, ou Sdhîs, Is., xxxvii, 30, le blé qui poussait spontanément deux ans après lamoisson.

4° Moisson. Le blé mûrissait vers la fin de mars et le

t commencement d’avril. Matth., xii, 1; Luc, VI, 1, trois semainesou un mois après l’orge. Lev., xxiii, 10-11, 16.’C’était le mois d’Abib, c’est-à-dire delà maturité des épis.’Plus tard, il fut appelé Nisan. La moisson commençait, . donc vers la fin de Nisan et était finie à l’a Pentecôte. Exod., xxxiv, 22; Jud., xv, 1. La date précise variait suivant lesannées et les régions; maintenant encore on moissonneles blés en avril dans quelques contrées, comme la valléedu Jourdain; en Galilée, il faut attendre la fin de maiou plutôt le commencement de juin. Mais à la Pentecôteles moissons étaient généralement terminées: cette fêteleur servait de clôture; On y offrait au Seigneur les prémicesde la moisson. Aussi était-elle appelée la fête dela moisson, la fête des prémices de la moisson des blés.Exod., xxiii, 16; xxxiv, 22.. «Le temps de la moisson desblés» est une locution usitée pour désigner une époquedéterminée de l’année. Gen., xxx, 14; Jud., xv, 1; Ruth, il, 23; I Reg., xii, 17. À cette époque, c’est-à-dire versle mois de mai, on ne voit ni pluie ni orage: aussiétait-ce un phénomène extraordinaire, dâbâr haggàdôl, etqui frappa le peuple de crainte, que le Seigneur, à laprière de Samuel, fit éclater son tonnerre et tomber lapluie. I Reg., xii, 16-19. On coupait les blés à la faucille.Joël, iii, 13; Jer., l, 16; Marc, IV, 29; Apoc, xiv, 14-16.On séparait l’ivraie qui avait poussé entre les épis. Matth., xiii, 25, 29, 30, et le blé était mis en gerbes, gâdië, Exod., xxii, 6 (hébreu, 5); Jud., xv, 5. On aimait à orner cesgerbes de lis (sôsannîm), Gant., vti, 2 (hébreu, 4), afin deleur donner comme un air de fête; car la moisson étaitan temps de joie. Ps., iv, 8.

5° Battage et vannage du blé. — Les gerbes de bléétaient apportées sur l’aire, I Par., xxi, 20, où elles étaientfoulées par les bœufs, Deut., xxv, 4, ou pressées soit parune sorte de traîneau appelé môrag, I Par., xxi, 23, soitpar une espèce de tribulum, Ifârûs, I Par., xx, 3, ou battuesavec un bâton ou fléau. Jud., vi, 11, Sur ces différentesméthodes, voir Aire, fig. 71-77, col. 325-327, etfig.47, 48, col. 283. — La grosse paille étant broyée, on l’enletait, et on passait à l’opération du vannage. Le blé étaitsoulevé en l’air à l’aide de pelles, Is., xxx, 24, ou avecles mains, comme on le fait encore aujourd’hui; le ventemportait au loin les menues pailles avec les balles, etle bon grain retombait sur le sol (fig. 72, col. 325).

Pour achever de purifier le grain, on le passait au crible.Amos, ix, 9; Luc, xxii, 31. Les criblures étaient abandonnéeset laissées aux pauyres, à moins d’avarice sordide.Amos, viii, 6 (hébreu, 5). Le bon grain ainsi nettoyé, appelé une fois serôr, Amos, ix, 9, mais ordinairementbar, était recueilli pour être employé ou vendu.

6° Conservation des grains, greniers. — D’ordinaire, après les opérations du battage et du vannage, on ramassaitle blé dans des greniers. Ruth, ii, 23; II Esdr., xiii, 12; Joël, 1, 17; Amos, viii, 5. C’est dans les vastes greniers desprincipales villes d’Egypte que Joseph fit renfermer l’excédentdes récoltes des sept années d’abondance. Voir Grenier.Ezéchias avait fait construire de semblables magasinspour le blé. II Par., xxxii, 28. En dehors de ces grandsmagasins publics, les particuliers faisaient des réserves dans, la partie la plus retirée de leur maison, II Reg., xvii, 19, oucachaient leurs grains comme un trésor dans des silos oufosses creusées au milieu de leurs champs. Jer., xli, 8.Cf. col. 1744. En temps de guerre, on faisait les approvisionnementsde blé nécessaires soit pour soutenir unsiège, Judith, iv, 4, soit pour entreprendre une campagne.Holopherne fit ramasser les blés de toute la Syrie, Judith, ii, 9; car le blé entrait dans la nourriture dusoldat en Orient. Cf. I Mach., viii, 26.

7° Commerce du blé, exportation.’— 1. Il y avait desmarchands de blé, Amos, viii, 5, que le prophète flétrit, parce que dans leur avarice ils ont peine à observer lesabbat, ou vendent aux pauvres les criblures de blé qu’onleur laissait d’ordinaire. Amos, viii, 5-6. Parlpis ces marchandsfaisaient des accaparements de froment. Comme, en temps de disette, les approvisionnements des villesétaient difficiles, à cause de l’insuffisance ou de l’irrégularitédes moyens dé transports, ils retenaient le blé dansleursgreniers, et, spéculant sur sa rareté, le vendaient àun prix exorbitant. Ces accapareurs sont maudits de Dieu, et, au contraire, sa bénédiction est sur la tête de ceuxqui vendent le blé avec équité. Prov., xi, 26. Les marchandsde la Babylone de l’Apocalypse, xviii, 11-13, pleurent parce qu’ils ne peuvent plus vendre leur froment.— 2. Tout le blé recueilli n’était pas consomméou vendu dans le pays; il y avait surabondance et on l’exportait, surtout depuis l’époque de Salomon, qui fit fairedes progrès à l’agriculture sous son règne pacifique. Pendantle temps que durèrent les travaux des Phénicienspour la construction du temple et des palais de Jérusalem, Salomon fournissait chaque année à la table dmroi Hiram vingt mille mesures (cors) de froment. III Reg., v, 11. Les ouvriers tyriens qui travaillaient dans le Libanétaient également nourris par Salomon; ils recevaientaussi vingt mille cors de froment. II Par., ii, 10, 15 ( hébreu, 9 et 14). Ezéchiel, xxvii, 17, nous représente Judaet Israël exportant leur blé sur les marchés de Tyr. Letexte hébreu porte: «des grains de Minnith,» ville oudistrict du pays des Ammonites, fertile en blés (Cf. Jud., xi, 33. Les Ammonites payaient à Joatham en tribu dixmille cors de froment. II Par., xxvii, 5). ProbablementEzéchiel parle ici d’une espèce ou qualité excellente deblé, plutôt que de grains venant de Minnith. Au temps; d’Hérode Agrippa, la Judée nourrissait encore de sesblés Tyr et Sidon. Act., xii, 20. — Le vaisseau alexandrinqui devait conduire saint Paul de Myre jusqu’enItalie paraît avoir été chargé de blé: afin d’éviter un naufrageet d’alléger le navire’pour l’échouage, on jeta lacargaison de blé à la mer. Act., xxvii, 38.

8° Usages domestiques. — On mangeait le blé sous, plusieurs formes: le grain nouveau, encore tendre (karmél, d’après quelques lexicographes, Lev., xxiii, 14’jIV Reg., iv, 42); Matth., xxii, 1; Marc, ii, 23; -~liubi, vi, 1; ^ grain grillé, nommé qâli. Au temps de J8 Hfôfison, on grillait au feu le blé non encore mûr; et cm"-! .©’mangeait sans autre accommodements ÊfelF.i ii, 14; xxiîlL14; Jôs., v, 11; Ruth, ii, 14; I Reg.yitvtꝟ. 17; xxv, 18; ; ILReg., xvii, 28 (hébreu). Cet usage dUfè encore en Orient, dfêl9’BLÉ — BLEEK

1820

— On connaissait aussi le grain grossièrement moulu, engranules plus ou moins uns, ou gruau, rîfôf, Il Heg., xvii, 19; on le broyait au pilon dans un mortier. Prov., xxvii, 22. — Mais le plus ordinairement, on réduisait le.blé en farine pour le pétrir et en faire du pain. La farinede froment se disait qémah; pour désigner la farined’orge, on ajoutait le mot se’orim. Niim., v, 15. La fleur<ie farine s’appelle solét. Exod., xxix, 2. Le grain étaitiroyé sous la meule ou moulin à bras. La farine pétrie etcuite au four donnait le lél.iém, «pain.» Pour la courde Salomon, on consommait chaque jour trente mesures(cors) de Heur de farine, et soixante de farine ordinaire.III Reg., IV, 22, 23 (hébreu, v, 13). On mélangeaitparfois au blé diverses céréales inférieures, Ezech., v, 9, pour en faire un pain. Le blé était regardé comme lanourriture la plus indispensable. II Esdr., v, 2, 3, 10, 11; Eccli., xxxix, 31 (Septante, 32); Lament., ii, 12. Aussi<ïaris l’Apocalypse, vi, 6, pour peindre la disette, on ditque le denier, prix d’une journée de travail, ne suffiraplus pour se procurer deux livres de froment, c’est-à-direle pain strictement nécessaire pour nourrir une seule personne.Au contraire l’abondance du froment donne unejeunesse nombreuse et vigoureuse. Zach., ix, 17.

9° Oblations, dîme. — La farine dont l’offrande devaitaccompagner les sacrifices sanglants ou formait une oblationspéciale était dé la pure farine de froment. Lev., ii, 2; Num., xv, 3-12; xxviii, 7-29. Les pains sans levain, lesgâteaux de différentes sortes qui formaient une catégoriede sacrifices non sanglants ou accompagnaientl’immolation des victimes, devaient être faits égalementavec de la farine de froment. Exod., xxix, 2; Lev., ii, 4-5; Num., xxviii, 9-li, 28-29. — À la fête de la Pentecôte, on offrait comme prémices deux pains de froment.Exod., xxxiv, 22; Lev., xxiii, 17. On voit Oman le Jébuséenoffrir à David le blé nécessaire pour le sacrifice.I Par., xxi, 23. Darius fit de même pour Esdrâs, I Esdr., vi, 9, et Artaxerxès ordonna de donner cent cors deiroment pour les besoins du culte. 1 Esdr., vii, 22. Lespains azymes qu’on mangeait pendant les sept jours dela fête de Pâques étaient des pains de froment. C’est lepain de froment qui a été changé, à la dernière Cène, au corps de Notre -Seigneur Jésus-Christ et est devenula matière du sacrifice et du sacrement de l’Eucharistie.

— Les prêtres et les lévites recevaient la dîme du blécomme des autres céréales. Num., xviii, 12, 27; Deut., xviii, 4; II Par., xxxi, 5; II Esdr., x, 39. Dans la secondedime, que les fidèles consommaient eux-mêmes auprès dusanctuaire, on suivait pour le blé les mêmes règles quepour les autres offrandes. Deut., xii, 7, 17; xiv, 23; Tob., I, 7 (grec). Dans les règles concernant les offrandes «ju’Israël, rétabli après la captivité, sera tenu d’apporterau prince, Ézéchiel, xlv, 13, dit qu’on devra lui offrirle soixantième du froment.

10° Images et paraboles tirées du blé. — Pour le psalmiste, la manne est le froment du ciel. Ps. lxxvii, 24(hébreu). Jérémie, xxiii, 28, compare les vraies prophétiesau grain de froment, et les fausses à la paille.le froment revient souvent dans les paraboles du NouveauTestament. Dans la parabole du semeur, Matth., xiii, 3-9; Marc, iv, 3-9; Luc, viii, 5-8, le grain de blé, c’est la parole divine que le divin semeur jette dans lesâmes, et qui, trouvant des cœurs diversem*nt préparés, y reste plus ou moins stérile; ou fructifie et donne trente, soixante, cent pour un. Matth., xiii, 19-23; Marc, iv, 14-20; Luc., - viii, 12-16. — Le grain de blé une fois dansla terre y germe sans que l’agriculteur sache commentet sans un nouveau travail de sa part: image de la paroledivine qui, tombée dans un coeur bien préparé, y germe, pour ainsi dire, toute seule, et fructifie par sa propre vertu.C’est ce que nous enseigne saint Marc, IV, 26-29, dansla parabole du champ de blé. — Dans le champ du pèrede famille, le froment est souvent mêlé à l’ivraie: symbolede l’alliage des bons et des méchants dans l’Église

sur cette terre; mais la séparation se fera au jour de lamoisson dernière, et les justes, comme le bon grain, serontrecueillis dans les greniers éternels. C’est la parabole del’ivraie. Matth., xiii, 24-30, 36-43. — Jean-Baptiste avaitemployé cette dernière image quand il représentait leMessie le van à la main, purifiant son aire, jetant lapaille au feu et ramassant le bon grain dans les grenierscélestes. Matth., iii, 12; S. Luc, iii, 17. — Dans la paraboledes deux intendants, l’intendant fidèle qui donne, au temps marqué, la ration de blé aux serviteurs, Luc, xii, 42, est l’image des ministres de Dieu, qui doiventdistribuer régulièrement le bon grain de la parole divine.Il y a là une allusion à la coutume grecque et romainede faire distribuer, par un intendant préposé àcet office, les quatre ou cinq boisseaux de blé qui formaientla portion mensuelle de chaque esclave. Chez lesRomains, la distribution se faisait aux calendes. Plaute, Stich., act. i, se ii, 3, édit. Lemaire, t. lvi, p. 307; Sénèque, Epist., lxxX, 7, édit. Lemaire, t. lxxxv, p. 542.

— C’est enfin l’économe infidèle qui, oblige de rendre sescomptes, remet frauduleusem*nt une partie de leur detteaux débiteurs de son maître; à celui qui doit cent mesures{cors) de froment, il fait signer une obligation dequatre-vingts seulement. Luc, xvi, 7. — Comme on.crible le blé, ainsi Satan veut cribler lés Apôtres; maisle Sauveur prie pour Pierre, et ils ne seront pas emportéscomme la menue paille. Luc, xxii, 31. — Notre-Seigneurannonce sa mort ignominieuse et sa glorieuserésurrection sous le symbole du grain de froment quidans une mort apparente développe les germes de la vie, Joa., xii, 24-25. — Par la même image, saint Paul, I Cor., xv, 36, 37, explique le mystère de la résurrection descorps. E. Levesqde.

    1. BLEEK Friedrich##

BLEEK Friedrich, un des principaux exégètes protestantsallemands du xix" siècle, né à Ahrensbdck, près deLûbeck, dans le Holstein, le 4 juillet 1793, mort à Bonnle 27 février 1859. Après avoir étudié à Lubeck et à liiel, il alla à Berlin, suivre les leçons de Schleiermacher, deWette et de Neander, qui exercèrent une influence décisivesur sa vie. En 1829, il obtint à l’université de Bonn lachaire de critique sacrée, qu’il occupa pendant trente ansavec un grand succès. Il publia, après quelques articlesde revue remarqués, son plus important ouvrage, DerBrief an die Hebrâer erlâutert durch Einleitung, Uebersetzung und fortlaufenden Commentar, paru entrois parties, 4 in-8°, Berlin, 1828, 1836, 1840; Beitrâgezur Evangelien-Kritik, qui contient sa défense de l’Évangilede saint Jean, in-8°, Berlin, 1846. Après sa morton a publié de lui: Einleitung in das Alte Testament, édité par Joh. Bleek, son fils, et A. Kamphausen, son élève, in-8°, Berlin, 1860; 2\{\{e\}\} édit., 1865; 3e édit., 1869; et Einleitungin das Neue Testament, édité par J. Bleek, in-8°, Berlin, 1862; 2\{\{e\}\} édit., 1866; 3e édit., 1875 (en 1878, J. Wellhausendonna une 4e, et, en 1886, une 5e édit. de l’Introductionde l’Ancien Testament; en 1886, W. Mangold, fit paraître une 4\{\{e\}\} édit. de l’Introduction au NouveauTestament); Synoptisciie Erklàrung der drei erstenEvangelien, 2 in-8°, Leipzig, 1862, édités par Holtzmann; Vorlesungen ûber die Apokalypse, in-8°, publiées à Berlin, 1862; Vorlesungen ûber die Briefe an die Kolosser, den Philemon und die Ephesier, Berlin, 1865. Fr. Bleekécrivit de nombreux articles dans les Theologische Studienund Kritiken. Ses œuvres se font remarquer par laclarté du style; par ses idées, il se rattache à l’école deSchleiermacher. Ses opinions critiques sont plus avancéespour l’Ancien Testament que pour le Nouveau. —Voir l’article de son élève, le professeur Kamphausen, dansDarmstadt Allgemeine Kirchen-Zeitu/ng, 1859, n° 20; Herzog’s Beal-Encyklopàdie, 2e édit., t. ii, p. 496; Allgemeinedeutsche Biographie, t. ii, p. 701; Vigouroux, LesLivres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. IV, p. 438. E. Levesque. LETOUZEY et ANÈ, éditeurs

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CODEX BOBBIENSIS

Hue. XV. - XXI. 3.Bibliuihû^uc de Turin.

t*' non africains dans notre manuscrit. — Voir sur les manuscritsde Bobbio, A. Peyron, Ciceronis orationumpro Scauro, pro Tullio et in Scaurum fragmenta inedita, Prxfat. de bibliotheca bobbiensi, Stuttgart, 1824; F. Blume, lter italicum, Berlin, 1824, t. i, p. 55-62; et, sur le Codex Bobbiensis en particulier, J. Wordsworth etW. Sanday, Portions of the Gospels according to St Markand St Matthew from the Bobbio ms. k, deuxièmefascicule des Old Latin biblical texts, Oxford, 1886.

P. Batiffol.

BOCCI. Hébreu: Buqqî, abréviation de Buqqyâhû, «éprouvé de Jéhovah.» Nom de deux Israélites.

1. BOCCI (Septante: Box^îp; Codex Alexandrinus: Boxxî), fils de Jogli, dans la tribu de Dan. Ce fut un desdix princes associés à Josué et au grand prêtre Éléazar, pour effectuer le partage de la Terre Promise entre lestribus. Num., xxxiv, 22.

2. BOCCI (Septante: Boxxf; Codex Alexandrinus: Bwxat), prêtre dans la lignée du grand prêtre Éléazar.Il était fils d’Abisué, père d’Ozi et ancêtre d’Esdras. I Par., VI, 5, 51 (hébreu: v, 31, et vi, 36); I Esdr., vii, 4. Ilparaît avoir vécu du temps des Juges. Josèphe, Ant. jud., VIII, I, 3, le nomme et remarque qu’il ne fut pas grandprêtre, parce que le souverain pontificat était alors passédans la branche d’Ithamar. Il se contredit, Ant. jud., V, XI, 5, et le range parmi les grands prêtres. Voir Selden, De successions in pontificatum Hebrœorum, lib. ii, c. ii, dans Ugolini, Thésaurus anliquitatum, t.xii, col. cxxviii.

E. Levesque.

BOCCIAU (hébreu: Buqqiyâhû, «éprouvé de Jéhovah;» Septante: Bovxfocç; Codex Alexandrinus: Boxxfaç), lévite, fils aine d’Héman et chef de la sixième classedes chantres. I Par., xxv, 4, 13.

BOCHART Samuel, ministre protestant français, néà Rouen le 30 mai 1599, mort à Cæn le 16 mai 1667.Son père, pasteur de l’église de Rouen, commença sonéducation et l’envoya à Paris (1613) achever sa formationclassique. Il étudia ensuite la philosophie à Sedan, lathéologie et la critique sacrée à Saumur et à Oxford, etalla à Leyde suivre les leçons d’arabe du célèbre Erpenius.A son retour en France, il fut nommé pasteur del’église réformée de Ca.en, charge qu’il conserva jusqu’àsa mort, malgré quelques absences. En 1646, il publia unimportant ouvrage, fruit de vingt années de recherches: Geographise sacres pars prior: Phaleg seu de dispersionsgentium et terrarum divisione facta in œdificationeturris Babel; et pars altéra: Chanaan seu de coloniiset sermone Phœnicum, in-f°, Cæn, 1646, 1651 et1653; in-i°, Francfort, 1674 et 1681. Dans la premièrepartie ou Phaleg, il entend de la généalogie des peuplesles textes interprétés jusque-là dans le sens de généalogiesde familles, et il attribue à des souvenirs altérésde l’histoire de Noé l’origine des mythologies de l’antiquité.Dans la seconde partie ou Chanaan, il suit les tracesdes Phéniciens dans tous les lieux où ils ont fondé de=établissem*nts, et recherche dans les auteurs grecs etlatins les vestiges de la langue phénicienne. Cet ouvrageprouve une immense érudition, un esprit ingénieux et sagàce; mais il y a beaucoup d’assertions hasardées et insoutenableset un certain défaut de critique. La partie philologique, en particulier, laisse beaucoup à désirer. Il voit duphénicien partout, même dans les mots celtiques. N. Fréreta fait une critique ingénieuse de Phaleg (manuscrit in-8°, daté par l’auteur 1715, Bibliothèque du Séminaire.de Saint-Sulpice).— Le Hierozoicon sive de animalibus SancUeScripturm, 2 in-f°, Londres, 1663; Francfort, 1675, estun ouvrage plus vaste et plus remarquable que la Géographiesacrée. E. J. C. Rosenmûller en donna une éditionavec des rectifications, des additions et* des suppressionsde parties inutiles, 3 in-4° avec fig., Leipzig (1793-1796).

C’est certainement le recueil le plus complet des matériauxqu’on pouvait réunir alors sur ce sujet: auteursgrecs, latins, arabes, rabbiniques, il semble n’avoir rienomis. On peut lui reprocher des digressions inutiles, unpeu de fatras où le naturaliste a peine à se retrouver; cependant c’est un ouvrage qui conserve une très grandevaleur. Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, liv. iii, xx, Rotterdam, 1685, p. 481, a fait unecritique de la Géographie sacrée et du Hierozoicon, àlaquelle J. Leclerc répondit dans sa Bibliothèque universelle, t. xxiii, l re part., p. 276. Les œuvres complètesde Bochart ont été publiées, 2 in-f°, Leyde, 1675, etavec sa vie écrite (1692) par Et. Morin, Opéra omnia, 3 in-f», Leyde et Utrecht, 1692-1707; 4= édit., par Reland, plus correcte et meilleure, 3 in-f°, Leyde, 1712. Outre laGéographie et le Hierozoicon, on remarque, entre autrestraités ou dissertations de Bochart: De serpente tentatore, Epistola dues ad Capéllum, où il soutient le senslittéral contre le sens allégorique de Moyse Amyrauld; DeTharse annis et Abrahamie Charan excessu; An Dudaimsint Tubera? De manna; Epistola de «coleha», quse Levitici, xix, 19, lino admisceri prohibetur; Detransportatione Christi in montem templique pinnaculurn(il soutient que ce fut une action réelle); De baptismopro mortuis, etc. Epistola de paradisi situ estdans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, Y. vii, col. dcxxvii. Voir Nicéron, Mémoires, t. xxvii, p. 201-215; Ed. H. Smith, S. Bochart, recherches sur la vie et les ouvragesde cet auteur illustre, in-8°, Cæn, 1833; Paumier, Notice sur Samuel Bochart, in-8°, Rouen, 1840.

E. Levesque.

BOCHRI (hébreu: Bikri, «mon premier-né» on, «mon jeune chameau»; Septante: Bo^opOi Benjamite, père de ce Séba qui se révolta contre David. II Reg., xx, 1.Cf. col. 1619.

BOCHRU (hébreu: Bokrû; y> Septante: npwT<5Toxoîàu-coC), le second fils d’Asel, dans la postérité de Saùl.I Par., viii, 38; ix, 44. Les Septante l’ont pris pour unnom commun, «son premier-né,» se rapportant au nomprécédent, Ezricam: ce qui est assez vraisemblable. Pourcompléter le nombre des six enfants d’Asel, I Par., viii, 38, à la place de Bochru, la version grecque donne àAsel pour dernier enfant Asa, dont on ne lit le nom nidans le texte massorétique ni dans la Vulgate.

BÔCKEL Ernest Gustave Adolphe, théologien protestant, né le 1° avril 1783 à Dantzig, mort le 3 janvier 1854à Oldenburg. Après avoir étudié à Kœnigsberg (1801), ily devint professeur; en 1808, il entra dans le ministèreparoissial, où il occupa différents postes, jusqu’à ce qu’ildevint superintendant général et conseiller ecclésiastiqueà Oldenburg. Parmi ses ouvrages, on remarque: Hoseasùbersetzt, in-8°, Kœnigsberg, 1807; Adumbratio qusestionisde controversia inter Paulum et Petrutn Antiochiœoborta ad illustrandum locum Gal., ii, ii-14, in-4°, Leipzig, 1817; Novæ clavis in Grœcos interprètesVeteris Testamenti, scriptoresque apocryphos ita adornatseut etiam Lexici in Novi Fœderis libros usum prxberepossit atque editionis LXX interpretum hexaplarisspecimina, in-4°, Vienne et Leipzig, 1820; PauliApostoli Epistola ad Romanos, in-S», 1821; Dos BuchHiob ùbersetzt, in-8°, Hambourg, 1821, 1830; Die DenksprûcheSalomo’s ùbersetzt, in-8°, Hambourg, 1829; DosNeue Testament ùbersetzt mit kurzen Erlaûlerungen unieinem historischen Register, in-8°, Altona, 1832. Dansla publication de la Bible polyglotte de Stier, il fut chargéde la partie grecque de l’Ancien Testament. Voir Lexiconder hamburger Schrifsteller, t. r, p. 299; Allgemeinedeutsche Biographie, t. ii, p. 769. E. Levesque.

BODENSCHATZ Jean Christophe Georges, savantorientaliste d’Allemagne, luthérien, né à Hof le 25 mai 1717,

mort surintendant de Baïersdorf, près d’Erlangen, le 4 octobre1797. Il a publié Erlâuterung der heiligen SchriftenNeuen Testaments aus den jûdischen Alterthûmern, in-8°, Hanovre, 1756. Voir Allgemeine deutsche Biographie, t. iii, 1876, p. 7. 0. Rey.

    1. BODLEIANUS##

BODLEIANUS (CODEX). À côté des anciens manuscritsde laVulgate hiéronymienne d’origine irlandaise, comme le Book of Armagh, le Book of Mulling, leCodex Usseriamis, les historiens de la Vulgate donnent

i une place importante aux manuscrits copiés en Grande-Bretagnesous l’influence des missionnaires’romains duvu 8 siècle, Augustin de Cantorbéry, Théodore de Cantorbéry, Wilfrid d’York (596-709): ce furent ces mission, naires et leurs collaborateurs qui introduisirent laVulgateen Angleterre, et constituèrent une famille de textes quel’on peut appeler Northumbrienne, et dont les plus célèbresreprésentants sont le Codex Amiatinus, le Book of Lindisfarne, la Biblia Gregoriana du British Muséum, et, dans la même collection, le Psautier de saint Augustin.Il faut ajouter à cette liste le manuscrit n° 857 du fondsBodley, à la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, désignépar l’abréviation bodl. dans l’appareil critique du NouveauTestament, et communément sous le nom d’Évangilede saint Augustin. C’est un volume de 173 feuilletsà deux colonnes de 29 lignes et mesurant 245 millimètressur 200. L’écriture est onciale, du vu" siècle; en marge, on relève des notes liturgiques d’une seconde main «fortancienne». Le manuscrit contient les quatre Évangiles, à l’exception de quelques lacunes accidentelles: Matth., i, 1-iv, 13; viii, 29-ix, 18; Joa., xxi, 15-25. En tête deMarc, Luc et Jean, on lit les préfaces hiéronymiennes.Les évangiles sont copiés stichométriquement. On a rapprochéjustement notre Codex Bodleianus du manuscritdes Évangiles du VIIe siècle qui porte le n° 286 à labibliothèque de Corpus Christi Collège de Cambridge: celui - là provient sûrement de l’abbaye de saint Augustin, à Cantorbéry, et il est décoré de peintures «directementinspirées par l’art romain le plus pur». S. Berger, Histoirede la Vulgate, p. 95. Or le Codex Bodleianus ressemble «comme un frère» à ce manuscrit de Cantorbéry: écriture analogue, même division stichométrique, décoration identique. Le manuscrit n’est pourtant copié, quant à son texte, ni sur le manuscrit de Corpus ChristiCollège, ni sur son modèle; mais, pour plus d’une particularité, il en est proche parent. Ensemble ils proviennent del’abbaye fondée à Cantorbéry par saint Augustin; ensembleils présentent un texte de la Vulgate romain d’origine, mais affecté de leçons irlandaises, et ce mélange constituela caractéristique des textes northumbriens ou anglo-saxonsde la Vulgate. «Les textes qui se réclament du nom desaint Augustin sont de beaux textes et des textes anciens; mais ce sont déjà des textes saxons, ce ne sont plus depurs textes romains.» Berger, Histoire de la Vulgatependant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 35-36. On trouve les variantes du Codex Bodleianusdans l’appareil critique de J. Wordsworth, Novum TestamentumD. N. J. C. latine, Oxford, 1889; et un facsimilédans J. O. Weswood, Palseographia sacra pictoria, Londres, 1845, pi. XI. P. Batiffol.

    1. BODIN Élie Hippolyte##

BODIN Élie Hippolyte, né en 1801, mort le 4 septembre1883, curé de SaintSymphorien, à Tours, puischanoine titulaire de la cathédrale de cette ville. On a delui: Les livres prophétiques de la Sainte Bible traduitsen français sur les textes originaux, avec des remarques, 1 in-8°, Paris, 1855. «Pour conserver autant que possibleles charmes du parallélisme,» l’auteur a «eu soinde partager chaque verset en deux hémistiches bien distincts» par un astérisque. 0. Rey.

    1. BODIUS##

BODIUS, nom latinisé de Bûyd Robert. Voir cenom.


BŒN (hébreu: Bohan, s pouce;» Septante: Battiv), fils de Ruben, qui, en mémoire sans doute d’un événementimportant, érigea une pierre célèbre en Israël, etconnue sous son nom, Aben-Bohen, «pierre de Boen.» Jos., xv, 6; xviii, 18. Voir Aben-Bohen.

BŒRNERIANUS (CODEX). Ce manuscrit grécolatindes épîtres de saint Paul porte la cote A. 145* à laBibliothèque Royale de Dresde, et les sigles G et 3 dansl’appareil critique, tant grec que latin, du Nouveau Testament(épîtres pauliniennes). L’écriture en est de la findu ix «siècle. C’est un volume de 1Il feuillets, mesurant18 centimètres sur 13; chaque page a une colonne, chaquecolonne 20 à 26 lignes. Le grec est écrit en oncialesépaisses et sans souplesse, point d’esprits ni d’accents; lesinitiales aspirées sont seules marquées d’une sorte d’apostrophe.Le latin interlinéaire est d’écriture minuscule. Lemanuscrit contient treize épîtres de saint Paul, l’Épîtreaux Hébreux manque. On relève quelques lacunes aucours du texte grec: Rom., 1, 1-5; ii, 16-25; I Cor., iii, 8-16; vi, 7-14; Col., ii, 1-8; Phil., 21-25. À ces lacunesdu grec correspond pareille lacune dans le latin. Immédiatementà la suite de l’Épître à Philémon, on lit encore letitre de l’épître apocryphe de saint Paul aux Laodiciens: LTpoç XaouSoxiiitra; (sic) ap^etai E7ct<TTohr|, Ad laudicensesincipit epistola; mais le texte manque. — Ce manuscrit, comme le Codex Augiensis, a été écrit à la fin du IXe siècle, et tout porte à croire qu’il a été, lui aussi, écrit dansquelque monastère de la haute vallée du Rhin: on trouvedans les marges çà et là des noms propres, plusieurs foisGoddiskalcon et Aganon, deux noms qui se lisent de mêmedans les marges du Codex Sangallensis A, manuscritdes Évangiles gréco-latin de la fin du IXe siècle. Ailleurs(fol. 23) on lit quelques lignes d’irlandais. Il n’y aurait pasd’invraisemblance à ce que notre manuscrit ait été copiéà Saint-Gall. Au xviie siècle, il appartenait à un savantde Leyde, Paul Junius, et fut entre ses mains collationnépar Gronovius; il passa ensuite à Pierre Francius d’Amsterdam, à la mort de qui il fut acheté par un professeur deLeipzig, Frédéric Borner, lequel le prêta à Kuster (1710)et à Bentley (1719) pour collationner le texte. Ce dernieren fit faire une copie, que possède aujourd’hui la bibliothèquede Trinity Collège, à Cambridge. À la mort deBorner (1753), le manuscrit passa dans la bibliothèquede l’électeur de Saxe, devenue la Bibliothèque Royale deDresde. Il a été publié intégralement par Matthsei, en1791, et collationné en ce siècle, pour leurs éditions respectives, par Tischendorf, en 1842, et par Tregelles, en1845. — Sur les relations textuelles du Codex Bomierianuset du Codex Augiensis, quant au texte grec, voirAugiensis (Codex), col. 1239. Pour le texte soit latin, soitgrec, on consultera l’édition de Matthœi, Tredecim epislolarumPauli codex grœcus cum versione latina veterivulgo antehieronymiana oliwi Bœrnerianus, 1791."Selon un critique récent, le Codex Bœrnerianus seraitla continuation du Codex Sangallensis. Au contraire duCodex Augiensis et du Sangallensis, dont le latin est dela Vulgate, le latin du Codex Bœrnerianus n’a rien decommun avec la Vulgate; c’est un texte du type préhiéronymienitalien. S. Berger, Histoire de la Vulgatependant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 114. — Voir Scrivener, À plain introduction tothe criticism of the New Testament, Cambridge, 1883, p. 169-172; Gregory, Prolegomena, p. 426-429, au NovumTestamentum grsece, edit. vm maj.’de Tischendorf, Leipzig, 1884. P. Batiffol.

1. BŒUF. Hébreu: ’âlâfîm, seulement au pluriel; ’allûf, V «apprivoisé;» bâqâr, «celui qui laboure; jrSôr, «le robuste;» en chaldéen biblique: fôr; araméen: fôr’â, cf. xceOpoç et taurus; ’abbîrim, «lesforts», seulement au pluriel; Septante: poùç, (iôtr^oç, taûoo; ; Vulgate: bos, taurus. L’hébreu bâqâr s’emploie

I. — 60 »

comme nom collectif désignant les troupeaux de grosbétail; la Vulgate le traduit alors par armentum. Cescinq noms en usage chez les Hébreux désignent tous lemême animal, qu’il soit mâle ou femelle. Dans nos pays, le bœuf est le taureau neutralisé par la castration. Cetteopération, pratiquée de toute antiquité, n’était point inconnuedes Hébreux, mais la loi la leur interdisait expressément: «Ne faites point cela dans votre pays.» Lev., xxii, 24. Josèphe, Ant. jud., IV, tmi, 40, témoigne queses compatriotes prenaient cette interdiction à la lettre.Selon plusieurs interprètes, la loi ne proscrivait la castrationque pour les bœufs offerts en sacrifice. La plupartdes modernes croient cependant qu’à l’occasion dela défense d’offrir au Seigneur des animaux ainsi mutilés, la loi formule ensuite une interdiction générale.L’importation de bœufs étrangers pouvait donc être toléréeà la rigueur; mais les Hébreux n’avaient pas de nomspécial pour désigner ces animaux, et quand il est quesionde bœufs dans la Sainte Écriture, il s’agit toujoursde taureaux. Voir Vache, Veau.

Le bœuf est un ruminant de l’ordre des bisulques oufourchus, et de la famille des bovidés, dont il est le type.Il comprend six groupes différents, parmi lesquels l’espècedomestique fournit un assez grand nombre de races.Le bœuf vit une quinzaine d’années; dès l’âge de troisans, il peut être dressé au travail du labour ou du trait; à dix ans, il ne peut plus guère rendre de services. C’estun animal doux et patient, quoique très robuste. Il n’estgénéralement redoutable que quand on l’irrite; alors ilne recule devant aucun danger et, grâce à ses cornespuissantes, tient tête à toute espèce d’ennemis. Ces cornessont un prolongement de l’os du front, revêtu d’unegaine cornée. Elles se dirigent latéralement à leur naissance, puis se recourbent en haut et en avant en formede croissant. Le bœuf est susceptible d’attachement enversceux qui le soignent. Il reconnaît leur voix et saitobéir à l’appel du nom auquel on l’a accoutumé. Vivant, il est utile par son travail et par son lait; mort, il sertà l’alimentation, et l’industrie actuelle utilise sa peau, sescornes, sa graisse, son poil, ses os, etc.

I. La race bovine de Palestine. — Les bœufs de Palestinesont généralement de petite taille, velus, à jambescourtes et assez frêles (fig. 554). Leur couleur est noire, brune, quelquefois rouge, très rarement mêlée de noiret de blanc, et presque jamais blanche. La plus bellerace se rencontre dans les plaines voisines du bord dela mer; c’est là surtout que ces animaux sont employésaux divers travaux de l’agriculture. La race qui peuple lesud de la Judée et les régions à l’est et au sud de Bersabéeparait être une dégénérescence de la précédente.Les bœufs sont très nombreux dans les plaines dénudéesde cette partie du pays, mais on ne se sert d’eux quetrès rarement pour les travaux agricoles. Aussi errent-ilsà demi sauvages presque toute l’année. La presqu’île sinaïtiquen’a ni bœufs ni chevaux. Dans la région montagneuse, d’Hébronau Liban, les bœufs sont rares, sauf dansquelques plaines, comme celles de Dothaîn et de Sichem.Les pâturages font presque entièrement défaut dans cesmontagnes, et les bœufs ne pourraient guère être utiliséspour la culture de collines aménagées en terrasses. Lesriches plaines de la Galilée entretiennent une belle racede bœufs arméniens, les mêmes qui paraissent représentésdans les monuments égyptiens (fig. 555). Ils sontnoirs et rappellent d’assez près les bœufs toscans. Le paysde Basan, au nord-est du lac de Génésareth, produisaitautrefois de magnifiques taureaux. Dans les contrées quisont au sud de ce pays, les bœufs de Galaad et de Moabfont encore la principale richesse des Arabes. Ils s’ydéveloppent à l’ombre des forêts, et trouvent dans cesparages d’abondants pâturages. La vallée du Jourdain, le Ghor, ne nourrissait pas de bœufs autrefois. LesArabes y ont introduit depuis le Bos bubalus indien, dontils ontgrand’peine à tirer quelque parti. Voir Buffle.

Les taureaux palestiniens n’ont pas la férocité quedonnent à ceux de nos contrées l’abondance de la nourritureet la réclusion. Ils portent paisiblement le joug etlabourent avec une grande docilité. Néanmoins, quand ilss’en retournent paître en liberté ou qu’ils ont joui longtempsde leur indépendance dans les forêts ou dans lesplaines, leur rencontre est loin d’être agréable pour levoyageur isolé. À l’apparition d’un homme ou d’un animalqui les trouble. ou les surprend, les bœufs entrentfacilement en fureur, forment cercle autour de l’ennemiet le chargent avec leurs cornes. Le psalmiste fait allusionà cette dangereuse attaque quand il dit: «Des bœufsnombreux m’entourent, les taureaux de Basan m’environnent.» Ps. xxi, 13. D’autres fois, quand ils ont à sedéfendre dans le désert contre les loups, les hyènes ou

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564. — Bœuf de Palestine. D’après une photographie.

d’autres bêtes féroces, ils font encore cercle, mais lescornesen dehors. Les veaux et les vaches sont alors mis.à l’abri derrière eux. Cf. Tristram, The natural historyof the Bible, Londres, 1889, p. 67; Wood, Bible animais, Londres, 1884, p. 101.

II. Les bœufs a l’époque patriarcale. — Les patriarchesétaient possesseurs de grands troupeaux debœufs. Ils vivaient du produit de leur bétail, mais, menantla vie nomade, ils ne l’utilisaient pas pour les travauxde l’agriculture. La Sainte Écriture parle des grandesrichesses bovines d’Abraham, Gen., xii, 16; xxiv, 35; d’Isaac, Gen., xxvi, 14; d’Ésaù, Gen., xxxvi, 6; deJacob, Gen., xxxii, 5; xxxiii, 13; xlv, 10; xlvi, 32; xlvii, 1. Les troupeaux d’Abraham et de Lot devinrentmême si nombreux, que les deux patriarches se virentdans la nécessité de se séparer. Gen., xiii, 5. Job possédacinq cents paires de bœufs avant ses malheurs, etmille après sa délivrance. Job, i, 3; xui, 12. On se faisaitdes présents de bœufs. Abimélech en offrit à Abraham, et en reçut de lui à son tour, Gen., XX, 14; xxi, 27; Jacob en envoya à son frère Ésaû pour l’apaiser. Gen., xxxii, 15. En cas de guerre, on détruisait ou l’on enlevaitles troupeaux de l’ennemi, comme les fils de Jacoble firent dans leur lutte contre Hémor. Gen., xxxiv, 28.

En Egypte, les enfants de Jacob continuèrent à menerla vie pastorale dans la terre de Gessen. Mais peu à peuleur contact plus fréquent avec le peuple qui leur donnaitl’hospitalité leur permit de constater la manière dont lesbœufs étaient traités sur les bords du Nil, et les différentsusages auxquels on les employait. Il y avait là de grandsfermiers, possesseurs de troupeaux de bœufs. Us en confiaientla garde à des pasteurs dont quelques-uns sontreprésentés comme des nains (fig. 556). Ceux-ci rendaientcompte au scribe de l’état de leur troupeau (fig. 557), commele montre une peinture dans laquelle les bœufs noirs se

distinguent très bien des autres. Quand il était nécessaire, un vétérinaire donnait ses soins aux animaux malades(fig. 488, col. 613). Dans les travaux agricoles, les bœufsétaient attachés au joug soit deux (fig. 46, col. 283), soitmême quatre à la fois (fig. 71, col. 325), tantôt pour labourer, tantôt pour battre le blé en le foulant aux pieds(fig. 47, col. 289). Dans une autre peinture égyptienne, onvoit les bœufs passant un gué (fig. 558). Un pâtre marcheen avant pour sonder la rivière; Il porte sur ses épaulesun jeune veau, qui se retourne en meuglant vers sa mère.Celle-ci lui répond; mais le pâtre qui suit la console ironiquementen disant: «le vilain qui t’emporte ton veau, bonne nourrice!» Maspero, Lectures historiques, Paris,

en tirant l’animal de la fosse où il était tombé. Luc., xiii, 15; xiv, 5. — Les bœufs, comme les autres animaux domestiques, ne peuvent paître sur le mont Sinaï, pendant quele Seigneur y parle à Moïse. Exod., xxxiv, 3. Le premiernédu bœuf doit être offert au Seigneur le huitième jour, Exod., xxii, 30; xxxiv, 19; Num., xviii, 17; Deut., xii, 17; xv, 19. En les obligeant à cette offrande, Dieu rappelleaux Hébreux qu’ils tiennent de lui tous les animaux dontils se servent. — Le jeûne imposé plus tard aux bœufs deNinive apparaît comme un fait tout exceptionnel, quid’ailleurs se passe chez des étrangers Jon., iii, 7. — Il estdéfendu d’atteler à une même charrue le bœuf et l’âne, Deut., xxii, 10, pour ne pas imposer à ce dernier un labeur

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555. — Bœuf. D’aprèfl un bas-relief d’un tombeau de Saqqara

1890, p. 99. Ailleurs l’artiste a représenté les bœufs sauvésde l’inondation (fig. 559). Sur un char traîné par deuxbœufs chemine une princesse éthiopienne (fig. 560). Leschevaux avaient sans doute succédé aux bœufs, au moinspour les longs voyages, quand le ministre d’une autre princesseéthiopienne fit, lui aussi sur son char, le voyage àJérusalem dont parle saint Luc. Act., viii, 28. On peut voiraussi des bœufs tirant un immense bloc charge sur untraîneau (fig. 561). Les taureaux égyptiens ne se montraientpas toujours de bonne composition. Sur les monumentson en trouve qui se battent et s’entrepercent deleurs cornes (fig. 562). Enfin, si les Égyptiens ne représentaientjamais les sacrifices dans leurs peintures, leursécrits témoignent du moins qu’ils offraient des victimesà leurs dieux. Dans le poème de Pentaour, un roi se vanted’avoir immolé trois mille bœufs. Wilkinson, The Mannersand custotns of the ancient Egyptians, Londres, 1878, t. ii, p. 456. Revenus en Palestine, les Hébreuxsurent demander à la race bovine les mêmes services queles Égyptiens obtenaient de ces animaux.

III. La législation mosaïque concernant les pœufs.

— En quittant l’Egypte, les Hébreux emmenèrent aveceux tout leur bétail. Exod., x, 24, parmi lesquels desbœufs, puisqu’ils en offrirent en sacrifice dans le désert.Num., vii, 3, etc. Le législateur eut à se préoccuper deces animaux., tant pour le présent que pour l’avenir. Ilfut ordonné de faire reposer les bœufs le jour du sabbat.Exod., xxiii, 12; Deut., v, 14. Par la suite, on ne crutpas violer le repos sacré en menant boire les bœufs, ou

au-dessus de ses forces. — Pendant le battage des gerbes, qu’on faisait fouler aux pieds par les bœufs, on ne devaitpas lier la bouche de ces animaux. Deut., xxv, 4. Ilsavaient bien droit à quelque part de la moisson presse. — Pasteur nain en Egypte. — Tombeau de Ghizéh.

D’après WUtinson, Manners and Customs of the ancient

Egyptians, 2 «édlt., t. ii, p. 444.

parée par leur travail. D’ailleurs, ces liens inaccoutumés, imposés à leur bouche en cette occasion, auraient puexciter leur fureur et causer de graves accidents. SaintPaul applique cette loi, dans un sens spirituel, aux ouvriersévangéliques: ils ont bien le droit de trouver la nourriturecorporelle dans le champ où ils cultivent la sem*nce spirituelle.I Cor., ix, 9; I Tim., v, 18. — La loi protégeaitdans leur possession légitime les propriétaires de bœufe.

1831

BŒUF

1832

Elle défendait même de désirer injustement le bœufd’autrui. Deut., v, 21. Le voleur d’un bœuf en rendaitdeux, s’ilavait gardé l’animal, et cinq, s’il l’avait tué ouvendu. Exod., xxii, 1, 4. Si un bœuf prêté au prochainétait volé, le propriétaire devait recevoir une compencas, il rendait un bœuf vivant et gardait le mort. Exod., xxi, 33-36. La loi prévoyait encore les accidents que lesbœufs pouvaient causer aux hommes. Le bœuf qui avaittué un homme devait toujours être lapidé. Son propriétaireétait puni de mort si, connaissant l’humeur farouche

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557. — Pasteurs rendant compte aux scribes de l’état de leurs troupeaux.

Dans le registre supérieur, les bergers rendent hommage a leur maître; l’un d’eux est prosterné à ses pieds.

Dans le registre intérieur, a gauche, un serlbe tient les tablettes sur lesquelles il va inscrire les comptes que viennent lui rendre

les bergers. — D’après une photographie d’un bas-relief du musée de Berlin.

sation. Exod., xxii, 10-12. On devait ramener, même àson ennemi, le bœuf égaré, Exod., xxiii, 4, et relevercelui qu’on trouvait tombé sur la route. Deut., XXII, 1, 2, 4. Si quelqu’un laissait ouverte une citerne ou une

de sa bête, il ne l’avait pas tenue enfermée. Si la victimede l’animal était un esclave, le propriétaire se rachetaità prix d’argent. Exod., xxi, 28-32. Enfin la loi mettait lesbœufs en tête des animaux qu’on pouvait manger. Deut.,

.vA^CHeR^jî’i.

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558. — Bœufs passant un gué. D’après une photographie de M. Maspero.

fosse et qu’un.bœuf s’y tuât en tombant, l’imprudent; gardait pour lui ranimai et en payait le prix. Un bœufen tuiait-il.un autre, les deux propriétaires partageaientensemble la viande du bœuf tué et le prix du survivant, à moins que le maître du bœuf, qui avait tué. ne. connûtlaférocïté desa bête et eût négligé de l’enfermer; dans ce

xiv, 4.. Toutefois il.n’était permis de tuer un bœuf destinéà l’alimentation qu! àprès l’avoir au préalable offert à làporte.du tabernacle. Lev, , xvii, .3, _4.. Cette règle, facileà obseryer au.desêrt, fut ensuite abolie en faveur de ceuxqui.demeuraien; { t trQp loin dû sanctuaire. Deut., xii, 20’, 21.

— Quand gaint^oB ésrit; «Est-ce: qua Dieu prend.souci.

1833

BŒUF

1834

des bœufs?» I Cor., rx, 9, il faut entendre cette questionen ce sens que la législation concernant ces animauxne les vise pas exclusivement, mais est inspirée aussi parl’utilité physique et morale de l’homme.

IV. Les bœufs dans les sacrifices. — D fallait offrirau Seigneur la dlme des bœufs et de plus le premier-né.Exod., xxii, 29, 30; Lev., xxvii, 26, 32; Num., xviii, 17; Deut., xii, 6; xv, 19. Les bœufs servaient de victimes dansles sacrifices. Exod., XX, 24; Lev., i, 2-5; rx, 4, 18; Num., vu, 3-8; xv, 8; I Reg., i, 25; II Reg., vi, 13, etc. (Cf. fig. 320, col. 1859.) Mais ils devaient être sans tache et sans défaut.Lev., iii, 1; xxii, 19-23; Deut., xvii, 1. Malachie reprochevivement aux Israélites d’offrir au Seigneur des victimesque le prince n’aurait pas acceptées pour son usage. Mal., 1, 8. — De mémorables sacrifices de bœufs sont mention.nés dans les Livres Saints. Les amis de Job reçoivent l’ordre

les Ammonites, il prend deux bœufs, les met en pièceset en envoie un morceau dans les principales localités endisant: «Si vous ne venez à la suite de Saül et de Samuel, voici ce qu’on fera de vos bœufs.» I Reg., xi, 7.Après avoir détruit à plusieurs reprises les troupeaux desAmalécites, I Reg., xxvii, 9; xxx, 20, David devint lui-mêmegrand propriétaire de bœufs, et Saphat fut préposécomme intendant à leur surveillance dans les forêts.I Par., xxvii, 29. Judith était elle aussi riche propriétairede bœufs. Judith, viii, 7. À côté des grands propriétaires, il y avait les petit*, et l’on regardait comme une infamiede prendre en gage le bœuf de la veuve. Job, xxiv, 3.

La chair du bœuf passait toujours pour la nourriturela plus substantielle. Il se consommait par jour dix bœufsgras et vingt bœufs de pâturages à la cour de Salomon.III Reg., iv, 23. Lors des grandes fêtes célébrées à Jéruf^^PP^t

{59. — Bœufs fuyant l’inondation. Tombeau de BenI -Hassan, xii» dynastie. D’après Lepsius, Denkmaler, Abth. ii, BL 127.

d’immoler sept taureaux pour se faire pardonner leurs discoursimprudents. Job, xui, 8. Sept taureaux sont immolésaprès le transport de l’arche à Jérusalem, I Par., xv, 26; mille pour le sacre de Salomon, I Par., xxix, 21; vingt-deux mille pour la consécration du temple, III Reg., vin, 63; sept cents par le roi Asa, II Par., xv, 11; soixante-dix, puis six cents par le roi Ézéchias, II Par., XXIX, 32, 33. Le prophète Élie et les prêtres de Baal ont chacun unbœuf pour leur sacrifice sur le mont Carmel. III Reg., xviii, 23. — Les sacrifices de bœufs se continuèrent dans letemple de Jérusalem, pour ne cesser définitivement quele 12 juillet de l’année 70, quelques jours avant l’incendiede ce monument par les Romains. À l’époque de Notre-Seigneur, des marchands de victimes s’étaient même installésdans la première cour du temple, le parvis desgentils, et y vendaient des bœufs. Jésus les chassa honteusem*ntde la maison de son Père. Joa., ii, 14.

V. Les usages auxquels on employait les bœufs. —Les services qu’on peut tirer du bœuf, soit pour le travail, soit pour la nourriture, sont multiples. Aussi à laguerre on s’efforçait de prendre les troupeaux de l’ennemi, ou du moins de les anéantir. Ainsi les Hébreuxravissent soixante - douze mille bœufs aux Madianites.Num., xxxi, 33. D’autres fois, ils font périr tous les bœufsde ceux qu’ils ont vaincus. Jos., vi, 21; vii, 24; Jud., vi, 4; I Reg., xv, 3; xxii, 19. Dans leurs inscriptions, les rois d’Assyrie, Assurnasirpal, Salmanasar, etc., nemanquent jamais de relater le nombre des alpi (bœufs)qu’ils ont pris dans leurs expéditions ou reçus en tribut, particulièrement dans l’Asie occidentale. Cf. Delattre, L’Asie occidentale dans les inscriptions assyriennes, dans la Revue des questions scientifiques, octobre 1884, p. 489. Quand Saül veut convoquer tout le peuple contre

salem à l’occasion de la restauration religieuse, trois millebœufs furent donnés au peuple par le roi Josias, et troiscents par les chefs du temple; les lévites en reçurentcinq cents de leurs chels. II Par., xxxv, 7-9. Les troupesassyriennes traînaient après elles d’innombrables bœufs, pour leur subsistance. Judith, ii, 8.

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660. — Char égyptien traîné par des bœufs. Thèbes.

D’après Wukinson, Manners and Customs of the ancient Egyptians,

2 «édtt., t. ii, p. 400.

Les bœufs étaient employés comme bêtes de trait. Deuxde ces animaux traînaient l’arche sur un chariot, quandl’un d’eux se mit à gambader et la fit pencher. I Par., xiii, 9. Comme en Egypte et en Assyrie (fig. 563), onattelait ces animaux aux lourds chariots pour le transportdes produits agricoles ou des matériaux de construction.

On mettait les bœufs au joug pour le labour. Eccli.,

xxvi, 10. La grande préoccupation du fermier portait surleur travail et sur leur multiplication. «Celui qui tientla charrue est fier d’agiter l’aiguillon. Il mène les bœufsau bâton, s’occupe de leurs travaux et ne parle que despetit* des taureaux.» Eccli., xxxviii, 26. Aussi, quand onavait acheté quelques paires de bœufs, on sacrifiait toutparfois pour aller les essayer. Luc, xiv, 19. Élie trouvaElisée au labour, «avec douze paires de bœufs devant lui, et conduisant la douzième paire.» III Reg., xix, 19. Letravail fini, le laboureur revenait à la maison, comme

fit enlever les premiers, IV Reg., xvi, 17, et par la suiteNabuchodonosor emporta le tout à Babylone. Jer., iii, 20.VIII. Les figures de bœufs dans le culte idolatrique.— La première idole que les Hébreux se firentau désert, Exod., xxxii, 4-35, et celles que Jéroboamérigea plus tard à Béthel et à Dan, III Reg., xii, 28, empruntaientleur forme à la race bovine. Voir Apis etVeau d’or. Le dieu Moloch, auquel les Israélites immolèrentparfois leurs enfants, Jer., xix, 5; xxxil, 35, étaitreprésenté avec une tête de taureau. Voir Moloch. À BaS61. — Bœufs traînant des fardeaux. xviie dynastie. Maâsara. Lepslus, Denkmtiler, Abth. iii, Bl. 3.

Saûl, derrière ses bœufs. 1 Reg., xi, 5. On donnait auxbœufs une nourriture mélangée de grain et de paille, comme on le fait encore aujourd’hui en Palestine. Is., xxx, 24. L’abondance de la récolte se reconnaissait à la vigueurdes animaux. Prov., xiv, 4. Mais les herbages faisaient-ilsdéfaut, les étables se vidaient. Cf. Hab., iii, 17.VI. Remarques sur les caractères de la race bovine.

— Le bœuf est assujetti à l’homme, Ps. viii, 8, et il suit

bylone, les Juifs captifs admirèrent les grands taureauxailés qui décoraient les palais royaux. Voir Chérubinset fig. 69, col. 313. Souvent, au cours des invasions, ilsavaient pu voir l’étendard assyrien, formé d’un disquesoutenu par deux têtes de taureaux, et renfermant lui-mêmedeux taureaux complets et une figure d’Assurdécochant une flèche (fig. 564).

IX. Les bœufs au point de vue symbolique. — Dans

Combat de taureaux. Bas-relief d’un tombeau de Beni-Hassan. D’après Champollion, monuments de V

: , pi. 3C0.

docilement, même quand on l’emmène à l’immolation.rrov., vii, 22. Il est très fort, et c’est à ce titre que Moïsecompare Éphraïm à un taureau. Deut., xxxiii, 17. Cetteforce dégénère parfois en férocité. Ps. xxi, 13; lxyii, 31.Le bœuf devient alors le type de la force arrogante etstupide. Eccli., vi, 2; Jer., L, 11. Néanmoins beaucoup deces animaux ont le caractère assez doux; ils savent reconnaîtreleur propriétaire et s’attacher à lui. Is., i, 3.Au pâturage, le bœuf coupe l’herbe jusqu’à la racine avecses incisives, au lieu de l’arracher comme fait le mouton.Cf. Num., xxii, 4.

VII. Les bœufs sculptés dans le temple. — Douzebœufs de métal, symboles de force, soutenaient au templela mer d’airain, et d’autres figuraient dans les dix basesdes bassins d’airain. III Reg., vii, 25, 29. Le roi Açhaz

les descriptions de l’âge d’or à venir, c’est-à-dire destemps messianiques, le veau et le bœuf paissent en compagniede l’ours et du lion, Is., xi, 7; lxv, 25, ce quisymbolise l’union des Juifs et des païens dans le mêmebercail de Jésus-Christ. Dans la vision d’Ézéchiel, i, 10, rappelée par saint Jean dans l’Apocalypse, IV, 6, 7, lesquatre figures d’animaux représentent les quatre évangérlistes, d’après l’interprétation d’un bon nombre de Pèreslatins. «La troisième figure, celle du bœuf, dit saint Jérôme, est la représentation anticipée de l’évangéliste Luc, qui débute en parlant du prêtre Zacharie.» In Ezech., i, 7; In Matth. prolog, , t. xxv, col. 21; t. xxvi, col. 19. Orle prêtre Zacharie offrait des victimes au temple. Le bœufrappelle donc le premier récit de l’évangéliste. Les Pèresne sont pas toujours d’accord dans l’attribution de chaque

figure; tous néanmoins s’entendent pour faire du bœuf lesymbole de saint Luc.

X. Le bœuf a l’étable de Beïhléhem. — En racon563. — Chariot assyrien traîné par un bœnf. D’après Layard, Monuments of iïineveh, t. ii, pi. 42.

tant la naissance du Sauveur, saint Luc, ii, 7, parle d’unecrèche, mais ne mentionne la présence d’aucun animal.

564.

— Étendard assyrien. D’après G. Botta, Monument cte Ninive, pL 158.

Cependant, dès l’année 343, des sculpteurs chrétiens, s’inspirant d’une croyance probablement plus ancienne, représentaient auprès de la crèche un bœuf et un âne.Voir Ane et fig. 146, col. 573. Le P. Patrizi, parlant des

représentations de la crèche, dit: «Parmi celles quisont antérieures au XIe siècle, je n’en ai encore pu trouveraucune à laquelle manquent ces deux animaux.» DeEvangeliis, Fribourg, 1853, dissert. xxm.

H. Lesêtbe.

2. BŒUF SAUVAGE. Voir AUROCHS.

    1. BOHÉMIENNES##

BOHÉMIENNES (VERSIONS) DES ÉCRI-TURES.Voir Tchèques (versions) des Écritures.

    1. BOHLE Samuel##

BOHLE Samuel, théologien luthérien allemand, néà Greiffenberg, en Poméranie, le 26 mai 1611, mort àRostock, le 10 mai 1689. Docteur en théologie, il obtintune chaire à Rostock. Ses principales publications sont: De régula rustica in Sacrée Scripturse explicatione nonadmittenda, in-4°, Rostock, 1632; Disputatio de Scnitiniosensus Sacrse Scripturse ex accentibus, in-4°, Rostock, 1636; Commentarius biblico - rabbinicus in Isaiam acap. vu ad xii, in-4°, Stettin, 1636; Malachias propheta, cum commentariis rabbinorum, disputationibushebraicis et explicatione, in-4°, Rostock, 1637; Veradivùio Decalogi ex infallibili principio accentuationis, in-4°, Rostock, 1637; Apodixis constitutionis ScripturseVeteris Testamenti prout suppeditat eam positio vocumet accentuatio. Scriptum ad philologos de Apodixi ScripturseSacrée, in-4°, Rostock, 1638; Dissertationes tredecimpro formali significations in Sacrse Scripturseexplicatione eruenda, in-4°, Rostock, 1638; Commentariussuper Sàpientiam, in-4°, Rostock, 1639; Analyticaparaphrasis Psalmorum oder aufgelôseter Grundund Wortverstand der Psalmen Davids, aus dem hebràischengenommen, in-8°, Rostock, 1609. Cet ouvrage, publié après la mort de Bohle, est précédé d’une noticelatine sur sa vie et ses écrits, par Z. Grappius, qui terminaet publia Analysis et exegesis Prophètes Zacharise, in-8°, Rostock, 1711. Georges von Witzleben continua et publial’ouvrage suivant, laissé inachevé par S. Bohle: EthicaSacra, sive commentarius super Proverbîa Salomonis; in-4°, Rostock, 1740. — Voir, outre la notice de Z. Grappius, mentionnée plus haut: Walch, Bibliotheca theologica(1775), t. ii, p. 464; t. iv, p. 496, 513, 593, 596. Unepartie des ouvrages de Bohle fut également publiée dansle Thésaurus theologico - philologicus, sive sylloge dissertationumad selecta Veteris et Novi Testamenti loca atheologis protestantibus in Germania separatim conscr’vptorum, 2 in-f», Amsterdam, 1701-1702. B. Heurtebke.

    1. BOHLEN##

BOHLEN (Peter von), théologien rationaliste allemand, né le 13 mars 1796 à Wuppels, en Westphalie, mort le 6 février 1840 à Halle, où il était professeur dethéologie et de langues orientales. On a de lui: Symbolsead interpretationem Sacri Codicis ex lingua persica, in-8°, Leipzig, 1823; Die Genesis, historisch-kritischerlâutert, in-8°, Kœnigsberg, 1835. Ce dernier ouvragefit grand bruit en Allemagne. L’auteur y nie l’authenticitéet la crédibilité du Pentateuque. — Voir Peler vonBohlen, Autobiographie, herausgegeben von Joh. Voigt, in-4°, Kœnigsberg, 1842.

1. BOIS (hébreu: y?, ’ê?, «arbre, s et «bois», lignum).La Vulgate emploie le mot lignum tantôt pour arbor, «arbre,» Gen., i, 11, etc., tantôt pour bois proprementdit, c’est-à-dire pour la substance dure qui constitue lesracines, la tige et les branches des arbres, Gen., xxii, 3, etc., et qui sert pour le chauffa*ge et les constructions.Le bois est rare en Palestine comme en Egypte, ce quioblige les habitants de se servir souvent comme combustible, au lieu de bois, d’herbes sèches ou de paille, Matth., iii, 12; vi, 30; Luc, xii, 28, ou même d’excrémentsd’animaux desséchés. Cf. Ezech., iv, 12, 15. VoirChauffa*ge. On employait le bois pour brûler, les victimesoffertes en sacrifice. Gen., xxii, 3, 6-9, etc. Néhémie, après la captivité, régla que chaque famille four

nirait, à tour de rôle, le bois nécessaire pour les sacrificeset l’entretien du feu perpétuel. II Esdr., x, 34; xiii, 31. Ce fut probablement l’origine de la fête annuelle appeléen>syn pTp, qorban hâ’êsîm, a offrande du bois,» |vXo ?6pea, Josèphe, Bell, jud., II, xvii, 6, qui se célébra, après la captivité, le 15 du mois d’Ab (août), jourauquel tout le peuple, sans distinction, portait du boisau temple pour les sacrifices. Voir Kitto, Cyclopœdia ofBiblical Literature, 1866, au mot Wood-Carrying, t. iii, p. 1128. Il y avait un minimum au-dessous duquel on nepouvait rien offrir. Ce bois était gardé dans une chambresituée à l’angle sud-est de la cour des femmes et nomméechambre du Bois. Les prêtres inspectaient ce bois afin des’assurer s’il était digne d’être employé pour les sacrifices: car le bois piqué de vers ne pouvait servir à l’autel..De plus, un des treize troncs placés devant les portes dutemple portait, écrit en hébreu: ’Êslm, «bois;» lesfidèles y déposaient les offrandes destinées à acheter dubois pour l’autel. Tr. Schekalim, VI, i, 5; Middoth, Xii, 5. — Pour les bois de construction, voir Charpentier.

F. Vigouroux.

2. BOIS, BOYS John, théologien anglican, né àNeltlestead, dans le comté de Suffolk, le 3 janvier 1561, mort à Ély le 14 janvier 1644. En 1596, il obtint la curede Boxworth, et, en 1616, une prébende lui fut accordéeà Ély. Il travailla à la traduction de la Bible ordonnéepar Jacques I «r, et qui parut à Londres, en 1612; il traduisitles livres deutérocanoniques, et fut l’un des sixthéologiens chargés de revoir tout le travail. Il collaboraégalement à la publication des œuvres de saint Jean Chrysostomefaite par sir H. Savile, en 1613. Après sa mortfut publié l’ouvrage suivant: Veleris interpretis cumBeza aliisque recentioribus collatio in quatuor Evangeliiset Apostolorum Actis, in qua annon seepius absquejusta satis causa hi ab illo discesserint disquiritur, in-8°, Londres, 1655. Dans ce travail, Bois défend victorieusem*ntla Vulgate contre Th. de Bèze et Érasme.Une autobiographie de Bois a été publiée par Fr. Peck, dans ses Desiderata curiosa, 2 in-f°, Londres, 1779, t. ii,

p. 323.

B. Heurtebize.

3. BOIS SACRÉ. On appelait ainsi, chez les anciens, des bouquets d’arbres ou des bosquets qui entouraientles lieux et les objets du culte idolâtrique, temples, statues, stèles, etc. Les bois sacrés ont existé dès la plushaute antiquité. On peut même dire qu’ils ont été les premierstemples idolâtriques. Ils constituaient comme ledomaine privé de la divinité qu’on y honorait, et les seulsinitiés avaient droit d’y pénétrer. Dans l’exposition desa tragédie d’Œdipe à Colone, Sophocle décrit ainsi lelieu dan£ lequel s’est arrêté le malheureux Œdipe: «Lelieu où nous sommes est sacré, car il est parsemé de lauriers, d’oliviers, de vignes abondantes, et de nombreuxrossignols font entendre sous le feuillage leurs chants

5 mélodieux… Il n’est pas permis de l’approcher ni de l’habiter.Il est en effet consacré aux terribles déesses.» Etquand le chœur prend la parole, c’est pour dire: «Cevieillard est sans doute quelque étranger errant; autrementeût-il osé pénétrer dans le bois inviolable des inexorablesdéesses?» v, 16, 39, 124. Ces bois abritaient souventles plus ahominables mystères, aussi bien dans lemonde asiatique que dans le monde grec. Il y en avait departiculièrement célèbres. Ceux de Daphné, à Antioche, étaient consacrés à Apollon (voir col. 680), et on s’y livraità toute sorte de dissolutions. Zeus avait un boissacré en Crète, Platon, Lois, I, 2; Artémis Sateria possédaitle sien en Achaïe. Pausanias, vii, 27. Cf. iii, 4, 1.On connaît ceux d’Eleusis et de Colone. Dans l’Attique, des bois d’oliviers sacrés étaient confiés à la garde del’Aréopage. Le Latium en comptait plusieurs. Chez lesGaulois et chez les Germains, on honorait les dieux nationauxdans des bois sacrés. Tacite, De Mor. German., IX.Bien n’était donc plus général dans le monde païen que

cette coutume de consacrer dos bois à l’exercice du culteidolâtrique.

Les Hébreux idolâtres durent l’emprunter à leurs voisinsde Phénicie et de Syrie, et surtout à leurs prédécesseursdans la terre de Chanaan. Cependant il n’y a pas determe spécial en hébreu pour désigner les bois sacrés. Lesmots aX «To «et lueus, employés trente-sept fois par la versiongrecque et par la Vulgate, ont bien ce sens; mais ils traduisentl’hébreu’âsêrâh, qui est le nom de la déesseAstarté et aussi du pieu de bois qui lui servait d’emblème.Voir Aschéra. Néanmoins, si le nom manque, lachose n’en est pas moins nettement indiquée dans la SainteÉcriture. Les prédécesseurs des Hébreux dans la terre deChanaan avaient des arbres sacrés abritant leurs idoles; aussi Moïse ordonne-t-il aux futurs conquérants de détruireles rendez-vous idolâtriques des nations «sous lesarbres touffus». Deut., xii, 2. À l’époque des rois, desidoles sont installées et adorées «sous tout arbre feuillu».Roboam le premier, puis Achaz et d’autres autorisent cescandale et y prennent part eux-mêmes. III Reg., xiv, 23; IV Reg., xvi, 4; II Par., xxviii, 4. Le culte idolâtrique dansles bois sacrés est un des crimes châtiés par la captivité.IV Reg., xvii, 10. Les prophètes font plusieurs fois mentionde ces bois et les maudissent. Isaïe, i, 29; lvii, 5, dit à ses contemporains: «On aura honte des térébinthessous lesquels vous vous plaisiez, et vous rougirez des jardinsqui faisaient vos délices… Vous vous enflammez vous-mêmessous les térébinthes et sous tout arbre verdoyant.» Jérémie, ii, 20; iii, 6, 13, reproche aux Juifs leurs, pratiquesidolâtriques «sous tout arbre feuillu», et il parle d’'àsêrimétablis «auprès des arbres verts». Jer., xvii, 2. Ézéchier, ’vi, 13, et Osée, iv, 13, mentionnent également les arbres

idolâtriques.

H. Lesêtre.

BOISSEAU. Mesure romaine dont le nom latin modiusfut grécisé sous la forme ^ôSioç, qu’on lit trois foisdans le Nouveau, Testament grec. Matth., v, 15; Marc, iv, 21; Luc, xi, 33. La Vulgate, dans ces trois passages, rend naturellement le mot grec par le latin modius. — Leboisseau (modius) était une des principales mesures de capacitépour les solides, contenant seize sextarii romainsou le tiers d’une amphora et équivalant à un sixième dumédium attique, c’est-à-dire à 8 litres 631. Cicéron, Zn.Verr., iii, 42, 49, édit. Lemaire, Orat., t. ii, p. 78, 88; Corn. Nepos, AU., 2, édit. Lemaire, p. 260, texte et note.Les Hébreux, dans le système métrique qui leur étaitpropre, n’avaient pas de mesure exactement correspondanteau modius. Cela n’a pas empêché saint Jérôme dese servir de ce mot dans sa traduction de l’Ancien Testament, le plus souvent d’une façon impropre, pour rendrela mesure hébraïque appelée’êfâh, dont la contenance étaitde 38 litres 88. Dans Lev., xix, 36, et Deut., xxv, 14, 15, .le texte original porte que 1’'êfâh doit être «juste», c’est-à-dire une mesure exacte, non frauduleuse; letraducteur, sans que le sens de la phrase ait eu rien à.souffrir, a substitué à la mesure hébraïque le «modius», celle qui était la plus usitée chez les Latins; mais dansJud., VI, 19, «un êfâh» de farine est traduit par «unmodius»; et dans I Reg., i, 24, «un’êfâh» de farinel’est par «trois modii», ce qui ne rend exactement, dansaucun des deux cas, la valeur de la mesure hébraïque.Le prophète Isaïe, v, 10, prédisant la stérilité dont Dieu, frappera la Terre Sainte, dit, d’après le texte original, qu’un hômér de sem*nce (338 litres 80 = 10’cfâh) neproduira qu’ «un êfâh»; notre version latine porte: «trente modii de sem*nce produiront trois modii»: c’est la valeur latine équivalente que saint Jérôme attribuaitau hômér et à 1’'êfâh. Il a traduit aussi en effetfrômér, Lev., xxvii, 16, par «trente modii» (d’orge) etexpliqué par une glose, Ruth, ii, 17, ephi (’êfâh) par «trois modii». Il s’est servi du même nom de mesure, IV Reg., vii, 1, 16, 18, pour exprimer le se’dh hébreu: «Un se’dh de farine se vendra un sicle, at deux se’dh

d’orge un sicle,» porte le texte original dans cette phrase, trois fois répétée dans le cours du même récit. La Vulgatetraduit chaque fois: «Un modius de farine sera àun statère, et deux modii d’orge, à un statère. s> Le se’âh, étant le tiers de 1’'êfdh, contenait 12 litres 99, et par conséquentplus qu’un boisseau ou modius. — Le mot modiusse lit enfin trois autres fois dans la Vulgate, Rulh, iii, 15, 17; Agg., ii, 17 (hébreu, 16); dans ces trois passages

865.

— Le dieu Sérapia avec le modius sur la tête.D’après l’original du mueée du Yatioan,

ie texte original ne donne aucun nom particulier de mesure.Dans le livre de Ruth, iii, 15, 47, Booz fait présentde six [mesures] d’orge à sa parente, et celle-ci les emportesur sa tête. Le nom de mesure sous-entendu estprobablement’êfâh. Le Targum de Ruth a mis dix se’âh, ce qui fait deux’êfâh; mais ce poids est trop considérablepour que Ruth pût le porter. — Les Septante n’ont jamaisemployé le mot (idStoç.

Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ se sert del’expression de boisseau, non à cause de sa contenance, mais parce que cette mesure de moyenne grandeur luifournit une image très expressive, devenue proverbiale: «On ne met pas la lumière sous le boisseau.» Matth., v, 15; Marc, IV, 21; Luc, xi, 33. Les Apôtres, dit-il, ne devrontpas cacher la lumière de la vérité qu’il leur apporte.Le mot boisseau est donc ici une sorte de synonyme d’unvase quelconque, comme nous le voyons dans Luc, viii, 16, où ce mot est remplacé par «rxsûo; , vas, c’est-à-direun objet creux, propre à cacher la lumière d’une lampesans l’éteindre. Les petites lampes d’argile à huile, donton se servait communément en Judée et chez les anciens, pouvaient facilement se cacher sous un boisseau, sous unvase, ou sous un meuble; mais on les allume, dit le Sauveur, pour éclairer, et on les met, par conséquent, sur uncandélabre d’où leur lumière peut plus facilement se répandreet éclairer davantage. La conquête romaine avaittait connaître dans tout l’Orient le modius latin; de làl’image employée par Notre - Seigneur. — Les Latins ontreprésenté plusieurs divinités, en particulier Sérapis, avec le modius sur la tête (fig. 565). F. Vigodroux.

    1. BOISSON##

BOISSON (hébreu: maSqéh, «ce qui se boit,» Lev., XI, 34; et les synonymes siqquï, Ose., n; 7 (Vulgate, 5); maiëtéh, Dan., i, 10; Septante: hgtgv, jujaiç; Vulgate

potus, liquens), tout ce qui sert ordinairement â l’hommepour se désaltérer. Dans les pays chauds de l’Orient, le vin; et les autres boissons tenaient une grande place dans lesfestins, tellement que le mot miètéh, «boisson et actionde boire,» signifie un festin. Gen., xxi, 8; xxix, 22, etc.Voici le nom des boissons mentionnées dans l’Écriture.

1. Eau (hébreu: mayim; Septante: ûStop; Vulgate: aqua), la boisson ordinaire du peuple en Palestine commeen Egypte, et en général dans l’Orient.

2. Lait (hébreu: hâlâb; Septante: yiXa; Vulgate: lac). Le lait, si abondant en Palestine, servait de boisson, rafraîchissante, Jud., v, 25; Is., lv, 1, aussi bien que denourriture.

3. ëêkâr, nom hébreu (Septante: <r; ’xspa, oTvoç, pitivoux, |ii(h); Vulgate: vinuth), désigne le vin proprement ditet toute espèce de boisson fermentée, vin d’orge et d’autrescéréales, en usage chez les Égyptiens, ou vin de palmieret d’autres fruits.

4. Vin. La Sainte Écriture parle 1° de vin proprement dit, obtenu par la fermentation du jus de raisin, hébreu: yaïn; Septante: otvbç, yXeûxoç; Vulgate: vinum; poéVtique: hémér; chaldéen: hâmar, qui désigne spécialementdu vin sans eau, comme oïvoç axpaxoç, de l’Apocalypse, xiv, 10; — 2° du vin doux ou moût, (iroS; Septante: ohoç, pw|, (ié8u(j(i.a; Nouveau Testament; y^eûxoç, Act. rII, 13; Vulgate: mustum, vinum; — 3°’âsîs s’emploie dansle même sens que le précédent, mais désigne plus précisémentle vin nouveau, qu’il ait ou non commencé àfermenter, Septante: v’Sjut, (’kvaa.Gii.oi; , olvti; veoç, fié8° i; Vulgate: dulcedo, rnustum. — 4° Le mésék, Ps. lxxv, 9, ou mézég, Cant., vii, 3; ou mimsâk, Prov., xxiii, 30, estun vin mélangé d’eau ou d’aromates; Septante: xépa<rtta; Vulgate: mistum. On aimait beaucoup les vins épicés, mélangés de substances aromatiques. Is., v, 22; Cant., vm, 2, etc. — 5° Le sôbé’est une boisson enivrante, soifvin, soit Ukâr. Is., i, 22; Septante: olvoi; ; Vulgate: vinum. On faisait aussi une boisson en faisant simplementmacérer du raisin dans l’eau. Num., vi, 3. Pourtoutes ces différentes sortes de viii, voir Vin.

5. Vinaigre. Le peuple faisait volontiers usage d’unmélange d’eau et de vinaigre, qui rappelle la posca dessoldats et des pauvres chez les Romains. Hébreu: home}; Septante: ô’Çoç, 0’jj.çaÇ; Vulgate: acetum.

Des vases de contenance et de formes diverses servaientà garder et à prendre ces boissons, hébreu: kelêmaSqéh, «vases à boire.» III Reg., x, 21. Parmi ces derniers, on voit mentionnés des patères, des cratères, de» coupes avec ou sans couvercles, des tasses, etc., en or, en argent, en bronze et en terre. — Le vin et les différentesboissons se conservaient dans des outres ou dans, de grands vases en terre de formes variées, etc.

Dans les cours des rois d’Egypte, d’Assyrie, d’Israël, les boissons étaient servies par des échansons. Gen., xl, 20; III Reg, x, 5; IV Reg., xviii, 18. Chez les Juifs, dans les grands banquets, le chef du festin, Eccli., xxxv, 1-2 (grec; Vulgate, xxxil, 1-3), comme le magislerconvivii des Romains, et le <ru[ «rG<riapxoi; des Grecs, réglaitla façon dont on devait boire. Ce n’est pas Yarchitriclinus, sorte d’intendant, présidant à la bonne ordonnancedu repas pour les mets et la boisson. Voir Architriclinus.— L’excès dans le boire, l’ivrognerie, est un vicesouvent rappelé dans les livres sapientiaux et les prophètes.Voir Ivresse. Aussi, dans le nazaréat, prescrivait-on l’abstinencecomplète de vin et de toute liqueur enivrante. Num., vi, 1-3. L’usage du vin et du sêkâr, et en général de toutes, les boissons enivrantes, était également interdit aux prêtres, dans l’exercice de leurs fonctions. Lev., x, 9.

E. Levesque.

BOÎTE À PARFUMS. Voir Parfums et Toilette.

    1. BOITEUX##

BOITEUX (hébreu: pissêah; Septante: xo>X<5î > Vulgate: claudus. L’hébreu, pour exprimer l’idée de boiter» outre le verbe pâsafy, Lev., xxi, 18, etc., emploie aussi

iâla’, Gen., xxxii, 31, qui signifie particulièrement laclaudication par le fait de la luxation de la hanche [séla’, «côté» ]. Boiteux se dit encore par une périphrase, nekêhraglaïm, «frappé, atteint des pieds.» II Reg., iv, 4). Laclaudication était un des défauts corporels excluant desfonctions sacerdotales dans la loi mosaïque. Lev., xxi, 18.Également les victimes qu’on pouvait offrir à Dieu ne devaientpas avoir ce défaut, Deut., xv, 21; à une époque deTelâchement, le prophète Malachie, I, 8, 13, reprocheaux prêtres de sacrifier de semblables victimes, réprouvées>par la loi. — De sa lutte avec l’ange, Jacob resta boiteux, iâla’. Gen., xxxii, 31. Cf. Th. Bartholin, De morbis biblicis, dans Crenius, Fasciculus quintus opusculorum quse adMstoriam sacram spectant, in-21, Rotterdam, 1695, (p. 427. Parmi les signes de l’époque messianique, Isaïe annonceque les boiteux seront guéris: «Le boiteux bondiracomme le cerf.» Is., xxxv, 6. Cette prophétie fut accompliepar JésusChrist, comme il le dit lui-même aux envoyésde Jean-Baptiste, et comme nous le voyons, Matth., xi, 5; Luc, vii, 22; Matth., xv, 30, 31; xxi, 14. Les Apôtresopérèrent des miracles semblables: saint Pierre guérit leiboiteux qui demandait l’aumône à la porte Belle, dans letemple, Act. iii, 2; le diacre Philippe à Samarie, Act., vm, 8, saint Paul à Lystre, Act., xiv, 7, guérirent égalementdes hommes atteints de cette infirmité. Les boiteuxparaissent avoir été nombreux en Palestine, commeles aveugles; on les joint à ces derniers pour former une-expression proverbiale désignant souvent les gens faibles, impuissants. II Reg., v, 6, 8; Jer., xxxi, 8; cf. Is., xxxiii, 23; Luc, xiv, 13, 21. — Au figuré, «boiter» s’emploie

; pour «flotter entre deux partis». III Reg., xviii, 21.

E. Levesque.

    1. BOKIM##

BOKIM (hébreu: Bôkîm, et avec l’article habbôkîm; Septante: ô KXocu6[i(6v, KXav6[iûvsc; Vulgate: locus flentium, «lieu des pleurants.» Saint Jérôme a traduit lesens du mot). Localité ainsi nommée, Jud., Il, 1, 5, àcause des larmes abondantes qu’y versèrent les Israéliteslorsqu’un ange de Dieu leur reprocha en cet endroit leuralliance avec les Chananéens et leur annonça qu’ils enseraient punis. Les coupables offrirent un sacrifice au Seigneurpour l’apaiser. D’après le texte, Bokim devait êtredans les environs de Galgala. Certains commentateurs supiposentqu’il était près de Silo, parce qu’ils croient que letabernacle était alors dans cette ville, et que le sacrificedont parle Jud., Il, 5, dut être offert au lieu où était le’tabernacle; mais les Septante ajoutent, Jud., ii, 1, quesBokim était près de Béthel, èicl Boc16rjX, ce qui est plusvraisemblable. F. Vigouroux.

    1. BOLDUC Jacques##

BOLDUC Jacques, de Paris, mort à Paris le 8 septembre1646 (et non pas 1650, comme d’autres l’ont dit).Il devint capucin de la province de Paris, conserva dansJa religion son nom de famille, également orthographiéBolduc et Boulduc, d’où l’on a tiré le latin Bolduccius. Nous(présumons, sans trop affirmer, qu’il appartenait à la familleparisienne de ce nom qui fut illustrée, à la fin duXVIIe siècle, par Jean-Baptiste Boulduc, apothicaire du roiet membre de l’Académie des sciences: Jacques Bolducprononça les vœux de religion le 18 août 1581, et montrade bonne heure assez de vertu et de talents pour que sessupérieurs lui confiassent une chaire de théologie, et pourque ses confrères l’élussent, dès 1590, à la dignité dedéfiniteur. De 1610 à 1620, il fut successivement supérieurdes couvents de Beauvais, d’Auxerre, d’Étampes, de Pontoiseet de Montfort-1’Amaury. Après cette date, il nes’occupa plus que de la préparation et de la publicationde ses ouvrages. 1° Commentarïa in librum Job, 2 in-4°, Paris, 1619; autre édition, 2 in-f°, Paris, 1637. Dans cet-ouvrage, le P. Jacques donne d’abord une traduction<Iu texte hébreu, puis une paraphrase; il collationne les<U verses éditions et traductions en les comparant avecla Vulgate, et discute avec soin les divers idiotismes. —~Sp Expositio in Epistolam B. Judse Apostoli in qua

similia secundee B. Pétri Apostoli vevba pariter expovduntur, in-4°, Paris, 1630. P. Apollinaire.

    1. BOMBERG Daniel##

BOMBERG Daniel, imprimeur célèbre, né à Anversdans la seconde moitié du xv» siècle, alla s’établir àVenise, où il mourut en 1549. Ce fut dans cette ville qu’ilapprit l’hébreu, sous la conduite du juif Félix de Prato.Les ouvrages en langue hébraïque qu’il publia sont remarquablespar la beauté des caractères et par la pureté dutexte. Parmi les livres sortis de ses presses, nous devonsmentionner: Biblia hebraica cum Masora et Targum, 4 in-f°, Venise, 1518. Cette Bible, dédiée à Léon X, futéditée par les soins de Félix de Prato, converti au christianisme.En 1526, parut une autre Biblia hebraica rabbinicacum utraque Masora, Targum, studio R. JacobF. Haiim, 4 in-f°, Venise. Il publia également de nombreuseséditions in-4° de la Bible hébraïque, le Talmudbabylonicum integrum, qui avec ses commentaires forme12 in-f°, 1520-1522; le Talmud hierosolymitanum, in-f°, /1524; enfin la concordance connue sous le titre de Liberilluminans viam seu concordantise hebraicse, auctoreMardochœo Nathan, cum prsefatione R. Isaaci Nathan, in-f», 1523. — Voir Lelong, Bibliotheca sacra (1723), p. 17, 63-65, 454; Biographie nationale, publiée par l’Académieroyale de Belgique, Bruxelles, 1868, t. ii, p. 666.

B. Heurtebize.

    1. BONAERT##

BONAERT, Bonartius, Olivier, né à Ypres le17 août 1570, mort dans cette ville le 22 octobre 1654.Il entra dans la Compagnie de Jésus le 28 mars 1590. Ilenseigna les humanités, la rhétorique et la théologiemorale. On a de lui: In Ecclesiasticum commentarius, in-f°, Anvers, 1634; In Estherem commentarius littéraleetmoralis, in-f», Cologne, 1647; les dix dernièrespages renferment: Liber Esther secundum Septuaginta, editionis sixtinas, in quo lacinise, quse in translationeVulgata latina sub finem ponuntur, suis locis intextxsunt, additis Nobilii notis. C. Sommervogel.

    1. BONAVENTURE##

BONAVENTURE (Saint), appelé aussi Eustachiuspar bien des auteurs, auxquels Sbaraglia reproche d’avoirfait usage de ce nom, qui signifie «bien constant», ou «bien stable», au lieu A’Eutychius, qui veut dire «bienfortuné», s’appelait dans le siècle Jean Fidanza. Il naquiten 1221, à Bagnorea. À l’âge de dix-sept ans, et nonde vingtdeux, comme certains l’ont prétendu, il entradans l’ordre de Saint -François. Envoyé à Paris poury suivre les cours de l’Université, Bonaventure entenditles leçons d’Alexandre de Ilalès, qui bientôt devint aussifrère mineur. L’élève mérita l’admiration de son maître, et fut à son tour un des docteurs les plus illustres, nonseulement de son siècle, mais de tous les temps; le titrede Docteur séraphique le distingua spécialement au milieudé la pléiade des sommistes. Il avait à peine trente-cinqans lorsque, vers la fin de 1256 ou au commencementde 1257, il fut élu général de son ordre, qu’il gouvernasagement. Grégoire X, en 1272, le créa cardinalet’évêque d’Albano. Il le convoqua au second concilegénéral de Lyon, où Bonaventure rendit à l’Église d’éminentsservices; mais il mourut après la première session, le 15 juillet 1274. Il fut canonisé par Sixte IV, en 1482, et déclaré docteur de l’Église par Sixte V, en 1588.Ceux de ses ouvrages qui intéressent l’exégèse sontles suivants: Dans l’édition vaticane de ses œuvres, 8 in-f°, Rome, 1588-1596: 1° Principium SacréeScripturx; 2° Illuminationes Ecclesix, seu Expositioin Rexæmeron; 3° Expositio in Psalterium; 4° Expositioin Psalmum cxrm; 5° Expositio in Ecclesiasten; 6° Expositio in Sapientiam; 7° Expositio in LamentationesHieremise prophète; 8° Expositio in cap. visanctiMatthsei; 9° Expositio in Evangelium Lucie; 10° Expositioin Evangelium Joannis; 11° Collatiories in Joannem.— Supplément du P. Benoît Bonelli; 12° In Genesiscaput u. Commentariolum de plantaUone paradisi;

13° Tractatus in psalmum xlv, de studio divinarum litterarum, seu de contemplatione et scientia Dei; 14° Expositio in Cantica canticorum; 15° Tractatus in caput x Ezechielis, de Sacras Scripturæ mysterio; 16° Tractatus in caput x Ezechielis de Sacræ Scripturæ materia; 17° Sermo de Seminante, seu Expositio parabolarum evangelicarum de regno cœlorum; 18° Commentaria in Evangelium sancti Joannis; 19° Commentantaria in Apocalypsim; 20° Commentariolum in vers. 8 cap. iv Apocalypsis, de doctrina evangelica; 21° Commentaria in vers, 1 cap. v Apocalypsis, de Scripturarum Sanctarum dignitate et excellentia.

Le collège des savants franciscains qui est réuni à Quaracchi, près Florence, a commencé depuis 1883 la publicationd’une nouvelle édition des œuvres du séraphiquedocteur. Dans les cinq volumes in-folio déjà parus, il n’ya pas d’autre ouvrage exégétique que les Conférences sur l'Hexaméron.

P. Apollinaire.

En cours

BONDIL Louis Jérôme, né à Riez, en Provence, en-1790, mort chanoine théologal de la cathédrale de Digne, le Il novembre 1870. Professeur d’Écriture Sainte auséminaire de Digne, il publia: Le livre des Psaumestraduit sur l’hébreu et les anciennes versions, avec desarguments, des observations critiques sur les différencesde l’hébreu et de la Vulgate, et des notes explicatives, philologiques, littéraires, 2 in-8°, Paris et Lyon, 1840.

0. Rey.

BONFRÈRE Jacques, né à Dinant le 12 avril 1573, mort à Tournai le 9 mai 1642. Il entra dans la Compagniede Jésus le 14 décembre 1592. Il enseigna la rhétorique, la philosophie et la théologie, l’Écriture Sainte et l’hébreuà Douai; il y fut supérieur du séminaire des Écossais.Ses ouvrages sur l’Ecriture Sainte sont justementestimés. «De tous les commentateurs jésuites de l’ÉcritureSainte, dit du Pin, il n’y en a pas à mon avis qui aitsuivi une meilleure méthode et qui ait plus de science€t de justesse dans ses explications que J. Bonfrerius.Ses prolégomènes sur l’Écriture sont d’une utilité et d’unenetteté merveilleuses… Ses commentaires sur le Pentateuque, sur Josué, etc., sont excellents. Il y explique lestermes et le sens de son texte avec une étendue raisonnable, et, évitant la trop grande brièveté de quelques-unset la longueur démesurée des autres, ne fait aucune digressionqui ne vienne à son sujet, et évite de traiter lesquestions en scolastique et en cbntroversiste.» — 1° PentateuchusMoysis commentario illustratus, prsemissis Prseloquiisperutilibus, in - f°, Anvers, 1625. Les Prseloquiaont été insérés par le P. de Tournemine dans son éditiondes Commentarii du P. Menochius, et par l’abbé Mignedans son Scripturse Sacrse Cursus, t. i, col. 5-242. —2° Josue, Judices et Ruth commentario illustrati. AccessitOnoniasticon, in-f°, Paris, 1631; la seconde partie estintitulée: Onomasticum urbium et locorum Sacrse Scripturse, seu Liber de locis hebraicis ab Eusebio greeceprimum, deinde ab Hieronymo latine scriptus. Jeanle Clerc a donné, en 1707, à Amsterdam, une nouvelleédition de YOnomasticon, avec ses notes; le P. de Tourneminel’a inséré dans son édition de Menochius. C’esttin traité de géographie sacrée. — 3° Libri Beg’um etParalipomenon commentariis illustrati, in-f°, Tournai, 1643. L’imprimerie de Quinque, à Tournai, fut, dit-on, réduite en cendres au moment où cet ouvrage secomposait; il n’en existerait aucun exemplaire. Le manuscritaurait lui-même péri, puisque les bibliographes n’encitent nulle part l’existence. — Le P. Bonfrère laissaencore, en mourant, des Commentaires sur presque tousles autres livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.

C. SOMMERVOGEL.

BONHEUR. Pour le bonheur temporel, considérécomme sanction de la loi mosaïque, voir Loi mosaïque.Pour le bonheur éternel, d’après l’Ancien et le NouveauTestament, voir Vie future.

BONI. Hébreu: Bâni, «édifié,» c’est-à-dire «établi».Nom, dans le texte original, de plusieurs Israélites, dontcinq sont appelés dans la Vulgate Boni, deux Boni, deuxBônni et un Benni. Voir ces mots.

1. BONI (Septante: Bocvî), lévite de la branche deMérari, ancêtre d’Éthan, le contemporain de David. Ilétait fils de Somer et père d’Amasaï. I Par., vi, 46 (hébreu, 31).

2. BONI (Codex Alexandrinus: Bovvôc), ancêtre deSéméia, lévite qui fut compté parmi les premiers habitantsde Jérusalem. II Esdr., xi, 15. C’est peut-être lemême que le précédent. Voir Boni 1.

BONIFACEouBONIFAZIUS DE SAINTWUNI-BALD.Voir Schnappinger Boniface.

1. BONNET. Voir Coiffure.

2. BONNET Nicolas, frère mineur, que Jean de Saint-Antoinedit né à Messine, et que Sbaraglia soutient êtrené à Tours, en France; acquit une si haute réputationde science et de zèle apostolique, que Benoit XII, enl’an 1338, l’envoya porter la foi en Tartarie, avec quelquescompagnons. Il en revint en 1342, et fut promu à l’évêchéde Malte. Il mourut en 1360, laissant, entre autresouvrages: Postilla super Genesim, qui, au dire duP. Lelong (n° 750), fut imprimé à Venise en 1505.

P. Apollinaire.

3. BONNET Simon, religieux bénédictin de la congrégationde Saint-Maur, né au Puy-en-Velay en 1652, mortle Il février 1705. Il avait fait profession au monastèrede Notre-Dame-de-Lire, en Normandie, le Il mai 1671.: Il enseigna la théologie et la philosophie à Fécamp et àJumièges, et fut successivement prieur de Josaphat, prèsde Chartres, puis de Saint -Germer de Flaix. Ce fut dansce monastère qu’il entreprit, sous le titre de Bibliamaxirna Patrutn, un commentaire sur tous les livres dela Bible, à l’aide de textes tirés des Pères de l’Église.Pour vaquer plus librement à ce travail, il se démit, en1702, de toute supériorité, et se retira à Saint -Ouen deRouen. Son ardeur pour l’étude lui occasionna une attaqued’apoplexie, dont il mourut à l’âge de cinquante-trois ans.Il laissait un amas prodigieux de notes, qui furent remisesà ses collègues Etienne Hideux et Jean du Bos, chargés decontinuer ce travail, qui est resté manuscrit et inachevé.

— Voir Dom Tassin, Histoire littéraire de la congrégationde Saint-Maur (1770), p. 191; Dom François, Bibliothèquegénérale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoit

(1777), t. i, p. 134.

B. Heurtebize.

BONNI. Nom, dans la Vulgate, de trois Israélites, appelésdans le texte hébreu Bâni et Bunni.

1. BONNI (hébreu: Bâni, «édifié,» c’est-à-dire «établi»; Septante: vl<Sç), un des vaillants guerriers de l’arméede David, de la tribu de Gad. II Reg., xxiii, 36.

2. BONNI (hébreu: Bâni; Septante: BowQ, pèred’Omraï, descendant de Phares de la tribu de Juda.I Par., ix, 4. Le ketib porte îd’23 en un seul mot, commesi l’on devait lire Binyâmin; mais il faut séparer lesdeux dernières lettres, qui forment la préposition min, «de,» Bâni min benê Férés, <t Bani des fils de Phares,» comme porte le qeri.

3. BONNI (hébreu: Bunni, même signification qæBânî, «édifié, t> dans le sens d’ «établi»; Septante: o iol), undes lévites qui firent au nom du peuple, II Esdr., ix, 4, la magnifique prière où l’on rappelle les bienfaits de Dieuet l’ingratitude d’Israël. II Esdr., IX, 5-38. II fut l’un dessignataires de l’alliance théocratique. II Esdr., x, 15.

1847

BONSIGNORIUS — BONSPORTS

1848

    1. BONSIGNORIUS Benoit##

BONSIGNORIUS Benoit, abbé bénédictin, né vers1510, mort à Florence le 16 février 1567. Il s’était déjàacquis une grande réputation par sa connaissance du grecet de Thébreu, lorsque, à vingt-quatre ans, il se fit religieux, dans l’abbaye de Notre-Dame de Florence, de la.congrégation du Mont-Cassin. Il eut à exercer les chargesles plus importantes de son ordre, et après sa mort, unde ses confrères, Raphaël Castrucci, publia sous le titreA’Orationes varise ad fratres in capitulo, in-8°, Florence, 1568, ses commentaires sur les Psaumes, les Évangiles, sur quelques passages d’Isaïe et de saint Paul et sur les

Crète, à l’abri des vents du nord-ouest et à cinq millesà l’ouest de la ville de Lasæe (grec: Aauata, Vulgate, Thalassa). Act., xxvii, 8-13. Saint Paul exhorta ses compagnonsà s’arrêter à Bonsports, pour y attendre la fin dela mauvaise saison. Mais Bonsports, ainsi que le dit Findlay, dans le passage cité plus haut, n’était pas propice à l’hivernage; car c’est moins un port qu’un mouillage, découvertdu côté de l’est, et seulement abrité en partie par deuxîlots qu’on appelle actuellement Megalo-Nisi et Saint-Paul.Voir la carte, n" 567. À la côte, au nord de ce dernier, existent de petit* fonds où, en fixant une amarre à terre,

-J*5-^ ?a15 jJBgfc -566. — Bonsports. Vuo do l’ouest. D’après J. Smith, T! ie Voyage and shipwreck of i"! PjuI.

trois cantiques du Nouveau Testament. — Voir Armellini, Bibliotheca Benedictino-Casinensis, in-f° (1531), t. i, p. 89. B. Heurtebize,

    1. BONSPORTS##

BONSPORTS (KaXol Aiarveî, et Beaux ports;» Vulgate; Boniportus; aujourd’hui Kalo-Limniones ou’stûs Kalûs-Limniônes). Port où aborda le vaisseaud’Alexandrie qui conduisait à Rome saint Paul prisonnier.Act. xxvil, 8 (fig. 566). On a longtemps identifié àtort Bonsports avec Kxt’Ax-rt) dont parle Etienne deByzance. On connaît aujourd’hui exactement la situationdu mouillage et il est désigné par les modernes sous lenom même qu’il portait au temps de saint Paul. Poco*ckeet d’autres voyageurs cités par J. Smith, The Voyage andshipwreck of St Paul, i"> édit., 1848, p. 80-82, mentionnentle nom de Kalo-Limniônes. Findlay, MediterraneanDirectory, p. 66, selon lequel cet endroit s’appelleplus correctement’stûs Kalûs Lîmniônes, le décrit commeune petite baie qui n’est pas recommandée pour l’hivernage.Dans la seconde édition de son livre, parue en 1856, Smith donne en appendice le récit d’une expédition faiteen canot à Bonsports et une carte des sondages. Appendicem, p. 262-263, cf. p. 257. Les voyageurs ont reconnules ruines de Lasæe et la baie tout entière. Le capitaineT. A. B. Spratt en donne également une description dansses Travels and researches in Crète, 2 in-8°, Londres, 1865, t. ii, p. 1-7. — Bonsports est situé à l’est du capMatala ou Lithinos, sur la côte méridionale de l’Ile de

l’on serait en sûreté; c’est là sans doute qu’a dû se réfugierle navire qui portait saint Paul. On délibéra sur le

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567. — Carte de Bonsports et ses environs.

parti à prendre, et la plupart furent d’avis d’aller hivernerà Phénice, port plus sûr, au sud-ouest de la Crète. L’événementprouva qu’on eût mieux fait de suivre les conseils

de l’Apôtre. — Voir J. Smith, The voyage and shipwreckof St Paul, 3e édit., in-8°, Londres, 1866; J. Vars, L’artnautique dans l’antiquité, d’après A. Breusing, in-18, Paris, 1887; A. Trêve, Une traversée de Césarée de Palestineà Putéoles, au temps de saint Paul, dans La Controverseet le Contemporain, mai et juin 1887; Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiquesmodernes, 1890, p. 307. E. Jacquier.

    1. BOOKS OF ARMAGH##

BOOKS OF ARMAGH, OF DURROW, OF

KELLS, OF LINDISFARNE, OF MULLING. Voir

Manuscrits bibliques, t. iv, col. 695-696.

    1. BOOT Arnold##

BOOT Arnold, médecin et orientaliste hollandais, néà Gorkum en 1606, mort à Paris en 1650. Il étudia avecardeur les langues orientales, puis la médecine, et se fitrecevoir docteur; mais il n’abandonna jamais ses premièresétudes. En 1630, il passa en Angleterre, où il futnommé médecin du comte de Leicester, vice-roi d’Irlande.Vers 1644, il vint se fixer à Paris. Voici ses principauxouvrages, dans lesquels plusieurs passages del’Écriture sont bien expliqués: Examen prœlectionisJohannis Morini ad Biblia grseca de texlus hebraicicorruptione et grœci auctoritate, in-12, Leyde, 1636.François Taylor collabora à cet écrit. — Animadversionessacres ad textum hebraicum Veteris Testamenti: in quibusloci multi difficiles, hactenus non satis intellectivulgo, multœque phrases obscuriores, ac vocabula parumadhuc percepta explicantur verseque expositiones cumaliorum interpretamentis prsscipue grseci, syri, chaldsei, Hieronymi, ac rabbinorum conferuntur, atque istorumconsensu aut confutatione confirmantur, in-4°, Londres, 1644. — Epistola de textus hebraici Veteris Testamenticertitudine et authentia contra Ludovici Capelli criticamsacram, in-4°, Paris, 1650. — Vindicte seu apodixisapologetica pro hebraica veritate contra duos novissimoset infensissimos ejus hostes Jo. Morinum et Lud. Capellum, in-4, Paris, 1653. — Voir Walch, Bibliotheca theologica

(1775), t. iv, p. 243, 244, 816.

B. Heurtebize.

    1. BOOTHROYD Benjamin##

BOOTHROYD Benjamin, ministre dissident anglais, né àWarley, près d’Halifax, le 10 octobre 1768, mort le8. septembre 1836. Il fut ministre et libraire à Pontefract, dans, le Yorkshire, de 1794 à 1808, et desservit ensuitejusqu’à la fin de sa vie Highfield Chapel à Huddersfield.lia publié Biblia hebraica (sans points-voyelles, d’aprèsle texte de Kennicott, avec les principales variantes et desnotes critiques, philologiques et explicatives en anglais), 2 in-4°, Pontefract, 1810-1816; À new Family Bible andimproved version (avec des notes critiques et explicatives), 3 in-4°, Pontefract, 1818.

. 1. BOOZ (hébreu: Bô’az, «vif, gai;» Septante: Bo<5Ç), fils de Salmôn, delà tribu de Juda, Ruth, iv, 18-20; I Par., Il, 3-11. Il vivait du temps des Juges, Ruth, 1, 1, et au com4mencement de cette période historique, si Rahab, sa mère, Matth., i, 5, est bien, comme on n’en peut guère douter(voir Maldonat, In Matth., i, 5), la Rahab de Jos., ii, 3-21, qui reçut chez elle, à. Jéricho, les espions de Josuéet assura leur fuite. Quoiqu’il fut un des principaux habitantsde Bethléhem, et des i plus riches, il épousa unefemme pauvre et étrangère. Tout ce que l’Écriture nousapprend de lui a trait à la préparation et à la conclusionde ce mariage, dont l’histoire forme le sujet du livre deRuth. Ce récit, sorte de petit drame en trois actes, secompose de trois épisodes ayant chacun son théâtre distinct: le champ de Booz, Ruth, H; l’aire de Booz, m; «ne des portes de Bethléhem, iv, 1-13..

.’I. Le champ de Booz. — Dans cette première partie dulivre, Booz nous apparaît comme un homme d’une bontépleine de délicatesse, animé d’une grande piété. Ruth, II, 12. Un jour qu’il allait visiter ses moissonneurs, ilaperçut dans son champ une inconnue qui glanait; le

chef des ouvriers lui apprit que c’était «la Moabite [récemment] arrivée du pays de Moab avec Noémi». Ruth, H, 6. Cette Noémi était la veuve d’un Bethléhémite, Élimélech, contraint autrefois d’émigrer, en temps de famine, au pays de Moab avec sa femme et ses deux fils, Mahalonet Chélion. Élimélech étant mort dans ce pays, ainsi queses fils, qui s’y étaient mariés, Noémi revenait, aprèsdix ans d’absence, à Bethléhem avec Ruth, la veuvede Mahalon. Ruth n’avait pas voulu se séparer d’elle etavait quitté parents et patrie pour être sa consolation etson soutien. Ruth, i, 1-19. L’arrivée des deux femmesavait excité l’intérêt et la compassion des. habitants deBethléhem; leur histoire fut bientôt connue de tous, Ruth, i, 19-21, et de Booz comme des autres. Ruth, ii, 11. La loi de Moïse ordonnait d’abandonner aux pauvreset aux étrangers les épis échappés à la main des moissonneurs.Lev., xxiii, 22; Deut., xxiv, 19. Non content d’observercette loi en permettant à Ruth de continuer entoute liberté de glaner, Booz voulut qu’elle n’allât pasrecueillir des épis dans d’autres champs que le. sien, etqu’elle se tînt, pour être plus à l’aise, tout près desfemmes qui liaient les gerbes; il défendit expressémentqu’aucun des ouvriers ne la molestât, comme cela arrivaitquelquefois, Ruth, ii, 9, 22, alors même qu’elle vien<draitramasser les épis au milieu des gerbes, Ruth, ii, 15(hébreu), au lieu de se tenir à distance derrière eux. Illeur recommanda en outre de jeter à dessein des épis deleurs javelles, de telle sorte qu’elle pût les recueillir sansaucune honte, comme s’ils avaient été laissés sans intention.Ruth, ii, 16. Booz voulut encore que Ruth allât boire àdiscrétion de l’eau destinée aux moissonneurs, Ruth, ii, 9, et qu’elle mangeât ensuite avec eux; il lui servit lui-même, d’après l’hébreu, Ruth, ii, 14, du qâli, c’est-à-direnon de la bouillie, comme a traduit la Vulgate, mais plutôtdu blé grillé, dont Ruth put ainsi facilement emporterles restes pour Noémi. Ruth, ii, 14. Enfin il déclara à Ruthqu’il entendait continuer à la traiter de la même manièrejusqu’à la fin de la moisson de l’orge et du blé. Ruth, n, 21.

II. L’aire de Booz. — Après la moisson de l’orge etdu blé, et quand le dépiquage des gerbes eut commencé, Booz se mit’à faire vanner l’orge sur son aire. Nous letrouvons encore ici prenant son repas avec ses travailleurs; mais un trait nouveau, c’est qu’il couche ensuitesur son aire, peut-être pour garder le grain: cet usage, de même d’ailleurs que plusieurs autres qu’on trouvedans le livre de Ruth relativement aux travaux de la moisson, existe encore de nos jours dans tous les pays où lebattage des gerbes se fait sur des aires ouvertes, comme, par exemple, dans les régions méridionales de la France.Le repas mentionné ici paraît se rattacher à une sorte defête par laquelle on célébrait la fin des moissons. Boozen sortit plein de gaieté, Ruth, iii, 7; c’était une heureusedisposition, qui devait l’incliner plus que de coutumeencore à la bienveillance. La sage Noémi l’avaitprévu; par ses conseils, Ruth remarqua de loin l’endroitoù Booz alla s’étendre sur la terre ou sur la paille, poury prendre son repos, près d’un tas de gerbes; puis, à lanuit close, et quand elle jugea que Booz était endormi, elle se glissa jusqu’à lui et se coucha là, après lui avoirdécouvert les pieds, afin que la fraîcheur de la nuit leréveillât avant l’aurore. Voir F. de Hummelauer, Commentariusin Judices et Ruth, Paris, 1888, p. 388.

Booz, en effet, se réveilla au milieu de la nuit, et éprouvaquelque effroi à la vue de cette masse confuse gisant àses pieds; il se pencha en avant, Ruth, iii, 8 (hébreu), etreconnut que c’était une femme. «Qui êtes - vous?» luiditil." Et elle répondit: «Je suis Ruth, votre servante; étendez votre couverture (hébreu: votre aile) sur votreservante, parce que vous êtes mon proche parent,» enhébreu: «mon gô’êl,» c’est-à-dire mon protecteur, monvengeur. Ruth, iii, 9. La suite du récit montre que, parces paroles, Ruth voulait demander à Booz non seulement

de la protéger, mais aussi de l’épouser. Booz le lui promit, à la condition qu’un autre parent plus proche renonceraità elle. "Voir Lévirat. Il l’invita à rester là où elle s’étaitcouchée et à y dormir en paix jusqu’au matin. Il la congédiaensuite avant que le jour parût, en lui faisant emporterune abondante quantité d’orge et en lui recommandantde tâcher de n’être vue de personne, afind’éviter tout soupçon injurieux. Ruth, iii, 13-14.

III. La porte de Bethléhem. — Booz se trouva dès lematin à une des portes de Bethléhem, selon la promesseimplicitement renfermée dans ce qu’il avait dit à Ruth.C’est à la porte des villes que se rendait la justice et que setraitaient les affaires. Ceux qui passaient pour aller à leursoccupations ou les oisifs qu’on y trouvait à toute heureservaient de témoins et, au besoin, d’arbitres. Lorsquele plus proche parent de Ruth se présenta, soit par hasard, soit sur la sommation de Booz, celui-ci le pria de s’asseoirauprès de lui avec dix anciens de la ville, qu’ilinvita également à s’approcher et à s’asseoir, pour êtretémoins de ce qui allait se passer. Ruth, iv, 1-2; cf. Gen., XXIII, 10. Il dit alors à cet homme: «Noémi va vendrela portion de champ de notre frère Élimélech… Si tuveux l’avoir par ton droit de plus proche parent, achèteleet garde-le; si tu ne le veux pas, dis-le-moi, afin que jesache ce que j’ai à faire.» Ruth, iv, 3-4. Lé parent s’étantdéclaré prêt à prendre la terre, Booz lui fit observer qu’ildevait en même temps épouser Ruth; mais il refusa dedevenir acquéreur à cette condition; il ôta sa chaussure etla donna à Booz en témoignage de la cession de ses droits: c’était un antique usage observé en Israël dans ces sortesd’arrangements entre parents. Ruth, iv, 3-8.

Par le fait de cette reuonciation, Booz se trouvait investide tous les droits dévolus au plus proche parent; il prità témoin les assistants qu’il entrait en possession de toutce qui avait appartenu à Élimélech et à ses deux fils, Chélion et Mahalon, et qu’il agissait ainsi afin de conserverle nom du défunt dans Israël. Tous répondirent avecles anciens: «Nous en sommes témoins.» Ruth, iv, 9-11.Booz épousa donc Ruth et eut d’elle un fils qu’ils appelèrentObed, et qui fut le père ou l’ancêtre de Jessé ouIsaï, père de David. Ruth, IV, 13, 17.

Ce qui ressort le plus fortement de l’histoire de Booz, c’est son profond esprit de religion. La première parolequi sort de sa bouche dans ce récit est une parole de foi: «Le Seigneur soit avec vous!» C’est la salutation Dominusvobiscum, que l’Église a adoptée et qui revient sisouvent dans la liturgie. Dans la suite, son langage offretoujours le même accent de piété, sa foi lui montre partoutla main de la Providence, Ruth, ii, 12; iii, 10, 13, et c’est pour entrer dans l’esprit de la loi qu’il épouseRuth, iii, 12; iv, 10. Les vertus morales étaient chez Boozà la hauteur de la religion envers Dieu; sa chasteté, sonhonnêteté, sa prudence, éclatent dans son entretien avecRuth, iii, 10-12, et répondent à la bonne opinion queNoémi avait de lui. Ruth, iii, 4. Ce qui le touche dans laMoabite, ce n’est ni sa jeunesse ni sa grâce, mais sa vertuet sa piété envers Noémi et son mari défunt. Ruth, ii, 11; m, 10, 11. Enfin la bonté dont il fait preuve, les rapportsempreints de simplicité et de cordialité qu’il entretientavec ses serviteurs, tout contribue à nous représenter Boozcomme un type accompli de la vie patriarcale, selon l’idéela plus élevée que nous nous en faisons. E. Palis.

2. BOOZ (hébreu: bo’az), une des deux colonnes dutemple de Jérusalem. I (III) Reg., vii, 21. Voir Colonnes

DU TEMPLE.

    1. BORDES##

BORDES (Jacques de), né à Coutances de la famillede ce nom, fut capucin de la province de Normandie, oùil enseigna la théologie et se livra longtemps à la controverse.Il mourut en 1669, à l’âge de soixante-seize ans.Il avait donné au public, entre autres ouvrages: Intelligencedes révélations dé saint Jean, in-4°, Rouen, 1639.

Sur le titre du premier volume, le seul que nous ayonsrencontré, il est clairement annoncé que l’ouvrage auraquatre parties; renfermées chacune dans un tome, etcelui-ci est dit être la première. Les bibliographes prétendentque les parties suivantes ont paru au même lieu, en 1658, 1659 et 1660. — Sbaraglia, confondant le P. Jacquesde Bordes avec un capucin de Bordeaux auteur d’unegrammaire hébraïque, la lui attribue à tort. On attribueencore à ce Père un cours de sermons sur l’Apocalypseécrit en langue française, et imprimé en un volumein-folio, à Rouen, par le même libraire, en 1660. Il ne nousa pas été possible de vérifier l’exactitude de ce renseignement.P. Apollinaire.

BORÉE. Nom mythologique et poétique du vent dunord chez les Latins. Ce mot est employé une fois dansla Vulgate, Num., viii, 2, pour désigner le nord. «Donnezl’ordre, traduit saint Jérôme, que les lampes, étantposées du côté opposé au nord [dans le tabernacle], regardent en face la table des pains de proposition.» C’est une paraphrase du texte original, qui ne parle pasdu nord.

    1. BORGER Élie Anne##

BORGER Élie Anne, théologien hollandais, né àJoure, dans la Frise, en 1785, et mort à Leyde en 1820.Il termina ses études à l’université de Leyde et y devintprofesseur, d’abord d’herméneutique sacrée, puis dethéologie et de belles-lettres. Parmi un grand nombred’ouvrages, le plus remarquable de ceux qui regardentl’Écriture Sainte est intitulé: Jnterpretatio Episiolse Pauliad Galatas, in-8°, Leyde, 1807. E. Levesque.

    1. BORGIANUS##

BORGIANUS ( CODEX). Le collège de la Propagande, à Rome, possède une petite collection de manuscritsorientaux et grecs, et parmi ces manuscrits dix-septfeuillets d’un manuscrit bilingue, c’est à savoir copte etgrec, des Évangiles. Ces dix-sept feuillets l’ont partie dumanuscrit copte n° 65 de ladite collection. Ils contiennent: Luc, xxii, 20-xxiii, 20; Joa., vi, 28-67; vii, 6-vin, 31.Le texte parallèle copte manque pour Joa., vi, 59-67, etvm, 23-31. Les feuillets sont de format in-quarto, à deuxcolonnes par page. L’écriture grecque est onciale et trèsressemblante à l’écriture copte, ce qui permet de conjecturerque le grec a été copié par le copte. Le texte copteappartient au dialecte sahidique. On attribue ce manuscritau Ve siècle. Etienne Borgia, secrétaire de la Propagande, avait acquis ces fragments pour sa collection de Velletri; ils passèrent avecune partie de la collection au collège dela Propagande. Ils ont été publiés, du moins les fragmentsde saint Jean, par Giorgi, Fragmentum Evangelii sanctiJohannis grsecum copto-thébaicum szeculi iv, Rome, 1789.Plus récemment, ils furent étudiés par Zoëga, Cataloguscodicum copticorum gui in museo Borgiano Velitrisadservantur, Rome, 1810, p. 184. Tischendorf les collationnaintégralement en 1866. — Le même Tischendorfput joindre aux dix-sept feuillets ci-dessus mentionnésquelques autres fragments d’un évangéliaire gréco-copte(sahidique) du vu siècle, appartenante la même collection: Matth., xvi, 13-20; Marc, i, 3-8; xii, 35-37; Joa., xix, 23-27; xx, 30-31. — Le manuscrit du Ve siècle est désignédans l’appareil critique du Nouveau Testament grec parla lettre T», les fragments du vu» par la lettre T d. — Zoëga, planche iii, spécimen xii, a donné un médiocre fac-similéde l’écriture copte de ÎX Le manuscrit T* renfermequelques leçons d’une grande valeur, qui le font rangerpar MM. Westcott et Hort dans le groupe dès textes quel’on appelle «antésyriens». Outre les ouvrages cités plushaut de Giorgi et de Zoëga, voir C. R. Gregory, Prolegomena, p. 391-392, au Novum Testamentum grxce, edit.vm maj., de Tischendorf, Leipzig, 1884-1890.

P. Batiffol.

    1. BORITH##

BORITH, nom hébreu (bôrît, de barâr, qui signifié «purifier» à la forme pihel et hiphil) d’une plante nommée .

deux fois dans l’Ancien Testament, Jer., ii, 22 et Mal., m, 2. Dans le premier passage, la Vulgate, faute d’un mollatin correspondant, a conservé le nom hébreu; dans lesecond, elle traduit: herba fullonum, «herbe des foulons.» Les Septante, n’ayant pas non plus de mot proprepour rendre bôrit, se sont contentés du terme généra]iroca, «herbe,» en ajoutant seulement dans la version deMalachie le mot itXwovtwv, «herbe de ceux qui lavent,» S. Jérôme, dans son commentaire de Jérémie, ii, 22, t. xxiv, col. 693, dit: «Nous avons conservé le motborith tel qu’il est dans l’hébreu… [Il désigne] l’herbedes foulons qui croit, dans la province de Palestine, dans

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668. — Borne chaldéenne. Colonnes i et B.

les lieux verdoyants et humides, et a pour laver la mêmevertu que le nitre.» Quelques modernes ont voulu voirdans le bôrit un produit minéral, mais l’opinion des ancienstraducteurs paraît mieux fondée, la matière minéralequi servait à laver et à purifier s’appelait népér, «nitre;» le bôrit était une espèce de savon végétal. Ilest cependant possible que le terme hébreu désigne, nonla plante elle-même, mais ses cendres, dont on pouvaitfaire usage pour le lessivage du linge. On ne sait pas, d’ailleurs, d’une manière certaine, quelle est la planteainsi nommée. D’après les uns, c’est une espèce de saponaire, servant à laver et produisant, quand elle est frottéedans l’eau, une mousse savonneuse. D’après d’autres, c’est, soit la salsola Kali, soit la salicorne. Voir Salsolakali et Salicorne. Cf, ii, Tristram, Natural History of

the Bible, 1889, p. 480; Chr. B. Michælis, Epist. ad Fr*Hoffmannum de herba Borilh, in-4°, Halle, 1728.

F. Vigouroux.

BORNES. Chez les Hébreux, comme chez tous lespeuples sédentaires, on plaçait de grosses pierres à lalimite des propriétés, pour servir de points de repère etde bornes aux lignes de démarcation entre les héritages» On a retrouvé un certain nombre de bornes chaidéennes.Trois sont reproduites dans les Cuneiform Inscriptionsof Western Asia, t. iii, pi. 45; t. v, pi. 57.Cf. Proceedings of the Society of Biblical Archœology, novembre 1890, t. xiii, p. 55, 57. On y voit représentés

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569. — Borne chaldéenne. Colonnes in et rv.

des êtres divins chargés de protéger le champ et d’empêcherqu’on n’enlève la borne protectrice. Des imprécalionssontprononcées contre ceux qui commettraient ce crime.Le cabinet des Médailles à la Bibliothèque Nationale enpossède une, avec une longue inscription, connue sous lenomde Caillou Michaux (fig. 568 et 569). H est du temps, de Marduk-nadin-alji, dont on place le règne environ1100 avant J.-C. Un botaniste, François Michaux, voyageantpour ses études, le découvrit, en 1782, au-dessous, de Bagdad. Magasin encyclopédique, t. iii, 1800, p. 86.Les Hébreux trouvèrent aussi l’emploi des bornes deschamps chez les Égyptiens, pour qui les inondationspériodiques du Nil le rendaient indispensable. Commeces bornes étaient dans bien des cas les seuls témoinsauthentiques de la limite des propriétés, les lois positives.

1855

BORNES — BOSOR

1856

corroboraient la loi naturelle qui en prescrit le respect, Deut., xix, 14; xxvii, 17, et l’on estimait que Dieu lui-mêmeprenait parti pour le possesseur lésé dans ses droitspar un plus fort que lui. Prov., xv, 25. Mais parfois latentation de déplacer les bornes pour s’agrandir aux dépensdu voisin triomphait de toutes les lois, et la cupi-’dite se donnait satisfaction, non seulement chez les nomadesqui entouraient la Palestine, Job, xxiv, 2, maischez les Israélites eux-mêmes. Prov., xxii, 28; Os., v, 10.

Les païens faisaient de ces bornes des divinités, et leurrendaient un culte. C’étaient des personnifications d’Hermès, chez les Grecs; du dieu Terme, chez les Romains.Un verset des Proverbes, xxvi, 8, dans l’interprétationdes Talmudistes et dans la traduction de saint Jérôme, fait une allusion ironique à ces blocs de pierre élevés dansles champs ou au bord des chemins en l’honneur de Mercure, l’Hermès des Grecs. Le sens est tout autre dansl’hébreu et les plus anciennes versions. «Tel que celui quijette une pierre dans un tas dé cailloux (ou la lie dansune fronde) est celui qui rend honneur à un insensé.»

H. Lesêtre.

    1. BORNITIUS Jean-Ernest##

BORNITIUS Jean-Ernest, hébraïsant allemand, né àMetssen le 17 avril 1622, mort le 14 novembre 1646. Il alaissé plusieurs ouvrages sur les coutumes des Hébreux, parmi lesquels nous devons mentionner: De suppliciis capitalibusEbrœorum, in-4°, Wittenberg, 1643; DeSynedriomagno Ebrseorum, in-4°, Wittenberg, 1644; De cruce, rium Ebrseorum supplicium fuerit et qualisnam structuraejus oui Salvator mundi fuit affixus, «1-4°, Wittenberg, 1644. Il publia également à Wittenberg, en 1643, in-4°, De characterum judaicorum antiquitate, et De

prima Sethitarum cognominatione.

B. Heurtebize.

1. BOS (Jean Pierre du), bénédictin, né à Besancourt, au diocèse de Beauvais, en 1680, mort à Rouenle 23 mars 1755. Il étudia à Saint -Germer, à l’époque oùSimon Bonnet était prieur de ce monastère; puis ilentra dansla congrégation de Saint -Maur en 1696. Onl’envoya, à Rouen, où il apprit le grec et l’hébreu sousla direction de dom Pierre Guarin. Assidu au travail, il futassocié par ses supérieurs à Etienne Hideux, avec qui ilédita le Nécrologe de Port-Royal (Amsterdam [Rouen], 1723), le Traité historique et moral de l’abstinencede la viande, de Grégoire Berthelet, de la congrégationde Saint-Vanne (Rouen, 1731); les Préfaces de Mabillon(1732). Mais l’œuvre à laquelle ces deux travailleursconsacrèrent leur vie fut la continuation de la Bibliamaxima Patrum. Ils recueillirent l’amas prodigieux denotes laissé par Simon Bonnet, et en augmentèrent lenombre, de façon à former, à l’aide de textes des Pères, des auteurs ecclésiastiques et des conciles, un commentaireperpétuel sur toute l’Écriture Sainte, destiné àmettre en lumière les quatre sens du texte sacré. Enoutre, ils donnent les variantes de la Vulgate et des différentesversions, et expliquent le tout par de savantesnotes. Après que la mort lui eut enlevé son compagnond’étude, du Bos travailla seul, pendant douze années, àl’achèvement de l’œuvre. Il avait préparé l’impressiondes premiers tomes, quand la maladie l’arrêta à son tour.Il mourut laissant trois volumes prêts à être imprimés, et les matériaux des volumes suivants. Le manuscrit futenvoyé à Saint-Germain-des-Prés. On ignore ce qu’ilest devenu. La Biblia maxima Patrum ne figure pas, que nous sachions, dans l’Inventaire des manuscrits dufonds de Saint -Germain, non plus d’ailleurs que dansle Catalogue de la Bibliothèque de Rouen. — La Bibliamaxima Patrum des Bénédictins est toute différente desBiblia magna et Biblia maxima, publiées en 1643 et 1669par Jean de la Haye. J. Parisot.

2. BOS Lambert, philologue protestant hollandais, né àWorkum (Frise), le 23 novembre 1670, mort Ie6janvierl717.Il professa, en 1697, le grec à l’université de Franeker, et,

en 1704, obtint la chaire de littérature grecque. Citons de cetauteur, aussi érudit que consciencieux: ÀIATPIBAI, siveObservationes miscellaness ad loca qusedam cum NoviFœderis, tum exterorum scriptorum grsecorum. AcceditHor. Vitringse animadversionum ad Joa. Vorstii philologiamsacram spécimen, in-8°, Franeker, 1707. — VêtusTestamentum grsecum ex versione LXX interpretumsecundum exemplar Vaticanum Romm editurn, accuratissimedenuo editurn una cum scholiis, necnon fragnientisversionum Aquilæ, Symmachi et Theodotionis, in-4°, Franeker, 1709. — Exercitationes philologicse inquibus Novi Fœderis loca nonmilla ex auctoribus grsecisillustrantur, in-8°, Franeker, 1700. Une seconde édition, cum dissertatione de etytnologia grseca, a été publiéeen 1713, in-8°, Franeker. Jacques Breitinger, ayant publiéà Zurich (1730-1732) une édition des Septante, la fit précéderd’une préface empruntée à Lambert Bos, et d’Animadversionesad loca qusedam Octateuchi, du mêmeauteur. — Voir Walch, Bibliotheca theologica (1775), t. IV, p. 141, 280, 325, 828; W. Orme, Bibliotheca biblica, 1824,

p. 55.

B. Heurtebize.

    1. BOSÈS##

BOSÈS (hébreu: Basés, «brillant,» selon Gesenius, Thésaurus, p. 229; Septante: Baiéç), un des deux «rochersabrupts en forme de dents», qui se trouvaient «aumilieu des montées par lesquelles Jonathas s’efforçait depasser jusqu’au camp des Philistins». I Reg., xiv, 4. «L’un de ces rochers s’élevait du côté de l’aquilon, visà-visde Machmas» (aujourd’hui Moukhmas, au nord-estde Jérusalem), où étaient établis les ennemis; «et l’autre, du côté du sud, contre Gabaa» (actuellement Djéba’, ausud-ouest de Màchmas, où se tenait l’armée des Israélites.I Reg., xiv, 5. Bosès, nommé le premier, ꝟ. 4, doit représenter celui du nord; celui du sud s’appelaitSéné. Pour aller d’un camp à l’autre, Jonathas devaitfranchir Vouadi Soueinit, qui sépare les deux localités, et dont les rives «sont effectivement très profondes ettrès abruptes; dans quelques endroits même, notammentvers l’est, elles sont presque verticales. En outre, de l’un et de l’autre côté de cet oued, se dressent deuxcollines rocheuses, qui se répondent, l’une au nord, l’autre au sud, ce qui s’accorde très bien avec la descriptionde la Bible». V. Guérin, Judée, t. iii, p. 64. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. I, p. 441; t. iii, p. 289, mentionne également danscette vallée si profondément encaissée deux collines deforme conique, isolées par de petit* ouadis, l’une du côtéde Djéba’, l’autre du côté de Moukhmas; elles lui semblentbien répondre aux deux rochers dont nous parlons. Conder, Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1881, p. 252, identifie Bosès avec El-Hosn, masserocheuse qui se trouve sur le bord septentrional deVouadi Soueinit. Le même auteur, Tent Work in Palestine, in-8°, Londres, 1889, p. 256, cherche à expliquerl’étymologie hébraïque, «brillant,» par la couleur éclatantede cette roche sous les rayons du soleil, surtout enface des tons obscurs de la rive opposée. Voir la carte de

Benjamin.

A. Legendre.

BOSOR. Nom, dans la Vulgate. de trois villes situéesà l’est du Jourdain. Il est également employé plusieursfois en grec pour désigner, Bosra; ce qui fait de la distinctionde ces différentes villes un véritable problème.

1. BOSOR (hébreu: Bésér; Septante: Boadp), villede refuge, assignée aux Lévites, fils de Mérari, et appartenantà la tribu de Ruben; elle était située à l’orient duJourdain y «dans la solitude ou le désert (hébreu: bammidbâr; Septante: êv-ri) èpï)|i.û), dans la plaine» (hammUôr).Deut., iv, 43; Jos., xx, 8; xxi, 36; I Par., vi, 78.Les deux derniers passages ne font pas mention de «laplaine» ou miSôr; cependant les versions grecque etlatine, Jos., xxi, 36, révèlent la présence de ce détail

dans le texte primitif: tJ|v Bosôp h ty ÈpTituj», tï]v Mktu(Codex Alexandrinus: t^ Mt<r<ip); Bosor in salitudine, Misor et Jaser. C’est bien, croyons-nous, malgré l’opinioncontraire de certains auteurs, la ville de Moab dontparle Jérémie, xlviii, 24, sous le nom de Bosra (hébreu: Bosrâh; Septante: Bosôp). En effet, les autres cités quila précèdent dans le passage prophétique déterminentnettement sa position: Cariathaïm (hébreu: Qiryâtalm), aujourd’hui Qoureiyat; Bethgamul (hébreu: Bel Gâmûl), Djémaïl; Bethmaon (hébreu: Bêf Me’ôn), Ma’tra. VoirRuben (tribu et carte). Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 102, 232, la mentionnentbien «dans le désert, au delà du Jourdain, dans la tribude Ruben, à l’orient de Jéricho»; mais ils la croient àtort, comme nous le verrons, identique à «Bostra, métropolede l’Arabie». C’est cette Bésér ou Bosor, isa, que Mésa, roi de Moab, dans sa stèle, ligne 27, se vanted’avoir bâtie. Cf. Héron de Villefosse, Notice des monumentsprovenant de la Palestine et conservés au muséedu Louvre, Paris, 1879, p. 2, 4; F. Vigouroux, La Bibleet les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 62. Plusieurs auteurs lïdentitient avec Kesour el-Bescheir, site ruiné au sud-ouest de Dhibân (Dibon), dont la position répond bien aux données scripturaires.Cf. G. Armstrong, Wibon et Conder, Narnes and placesin the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 37.J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 160-162, assimile, comme Eusèbe et saint Jérôme, Bosra de Moab à Bosra du Hauran, l’ancienneBostra des Grecs et des Romains. Mais il est certain quecette ville, eût-elle existé à cette époque reculée, ce quin’est pas sûr, ne pouvait appartenir à la tribu de Ruben, dont la limite septentrionale ne dépassait guère la pointede la mer Morte. D’un autre côté, on ne voit nulle partque le pays de Moab se soit étendu jusque-là. Avec l’idéede trouver à Bostra un représentant parmi les cités bibliques, ce qui a fait illusion, c’est la présence dans cesparages de certains noms qui semblaient rappeler desvilles moabites, comme Cariathaïm et Bethgamul. Maisces villes se retrouvent parfaitement et bien plus exactementdans le territoire de Ruben, à l’orient de la merMorte. Voir Bethgamul. Nous ajouterons enfin une remarquetrès juste de M. "Waddington, Inscriptionsgrecques et latines de la Syrie, in-4°, Paris, 1870, p. 459: «Maintenant, si on considère la position des trois villesde refuge, désignées par Josué à l’est du Jourdain, onvoit qu’il y en avait une au midi, Bétzer (Bosor), dans latribu de Ruben; une plus au nord, Ramoth Galaad, dansla tribu de Gad, et enfin une tout à fait au nord des possessionsIsraélites, Golan (Gaulon), maintenant Djolân, dans la tribu de Manassé; et ces trois villes correspondentaux trois autres villes de refuge cis-jordaniques, situéesen face d’elles sur une ligne du sud au nord, à savoir: Hébron, dans le territoire de Juda; Sichem, dans celuid’Éphraïm, et Kadesch (Cédés), dans celui de Nephthali.Jos., xx, 7, 8.» — Bosor est également distincte de la villede même nom mentionnée I Mach., v, 26, 36. Voir Bosor2.

A. Legendre.

2. BOSOR (Boaâp; Codex Alexandrinus: Bo<j<j6p), ville forte, à l’est du Jourdain, dans le pays de Galaad, mentionnée avec Barasa, Alimes et d’autres, où étaientrenfermés des Juifs, qui, prisonniers ou retranchés dansleurs quartiers, réclamaient le secours de Judas Machabée.I Mach., v, 26, 36. Le même nom se trouve répététrois fois dans le même chapitre et dans le même récit.ꝟ. 26, 28, 36. Faut-il n’y reconnaître qu’une seule localitéou y voir des villes différentes? Il y, a lieu, croyons-nous, de distinguer ici deux cités de Bosor. Celle du ꝟ. 28, prise, saccagée et incendiée par Judas, ne peut être lamême que celle du ꝟ. 36, qui tomba quelques jours plustard au pouvoir du héros asmonéen. Cette dernière paraitidentique à celle du ꝟ. 26, et c’est elle qui fait l’objet decet article. Malgré les difficultés que présente la cam-DICT.DE LA BIBLE.

pagne de Judas Machabée, on peut placer cette ville deBosor à Bousr el"Hanri, à la pointe sud du Ledjah. Nousexpliquons plus loin la manière dont on peut comprendrela marche de l’expédition. Voir Bosor 3.

D’après Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 103, cette Bosorserait la même que la précédente ou Bésér, ville de refugeet lévitique. Deut., iv, 43; Jos., xx, 8; xxi, 36. Tel estaussi le sentiment de Mûhlau dans Riehm’s Handwôrterbuchdes biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 198. Nous ne saurions partager cet avis. La ville dontnous parlons se trouvait «en Galaad», I Mach., v, 25, et, bien que ce mot ait ici un sens assez étendu, il est certainque les cités qui accompagnent Bosor la portent tout à faitau nord: Barasa (Bécroops), peut-être l’ancienne Bostra, actuellement Bosra, au pied du Djebel Hauran; Alimes, Kefr el-Mâ, à l’est du lac de Tibériade, sur le sommetde collines qui dominent la rive droite du Nahr er-Rouqqâd, ou, suivant quelques auteurs, ’lima, dans laplaine du Hauran, entre Der’dt (Edraï), au sud-ouest, et Bousr el-Hariri au nord-est; Casphor ou Casbon, Khisfîn, à une faible distance au nord de Kefr el-Mà; Carnaïm, peut-être la même qu’Astaroth Carnaïm. D’unautre côté, nous ne voyons dans l’ensemble du récit sacréaucune raison qui nous force de placer cette ville à l’estdé la mer Morte, dans la tribu de Ruben.

A. Legendre.

3. BOSOR (Bocrôp), ville de Galaad, prise et détruitepar Judas Machabée. I Mach., v, 28. Elle est distincte decelle qui est mentionnée dans le même chapitre, ꝟ. 26, 36; l’auteur sacré ne pouvait signaler, ꝟ. 36, la prise d’uneville dont il venait dé raconter, "ꝟ. 28, le complet anéantissem*nt.Patrizzi, De consensu utriusque libri Machabseorum, in-4°, Rome, 1856, p. 276, l’identifie avec Bosorde Ruben. L’expression employée ici, sîç tt]v £pr)[iov, «dansle désert,» ne suffit pas pour justifier une opinion quele contexte est loin d’imposer. Nous la croyons plus volontiersidentique à Barasa, et nous préférons la reconnaîtredans la Bosra du Hauran, l’ancienne Bostra desGrecs et des Romains, il est dit, ꝟ. 28, que Judas «sedétourna de son chemin», àné<rrpE^ev ôSiv. On a justementfait remarquer qu’il ne s’agit pas là d’un «retouren arrière»; c’est cependant ce qu’eût fait le héros asmonéen, s’il était venu assiéger Bosor de Moab. Voici, eneffet, comment nous comprenons la marche de l’expéditionracontée I Mach., v, 24-36. Judas et Jonathas passentle Jourdain par le gué qui se trouve vis-à-vis de Jéricho.Se dirigeant vers le nord-est, à travers le pays de Galaad, où les Juifs sont bloqués, ils prennent la route qui conduitaujourd’hui à Es-Salt et à Djérasch. Au bout de troisjours, ils rencontrent les Nabathéens, et apprennent queleurs frères sont enfermés dans des villes qui formenttoute une ligne s’étendant de l’extrémité du Djebel Hauranau lac de Tibériade, Barasa (Bosra), Bosor (Bousrel-Hariri), Alimes (’lima ou Kefr el-Mâ), Casphor(Khisfîn), Mageth (inconnue) et Carnaïm (Astaroth-Carnaim).Au lieu de continuer leur marche directementvers le nord, ils «se détournent» vers l’est, et, surprenant Bosor ou Bos ra, l’assiègent, la pillent et labrûlent. Ils viennent ensuite à la forteresse de Dathéman, où l’armée de Timothée est battue; puis, après avoir renverséMaspha de fond en comble, ils s’avancent vers Casbon, Mageth, Bosor (Bousr el-Hariri; voir Bosor 2), et lesautres villes de Galaad, qu’ils soumettent à leur pouvoir.Assurément nous sommes ici dans les hypothèses, enraison de l’obscurité que présente l’identification de plusieursdes villes. Cependant cette route nous semble asseznaturelle pour exclure complètement Bosor de Ruben, séparée par une grande distance des cités mentionnées; et l’on se demande pour quel motif Judas se serait tantécarté de son chemin pour venir l’assiéger. Quoique l’antiquitéde Bosra soit contestée, son importance à cetteépoque n’a rien qui puisse éktnne^. Pour la description, voir Bosra 2. À; Legendre.

I.

61

    1. BOSPHORE##

BOSPHORE, nom de lieu qu’on ne rencontre qu’uneseule fois dans la Vulgate, Abd., y. 20, pour traduirel’hébreu bi-Sefârâd (Septante: ’EqppaOâ). L’identificationde Sefarad avec le Bosphore n’est pas exacte, maisles opinions des savants sur la véritable situation decette localité sont très diverses et incertaines. Voir Sépharad.

    1. BOSRA##

BOSRA, nom de tro’is villes situées à l’est de la merMorte et du Jourdain, et diversem*nt appelées dans letexte hébreu.

1. BOSRA (hébreu: Bosrâh; Septante: Bo<r<5ppa, Gen., xxxvi, 33; I Par., i, 44; Bexrôp, Is., xxxiv, 6; lxiii, 1; èv pi™ otùrijç, Jer., xlix, 13; ôxup<i(x.ata aù-ri]?, Jer., XLIX, 22;-reïxewv «iz^, Am., i, 12), ville de l’Idumée, patrie de Jobab, fils de Zara, un des premiers roisd’Édom. Gen., xxxvi, 33; I Par., i, 44. Gesenius, Thésaurus, p. 230, rattache Bosrâh à la racine bâsar, «retenir, rendre inaccessible;» d’où la double significationde bercail, parc à troupeaux, et de forteresse. C’estce qui explique la traduction des Septante, dans Jer., xlix, 22, ô^uprafia-ca aù-triç, «ses forteresses;» dansAm., i, 12, Tefyewv aÙTrj; ; e ses murs.» Dans Mich., Il, 12, où le texte hébreu porte Bosrâh, dont la significationest controversée, la Vulgate a mis ovile, «bercail;» les Septante, en traduisant par 6X(<|ii; , «affliction,» ont dû lire Besârâh, de même que l’expressionèv (j.éoû aOxîji; , «au milieu d’elle,» Jer., xlix, 13, supposela lecture na’wo, betôkâh, au lieu de mas, Bosrâh.

Isaïe, xxxiv, 6, cite Bosra avec «la terre d’Édom» comme une victime sacrifiée à Dieu. Dans un autre endroit, lxiii, 1, il nous montre le Messie revenant entriomphateur d’Édom et de Bosra, vêtu d’un habit éclatant, du manteau de pourpre des généraux, ou plutôt dumanteau rougi par son propre sang; l’Idumée représenteici les ennemis de Dieu et de son peuple, que le Christa vaincus par sa mort. Jérémie, xlix, 13, annonce d’avancela destruction de Bosra, et plus loin, xlix, 22, ilfait voir le vainqueur fondant sur elle avec la rapidité del’aigle, pendant que les forts de l’Idumée sont dans lesangoisses. L’accomplissem*nt de cette prophétie fut commencépar les Chaidéens, Mal., i, 3; mais l’anéantissem*ntcomplet d’Édom fut achevé par les Machabées etsurtout par les Romains, au temps de la guerre des Juifs.Amos, i, 12, prédit que le feu dévorera les édifices deBosra. Plusieurs modernes voient dans Michée, ii, 12, lenom de cette ville: «comme les brebis de Bosrâh,» villeabondante en troupeaux. Cf. Is., xxxiv, 6. Mais tous lesplus anciens interprètes, Septante, Vulgate, syriaque, chaldéen, Aquila et Symmaque, ont reconnu ici un nomcommun, ce qui est confirmé par le membre parallèle: «comme un troupeau au milieu des pâturages.» Il vautdonc mieux expliquer Bosrâh par l’étymologie septuni, «lieu gardé, fortifié.» Ct. J. Knabenbauer, Comment, in prophelas minores, 2 in-8°, Paris, 1886, t. i, p. 418.

Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 102, 232, mentionnent Bosra sous le nom de Bosor, Bofftip, «ville d’Ésaù, dans les montagnes d’Idumée, dontparle Isaïe;» ils la distinguent avec raison de Bosor dela tribu de Ruben. On la reconnaît généralement dansEl-Bouséiréh, S^-o^Jl (diminutif de Bosra), villagesitué dans le district montagneux qui s’étend au sud-estde la mer Morte, entre Toufiléh et Pétra. Cette localité, appelée Ipseyra et Bsaida par Irby et Mangles, a étévisitée par Burckhardt, qui la nomme Beszeyra. Ce n’estplus aujourd’hui qu’une pauvre bourgade de cinquantemaisons, avec un ancien château qui couronne une éminenceet où les habitants cachent leurs provisions autemps des invasions hostiles. Cf. Burckhardt, Travels inSyria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 407; Robinson, Biblical Besearchss in Palestine, Londres, 1856,

t. ii, p. 167. — Gesenius, Thésaurus, p. 231, l’identifieavec Bostra du Hauran, appelée par les Arabes c^oi j

Bosra. Cf. Aboulféda, Tabula Syrve, édit. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 99. Cette opinion est justement contestée: 1° Rien ne prouve que les Iduméens aient étendu si loinleurs possessions, par delà les régions de Moab et d’Ammon.— 2° Il n’est pas certain que Bostra remonte à unesi haute antiquité. — 3° Bostra est dans un pays de plaines, tandis que, d’après Jer., xlix, 13, 16, 22, Bosra appartenaità une région montagneuse. — 4° Bosra est presquetoujours mentionnée avec le pays d’Édom; ainsi Amos, i, 12, en parle conjointement avec la contrée de Thémanou du sud. — 5° Enfin Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticasacra, p. 102, 232, la distinguent nettement deBostra. — Elle né saurait par là même être confondueavec la suivante, ville lévitique de la demi-tribu de Manassé

oriental.

A. Legendre.

2. BOSRA (hébreu: Be^éSferâh; Septante: Bouopâ; Codex Alexandrinus: Bee6apa, probablement mis pourBseoOapôt, comme dans Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticasacra, Gœttingue, 1870, p. 104, 235, ou pour BEeaSepà, comme dans certaines éditions de la version grecque), ville de refuge donnée aux Lévites, fils de Gerson, dansla demi-tribu de Manassé oriental. Jos., xxi, 27. Dans laliste parallèle de I Par., vi (hébreu, 56), 71, on lit Astharoth(hébreu: ’AMàrôf; Septante: ’Au/ipwO; CodexAlexandrinus: P «(i<&8). Elle paraît donc identique àAstâroth, et, de fait, le mot Be’esterâh est considéré parplusieurs auteurs comme une forme contracte de Bê(’Esferâh, «maison d’Astarté,» de même que Bebetenet Begabar d’Eusèbe et de saint Jérôme sont mis pourBeth Béten et Bethgabar. Cf. Gesenius, Thesawus, p. 175; Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 147. Dans ce cas, il faudrait la placer, commeAstâroth, à Tell él-As’ari ou Tell’A’stara, suivant certainsauteurs. Cf. G. Armstrong, Wilson et Conder, Naines and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 18, 26. Voir Astâroth 2, col. 1174.

Plusieurs savants néanmoins, à la suite de Reland, Palseslina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 621, 662, veulent l’identifieravec Bosra du Hauran, la Bostra des Grecs et desRomains, ville dont les ruinés montrent l’importance àune certaine époque. J. G. Wetzstein, Reisébericht ûberHauran und die Trachonen, Berlin, 1860, p. 108-111, asurtout cherché à établir cette identité. Sous Trajan, cettecité aurait été bâtie de nouveau et appelée Nova Bostra, c’est-à-dire «Nouvelle Be’esterâh». Plus tard, dans labouche des Arabes, le nom de Bostra serait devenuBosra, contraction qui n’est pas rare et dont le savantvoyageur cite plusieurs exemples: ainsi pour Bêt Bummâna, village du Liban, on prononce et on écrit Berummâna; à l’est de Damas est une localité appelée BêtSaouâ, dont les habitants se nomment Besaouî et Besouâni.On ajoute à cela d’autres raisons: 1° Tell’Astarane semble guère un emplacement approprié à la capitalede Basan. — 2° Bien que la mention de Bostra ne remontepas à une haute antiquité, il est cependant vraisemblablequ’il y a toujours eu là une ville importante: la richesse du sol et l’abondance des sources ont dû yattirer de bonne heure des habitants, et il serait étrangeque cette place, si elle n’avait pas déjà existé, fût devenuetout d’un coup la métropole d’une province étendue, immédiatement après la conquête romaine; il est plus naturelde croire que les conquérants n’ont fait que l’agrandiret l’embellir. — 3° Le nom de Bostra s’explique bienmieux par Be’estera que par Bosrâh. — 4° Bostra, dontl’importance est attestée par le site et par les ruines, n’est ni Bosor de Ruben, ni Bosra d’Idumée; elle nepeut donc correspondre qu’à Be’éSferâh. Cf. Mûhlau, dansRiehm’s Handivôrterbuch des biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 115, au mot Astharoth Karnaim;

Patrizzi, De consensu utriusque libn Machabxorum, in-4°, Rome, 1856, p. 274.

Cette opinion est rejetée par d’autres auteurs. Ils invoquentd’abord l’autorité d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 86, 213, qui, plaçantAstaroth, antique ville d’Og, roi de Basan, à sixmilles d’Adra, A8paa (Édraï, aujourd’hui Der’ât), et Adraà vingt-cinq milles de Bostra, distinguent par là mêmeAstaroth de Bostra. Ils prétendent ensuite que Bosra, nom actuel de la ville, vient plutôt de Bosrah que deBe’ésterâh; le mot a été corrompu en Bostra par lesGrecs et les Romains. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 168. Les partisans de la première opinion répondentà cette seconde raison que le nom arabe de Bosra peutbien ne pas venir immédiatement de l’hébreu: dans la

nion que Bostra est la ville lévitique appelée Be’éStérâh... Ici, il n’y a pas de difficulté géographique; maismaintenant que l’inscription de Palmyre a établi clairementl’orthographe sémitique de Bostra, il y a une difficultéétymologique qu’il n’est pas facile de surmonter, car le changement de mrw73 (Be’ésterâh) en msc(Bosrâh) serait contraire à toutes les règles… En somme, je crois que Bostra était une ville relativement moderne, et qu’elle n’existait pas aux jours de la puissance d’Israël; elle est située au milieu d’une vaste plaine, dansun pays qui de tout temps a été parcouru par les nomades, tandis que presque toutes les anciennes villesmentionnées dans la Bible étaient placées sur des hauteurset dans des positions d’une défense facile, selonl’usage universel des époques primitives. r>

Vue de Bosra. D’après G. Rcy, Voyage dans le Baouran. Atlas, pl. xi.

dérivation de plusieurs noms de villes, il y a bien eu deschangements semblables; par exemple, Bethsan (hébreu: Bèt Se y ân) = Beisân. Ensuite les traducteurs grecs etlatins de la Bible ont rendu Be’ésterâh non par Beestra, mais par Bosra et Bouopa. — M. W. H. Waddington, Inscriptions grecques et latines de la Syrie, in-4°, Paris, 1870, p. 459, 460, combat ainsi l’identification dont nousparlons: «La forme sémitique du nom de la ville a étéconservée dans une inscription de Palmyre, dont j’ai vérifiéle texte sur le monument original ( Wood, Inscr.Paltnyr^, n° 5; Vogué, Inscr. Palmyr., n° 25); il y estquestion de la légion qui tenait garnison à Bostra, tnsa» T N3l» jb. La même orthographe se retrouve dansun passage du Talmud, cité par Reland, Palsestina, t. ii, p. 666, Rabbi Berachia Bostrenus, n’isna. La formearabe est la même; dans Aboulféda, on trouve yd{Bosra’) et J>yo* (Bosra); cette dernière est celle qu’on

emploie de nos jours en Syrie. Dans les inscriptionsgrecques, l’ethnique est Bourpriviic; mais j’ai rencontréune fois la forme Boerpr)v6ç (n° 2229), qui se rapprocheplus de l’orthographe sémitique… Reland a émis l’opiNous avons exposé, le problème. Sans vouloir le résoudre, il nous semble utile de donner ici une courtedescription de Bosra, à cause de l’importance de cetteville au milieu des contrées bibliques et des autorités quisoutiennent son identification avec Be’ésterâh d’un côté, avec Barasa, I Mach., v, 26, et Bosor, I JVTach., v, 28, de l’autre.

Bosra, vue de loin, présente un aspect imposant. Legrand château, les mosquées, les minarets, les vieuxremparts, les masses considérables de bâtiments, semblentannoncer une population active; mais de près l’illusionse dissipe. La plaine environnante est inculte, les muraillesécroulées, les mosquées sans toit, les maisons ruinées, et il faut chevaucher longtemps à travers des monceauxde décombres avant d’arriver jusqu’aux trente ouquarante familles qui forment la population actuelle deBosra. De ses anciens monuments, la ville garde encoreune enceinte rectangulaire avec quelques portes bienconservées au sud et à l’ouest. (Voir le plan, tig. 571.) Laporte occidentale, Bâb el-Haoua (A), est formée de deuxarcades superposées; le mur est orné de niches finementtaillées et surmontées d’un triangle. Au delà commence la grande rue, AB, qui traverse Bosra. À l’angle nord-ouests’étend le Merdj, grande dépression de terrain, longuede trois cents mètres environ sur cent quatre-vingts delarge, avec plusieurs sources d’eau potable et des arasem*ntsantiques. En avançant vers l’est, on reconnaît àdroite et à gauche la direction de quelques anciennesrues, qui se coupaient à peu près à angle droit avec larue principale. À l’entrée d’une de ces rues transversaless’élève un arc de triomphe bien conservé, formé
571. — Plan de Bosra.

de trois arches; l’un des piliers porte une inscriptionlatine. Un peu plus à l’est se trouvent des ruines dethermes. Au point d’intersection des deux rues principales,à gauche, s’élèvent quatre belles colonnes antiques(F), en pans coupés, hautes de quatorze mètresenviron et couronnées de chapiteaux corinthiens. Vis-à-vissont les restes d’un portique (G), deux colonnesdebout avec un fragment d’entablement et une portiondu mur du fond dans lequel sont entaillés trois rangs deniches superposées. Aune petite distance, au nord-est,se trouve l’ancienne cathédrale (E), aujourd’hui en ruines.Plus loin, tout à fait à l’angle nord-est de la ville, sevoient les ruines de la mosquée el-Mebrak (le chameau) (C). Une autre mosquée, celle d'Omar el-Ketab(D), s’élève à l’extrémité de la rue droite qui coupait laville du sud au nord; les colonnes sont remarquables.A l’angle nord-est s’élève un beau minaret carré, hautde cinquante mètres à peu près, et du haut duquel onjouit d’un beau coup d’œil sur l’ensemble des ruines etsur les environs de la ville. La vue embrasse au nordet à l’est la vaste plaine ondulée, En-Nouqrat el-Haourân,couverte au printemps de champs cultivés et s’étendantjusqu’au pied du Djebel Hauran, dont on distingueles pentes boisées. Au sud-est s’élève la colline de Salkhad.Au sud s’étend une région peu explorée. La rue quiva du nord au sud se prolonge dans la direction du château(J) semi-circulaire, comme le théâtre qui lui a servide noyau. L’enceinte, bien conservée, est entourée d’unfossé profond. Le théâtre (J) comprend six rangs de gradins,dont le plus bas est à deux mètres au-dessus dusol, et forme un immense hémicycle, que surmontait unecolonnade dorique. La scène, large de cinquante-quatremètres sur dix environ de profondeur, était bordée demurs ornés de deux étages de niches de différentes formes.A l’est du château est un grand birket regardé commeun des travaux les plus considérables de ce genre enOrient; l’un de ses côtés ne mesure pas moins de deuxcent seize mètres de long.

Bosra n’a pris rang dans l’histoire qu’à dater des Romains.Élevée, sous lerègne de Trajan, au rang demétropole de la nouvelle province d’Arabie, elle prit lenom de Nova Trajana Bostra, qu’on lit sur les médaillesde cette époque (106 avant J.-C), date d’une ère propre

à la ville, et qu’on trouve fréquemment employée Qansles inscriptions de la province. Ce fut surtout à partir durègne de Constantin le Grand que cette ville commençaà jouer un rôle historique important. Elle fut plus tardla résidence d’uu archevêque et la capitale d’une provinceecclésiastique. Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine,Paris, 1887, p. 526-531. Cf. J. L. Porter, Five yearsin Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 142-169; The GiantCities of Bashan, Londres, 1872, p. 64-73; E. G. Rey,


572. — Monnaie de Bosra.

AYK. SEII. SEOYHPON KAIS. I. AONAN SEB.Buste radié de Septime Sévère, accolé à celui de Douma, portantun croissant sur la tête. — êj. NEA. TPAIANH, et al’exergue BOSTPA. Le génie de la ville avec la tête tourelée;de la main droite, Il s’appuie sur la haste, et, de lagauche, il tient une corne’d’abondance. Le pied gauche estappuyé sur un lion couché; à droite et à gauche, deux divinitésassises; le tout dans un temple tétrastyle.

Voyage dans le Haourân, in-8°, Paris, 1860, p. 179-199;atlas in-f, pl. iv, x-xvii.

Il existe au nord de Banias un endroit appelé Qala’atBoustra, dans lequel on a voulu reconnaître Bosra; maisil est probable qu’il se trouvait en dehors des possessionsIsraélites. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 168.

A. Legendre.

3. BOSRA (hébreu: Bosrâh; Septante: Bouôp), villede Moab, mentionnée par Jérémie, xlviii, 24. C’est lamême que Bosor de la tribu de Ruben. Voir BOSOR 1.

BOSSU (hébreu: gibbên; Septante: xupTÔc; Vulgate:gibbus), un des défauts corporels qui excluaient de l’exercicedes fonctions sacerdotales dans la loi mosaïque. Lev.,xxi, 20.

BOSSUET Jacques Bénigne, né à Dijon le 27 septembre1627, mort à Paris le 12 avril 1704. Il fit ses étudeslittéraires au collège des Jésuites de sa ville natale, puisses études philosophiques et théologiques à Paris, aucollège de Navarre (1642-1652); il fut ordonné prêtre le16 mars, et reçu docteur en théologie le 9 avril 1652;nommé archidiacre de Sarrebourg en 1652, puis grandarchidiacre de Metz en 1654, il exerça le saint ministère,surtout celui de la prédication, à Metz et à Paris; en 1669,il fut nommé à l’évêché de Condom, auquel il renonçabientôt pour exercer la charge de précepteur du Dauphin( 1670 — 1681); en 1681, il reçut l’évêché de Meaux(1681-1704)..

Dans ses premières études bibliques, il joignit auxcours du collège de Navarre des travaux particuliers. IIconseillait plus tard aux débutants ce qu’il avait pratiquélui-même: faire du texte sacré une lecture rapide et suivie,en cherchant à prendre l’esprit de l’Écriture, en s’initiantà sa manière de parler, et en profitant de ce qui estclair, sans chercher à résoudre toutes les difficultés dedétail. Pour ce travail, Bossuet se servait de la Bible deValable (voir Vatable), très célèbre alors. Maldonat surles Évangiles et Estius sur saint Paul furent les seuls cornmentateursqu’il étudia dans sa jeunesse. (Cf. Bossuet,Écrit composé pour le cardinal de Bouillon.) À Metz, illut beaucoup les Pères, qui étaient pour lui les meilleursinterprètes des Livres Saints; ses maîtres préférés furentTertullien, saint Cyprien, saint Grégoire, pape, et sur’

tout saint Augustin et saint Jean Chrysostome. D’amplescahiers de notés lui servaient à garder les textes de l’Écritureet les paraphrases des Pères les plus utiles pour laprédication. (Cf. M. l’abbé Lebarq, Histoire critique dela prédication de Bossuet, in-8°, Paris, 1888.) Durant lesannées qu’il passa à la cour comme précepteur du Dauphin, il groupa autour de lui de nombreux et savants amis, aveclesquels il consacrait une partie de ses loisirs à l’étude del’Écriture. C’est ce qu’on nomma le petit concile. L’abbéClaude Fleury, qui en était secrétaire, écrivait les notesrédigées en commun sur les marges de la Bible de Vitré(édit. in-f «, 1662); on voit par ce volume, conservé jusqu’ànous, que le concile commenta presque tout l’AncienTestament. C’est peut-être pendant ces années de préceptorat, peut-être seulement à Meaux, que Bossuet étudial’hébreu, qu’il n’avait pas appris au collège de Navarre: au reste, il’n’acquit jamais une connaissance approfondiede cette langue. L’évêque de Meaux continuade se pénétrer de l’Écriture jusqu’à son dernier jour; lesouvrages qu’il composa vers la fin de sa vie le forcèrentde recourir plus qu’il n’avait fait jusque-là aux longs commentaires; mais il ne cessa de s’attacher au texte sacrélui-même, le relisant fréquemment et couvrant de notesmarginales les exemplaires dont il se servait.

Les écrits exégétiques de Bossuet sont, en suivantl’ordre des dates: 1° L’Apocalypse avec une explication, in-8°, Paris, 1689. Dans le même volume, p. 386 et suiv., se trouve l’Avertissem*nt aux protestans sur le prétenduaccomplissem*nt des prophéties. Au même commentairese rapporte l’ouvrage latin De excidio Babylonis apudsanctum Joannem demonstrationes, composé en 1701, contre Samuel "Werenfels et Jacques Iselin, de Bâle, etpublié seulement en 1772. — 2° Liber Psalmorum, additisCanticis, cum notis, in-8°, Lyon, 1691. — 3° LibriSalomonis: Proverbia, Ecclesiastes, Canticum canticorum, Sapientia, Ecclesiasticus, cum notis… AccesseruntSupplenda in Psalmos, in-8°, Paris, 1693. — 4° Explicationde la prophétie d’Isaïe, sur l’enfantement de lasainte Vierge, Is., c. vij, v. 14, et du pseaume xxi. Surla passion et le délaissem*nt de Nostre Seigneur, in-12, Paris, 1704.

Bossuet donne de l’Apocalypse l’interprétation historique, qu’il regarde comme la vraie, et réfute par làmême les systèmes protestants sur le pape - antéchrist.Selon lui, l’Apocalypse nous découvre le jugement deDieu sur les ennemis de l’Église naissante: les Juifs(ch. rv-vm inclus.), les hérétiques (ch. IX, ꝟ. 1-12), etsurtout Rome païenne (ch. ix, 12-xix inclus.). Le chap. xxse rapporte directement aux derniers temps du monde, qui sont de plus annoncés symboliquement dans le corpsde la prophétie: par exemple, . la persécution romaineligure celle de l’antéchrist. Mais Bossuet se refuse à fairela moindre hypothèse sur la manière dont les choses sepasseront dans cet avenir lointain. L’Explication del’Apocalypse est considérée comme un ouvrage exégétiqued’un haute valeur; un très grand nombre des interprètescatholiques venus après Bossuet acceptent en grandepartie ses idées, spécialement sur la prédiction de la chutede Rome.

L’édition des Psaumes et celle des Livres sapientiauxsont le fruit des travaux du petit concile. Bossuet se proposaitde revoir toutes les notes prises en commun, deles compléter, et d’offrir ainsi au public sous cette formedes commentaires d’une «juste et suffisante brièveté» (cf. lettre à Nicole, du 17 août 1693) sur tous les livresde l’Écriture. Ce projet ne fut mis à exécution que pourles deux volumes indiqués plus haut. La Dissertatio dePsalmis est un résumé remarquable des notions les plusutiles à celui qui entreprend l’étude des Psaumes. Letexte des Psaumes est publié d’après la Vulgate et d’aprèsla version de saint Jérôme sur l’hébreu. Le grand méritedu commentaire est de bien éclairer le sens littéral enmontrant la pensée principale et l’unité de chaque cantique. Dans les Livres sapientiaux, Bossuet met en regardde la Vulgate: pour l’Ecclésiaste, la version de saint Jérôme, tirée de son commentaire ad Paulam; pour l’Ecclésiastique, la version de Flaminius Nobilius, publiéeavec l’autorisation de Sixte V. Les notes sont du mêmegenre que celles des Psaumes et éclairassent la plupartdes endroits difficiles. L’explication du Cantique des can^, tiques est plus développée. Tandis que la plupart des exégètescatholiques voient dans le divin poème une pureallégorie, Bossuet, adoptant un sentiment assez rare, etqui n’a pas prévalu, l’explique littéralement de l’unionde Salomon avec la fille du roi d’Egypte; au sens figuratif, sur lequel il insiste, il y montre l’union de Jésus-Christavec l’Église et avec l’âme fidèle. Il divise l’actionen sept journées, suivant l’usage hébreu de célébrer durantsept jours les fêtes du mariage. On trouve dansce commentaire beaucoup d’art et de délicatesse dansl’exposition, beaucoup de science et de piété dans l’interprétationmystique.

Outre ces commentaires proprement dits, tous les autresouvrages de Bossuet sont profondément pénétrés par lespensées et même par le style, les tours et les expressionsdes Livres Saints. «Le fond de tout, disait-il lui-même, c’est de savoir très bien les Écritures de l’Ancien et duNouveau Testament.» (Ecrit composé pour le cardinalde Bouillon.) La Bible fait, en effet, le fond de tous sesécrits. Dans les Sermons, les citations ne sont pas choisiesau hasard et jetées çà et là comme des ornementsrapportés; c’est vraiment des Évangiles, de saint Paul etdes Prophètes, que l’orateur a tiré sa doctrine et sa morale; les textes qu’il met en œuvre lui servent de preuvessolides, parce qu’ils sont employés la plupart du tempsdans leur sens littéral, et commentés d’après la traditioncatholique. C’est des Livres Saints qu’est prise l’idée duDiscours sur l’histoire universelle (1681), où l’orateurrésume les annales du monde en Jésus-Christ attenduet Jésus-Christ donné, et montre la suite et la permanencede la vraie religion au milieu des révolutions desempires. Dans le remarquable, ouvrage intitulé Politiquetirée des propres paroles de l’Ecriture Sainte(composé en grande partie pendant le préceptorat, continuéde 1701 à 1703, publié en 1709), Bossuet exposela nature, les caractères, les devoirs et les <c secours» (armes, finances, conseils) de la royauté, en appuyanttoutes ses propositions sur des textes et des exemplespris de la Bible. Il faut noter cependant que ces preuves, comme les thèses elles-mêmes, sont choisies avec unecertaine liberté; sur quelques points on pourrait trouver, et plusieurs auteurs catholiques ont, en effet, trouvédans la Bible des arguments pour soutenir des théoriesun peu différentes de celles de Bossuet; celui-ci a vouluseulement faire une Politique en rapport avec l’état dela France sous Louis XIV, et il a cherché dans l’Écritureles passages qui convenaient à son dessein. VoirMenochius. Les Méditations sur l’Évangile et les Élévationssur les mystères Récrites dans les années 1692et suivantes, publiées, les Elévations en 1727, et les Méditationsen 1731) renferment d’éloquents commentairessur plusieurs passages de l’Ancien et du Nouveau Testament, en particulier sur l’institution de l’Eucharistie etle discours après la Cène. La Défense de la traditionet des saints Pères (commencée en 1693, publiée en 1753, et plus complètement en 1862) et les deux Instructionssur la version du Nouveau Testament publiée à Trévoux(1702 et 1703) se rapportent à la polémique deBossuet contre Richard Simon. L’évêque de Meaux s’élevaità bon droit contre un critique téméraire: parfoiscependant il s’en prit un peu trop vivement à la critiqueelle-même, et il n’eut pas raison sur tous les points dedétail. Il faut signaler encore, parmi les opuscules deBossuet, le Traité de la concupiscence (écrit en 1694, publié en 1731), ou explication de ces paroles de saint Jean: Omne quod est in mundo concupiscentia carnis est, et

concupiscentia oculorum, et superbia vitm. (I Joa., Il, 16.)

— Voir l’abbé Le Dieu, Mémoires et Journal; Paris, 1856-1857, passim; le cardinal de Bausset, Histoirede Bossuet, en particulier 1. y, §§ 2 et 3; 1. x, § 1; 1. xiii, § 15; ’Amable Floquet, Études sur la vie de Bossuet, Paris, 1855, surtout Bossuet précepteur du Dauphin, Paris, 1864, IIe partie, ch. ix; A. Réaume, Histoirede Bossuet et de ses œuvres, Paris, 1869-4870, passim; G. Gietmann, S. J., Commentarius in Ecclesiastenet Canticum canticorum, Paris, 1890, p. 370-376; J. Lebarq, Histoire critique de la prédication de Bossuet, Lille et Paris, 1888; R. de la Broise, S. i., Bossuetet la Bible, Paris, 1891. R. de la Broise.

    1. BOST Jean Augustin##

BOST Jean Augustin, théologien protestant, né àGenève le 3 juillet 1815, mort dans cette ville le 20 juillet1890. Il fit ses études à Kornthal, près de Stuttgart, puis à Genève. En 1842, il remplit les fonctions de pasteursuffragant à Amiens et devint pasteur, en 1843, àTempleux-le-Guérard (Somme); en 1849, à Reims, et, en 1852, à Sedan. Il retourna à Genève en 1860. En 1870, il fit en Orient un voyage qu’il a raconté dans ses Souvenirsd’Orient, Damas, Jérusalem et le Caire, in-8°, Paris, 1875. Parmi ses nombreuses publications, les suivantesse rapportent aux Écritures: Voyage des enfantsd’Israël dans le désert et leur établissem*nt dans laTerre Promise, traduit librement de l’anglais, in-12, Paris, 1838; Histoire des juges d’Israël, in-12, Paris, 1841; Dictionnaire de la Bible, 2 in-8° Paris, 1849; 2e édit., 1 in-8°, Paris, 1865 (l’auteur «s’est borné, engénéral, dit-il, au rôle de compilateur», résumant Calmet, Winer, etc.); Manuel de la Bible s Introduction àl’Ecriture Sainte, traduit de l’anglais de J. Angus(avec Em. Rochedieu), in-8°, Toulouse, 1857; L’époquedes Machabées, histoire du peuple juif depuis le retourde l’exil jusqu’à la destruction de Jérusalem, in-12, Strasbourg, 1862.

    1. BOSWELLIE##

BOSWELLIE, arbuste qui produit l’encens. Voir

Encens.

BOTANIQUE SACRÉE. La Botanique, du grecpoTcivr), «herbe, plante,» est la science qui traite desvégétaux. C’est dans la Bible qu’on trouve comme la premièreébauche d’une classification populaire des plantes.Dans la Genèse, i, 11, 12, Moïse, en faisant le récit dela création, divise les végétaux en trois catégories. 1° DéSé, «gazon.» Ce serait, selon certains interprètes, dontl’opinion doit être rejetée, ce que nous appelons aujourd’huicryptogames ou plantes qui n’ont jamais de fleurset qui ne produisent pas de graines: telles sont les Fougères, les Mousses, etc. Ces plantes forment ordinairementde très petit* corps, à peine visibles, nommésspores. Les spores peuvent germer et produire de nouvellesplantes. Ce furent les premiers végétaux qui apparurentà la surface du globe, et dont on trouve dans leshouillères de remarquables spécimens. — 2°’Êèéb, «plantes herbacées,» par opposition à déSé, puisque cesvégétaux «sèment leur sem*nce». Gen., i, 11, 12. Cettecatégorie, d’après les mêmes interprètes, contiendrait ceque les botanistes appellent aujourd’hui «plantes phanérogames», c’est-à-dire pourvues de fleurs et se reproduisantde graines, comme les Crucifères, les Légumineuses, les Graminées, etc. — 3°’Es péri, «arbres fruitiers,» catégorie rentrant également dans nos phanéro-games, mais qui, dans l’idée de Moïse, s’applique plusspécialement aux arbres et arbustes portant des fruits, queDieu, Gen., i, 29, assigne comme nourriture à l’homme: tels que les Aurantiacées, Pomacées, Palmiers, etc. — Cesdeux dernières catégories n’ont évidemment aucune prétentionscientifique, car elles rentrent l’une dans l’autre.Mais il convient de faire remarquer que jusqu’à la fin dumoyen âge elles furent seules adoptées.

Selon le plus grand nombre des interprètes, la divisiondes végétaux en trois catégories n’a pas de caractèrescientifique proprement dit; elle est simplement populaire.En s’en tenant au sens précis du mot déSé, d’aprèsles passages parallèles, c’est le tendre gazon, composéd’herbes courtes et menues, qui paraissent naître de laterre sans sem*nce, parce que les graines sont si peuapparentes, qu’elles ne comptent pas aux yeux du vulgaire.D’ailleurs ce n’est pas une plante en particulier; maisc’est un collectif désignant un ensemble de petites plantescomme notre mot «gazon». Deut., xxxii, 2; II Reg., xix, 26; IV Reg., xxiii, 4; Is., lxvi, 14. Quand il grandit, il devientle #d ?ir. -Prov., xxvil, 25. Le’êèéb, au contraire, est une herbe plus forte, qui a ordinairement une petitetige, mais herbacée, et une sem*nce plus apparente. Cesont surtout les céréales, les légumes, les herbes qui serventà la nourriture de l’homme et sont l’objet de sa culture.Gen., i, 29, 30. Enfin le’es est un collectif comprenantles arbres et les arbustes dont la tige a plus de consistanceet est déjà ligneuse.

La Bible ne mentionne guère qu’environ cent trenteplantes; mais il est certain que les Hébreux en connaissaientdavantage. Salomon «disserta depuis l’hysope quipousse aux flancs des murailles jusqu’au cèdre qui croîtsur le Liban»; il dut en nommer un assez grand nombredans les ouvrages qu’il a écrit; mais ils ne sont pas parvenusjusqu’à nous. Dioscoride citait sept cents espècesde plantes; Linné, Species plantarum, édit. Willdeno w, in-8°, Berlin, 1799, en nomme huit mille; Steudel, Nomenclatorbotanicus, in-4°, 2e édit., Stuttgart, 1842, quatre-vingtmille; A. P. de Candolle, Prodromus regni vegetabilis, 16 in-8°, Paris, 1824-1870, environ cent vingt mille.

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M. Gandoger.

BOTTENS Fulgence, frère mineur, probablementbelge, est uniquement connu par la trouvaille que fitJean de Saint-Antoine, dans la bibliothèque des religieuxdu tiers ordre de Saint-François, à Séville, d’une sorted’introduction à l’étude des Saints Livres par cet auteur, Œconomia sacres Sapientias increatas, sive Dei cum hominibuscommercium mediante Scriptura Sacra, in-8°,

Bruges, 1687.

P. Apollinaire.

BÔTTCHER Jules Frédéric, théologien protestantallemand, né à Dresde le 25 octobre 1801, et mort en 1863.Sans parler de quelques travaux sur la grammaire hébraïque, on a de lui: Proben alttestamentlicher Schrifterklàrungnach wissenschaftlicher Sprachforschung, avec deux plans du temple de Jérusalem d’après la visiond’Ézéchiel, in-8°, Leipzig, 1833; De inferis rebusquepostmortem futuris ex Hebrxorum et Grsecorum opinionibuslibri ii, in-8°, Dresde, 1846; Exegetisch-kritischeAehrenlese zum Alten Testament, in-8°, Dresde, 1846; Neue exegetisch-kritische Aehrenlese zum Alten Testament,

3 in-8°, Leipzig, 1863-1865.

E. Levesque.

BÔTTICHER, orientaliste allemand, plus connu sousle nom de Lagarde. Voir Lagarde.


1. BOUC (hébreu: iâ’ir, Gen., xxxvii, 31; Lev., iv, 23; lx, 3, 15; x, 16; xvii, 7; II Par., xi, 15; sâfîr, Dan., ’vni, 5, 21; Esdr., vi, 17; ’atfûd, Gen., xxxi, 10, 12; Jer., l, 8; Is., xiv, 9; Zach., x, 3; tayyi$, Gen., xxx, 35; xxxii, 15; Piov., xxx, 31; Septante: Tpâyoç, x’l* a P «> Vulgate: caper, hircus). Le bouc, qui est le mâle de la chèvre, appartient à l’ordre des ruminants et au genre chèvre(fig. 573). Il est remarquable par sa longue barbe et par


573. — Le bouc.

l’odeur désagréable qu’il répand. Sa peau, encore employéeen Orient et aussi dans le midi de l’Europe àfaire des outres pour enfermer le viii, servait autrefoisà des usages analogues, et aussi à la confection de grossiersvêtements. Hebr., xi, 37. Voir Chèvre. Les boucsfaisaient naturellement partie, en Palestine comme en


574. — Troupeau de boucs et de chèvres. Tombeau des pyramides de Ghizéh. IV» dynastie.D’après Lepsius, Denkmäler, Abth. ii, pl. 9.

Égypte (fig. 574), des nombreux troupeaux de chèvresque possédaient les grands pasteurs hébreux. C’est dansle sang d’un bouc que les fils de Jacob trempent la robede Joseph. Gen., xxxvii, 31. Jacob lui-même avait offertvingt boucs et deux cents chèvres à son frère Ésaû, Gen., xxxii, 14, et plus tard les Arabes payèrent à Josaphat untribut de sept mille sept cents boucs, II Par., xvii, 11, nombre qui comprend probablement à la fois les mâleset les femelles. On offrait des boucs en sacrifice pour lepéché du prince, Lev., IV, 23, pour le péché du peuple, Lev., ix, 3, 15; xvi, 15; Esdr., vi, 17, et dans beaucoupd’autres occasions. Ps. lxv, 15; Hebr., ix, 12, 13, 19.

Comme c’est le bouc qui" conduit le troupeau deschèvres, Prov., xxx, 31 (Septante); Jer., l, 8, les écrivainssacrés se servent de son nom pour désigner lesprinces, Is., xiv, 9; Zach., x, 3, les puissants et les riches, Ezech., xxxiv, 17; xxxix, 18. Daniel, viii, 5, 21, appelle

de ce nom le roi des Grecs. Au désert, Moïse dut prohibersévèrement le culte que des Hébreux rendaient au ie’irîtn, c’est-à-dire d’après l’interprétation de plusieurs savantsmodernes, à des boucs idolâtriques, Lev., xvii, 7. (LaVulgate traduit il démons» au lieu de boucs.) Jéroboamrenouvela ces représentations grossières pour les faireadorer. II Par., xi, 15. Isaïe range les se’irîm parmi lesbêtes sauvages qui hantent le désert, xiii, 21; xxxiv, 14.Les traducteurs grecs ont vu là des esprits mauvais, Sair(iôvia, analogues aux divinités malfaisantes des païens.Saint Jérôme a traduit plus exactement le mot hébreupar pilosi, «bêtes à poils.»

Dans lo Nouveau Testament, en décrivant la scène dujugement dernier, Notre-Seigneur dit du souverain Juge: «Il séparera les uns d’avec les autres [les justes des pécheurs], de même que le pasteur sépare les brebis d’avecles boucs; il mettra les brebis à sa droite et les boucs àsa gauche.» Matth., xxv, 32, 33. Le texte original et laVulgate parlent ici de chevreaux (èptçia, kœdi); maisleur nom est mis pour celui de boucs. Ces boucs sont reléguésà gauche, c’est-à-dire à la mauvaise place, cellequi présage la damnation. Ils représentent les méchants, à raison de leur stérilité, de leur impureté et de leur répugnanteodeur. Cf. Knabenbauer, Comment, in Evang.sec. Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 379. La scène décritedans ce verset est rappelée par une strophe du Dies irm.: «Rangemoi parmi les brebis, et mets-moi à l’écart des. boucs, en m’assignant une place à droite.» Les anciensmonuments chrétiens la reproduisent plusieurs fois.

H. Lesêtre.

2. BOUC ÉMISSAIRE (hébreu: ’àzâ’zêl,; Septante: àiïoiïopwraîoç; Vulgate; caper emissarius). C’est un bouc(êâ’ir) dont il n’est parlé que dans le xvp chapitre duLévitique, à propos de la fête de l’Expiation.

I. Le rite du bouc émissaire. — Le jour de la fête del’Expiation, le grand prêtre présente deux boucs devantle tabernacle. «Àaron jette le sort sur les deux boucs, un sort pour Jéhovah et un sort pour’àzâ’zêl.» Lev., xvi, 8. «Le bouc sur lequel le sort est tombé pour’àzâ’zêlest présenté devant Jéhovah comme victime expiatoire, pourqu’on l’envoie en’àzâ’zêl dans le désert.» ꝟ. 10.Avec le sang du bouc immolé, le grand prêtre aspergel’autel et le tabernacle. Ensuite «il offre le bouc vivant, et, mettant les deux mains sur sa tête, il confesse toutesles iniquités des enfants d’Israël, toutes leurs transgressionset tous leurs péchés; il les place sur la tête du boucet l’envoie dans le désert par un homme désigné pourcela. Le bouc emporte sur lui toutes leurs iniquités dansla terre déserte. C’est ainsi qu’on envoie le bouc dans ledésert.» yꝟ. 21, 22. Enfin «celui qui a conduit le boucen’àzâ’zêl doit laver dans l’eau ses vêtements et soncorps, avant de rentrer dans le camp». ꝟ. 26. La SainteÉcriture ne parle plus ensuite nulle part du bouc émissaire.Il n’y a pas lieu de s’en étonner. Elle garde le mêmesilence sur beaucoup d’autres prescriptions du rituel mosaïque, qui cependant n’ont jamais cessé d’être fidèlementobservées.

Dans la Mischna, la cinquième section de la secondepartie traite du jour annuel de l’Expiation, sous le titre del’orna, «Jour. «Voici, d’après ce recueil, comment lesJuifs célébraient à Jérusalem le rite du bouc émissaire.Les deux boucs, amenés dans la cour des prêtres, étaientprésentés au grand prêtre au côté septentrional de l’auteldes holocaustes, et placés l’un à droite, l’autre à gauchedu pontife. On mettait dans une urne deux jetons de bois, d’argent ou d’or, toujours d’or sous le second temple. Surl’un des jetons était écrit: «pour Jéhovah;» sur l’autre: «pour’Azâ’zêl.» On agitait l’urne, le grand prêtre yplongeait les deux mains à la fois et retirait un jeton dechaque main. Le jeton de la main droite indiquait le sortdu bouc de droite; l’autre jeton, le sort du bouc de gauche.La cérémonie se continuait ensuite conformément auxprescriptions du Lévitique. Quand tout était terminé dans

le temple, des prêtres et des laïques accompagnaient leconducteur du bouc sur le chemin du désert. Ce cheminavait une longueur de douze milles romains, soit environdix-huit kilomètres. Il était divisé en dix sections, terminéeschacune par une tente dans laquelle avaient étéapportés au préalable de l’eau et des aliments pour ceuxqui conduisaient le bouc. Le chemin aboutissait à unaffreux précipice, hérissé de rochers. On y précipitait lebouc émissaire, dont les membres étaient mis en piècespar les aspérités des rochers. Cependant le peuple restédans le temple attendait avec inquiétude la_ nouvelle dece qui se passait au désert. Des signaux, élevés de distanceen distance, transmettaient cette nouvelle avec unegrande promptitude. Les rabbins ajoutent qu’à cet instantle ruban écarlate, qu’on avait suspendu à la porte dutemple, devenait blanc. Is., i, 18. C’était le signe queDieu avait agréé le sacrifice et remis les péchés de sonpeuple. Cf. Hergenroether, Kirchenlexiam, 1882, t. i, col. 1774.

IL Signification symbolique du rite du bouc émissaire.— Le bouc émissaire ne doit pas être isolé du boucimmolé par le grand prêtre, si l’on veut saisir le sens dusymbole. Le premier bouc était sacrifié «pour le péchédu peuple», et par l’aspersion de son sang, le sanctuaireet le tabernacle se trouvaient purifiés de toutes les iniquitésd’Israël, fꝟ. 15, 16. Ensuite, par l’imposition desmains, le grand prêtre chargeait le bouc émissaire detoutes les fautes de la nation, et l’envoyait dans le désert.Dans les deux cas, il s’agit donc toujours des péchés d’Israël.Avec l’immolation du premier bouc, ils sont expiés; avec le bannissem*nt du second, ils sont éloignés pourne plus revenir. C’est la double idée qu’exprime David, quand il dit: «Heureux celui dont le crime est enlevé, dont le péché est couvert.» Ps. xxxi (hébreu, xxxii), 1.Le bouc immolé marque que le péché est couvert, qu’ildisparait aux yeux de Dieu; le bouc émissaire indiquequ’il est enlevé, emporté sans retour. Le symbole estdonc double, bien que la chose signifiée soit unique. Maiscette dualité du symbole a sa raison d’être au grand jourde l’Expiation. Les autres jours, l’immolation de la victimesignifiait à elle seule que le péché était pardonné; à la grande fête annuelle, Dieu tenait à donner un doublegage de son pardon. Il voulait que son peuple compritbien que «l’impiété de l’impie ne peut lui nuire, du jouroù il se détourne de son impiété», Ezech., xxxiii, 12, etqu’ «autant l’orient est loin de l’occident, autant il éloignede nous nos fautes». Ps. cm (cil), 12. Le second symbolevenait donc confirmer le sens du premier. Il montraitque non seulement Dieu pardonnait, mais encore qu’il netiendrait plus jamais compte des péchés pardonnes etsymboliquement emportés par le bouc dans la régiondéserte. Du reste, cette dualité de symbole pour exprimerune même idée n’est point unique dans la législationmosaïque. Le lépreux qui doit être purifié offre deux passereaux: l’un est immolé; l’autre, trempé dans le sangdu premier, est ensuite relâché vivant. Lev., xiv, 4-7. Demême, quand il s’agit de purifier une maison contaminée, on prend encore deux passereaux, dont l’un est immolé, et l’autre remis eh liberté. Lev., xiv, 49-53. Dansces deux cas, le sens du symbole apparaît clairement. Lepassereau immolé assure la purification par la vertu deson sacrifice figuratif. L’oiseau qui s’envole signifie quele mal est emporté au loin, dans les airs, et qu’il ne reviendraplus. Le second oiseau ne peut évidemmentreprésenter le lépreux s’en allant libre de son mal, carle symbole ne pourrait plus s’appliquer sous cette formeà la maison purifiée. Le symbole des deux boucs doit êtreinterprété dans le même sens. Le bouc immolé, c’est lepéché frappé de mort dans la victime qui représente lepécheur; le bouc émissaire, c’est le péché qui s’en va, chassé dans la région d’où l’on ne revient pas.

Les anciens Juifs avaient très bien compris cette unitédu sens caché sous le double symbole. Ils interprétaient

la pensée du Lévitique en exigeant que les deux boucsfussent «semblables d’aspect, de taille, de prix, et eussentété saisis en même temps». Yoma, vi, 1. Ils conduisaientau désert le bouc émissaire et le faisaient périr dans unprécipice. Ce dernier acte était superflu. La loi exigeaitseulement que le bouc fût chassé dans le désert. Maisici, comme en d’autres cas, les Juifs attachaient uneimportance exagérée au symbole, et allaient jusqu’à luiprêter une vertu propre. Le bouc émissaire représentaitle péché emporté au désert et ne revenant plus. Les Juifsagissaient comme si le retour fortuit du bouc eût fait revenirle péché; et pour s’assurer que ce retour n’auraitpas lieu, ils faisaient périr l’animal. Mais, en somme, iln’y avait de leur part qu’exagération superstitieuse. Leurbut principal était d’empêcher le retour de l’émissaire, etnon de le tuer. Dans ce dernier cas, ils auraient pu lemettre à mort sans aller si loin. Sur le sens unique desdeux boucs symboliques, voir Bàhr, Symbolik des mosaischenQuitus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 671.

Les Pères paraissent avoir été égarés dans l’interprétationdu symbole par la manière dont les Juifs faisaientpérir le bouc émissaire. Ce bouc était orné de bandelettesde couleur écarlate, qui symbolisaient le péché. Is., i, 18.L’auteur de l’Épître de Barnabe, vii, t. ii, col. 746, etTertullien, Cont. Jud., xiv; Cont. Marc, iii, 7, t. ii, col. 640, 331, disent que des deux boucs, l’un est revêtudes insignes de la passion et périt dans le désert, représentantJésus-Christ immolé sur la croix, hors de Jérusalem; l’autre est sacrifié dans le temple et sa chair devient lanourriture des prêtres, ce qui signifie Jésus-Christ devenantpar sa grâce, après sa mort, la nourriture des âmesfidèles. Cette interprétation suppose avec raison que lesdeux boucs figurent également Jésus-Christ; mais, d’aprèsle Lévitique, ce n’est nullement pour y périr que le boucémissaire est conduit dans le désert; quant au bouc immolé, il devait être brûlé tout entier hors du camp, y. 27, et ne pouvait par conséquent servir de nourriture. SaintCyrille d’Alexandrie se rapproche davantage du véritablesens, quand il écrit: «Par l’un et par l’autre, c’est lemême Christ qui est représenté, mourant pour nous selonla chair, et dominant la mort par sa nature divine.» Cont.Julian., vi, 302, t. lxxvi, col. 964. Théodoret ne saisit qu’enpartie le sens du symbole: «Les deux boucs étaient offertsà Dieu; l’un était immolé; l’autre, chargé des péchés dupeuple, était envoyé dans la solitude. De même que, dansla purification du lépreux, un passereau était immolé, etl’autre, teint du sang du premier, était relâché, ainsi desdeux boucs offerts pour le peuple, l’un était immolé etl’autre renvoyé. Ils représentaient ainsi le Christ Seigneur, dé telle sorte cependant que les deux animaux fussent letype, non de deux personnes, mais de deux natures.» ira Levit., xvi, t. lxxx, col. 328.

Saint Paul, dans son Épitre aux Hébreux, ix, 1-14, explique le sens figuratif des rites de la fête de l’Expiations, mais ne dit pas de quelle manière le bouc émissairereprésentait Jésus-Christ. Il est probable que, danssa passion même, le Sauveur réunit en sa personne lerôle des deux boucs de la manière suivante. Commel’émissaire, «il porta vraiment nos maladies, et il sechargea lui-même de nos douleurs,» Is., liii, 4; c’est lui «qui enlève le péché du monde», Joa., i, 29, et qui

  • assure une rédemption éternelle». Hebr., ix, 12. Bien

plus, Dieu n’a pas seulement constitué Jésus-Christ victimepour le péché, «il l’a fait péché» en personne, II Cor., v, 21, de sorte que Jésus-Christ chassé, commejadis le bouc émissaire, c’est le péché lui-même chassépour ne plus revenir. Le péché, emporté par Jésus, qu’onchasse de sa ville et du milieu de son peuple, ne reviendradonc plus, en ce sens du moins qu’il n’est aucun péchéqui échappe à l’effet de la rédemption. Ainsi, jusqu’à lacroix, Jésus-Christ remplit le rôle de bouc émissaire; sur la croix, il réalise la figure du bouc immolé.

III. Signification du mot’Azâ’zêl.

Ce mot est répétéquatre fois dans le texte hébreu. Les anciens traducteursparaissent avoir eu quelque embarras à en préciser lesens. Les deux premières fois, les Septante le rendentpar Ô7uo7uo117caïo «, «celui qui est fait pour chasser» ou «pour être chassé», traduction que reproduit Vemissariusde la Vulgate. Les deux fois suivantes, ils remplacentàitoito(iitaîoç par e’tç t^v àitoito|17ri)v, «pour le bannissem*nt,» ꝟ. 10, et par eïç açeucv, «pour le renvoi,» ꝟ. 26.Dans Josèphe, Ant. jud., III, x, 3, le bouc «est envoyévivant au delà des limites, dans le désert, afin d’êtredétournement (àitoTpomaa|j.ôç) et expiation (itocpaiTTia-ic)pour toute la multitude au sujet des péchés». Symmaquetraduit par «itepx’Vevoç, «celui qui s’en va,» et Aquilapar àito^eXuuivoç, «celui qui a été renvoyé.» En somme, la pensée des anciens paraît assez nette. Pour eux tous, le mot * Azâ’zêl implique le sens de bannissem*nt, sousforme tantôt active ou passive, tantôt concrète ou abstraite.

Parmi les modernes, les uns font d’’Azâ’zêl le nomconcret ou abstrait de la destination du bouc, les autresle nom du bouc lui-même.

1°’Azâ’zêl désignerait un être vivant auquel le boucest envoyé. On cherche à établir ce point par les raisonssuivantes. Dans le ꝟ. 8, le parallélisme réclame que lesdeux expressions «pour Jéhovah», «pour’Azâ’zêl,» secorrespondent exactement. La seconde doit donc, commela première, désigner un être vivant. Dans le principe, cet être, mis en opposition avec Jéhovah dès le temps duSinaï, aurait été une divinité malfaisante, une sorte deSetTyphon, le «tout-puissant ravageur et destructeur», que les Hébreux venaient de voir honorer en Egypte.Il y avait presque partout de ces dieux jaloux et méchants, dont la fureur réclamait des victimes. Plus tard, les Romains auront aussi leur Averruncus, «qu’il fallaitapaiser pour qu’il écartât les malheurs. i> Cf. AulU-Gelle, Noct. attic., v, 12; Dœllinger, Paganisme et judaïsme, trad. J. de P., 1858, t. ii, p. 276. Pour les Hébreux, l’idole’Azâ’zêl aurait vite cédé son nom à Satanlui-même, comme il arriva par la suite pour l’idole desPhilistins, Béelzébub. De la sorte, le’Azâ’zêl auquel onenvoyait le bouc ne serait autre que le démon. Le livreapocryphe d’Hénoch, viii, 1; x, 12; xiii, 1; xv, 9, faitde’Azâ’zêl un démon. Origène admet cette identification: n II n’est autre que le démon, cet émissaire que le textehébreu appelle Azazel, et dont la destinée est d’être chassédans le désert comme la rançon de tous.» Cont. Cels., vi, 43, t. xi, col. 1364. Sans doute, Origène n’admettaitnullement que Satan fût une puissance semblable à Dieu, ni que les Hébreux eussent jamais eu l’idée de lui offrirofficiellement un bouc. Saint Cyrille d’Alexandrie, dans salettre xli à Acace, t. lxxii, col. 202, démontre qu’il n’apu en être ainsi. Mais la conclusion qui paraissait inadmissibleaux Pères a été depuis lors bien souvent tiréepar d’autres, aux yeux desquels «le démon et la divinitélégitime sont ici opposés l’un à l’autre, comme deux puissancesrivales». M. Vernes, Du prétendu polythéismedes Hébreux, Paris, t. ii, p. 61. À supposer que’Azâ’zêlfût vraiment Satan, il serait déjà excessif d’en conclureque le bouc lui était offert comme à une puissance malfaisante, qu’on apaise par des victimes. Satan n’apparaîtqu’une seule fois dans le Pentateuque, sous forme deserpent au paradis terrestre, et Jéhovah le condamneignominieusem*nt. Pour Moïse et pour les Hébreux, c’étaitdonc un être très humblement subordonné à Dieu; parconséquent, le bouc qu’on lui eût envoyé n’aurait puconstituer à son égard ni un hommage, ni un tribut.C’eût été tout au plus une proie déshonorée par le péché, qu’on lui eût abandonnée comme tout à fait digne de lui.Mais l’identification de’Azâ’zêl et de Satan n’est pasacceptable. Aucune des raisons alléguées ne l’établit. Leparallélisme n’a rien à faire ici, puisqu’il s’agit d’un textelégislatif, où les exigences du style poétique ne sont pasapplicables. De ce que dans layhôvâh se trouve indiquéeune personne à qui le premier bouc est destiné, il ne suit

donc nullement que l’expression la’azâ’zêl renferme lenom d’une autre personne à qui le second bouc ait étéenvoyé. Pour admettre au temps de Moïse la simple possibilitéd’un culte rendu à Satan, non par de simplesparticuliers, mais par tout le peuple, et sur l’ordre mêmede la loij il faut ne tenir aucun compte de l’histoire desHébreux. Tout, dans la législation mosaïque, tend aucontraire à combattre énergiquement les idées idolâtriquesque le peuple avait pu conserver de son séjour en Egypte.’Azd’zêl ne peut même pas être une idole, ni une divinitéassimilable a Set-Typhon. Il n’en a aucun des caractères, et le texte du Lévitique ne fournit pas la moindredonnée sur laquelle on puisse baser cette assimilation.Cf. Diestel, SetTyphon, Asasel und Satan, dans laZeitschrifl fur die historische Théologie, 1860, p. 159.La croyance de l’auteur du livre d’Hénoch, suivi tropaveuglément par Origène, ne prouve pas que’Azâ’zêl aitété regardé comme Satan lui-même par les premiers Hébreux.Cette interprétation ne se produit que quatorzesiècles après la promulgation de la loi du Lévitique, dansun livre fort sujet à caution, et à une époque où l’ondonnait au démon des noms bibliques dont on ne comprenaitpas bien le sens. C’est ainsi qu’un peu plus tardon a voulu identifier arbitrairement l’Abaddon de l’Apocalypseavec le démon Asmodée. Voir Abaddon. Lestextes qu’on cite quelquefois pour démontrer que le désertest le séjour du démon, Matth., iv, 1; xii, 43; Marc, 1, 13, et que par conséquent le bouc émissaire était envoyéau démon, ne viennent pas au secours de la thèse. Ils neprouvent pas, en effet, qu’au temps de Moïse on regardâtle désert comme le séjour des mauvais esprits.

2°’Azazêl désignerait le lieu dans lequel le bouc étaitenvoyé. Quelques auteurs juifs, relativement modernes, entre autres Abenesra, ont imaginé que’Azâ’zêl désignaitune montagne voisine du Sinaï. Cette supposition ne sesoutient pas. La loi du Lévitique était portée pour toutela suite de l’histoire des Hébreux. Comment dès lorsadmettre que Moïse ait voulu les obliger chaque annéeà conduire un bouc de la terre de Chanaan au Sinaï?D’autres auteurs juifs ont dit que le terme hébreu étaitle nom du précipice dont fait mention le Yoma. Commentalors Moïse l’aurait-il nommé au désert? Enfin Bochart, Hierozoïcon, édit. de 1793, t. i, p. 651, conjecture queJe mot signifie en général «le lieu désert et séparé», quelque chose comme la «terre séparée» dont parlele ꝟ. 22^ Mais l’étymologie sur laquelle il s’appuie n’estpossible qu’en arabe et non en hébreu. Voir Gesenius, Thésaurus lingux hebrxse, p. 1012. Du reste, le nom dulieu où le bouc était envoyé est déjà indiqué aux fꝟ. 10, 21, 22: «dans le désert, dans la terre séparée.» Il y auraittautologie si le mot’Azâ’zêl était encore un nom de lieu.

3°’Azâ’zêl peut être un terme abstrait tiré du radical’azal en arabe ou’âzal en hébreu, qui signifie «éloigner». Le bouc serait choisi pour «l’éloignement», c’est-à-diresoit pour être éloigné lui-même, soit pour éloignerles péchés du peuple qu’on charge sur sa tête. C’est le sensadopté deux fois par les Septante et ensuite par Josèphe.Le contexte s’accommode très bien de ce sens. Mais lemot hébreu peut aussi être un terme concret se rapportantau bouc lui-même, qui est «éloigné» dans le désert, ou «qui éloigne», non les malheurs, comme pensentceux qui font de’Azâ’zêl un Averruncus, mais les péchésdu peuple. L’ «it<rao|jL7caïoç des Septante et les traductionsde Symmaque et d’Aquila reproduisent cette significationconcrète. Saint Cyrille d’Alexandrie dit aussi: «Le boucqui ne devait pas être immolé n’était pas envoyé à unàTtcmofiTtatoç, à un démon de ce nom; mais lui-même futappelé àîroîro(iir «toc, c’est-à-dire renvoyé de l’immolation.» Cont. Julian., vi, t. lxxvi, col. 964. Le mot hébreuviendrait alors, selon quelques auteurs, de’êz, «chèvre,» et’âzal, «s’en aller.» Robertson, Thésaurus lingurn sanctm, Londres, 1680, p. 710. On objecte qu’il s’agit ici debouc et non de chèvre. Mais il n’est pas certain que’êz

ne puisse aussi avoir le sens de «bouc». Gesenius enconvient. Lui-même regarde’azâ’zêl comme une formeintensive du verbe’âzal, «éloigner.» Cette forme dériveraitdu pilpel.’Azâ’zêl serait alors pour’âzalzêl, par suppressiondu larned, comme babel pour balbel, golgothapour gulgalta, etc. Thésaurus, endroit cité plus haut.On oppose à ce dernier sens la difficulté créée au ꝟ. 8 parla préposition le placée devant’azâ’zêl. Cette difficultén’existe pas; car si cette préposition indique habituellementle terme auquel tend l’action, elle marque aussil’état dans lequel passe le sujet, comme dans la phrasesi connue: «L’homme fut fait lenéfés hayyâh, en âmevivante.» Gen., ii, 7. Cf. II Reg., v, 3; Job, xiii, 12; Lam., IV, 3, etc. Le ꝟ. 8 peut donc être traduit: «Aaronjette le sort sur les deux boucs, un sort pour Jéhovah etun sort pour l’émissaire,» c’est-à-dire pour désigner lebouc qui doit être émissaire et pour le constituer en cettequalité. Les trois autres passages s’expliquent aussi aisémentavec ce sens. — Voir Th. Roser, De hirco emissario, ih-4°, Iéna, 1664; W. Heckel, De hirco emissario, in-4, Iéna, 1668; J. Hamburger, ïtealEncyklopâdiefur Bibel und Talmud, Supplément, 2, Leipzig, 1886, art. Asasel, p. 120. H. LesêTRE.

    1. BOUCHE##

BOUCHE (hébreu: péh; Septante: (rrdfia; Vulgate: os). Ce mot entre dans un grand nombre de locutions, métonymies ou métaphores, en partie communes à tousles peuples, en partie particulières à l’Orient. Voici lesplus importantes de ces dernières, qui ont besoin dequelque explication. Elles se rapportent à la bouche entant qu’elle sert à parler, à transmettre des ordres. —Dieu ouvre la bouche des prophètes, leur met ses parolesdans la bouche, c’est-à-dire leur donne la mission deparler en son nom et leur suggère ce qu’ils doivent dire.Exod., iv, 15; Num., xxii, 38; xxiii, 5, 12, etc. Écrire dela bouche de quelqu’un, c’est écrire sous sa dictée. Jer., xxxvi, 4, 27, 32; xlv, 1. Être la bouche d’une personne, c’est porter la parole à sa place, être son interprète. Exod., iv, 16; Jer., xv, 19. — La bouche, organe du langage, signifie aussi les paroles qui en procèdent, et de là lespensées, les ordres exprimés par la parole. Ainsi interrogerla bouche d’une personne, c’est savoir ce qu’ellepense et voudra bien en dire, c’est la consulter, Gen., xxiv, 57; Jos., îx, 14, etc.; «d’une seule bouche» signifie «d’un commun accord», Dan., iii, 51; observer la bouchedu roi, c’est écouter attentivement sa parole. Eccle., viii, 2.Faire une chose sur la bouche de quelqu’un, c’est agirsur son ordre. Gen., xli, 40; Exod., xvii, 1. Ainsi quandon dit que Moïse meurt (mot à mot) sur la bouche deDieu, cela ne doit pas s’entendre, comme l’ont cru leTargum et quelques rabbins, en ce sens qu’il mourutdans le baiser de Jéhovah, mais «sur l’ordre de Jéhovah», Deut., xxxiv, 5, ainsi que l’a bien compris la Vulgate.C’est de même aussi qu’on doit expliquer une parolesouvent prise dans une signification bien différente duvrai sens littéral, la réponse de NotreSeigneur au tentateur: «L’homme ne vit pas seulement de pain, maisde toute parole (hébraïsme pour: toute chose) qui sortde la bouche de Dieu.» En se reportant au texte du Deutéronome, vin, 3, auquel Jésus fait allusion, on voit qu’ilne s’agit pas d’une nourriture spirituelle, comme le painde la vérité religieuse ou l’obéissance aux commandements; mais de tout ce qui peut sortir de la parole créatricede Dieu, c’est-à-dire toute nourriture miraculeuse, comme la manne, que sa bonté peut envoyer à ceux quise confient en lui. De ce sens de pensée, de commandement, sont dérivés les sens de «en raison», «enproportion,» «selon,» etc., qu’a souvent le mot pî, «bouche,» joint à des prépositions. Ose., x, 12, etc. —Si l’expression «ouvrir la bouche» se met souvent parpléonasme, d’autres fois elle exprime l’idée de parlerhautement, hardiment. I Reg., Il, 1; Is., lvii, 4; Ezech., xxiv, 27; cf. Ps. xxxv, 21. «Placer sa bouche contre le 4877

BOUCHE — BOUCLE D’OREILLE

d878

ciel» signifie de même «parler avec arrogance, insolence». Ps. lxxh (hébreu, lxxiii), 9. Au contraire, «fermer la bouche» marque le silence de respect. Is., lu, 15; Ps. cvii, 42; Job, xxix, 9, 10; Mich., vii, 16.Pour marquer le silence absolu et un grand respect, ondit: «mettre son doigt sur sa bouche.» Jud., xviii, 19; Job, xxi, 5; xxix, 9; xxxix, 34; Prov., xxx, 32; Sap., vm, 12. Cette attitude de l’homme assis, la main à labouche, et de l’enfant également la main à la bouche,

se trouve dans les hiéroglyphes, J|, 3). Ce geste, en

dehors de ses autres significations, comportait pour lesÉgyptiens une attitude d’humilité’, comme on le voit parle Papyrus Sallier II. «Quand le maître de la maison estchez lui, assieds-toi la main â la bouche, comme fait celuiqui a quelque chose à implorer de toi.» P. Pierret, Dictionnaired’archéologie égyptienne, p. 100. — Enfin, auligure, on dit «la bouche» pour l’ouverture d’un sac, Gen., xliii, 22; le col d’un vêtement, Ps. cxxxiii, 2; l’entrée d’une caverne, Jos., x, 18; «la bouche de l’épée» pour le fil de l’épée, Jos., x, 28; «la bouche de làmer» pour la lèvre, c’est-à-dire le rivage de la mer, Prov., viii, 29, etc. E. Levesqde.

    1. BOUCHÉE##

BOUCHÉE (hébreu: pat; Septante: ^ofi&c, xXâ<r(Jia, apToç; Vulgate: buccella, pauxillum) est ordinairementemployé pour une «bouchée de pain», même lorsque cedernier mot n’est pas exprimé. Ce mot est pris plusieursfois dans son sens propre. Ruth, ii, 14. Booz recommandeà Ruth de tremper ses bouchées de pain dans le vinaigre, c’est-à-dire dans l’eau coupée de vinaigre dont se servaientles moissonneurs pour se désaltérer. La brebis dupauvre, dans la parabole de Nathan, II Reg., xii, 3, partagenon seulement le pain de son maître, comme traduitla Vulgate; mais, ce qui est plus touchant, elle se nourritde sa bouchée de pain. Dans le repas pascal, Jésus-Christprésenta à Juda une bouchée de pain, *J/<o|ju’av. Joa., xm, 26. Il ne s’agit pas évidemment de la sainte Eucharistie, comme l’ont pensé quelques exégètes (Cornélius aLapide, Comment, in Joa., xiii, 25, édit. Vives, t. XVI, p. 531), ni de la petite tranche d’agneau pascal qu’audire de Maimonide, Hilcoth Chantes, § ix, celui quiprésidait au repas offrait aux convives qu’il voulait honorer.Le ^wfiiov est une bouchée de pain azyme, qu’ontrempait dans le plat d’herbes amères et qu’on présentaiten signe d’affection ou d’honneur. La Vulgate l’abien compris. En l’offrant à Judas, Jésus répondait àla question de saint Jean, sans que les autres Apôtrespuss*nt comprendre quel était le traître désigné, et ilessayait une dernière fois de le toucher et de l’amenerau repentir. Mais il était endurci dans le mal; aprèscette bouchée, Satan entra en lui par une possessionpleine et entière. Joa., xiii, 27, 30. — «Une bouchée depain» se dit pour «un peu de pain», I Reg., xxviii, 22; III Reg., xvii, 11; Job, xxxi, 17; de là, n’avoir pas unebouchée de pain, c’est l’extrême misère. I Reg., ii, 36.Manger sa bouchée de pain sans la tremper marquel’extrême frugalité. Prov., xvii, 1; cf. Ruth, ii, 14. —Une bouchée de pain se prend aussi pour une chose derien: devenir prévaricateur pour une bouchée de pain, signifie le devenir pour un intérêt de rien. Prov., vi, 26; xxviii, 21; Ezech., xiii, 19. — Quant au pat bag de Daniel, I, 5, 8, 13; XI, 26, si diversem*nt interprété, il s’agitd’une «portion de nourriture» apportée de la table duroi. Cf. Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, t. i, p. 114. E. Levesque.

    1. BOUCHER##

BOUCHER (l’hébreu: tabbâfy, «tueur,» a en soi lesens de «boucher»; mais il est employé dans la Bibleseulement pour désigner le serviteur qui a la charge detuer et de préparer les animaux pour le repas: ce que lesSeptante rendent justement par [layeipoç, et la Vulgatepar coquus, «cuisinier.» I Reg., IX, 23. Cf. I Reg., viii, 13.

Le mot tébah, «tuerie, boucherie,» est employé plusieursfois, Ps. xliii(xliv), 22; Prov., vii, 22; Is., lui, 7; Zach., xi, 4, 7; cf. Act., viii, 32; Rom., viii, 36, etc.; Septante: a(fa-ff[; Vulgate: victima, occisio; mais non dansle sens de lieu où l’on vend de la viande). On ne devaitexercer ce métier que dans les villes importantes; car àla campagne, dans les villages, chacun tuait pour sonusage. Sous la tente des riches pasteurs comme Abraham, Gen., xviii, 7, et à la cour des rois d’Israël, I Reg., viii, 13; ix, 23, des serviteurs étaient chargés de ce soin, quirentrait dans les attributions du cuisinier ou de ses aides,

Fig. 578. — Bouliers assyriens. Koyoundjik.D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pl. 86.

comme nous le voyons en Assyrie (fig. 575 et 576). Maisà Jérusalem, pour la commodité des artisans, plusieursexerçaient ce métier et devaient être réunis à côté les unsdes autres dans un même quartier, puisqu’il est questiondans le Talmud d’une rue des Bouchers. L.-C. Gratz, Théâtre des divines Écritures, in-8°, trad. Gimarey, 2e édit., Paris, 1884, p. 225. Voici comment se pratiquait en

Fig. 576. — Assyriens occupés a découper une brebis. Nlmrouâ.D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pl. 30.

Egypte l’abatage des animaux; il devait en être de même enPalestine): Les monuments nous montrent des bouchersétendant l’animal à terre sur le dos, après lui avoir solidementlié les pieds; puis, après avoir repassé leur couteau, ils égorgent la victime, la dépècent et recueillent lesang dans des vases (fig. 577). Cf. Wilkinson, The nmnnersand customs of the ancient Egyptians, t. ii, p. 26, 32.

E. Levesque.

BOUCHERIE. Voir Boucher.

    1. BOUCLE D’OREILLE##

BOUCLE D’OREILLE, simple anneau passé dans lelobe de l’oreille comme ornement. C’est la boucle d’oreilleproprement dite. Par extension, ce mot désigne aussil’anneau ou crochet avec pendeloque, le pendant d’oreille.Pour l’un et l’autre, voir Pendants d’oreilles. Les Septanteet la Vulgate ont plusieurs fois traduit par «boucle

d’oreille», ἐνώτια, inaures, l’anneau de nez ou nézém. Voir Anneau.

E. Levesque.

BOUCLIER.I. Noms hébreux. — Le bouclier estune des armes défensives les plus anciennement connues.Il est très souvent mentionné dans la Bible. Le textehébreu se sert de plusieurs mots différents pour le désigner.— 1° Mâgèn, du verbe gânan, «entourer.» Lemâgên était un petit bouclier qui servait à protéger latête ou la poitrine et se portait de la main gauche. Jud.,v, 8; III Reg., x, 17; Il Par., rs, 16; cf. II Reg., i, 21; xxii, 36; TV Reg., xix, 32, etc. — 2° Sinnâh, du verbe sânan, «protéger.» Le sinnâh était un grand bouclierqui couvrait tout le corps. I Reg., xvii, 7 et 41; I Par.,xii, 8; xxiv, 34; Ezech., xxiii, 24; xxxviii; 4; Jer.,xlix, 9, etc. — 3° Le mot sohêrâh, qui signifie ce quientoure, et par conséquent ce qui protège, est traduitpar les Septante ὅπλον, et par la Vulgate scutum. Ps. xci, 4 (Septante et Vulgate: xc, 5). Les traducteurs ont doncprécisé le sens de-ce mot. — 4° Le mot sélèt, au plurielSelâtîm, est également traduit par plusieurs interprètespar le mot scuta, «boucliers,» notamment dans II Reg.,viii, 7; IV Reg., xi, 10; I Par., xviii, 7. Ce passage est répétédans II Par., xxiii, 9, où l’auteur a ajouté mâginnôt.I)ans Ézéchiel, xxvii, 11, ce mot sert aussi à désignerles boucliers suspendus aux murailles. Cf. Cant., iv, 4.Cependant le sens n’est pas absolument fixé, et les Septante,comme la Vulgate, donnent souvent à selâtîm unesignification différente. C’est ainsi que les Septante traduisentselâtîm par ὅπλα, «armes,» II Par., xxiii, 9; par βολίδας, «flèches,» Cant., iv, 4; par σειρομάστας, «javelots,» IV Reg., xi, 10; par κλιδῶνας, «ornements,» II Reg., viii, 7; par κλοίους, «colliers,» I Par.,xviii, 7; par φαρέτρας, «carquois,» Jer., li, 11; Ezeeh.,xxvii, 11. La Vulgate traduit par pelta, II Par., xxiii, 9;par arma, II Reg., viii, 7; IV Reg., xi, 10; par omnemarmaturam, Cant., iv, 4; par pharetras, I Par., xxvii,7; Jer., li, 11, et Ezech., xxvii, 11. Voir Gesenius, Thésauruslinguse hebrsex, p. 1418.

Dans la traduction de l’original hébreu, les Septanteemploient tantôt le mot θυρεός, tantôt le mot ἀσπίς, pourtraduire indifféremment les mots hébreux mâgên oufinnâh. Mâgên est traduit par θυρεός dans II Reg., i, 21;IV Reg., xix, 32, etc. Sinnâh est traduit de même dansEzech., xxiii, 24. Mâgên est encore rendu par ὑπερασπισμόν, II Reg., xxii, 36; par πέλτη, Ezech., xxxviii, 5.Dans Ezech., xxiii, 24, la distinction entre le grand et lepetit bouclier est faite par les Septante; θυρεός traduit sinnâh, et πέλτη, mâgên. Le mot vague ὅπλα, «armes,» est aussi quelquefois usité, III Reg., x, 17; il traduit généralement mâgên. Cf. II Par., xxiii, 9, etc.

II. Boucliers juifs. — La Bible ne nous donne aucunrenseignement sur la forme des boucliers dont se servaientles Israélites; mais, ainsi que nous l’avons dit plushaut, ils en avaient de petit* et de grands. La différenceentre les uns et les autres est nettement marquée dansle passage où il est parlé des boucliers d’or que Salomonfit faire, pour les placer dans la maison du parc du Liban.Deux cents de ces boucliers étaient de grande dimension,et trois cents étaient plus petit*. Les premiers sont désignéspar le mot sinnâh, et les seconds par le mot mâgên.III Reg., x, 16 et 17; II Par., ix, 15 et 16. Les boucliersdes Israélites étaient, comme ceux des nations voisines,fabriqués les uns en bois recouvert d’osier, les autres en

577. — Bouchers égyptiens. Tombeau de Ghizéh. ive dynastie. D’après Lepsius, Denkmäler, Abth. ii, Bl. 35.

métal. Les boucliers dont le prophète Ézéchiel annonce ladestruction par le feu devaient être de bois et de peaux.Ezech., xxxix, 9. Pour tenir les boucliers en bon état,c’est-à-dire pour donner de la solidité à la peau ou pourempêcher l’oxydation du métal, on les oignait d’huile.Aussi quand le prophète Isaïe ordonne aux capitaines de


578. — Boucliers romains sur une monnaie judaïque.

[ΑΥΤΟΚΡ]ΤΙΤΟΣ ΚΑΙΣΑΡ. Tête laurée de l’empereurTitus.— ꝶ. ΙΟΥΔΑΙΑΣ ΕΑΛΩΚΥΙΑΣ. Trophée d’armes;bouclier ovale et bouclier rond, cuirasse; à terre, & gauche,use femme acoronpie, les malus liées derrière le dos. À droite,une pdta.

s’armer, il leur dit:«Oignez les boucliers.» Is., xxi, 5.De même, pour signifier que Saùl est sans force, aprèsla mort de Jonathas, la Bible dit qu’il est comme un bouclierqui n’a pas été oint. II Reg., i, 21. Les boucliersrouges dont parle Nahum, II, 3, étaient probablement desboucliers de bronze, Tels étaient certainement ceux deRoboam. III Reg., xiv, 27; II Par., xii, 10.

Les boucliers en métal précieux, c’est-à-dire en or eten argent, ne servaient pas à l’usage ordinaire. Ceux que

Salomon fit faire et déposer dans la maison du parc duLiban étaient, comme nous l’avons dit, de deux dimensionsdifférentes. Les plus grands étaient doubles desplus petit*. Pour chacun d’eux on avait employé six centssicles d’or (le sicle d’or = 43 fr. 50), et ils étaient aunombre de deux cents. Les plus petit* étaient au nombre


579. — Bouclier égyptien.

D’après Wilkinson, Manners and Cuatoms, t. i, p. 199.

A gauche, bouclier vu de face; à droite, le même de profil.

de trois cents, et pour chacun d’eux on avait employétrois mines d’or, soit trois cents sicles. III Reg., x, 16-17; II Par., ix, 16. Ces boucliers étaient placés dans la salledes gardes et portés par eux dans les cérémonies solennelles, notamment quand le roi se rendait au temple.

580. — Boucliers égyptiens, tenus à la main ou suspendus au cou.Les soldats sont montés sur une barque d’où ils s’élancent à terre.Tombeau de Thèbes. D’après Wilkinson, Manners and Customs, 1. 1, p. 199.

III Reg., xiv, 28. C’est pourquoi la Vulgate appelle cesgardes scutarii, tandis que le texte hébreu les hommehârâsim, «courriers,» et les Septante «ceux qui courenten avant», 7raparpéxovrsc. III Reg., xiv, 27; IV fieg., XI, 6; II Par., xii, 10. Voir col. 979. Le roi d’Egypte Sésac, qui s’empara de Jérusalem, à la suite d’une guerre qu’ilfit à Roboam, la cinquième année du règne de ce roi,

emporta les boucliers avec le reste des trésors, et le roide Juda les remplaça par des boucliers d’airain. III Reg., xiv, 27. Il est très probable que parmi les armes qu’Adarézer, vaincu par David, donna en tribut au temple deJérusalem se trouvaient des boucliers d’or. II Reg., viii, 5, 6; I Par., xviii, 7. Voir Adarézer, col. 212. C’est a

561. — Égyptien portant le bouclier de la main gauche.D’après WUMnson, Manners and Customs, t. i, p. 202.

moyen de ces boucliers et de ces lances qui étaient dansle temple que Joïada arma la troupe avec laquelle il renversaAthalie et proclama roi le jeune Joas. IV Reg., xi, 10.

Le bouclier appelé sinnâh est porté par des soldats armésde la lance, romah. I Par., xii, 8, 24; II Par., xi, 12; xiv, 7 (hébreu). Ailleurs il est mentionné avec la ftanip oupique. I Par., xii, 34. Le mâgên est plutôt le bouclier dessoldats armés de flèches, II Par., xiv, 8, ou de javelots, II Par., xxxii, 5. Voir Arme, Armée, et col. 974.


582. — Bouclier carré tenu à la main par un soldat.

Tombeau de Thèbes. xix «dynastie.

D’après Lepsius, Denkmdler, Abth. iii, pL 157.

En temps de paix, les boucliers étaient gardés dans desarsenaux. Voir Arsenal, col. 1034. Les garnisons des placesfortes les suspendaient aux murs des citadelles: c’estainsi que la tour de David était ornée. Cant., iv, 4. Cf. Ezech., xxvii, 10. Pendant la marche, le boucher était enveloppédans une couverture de peau. Is., xxii, 6. Dans le combat, il était tenu par la main gauche, et par conséquentcouvrait l’œil gauche. C’est pourquoi, quand le roi desAmmonites veut faire crever l’oeil droit aux Israélites, sondessein est de les rendre incapables de combattre. I Reg., xi, 2. Cf. Josèphe, Ant. jud., VI, v, 1.

A l’époque romaine, les Juifs avaient adopté un bouclierde forme ovale, et la pelta, dont nous parlerons plusloin. Ces deux espèces de boucliers sont représentées surles médailles impériales relatives aux guerres de Vespasienetde Titus (fig. 578).

Des boucliers de métal précieux étaient parfois envoyés

comme présents et comme gage d’alliance. Tel fut, parexemple, le bouclier d’or que Numénius porta aux Romainsde la part de Simon Mæhabée. I Mach., xiv, 24; xv, 18et 20. La valeur de ce bouclier d’or est assez difficile àdéterminer. D’après le texte, il pesait mille mines. Enprenant pour unité la mine attique, de 436 gr. 6, celafait un poids énorme de 436 kilog. 600 gr. En minesjudaïques, il aurait pesé encore davantage (708 kil. 85 gr.).Si l’on suppose, au contraire, qu’il s’agit non de poids, mais de valeur, en prenant pour unité la mine de 98 fr. 23, sa valeur était de 98230 fr. I Mach., xiv, 24; xv, 18.Voir Wex, Métrologie grecque et romaine, p. 65 et 66.Chez les Juifs, la mine avait une valeur beaucoup plusconsidérable. Celle d’or équivalait à 2200 francs de notremonnaie et celle d’argent à 141 francs.

III. Boucliers des peuples étrangers. — La Bibleparle également des boucliers des nations qui furent enguerre avec le peuple d’Israël.


583. — Bouclier de soldat libyen sur les monuments égyptiens.

Thèbes. — Medinet-Abou. — D’après Champollion, Monumentsde l’Égypte et de la Nubie, t. iii, pl. ccv.

1° Égyptiens. — Jérémie, xlvi, 3 (Septante: xxvi, 3), mentionne le grand et le petit bouclier des Égyptiens.Les boucliers égyptiens étaient faits de peaux de bœufsdont le poil était en dehors. Ces peaux étaient cercléesde métal et clouées. L’intérieur était probablement enosier; en tout cas, les boucliers étaient très légers. Leursformes étaient variées; ils avaient généralement l’aspectdes stèles funéraires, circulaires au sommet et carréesà la base (fig. 278, col. 1035). Wilkinson, Manners andcustoms of the Ancient Egyptians, 2° édit., t. i, p. 198.Vers le haut se trouvait une cavité circulaire, plus profondeau bord qu’au milieu, ce qui. produisait au centrede la cavité une sorte de bosse (fîg. 579). On ignore sicette bosse avait une utilité ou si elle était un simple ornement.A l’intérieur du bouclier était placée une courroiequi servait à le porter sur les épaules pendant lesmarches. Au moment du combat on le tenait de la maingauche (fig. 580), à l’aide d’une poignée. Cette poignéeétait placée tantôt dans le sens de la largeur, tantôt danscelui de la longueur. Certains boucliers étaient de trèsgrande dimension. À la guerre, les Égyptiens formaientdes phalanges carrées, dont le premier rang, sur chacunedes faces, était protégé par ces boucliers, qui couvraientl’homme de la tête aux pieds. Xénophon, Cyrop., vi, 4. Le sommet de ces boucliers était pointu (fig. 581)au lieu d’être rond, comme ceux des figures 579-580.Wilkinson, ’ïbid., p. 202. Voir tig. 267-270, col. 991-993.

— Nous voyons de plus, par les monuments, qu’auprèsdes archers montés sur des chars était placé un écuyer, qui de la main droite tenait les rênes, et de la main

gauche un bouclier à l’aide duquel il protégeait le tireur.Voir tig. 226, col. 903; tig. 258, col. 975; tig. 259, col. 977.Quelquefois (fig. 582), le bouclier était tenu par un troisièmesoldat. Sur le bouclier égyptien, voir A. Ermann, Aegypten, p. 718, 720, 724.

2° Éthiopiens et Libyens. — Parmi les auxiliaires del’Egypte, la Bible mentionne les Éthiopiens et les Libyens, qui portent aussi le bouclier. Jer., xlvi, 9; Ezech., xxxviii, 5. D’après les monuments égyptiens, les boucliersdes Libyens sont ronds ( tig. 583). Nous ignoronsla forme de ceux des Éthiopiens.

3° Philistins. — Les boucliers des Philistins sont mentionnésau livre des Rois. Devant Goliath marchait celuiqui portait son grand bouclier. I Reg., xvii, 7 et 45.

4° Assyriens. — Il est également parlé plusieurs fois «84,

Boucliers assyriens trouvés à Nimroud.British Muséum.

des boucliers assyriens. IV Reg., xix, 32; Is., xxxvii, 33; Ezech., xxiii, 24; Nahum, ii, 3; Ps. lxxvi (Vulgate, lxxv), 4. Les Assyriens avaient, comme les Égyptiens, degrands et de petit* boucliers. Les petit* boucliers étaientronds, entièrement carrés ou carrés à l’extrémité inférieureet arrondis en haut. D’après les dessins des basreliefs, ils semblent formés de bandes de métal ou delanières entrelacées. D’autres étaient en métal plein, telssont les deux que possède le British Muséum (fig. 584).Ils ont été trouvés par Layard à Nimroud. Ils sont deforme ronde, en bronze. Le bord est recourbé en dedans, de manière à former une rainure profonde. La poignéeest en fer et fixée, de chaque côté, par trois clous, dontla tête forme une sorte d’ornement à l’extérieur. Le plusgrand et le mieux conservé de ces boucliers a soixante-sixcentimètres de diamètre. Layard, Nineveh and Babylon, 1853, p. 193. La poignée placée à l’intérieur permettaitde les tenir à la main (fig. 585). Voir aussi tig. 230, col. 905; Le bouclier rond paraît avoir été surtout à l’usage dessoldats armés de la pique et des cavaliers. Voir tig. 261, col. 983; tig. 262, col. 985; tig. 367, col. 1263. Ils portentcependant parfois le bouclier carré par le bas et arrondien haut, tig. 292, col. 1082. Le bouclier carré et parfois lebouclier arrondi en haut est tenu par un soldat placé à côté des archers, pour les protéger contre les traits del’ennemi. Voir fig. 215, col. 898; fig. 250, col. 905. Certainsde ces boucliers étaient de très grandes dimensions. Onles posait à terre, et ils étaient terminés à la partie supérieurepar une sorte de couverture recourbée ou formantangle droit avec la partie verticale (fig. 585).


585. — Boucliers assyriens. Koyoundjik. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. 1, pl. 78.

VoirLayard, The monuments of Nineveh, t. i, pl. 62 et 75; t. ii, pl. 21. C’était un rempart mobile derrière lequel s’abritaitl’archer. Cf. Ezech., iv, 3. Certains archers portent desboucliers qui paraissent ornés de plusieurs saillies oubosses. Layard, ibid., t. i, pl. 18. (Fig. 57, col. 303.) Lessoldats de la garde royale avaient des boucliers entourés d’une bande ornementée (fig. 586).


586. — Boucliers assyriens. Koyoundjik.
D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pl. 80.

Layard, ibid., t. i, pl. 78, 80; t. ii, pl. 19, etc. Le bouclier des peuples orientauxest appelé par Hérodote, vii, 91, λαισήϊον. Cet historiendésigne ainsi l’arme des Ciliciens. C’est, d’aprèslui, une rondache de cuir non tanné ou de métal. Lesscholiastes d’Homère traduisent λαισήϊον par ἀσπιδίσκιον, en indiquant une différence avec ἀσπίς des Grecs. Sch. ad Iliad., v, 453; xii, 425. Voir Annales de l’Institut archéologique de Rome, 1875, p. 77. Homère, Iliad., xii, 425, attribue le λαισήϊον aux Lydiens; Hybrias, dans Athénée, xv, p. 685 F, en fait l’arme des Crétois. On a trouvé enChypre, en 1875, un bouclier qui paraît être le λαισήϊον.

Il est en métal orné de deux bandes circulaires ciselées.Le milieu est orné d’une pointe. Voir Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, p. 1250, fig. 1638; Revue archéologique, t. i, 1876, p. 32, pl. il. Voir Gazette archéologique, 1878, p. 108 et 109.



587. — Garde du roi de Perse.
Bas-relief du palais de Persépolis. D’après Flandin et Coste,
Perse ancienne, pl. ci.

Perses.

Les boucliers des Perses sont cités dansÉzéchiel, xxvii, 10; xxxviii, 5. D’après Eustathe, Ad Odyss., 1933, 23, ils étaient faits de peaux tendues surdes tiges d’osier entrelacées. Les Germains, au dire deTacite, Annal., ii, 10, employaient le même procépé

D’après les bas-reliefs du palais de Persëpolis, les boucliersdes gardes du roi étaient ronds, échancrés sur lescôtés et ornés au milieu d’une bosse ronde ou d’un cercleplat, à l’intérieur duquel sont figurés quatre petit* cercles(fig. 587). Ces boucliers ressemblent aux boucliers béotiensdes Grecs. Flandin et Coste, Perse ancienne, pl. ci.6° Grecs. — Les boucliers gréco - macédoniens sontmentionnés I Mach., vi, 2, 39; cf. II Mach., v, 3, etc. Lebouclier grec par excellence est l’auitiç. Sa forme étaitronde. Sch. Aristoph. Vesp., 18. Au temps d’Homère, lacirconférence de l’âmn; était assez grande pour couvrirle corps tout entier. Iliad., iii, 347; iv, 453; v, 797. Plustard, on désigna le bouclier rond sous le nom de bouclierargien, pour le distinguer du bouclier échancré surles côtés ou bouclier béotien. Pollux, i, 142; Pline, H. N., vu, 57, 9. Ce dernier est représenté sur les monnaies de

très riches. On choisit d’abord des figures de nature àeffrayer l’ennemi, des têtes de Méduse, des animaux féroces, etc. Iliad., xiii, 373; Odyss., vii, 91; Schol. Aristoph., Acharn., 1095; Monuments de l’Institut archéologique, n, pl. xxii, etc. Ces emblèmes s’appelaient ffrifiaraou <Tïi! /.£îa. Plus tard, ils servirent uniquement à distinguerla nationalité des combattants ou à orner les boucliers(fig. 588).

Dès l’origine on employa les métaux précieux à la décorationdes boucliers. Sur le bouclier d’Achille se voyait unelame d’or. Iliad., xviii, 148; xx, 295 et suiv. Alexandre, à partir de son expédition dans l’Inde, donna à certainscorps de son armée des boucliers ornés d’argent. Quinte-Curce, iv, 13, 27; viii, 5, 4; Justin, XII, 7, 5; Diodore deSicile, xvii, 57; Arrien, vii, 11, 3; 25, 6. Les Ptoléméeset les Séleucides eurent des troupes armées de la même

588. Boucliers grecs. D’après un vase peint trouvé & Nola et représentant 2a prise de Trois.Museo Borbonlco, t. xiv, pl. 43.

é. M/iiuo-^

Thèbes. Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques etromaines, t. i, p. 1249, fig. 1635 et 1636; ArchâologischeZeitung, 1851, pl. xxx. Tantôt Y&umç était fait d’un seulmorceau d’airain, on l’appelait alors irayxaXxoç, Eschyle, Sept, contr. Theb., 591; tantôt il se composait de plusieursplaques de métal superposées. Iliad., xviii, 148. Parfoison employait des peaux de bœufs cousues ensemble ettendues à l’aide d’une carcasse de métal. Iliad., vii, 248.La carcasse était aussi quelquefois en osier, d’où le nomde <rœxo{ ou de yéppov donné aux boucliers ainsi fabriqués.Eurip., Suppl., 697. Au centre extérieur était placéeune partie relevée en bosse et appelée 6[/.çaX<S{, entouréesur certaines armes de petites bosses moins élevées. Iliad., vi, 118; xi, 32, etc. Cette bosse présentait quelquefois laforme de têtes monstrueuses. Monuments de l’Institutarchéologique, ii, pl. xxii. À l’intérieur étaient une ouplusieurs poignées, à l’aide desquelles on manœuvrait lebouclier (fig. 422, col. 1404). Dans Homère, les héros seservent pour le porter d’une sorte de baudrier appeléTeXajiKiv, qui était attaché au col. Iliad., ii, 338; v, 196, etc.Au-dessous du bouclier pendait parfois un tablier orné dedessins, et destiné probablement à protéger les jambes.Cet appendice était en cuir ou en étoffe. Voir Saglio, loc.cit., p. 1251, fig. 1643; p. 1252, fig. 1644, 1645. Millingen, Ancient unedited monuments, 2 in-4°, Londres, 1822-1826, p). xxi, etc.

Les textes et les monuments figurés nous apprennentque les boucliers étaient ornés de décorations souvent

façon. On appelait les soldats de ces corps les «argyraspides», Polybe, xxxi, 3; TiteLive, xxxvii, 40, par oppositionaux «chalcaspides», qui portaient des boucliers d’airain.Polybe, ii, 22; iv, 67; Tite Live, xliv, 41; Diodore, xxxi, 8, 10. Le premier livre des Machabées note dansl’armée d’Antiochus «des boucliers d’or et d’airain», I Mach., vi, 39. Il s’agit, dans le premier cas, de boucliersentièrement dorés ou décorés d’ornements dorés. Quandon ne se servait pas du bouclier, on l’entourait d’uneenveloppe destinée à le protéger. Aristoph., Acharn., 574; Xénophon, Anab., i, 2, 6. Cette enveloppe (aetfiia) estfigurée sur une coupe qui représente les éphèbes se revêtantde leurs armes. Monuments de l’Institut archéologique, IX, pl. vi. Voir Saglio, Dictionnaire des antiquitésgrecques et romaines, p. 1253, fig. 1648.

Le 9ups6ç se distinguait de l’àcrittç par sa forme; il étaitlong, Imp-faixi. C’est à cause de cela que les Grecs lui ontdonné un nom qui rappelle une porte, dupa. Les Grecsemploient surtout ce mot pour désigner le scutum desLatins. Polybe, yi, 23.

Le TtéX-rr) était un petit bouclier léger, qui avait d’ordinairela forme d’un croissant. Il était fait d’osier recouvertde cuir épais, et n’était bordé d’aucun cercle demétal. Hérodote, vii, 89; Xénophon, Anab., v, 2, 29; Aristote, fragm. 456 R. La pella était une arme d’origine barbare.Les peuples asiatiques et les Thraces s’en servaientdans les combats, et c’est par ces derniers que les Grecs.la connurent. Xénophon, Metnor., iii, 9, 2. Les Amazones

sont représentées armées de la pelta. Monuments del’Institut archéologique, ii, pl. xxx; x, pl. rx, etc. Lessoldats armés de ces boucliers sont appelés «peltastes».La Bible emploie ce mot pour désigner l’infanterie légère.II Par., xiv, 8.

7° Latins. — Les noms latins du bouclier se lisentsouvent dans la Vulgate. Les Romains furent, à l’origine, armés du clypeus, qui avait la même forme que l’cta-mç.Tite Live, i, 43. Vers 340 avant J.-C, ils adoptèrent lescutum pour les légionnaires, et le clypeus fut réservéaux troupes légères. Tite Live, viii, 8 (fig. 271, col. 905).Le scutum était de forme allongée et présentait une courburequi permettait au soldat de s’abriter complètement(fig. 589). Un des bas-reliefs de la colonne trajane, quile présente un soldat traversant un gué et portant auespèces de boucliers sont employés métaphoriquementpour signifier la protection de Dieu. La vérité, la justice, etc., sont représentées comme des boucliers quiprotègent l’homme. Le mot le plus fréquemment employéest mâgên, Gen., xv, 1; Deut., xxxiii, 29; Ps. iii, 4; xviii (Vulgate: xvii), 3, 31; ux (lviii), 12; lxxxiv(lxxxiii), 12, etc. Dans la plupart de ces textes, la Vulgatetraduit mâgên, d’après l’étymologie, par protector.Le mot sînnâh est également employé plusieurs fois.Ps. v, 13; XCI (xc), 4. Dans ce dernier passage, le motsînnâh est joint au mot sohêrâh. La Vulgate n’a traduitque l’un des deux, considérant l’autre comme une répétition.Les princes de la terre sont également appeléspar métaphore les boucliers de la terre, tnâginnê’érés.Ps. xlvii (xlvi), 10; Ose., iv, 18. — Dans le Nouveau Tes-,

589. — Soldats romains armés du scutum et du dypews attaquant les Daoes.D’après un bas-relief de la colonne trajane. Fronner, La Colonne IrajaTie, pl. 9E.

dessus de sa lête ses armes placées à l’intérieur du bouclier, nous permet de nous rendre très bien compte dela forme du scutum. Frôhner, Colonne trajane, pl. 5t.

Le scutum était fait de planches de bois léger, recouvertesde peau et entourées d’une bordure de métal. Unearmature consistant en une tige qui allait d’une extrémitéà l’autre du bouclier se relevait en bosse au milieu.Cette bosse s’appelait unibo. Il n’est pas d’ailleurs questiondes boucliers romains eux-mêmes dans l’AncienTestament; les termes de clypeus et de scutum, employéspar la Vulgate, ne préjugent rien quant à la forme desboucliers juifs ou orientaux qu’ils servent à désigner.

Les Grecs et les Romains avaient l’habitude de suspendredes’boucliers en ex-voto dans leurs temples. Hérodote, n, 12; Pausanias, i, 25, 26; x, 8, 7, etc. Parfois cesboucliers votifs étaient en terre cuite ou en marbre. Voirfig. 91, col. 347, le bouclier commêmoratif de la victoired’Arbèles. On remarquera que dans la représentation dela bataille les Perses et les Grecs sont également armésde boucliers ronds. La Bible mentionne des bouchersdorés, placés ainsi en ex-voto par Alexandre, dans letemple d’Élymaïde, en Perse. I Mach., VI, 2.

IV. Signification métaphorique du bouclier dans.l’Écriture. — Les mots qui désignent les différentes

DIGT. DE LA BIBLE.

tament, saint Paul compare la foi à un bouclier. Eph., vi, 16. V. J. Howson, The metaphors of St Paul, in-12, Londres, 1883, p. 28. E. Beurlier.

    1. BOUELLE##

BOUELLE (Bouelles, Bouille, Bouvelle, Bovillus)(Charles de), prêtre français, né vers 1470 à Sancour, enPicardie, mort à Noyon vers 1553. Il se livra à l’étudedes mathématiques et parcourut l’Allemagne, l’Italie etl’Espagne. Au retour de ses voyages, il embrassa l’étatecclésiastique et obtint un canonicat à Saint-Quentin, puis à Noyon, où il enseigna la théologie. Il a laissé unCommentarius in primordiale Evangélium Joannis, in-4°, Paris, 1511, et dès Qusesliones in utrumque Testamentum, in-f°, Paris, 1513. — Voir Niceron, Mémoiredes hommes illustres, t. xxxix, p. 158-171.

B. Heurtebize.

    1. BOUGES Thomas##

BOUGES Thomas, théologien français, né en 1667, mort à Paris le 17 décembre 1741. Il appartenait à la provincede Toulouse de l’ordre des Grands Augustins, etenseigna la théologie. Il a laissé: Exercitationes in universosSacrse Scripturx locos, in-f» de 25 pages, Toulouse, 1701; Dissertation sur les soixantediæ semaines d’annéesdu prophète Daniel, in- 12, Toulouse, 1702.

B. Heurtebize.

I. - 62

1891

BOUHOURS — BOULANGER

1892

    1. BOUHOURS Dominique##

BOUHOURS Dominique, né à Paris le 15 mai 1628, mort dans cette ville le 27 mai 1702. Il entra dans laCompagnie de Jésus le 7 septembre 1644. Il professa leshumanités au collège de Louis-le-Grand et la rhétoriqueà Tours; il fut plus tard chargé de l’éducation des princesde Longueville et du marquis de Seignelay, fils de Colbert.Comme historien et comme littérateur, il s’est faitune certaine réputation. Il n’a droit à entrer dans ceDictionnaire que par sa traduction: Le Nouveau Testamenttraduit en français selon la Vulgate, 2 in-12, Paris, 1698-1703. Ses confrères, les PP. Besnier et Michelle Tellier, l’aidèrent dans ce travail. Richard Simon publia

    1. BOULANGER##

BOULANGER (hébreu: ’ôfêh, «celui qui fait cuire[le pain];» Septante: oreoTtoiôç; Vulgate: pistor). Chezles Hébreux, dans les premiers temps, chaque famillefaisait le pain pour son usage. Ce soin était presqueexclusivement réservé aux femmes, Gen., xviii, 6; Lev., xxvi, 26; Matth., xiii, 33, etc., et dans les maisons dequelque importance à des serviteurs. Voir Pain. Plus tard, et encore seulement dans les villes, on voit des hommesen faire une profession. Ose., vii, 4, 6. C’est de même asseztardivement que le métier de boulanger qustor) s’introduisita Rome, en l’an 580 de la fondation de la ville.Pline, H. N., xiiii, 11. À l’époque de Jérémie, xxxvii, .



590. — Boulangers égyptiens. D’après une peinture du musée Guimet.

à cette occasion: Difficultés présentées au R. P. Bouhourssur sa traduction française des quatre Évangélistes, 1697. Le P. Bouhours lui répondit par: Lettre àM. Simon, au sujet des deux lettres du sieur de Romainville, écrites au P. Bouhours. Cette traduction aété plusieurs fois réimprimée, surtout depuis 1832; ellea été suivie par le P. Lallemant dans ses Réflexions spirituelles.— On peut encore citer du P. Bouhours: Paroles tirées de l’Écriture Sainte, pour servir de consolationaux personnes qui souffrent, in-24, Paris, 1701.Cet opuscule, purement ascétique, fut publié après sa mort.

C. SOMMERVOGEL.

    1. BOUILLIER##

BOUILLIER, BOULLIER David Renaud, théologienprotestant, né à Utrecht le 24 mars 1699, d’une familleoriginaire de l’Auvergne, fut ministre à Amsterdam, puisà Londres, où il mourut le 23 décembre 1759. Il a laissédes Observationes miscellaneæ in librum Jobi, in-8°,

Amsterdam, 1758.

B. Heurtebize.

21 (hébreu), il y avait à Jérusalem une rue ou place desBoulangers, hûs hâ’ôfim; ce qui suppose évidemment desgens de cette profession, réunis, comme c’est l’usage enOrient, dans une même partie de la ville. Au tempsd’Hérode, cette profession était plus commune; bonnombre de villes de Palestine avaient des boulangers.Josèphe, Ant. jud., XV, IX, 2. — Les rois d’Israël avaientà leur service de nombreux serviteurs pour fournir chaquejour le pain nécessaire à la cour. III Reg., iv, 22; cf. IIReg., VI, 19. Des femmes paraissent avoir été d’abord chargéesde ce soin. I Reg., viii, 13. L’organisation de ce serviceà la cour d’Israël dut se modeler sur celui de la courd’Egypte. Là nous voyons un chef des boulangers ou panetiers.Gen., xl, 1, 2, 16, 20; xli, 10. C’était une dignitéélevée dans les cours orientales. W. Pleyte, Le PapyrusRollin de la Bibliothèque impériale de Paris, in-f», Leyde, 1868, p. 10, signale un djadja, «chef» des panetiers, sous la xix «dynastie. nouvelle par MM. Bourassé et Janvier, in-8°, Tours, 1868. — Voir C. Chevalier, L’abbé Bourassé, dans le Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. ii, 1873, p. 377-423.

F. Vigouroux.

BOURDAILLE Michel, docteur de Sorbonne, théologal et grand vicaire de la Rochelle, mort le 26 mars 1694, est l’auteur d’une Explication du Cantique des cantiquestirée des saints Pères et des auteurs ecclésiastiques, in-12, Paris, 1689. Cet ouvrage est signé des initialesD. M. B. S. On doit encore à cet écrivain Théologie morale de l’Évangile comprise dans les huit béatitudeset dans les deux commandements d’aimer Dieu et le prochain, in-12, Paris, 1691.

B. Heurtebize.

BOURGEOIS, Burghesius, Jean, né à Maubeuge le 13 août 1574, mort dans cette ville le 29 mars 1653. Ilentra dans la Compagnie de Jésus le 18 novembre 1591. Il enseigna la philosophie et la théologie à Douai, fut deux fois recteur du collège le "Valenciennes, puis de celui de Maubeuge, instructeur de la troisième année de probation. Outre quelques ouvrages ascétiques, il a publié: Historia et harmonia évangelica tabulis, quœstionibuset selectis SS. Patrum sententiis explicata, in-f°, Mons,

C. Sommervogel.


BOURREAU (hébreu: tabbâḥ, «celui qui tue» ), exécuteur des arrêts condamnant à la peine de mort ouà quelque peine corporelle. Il n’y avait pas chez les Hébreux de bourreau proprement dit, c’est-à-dire d’hommeexerçant cette profession comme dans notre Occidentmoderne. Voici comment s’appliquait la peine de mort.

I. Ancien Testament. — 1° Exécutions chez les Hébreux. — 1° Homicide. — Tout homme qui commettaitun meurtre injustement, devait expier son crime par lamort. De temps immémorial, comme encore de nos jours, parmi les tribus nomades, celui qui s’était rendu coupabled’homicide devait périr par la main des parents de la victime. Moise sanctionna cette coutume. La loi déclareexpressément que dans le cas d’homicide, le plus procheparent du mort, le «vengeur du sang», ultor sanguinis (hébreu: go’êl), a le droit et le devoir de le venger, à moins que le coupable n’ait gagné une ville de refuge, et ne puisse établir qu’il n’a tué que par accident. Num., xxxv, 10-33. — 2° Crimes divers contre la religion et les mœurs. — Outre le meurtre et l’assassinat, la loi punissait de mort certains crimes qui offensaient gravement la morale ou la religion. Exod., xxi; xxii; Lev., xx; xxiv. Ainsi les faux prophètes qui détournent le peuple du vrai Dieu, Deut., xiii, 5, ceux qui entraînent leur prochain dans l’idolâtrie, Deut., un, 6, ceux qui s’y laissent séduire ou y tombent, Deut., xvii, 2-5, ceux qui immolent leurs enfants à Moloch, Lev., xx, 2, les blasphémateurs, Lev., xxiv, 11-23, etc., étaient condamnés à mort comme ayant commis un crime de lèse-majesté divine, brisant entièrement l’alliance théocratique. Dans tous ces cas, les coupables subissent le supplice de la lapidation; les témoins doivent jeter contre eux la première pierre, et c’est au peuple à les achever. Deut., xiii, 9; xvii, 6-7; Cf. J. Dav. Michaëlis, Mosaisches Recht, in-12, Francfort, 1780, 5e partie, n° 232 et 233; J. Ben. Michaëlis, Tractatio de judiciis pœnisque capitalibus, dans Ugolini, Thesaurus antiquit. sacrar., t. xxvi, col. cclviii-cclix. — 3° Crimes politiques. — Lorsque la monarchie fut établie en Israël, les rois condamnèrent à mort, et firent exécuter eux-mêmes, ceux qu’ils jugèrent dignes de la peine capitale. C’est ainsi que David fit mettre à mort, par ses serviteurs, l’Amalécite qui se vantait faussem*nt d’avoir tué Saül, II Reg., i, 2-16, et lesassassins d’Isboseth, II Reg., iv, 6-12. Salomon se servit du chef de ses gardes du corps, Banaïas, pour l’exécution d’Adonias, III Reg., ii, 25, de Joab, III Reg., ii, 29, 34, de Séméi, III Reg., ii, 46.

Exécutions chez les peuples étrangers. — L’Écriture parle accidentellement de ceux qui étaient chargésdes exécutions capitales à la cour des rois d’Égypte, desrois d’Assyrie et de Babylone. — 1° En Égypte. — Putiphar, cet officier de Pharaon auquel Joseph fut vendu, portait le titre de šar hattabbâḥim, «chef des trabans ou des exécuteurs.» Gen., xxxvii, 36. La Vulgate traduit ce titre de différentes façons: magister militum, Gen., xxxvii, 36; princeps exercitus, Gen., xxxix, 1; dux militum, Gen., xli, 12, etc., qui reviennent à «chef de l’armée». Mais il est plus juste, étant donnée l’étymologie du titre, et la fonction de Putiphar, qui avait la prison d’État sous sa haute surveillance, Gen., XL, 3; xli, 10, de voir ici le capitaine des gardes du corps, en même temps exécuteur des hautes œuvres. Cf. C. F. Keil, Die Genesis, p. 285; A. Knobel, Die Genesis, édit. Dillmann, in-8°, Leipzig, 1875, p. 411. Sous les Ptolémées, on rencontresouvent dans les papyrus et les inscriptions monumentalesgréco-égyptiennes les titres de σωματοφύλαξ, garde du corps, et ἀρχισωματοφύλαξ, chef des gardes du corps. Rosellini, Monumenti dell’Egitto, iie partie, Monumenti civili, t. iii, p. 201-202.


592. — Gardes du corps du pharaon Ramsès II. Ibsamboul.
D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. i, pl. xxviii.


On peut les voir représentés sur les monumentsaux diverses époques de l’histoire égyptienne(fig. 592). Cf. Rosellini, Monumenti dell’Egitto, t. ides planches, Monumenti istorici, pl. c, ci, ciii, cvi, cxxvi; Josèphe, Ant. jud., XII, ii, ’4. — 2° Assyrie et Chaldée. — À Ninive et à Babylone, il y avait, comme sur les bords du Nil, des officiers chargés del’exécution des sentences royales. Une brique émaillée, découverte à Nimroud, représente auprès du char du roiun personnage, tenant de la main droite un poignard, etappuyant sa main gauche sur la corde d’un arc qu’il porteen bandoulière (fig. 593). La légende explicative qui accompagne la scène le désigne sous le nom de daïku, «tueur ou exécuteur.» G. Smith, Assyrian Discoveries, p. 80. Leur chef s’appelait en assyrien rab daïki; c’est l’équivalent du chaldéen rab tabbâḥaya’, «chef des exécuteurs,» titre d’un des officiers de la cour de Nabuchodonosor, Arioch, chargé de mettre à mort les devins qui n’avaient pu comprendre le songe du roi. Dan., ii, 14. Voir Arioch, col. 963. La Vulgate traduit comme précédemment «chef de l’armée royale». Josèphe, Ant. jud., X, x, 3, l’appelle «chef des gardes du corps». Nous connaissons un des successeurs d’Arioch dans le même emploi, Nabuzardan. IV Reg., xxv, 8; Jer., xxxix, 9. Il était non pas princeps exercitus (Vulgate) ou tartan, mais bien rab tabbâḥîm. On ne le voit pas nommé parmi les chefs ennemis qui pénétrèrent dans la ville, quand les Chaldéens s’en emparèrent. Jer., xxxix, 3. Mais Nabuchodonosor l’envoya ensuite à Jérusalem pourexécuter sa sentence de destruction, brûler le temple, lespalais, les principales habitations, et amener les captifsà Babylone. Il agit bien ici en exécuteur des arrêts de lajustice royale. IV Reg., xxv, 8-10; Jer., xxxix, 9; XL, 1; xliii, 6; lii, 12. Ce chef des exécuteurs dans les cours égyptiennes et assyriennes répond au Nasakshi-baschi des Persans, et au Kapidschi-pacha des Turcs.


593. — Guerrier assyrien. Palais du sud-est à Nimroud.
D’après une photographie.

II. Nouveau Testament. — 1. Sous la domination romaine, les Juifs n’avaient plus le droit de condamnerà mort. Joa., xviii, 31. Dans des moments de tumulte, ils se l’arrogeaient cependant, et c’est ainsi qu’ils lapidèrent saint Etienne, qu’ils traitèrent comme blasphémateur. Selon la prescription mosaïque, les témoins lui jetèrent les premières pierres. Act. vii, 57-58. Cf. Joa., viii, 7. — 2. Les rois de la famille d’Hérode, qui étaient reconnus par l’empereur, avaient gardé le droit de vie et de mort, et ils faisaient exécuter leurs sentences par leurs gardes du corps. C’est ainsi que le tétrarque Hérode Antipas fit trancher par l’un d’eux, σπεκουλάτωρ, Marc, vi, 27, la tête de Jean Baptiste dans sa prison. Le mot σπεκουλάτωρ est le nom latin speculator grécisé. Les speculatoresformaient, sous l’empire, une garde du corps accompagnant les empereurs, marchant devant eux. Tacite, Hist., i, 24, 25; II, 11; Suétone, Caligula, 44; Claud., 35; Oct., 74, etc. Un de ces soldats est représenté sur la colonne Antonine, la lance à la main, montant la garde devant là tente de l’empereur (fig. 594) Ils étaient les exécuteurs des sentences portées par le prince. Sénèque, De Ira, I, 4, 16, 18; De Benefic. iii, 25; Jul. Firmicus, viii, 26. C’est à cause de la similitude des fonctions que saint Marc le prend dans le sens de garde du corps et d’exécuteur des sentences d’Hérode. Ce n’est donc pas un vrai speculator. Le mot סכלטור, sepiqlâtôr et sepûqlâtor, était passé dans la langue chaldéenne et rabbinique avec le sens de «bourreau». Lightfoot, Horæ hebraicæ, Opera, Utrecht, 1699, t. ii, p. 444. «Le sepiqlâtôr exécute ceux qui ont été condamnés à mort par le roi.» Gloss. ad Tanchum., P> 72 b. Le Targum de Jonathan rend «le chef des exécuteurs», šar hattabbâḥîm, Gen., xxxvii, 36, par רב סכוקלטוריא, «chef des speculatores.» J. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, édit. Fischer, p. 767.

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694. — Speculator devant la tente de l’empereur.D’après Bartoli, Columna Çochlis, 1704, pl. 55.D’après une photographie.

— 3. Sur quelques points, en particulier la torture, les coutumes romaines s’étaient introduites plus ou moins en Judée, La parabole du roi qui entre en compte avec ses serviteurs fait allusion aux bourreaux ou tortionnaires, βασανισται, qui par des tourments cherchaient à tirer dudébiteur ou de la pitié de ses proches le payement de sadette. Matth., xviii, 34. La loi romaine permettait de le vendre comme esclave, de le charger de chaînes, de le mutiler. Tite Live, Histor., ii, 23. Grotius prétend que cette loi était abolie, et qu’il s’agit simplement des geôliers. Quoi qu’il en soit du droit romain, en Orient les mœurs ne s’étaient pas adoucies sur ce point. Trench, Notes on the Parables, in-8°, Londres, 1874, p. 160. — 4. Quant aux bourreaux qui flagellèrent et crucifièrent Jésus-Christ, les évangélistes les appellent στρατιώται, milites. Matth., xxvii, 27; xxviii, 12; Marc, xv, 16; Luc, xxiii, 36; Joa., XIX, 2, 23, 24, 32, 34. Ils faisaient partie d’une même cohorte, σπεῖρα, cohors, Matth., xxvii, 27; Marc, xv, 16. Un centurion, ἑκατόνταρχος, centurio, Matth., xxvii, 54; Luc, xxiii, 47, figure parmi ceux qui furent chargés d’exécuter la sentence. Ed. Le Blant, Recherches sur les bourreaux du Christ et sur les agents chargés des exécutions capitales chez les Romains, dans Mémoires de l’Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres, t. xxvi, part, ii, p. 127-150, prétend que ces milites ne sont pas véritablement des soldats, mais des apparitores, ou agents spécialement attachés au

vice des magistrats romains dans l’exercice de leurs fonctions.Il est difficile de l’admettre: ces milites, cohors, centurio, sans aucune épithète, désignent tout naturellementdes soldats et non pas des agents d’un servicecivil, administratif. Cf. Naudet, Mémoire sur cette doublequestion: 1° Sont-ce des soldats qui ont crucifié Jésus-Christ?2° Les soldats romains prenaient-ils une partactive dans les supplices? dans Mémoires de l’Institut, Acad. inscript., même tome, p. 151-188. Toutefois ces soldatsn’étaient pas des légionnaires, comme semble l’admettrece dernier mémoire, mais des auxiliaires (voir ce mot, col. 997). Ce sont des troupes auxiliaires qui résidaient enJudée. Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel des antiquitésromaines, t. xi, Organisation militaire, trad. Brissaud, in-8°, Paris, 1891, p. 274. Le procurateur romain, comme garde d’honneur et par mesure de sûreté, emmenaitavec lui un détachement de soldats à Jérusalem, pendant les fêtes de Pâques. Josèphe, Anî. jud, , XX, v, 3.N’ayant pas droit à des licteurs, il faisait exécuter sessentences par les soldats qui lui servaient d’escorte.M. J. OUivier, La Passion, essai historique, in-8°, Paris, 1891, p. 277. E. Levesque.

    1. BOURSE##

BOURSE (hébreu: kîs; Septante: nip<T «raoc, fi «p(xÛ7t[ov; Vulgate: sacculus, saccellus; — hârit; Septante: ÔvXâxiov; Vulgate: saccus; — serôr; Septante: £v8s<t(jlo; , Beofid; ; Vulgate: sacculus; — Nouveau Testament:-yùrouôxofiov; Vulgate: loculi; |3 «XâvTtov; Vulgate: sacculus),

595. — Fellah de Palestine portant sa bourse.D’après une photographie de M. L. Heidet.

petit sac de cuir ou d’étoffe, destiné à mettre l’argentqu’on veut porter avec soi. Elle avait des formes diverseset prenait différents noms. — 1° Le kîs paraît avoir été lenom générique pour désigner toute espèce de bourse, comme maintenant encore chez les Arabes, comme le motpaXàvuiov des Grecs. Cependant il désigne spécialement unpetit sac de cuir ou d’étoffe, qu’on suspendait ordinairementau cou avec une courroie. On le laissait tombersur le devant de la poitrine ou sur le côté, comme le fontencore aujourd’hui les fellahs en Palestine (fig. 595). C’estla crumena des Latins (fig. 596). On s’en servait nonseulement pour porter son argent, Prov., i, 14; Is., xlvi, 6; mais les marchands y mettaient les poids pourpeser les denrées dans leurs balances portatives. Deut.,

xxv, 13; Prov., xvi, 11; Mich., vi, 11. — 2° Le hârit, d’après son étymologie, avait une forme allongée, uneforme de poire ou de cône renversé, comme le marsupiumdes Latins (fig. 597). Cette bourse prenait cette formelorsqu’elle était fermée, serrée qu’elle était dans le hautpar un cordon. IVReg., v, 23, Exod., xxxii, 4, et selon lesens probable de l’hébreu. E. F. Rosenmûller, Scholia inExodum, in-8°, Leipzig, 1822, p. 485. Les femmes juivesportaient ces bourses comme ornement, attachées à laceinture, Is., iii, 23; elles étaient sans doute d’étoffeprécieuse, rehaussée d’or et de pierres précieuses. Cetusage n’était pas particulier à la Palestine, on eh voit destraces chez les Grecs. Euripide, Cyclops, 181, d’après l’explicationde Nie. G. Schrœder, Commentarius philologicocriticusde vestitu mulierum hebrsear., in-8°, Utrecht, 1776, p. 298 et 282-301. —3° Le serôr, dont le sens premierest celui de «faisceau», I Reg., xxv, 29, de «paquet», est aussi un petit sac de cuir pour mettre l’argent, commele sacculus des Latins (fig. 598), ou un morceau d’étoffedont on ramène les coins pour les attacher ensemble, après y avoir déposé l’argent, serôr kaspô, Gen., xiii, 35; Septante: 6 Seo-pLÔç toû àpyupîo-j; Vulgate: ligatse pecunise; Agg., i, 6. On l’emportait pour un long voyage. Prov., vu, 20. — 4° Le yX&><ktox<S(*ov que portait Judas, Joa., xii, 6; xiii, 29, était un petit coffret ou botte divisé en plusieurscompartiments, une cassette destinée à des objets devaleur et de petite dimension, et en particulier à l’argent.C’est le loculus des Latins, une cassette portative. Originairementle YX(D(T(70xd|iov ou f Xw(7<toxoix.2ïov dans sa formeplus classique, désignait, selon sa signification étymolo596. — Forgeron portant la emmena. Lampe antique.

D’après F. Licetus, De lucernis aniiquorum reconduis, in-f°,

Padoue, 1612, col. 741-742.

gique, une petite boite divisée en compartiments, ou étuidans lequel les musiciens conservaient leurs becs de flûte.Etymologicum magnum, in-f°, Oxford, 1848, col. 680. Lemot était passé dans la langue rabbinique, xopDibj,

gelosqemâ’. J. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, édit. Fischer, p. 228. Le même mot est employé dans la traductiondes Septante, II Par., xxiv, 8, 10, 11, pour rendre le motàrôn, coffret ou sorte de tronc pour les offrandes d’argent.— 5° Le gaXivTiov de saint Luc, x, 4; xii, 33; xxii, 35, 36, est le terme général pour désigner une bourse; laVulgate rend ce mot, de même que fiap<T «nrEÏov, Eccli., xyiii, 33, par sacculus, qui désigne plutôt les bourses dun° 3, mais peut aussi avoir une acception plus étendue.Préchant le détachement à ses disciples, le divin Maîtreleur recommande de ne point se préoccuper d’emporterde bourse dans leurs courses évangéliques. Luc, x, 4; xxii, 35. Faites-vous, leur dit-il, des bourses qui ne s’usentpoint, que les vers ne rongent point, et qui ne soient pas exposées aux voleurs. Luc, xii, 33. Mais plus tard, pour leur marquer par des images saisissantes que lescirconstances sont changées, qu’ils ne recevront plus


597. — Mercure tenant la bourse à la main.
Lampe de terre cuite. D’après P. S. Bartoli, Antiche lucerne sepolcrali, in-f°, Rome, 1691, pl. 18.

l’hospitalité généreuse qu’on leur donnait, grâce à la faveurdont on entourait alors leur Maître, et que désormaisils rencontreront la froideur, même l’hostilité:


598. — Deux saccult. Peintures de Pompéi.
D’après le Real Museo Borbonico, t. i, pl. xii.

«Prenez maintenant votre bourse,» munissez-vous d’argentcomme des voyageurs ordinaires. Luc, xxii, 36.

Il faut remarquer que l’argent qu’on mettait dans cesbourses, avant la captivité de Babylone (voir col. 1404), n’était pas de la vraie monnaie; mais des morceaux d’or,

d’argent ou de cuivre, coupés ordinairement en anneauxde différentes grosseurs. Après la captivité la monnaieperse s’introduisit en Judée, et les Asmonéens eurent desmonnaies frappées à leur coin. I Par., xxix, 7, I Esdr., H, 69; II Esdr., vii, 70-72.

Les bourses renfermant des sommes déterminées etbien fermées étaient ensuite scellées, en sorte qu’on nepût les ouvrir et en retirer quelque chose sans briserle sceau. Gabélus, d’après le texte des Septante. Tob., ix, 5, remit les dix talents qu’il devait à Tobie dans desbourses ainsi scellées. Il est fait allusion à cet usage;


599. — Bourses égyptiennes scellées. Thèbes.
D’après Wilkinson, Manners, 2e édit., t. ii, p. 3.

Job, xiv, 17; Ose., xiii, 12. On constate aussi son existencedans l’ancienne Egypte. Les députés qui viennentapporter les tributs des nations à Thothmès III les présententdans des bourses ainsi scellées, contenant desobjets précieux et déposées ensuite au trésor royal (fig. 599).Souvent les Orientaux mettaient leur argent dans la ceinture, avec ou sans bourse. Matth., x, 9; Marc, vi, 8; cf. II Reg., xviii, 11. E. Levesque.

BOUTEILLE (hébreu: baqbûq, Jer., xix, 1; Septante: pïxo; ; Vulgate: laguncula; nèbél, Jer.; sin, M2;


600. - Bouteilles égyptiennes en Terre, provenant de Memphis.
xviiie-xixe dynastie. British Muséum, Londres.

Septante: ἀσκός; Vulgate: laguncula), vase portatif à goulot long et étroit et à panse plus ou moins renflée, destiné à contenir du vin ou d’autres liquides. Les outres en peau ont toujours été employées en Orient pour contenir le vin et les diverses boissons, mais on se servaitaussi de vases en terre, en métal et en verre. On lesvoit représentés sur les monuments, et de nombreux spécimensont été retrouvés en Égypte (fig. 600, 601), enAssyrie (fig. 602), en Phénicie. Ils prennent les formesles plus variées; quelques-uns se rapprochent de labouteille, non pas du type à panse cylindrique, communémentrépandu de nos jours; mais plutôt du fiasco aucol plus allongé, à la panse plus ou moins sphérique, siconnu en Italie. Plus souvent ils sont en terre; mais on[[File: [Image à insérer]|300px]]
601. — Bouteille égyptienne en terre cuite. Musée du Louvre.
voit d’assez nombreux modèles en verre. La bouteille assyrienneen verre, si l’on en juge par les types des IVe etVe siècles avant J.-C. trouvés à Babylone et conservésau British Muséum (fig. 603), était remarquable surtoutpar la solidité de son aplomb. Les bouteilles égyptiennes,en terre ou en verre, avaient des formes variées: les unesvoisines de la bouteille ou fiasco, parfois munies d’uneanse; les autres rappelant plutôt l’amphore grecque. Unmodèle de cette forme porte inscrit sur sa panse: arp, «vin», suivi de l’idéogramme hes, «vase».

Plus que l’Égypte, la Phénicie était renommée dans[[File: [Image à insérer]|300px]]
602. — Bouteille assyrienne en terre cuite, trouvée à Khorsabadd.
D’après Place, Ninive, pl. 68-69.
l’antiquité pour la fabrication du verre (fig. 604); mais,comme pour d’autres branches de leur industrie, les Phénicienss’inspiraient beaucoup des artisans de la vallée duNil. C’est à l’un et l’autre marché que les Juifs devaient s’approvisionnerpour les bouteilles de verre: on ne trouve pas[[File: [Image à insérer]|300px]]
603. — Bouteilles assyriennes en verre, provenant de N mroud Br tish Muséum.
d’allusion à cette industrie en Judée, comme à celle du potier.Deux mots hébreux peuvent désigner la bouteille;baqbûq, dont l’étymologie marque le bruit particulier d’unliquide passant parun goulot étroit, Jer., xrx, l, 10 (Vulgate:laguncula), et nêbél, qui désignait d’abord une outre, mais,s’appliqua ensuite à des vases de terre ou de verre servantà contenir le vin ou d’autres liquides. Is., xxx, 14;Jer., xiii, 12; xlviii, 12 (lagunculas eorum, nibeléhém, du coude s’appelait ’ėṣ’âdâh. D’après l’étymologie, ṣâ’ad, «faire un pas,» il semblerait désigner l’ornement des pieds; mais celui-ci se nomme צְעָדָה, et non אֶצְעָדָה, avec aleph; et l’explication donnée, II Reg., i, 10, ne laisse pas de doute sur le vrai sens de ce dernier: «l’éṣ’âdâh qui était



607. — Bracelet égyptien, formé de grains de lapis, alternantavec des grains de quartz rouge, montés sur des fils en or.
Musée du Louvre.


sur son bras.» Les Septante l’ont, du reste, bien rendu parχλιδῶν, le bracelet proprement dit, et Aquila par βραχιάλιον. Dans le second endroit où ’éṣ’âdâh est employé, Num., xxxi, 50, il vient, dans une énumération de bijoux, avant le ṣâmid, «bracelet du poignet,» dont le sens est par ailleurs nettement déterminé. Dans Eccli., xxi, 24, le χλιδῶν du


608. — Bracelet assyrien en bronze. Musée du Louvre.

grec et le brachiale de la Vulgate indiquent évidemmentla même espèce de bracelet, celui qui se portait au-dessusdu coude.

3° Quant au šêrâh, qui n’est employé que dans Is., iii, 19, il est certain qu’il s’agit d’une espèce de bracelet. Le chaldéen conserve le mot, שְׁירָה, šêrâ, qui lui sert toujours à rendre le mot ṣâmîd; la Vulgate traduit armilla, «bracelet.» Bien que les Septante aient interverti l’ordre des mots dans la série des bijou énumérés par le texte original, ils paraissent cependant avoir traduit par ψέλλιον. De plus, le šêrâh hébreu se rapproche beaucoup de l’arabe سِواَر, ṡéwar, «bracelet,» et spécialement bracelet formé de perles ou de pierreries enfilées dans un cordon. Cf. N. G. Schrœder, Commentarius de vestitu mulierum hebræarum, in-8°, Utrecht, 1776, p. 57-59. Cette sorte de bracelet se portait au poignet; c’est ainsi que l’entend la paraphrase chaldéenne, שירי ידיא, šêrê yedayä’, «bracelets de main.» Is., iii, 19.


609. — Bracelet grec en or. Musée du Louvre.

II. Usage des bracelets.

Sur les monuments assyrienset égyptiens, sculptures ou peintures, on voit souventles rois, les officiers de la cour, les eunuques même, portant les deux sortes de bracelets, celui du bras etcelui du poignet (fig. 312, 319, col. 1145, 1157).


610. — Bracelet grec en or. Britlsh Muséum.

On endonne également aux dieux et aux génies (fig. 316, 317, col. 1154, 1155). Il en est de même en Egypte. On en a retrouvéun grand nombre dans les tombeaux (fig. 605-607)ou dans les ruines des palais (fig. 608). Cet ornement

était si commun chez les Perses, qu’Hérodote, 1708. Il fut prédicateur de l’église réformée française à Nimègue, puis professeur de théologie et de langues orientales à Groningue. On doit à cet auteur, imbu des idées des coccéiens, Vestitus sacerdotum Hebræorum, sive Commentarius amplissimus in Exodi c. xxviii, xxix, et Levitici c. xvi, aliaque loca Sanctæ Scripturæ quamplurima, 2 in-8°, Leyde, 1680; 2 in-4°, Amsterdam, 1701. Cet ouvrage, où il est question des antiquités judaïques, devait faire partie d’un traité considérable, De sacerdotio Hebræorum. Il est l’auteur également d’un Commentarius in Epistolam ad Hebræos, in-4°, Amsterdam, 1705. En 1700, il avait publié, in-4°, à Amsterdam, cinq livres de Selecta sacra. Dans le premier, il s’occupe des villes ou des hommes à qui étaient destinées les Épîtres des Apôtres; le second traite des sept sceaux dont il est question dans l’Apocalypse; le troisième, de la sainteté du pontife suprême (Hebr., vii); dans le quatrième, il explique les lamentations des femmes sur la mort d’Adonis, dont parle Ézéchiel, viii, 14; le cinquième enfin contient, entre autres choses, une dissertation sur la beauté du style de l’Ancien Testament. — Ugolini, Thesaurus antiquitatum sacrarum, donne deux dissertations de cet auteur, tirées de ses Selecta sacra: t. xi, col. dcclxvi-dcclxxxiii, De adolitione suffitus; t. xii, col. Clviii-ccxviii, De sanctitate pontificis maximi. — Voir Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 59.

B. Heurtebize.

BRÉBIA Gabriel, né à Milan, avait fait profession de la règle bénédictine le 28 mars 1479, dans l’abbaye de Saint-Pierre de cette ville. Il a laissé Breve commentarium in Psalmos et in fine cujusque psalmi piæ aliquot orationes, in-4°, Milan, 1490. Il emprunte presque toutes ses explications à saint Jérôme et à Nicolas de Lyre. Brunet, Manuel du libraire, 1863, t. iv, p. 934, indique une édition de 1477, plus rare. — Voir Armellini, Bibliotheca Benedictino-Cassinensis, in-f°, 1731, t. i, p. 178; L. Hain, Repertorium bibliographicum, t. i (1826), p. 520.

B. Heurtebize.

1. BREBIS (hébreu: râḥêl, ṡéh; Septante: πρόϐατον; Vulgate: ovis, pecus. — Tâléh, le petit agneau; kébéṡ et kibṡâh, kéṡéb et kiṡbâh, l’agneau, mâle et femelle, de un à trois ans; kar, l’agneau gras; chaldéen: ’immar;


611. — Brebis de Palestine.
D’après une photographie de M. L. Heldet.

Septante: ἀμνός, ἄρς; Vulgate: agnus, agna). La brebis, (fig. 611), femelle du bélier, est un mammifère de l’ordre des ruminants et de la famille des bovidés. Elle ne porte pas de barbe, comme la chèvre, et a le chanfrein arqué; les cornes, quand elle en a, sont contournées latéralementen spirales, creuses, persistantes et ridées en travers. Elle est revêtue d’un duvet qui se développe au point de former une épaisse toison ordinairement blanche, parfois noire ou mêlée de noir et de blanc. Dans nos contrées, la brebis ne porte qu’une fois par an et ne fait en général qu’un petit par portée; dans les pays plus chauds, elle porte souvent deux fois. La fécondité commence après la première année et continue jusqu’à l’âge de dix ou douze ans. La brebis est un animal d’intelligence fort bornée et de constitution assez faible. Si l’homme ne venait à son secours pour en prendre un soin continuel et la défendre, elle ne tarderait pas à disparaître à peu près de partout.

1. La race ovine de Palestine.

«Il y a en Palestine, écrit Tristram, deux races de brebis, autant que j’ai pu en juger par l’observation. Dans les montagnes du nord, c’est une race qui ne paraît pas différer du mérinos, avec une laine courte et fine, des jambes très bien formées, courtes et grêles. La brebis commune de Syrie est plus haute; elle a les os développés et une vastequeue plate, point de cornes à la tête, excepté chez le bélier, et un long museau arqué, tel qu’on en voit représentés dans les paysages italiens. Ce qui caractérise cette race, c’est l’énorme développement de graisse qu’elle aà la queue. Aussi plusieurs la distinguent-ils de la brebis commune, ovis aries, sous le nom d’ovis laticaudata (fig. 612). C’est la seule race connue dans le sud de la contrée, et il semble bien qu’elle a été la brebis des anciens Israélites. Exod., xxix, 22; Lev., iii, 9, 11. Hérodote, iii, 113, et Aristote, Hist. anim., viii, 12, font tous deux mention spéciale de la brebis à large queue d’Arabie et de Syrie. Cette queue n’est qu’une masse adipeuse, qu’on emploie comme graisse pour l’éclairage et pour la cuisine. Les Arabes la font frire par tranches et l’estiment très délicate. Mais cela rappelle trop le suif frit.» The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 143. «On comprendra maintenant pourquoi, chez les Hébreux, la queue des béliers figure toujours parmi les meilleures parties de la victime qui devaient être brûlées sur l’autel.» Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 30. Pour compléter ces remarques, voici ce qu’on lit dans d’Orbigny: «La queue, qui descendjusqu’aux jarrets, est très renflée sur les côtés, par l’effet d’une accumulation de graisse assez peu solide dans le tissu cellulaire, laquelle forme quelquefois une sorte de loupe très considérable, du poids de trente àquarante livres, recouverte en dessous d’une peau nue de couleur chair, et marquée par un léger sillon longitudinal.» Dict. univers. d’histoire naturelle, Paris, 1872, t. ix, p. 221.


612. — Brebis à large queue de Palestine.

«La couleur de la brebis est généralement blanche, de même que celle du bouc est noire. Mais, quoique la brebis noire soit rare, la brebis brune est assez fréquente dans certains troupeaux. En général, les brebis sont de couleur pie ou blanches. Les couleurs, bien distinctes chez les jeunes agneaux, le deviennent moins chez les vieilles bis, de telle sorte que, quand la laine est longue, celle-cia plutôt l’air décolorée qu’à deux couleurs.» Tristram, Nat. Hist., p. 144. C’est à raison de cette couleur blanchede la laine des brebis que les dents de l’épouse sont comparéesà «un troupeau de brebis qui montent de la piscine», Cant, vi, 5, et que la laine est assimilée à la neige.Ps. cxlvii, 16. Le séjour habituel des troupeaux en pleinair favorisait le développement de cette blancheur éclatantede la laine.

II. Les grands troupeaux de brebis chez les Hébreux.

Le mot ṡéh, qui désigne la brebis ou l’agneauen particulier, se rapporte aussi à l’espèce en général, Exod., xxxiv, 19; Lev., v, 7; xii, 8; xxii, 23, 28; xxvii, 26; Deut., xiv, 4; Jud., vi, 4; I Reg., xv, 3; xxii, 19; maisparfois il sert à indiquer le troupeau de petit bétail, spécialementde brebis. Gen., xxx, 32; I Reg., xvii, 34; Ezech., xlv, 15. Jérémie, l, 17, compare Israël à un «ṡéh dispersé que les lions pourchassent», et Ezéchiel, xxxiv, 17, 20, 22, dit que le Seigneur fera le discernement «entre ṡe̊h et ṡéh». — Le mot ṣ’ôn désigne habituellementles troupeaux de brebis et de chèvres, Gen., xxvii, 9; xxxviii, 17; Lev., i, 10; Num., xxxii, 24; Ps. viii, 8; Jer., l, 8, et une fois les troupeaux de brebis seules que l’on tond. I Reg., xxv, 2.


613. — Troupeau de brebis en Egypte.
Tombeau de Ghizéh. ve dynastie. D’après Lepsius, Denkmäler, Abth. ii, B1, 51.

Les patriarches, ancêtres des Hébreux, ont été possesseursde nombreuses brebis. Les Livres Saints mentionnentspécialement à ce titre Abel, Gen., iv, 2; Abraham, Gen., xii, 16; xxiv, 35; Lot, Gen., xiii, 5; Isaac, Gen., xxvi, 14; Laban, Gen., xxix, 9; Jacob, qui fit présentde deux cents brebis à son frère Esaû, Gen., xxxii, 5, 14; xlv, 10; les Sichémites, Gen., xxxiv, 28, et les fils deJacob, Gen., xxxvii, 13; xlvi, 32. Quand ceux-ci passèrenten Egypte, ils y virent des troupeaux de brebis (fig. 613, 614), comme dans les pays qu’ils quittaient. «Les brebis, sau, se trouvent déjà sur les monuments de la xiie dynastie.Un propriétaire, comme nous l’apprend l’inscription d’untombeau de la grande pyramide, possédait à lui seul untroupeau de trois mille deux cent huit têtes de bétail. Ledieu Num ou Khnum (fig. 22, col. 179) apparaît en unemultitude d’endroits avec une tête de bélier.» Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 439.Si donc «les Égyptiens détestaient tous les pasteurs de brebis», Gen., xlvi, 34, leur aversion ne portait que sur les pasteursétrangers, sur les Sémites en particulier, d’où étaientsortis ces rois pasteurs ou Hyksos qui alors régnaient surl’Egypte. Apapi, qui appartenait à cette dynastie étrangère, fit au contraire bon accueil à Jacob et à ses fils.

Quand ils durent quitter la terre de servitude sousla conduite de Moïse, qui avait lui-même gardé lesbrebis de Jéthro, Exod., iii, 1, les Hébreux possédaientde grands troupeaux. Exod., x, 9. En Palestine, lesHébreux ne cessèrent jamais d’en élever un grand nombre, Deut., viii, 13, comme du reste tous leurs voisins.On le voit par l’histoire de Job, qui possédait d’abordsept mille, puis quatorze mille brebis. Job, i, xlii, 3; 12.Il convient encore de signaler les troupeaux de brebisd’Isaï, père de David, I Reg., xvi, 11; de Nabal, descendantde Galeb, propriétaire de trois mille brebis, I Reg., xxv, 2; de David, qui avait un fonctionnaire spécialpréposé à ses troupeaux de brebis, I Par., xxvii, 31; de Salomon, Eccle., ii, 7, et d’Ézéchias. II Par., xxxii, 29.Le roi Mésa payait au roi d’Israël un tribut de centmille agneaux. IV Reg., iii, 4. L’élevage de pareils troupeauxde brebis était du reste une nécessité pour lesHébreux, en vue de l’alimentation et surtout des sacrifices.Les Orientaux mangent peu de viande, mais le laitforme une partie importante de leur nourriture; la laineleur sert à se vêtir. Quant aux sacrifices, Josèphe, Bell. jud., VI, ix, 3, dit que de son temps on n’immolait pasmoins de deux cent cinquante-six mille cinq cents agneaux, rien que pour la Pâque. Thomson, The Land and the Book, Londres, 1875, p. 331, écrit à ce sujet: «L’Orienta toujours été et est encore la terre-nourricière des brebis, comme la vallée du Mississipi est celle des porcs. Jobpossédait quatorze mille têtes de bétail, et Salomon enoffrit cent vingt mille en sacrifice, à la dédicace du temple.Ces chiffres, comparés à ce qui se voit actuellement dansce pays, ne paraîtront nullement incroyables. Tous lesans, il arrive, du nord, des troupeaux en telle multitude, qu’il y a de quoi confondre l’imagination. En 1853, laroute de l’intérieur n’était pas sûre; ils passaient tous surle littoral. Pendant les mois de novembre et de décembre, toute la côte en fut couverte; ils venaient de la Syrieseptentrionale et de la Mésopotamie. Les bergers qui lesconduisaient ressemblaient parfaitement, je crois, par lecostume, les mœurs, le langage, à ceux d’Abraham et deJob. De loin, ces troupeaux sont exactement comme lestroupeaux de porcs qu’on voit se diriger vers Cincinnati; leur marche est aussi lente et leurs allures semblables.Les bergers «mettent un intervalle entre chaque troupeau», Gen., xxxii, 16, et ils les font avancer lentement, comme le faisaient les bergers de Jacob et pour la mêmeraison. Si on les presse trop, les brebis périssent. Mêmeavec les plus grands soins, beaucoup succombent. Plutôtque de les abandonner sur le bord de la route, les bergersles tuent et les vendent aux pauvres, s’ils ne lesmangent pas eux-mêmes. Les troupeaux vont ainsi diminuantsans cesse, à mesure qu’ils avancent vers le sud, parce qu’on profite de toutes les occasions pour en vendre.Aussi tout le pays en est-il fourni. Quel ne devait donc

pas être leur nombre, quand ils sont partis d’abord desdéserts lointains de l’Euphrate! Les plaines septentrionalesregorgent littéralement de brebis, et la provisionen est inépuisable. Quand il faut abreuver tous ces animauxdans des régions où les puits sont rares, il n’estpas surprenant qu’il y ait de fréquentes querelles, commenous le lisons dans l’histoire des patriarches.» Cf. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, t. i, p. 395.Aujourd’hui les troupeaux de brebis sont beaucoup moinsnombreux en Palestine, par suite de l’abandon dans lequelest laissé le pays, et c’est pourquoi on en amènedes plaines de l’Euphrate jusque sur le littoral méditerranéen.Autrefois la contrée nourrissait elle-même le bétaildont parlent les Livres Saints.

III. Les bergeries palestiniennes. — Les brebis dePalestine séjournent d’ordinaire «dans de vastes plainesdécouvertes ou des dunes, coupées çà et là par de profondesravines, dans les flancs desquelles se cachent ungrand nombre de bêtes sauvages ennemies du troupeau.

4.».

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614. — Brebis d’Egypte.

Tombeau de BéniHassan. XIIe dynastie. D’après Lepsius,

Denkmaler, Abth. ii, Bl. 132.

Durant le jour, les brebis errent à volonté sur une largesurface de pâture commune; on les empêche seulementd’empiéter sur le terrain d’une autre tribu. Le soir, onles enferme dans un bercail. Ces bercails sont, dans laplupart des contrées, des cavités naturelles ou d’antiquesdemeures des Horréens, adaptées à cet usage. Une muraillebasse est bâtie à l’entour, comme on peut le voir au montde la Quarantaine, auprès de Jéricho, dans les vallées voisinesdu lac de Galilée et dans la haute région de Juda.Parfois il n’y a qu’un simple mur de démarcation, avecune entrée, bâti sur un terrain élevé. À cause de la multitudedes chacals et des loups, les bergers sont obligésde monter la garde autour de leur troupeau pendant lanuit. Luc, ii, 8. La même chose se pratique encore aujourd’hui.Dans le haut pays à l’est du Jourdain, il n’y apas de cavernes, tandis qu’elles abondent dans le districtélevé de Juda». Tristram, Natural History, p. 138. Quandil était nécessaire, on bâtissait des tours pour protéger lepasteur et son troupeau. Voir Berger, col. 1615.

Les.bercails portaient différents noms. On appelaitgedêrâh l’enceinte de pierres sèches dans laquelle onenfermait les brebis. Les tribus de Ruben, de Cad etla demi-tribu de Manassé avaient élevé de ces enceintesdans le pays transjordanique où Moïse les avait établies.Num., xxxii, 16, 24, 36. La bosràh, Mich., ii, 12 (chaldéen: bissûrtâ’) est «l’endroit dans lequel on forced’entrer» les brebis; la miklâh ou miklâ’, «l’endroit danslequel on les enferme» (Septante: aîiX^, £itai>Xt{, xoi’rri; Vulgate. caula, ovile). Hab., iii, 17; Ps. L, 9; lxxviii, 70(hébreu). Les miSpepaïm ou sefattaïm étaient les bercailsà ciel ouvert, dans lesquels on demeurait la nuit. Gen., XLix, 11; Jud., v, 16; Ps. lxviii (hébreu), 14. Ces deuxderniers noms ont la forme du duel, parce que ces bercails

étaient divisés en deux parties, enfermant chacune unbétail d’espèce différente. L’expression proverbiale «dormirentre ses bercails» se ht dans les trois textes précédents; elle signifiait: «se reposer en toute sécurité,» comme faisaitle berger qui n’avait rien à craindre pour son troupeaubien enfermé. On construisait des bercails dans les endroitsvoisins des pâturages, I Reg., xxi v, 4; II Par., xxxii, 28; Ps. Lxxviii (hébreu), 70, et l’on y conduisaitles troupeaux à l’époque favorable. Gen., xxix, 7. Dans lesguerres, on ne manquait pas de les détruire et d’emmenerles troupeaux, II Par., xiv, 15, et le vainqueur établissaitles siens dans le pays conquis. Ezech., xxv, 4; Soph., ii, 6. La malédiction divine vidait la bergerie.Hab., iii, 17. Le Seigneur promet qu’après la captivité ilrassemblera son peuple comme un troupeau dans le bercail, Mich., ii, 12, et que ce bercail sera la riche plainede Saron. Is., lxv, 10 (hébreu).

Les détails qui précèdent permettent de comprendrece que Notre-Seigneur dit du bercail des brebis. Il a uneporte, par laquelle entrent le berger et les brebis, tandisque le voleur «monte par un autre côté», en escaladantla barrière ou le mur. Joa., x, 12. L’Église est le «bercailunique» dans lequel «l’unique Pasteur» veut rassemblertoutes ses brebis. Joa., x, 16.

IV. Le soin des brebis. — Comme les brebis procurentde précieuses et faciles ressources, par leur lait, leur chair, leur laine et leur peau, les plus pauvres, à l’exception deshabitants des villes plus considérables, en possédaient aumoins quelques-unes. Le prophète Nathan parle d’unemanière touchante de ce pauvre qui n’a qu’une petitebrebis, la voit grandir au milieu de ses enfants, lanourrit de son pain, la fait boire à sa tasse et dormirdans son sein, en un mot, la chérit comme une fille.II Reg., xii, 3. Mais la brebis et l’agneau sont des proiesaussi tentantes qu’incapables de se défendre contre larapacité des voleurs. Joa., x, 10. L’agneau surtout sauteet vagabonde sans souci du danger. Prov., vii, 22; Ps.cxm, 4, 6; Sap., xix, 9. Aussi la loi prenait-elle ces animauxsous sa protection. Pour une brebis volée, on était obligéd’en rendra deux si on l’avait gardée, et quatre si onl’avait tuée ou vendue. Exad., xxii, 1, 4, 9; II Reg., xii, 6.On devait ramener à son propriétaire la brebis égarée.Deut., xxii, 1. On donnait des brebis en échange deterres, Gen., xxxiii, 19; Jos., xxiv, 32, ou même pourservir de témoignage à un contrat. Gen., xxi, 28. À laguerre, on tuait les brebis de l’ennemi, Jos., vi, 21; I Reg., xv, 3; xxii, 19; xxvii, 9, ou l’on s’en emparait, Jos., vu, 24; Jud., vi, 4; I Reg., xiy, 32; I Par., v, 21. LesHébreux firent ainsi aux Madianites une razzia de six centsoixante-quinze mille brebis. Num., xxxi, 32. — Pourconduire les brebis au pâturage, le berger marchait devantelles, contrairement à ce qui se passe dans plusieurspays. Il en est encore ainsi en Palestine. «Il est nécessaireque le troupeau apprenne à suivre, sans s’égarerde côté dans les champs de blé dépourvus de clôture quiparaissent si tentants. Il suffit qu’une seule brebis le fassepour causer du désordre. De temps en temps le bergerles appelle par un cri aigu, pour les faire souvenir de saprésence. Elles connaissent sa voix et le suivent. Mais, si un étranger les appelle, elles s’arrêtent court et lèventla tête tout alarmées. Si l’appel est réitéré, elles tournentet s’enfuient, parce qu’elles ne connaissent pas la voixde l’étranger. Ce n’est pas là un ornement imaginaire deparabole, c’est un simple fait, et j’en ai souvent répétél’expérience.» Thomson, The Land and the Book, p. 203.L’auteur a vécu trente ans en Palestine. Son témoignagepeut donc servir de commentaire autorisé aux paroles deNotre-Seigneur dans l’Évangile: «Les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix; mais elles ne suiventpas l’étranger et s’enfuient loin de lui, parce qu’elles neconnaissent pas la voix des étrangers.» Joa., x, 4, 5. — Lesbrebis sont menées au puits, et on leur verse l’eau dansdes abreuvoirs. Gen., xxix, 2, 3, 7; xxx, 38; Exod., ii, 17.

Sur différents autres soins rendus aux brebis, voir Berger, col. 1616. — La tonte des brebis était chez les Hébreux une occasion de réjouissances champêtres. Gen., xxxi, 19; xxxviii, 12, 13; 1 Reg., xxv, 2, 4, 7; Il Reg., xm, 23-27. On ne tondait pas les premiers-nés. Deut., xv, 19. Une partie de la laine revenait de droit aux lévites.Deut., xviii, 4.

V. Les brebis et les agneaux dans les sacrifices.— La race ovine jouait un grand rôle dans les sacrificesprescrits aux Hébreux. Exod., xx, 24; Lev., i, 2. On devaitoffrir le premier-né de la brebis le huitième jour après sanaissance, Exod., xxii, 30; xxxiv, 19; Lev., xxii, 27; mais, pour inculquer à son peuple l’horreur de toute cruauté, le Seigneur défendait d’immoler en même temps la brebiset ses agneaux. Lev., xxii, 28. Si l’on voulait conserver lepremier-né de l'âne, on devait sacrifier à sa place une brebis. Exod., xiii, 13. Les brebis servaient à l’holocauste, Lev., i, 10; I Reg., vii, 9, au sacrifice pacifique, Lev., in, 6, 7, et au sacrifice pour le péché. Lev., iv, 32; v, 6.On immolait deux agneaux et une brebis d’un an dansle sacrifice pour les lépreux, Lev., xiv, 10-25, un agneauet une brebis d’un an dans le sacrifice offert par le nazaréen (nâzîr). Num., vi, 12, 14. Le sacrifice quotidien secomposait de deux agneaux, un pour le matin et un pourle soir. Exod., xxix, 38, 39. C’est encore un agneau d’unan que chaque groupe d’au moins dix personnes avait àoffrir, pour le.manger ensuite dans le festin pascal. Exod., xii, 3, 5. Voir Paque. On immolait sept agneaux d’un anaux néoménies, Num., xxviii, 11, au premier jour de laPâque, Num., xxviii, 19, à la Pentecôte, Lev., xxiii, 18; Num., xxviii, 27, au premier jour du septième mois, fêtedes Trompettes, Num., xxix, 2, et à la fête de l’Expiation, Num., xxix, 8; quatorze agneaux à la fête des Tabernacleset pendant l’octave, mais sept seulement le huitième jourde cette solennité. Num., xxix, 15, 36. Le jour de la Pentecôte, on ajoutait à l’holocauste un sacrifice pacifique dedeux agneaux. Lev., xxiii, 19. Dans tous les sacrifices, il était spécialement prescrit de brûler la graisse et laqueue de la victime. Lev., iii, 9. Parmi les sacrifices mémorables, la Sainte Écriture mentionne les cinq agneauxofferts comme victimes pacifiques, et l’agneau présentéà l’holocauste par chacun des princes des douze tribusd’Israël, à l’occasion de la dédicace du tabernacle, Num., vil, 15-83; les mille agneaux pour le sacre de Salomon, I Par., xxix, 21; les cent vingt mille brebis pour la dédicace du temple, III Reg., viii, 5, 63; les trois mille brebisoffertes par Êzéchias, II Par., xxix, 33; les quatre centsagneaux pour la dédicace du second temple, I Esdr., VI, 17, et les soixante-dix-sept agneaux immolés en holocauste par les Juifs revenus de Babylone. I Esdr., viii, 35.Du temps de NotreSeigneur, on vendait jusque dans lesparvis du temple les brebis destinées aux sacrifices. Joa., H. 14, 15.

VI. Emploi de la peau et de la chair des brebis. —La toison et la peau des brebis servaient à fabriquer desvêtements. Job, xxxi, 20; Prov., xxvii, 26; Matth., vii, 15.Voir Laine. On se nourrissait du lait, et l’on pouvait manger la chair des brebis. Deut., xiv, 4; II Reg., xiii, 23, 24.Dans le désert, il fallait offrir à la porte du tabernacletout animal qu’on tuait pour l’alimentation. Lev., xvii, 4.A l’occasion d’une Pâque solennelle, le peuple reçutd'Ézéchias sept mille brebis, et des princes dix millebrebis pour sa nourriture. II Par., xxx, 24. Holophernetraînait des troupeaux de brebis à la suite de son armée, pour l’alimentation de ses soldats. Judith, ii, 8. La vianded’agneau et de brebis était également servie sur les tablesles plus recherchées. Am., vi, 4; Dan., xiv, 2, 31. Engénéral, tout animal de race ovine était destiné à l’auteldu sacrifice ou était égorgé, lorsqu’il avait rendu les services qu’on attendait de lui. C’est pourquoi le peuplecoupable est comparé à la brebis qui doit être tuée.Ps. xliii, 12, 22; Jer., li, 40.

VIL Les brebis de Jacob. — Dans le dessein d’obtenir

des brebis tachetées de différentes nuances, Jacob seservit du moyen suivant. Il prenait des branches vertes, et en ôtait en partie I'écorce, de manière à produire desrayures blanches et foncées; puis il plaçait les branchesainsi préparées dans les abreuvoirs des brebis, à l'époquede leur fécondation. La bigarrure qui frappait les yeuxdes mères se reproduisait ensuite sur la toison de leurspetit*. Gen., xxx, 37-43. — On est loin d'être d’accord surle caractère de cet épisode de l’histoire de Jacob. On citeun certain nombre de faits tendant à prouver que la multiplication des agneaux tachetés se produisit d’une manièreexclusivement naturelle. Oppien, Cynegetica, édit. Didot, 1846, p. 7, dit qu’on obtenait des poulains zébrés de différentes couleurs en présentant aux juments des chevauxpeints de ces couleurs. On usait d’un artifice analogue àl'égard des pigeons. Pline, H. N., vii, 10, donne d’autresexemples. Cf. Élien, Hist. anim., viii, 21. Les Pères latinsadmettent que l’effet obtenu par Jacob a été purementnaturel. S. Jérôme, Quxst. hebr. in Gen., t. xxiii, col. 984; S. Augustin, In Heptat., ix, t. xxxiv, col. 572; De Civit.Dei, xviii, 5, t. xli, col. 564, etc. Leur manière de voirest adoptée par Bochart, Hierozoicon, édit. de 1793, 1. 1, p. 618; Calmet, Commentaire littéral, la Genèse, Paris, 1724, p. 243, etc. Les Pères grecs, au contraire, pensentque le fait est purement miraculeux. S. Jean Chrysostome, Rom. lvii in Gen., 2, t. lui, col. 496; Théodoret, Qussst. lxxxix in Gen., t. lxxx, col. 198. Leur avisest partagé par Tristram, ,! vaÉuraZ.Histori/, p.l44; W.Houghton, dans le Dictionary of the Bible de Smith, Londres, 1863, t. iii, p. 1243, etc. De fait, il n’est pas démontréque la cause mise en action par Jacob puisse produire autrechose que des effets accidentels et exceptionnels. Les tachesque certains enfants apportent en naissant (nievi materni)sont loin d’avoir habituellement pour cause les vifs désirsde la mère. Quant aux animaux, il n’y a pas de rapportnécessaire entre la couleur des objets perçus par les yeuxde la mère et la disposition du pigment qui colore lepelage de ses petit*. Néanmoins les deux sentiments opposés des exégètes peuvent, semble-t- ii, être conciliés.Aux dispositions que prend Jacob, il paraît bien que legardien des troupeaux de Laban entend poser une causenaturelle, dont il a dû lui-même constater l’efficacité encertaines occasions. Mais il n’ignore pas que cette efficacité est très restreinte, et que l’intervention divine estnécessaire pour la rendre certaine, générale et constante.Aussi a-t-il bien soin ensuite de reconnaître que «Dieua été avec lui», que «Dieu a empêché Laban de lui causer préjudice», que «Dieu a pris les richesses de Labanpour les lui donner». Gen., xxxi, 5-13. Dans cette multiplication des brebis à toison tachetée, une cause naturelle d’efficacité très faible et assez souvent douteuse adonc pu se combiner avec la puissance divine exerçantelle-même son action à l’abri de cette cause naturelle.Voir Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. iv, p. 347-355.

VIII. Les brebis dans le langage symbolique. —L’agneau, dont la douceur est proverbiale, Is., lui, 7; Jer., xi, 19, représente le Sauveur, voir Agneau de Died, etaussi le fidèle serviteur de Dieu. Au temps messianique, l’agneau habitera avec les animaux féroces qui l'épouvantent d’ordinaire, Eccli., xiii, 21, ce qui marque l’unionde tous les peuples sous la loi évangélique. Is., XI, 6; lxv, 25. Dès l'époque de Moïse, le peuple de Dieu estcomparé à des brebis. Num., xxvii, 17. Saül fait le recensem*nt du peuple comme on fait celui des agneaux.I Reg., xv, 4. David, l’ancien berger de Bethléhem, sesert avec prédilection de la même métaphore. II Reg., xxiv, 17; Ps. lxxiii, 1; lxxviii, 13. Les «brebis sans pasteur», abandonnées sans soin, sans direction et sans défense, sont l’image du peuple qui s’est éloigné de Dieu, et qui par ses fautes s’est soustrait autant qu’il l’a pu àl’action de la divine Providence. Cette expression revientdu commencement à la fin de la Sainte Ecriture. Num, ,

sxvii, 17; III Reg., xxii, 17; II Par., xviii, 16; Judith, si, 15; Ezech., xxxiv, 5-19; Zach., xiii, 7; Matth., ix, 36; Marc, vi, 34. Le serviteur de Dieu ressemble lui-mêmeparfois à la brebis qui s'égare. Is., xiii, 14; lui, 6; Ps. cxviii, 176; Matth., x, 6; xviii, 12; Luc, xv, 4, 6; I Petr., Il, 25. Notre -Seigneur compare ses disciples àdes brebis, tout d’abord parce qu’ils doivent lui ressembler a lui-même qui est l’Agneau de Dieu, ensuite parcequ’ils ont à reproduire dans leur conduite les qualitésparticulières des brebis, la docilité, la simplicité, la douceur, l’attachement au pasteur, etc. Joa., x, 1-27. Cf. Is., . XL, 11. Saint Pierre reçoit le pouvoir de paître les agneauxde Jésus-Christ, c’est-à-dire les fidèles, et ses brebis, c’est-à-dire les pasteurs, qui sont eux-mêmes des agneauxvis-à-vis du pasteur suprême. Joa., xxi, 17. Notre-Seigneur a commencé le premier à donner à ses Apôtres lenom de brebis, et à Ses disciples le nom d’agneaux, enles envoyant en mission. Matth., x, 16; Luc, x, 3. Lesymbole se continue jusque dans la scène du dernier jugement, quand Dieu met à sa droite les brebis qui représentent ses fidèles serviteurs. Matth., xxv, 32, 33. VoirBouc, col. 1870. H. Lesêtke.

2. BREBIS (PORTE DES) (hébreu: Sê'ar hasso’n, «porte du troupeau [de brebis];» Septante: ^ tcùXi) r|TCpoôxuxTJ; Vulgate: porta gregis), porte de Jérusalem, rebâtie au retour de la captivité de Babylone, par le grandprêtre Éliasib et les prêtres ses frères. II Esdr., iii, 1, 31(hébreu, 32); XH, 38 (hébreu, 39). D’après saint Jean, lapiscine de Béthesda ou Bethsaïde se trouvait près de laporte «probatique», èiti tîj 71poêaTixîi (sous-entendu nvXîj, comme on l’explique généralement, col. 1723). L’emplacement de cette piscine est maintenant bien déterminé, àquelques pas en avant de l'église Sainte-Anne (fig. 522, col. 1727); il fixe par là même la position approximativede la porte des Brebis. La ville alors ne s'étendait pas beaucoup du côté du nord. Le quartier bâti sur la colline deBézétha n’en faisait pas encore partie; il ne fut réuni àJérusalem que par la troisième enceinte d’Agrippa. Lamuraille tournait donc dans la direction de l’ouest, versle lieu occupé par l'église Saintevnne, si même elleallait jusque-là. Or, d’après l’ordre suivi par Néhémie, IIEsdr., iii, 31 (hébreu, 32), la porte des Brebis setrouvait entre l’angle nord-est de l’esplanade du templeet la tour Méah. Cette tour, située près de la tour Hananéel (; si elle n’est pas la même que cette dernière, placée à l’est de la cité, Zach., xiv, 10), pourrait biens’identifier avec les ruines d’une ancienne tour, découvertes derrière l’abside de l'église Sainte-Anne (fig. 522, col. 1727). Dans cette hypothèse, la porte des Brebis pourrait se placer à l’endroit où se trouve la porte dite faussem*nt de Saint-Étienne, Bab sitti Mariam, ou mieux unpeu plus près de la piscine de Béthesda. É. Levesque.

    1. BREDENBACH Mathias##

BREDENBACH Mathias, commentateur catholique, né à Kersp, duché de Berg, en 1489, mort en 1559. Ilfut principal du collège d’Emmerick, dans le duché deClèves. Homme recommandable par sa vie privée et parses ouvrages contre les protestants, il a laissé: Commentaria in 69 psalmos; Commentaria in Evangelium Matthieu Ces deux traités ont été publiés en 1 vol. in-f", Anvers, 1560, et Cologne, 1560. Ils sont remarquables parleur érudition. Le commentaire sur les soixante-neuf premiers psaumes donne les différences du texte hébreu, en suitle sens, qu’il explique avec clarté. Le commentaire sursaint Matthieu donne, après le sens littéral, des réflexionsmorales tirées des Pères. Le style de l’auteur est des plusagréables, G. Thomasson.

BREE (Pierre Martinez de), théologien espagnol, néà Tolède, florissait vers 1582. II était docteur de l’université d’Alcala et y occupa une chaire. Il professa ensuiteà Sagonte et fut chanoine de l'église cathédrale de cette

ville. Parmi ses écrits, nous devons remarquer Enarratio in B. Judæ Thaddsei apostoli canonicam epistolam, tribus partïbus divisa, quarum prima est denecessitate théologies et sensibus Scripturee et clavibuseam reserantïbus; secunda enarralio ipsa Epistolæ; tertia de locis ut quos ea tractandos offert, nempe deprsecipuis mysteriis, quibus, etsi brevissima omniumcanonicarum, refertailla est, in-4°, Sagonte, 1582. — VoirN. Antonio, Bibliotheca hispananova (1788), in-f°, t. i,

p. 214.

B. Heurtebize.

    1. BREITENEICHER Michel##

BREITENEICHER Michel, prêtre catholique bavarois, né à Weichserau, village de la paroisse d’Eching, prèsde Landshut, le Il septembre 1827, mort à Fridorfing le8 avril 1883. Après avoir fait de brillantes études au collège de Landshut et à l’université de Munich, il fut reçudocteur en théologie, en 1860. Il exerça divers postesdans le saint ministère, fut chanoine de la cathédrale deMunich, en 1869; mais, en 1870, le zèle des âmes lui fitéchanger ce poste pour celui de curé de Fridorfing, oùil termina ses jours. Les langues orientales et l’exégèsebiblique eurent pour lui de grands attraits; mais il se fitconnaître surtout par un remarquable talent de prédicateur, qu’une maladie de poitrine l’empêcha d’exercer àson gré. Il a publié Ninive und Nahum, mit Beiziehungder Resultate der neuesten Entdeckungen historischexegetisch bearbeitet, in-8°, Munich, 1861. Ses autresouvrages ont plutôt le caractère homilétique, Comme DasAlte Testament und die christlichen Grundlehren inKanzelvortràgen dargestellt, 2 in-8°, Ratisbonne, 1879, etDie Passion des Gottmenschen in einer Reihe von Vortrâgen beleuchtet, 2 in-8°, Schaffhouse et Ratisbonne, 1871-1875; 2= édit., Ratisbonne, 1889. Cf. Literarischerffandweiser zunàclist fur das katholische Deutschland, 1885, p. 423-428. E. Levesque.

    1. BRENIUS Daniel##

BRENIUS Daniel, s’ocinien et arminien, discipled’Episcopus, né à Harlem en 1594, mort en 1664. Il alaissé de nombreux ouvrages, qui composent un volumede la Bibliothèque des Frères polonais. Deux de ces ouvrages ont trait à l'Écriture Sainte: Annotationes inVeterem et Novum Testamentum (prseter in Canlicumcanticorum et libros non hebrœos Veteris Testamenti), in-f°, Amsterdam, 1664; Explicatio in librum Job, etApocalypsim Joannis. Belgice, per Franciscum Cuperwrn et latine translata et ab auctore aucta, in-4°, Amsterdam, 1666. G. Thomasson.

    1. BRENTANO##

BRENTANO (Dominicus von), exégète catholiquesuisse, né en 1740 à Rapperswyl, en Suisse, mort le10 juin 1797. Il a traduit une partie des Écritures enallemand, avec des notes qui ont des tendances rationalistes: Die heilige Schrift des Neuen Testaments, Kempten, 1790-1791; Die heilige Schrift des Alten Testaments, Francfort, 1798. Il n’eut le temps de traduire del’Ancien Testament que le Pentateuque; son travail futcontinué par Th. A. Dereser et J. M. A. Scholz. Voircol. 381. Cf. Allgemeine deutsche Biographie, t. ni(1876), p. 313.

    1. BRENTIUS##

BRENTIUS (Bfenz ou Brentzen) Jean, luthérien, né à Weil, en Souabe, le 24 juin 1498, mort le Il septembre 1570 à Stuttgart. Après avoir étudié à Heidelberg, avec Mélanchthon et Bucer, il obtint un canonicat à Wittenberg. II embrassa les idées de Luther, et après la mort del’hérésiarque fut regardé comme le chef du parti. Il n’accepta point cependant les idées de Luther sur la doctrinede la justification. Il inventa aussi une nouvelle manièred’interpréter la présence réelle, qui a fait donner à ses disciples le nom d’ubiquitaires. On a de lui un grand nombrede commentaires, principalement dogmatiques, avec desremarqués exégétiques considérables. La principale édition, et la seule complète de ses œuvres, est celle de Tu

bingue, 8 in-f», 1576-1590. Voici la liste des sept premiersvolumes, qui sont tous des commentaires: T. i, Commentarii in Genesim, Exodum, Leviticum, Numéros, Deuteronomium, Tubingue, 1576; publiés précédemment, in-f», Halle, 1544. — T, ii, In Josuam prioret posterior expositio, in librurn Jiidlcum, Ruth, I etII Samuelis, I et II Regum, Esaiam, Nehemiam, Esther, Tubingue, 1576, et, à part, in-f°, Francfort, 1550.

— T. iii, Commentarii D. Brentii in Job. Lucubrationesejusdem et cygnsea cantio in Psalmos centum etsex. In reliquos 44 Psalmorum explicatwnès TheodoriciSnepffil, Tubingue, 1578. — T. iv, Commentariiin Ecclesiasten, Esaiam, Jeremiam, Oseam, Amos, Jonam, Michœam, Tubingue, 1580. — T. v, Commentariiin Matthseum et homiliæ in Marcum et Liicam.Homilite in passionem Christie quatuor evangelistis.Homilùe in resurrectionem Christi, Tubingue, 1582, et, à-part, 2 in-4°, Bâle, 1544. — T. vi, Homilise in EvangelistamJoannem. In eundem exegesis, Tubingue, 1584, et, auparavant, in-f°, Halle, 1545. — T. vii, Commentariiin Âcla Apoftolorum et in Epistolas Pauli ad Romanos, Galatas, P/dlippenses, Philemon, Tubingæ 1588; in-f", Francfort, 1561. — La Vie de Brentius a été écrite parJoh. Justus von Einem, in-8°, Magdebourg, 1733, éditionfort rare, et par Hartmann et Jàger, Joh. Brenz, Lebenund Schriften, Elberfeld, 1862; 2 in -S», Hambourg, 1840-1842. G. Thomasson.

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BRETONNES (VERSIONS) DE LA BIBLE. Sousce titre, nous comprenons seulement les traductionsbibliques qui ont été faites en breton armoricain, autrementdit en breton de France, et nous laissons de côtéles versions qui ont été publiées en gallois et en cornique, autres familles du breton.

L’histoire du breton armoricain se divise en trois périodes: celle du vieil armoricain, qui va du vin 9 auxie siècle; celle du moyen armoricain, qui s’étend duxi» au xviie siècle, et celle de l’armoricain moderne.

I. Première période. — Nous ne la mentionnons quepour mémoire, car on n’y trouve aucune trace de versionbiblique. Bien plus, on ne connaît pas jusqu’ici de textebreton antérieur au xiv» siècle. Les documents du vieilarmoricain se réduisent en somme à des mots isolés, cueillis çà et là dans les inscriptions, les chartes, lesgloses et les Vies des saints. Il ne faut pas s’étonner dèslors" si, dans cette période, on ne rencontre même pasune ébauche ou un commencement quelconque de traductionbiblique.

II. Seconde période. — Elle est relativement plus riche.En effet, dès la fin du xv» siècle ou au début du xvi «, onvoit la duch*esse Anne de Bretagne demander une versionbretonne du Nouveau Testament. Voici du moins ce que dità ce sujet un écrivain du xvii» siècle, le savant abbé Louisde Longuerue, dans son ouvrage Longueruana: «Annede Bretagne ut traduire le Nouveau Testament en basbreton.C’est un livre fort rare; je l’ai vu rechercher avecgrand soin par les Anglois.» (T. ii, p. 70, édit. de 1773.)Ce témoignage n’est pas sans valeur, bien qu’il soit unpeu tardif et-ne puisse être corroboré par aucun autre.L’a traduction mentionnée par l’abbé de Longuerue extstet-elle~ encore? Tout porte à croire que non. Il est possible."cependant qu’elle soit cachée dans la poussière dequelque bibliothèque d’Angleterre; mais toutes les recherchesque j’ai faites pour en découvrir les traces sontrestées inutiles.

Vers la fin du xvi" siècle, un auteur breton du Finistère, Gilles de Kerampuil, signale encore une versionarmoricaine du Nouveau Testament, mais évidemmentdistincte de la précédente. H en parle dans la préfaced’un catéchisme qu’il publia en 1576, ouvrage actuellementrarissime. [On ne connaît qu’un exemplaire de cecatéchisme; il appartient à M™ 8 la comtesse de Kergarteu^qui me l’a obligeamment communiqué.] Énumérant les


motifs qui l’ont porté à publier son catéchisme, Gilles deKerampuil s’exprime ainsi: «Autre raison pour ce queestant adverty par un libraire de Paris, auquel on avoitfaict de grandes instances pour imprimer le NouveauTestament traduict en langue brette par un Breton fugitifen Angleterre. Et d’autant que je cognois, tant par la relationde plusieurs doctes personnages Ânglois, que par letravail que je prins à la conférence de la langue anglecheà la nostre (avecques laquelle elle a proche affinité), quela traduction qu’on a jà faicte en langue angleche estre eninfinis lieux falsifiée et corrompue. Et que telles traductionset traducteurs, estans hors l’Église, n’ont et ne peuventavoir aucune vérité, et que cependant cest apostat voudraitintroduire son Nouveau Testament, autant ou plus suspectque celuy d’Angleterre, au grand désavantage des simples, ’et aussi des autres, pour ce que ceste nouveauté, qui esten nostre temps fort prisée, leur ferait recevoir cestetranslation, laquelle, pour l’imperfection de la langue, nese peult bonnement faire sans erreur ou corruption. J’aydressé ce petit bastillon, pour, si le malheur advient, queceste suspecte translation (pour le lieu d’où elle vient, etceluy qu’on dit l’avoir faicte) est mise en lumière, quele peuple estant auparavant tellement quellement adextréet preyeu par ce petit catéchisme, puisse de premier frontcognoistre le pernicieux désir de ce nouveau monstre, ledebeller et vaincre.» (Catechism hac instruction eguitan Catholicqued… troeit bretnan quentafu a latin enbrezonec, gant Gilles Kerampuil, Persson en CledguenPochær hac autrou a Bigodou. À Paris. Pour JacquesKeruer, demeurant rue Sainct-Jacques, à l’enseigne de laLicorne, 1576.) Cette version a dû subir le même sort quela précédente; du moins on n’en trouve plus aucune tracedans l’histoire.

Y a-t-il eu, au xvi» siècle, une traduction complètede la Bible en langue armoricaine? Certains auteurs l’ontaffirmé, sur la foi du P. Grégoire de Rostrenen (de l’ordredes Capucins), écrivain qui a composé plusieurs ouvragessur le breton de France. Dans la préface de son Dictionnairefrançoisceltique, Rennes, 1732, p. 9, il cite, parmiles sources qu’il a utilisées pour son travail, «une Biblebretonne complète, qui contenoit tous les livres canoniques, sans aucune altération, imprimée à Londres, au commencementdu xvi» siècle.» De prime abord cette affirmationparaît claire et indiscutable. Mais, en y regardantde près, on ne peut s’empêcher de concevoir, desdoutes sérieux sur la signification de ce témoignage etsur les conclusions que certains écrivains en ont tirées.L’hypothèse d’une Bible armoricaine complète, existantencore dans la première moitié du xviii" siècle et disparuedepuis lors, ne paraît guère vraisemblable. Oncomprend à la rigueur la disparition du Nouveau Testamenttraduit par ordre d’Anne de Bretagne, puisque, dèsle xvii» siècle, l’abbé de Longuerue l’appelle déjà «unlivre fort rare», et que, suivant toute apparence, lui-mêmene l’avait jamais vu. Mais on s’explique beaucoup moinsla perte d’une Bible complète, circulant en pleine Bretagneun siècle plus tard, et consultée à loisir par Grégoirede Rostrenen. Ne serait-il pas étrange qu’un ouvrage}aussi important pour l’histoire religieuse et littéraire dela Bretagne eût disparu brusquement, à une époque sirapprochée de nous, sans qu’il fût possible de trouver aumoins la trace du livre? Nous avons cité, au reste, letémoignage d’un auteur breton du XVIe siècle, Gillesde Kerampuil, qui insinue clairement que le clergé armoricainde cette époque était peu favorable à la traductionen langue vulgaire, même du Nouveau Testament. Dansces conditions, il est difficile d’admettre qu’un Bretondu pays se soit hasardé à traduire toute la Bible, avecla perspective de voir son œuvre mal accueillie. Aussinous croyons que la version bretonne mentionnée par léP. Grégoire n’est pas autre chose qu’une traduction galloise.Il est certain, en effet, que, chez le P. Grégoire, lemot breton désigne indistinctement tout ce qui appartient

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BRETONNES (VERSIONS) DE LA BIBLE

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â la race bretonne, c’est-à-dire le gallois, le comique etl’armoricain. Dans la liste des auteurs qu’il cite commelui ayant servi de sources et de documents apparaîtencore un Dictionnaire breton, une Grammaire bretonne, et il ajoute plus loin que ce sont des livres gallois.Ce langage est une révélation pour le critique. Onne connaît pas, il est vrai, de version complète de la Bibleen breton - gallois avant 1588; mais la date donnée par leP. Grégoire ne constitue pas une objection sérieuse contrel’opinion que nous venons d’émettre. Car, outre que ladate assignée par lui à la Bible bretonne est assez vague, on sait que notre auteur se trompe souvent dans les questionsde chronologie: tout fait présumer qu’il y a eu iciune erreur de ce genre, et que Grégoire de Rostrenen areculé un peu trop la date de sa Bible.

Non seulement il n’y a pas eu, au xvie siècle, de versioncomplète des Livres Saints en breton d’Armorique, mais on n’y trouve même pas, en dehors des versionsindiquées plus haut, la traduction entière d’un livre quelconque.La littérature biblique du breton moyen ne comprenden somme que de courts passages de l’Écriture, rendus ordinairement en vers, comme dans les Mystèresbretons, notamment le Grand mystère de Jésus (Paris, 1530), qui met en scène la passion et la résurrection, ainsi que le poème intitulé Pemzec Leuenez Maria, «Lesquinze Joies de Marie.» (Paris, 1530.) Le seul fragmentbiblique du breton moyen que l’on possède en prose, c’estl’Oraison dominicale et la Salutation angélique, contenuesdans le catéchisme de Gilles de Kerampuil, dont nousavons parlé plus haut. On y trouve également des citationsassez nombreuses de la Bible. Ce catéchisme a étéréédité dernièrement (sauf la Préface, qui offre pourtantun vif intérêt) dans les Middle Breton Hours, editedwith a translation and glossarian index, by WhitleyStokes, Calcutta, 1878, in-S" de 102 pages.

III. Troisième période. — C’est celle de l’armoricainmoderne. Ici nous pouvons signaler un certain nombrede versions, complètes ou partielles. Pour procéder avecméthode, nous examinerons tour à tour les différentstravaux qui ont paru dans les quatre dialectes du bretonarmoricain, savoir: le léonard, le cornouaillais, le trécoroiset le vannelais.

1° Dialecte léonard. — C’est ce dialecte, celui de Léon, qui a produit les versions principales. Dès le xvii E siècle, le P. Grégoire de Rostrenen, Dictionnaire, p. 9, mentionne «une traduction bretonne manuscrite de l’Évangileselon saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, et detrois ou quatre épîtres de saint Paul, faite par un ecclésiastiquede Léon». Cette traduction, qui appartenaitpeut-être au moyen armoricain, a-t-elle été jamais imprimée, et existe-t-elle encore? Impossible de le dire. Dumoins elle a été introuvable pour moi.

Au xviii 6 siècle parut une traduction paraphrasée desPsaumes, mis en vers bretons par Charles Le Bris, recteurde Cléder. L’ouvrage, imprimé à Quimper, fut publiéen 1727. Les Heuryou (Heures) du même auteur contiennentune traduction en prose de quelques psaumes, ainsi qu’une rédaction rimée de la passion selon saintMatthieu.

Il faut arriver jusqu’au XIXe siècle pour trouver uneversion complète de H Bible en dialecte léonard. Cetteversion est due à l’initiative courageuse de Le Gonidec, célèbre par ses travaux sur la langue bretonne, notammentpar son Dictionnaire et sa Grammaire. Il publiad’abord la traduction du Nouveau Testament: TestamantNevez hon aotrou Jesus-Krist, in-8°, Angoulême, 1827.Cette traduction fut faite sur laVulgate (édition de Lyon, 1738), et rarement l’auteur s’est aidé des commentaires.Quand.il a eu recours à ces derniers, c’est à Carrièresqu’il a donné la préférence. Parfois aussi il a consulté laversion française de Sacy. Nous pouvons d’ailleurs nousfaire une idée exacte des principes qui dirigèrent LeGonidec dans son travail, par une lettre qu’il écrivit le

22 décembre 1827, et qui est reproduite par Troude et^Milin, éditeurs de sa traduction de la Bible, dans leurPréface, p. ix: «Pour donner plus de poids à ma version, dit-il, j’ai cru devoir communiquer mon manuscrità l’un des évêques de notre Bretagne, l’évêque deQuimper: la copie en est restée entre ses mains. Ce prélata reconnu que mon ouvrage a le mérite de l’exactitudepour la doctrine et la narration des faits; et il nem’a refusé son approbation que parce qu’il y a, selonlui, plus d’inconvénients que d’avantages à mettre latraduction des Livres Saints entre les mains du peuple.» Plus loin, l’auteur mentionne «son grand désir de donnerune traduction littérale, autant que pouvaient le permettreles entraves multipliées qui se rencontrent dans lalangue bretonne, lorsqu’il s’agit de rendre la concision dequelques phrases latines». Le Testamant Nevez de Le Gonidec, à peine imprimé, fut enlevé presque entièrement parles habitants du pays de Galles, en Angleterre. Anssitôt laSociété biblique de Londres demanda à l’auteur la traductionde l’Ancien Testament. Pour ce travail, il sentit lebesoin d’avoir à sa disposition le Dictionnaire latin-galloisde Davies, malheureusem*nt introuvable en France et fortrare partout, même dans le pays de Galles. On fit desrecherches en ce dernier pays, et bientôt un ministreprotestant, Price, apporta en France le précieux dictionnaire.Le. Gonidec, , qui était un fervent catholique, déclara nettement à Price que l’Ancien Testament seraittraduit, comme le Nouveau, d’après la Vulgate. Quandson travail fut terminé ( Testamant Koz), la Société bibliquene voulut pas l’imprimer, sous prétexte qu’il étaittrop catholique. De son côté, l’auteur refusa net de laissertransformer son œuvre en Bible protestante, et sa traductionresta manuscrite jusqu’après sa mort. C’est seulementen 1866 que la Bible bretonne de Le Gonidec futimprimée tout entière, à Saint -Brieuc, sous ce titre: Bibl Santel, pe Leur ar Skritur Sakr, lekeat.e brezounek, gant an aotrou Le Gonidec. Prud’homme, Saint-Brieuc, deux forts in-8° de xxxi-849 et 691 pages. Lemanuscrit fut revu et quelque peu corrigé par M. Troudeau point de vue philologique, et par M. Milin au point devue exégétique. On s’accorde aujourd’hui à reconnaîtreque la Bible de Le Gonidec a eu en même temps desadmirateurs trop enthousiastes et des adversaires troppassionnés. Elle n’est pas un chef-d’œuvre, comme on l’adit, bien que le Nouveau Testament ait été appelé «leplus beau livre de la langue bretonne». Brizeux, Notice surLe Gonidec, dans les Œuvres de Brizeux, édit. Lemerre, 4 in-12, 1. 1, p. 303. Trop d’archaïsmes la déparent, qui larendent d’une lecture difficile, surtout pour le peuple; et elle contient plusieurs locutions ou tournures peu bretonnes.Mais elle a le grand mérite d’être exacte et littérale, sous le rapport de la doctrine aussi bien que des faits.Jusqu’ici, c’est encore la meilleure version complète dela Bible que possède le breton armoricain.

Pour achever la liste des travaux bibliques composés endialecte léonard, il convient de citer encore deux autresouvrages, savoir: une traduction large de l’Evangile méditéde Duquesne, par M. Richard, recteur de Peurit-arroc’h, Moriaix, 1819; puis et surtout l’ouvrage intituléHistor an Testamant Coz ftag an Testamant Nevez, lakeate brezounec Léon, gant an aotrou Morvan, persoun Plugûen, «Histoire de l’Ancien et du NouveauTestament, mise en breton léonard par M. Morvan, recteurde Pluguffan.» In- 12 de 328 pages, Quimper, 1871.C’est une traduction de la Petite Bible illustrée éditéepar Benziger. Elle est approuvée par Ms r Sergent, évêquede Quimper, et faite en excellent breton. Aux yeux desconnaisseurs, elle mériterait mieux que toute autre versionl’éloge fait par Brizeux de la traduction du NouveauTestament p «r Le Gonidec. — Notons enfin une versionprotestante du Nouveau Testament; Testamant Nevez honaotrou hag hor Salver Jesus-Christ. In-12 de 468 pages, ’", Brest, 1851 et 1863. Elle est de M. Jenkins, pasteur pro

mand, ancien ha nehué, «Histoires des deux Testaments, ancien et nouveau.» In-8° de 495 pages, avec figures dans]e texte, Vannes (sans date). Ces deux ouvrages sont à lafois un résumé et une traduction paraphrasée des principauxépisodes de la Bible. Le second offre beaucoupd’analogies avec la Bible de Boyaumont.

Au XIXe siècle, on trouve de bonne heure une concordancedes Évangiles, publiée en vannetais par M. l’abbéGicquello, sous ce titre: Ristoér avuhé Jesus-Chrouist, «Histoire de la vie de Jésus-Christ.» In-8 b de 392 pages, Lorient, 1818. L’auteur a le mérite d’avoir composé sonlivre avec le texte même de l’Évangile; mais la traductionlaisse beaucoup à désirer au point de vue de la languebretonne. — La première version suivie qui ait été faite envannetais d’un livre complet de l’Écriture paraît être cellede l’Évangile selon saint Matthieu. Elle est de M. ChristopheTerrien, et fut imprimée à Londres, en 1857. In -12 de127 pages. Cet ouvrage est extrêmement rare, parce qu’ilfut tire à cent quarante exemplaires seulement, pour leprince Lucien Bonaparte et à ses frais. Il mériterait d’êtreréimprimé à cause de sa valeur. — L’année suivante (1858), paraissait également à Londres une traduction bretonnedu Cantique des cantiques, faite par le même auteur etpubliée aux frais du même personnage. On la trouve dansles Celtic Hexapla, petit in - folio de 63 feuillets, qui rappellede loin les Hexaples d’Origène, parce qu’il contient, en regard l’une de l’autre, six versions différentes du textesacré, faites en irlandais, en gaélique, en mannois, enfrançais, en gallois et dans les deux principaux dialectesdu breton armoricain, le léonard et le vannetais. Cet ouvrageest également très rare, n’ayant été tiré qu’à deuxcent cinquante exemplaires. — Au même ordre de versionsparallèles appartient la traduction des épltres et des évangileslus à la messe, dans l’ouvrage intitulé Liherieu hagAvieleu, etc. Londres, Trûbner, petit in-f° oblong de70 feuillets (sans date). Des quatre traductions qu’on ytrouve, disposées sur quatre colonnes, la première est faiteen gallois, et la seconde en breton de Vannes. Celle-cin’est pas signée, mais tout porte à croire qu’elle est aussil’œuvre de M. Terrien, bien que dans les parties communeselle soit un peu différente de la traduction del’Évangile selon saint Matthieu. La troisième, encore probablementdu même auteur, est faite dans un dialectemêlé, où l’on reconnaît sans peine le léonard et le cornouaillais.La quatrième est en gaélique d’Ecosse. — Vers lamême époque (Vannes, 1861), paraissait un nouvel abrégédes Évangiles, sous le titre de Buhé hur Salvér Jesus-Chrouist, «Vie de notre Sauveur Jésus-Christ,» par leP. Dano, de la Compagnie de Jésus. In-18 de 324 pages.

— Quelque temps après, on trouve la traduction du Livrede Ruth dans le Manuel bretonfrançais de M. Guyot-Jomard.In -12, Vannes, 1803. — Signalons enfin l’ouvragepublié par M. l’abbé Buléon, sous ce titre: HistoérSantél, «Histoire Sainte,» ou résumé des principauxépisodes de la Bible. In-18 de 90 pages, Vannes, 1894.L’auteur possède admirablement sa langue et connaît bienlu Sainte Écriture.

Plusieurs des renseignements contenus dans cet articleont été fournis, avec la plus grande obligeance parMM. Loth et Ernault, professeurs de littérature celtiqueaux facultés de Rennes et de Poitiers, ainsi que parM. de la Villerabel, secrétaire de l’évêché de Saint-Brieuc, et M. Duval, professeur d’Écriture Sainte au grand séminairede Quimper. J. Bellamy.

BRETSCHNEIŒR Karl Gottlieb, rationaliste allemand, né à Gersdorf le Il février 1775, mort à Gotha le22 janvier 1848. Après avoir fait ses études à Ghemnitzet à l’université de Leipzig, il devint privât docent danscette dernière ville, puis à Wittenberg. Nommé pasteurà Schneeberg, en 1806, et surintendant à Annaberg, en 1808, il fut, à partir de 1816, surintendant général à Gotha.On a de lui: Lexici m interprètes Grssci Veteris Testamenti, maxime scriptorum apocryphorum spicilegium, in-8°, Leipzig, 1805; Historisch-dogmatische Auslegungdes Neuen Testaments, in-8°, Leipzig, 1806; Liber. JèsuSiracidse grsece ad fidem codicum et versionum ernêndatuset perpétua annotatione iUustratus, in-8°, Ratisbonne, 1806; Probabilia de Evangeliiet EpistolarumJoannis apostoli indole et origine, in-8°, Leipzig, 1820; Lexicon Manuale grseco-latinum in libros NoviTestamenti, 2 in-8° Leipzig, 1824; 2e édit., 1829; 3e édit., gr. in-8°, 1840; c’est la meilleure. Bretschneider est lepremier des exégètes modernes qui, au nom de la critique, ait jeté des doutes sur l’authenticité de l’Évangilede saint Jean. Comme il souleva une vive polémique, il prétendit ne l’avoir fait que pour provoquerune étude plus approfondie de la question. Cf. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, i «édit., 1891, t. v, p. 313-314.. E. Levesque.

    1. BRETT Thomas##

BRETT Thomas, ministre anglican, né à Betshanger, dans le comté de Kent, en 1667, mort le 5 mars 1743. IIétudia à l’université de Cambridge et fut successivementrecteur de Betshanger et de Ruckinge. Travailleur infatigable, il a laissé de nombreux ouvrages, parmi lesquels: Tradition necessary to explain and interpretthe MolyScriptures, in-8°, Londres, 1718; ~A farther proof ofthenecessity of tradition to. explain and ihterpret theHolyScriptures, in-8°, Londres, ^720; À gênerai history ofthe world frorn the création to the destruction of Jérusalemby Nebuchadnezzar, in-8°, Londres, 1732. Aprèssa mort, on publia de lui un travail, sous le titre: À dissertationon the ancient versions of the Bible, showingwhy our English translation differs so much from them, and the excellent use that may be made of them towardsattaining the true readings of the Holy Scriptures indoubtful places, in-8°, Londres, 1760. C’est une nouvelleédition considérablement modifiée d’un ouvrage paru sousun titre un peu différent: À Letter showing… etc., in-8°, 1743. — Richard Watson réimprima cette dissertation dansletroisième volume de sa Collection of theological tracts,

in-8°, Londres, 1791.

B. Heurtebize.

BREUVAGE. Voir Boisson.

    1. BREVA Francisco##

BREVA Francisco, exégète espagnol, né à Valenceen 1752, mort en 1803. Il entra dans l’ordre de Saint-Augustinau couvent de Valence, et prit à l’université decette ville le grade de docteur en théologie et lalicenceen langues grecque et hébraïque. Il étudia aussi l’arabe.Breva’tint la chaire de théologie morale et disciplineecclésiastique à l’université de Valence. Nous avons delui: Exposiciôn del Santo Evanqelio, que comprendelos seis primeros capitulos de san Matéo, Valence, 1807.

J. Parisot.

    1. BRICTIUS Martin##

BRICTIUS Martin, né à Roessel le Il novembre 1665, mort à Braunsberg le 25 mai 1727. Il entra dans la Compagniede Jésus, à Braunsberg, le 22 août 1696. Il professales humanités, fut appliqué à la prédication et gouvernales collèges de Roessel et de Braunsberg et la provincede Lithuanie. On a de lui: Qitmstiones exegeticse inSacrant Scripturqm Veteris et Novi Testamenti etearum elucidaliones collectée ex variis auctoribus, in-f», 2 part., Braunsberg, 1727. La première partie s’étend dela Genèse à Isaïe; la deuxième, depuis Isaïe jusqu’à la

fin. C. SOMMERVOGEL.

BRIÉ (hébreu: Berê’ah), fils d’Aser, Num., xxvi, 44, le même qui est appelé Baria, I Par., vii, 30, 31, et Béria, Gen., xlvi, 17. Voir Baria.

    1. BRIÉITES##

BRIÉITES (hébreu: habberîH; Septante: à Baptcu), famille dont Brié était le chef. Num., xsvi, 44.

BRIGANDAGE. Voir Razzia.

    1. BRIGHTMANN Thomas##

BRIGHTMANN Thomas, puritain anglais, né à Nottinghamen 1557, mort le S&Ï- août 1607, commentateur dela Bible, recteur de Hawnes, dans le Bedfordshire. Boursierde Queen’s Collège, à Cambridge, en 1576, fellowdumême collège en 1584, il fut nommé recteur de Hawnesen 1592, et conserva ce bénéfice jusqu’à sa mort, en 1607.Voici la liste de ses travaux d’exégèse: 1° ApoealypsisApocalypseos, id est Apoealypsis D. Joannis analysietscholiis illustrata; ubi ex Scriptura sensxts, rerwmqueprsedictarum ex historiis eventus discutiuntur. JluicSynopsis prsefigitur universalis, et Refutatio Roi. Bellarminide antichristo libro tertio de Romano Pontifi.eead finem capitis decimi septimi inseritur, in-4°, Francfort, 1009, et Heidelberg, in-8°, 1612; traduit en anglais, in-4°, Londres, 1644. — 1°Scholia etanalysis in Canticumcanticorum et in Ecclesiasten, in-8°, Bâle, 1614; traduiten anglais dans l’appendice de l’édition de Londres ducommentaire sur l’Apocalypse. — 3° Explicatio summeconsolatoria partis ultimæ et difficillimx prophétiesDanielis a vers. 36 cap. xi ad finem cap. xii, quaJudseorum, tribus ultimis ipsorum hoslibus fundituseversis, restitutio, et ad (idem in Christo vocatio, vivis colorïbus depingitur, in-8°, Bâle, 1614; en anglais, in-4°, Londres, 1644. — Voir L. Stephen, Dictionaryof National Biography, Londres, 1886, t. VI, p. 339. O. Rey.

    1. BRIQUE##

BRIQUE (hébreu: lebènâh; Septante: irXfvôoç [ouluXivôeia, Exod., i, 14; v, 18, 19; itXivÔoupyîa, Exod., V, 7, qui désignent le travail de la brique; de plus, irX(v90 «, mis deux fois, Is., xxiv, 23, et Mien., v, 11 < par erreur delecture du mot hébreu]; Vulgate: later; outre les passagescorrespondants au texte hébreu, on lit ce mot dansJudith, v, 10; dans Nah., iii, 14, à la place de «four àbriques», malbên; et par erreur, Is., xvi, 7, 11; cf. assyrien: libittu; état construit: libnat), pierre artificiellefaite avec de l’argile ou de la terre grasse durcie au soleilou au feu. Le sens étymologique, lâban, «être blanc,» semble indiquer que le mot lebêndh fut d’abord appliquéà une espèce d’argile blanchâtre comme la brique crue deBabylone. — Dans diverses contrées de l’Orient, la brique «st une précieuse ressource: elle remplace la pierre, quifait défaut, pour la construction des édifices; elle sert à ladécoration. des maisons après avoir été peinte ou émaillée; dans le bassin de l’Enphrate et du Tigre, elle tenait autrefoislieu de papyrus ou de parchemin pour la compositiondes ouvrages littéraires ou des inscriptions, pour lacorrespondance, etc.

I. Brique de. construction. — 1° Babylone et Ninive.

— Dans la construction de la tour de Babel (col. 1346), on se servit de briques cuites au feu an lieu de pierres, etde bitume en guise: de ciment. Gen., xi, 3. Rien de pluscaractéristique de la Chaldée que ce genre de construction: nulle part on ne fait autant d’usage de la brique, usage presque exclusif. Car la plaine de Babylone estformée d’un terrain d’alluvion où la pierre fait défaut.La brique entre donc dans tous les édifices, muraiflesdes villes, temples, palais, demeures les plus humblescomme les plus somptueuses. Cf. col. 1353, 1354. Hérodote, I, 17, le constate pour les remparts de Babylone, col. 1799, et remarque qu’on employait à faire des briquesla terre même tirée des fondations. Depuis des siècles on «xploite les ruines de Babylone; des villes entières commeHillah, Séleucie, Ctésiphon, Bagdad, etc., ont été construitesavec des briques extraites de la vieille cité chaldéenne.En; Assyrie, on peut trouver la pierre presque sous lamajn. et en abondance; et cependant on bâtit de préférence, avec la brique. Ce n’est donc pas par nécessitéqu’on emploie ce genre de matériaux, maisparcevqueles murs.de brique sont mieux, à l’abri de. l’humidité enhiver et garantissent plus efficacement des ardeurs duclimat en été, et aussi par attache traditionnelle aux procédésde construction venus de Babylone (col. 1152). La

civilisation assyrienne, en etl’et, est originaire de Chaldée; ce sont des architectes de Babylone qui y ont apportéleur façon de bâtir; et les Assyriens ne l’ont pas changée, parce que la fabrication et le maniement de la briquen’exigent pas un long apprentissage. C’est un travail plusrapide et plus facile que celui de la taille des pierres etde leur appareillement: on pouvait y employer les premiersvenus, et en particulier les nombreux captifs prisà la guerre.

Voici comment, à Babylone et à Ninive, se faisait lafabrication des briques. On avait la matière première sousla main, souvent à l’endroit même où l’on construisait; on n’avait donc qu’à pétrir la terre et à y ajouter une certainequantité d’eau. L’on foulait aux pieds ce mélangedans de larges bassins sans profondeur. Les briquetiersde Mossoul suivent les mêmes procédés. Cf. Perrot, Histoirede l’art, t. ii, p. 115. Le prophète Nahum, iii, 14, dansson oracle contre Ninive, y fait une allusion ironique: «Va sur la boue, piétine l’argile, répare le four à briques.»

618. — Brique de Sennachérlb, provenant de Koyound]lk, Muséed’Orléans. I*a légende porte: Sin-ahi-irba, se-pu-su us4ak-kan. «Sennachério a lait ialre, a fait établir.»

Pour donner plus de consistance à cette terre détrempée, ony ajoutait, pour les briques crues, de la paille hachée enpetit* morceaux. Une brique de Birs-Nimroud (col. 1347), apportée en Angleterre par M. Livingstone, de Manchester, renfermé de la paille qui a servi à lier la terre, commeen Egypte. A. Lowy, The tower of Babel, dans les Proceedingsof the Society of Biblical archœology, mars 1893, t. xv, p. 229. L’argile pétrie était façonnée dans des moulesà peu près carrés, qui donnaient de larges briques, supérieuresen dimension à la brique égyptienne. Elles avaient20 à 40 centimètres de côté sur 5 à 10 d’épaisseur; ladimension la plus commune est d’un pied chaldéen, c’est-’à-dire 315 millimètres de côté. La plupart étaient simplementexposées au soleil, et elles étaient rapidement séehéès, ’surtout pendant les mois d’été ou des chaleurs torrides.Le premier de ces mois d’été, le mois de Sivan, senommait «le mois de la brique». Quelquefois ellesétaient à peine desséchées quand on les employait, desorte qu’en se tassant elles finissaient par ne plus formerqu’une seule masse compacte, où l’on ne reconnaîtplus l’emploi de la brique qu’aux teintes diverses des différentslits superposés. La brique crue, bien desséchéeau soleil d’un tel climat, acquiert une très grande solidité: cependant elle ne résiste pas à l’action prolongée del’eau. Afin de la rendre plus résistante, on en faisaitcuire une partie au feu dans des fours spéciaux. Et pour quela cuisson fût plus facile, que la brique fût complètementdesséchée et durcie sans être calcinée, on lui donnaitmoins de dimension qu’à la brique crue. Sa couleur étaitdifférente; au lieu de la teinte blanchâtre ou jaune clairde la brique crue, elle tendait plus ou moins vers le rougesombre. L’une et l’autre étaient marquées au coin duprince régnant: sur l’un des plats des briques encore

molles, on imprimait ses noms et titres à l’aide d’une sortede timbre. C’est ainsi que les briques tirées des ruines deKhorsabad portent le nom de Sargon; celles de Koyoundjik, le nom de Sennachérib (fig. 615), etc. Les briquesde Babylone portent, pour la plupart, le nom dé Nabuohodonosor, le grand bâtisseur ou restaurateur de sesmonuments. Layard, Discoveries in the ruins of Ninevehand Babylon, 1853, p. 505, 531-532.

Dans les constructions importantes, on employait les deuxsortes de briques; . plus fréquemment à Babylone qu’àNinive. Le peuple se contentait de la brique crue; maispour les fondations et le revêtement des murs des temples, des palais, des remparts, on se servait de briques cuites, plus résistantes à l’action de l’eau; car il y avait à craindreles infiltrations dans un terrain sillonné de nombreux coursdleau, et à certaines époques de l’année les pluies torrentiellesprolongées menaçaient d’amollir et de désagrégerles murs, formés de simples briques crues. Pour relier entreelles les briques, on se contentait souvent, en Assyrie, del’humidité des parois de la brique crue, qui, avec la chargequ’elle supportait produisait une adhérence suffisante. Mais, en Ghaldée, on employait divers ciments: un simple mortierd’argile pour l’intérieur des maisons ou les murs peusoignés, Layard, Discoveries, p. 503; ou bien un cimentà la chaux très adhérent dans les grands édifices, commeà Birs-Nimroud, Layard, Discoveries, p. 499, 506; ouencore un mélange de cendre et de chaux, comme àMughéïr, où l’on continue à l’employer sous le nom decharour. Taylor, Noies on the ruins of Mugeyr, dansle Journal of the royal asiatic Society, t. xv, p. 261.Mais pour avoir une solidité à toute épreuve, on avaitun ciment naturel et caractéristique de la Ghaldée, lebitume (col. 1349 et 1799). De plus, des lits de roseaux, placés à intervalles réguliers, servaient à maintenir plusde solidité et de cohésion entre les différentes couchesde briques. On l’a constaté plus d’une fois dans les ruines(col. 1353), et Hérodote, i, 170, l’avait remarqué à Babylone. «À mesure, dit - ii, qu’on creusait les fossés, on enconvertissait la terre en briques, et, lorsqu’il y en eutune quantité suffisante, on les fit cuire dans les fourneaux.Ensuite pour mortier on employa le bitume chaud, et detrente couches en trente couches de briques on mit deslits de roseaux entrelacés ensemble.» Cf. Perrot, Histoirede l’art, t. ii, p. 113-122, 156-158.

2° Egypte. — Les Égyptiens étaient obligés par lanature du Sol, comme à Babylone, de se servir de briquespour leurs constructions, car il n’y a pas de pierre dans leDelta ni dans la vallée du Nil. Ils tiraient, il est vrai, debelles pierres de taille de leurs carrières de calcaire, de grès, de granit, etc., mais ces carrières étaient fort éloignées, et l’extraction, et surtout le transport en étaient fortcoûteux et fort difficiles. Ils réservaient donc la pierrepour les temples, les sarcophages; leurs maisons, mêmequelques pyramides et des parties de temple, comme auRamesséum, sont en brique. Le Nil, qui chaque annéeinonde l’Egypte, apporte à ses habitants, avec le limonqui rend les terres fertiles, les matériaux nécessairespour bâtir leurs demeures. La brique commune n’est, eneffet, que ce limon noir et compact mêlé d’un peu desable et de paille hachée, et façonné en carreaux rectangulairesdurcis au soleil. Voici les procédés détaillés dela fabrication actuelle, d’après une lettre de Samanoud, écrite le 18 mars 1894 par M. Vigouroux, qui voyait travaillerles ouvriers sous ses yeux: «Environ huit jours avant la fabrication, on laboureà la houe le champ dont la terre doit être employée; onl’inonde de façon qu’elle soit bien détrempée, et l’ony répand de la paille fine, hachée en petit* morceaux.En piétinant le sol ou en le faisant piétiner par des animaux, on obtient une terre plus malléable, et on faitpénétrer la paille dans la masse. Elle y fermente et soulèveun peu la terre, qui d’ailleurs se trouve mélangéed’un peu de sable siliceux extrêmement ^n, apporté par

le Nil et par le vent du désert. La terre est alors touteprête pour la fabrication. Dans un carré, où il a amenéel’eau, un homme entre, jambes et bras nus, pour pétriravec les pieds et les mains la terre mélangée de paille, et en faire une pâte molle et bien hom*ogène. Il ne fautpas qu’il y ait la moindre motte, autrement la brique seraitde mauvaise qualité; la paille sert de liant. Un autre ouvrierentre dans eçtte boue ainsi pétrie, en prend unecertaine quantité qu’il dépose sur des espèces de couffesrondes et plates, tressées avec des feuilles de palmier; onles appelle borsch (au pluriel berasch). Avant de les chargerde terre, on les a préalablement recouvertes d’unecouche de paille hachée, afin d’empêcher toute adhérence.Chaque porteur porte deux couffes de terre, uneàchaque main. Il les tient par les deux anses; arrivé àl’endroit où travaillent les mouleurs, il lâche une desanses, et la charge de terre malaxée tombe tout entièredansle tas, entraînant la paille sans qu’il reste riendans la couffe. Le mouleur qui prend dans ce tas avecla main a une telle habitude, qu’il est rare qu’il neprennepoint exactement la quantité nécessaire pour remplirson moule. Celui-ci, de forme rectangulaire, se composede quatre planchettes de bois dur, dont une, cellededroite, se prolonge en manche permettant à l’ouvrierde soulever le moule, dès que la brique est façonnée.Le moule est placé par terre sur une aire bien unie; en le remplissant de limon, l’ouvrier met un peu depaille â l’intérieur tout autour, et, prenant de l’eau avecla main dans un vase placé à côté de lui, il en mowille letout, façonne et unit la pâte avec la main; puis, soulevantle moule, il laisse sur place la brique qu’il vient de fabriqueret en fait une autre à côté, en allant de droite à gauche.Après avoir terminé une rangée, il revient au-dessousde la première, disposant le tout comme une sorte de damier.Un mouleur qui a l’habitude de ce travail peut fabriquerenviron trois mille briques par jour. À Samanoud, on donne par millier aux ouvriers dix petites piastres(1 fr. 28 environ), assez souvent huit ou neuf seulement.Ces briques, faites ainsi sur le sol et rapidement aplaniesavec la main, sont assez grossières, un peu inégales; mais elles suffisent pour les constructions ordinaires. Onles laisse sécher sur place au soleil: la plupart sont employéescrues. Si l’on veut les rendre plus solides et àl’épreuve de l’action de l’eau, on les fait cuire au four.Le four consiste simplement en un carré de quatre mursdebriques crues; dans l’un des côtés de ce carré, on laisseune ouverture pour mettre le feu. À l’intérieur, on disposeles briques par rangées, et quand le four est plein, on lésrecouvre avec des débris de vieilles briques. On se sertcomme combustible de tout ce qu’on a sous la main, roseaux, débris de coton, de cannes à sucre, herbessèches, etc. La brique ainsi durcie au feu prend uneteinte rougeâtre. «Comme ces briquetiers sont payés à tant le mille, il n’y, a pas de surveillant pour les stimuler au travail. Mais, dans le champ voisin de Samanoud, les ouvriers chargésde briser les mottes de terre pour préparer l’ensem*ncementdu coton sont sous la garde d’un surveillant, armé, comme dans l’ancienne Egypte, d’un bâton dont il faitusage pour stimuler les travailleurs négligents.»

Cette description de la fabrication de la brique à Samanoudpeut servir de commentaire à la scène représentéeau tombeau de Rekmara, à Qournah (fig. 616). Ce sontles mêmes procédés. On y voit piocher, emporter la terre, puiser de l’eau pour la détremper, mouler les briques etles disposer en damier; les transporter à l’aide d’une sortede joug après une première dessiccation; les placer lesunes sur les autres en piles régulières et distancées de façonà laisser Tair circuler dans les intervalles pour les dessécheret construire avec des pierres et des briques le magasin dutemple d’Ammon, à Thèbes. Des étrangers, qui se distinguentfacilement à leur barbe et à leur couleur, sontmêlés aux Egyptiens peints en rouge; on leur a réservé LETOUZEYet ANE Editeurs

Imjj [)iifrcnoy>g rue du Montparnasse PaTir.

CAPTIFS FABRIQUANT DES BRIQUES POUR LA CONSTRUCTION DU TEMPLE D’AMMON À THÈBES EN EGYPTE.

Ja partie la plus dure du travail: des chefs de corvée, armés d’un bâton, surveillent les uns et les autres.

Ces deux scènes, l’ancienne et la moderne, nous fontcomprendre à quels durs travaux le pharaon persécuteuravait condamné les Hébreux, en les employant à la confectiondes briques. Exod., i, 14; Judith, v, 10. Pouraggraver leur peine, il prescrivit de ne plus leur donnerla paille nécessaire à la fabrication. Exod., v, 7. Les Hébreuxse voyaient donc obligés d’aller eux-mêmes ramasserle chaume qui restait sur pied dans les champs aprèsla moisson, et cependant, malgré ce surcroît de travail, on exigeait d’eux la même quantité de briques. Ils allaientpar toute la région, coupant même des roseaux, qa$, en

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617. — Brique de Ramsès II. xix" dynastie. Thèbes.

Aujourd’hui au Musée de Berlin.

D’après Lepsius, Derifemdler, Abtû. iii, Bl. 172.

guise de paille, fébén. Exod., v, 7, 12. Et quand ils n’avaientpas fourni la tâche excessive qui leur était prescrite, on les battait de verges, jL 14. Devant ces exigencestyranniques, les Hébreux font entendre la même plainte, ꝟ. 16, qu’un Égyptien de la xrxe dynastie: «Je n’aipersonne pour m’aider à faire des briques, point depaille.» Mais on leur répond, $. 18, comme les maîtresde corvée du tombeau de Rekmara: «Travaillez sansrelâche.»

Ces briques fabriquées par les Hébreux étaient employéesà la construction des magasins et des rempartsde Pithom et de Ramsès. Exod., i, 11. Les fouilles récentesont pleinement justifié le récit de Moïse: les mursde Pithom sont bâtis en larges briques reliées avec dumortier; et ces briques sont les unes composées de pailleou de fragments de roseaux; les autres sont faites desimple limon, sans aucun mélange. Cf. Discours deM. Ed. Naville, dans Egypt Exploration Fund, Report offirst gênerai meeting, 1883; F. Vigouroux, Bible et découvertesmodernes, 5e édit., p. 248-274. Les briques trouvéesà Pithom ont 44 centimètres de long sur 24 centimètresde large et 12 d’épaisseur. Le module que les Égyptiens «adoptaient généralement est de m 22 X m Il X m 14pour les briques de taille moyenne, m 38 X 0°> 18 X m 14

pour les briques de grande taille; mais on rencontre assezsouvent dans les ruines des modules moindres ou plusforts». G. Maspero, Archéologie égyptienne, in-8°, (1887), p. 8.

Comme sur les bords de l’Euphrate, les briques de la"vallée du Nil sont marquées au coin du souverain, quandelles sortent des ateliers royaux. Les briques de Pithomportent le cartouche de Ramsès II, avec son nom d’intronisation, Ra-ouser-ma, Sotep-en-ra (fig. 617). Onen a trouvé également au nom de Thotmès III, etc.Lepsius, Benkmàler, Abth. iii, Bl. 7, 25 bis, 26, 39-, reproduit un certain nombre de ces briques avec cartouchesroyaux. La brique «des usines privées a sur leplat un ou plusieurs signes conventionnels tracés à l’encrerouge, l’empreinte des doigts du mouleur, le cachetd’un fabricant. Le plus grand nombre n’a point demarque qui les distingue». G. Maspero, Archéologieégyptienne, p. 8. Voir Perrot, Histoire de l’art, t. i, ’p. 105-107, 202, 490, 505-506. Wilkinson, The mannersand customs of the ancient Egyptians, édit. Birch, t. i, p. 342-345.

3° Palestine. — La pierre abonde en ce pays, exceptédans les plaines: on l’employa pour le temple, les palais, les remparts des villes fortifiées et les habitations particulières.Mais dans les campagnes et dans plus d’uneville beaucoup de maisons étaient construites en briques, Quatre murs de briques crues avec un plafond enpoutres de sycomore recouvertes de terre battue étaientplus faciles à bâtir que des murs de pierres, mais aussi ilsétaient moins durables. Is., rx, 9. Nous trouvons d’autrespreuves de l’usage des briques dans la mention de foursà briques, II Reg., xii, 31, et d’autels idolâtriques, dressésà la hâte avec quelques briques placées les unessur les autres. Is., lxv, 3. Aujourd’hui encore, les fellahshabitent en certains endroits, comme à Sébastiyéh(ancienne Samarie), dans des huttes de terre. M. Vigouroux, en avril 1894, a vu au petit village d’Et-Tiréh, dans la plaine de Saroh, fabriquer des briques pour; construire des cabanes. Le procédé était le même qu’enEgypte, mais les dimensions des briques étaient plusgrandes et la façon plus grossière. De jeunes filles coupaientla terre par tranches, la jetaient dans un trou oùelles la pétrissaient avec les pieds, en y jetant de l’eau, et de la paille; puis de petit* enfants portaient la terreainsi pétrie à des femmes qui la mettaient dans de grandsmoules, et laissaient les briques à la place où ellesles avaient moulées pour sécher au soleil. Et-Tirêhest bâti en entier avec des briques de ce genre. — LaVulgate a traduit par «muraille de briques» le Qîrhârésétde l’hébreu, Is., xvi, 7, 11, mais c’est le nomd’une ville moabite.

II. Brique d’ornementation. — Comme les Chaldéensn’avaient pas d’autres pierres que la brique, ils s’ingénièrentà en tirer tout le parti possible pour la décorationde leurs palais et de leurs temples. Pour celails imaginèrent de les émailler. La peinture à fresquesur une sorte de stuc, appliqué à la muraille en briques, ne leur paraissait pas assez solide et assez résistante, surtout contre l’action de l’humidité et de la pluie; maisen fixant les couleurs et les dessins au moyen de l’émail, on avait une décoration presque aussi inaltérableque la brique elle-même. On prenait des briques d’unepâte plus tendre, Place, Ninive et l’Assyrie, t. i, p. 233, et on étendait dessus, avant de la passer au four, unecouche épaisse de matière colorée et vitrifiable. Par l’actiondu feu, la couleur adhérait intimement à l’argile etne faisait, pour ainsi dire, qu’un avec elle (voir Émail), en sorte que maintenant encore elles gardent tout leurbrillant. Les artistes chaldéens reproduisaient ainsi toutessortes de sujets: des plantes, des animaux, des génies, des personnages, des scènes, comme chasses, batailles, sièges, etc. Les tons sont assez variés; le plus souvent lefond est bleu, et les sujets se détachent en jaune ou en

blanc. Il fallait de l’habileté et de la pratique pour représenterainsi de grandes scènes avec des briques aux dimensionsrestreintes, ne pouvant contenir chacune qu’unefaible partie du sujet; pour composer un seul personnage, il entrait bon nombre de ces carreaux. Evidemment l’artistedevait faire une sorte de carton; il le divisait ensections numérotées de la grandeur d’un carreau, et ilrépartissait exactement le travail entre les différentesbriques, en les marquant d’un numéro d’ordre correspondant.Place, Ninive, t. ii, p. 253; Oppert, Expéditionscientifique en Mésopotamie, 1. 1, p. 143-144. Les briquesétaient ensuite assemblées avec soin et à joints très fins; et pour les fixer solidement au mur dont elles formaient

des ambassadeurs.» Cf. Vigouroux, Bible et découvertesmodernes, 5° édit., p. 401-403; £. Babelon, Manuel d’archéologieorientale, p. 125-131; Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 295-311.

C’est aussi aux Babyloniens que les Perses empruntèrent, avec l’art d’émailler la brique, celui de l’estamperavec des sujets en relief, en le perfectionnant. Deux frises, celle des Lions et celle des Archers, trouvées à Suse, dans les ruines du palais d’Artaxerxès Mnémon, et reconstituéesau musée du Louvre, nous otfrent de magnifiquesspécimens de ce dernier procédé. J. Dieulafov, À Suse, journal des fouilles, 1884-1886, in-4°, Paris, 1888, p. 273.L’Egypte connaissait également la brique émaillée, et

618. — Archivolte en briques émalllées d’une des portes de Khorsabad.D’après Place, Ninive et l’Assyrie, t. iii, pi 15.

le revêtement, on se servait, à Babylone, de bitume.A Ninive, on se contentait souvent d’un ciment moinstenace. G. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 300. Ninive, qui avait emprunté l’art d’émailler aux Babyloniens, leur était restée inférieure: l’émail est moins solide; à l’air il perd son brillant et l’argile s’effrite. À Khorsabadcependant, Place, Ninive, t. iii, pl. 24, 31, a trouvéau-dessus d’une des portes de la ville, fondée par Sargon, une archivolte émaillée bien conservée (ûg. 618).

Cette décoration des palais de Ninive et de Babyloneavait vivement frappé les anciens. Ctésias, cité par Diodore, II, viii, 4, 6, en parle avec admiration. Bérose yfait allusion en signalant les peintures du temple de Bel.Le prophète Ezéehiel, xxiii, 14, 15, nous montre Ooliba, c’est-à-dire Jérusalem, «contemplant des hommes peintssur la muraille, des images de Chaldéens tracées auvermillon, portant une ceinture autour des reins, etsur la tête des tiares de diverses couleurs, tous semblablesà des princes, des portraits de Babyloniens, deChaldéens; elle s’éprend d’amour pour eux et leur envoie

parait en avoir fait un très fréquent usage dès l’ancienempire, particulièrement dans le Delta. Cet usage du reste «est encore très répandu dans les pays de l’orient et dusud, depuis la maison la plus simple jusque dans lespalais… L’espèce de fraîcheur qui semble résulter de cepoli brillant, et l’éclat durable des couleurs que présententces revêtements, plaisent aux habitants des pays chauds».A. Brongniart, Traité des arts céramiques, 3e édit., 1877, t. ii, p."95.

Dans la grande pyramide de Saqqarah, la porte d’undes caveaux avait son chambranle entouré de ces briquesémaillées en bleu verdâtre. Lepsius, Denkmâler, Abth. ii, Bl. 2. La plupart de ces plaques, acquises par le muséede Berlin, y ont servi à reconstituer cette porte. Leurface postérieure a une saillie qui servait à les engagerdans le mortier; et pour plus de solidité cettesaillie avait été percée d’un trou dans lequel on devaitpasser une tige de bois ou de métal permettant de reiierensemble les briques d’une même file horizontale. Unplus beau spécimen, conservé au musée de Boulaq, a été

trouvé dans les ruines d’un temple bâti par Ramsès III, à Tell-elYahoudi, au nord-est du Caire. Les cartouchesdu roi, après avoir été dessinés en creux dans l’argile, ont été remplis d’un émail vert, avec lettres en noir; ony voit des prisonniers asiatiques et africains, avec figuresen relief et couleurs variées. Cf. G. Maspero, L’archéologieégyptienne, p. 8; Perrot, Histoire de l’art, t. i, p.’822-826.

III. Brique documentaire. — C’est aussi à la briqueque les Assyriens et les Babyloniens eurent recours pourcomposer leurs livres. Sur la brique encore molle, ongravait en creux, à l’aide d’un stylet triangulaire, destraits ressemblant à des clous ou coins. Leur position etleur assemblage variés donnent naissance aux signessyllabiques et aux mots (voir col. 1170). Les briquesainsi écrites étaient passées au feu; on les numérotaitet on avait ainsi les feuillets d’un livre, composé d’unnombre plus ou moins considérable de briques semblables.Un ouvrage comprend parfois jusqu’à cent tablettes.Ninive et plusieurs grandes villes avaient desbibliothèques formées ainsi de briques-livres. La pluscélèbre est celle d’Assurbanipal, qui pouvait bien contenirenviron dix mille tablettes. Le British Muséum enpossède la plus grande partie, entières ou fragmentaires.Les contrats d’intérêt privé, les lettres, sont aussi écritssur l’argile; cependant ce ne sont plus de larges briques, mais de petites tablettes ou gâteaux d’argile, souvent renfermésdans une gaine également d’argile. C’est sur cespetites tablettes qu’est écrite l’importante correspondancedes rois et gouverneurs de Syrie et d’Assyrie avec AménophisIII et Aménophis IV d’Egypte, découverte à Tellcl-Amarna.Cf. Vigouroux, Bible et découvertes, 5e édit., t. i, p. 174-181; Fr. Lenormant, Histoire ancienne del’Orient, 9e édit., t. v, p. 140. Des dessins sur brique sontégalement parvenus jusqu’à nous. Layard, Nineveh andBabylon, t. vii, p. 167. Ainsi une tablette d’argile, conservéeau British Muséum, nous présente le plan d’unquartier de Babylone. Le prophète Ézéchiel, iv, 1, reçutde Dieu l’ordre de tracer ainsi sur une brique le plan deJérusalem et d’en représenter le siège. E. Levesque.

    1. BROCARDO Jacques##

BROCARDO Jacques, calviniste et visionnaire italien, né dans le Piémont ou à Venise, mort le 23 novembre 1591à Nuremberg. Il prétendait avoir eu à Venise, en 1563, une vision lui montrant le rapport existant entre diversévénements de son époque et quelques passages de laSainte Écriture. Chassé de son pays, de la France, où ilfut accusé de fomenter des troubles, de Middelbourg, dont le synode l’avait condamné, il finit par trouverquelque repos à Nuremberg. Il a laissé: Mystica etprophetica Geneseos interpretatio, in-4°, Leyde, 1580; Mystica et prophetica Levitici, Cantici canticorum, Aggsei, Zacharise et Malachiæ interpretatio, in-8°, Leyde, 1580; Interpretatio et paraphrasis in Apocalypsim, in-8°, Leyde, 1580. — Voir Fabricius, Bibliotheca lat.med. seu. (1734), t. i, p. 776; Tiraboschi, Storia délia

îetter. ital. (1823), t. vii, p. 557.

B. Heurtebize.

    1. BRODERIE##

BRODERIE, BRODEUR (hébreu: riqmâh; ouma’âsêh rôqêm, «œuvre du brodeur;» Septante: TiotxiXîot, notxiXTà; Vulgate: varietas, varia, scutulata et discolor; hébreu: rôqêm, «brodeur;» Septante: tioixiXt^ç; Vulgate: plumarius). La broderie est un ornement enrelief, fait à l’aiguille sur un tissu. La racine, râqam proprement «faire des lignes et des figures variées», paraîtbien avoir le sens de «broder». Cf. l’arabe raqania, l’italien ricamare, l’espagnol recamare. Les Grecs disaientototxiXXeïv; les Latins, d’une façon très expressive, acupingere, «peindre avec une aiguille». Le riqmâ h cependantn’est pas interprété de la même façon par les exé.gètes. Les uns y voient un tissage aux couleurs variées.Hartmann, Die Hebrâerin am Putztische, in-12, Amsterdam, 1810, t. iii, p. 138. Les Talmudistes, Ioma, fol. 42 b,

sont d’accord pour traduire riqmâh par ouvrage à l’aiguillé.Pour Gesenius, Thésaurus, p. 1311, ce travailà l’aiguille consistait à coudre sur un fond uni des figuresde fleurs ou d’ornements, taillées dans des étoffes de couleursdifférentes. Mais, avec J. Braun, Vestitus sacerdotumhebrssorum, in-8°, Leyde, 1860, p. 390-395, etN. G. Schrœder, Comment, philolog. criticus de vestitumulierum hebreearum, in-8°, Utrecht, 1776, p. 220-222, il nous semble plus probable que le riqmâh n’est pasune peinture sur une étoffe avec un pinceau, ni uneapplique de morceaux en couleur sur un fond uni, ni untissage avec des fils formant dessin dans l’étoffe: ce tissageen différentes couleurs se nomme ma’âsêh hôsêb, opus polymitarii, distinct du ma’âèèh rôqêm, opus plumarii, «œuvre du brodeur.» Cet art consiste à tracerdes ornements sur un tissu de fond, à l’aide de l’aiguilleet de fils variés de couleur et de grosseur, fils de laine, de liii, d’or. Il est connu de toute antiquité: le goût dela parure et le désir de se distinguer du commun ontnaturellement porté de bonne heure à utiliser, pour ornerles vêtements, un instrument aussi souple que l’aiguille.Les Grecs et les Romains ont été initiés aux procédésde la broderie par les Orientaux: c’est par le littoral dela Phrygie que cette industrie passa d’Orient dans les paysgrecs et latins; aussi les Romains désignaient les broderiespar le nom de phrygionse, et le brodeur s’appelaitphrygio. Un ouvrage brodé d’or se nommait auriphrygmm, d’où notre mot orfroi. Pline, H. N., viii, 48.

I. Broderies chaldéo-assyriennes. — Les vêtementsdes rois d’Assyrie et de Babylone ou des grands personnagesde ces royaumes, figurés sur les monuments, présententde riches dessins aux couleurs variées. Le métierdesanciens n’aurait pu exécuter des dessins si compliqués etd’une aussi fine exécution. Aussi les regarde-t-on communémentcomme de vraies broderies. Le point ressemble, d’après M. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 770-771, à celui que nous appelons «au plumetis» ou «au passé». Babylone avait acquis en ce genre d’étoffesune grande réputation d’habileté, qu’elle conservalongtemps. Pline, H. N., viii, 74; xxviii, 17, 18^ SiliusItalicus, xiv, 658; Martial, viii, 28. Il est probableque «le beau manteau de Sin’ar» ou de Babylonie, Jos., vu, 21, dérobé par Achan, à la prise de Jéricho, étaitun manteau brodé de fabrique chaldéenne. Le voile dutemple, dit Josèphe, Bell. jud., V, v, 4, était un rideaubabylonien brodé aux plus riches couleurs, itéiiXoç Bagu}, umoç tcoixiXt<5ç. Une stèle gravée, conservée au BritishMuséum, nous montre un roi de Babylone, Mardukahé-iddin, revêtu d’une robe aux dessins variés, quiparaissent bien être de la broderie (fig..217, col. 899).Un dessin au tissage aurait eu plus de symétrie: la navetten’est pas aussi souple que l’aiguille. Il en est demême des magnifiques vêtements des rois d’Assyrie, comme Assurnasirpal (fig. 619; cf., fig. 319, col. 1157et Layard, The Monuments of Nineveh, série i, pl. 6, 8, 9, 43, 48, 50, 51). On ne saurait y voir autre chose quedes broderies. Ninive avait emprunté cet art à la Chaldée; elle fabriquait et exportait au loin. Ézéchiel, xxvii, 23, 24, nous montre les marchands assyriens apportantleurs ouvrages de broderie sur les marchés de Tyr. Rosaces, palmettes, fleurs en boutons, arbres sacrés, géniesailés, le tout harmonieusem*nt combiné: tel est le motifordinaire de ces œuvres assyriennes. Outre ces ornements, sur le vêtement d’Assurnasirpal on voit le roi lui-mêmeentre deux génies (fig. 620).

II. Broderies égyptiennes. — La broderie était aussiconnue des Égyptiens. Plus d’une fois, il est vrai, on apris pour de la broderie ce qu’on a reconnu plus tardêtre du brochage, ou le produit d’appliques en cuir decouleur, comme certaines enveloppes de momies, ou lesceintures ornées portées par les pharaons Séti I er, RamsèsIII. Mais on a découvert de véritables broderies, etquoiqu’elles soient peu nombreuses, elles sont suffisantes

pour établir l’existence de cet art en Egypte. On peut citer i linceul brodée qu’on peut voir au musée des arts décotecartouche brodé en fil rose pâle, sur la momie d’une | ratifs (fig. 621). Cf. E. Lefébure, Broderie et dentelles,

61°. — Le roi Assnrnaslrpal assis snr son trône et revêtn de ses ornements royaux, couverts de broderiesBas-relief du palais nord-ouest de Nimroud. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pL 6.

des princesses ensevelies à Deir-el-Bahari, G. Maspero, i in-8°, Paris, 1887, p. 32. De plus, sur la robe d’uneArchéologie égyptienne (188/), p. 285-286; une bande de 1 statue égyptienne en bronze du musée d’Athènes, se

déroulent des dessins qui ont tout l’air d’une broderie.En tout cas, cette industrie était assez développée enEgypte pour être appréciée des Phéniciens. Ézéchiel, xxvii, 7, dans sa prophétie contre Tyr y fait allusion: n Les voiles de tes navires sont en fin lin brodé d’Egypte.»

des colonies de Tyr, ces princes de la mer, en apprenantla chute de cette cité magnifique, quitteront, ditle prophète, leurs superbes vêtements brodés pour s’asseoirà terre, enveloppés de stupeur comme d’un manteau, et pleurer sur son sort. Ezech., xxvi, 16.

— Détails de la broderie du vêtement royal d’Assurnastrpal.D’aprèa Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pl. 6.

Le tombeau de Ramsès III, à Thèbes, nous offre des peinturesde voiles répondant précisément à cette description(fig. 622).III. Broderies phéniciennes. — Les Phéniciens, qui

IV. Broderies Israélites. — La Sainte Écriture parlede plusieurs travaux de broderie exécutés chez les Hébreux; ils avaient probablement appris cet art en Egypte.Le voile placé à l’entrée du tabernacle était un ouvrage de

621. - TUiil" il iin linceul brodée, trouvée dans un tombeau d’Egypte. Musée des arxg décoratifs, à Paria.

achetaient les broderies des Égyptiens, Ezech., xxvii, 7, des Assyriens, xxvii, 23, 24, et des Syriens, xxvii, 16, produisaient eux-mêmes des ouvrages remarquables ence genre. Les broderies des Sidoniennes ont été chantéespar Homère, Iliad. vi, 289. Les riches marchands

broderie, Exod., xxvi, 36, différent du rideau du Saint des.saints, œuvre de tissage aux teintes variées. Exod., xxvi, 1, 31. La Vulgate ne garde pas cette distinction du texte original; elle traduit, dans les deux cas, opus plumarium, . «œuvre de broderie.» Cf. Exod., xxvii, 16; xxxvi, 37 j.

xxxviii, 18. La ceinture du grand prêtre était de fin linbrodé. Exod., xxviii, 39; xxxix, 28. Béséléel et Ooliab excellaientdans l’art de broder. Exod., xxxv, 35; xxxviii, 23. Leschefs d’Israël portaient des vêtements ou écharpes brodées.

de ces épithètes appliquées à l’airain qui a donné sonnom au cuivre, ses cyprium; le mot cuprum, commenom distinct du cuivre, apparaît au m» siècle de notre ère.M. Berthelot, Introduction, p. 278. Le mot «bronze» a,

622. — Voile de barque égyptienne brodée. Tombeau de Ramsès III, à Biban el-Molouk.D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pl. cclv.

Jud., v, 30. Le vêtement de l’épouse, dans le Ps. xuv |héireu, xlv), 15, est couvert de riches broderies en couleur.Dieu a paré ainsi Israël, qu’il compare à une épouse, Ezech., xvi, 10; mais il s’est dépouillé de cette superbebroderie pour en revêtir ses idoles. Ezech., xvi, 18.N. G. Schrœder, Comment, philolog. criticus de vestituDiulierum hebræarum, in-8° Utrecht, 1776, p. 219-225, montre que les mafiâlâsôt portés par les femmes d’Israël, auxquelles Isâïe, iii, 22, reproche leur luxe, étaient desmanteaux brodés d’or. Le plumage nuancé de l’aigle, Ezech., xvii, 3, les pierres précieuses aux couleurs etdessins variés, I Par., xxix, 2, sont comparés à de la broderie.— Cf. E. Lefébure, Broderie et dentelles, in-8°, Paris, 1887, p. 1-34. E. Levesque.

    1. BRONZE##

BRONZE (hébreu: nehoêép, et quatre fois, dans Daniel, ne1}àS, cf. assyrien, riuhsu; Septante: ^aXxôç; Vul£ate: ses). Alliage de cuivre e< d’étain dans des proportionsvariables. Le mot nehosét, qui se trouve plus decent trente fois dans le texte sacré, désigne à la fois lecuivre et le bronze. Les anciens, aussi bien les Romainset les Grecs que les Orientaux, n’avaient pas pour lesuivre et le broHze de nom distinct et spécifique. Toutmétal et alliage rouge ou jaune, altérable au feu, s’appelaityalxôt; ou ses, c’est-à-dire airain (dans un sens généraltout à fait distinct du composé spécial appelé plustard de ce nom, voir col. 323). Tout métal et alliage blanc, fusible et altérable au feu, s’appelait à l’origine plomb.Plus tard on distingua deux variétés, le plomb noir, quin’est autre que notre plomb ^et le plomb blanc, tatstsipoç, stannum, étain ou plomb argentifère. Pline, H. N., xxxiv, 47; M. Berthelot, Introduction à l’étude de lachimie des anciens, in-8°, Paris, 1889, p. 230. Les variétésde l’airain se distinguaient d’après le lieu de provenance: airain de Chypre, airain de Corinthe, etc. Pline, S. N., iii, 20; ix, 65, 1; xxxiv, 20, 1, 3. C’est même une

selon toute apparence, une semblable origine. C’était unalliage, fabriqué à Brindisi pour l’industrie des miroirs, ses Brundisium. Pline, H. N., xxxiii, 45; xxxiv, 48. Unmanuscrit du yme siècle d’un

traité intitulé Compositiones

ad lingenda, «Formules de

teintures» ( cf. Muratori,

Antiq. ital., Diss. xxiv, t. ii, p. 364-387), nous offre pour

la première fois le substantif Brundisium, «bronze,»

comme nom spécifique de cet

alliage. M. Berthelot, Introduction à l’étude de la chU

mie des anciens, p. 275, et

La chimie au moyen âge, 1. 1; Essai sur la transmission

de la science antique, in-8°,

Paris, 1893, p. a^. Il résulte de cette confusion des

anciens dans la nomenclature des métaux et de leurs

alliages, qu’on ne saurait, à

la seule inspection du nom,

dire si le mot nef/oSét signifiebronze ou cuivre dans tel ou

tel passage du texte sacré.

Le contexte peut quelquefois, mais rarement, indiquer

s’il s’agit du métal pur ou

de son alliage. Ainsi dans

Deut., viii, 9; xxxiii, 25; Job, xxviii, 2; Ezech., xxii, 18, etc., il paraît bien être question de minerai de cuivre.Au contraire, les miroirs de nettoSét, Job, xxxvii; 18, seraient plutôt des miroirs de bronze semblables à ceuxqui ont été trouvés en Egypte (fig. 623), et qui rappellent

[[File: [Image à insérer]|300px]]
623. — Miroir égyptien

en bronze. Musée de Ghizéb,

1945

BRONZE

1946

les miroirs de Brindisi. Berthelot, Introduction à l’étudede la chimie des anciens, p. 278. On peut direaussi que dans les textes les plus anciens, nehoséf désignevraisemblablement le cuivre. Car l’emploi du cuivrepur a précédé naturellement celui du bronze. Le cuivreétait, pour ainsi parler, sous la main des Hébreux, pendantleur séjour au désert et après leur établissem*nt en Palestine: car les montagnes du Sinaï et l’fle de Chypre, qui

xvie siècle avant notre ère, qu’ils paraissent avoir connula supériorité du bronze sur le cuivre et l’avoir employépour la fabrication des armes et des instruments d’unusage courant. En effet, l’analyse chimique des objets dedate certaine, a établi, contrairement à ce que l’on avaitprétendu (G. Perrot, Histoire de l’art, t. i, p. 829), quele métal employé avant le nouvel empire est le cuivre.Quand on y découvre de l’étain, il s’y trouve en propor.-**’Coupe de bronze de style égyptien, trouvée à ÎHmroud. DimensionD’après Layard, Monuments of Sineveh, t. ii, pl. 63.

était dans leur voisinage, avaient des mines de cuivre. Voircol. 323 et Cuivre. L’étain, au contraire, était rare, et sonminerai n’attire pas l’attention comme le cuivre; ses gisem*ntsétaient situés aux extrémités du monde connu: l’Hindou-Kousch et les monts Altaï d’un côté, la côte occidentalede l’Espagne, quelques parties de la Gaule et lesîles de la Grande-Bretagne, appelées îles Cassitérides. Il ya donc lieu de se demander si l’Egypte, où le peupled’Israël s’était formé, si la Phénicie, l’Assyrie, la Chaldée, avec lesquelles il fut en contact et en relation de commerceaprès la conquête de la Palestine, connaissaientdéjà l’étain et fabriquaient le bronze.1° Pour les Égyptiens, ce fut seulement vers le XVe ou le

tions si faibles avec d’autres substances, qu’on les regardeà bon droit comme des impuretés accidentelles. Les anciensne savaient pas isojer le cuivre pur: les traces desdifférents métaux associés dans le minerai se retrouventpresque toujours après la fabrication. G. Maspero, Y Archéologieégyptienne (1887), p. 291; Sal. Reinach, dans V Anthropologie, t. ii, 1891, p. 107, 108; M. Berthelot, La chimie aumoyen âge (1893), 1. 1, p. 359. Mais à partir de la xviii 8 dynastie, on commence à rencontrer du véritable bronze avecdes proportions d’étain qui vont en augmentant. E. d’Acy, De l’origine du bronze, dans Compte rendu du congrèsscientifique international des catholiques, 1891, 8e section, Anthropologie, p. 201; G. Maspero, Archéologie

égyptienne, p. 291. Cependant ees objets pouvaient êtredes bronzes d’importation; car l’art de fabriquer le bronzeparaît avoir été encore inconnu ou du moins fort peurépandu en Egypte sous Aménophis III ou IV, d’aprèsune lettre adressée à l’un de ces deux pharaons par unroi d’Alasiya. A. Delattre, La trouvaille de Tell-elacheter dans ce pays; mais ils devaient recevoir l’étain etle bronze plutôt du côté de l’Orient et de la Phénicie, oùs’approvisionnait l’Egypte elle-même.

2° L’Assyrie et la Babylonie ont connu le bronze plusanciennement que l’Egypte. Les objets en bronze d’unedate certaine, soumis à l’analyse chimique, ne sont

625, — Conpe assyrienne en bronze, trouvée à Klmrond. Dimension: 0° 28.D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pl. 60.

Amarna, dans la Revue des questions scientifiques, janvier1889, p. 175, et E. d’Acy, ouv. cité, p. 202. La situationdevait être à peu près la même au commencementde la XIXe dynastie; par conséquent, il est probable queles objets de nefcoséf fabriqués par les Hébreux, dans ledésert du Sinaï, étaient en cuivre: ils pouvaient du resteutiliser les mines que les Égyptiens exploitaient danscette contrée (col. 323). Plus tard, le bronze étant devenutrès abondant en Egypte, les Hébreux auraient pu en

malheureusem*nt que des vn «et ix» siècles avant J.-C.Ceux qu’on a découverts dans le palais d’Assurbanipal, à Nimroud, ont donné 10 et 15 pour 100 d’étain. Lestablettes votives du palais de Khorsabad, qui avaient l’apparencedu cuivre, ont fourni à l’analyse 10 pour, 100d’étain. Le bronze était alors d’un usage courant, et lesartisans de ces époques nous ont laissé de très beauxspécimens de leur industrie, en particulier les fameusesportes de Balawat (fig. 322, col. 1161), du temps du

roi Salmanasar III (858-823), des vases de bronze traitésavec un art exquis (fig, 625), des poids comme lelion de bronze du musée du Louvre, etc. G. Perrot, Histoirede l’art, t. ii, p. 722; M. Berthelot, Sur quelquesmétaux provenant de l’antique Chaldée, dans la Revuearchéologique, 3° série, t. ix, 1887, p. 11, 12. Si lesobjets analysés ne remontent pas au delà du IXe siècleavant J.-C, nous avons d’autres témoignages plus anciens.La lettre du roi d’AIasiya nous prouve que la fabricationdu bronze était connue sur les rives de l’Euphrateau moins dès le xvr 3 siècle avant J.-C. De plus, un hymnemagique bilingue en suméro-accadien et en assyrien, d’une date certainement plus ancienne, bien qu’elle nepuisse être précisée, appelle le dieu feu «mélangeur ducuivre et de l’étain ~s>. F. Lenormant, Les noms de l’airainet du cuivre, dans Transactions of the Society ofBiblical Archseology, t. ii, 1878, p. 344-345; Histoire anciennede l’Orient, t. v, p. 197; E. d’Acy, ouv. cité, p. 204. Il en était de même de Babylone: on sait, eneffet, que les Chaldéens ont été les initiateurs des Assyriensdans les arts et l’industrie; puis le mobilier funéraire destombes de Chaldée a fourni plus de bronze que de cuivrepur. G. Rawlinson, Five great monarchies, Londres, 1862, 1. 1, p. 123. Aussi le nehosé{ dont étaient faits le ventre et lesjambes de la statue symbolique vue en songe par Nabuchodonosordevait être du bronze. Dan., ii, 32, 39. On acherché de quelle contrée les Chaldéens et les Assyriensavaient d’abord reçu l’étain et appris à faire le bronze.Avant de venir de l’Occident, l’étain leur fut apporté parles marchands qui descendaient de l’Hindou-Kousch et desmonts Altaï. G. Bapst, L’étain dans l’antiquité, dans laRevue des questions scientifiques, avril 1888, p. 355-356.Strabon indique vaguement la place de ces mines d’étain.xv, 11, 10.

3° Les Phéniciens, originaires des bords du golfe Persique, F.-E. Movers, Die Phônizier, l re part., Dos phônizischeAlterthums, in-8°, Berlin, 1849, t. ii, p. 59, avaient probablement connu le bronze fabriqué avec cetétain avant de s’établir sur les bords de la Méditerranée.Ces peuples, attirés par le commerce sur toutes les plagesde l’Occident, ne tardèrent pas à découvrir par eux-mêmesou par leurs colons de nouveaux gisem*nts d’étain. Lesmines de l’Espagne occidentale ne furent pas exploitéesavant le XII 6 ou XIe siècle avant J.-C; les îles Cassitéridesne furent découvertes qu’après. G. Bapst, L’étaindans l’antiquité, p. 364-365; H. et L. Siret, Les premiersâges du métal en Espagne, dans la Revue des questionsscientifiques, avril 1888, p. 403, 418. C’est alors queles Phéniciens fournirent de l’étain à l’Egypte et à l’Assy-Tie, et même des objets en bronze tout fabriqués; car ilsexcellaient dans cet art. G. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 738-749; t. iii, p. 864. Sans doute ils n’inventèrent pasplus qu’en architecture pour les motifs de décorations; ils les empruntèrent au style assyrien et au style égyptien, qu’ils mélangèrent. La renommée des artistes deTyr engagea Salomon à faire venir à Jérusalem Hiram, habile à façonner toutes sortes d’ouvrages de bronze.III Reg., vii, 14; II Par., ii, 13; Jer: , lii, 17-20. Il luifit faire les colonnes de bronze appelées Jachin et Boozavec leur ornementation, l’autel d’airain, la mer d’airain, les lavoirs mobiles, II] Reg., vïi; II Par., i, 5, 6, ’; "Vil, 7, et bon nombre d’objets et d’ustensiles formant lemobilier du temple, qui probablement avaient été fabriquésen cuivre pour le service du tabernacle dans ledésert. Voir Cuivre, Étain. E. Levesque.

    1. BROUGHTON Hugh##

BROUGHTON Hugh, théologien et hébraïsant anglais, né à Owlbury en 1549, mort le 4 août 1612. Il étudia àl’université de Cambridge et se fit bientôt remarquer parles singularités de sa prédication. Il voyagea en Allemagne, et reprocha vivement à Théodore de Bèze les changementsqu’il apportait sans cesse dans ses notes sur le NouveauTestament. Dans ses œuvres, qui furent publiées par

Lightfoot, in-f°, à Londres, 1662, sous le titre bizarre: The Works of the great Albionean divine, renoumedin many nations for rare skill in Salem’s and Athen’stongues and familiar acquaintance with ail Rabbinicallearning, nous devons mentionner: The concent of Scriptures; A translation of Daniel with several annotations; Latin commentary on Daniel; À treatise ofMelchizedech; À translation of the book of Job; À commentupon Coheleth, or Ecclesiastes; The Lamentationsof Jeremiah translated and explained; À discourse uponthe epistle of Jude; À révélation of the holy Apocalypse.Quelques ouvrages, comme une nouvelle traduction de laBible et une Harmony of the Bible, sont conservés manuscritsau British Muséum. — Voir sa Vie, par Lightfoot, en tête de l’édition qu’il donna des œuvres de Broughton; L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. vi,

p. 459-462.

B. Heurtebize.

1. BROWN John, exégète anglican écossais, né probablementà Kirkcudbright (1610 [?]), mort à Rotterdamen 1679. Il prit ses grades à l’université d’Edimbourg le24 juillet 1630, fut nommé curé de Wamphray, dans l’Annandale, en 1655, et y vécut en paix jusqu’en 1662. Mais, le 6 novembre de cette année, ses opinions, qu’il avaittrop manifestées, le firent condamner d’abord à la prison, et, le Il décembre, à l’exil, avec défense de rentrer danssa patrie, sous peine de mort. Brown se réfugia en Hollande, où il mourut à Rotterdam, ministre de l’égliseécossaise de cette ville, en 1679. — On a de lui un commentairedoctrinal et pratique sur l’Épltre aux Romains, sous ce titre: An explanation of the Epistle to the Romans, in-4°, Edimbourg, 1651 et 1769. — Voir L. Stephen, Dictionary of national biography, in-8°, Londres, 1886, t. vii, p. 9. O. Rey.

2. BROWN John, ministre anglican, né en 1722 à Carpow, dans le comté de Perth, en Ecosse, mort le 19 juin1787. II acquit une profonde connaissance des languesétrangères, et devint ministre de Haddington. Parmi cesouvrages, nous devons citer: À Dictionary of the HolyBible, sur le plan de D. Galmet, 2 in-8°, Londres, 1769(souvent réimprimé depuis); The self-interpreting Bible, 2 in-4°, Londres, 1778 (souvent réédité); Sacred tropology

: or a brief view of thé figures and explication

of the metaphors contained in Scripture, dont une éditiona paru à Londres, in-8 8, 1813; À harmony of Scriptureprophecies and history of their fulfilment (lameilleure édition fut publiée à Edimbourg, in-12, 1800); A brief concordance of the Holy Scriptures, in-18,

Londres, 1783 et 1816.

B. Heurtebize.

    1. BRUCCIOLI Antoine##

BRUCCIOLI Antoine, traducteur italien, né à Florence, vivait dans le XVIe siècle. Ayant pris part à laconspiration formée, en 1522, contre le cardinal Jules deMédicis, il dut quitter sa patrie et se réfugia en France.A la chute des Médicis, il put rentrer à Florence. Soupçonnéde favoriser les erreurs de Luther, il fut jeté enprison et faillit payer de sa tête son goût pour les nouvellesdoctrines. Il se retira à Venise, où deux de ses frèresétaient imprimeurs. Parmi ses ouvrages, nous mentionnerons: Psalmi di David, nuovamente dalla hebraïcaverita tradotti in linguà toscana, in-8°, Venise, 1531; Bibbia tradotta in lingua toscana, in-f°, Venise, 1532; réimprimée en 1538 et en 1539, et reparut en 1542 eten 1547, avec des notes assez étendues, 3 in-f°, Venise; HNuovo Testamento dal grseco tradotta in lingua toscana, in-16, Venise, 1544; Commento in tutti i sacro-santilibri del Vecchioe Nuovo Testamento dalla hebraicaveritae fonte grseco tradotti in lingua toscana, 4 in-f», Venise, 1546. Les ouvrages de Bruccioli furent condamnéspar l’Index. Richard Simon a prouvé que Bruccioli savaitfort peu l’hébreu, et qu’il n’avait pas toujours comprisla traduction du P. Santé Pagnini, dont il s’était servi.

1951

BRUCCIOLI — BRUNO (SAINT)

1952

— Voir Richard Simon, Histoire critique du VieuxTestament (Rotterdam, 1685), p. 333; Tiraboschi, Storia

délia lett. ital. (1823), t. vii, p. 587.

B. Heurtebize.

    1. BRUGSCH Henri Karl##

BRUGSCH Henri Karl, égyptologue protestant allemand, né à Berlin le 18 février 1827, mort dans cetteville le 9 septembre 1894. Avant d’avoir terminé sesétudes au Gymnase, il publia son premier ouvrage: Scriptura Mguptiorum demotica, in-8°, Berlin, 1848, qui lui attira la faveur d’Alexandre de Ilumboldt et duroi de Prusse Frédéric -Guillaume IV. Celui-ci lui donnales fonds nécessaires pour le premier voyage scientifiquequ’il fit en Egypte, en 1853, où il se lia avec Mariette. Ilentreprit un second voyage dans ce pays, en 1857-1858.En 1860, il fut attaché à la légation prussienne, en Perse; en 1864, il devint consul de son gouvernement au Caire, et occupa cette charge jusqu’en 1868, où il devint professeurd’égyptologie à l’université de Gcettingue. En1870, il retourna au Caire pour y prendre la directionde l’École d’égyptologie, fondée dans cette ville parle khédive Ismaïl Pacha. Il quitta l’Egypte à la chute dece dernier. En 1880, il fut nommé professeur d’égyptologieà Berlin. En 1885, il alla à Téhéran avec le titrede conseiller de l’ambassade extraordinaire envoyée enPerse. L’Académie des sciences de Berlin le reçut parmises membres en 1888. Il a écrit une partie de ses ouvragesen français, l’autre en allemand. Parmi ses nombreusespublications, nous nommerons seulement: Wanderungennach den Tûrkis - Minen und der Sinai - Halbinsel, in-8°, Leipzig, 1866; 2e édit., 1868; Neue Bruchslûkedes Codex Sinaiticus, aufgefunden in der Bibliôthekdes Sinaiklosters, in-f°, Leipzig, 1875; L’Exode et lesmonuments égyptiens, in-8°, Leipzig, 1875 ( l’auteur faitsortir les Hébreux d’Egypte par la langue de terre quiséparait le lac Serbonis de la Méditerranée, opinion universellementrejetée; voir La Bible et les découvertesmodernes, 5e édit., t. ii, p. 368); Der Bau des TempelsSalariions nach der koptischen Bibelversion, in-8°, Leipzig, 1877; Die neue Weltordnung nach Vernichtung dessûndigen Menschengeschlechts nach einer altâgyptischenUeberlieferung, in-8°, Berlin, 1881; Die biblischen siebenJahre der Hungersnoth nach dem Wortlaut eineraltâgyptischen Felsen-Inschrift, in-8°, Leipzig, 1891; Steininschrift und Bibelwort, in-8°, Berlin, 1891. — VoirH. Brugsch, Mein Leben und Mein Wandern, 2 in-8 «, Leipzig, 1894. F. Vigouroux.

    1. BRUICH Antoine##

BRUICH Antoine, appelé aussi Broickwy Kônigstein, noms que Sbaraglia explique ainsi: «Bruich, alias deBraquey, et Broickwy à Koningstein,» a été, par suitede la bizarrerie de ces noms, dédoublé en deux auteurspar plusieurs bibliographes. C’était un frère mineur observant, que l’on sait avoir été gardien du couvent deNoyon, et être mort en 1541. Il a laissé: 1° Monotessaronbrève ex quatuor Evangeliis, in-8°, Cologne, 1539, 1542 et 1550; Paris, 1551, etc. Il y est joint OrdinariumEpistolarum et Evangeliorum; Vfl.ln quatuor Evangelialibri quatuor enarrationum, 2 in-8°, Cologne, 1539; Paris, 1543; in-4°, Venise, 1548; 4° Passio D. N.Jesu Christi secundum quatuor evangelistas, in-8°, Paris, 1533; 4° In Epistolas sancti Pauli commeniaria, in-8°, Paris, 1543; Cologne, 1556; 5° Concordantisebrèves omnium fere materiarum quse in sacris Bibliiscontinentur, in-8°, Paris, 1544. Autres éditions en 1551, 1590, etc. P. Apollinaire.

    1. BRUNET Honoré Joseph##

BRUNET Honoré Joseph, carme français, vivait aucommencement du xviip. siècle. Docteur en théologie, ilfut prieur de plusieurs couvents de son ordre, et a laisséun ouvrage assez important, sous le titre: Manuductioad Sqçram Scripturam methodo dialogistica, exhibensprolegomena Bibliaca, complectens qusesliones de ScripturaSacra in se considerata et de libris Veteris ac

Novi Testamenti; cum appendice de Verbo Dei iradiio, 2 in-12, Paris, 1701. — Voir Bibliotheca Carmélitana,

t. i (1752), p. 661.

B. Heurtebize.

1. BRUNO (Saint), fondateur de l’ordre des Chartreux, né à Cologne vers 1035, mort en Calabre le 6 octobre 1101.Il étudia d’abord à l’école de saint Cunibert de Cologne, et sa piété lui attira l’attention de saint Hannon, archevêquede cette ville, qui lui donna un canonicat dans sacathédrale. En 1047, il vint continuer ses études auxcélèbres écoles de Reims, et bientôt l’archevêque Gervaisele fit écolâtre et chancelier de son église. Manassès, le successeur simoniaque de ce digne prélat, que Brunoavait dénoncé au concile d’Autun, ayant réussi à se maintenirà force d’intrigues, força Bruno de se retirer dansle château du comte de Roucy, où il resta jusqu’en 1078.Bientôt, pour éviter le fardeau de l’épiscopat, que le clergéet les fidèles voulaient lui imposer à la place dé Manassès, de nouveau déposé à Lyon, il s’enfuit, et pour mettre àexécution le projet déjà formé de se retirer dans la solitudeavec quelques disciples, il alla consulter saint Robert, abbé de Molesmes. Après être resté quelque tempsprès de ce saint, il se rendit près de saint Hugues, évêquede Grenoble, qui lui donna le désert de la Chartreuse, dans les Alpes. Saint Bruno donna à ses disciples unerègle sévère; mais lui-même ne put jouir longtemps decette solitude. Urbain II, un de ses disciples à l’école deReims, le fit venir à Rome pour le consulter dans lesaffaires de l’Église. Le souverain pontife voulut mêmelui faire accepter l’évêché de Reggio. Bruno put éviterune seconde fois le fardeau de l’épiscopat, et amena lepape à lui permettre de se retirer dans une gorge desmontagnes de la Calabre, à la Torre, où il mourut en1101. Ses œuvres furent éditées pour la première fois àParis, in-4°, en 1509. La meilleure édition est celle quifut publiée en 1540, en 3 vol. in-f°, par les soins deThéodore Peeters, prieur de la Chartreuse de Cologne.Elle a été reproduite par Migne, aux tomes clii et cliiide sa Patrologie latine. On y remarque des commentaires, Expositio in Psalmos et Commentarii in omnesEpistolas Pauli, qui témoignent de la piété et de l’éruditionprofonde de leur auteur. — Voir Bollandistes, Acta Sanctorum, t. m (octobris), p. 491; BibliothecaCartusiana (1609), p. 1 et 39; Annales Ord. Carthusiensis, t. i (1887), p. i-cxviii, 1-155; Histoire littéraire

de la France, t. ix, p. 233.

B. Heurtebize.

2. BRUNO ou BRUNON (Saint), évêque de Wurtzbourg, mort. le 27 mai 1045, était fils de Conrad, duc deCarinthie, et cousin de l’empereur Conrad II. Son méritele fit élire, en 1033, évêque de Wurtzbourg. Étant auchâteau de Rosenbourg, sur le Danube, avec l’empereurHenri III, la salle où se trouvait la cour s’effondra toutà coup, et le saint prélat fut si grièvement blessé, qu’ilmourut peu de jours après. On doit à cet évêque uneExpositio Psalmorum, exposition littérale, morale etallégorique. À la fin de chaque psaume se trouve unecourte prière, tirée ordinairement du texte même. SaintBrunon est également l’auteur d’un Commentarius incantica, c’est-à-dire sur les cantiques de l’Ancien et duNouveau Testament. Ses œuvres furent publiées pour lapremière fois à Wurtzbourg, en 1480. L’édition qui setrouve dans la Patrologie latine de Migne, t. cxlii, p. 9-568, est due au chanoine Denziijger. — Voir Bollandistes, Acta Sanctorum, t; iv(maii), p. 38-41; Fabricius, Bibliotheca lat. med. sev. (1858), t. i, p. 268; L. Hain, Repertorium bibliographicum, t. i (1824),

p. 557.

B. Heurtebize.

3. BRUNO D’ASTI (Saint), évêque de Segni et abbédu mont Cassin, né à Solera, en Lombardie, en 1049, mort à Segni le 18 juillet 1123. Il fut élevé dans le monastèrebénédictin de Saint -Perpetuus, et, après avoir

le prophète dit aux habitants: Fuyez; pour sauver votrevie, il ne vous reste plus qu’à vous cacher dans des lieuxdéserts, s comme un’arô’êr dans la solitude.» Jer., XLViii, 6. Un certain nombre d’exégètes, comparant cespassages avec Ps. çil (hébreu), 18, où le mot’ar’âr signifiecertainement «un [homme] abandonné», veulenty voir le même sens. Mais, dans Jérémie, on s’attend plutôtà trouver un nom de chose comme terme de comparaison.De plus, au chap. xvii, le contexte du y. 8, où l’hommequi se confie en Dieu est comparé à un arbre planté surle bord des eaux, demande une comparaison parallèleau ꝟ. 6: Celui qui ne se confie pas en Dieu est commeune plante qui se dessèche dans le désert aride. Enfin lesdifférentes versions ont vu ici un nom de plante. Quant àl’espèce de plante désignée par le mot hébreu, les versionsne s’entendent pas. Pour les Septante, Jer., xvii, 6, c’est un àypio|jujp{x7), la bruyère; de même pour la Vulgate, myricse (le mot latin myrica désigne d’abord letamaris, et par extension seulement la bruyère), pour lechaldéen, un Nri’yoy, ’akkôbt(â’, une espèce de chardon; pour le syriaque, ꝟ. ZX.. êgorô, un tronc d’arbre; pour Symmaque, de même, un arbre stérile, axapitov WXov.La Vulgate traduit également par myrica, «bruyère.» Jer., xlviii, 6. Pour les Septante, à l’endroit correspondant, Jer., xxxi, 6, ils voient à tort un ô’voç aypio; , «un ânesauvage,» et le chaldéen, la tour d’Aroêr. Au milieud’une telle divergence, le sens de «bruyère» donné parles Septante et par la Yulgate est suivi par un plus grandnombre d’interprètes. Cependant il ne convient pas parfaitementà la comparaison de Jérémie, la bruyère ne seprésentant pas d’ordinaire à l’état d’arbuste isolé, et deplus ne se rencontrant guère en Syrie, si ce n’est dansle Liban. Il est vraisemblable que le’ar’âr biblique doits’identifier avec le’ar’ar des Arabes, espèce de genévrier, probablement le Juniperus sabina. Celsius, Hierobotanicon, t. ii, p. 195. Le nom égyptien du genévrier, ouâr, arou, qui semble d’origine étrangère et se rapprochede notre nom, paraît appuyer cette opinion. Voir Genévrier.E. Levesque.

    1. BRYANT Jacques##

BRYANT Jacques, archéologue anglais, né à Plymouthen 1715, étudia à Eton et à Cambridge, et mourut le14 novembre 1804. Son principal ouvrage, À new System, or an analyste of ancient mythology, 3 in-4°, Londres, 1774-1776, a été réimprimé plusieurs fois. La troisièmeédition, publiée à Londres, 1807, 6 vol. in-8°, renfermeune étude sur la vie et les œuvres de l’auteur. J. Bryant

given by Josephus concerning our Saviour Jésus Christ, in-8°, Londres, 1777; À treatise upon the authenticityof the Scriptures and the truth of Christian religion rin-8°, Londres, 1792; The sentiments of Philo -Judæu?concerning the Aôyoç or Word of God; together withlarge extracts from his ivrilings compared with theScriptures, in-8°, Cambridge, 1797; Observations uponthe plagues inflicted upon the Egyptians, in-8°, Londres, 1794; Observations upon some passages in Scripturewhich the eneniies to religion hâve thought most obnoxious, and attended with difficulties not to be surmonted, in-4°, Londres, 1803. Dans ce dernier ouvrage, il s’agit de Balaam, des renards envoyés par Samsondans les moissons des Philistins (Jud., xv, 4-5), de l’arrêtdu soleil obtenu par Josué (Jos., x, 5-40) et de l’histoirede Jonas. — Voir Orme, Bibliotheca biblica (1824),

p. 61.

B. Heurtebize.

    1. BUBALE##

BUBALE (hébreu; yalimûr; Septante: poûêaXoç [dans

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627. — Bubale.

V Alexandrinus; le mot n’est pas traduit dans le Vaticanus]; Vulgate: bubalus). C’est un quadrupède rangé

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628. — Chasse au bubale. Tombeau de Béni - Hassan. D’après Wilklnson, Manners and Cnstoms, 2e édit, t ii, p. 89.

affirme, dans ce travail, que les histoires des ancienspatriarches ont servi de fondement aux fables de la mythologie.Citons parmi les autres écrits de’cet auteur: Vindicte Flavianss, or a vindication of the testimonu

parmi les animaux purs, Deut., xiv, 5, et fournissant unedes viandes de venaison qu’on servait sur la table du roiSalomon. III Reg., iv, 23. Quelques auteurs modernes ontvoulu identifier le yahmûr avec le yazmûr des Arabes, l’oryx leucoryx ou le cervus dama. Mais il n’y a pas de raison pour s’écarter ici de l’interprétation des anciennes versions, suivies par la plupart des commentateurs. Cf. Bochart, Hierozoicon, édit. 1793, t. ii, p. 284; Robertson, Thesaurus linguæ sanctæ, Londres, 1680, p. 219. Le bubale (fig. 627) est un ruminant qui appartient au genre Antilope. Voir Antilope, col.-669. Il ressemble assez au cerf; mais, au lieu de bois, il porte des cornes persistantes, revêtues d’un étui corné comme celles des bœufe. Ces cornes sont annelées, à double courbure, avec les pointes dirigées en arrière. Le bubale vit par troupes. Il était plus commun autrefois qu’aujourd’hui, et se rencontrait surtout dans les régions désertes du nord de l’Afrique et du sud de la mer Morte. Les anciens Égyptiens lui faisaient la chasse (fig. 628) Wilkinson, Manners and Customs of the ancient Egyptians, 2e édit., t. ii, p. 90. Pline, H. N., viii, 15, dit que le bubale est originaire d’Afrique, et qu’il tient du Veau et du poulain. Sa chair est agréable, nourrissante et préférable à celle du daim. Elle pouvait donc figurer avec honneur sur la table de Salomon. Il ne faut pas confondre le bubale avec le bos bubalus ou bubalus ferus. Voir Buffle.

H. Lesêtre.

BUBASTE (hébreu: Pî-Béséṭ; Septante: Βούϐαστος), ville de la basse Egypte, mentionnée par Ézéchiel, xxx, 17, dans sa prophétie contre ce pays. «L’élite des jeunes gens d’Héliopolis et de Bubaste périra par le glaive,» Très célèbre à l’époque des Pharaons, sa magnificence est attestée par Hérodote, ii, 59, 137. Strabon, xvii, 1, 27, parle du nome ou province de Bubaste comme voisin de celui d’Héliopolis.


629 — Ruines de Bubaste. D’après Ed. Naville, Bubastis, pl. ii.

L’existence de Bubaste est encore constatéepar le géographe Pomponius Mêla (43 après J.-C.}, dans son livre De situ orbis, lib. i, p. 611 (collection Nisard). Puis cette importante cité fut détruite et tellement ruinée, qu’il était impossible d’en fixer la position avec certitude. M. Ed. Naville en a retrouvé les restes (1887-1889), et a publié ses découvertes dans son Bubastis, in-4°, Londres, 1891.

Les ruines de Bubaste se trouvent près du village arabede Tell el-Basta, dans les environs de Zagazig, au nord-est du Caire, le long de la ligne du chemin de fer qui va à Ismaïlia (fig. 629). Là s’élevait cette antique cité, dans le territoire de Gessen, habité par les Israélites pendant le temps de leur séjour en Égypte. Son nom égyptien était [Hiéroglyphe à insérer] Pi’Bast ou Pî-Béséṭ, c’est-à-dire «demeure de Bast ou Bését», divinité principale du lieu. C’est bien le nom même de Bubaste, dans Ézéchiel, xxx, 17. La dêesse Bast ou Bését peut être regardée comme une des nombreuses personnifications solaires dont la religion égyptienne était remplie, semblable en cela à la déesse Sekhet, avec cette différence que, tandis que cette dernière représentait les effets dévorants et funestes du soleil, Bast, au contraire, en symbolisait la chaleur bienfaisante. Elle était représentée aveeune tête de chat (fig. 630), revêtue d’une longue tunique; elle a souvent le sistre dans la main droite et l’égide dans la gauche. Le chat lui était consacré d’une manière spéciale, cet animal étant regardé comme le destructeur des ennemis du soleil. Aussi dans les souterrains du grand temple de Bast, à Bubaste, se conservaient des milliers de cadavres de ces animaux momifiés: on peut en voir dans la plupart des musées.

Dans ses fouilles commencées par le grand temple, aucentre de la ville, M. Naville, en retrouvant les parties principales du temple lui-même et des portiques qui l’entouraient, découvrit beaucoup d’inscriptions hiéroglyphiques et des fragments de statues se rapportant aux Pharaons qui, dans la longue période de l’histoire d’Égypte, restaurèrent ou embellirent ce monument. Sansparler des cartouches royaux de Chéops et de Chéfren, de la IVe dynastie, qui donnent à ce temple une antiquité plus reculée qu’on ne croyait, et du cartouche du roi Pépi Ier, de la vie dynastie, nous arrivons par une lacune considérable (plus de mille cinquante ans) à la xiie dynastie.

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630. — Statuette de la déesse Bast. époque saïte. Moitié de lagrandeur de l’original. Musée du Louvre.

Autour de la base on lit:

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«Dit par Bast, grande souveraine d’Anhtàui: Je donne vie; santé, longue existence, vieillesse très heureuse à Petubast, fils de Pouarek; sa mère [est] Asan.»

Les fouilles ont mis au jour les noms de deux de ses rois, Aménemhat Ier et Osertesen III. Après cette célèbre dynastie se place habituellement l’invasion desHyksos ou rois pasteurs, dont on a retrouvé aussi de précieux monuments: ce qui est d’autant plus important que, selon l’opinion commune, c’est au temps de ces dominateurs étrangers que les fils d’Israèï sont venus sefixer en Égypte. Les monuments des rois pasteurs sont très rares: jusqu’ici on ne connaissait que les sphinx trouvés par Mariette dans les ruines de Tanis. Or M. Naville a eu l’heureuse fortune de découvrir à Bubâste deux statues, l’une représentant Apapi, le Pharaon de Joseph, et l’autre un roi jusque-là inconnu, nommé Ian-Ra. L’inscription de ce personnage est gravée sur les deux montants du trône, auprès de ses jambes. Elle commence par la devise de sa bannière royale répétée à droite et à gauche: jk, . ()iii «Horus, soleil qui embrasse les territoires.» Vient ensuite, à gauche, son nom accompagné de ses épithètes:

u.

T" «Fils du Soleil, Ian-Ra, qui aime sa personne (on sondouble),» et à droite, le préno m faisa nt le pendant du

précédent cartouche: "1 î {© I À I «Dieu bon,

User-en-ra.» — M. Naville raconte qu’ayant montré le cartouche royal de Ian-Ra au savant mahométan AhmetEffendi Kemal, celui-ci s’écria tout joyeux: «Nous avons donc retrouvé le Pharaon de Joseph!» M. Naville répondit que ce Pharaon, selon l’opinion plus commune, étaitApapi. «D’après les traditions arabes, reprit le mahométan, le Pharaon de Joseph était un Amalécite appelé Rajsnibn-el-Walid.» Cette tradition est digne d’attention, sinon pour le nom même de Ian-Ra (Ra-ian). du moins à causede l’époque approximative à laquelle on le fait régner, puisque selon les Arabes ce Pharaon aurait appartenu à unedynastie étrangère. Il y a donc là une confirmation importantede l’assignation à l’époque des Hyksos de l’histoire deJoseph. Toutefois M. Naville croit préférable la traditionchrétienne, conservée par Syncelle, qui fait d’Apapi le Pharaon de Joseph. Il ajoute que ce roi résidait probablement à Bubaste, et que là peut-être eut lieu l’épisode du patriarche hébreu. Dans cette hypothèse on comprend que Joseph ait demandé au Pharaon la terre de Gessen pour ses frères, afin de les avoir près de lui: Bubaste est située, en effet, dans ce territoire, qui selon les égyptologues doit se placer entre Belbis et Tell el-Kebir.

M. Naville a trouvé aussi des inscriptions des rois dela xviiie dynastie, et, en plus grand nombre, du célèbre monarque de la xixe, Ramsès II, regardé comme le persécuteurdu peuple hébreu dont parle l’Exode. Pendant cette persécution, il aurait, selon M. Naville, demeuré àBubaste plutôt qu’à Tanis, comme quelques-uns l’ontsupposé. — Enfin, environ trois siècles après l’Exode, Bubaste devint la résidence d’une nouvelle dynastie, la xxiie, laquelle fut appelée pour cela Bubastique. M. Navilleen a retrouvé des inscriptions avec les cartouches desrois Scheschonk et Osorkon Ier. Le premier, qui est leSésac de la Bible, accueillit à sa cour Jéroboam, combattitcontre Roboam et prit Jérusalem. II Par., xii, 2-9. Retourné en Égypte, il consacra le souvenir de ce fait dans la célèbre inscription de Karnak. Osorkon, son successeur, dont on a retrouvé beaucoup d’inscriptions et de monuments à Bubaste, pourrait peut-être être identifiéavec ce Zara (Zérah) qui vint attaquer Asa, roi de Juda, mais fut vaincu par le monarque hébreu. II Par., xiv, 9-13. — Tel est le résumé des découvertes faites récemment à Tell el-Basta. Elles nous ont révélé, du moins dans ses grandes lignes, l’histoire de l’antique cité de Bubaste, jusqu’ici presque inconnue.

H. Marucchi.

BUBON GALBANIFÈRE, plante de la famille desOmbellifères, Bubon galbanum de Linné. D’après ungrand nombre de botanistes, elle produit le galbanum(hébreu: bélbenâh; Septante: xaXêâvV; Vulgate: galbanum), dont il est question Exo<L, xxx, 34; Èecli., xxiv, 21, sorte de résine jaunâtre, qui exhale en brûlant une odeur acre et pour nous peu agréable. Le Bubon galbanifère est un arbrisseau toujours vert, classé aujourd’hui dans le: genre Peucédanum, qui-atteint une hauteur d’environ deux mètres; il est glabre, à tiges cylindriques, à feuilles glauques, à segments dentés; ses fleurs sont jaunes; , disposées en ombelles multiradiées (fig. 631). I1 le Thesaurus antiquitatum sacrarum d’Ugolini, ontrouve les dissertations suivantes de Bucher: Synedrium magnum, t. xxv, col. mcli; Dissertatio de velato Hebrærum gynæceo, t. xxix, col. dcxvi; Dissertatio de unctione in Bethania, t. xxx, col. mcccxvii. — Voir Walch, Bibliotheca theologica, in-8°, Iéna, 1765, t. IV, p. 335-632.

O. Rey.

BUDDEE Jean François, théologien luthérien allemand, né à Anclam, en Poméranie, le 25 juin 1667, mort àGotha, le 29 novembre 1729. Il fut d’abord professeur degrec et de latin à Cobourg, puis de philosophie à Halle, d’où il fut appelé à Iéna, pour y enseigner la théologie.Parmi ses écrits, nous mentionnerons: Dissertatio de Theodotione et versione græca Veteris Testamenti ab ipso facta, in-8°, Wittenberg, 1688; Historia juris naturæ juxta disciplinam Hebræorum, in-4°, Iéna, 1695; Introductio ad historiam philosophiæ Hebræorum, in-8°, Halle, 1702; Primitiæ Jenenses in quibus exhibentur commentatio ad primam Timoth., vi, 20, de falso nominata scientia, in-4°, Iéna, 1705; Historia ecclesiastica Veteris Testamenti variis observationibus illustrata, 3 in-4°, Halle, 1715-1719. Dans les Observationes selectæ, Il in-8°, Iéna, 1725 et années suivantes, se trouvent divers travaux de Buddée: De Cherubim paradisiacis hypothesis nova observanda, t. x, observ. xi; De divinatione Josephi per scyphum, t. xi, observ. iv; De leone a Simsone lacerato, t. xi, observ. vi; Meditatio fortuita ad locum Marci, IV, 2 et 11, t. x, observ. iii; Observationes in varia loca Epistolarum Pauli, t. VI, observ. xi, xiii; t. vii, observ. x. — Voir Programma academicum in funere J. F. Buddæi, in-f°, Iéna, 1738.

B. Heurtebize.


BUDNÉE ou BUDNY Simon, socinien polonais, né en Mazovie, vivait dans la seconde moitié du xvie siècle, et fut ministre à Klécénie, puis à Lost. Chef d’une secteunitaire, il poussa la doctrine de Socin jusqu’à ses dernières conséquences. Effrayé, le synode de Luclan l’excommunia en 1582; alors Budnée devint plus circonspect dans ses enseignements et se réconcilia avec sa secte. Il publia Biblia Veteris et Novi Testamenti polonica ad fontes hebræos et græcos examinata, in-4°, Zaslaw, 1572. Il donna également une édition du Novum Testamentum polonice, in-8°, s. 1. — Voir Christ. von den Sand, Bibliotheca Anti-Trinitariorum (1684), p. 54.

B. Heurtebize.

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632. — Buffle.

BUFFLE. C’est le bos bubalus ou bubalus ferus, ruminant du genre bœuf, originaire de l’Inde, acclimatéen Italie et en Grèce au VIIe siècle de notre ère. Le buffle a la taille plus haute et les proportions plus massives que le bœuf ordinaire (fig. 632). Son front est plus bas et son mufle plus large. Ses cornes, noires et compactes, sont marquées sur leur face antérieure par une arête longitudinale et se recourbent en arrière. Le buffle est un animal à demi sauvage. Il vit dans les pays marécageux, se plaît à demeurer dans l’eau et même à se vautrer dans la fange. Excellent nageur, il plonge parfois jusqu’à deux ou trois mètres de profondeur, pour arracher avec ses cornes des plantes aquatiques, dont ensuite il se nourrit. Son poil est noir et peu fourni. Sa chair a un goût musqué qui la rend désagréable. Son cuir spongieux résiste assez bien au tranchant des armes, et pour cette raison est employé dans la fabrication de la buffleterie. Domestiqué, le buffle conserve une partie de ses habitudes sauvages. Quand on veut l’utiliser pour le labourage, on le conduit au moyen d’un anneau passé dans ses naseaux. Il n’est pas question du buffle dans les Livres Saints. — Quelques interprètes ont cru le reconnaître dans le yaḥmûr. Voir Bubale. Mais la chair du buffle n’a jamais pu constituer un aliment assez commun pour que Moïse en parlât afin de l’autoriser, ni assez agréable pour qu’on le recherchât afin de le servir au roi Salomon. D’ailleurs le buffle vit dans les pays marécageux. Il n’a donc pu se trouver à la portée des Hébreux, ni dans la presqu’île sinaïtique, ni en Palestine.

— D’autres auteurs plus nombreux ont soutenu que le buffle était le même animal que le re’êm. Voir Aurochs, col. 1261. Telle a été l’opinion de Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, p. 1248; de Welte, Das Buch Job, Fribourg, 1849, p. 374; de Le Hir, Le livre de Job, 1873, p. 396; de Knabenbauer, In Job, 1885, p. 437, etc. Ce qui est dit de la force du re’êm, Num, xxiii, 22, de ses cornes, Deut., xxxiii, 17; Ps. xxi, 22; xci, 11, de la possibilité de l’offrir en sacrifice, Is., xxxiv, 7, pourrait à la rigueur convenir au buffle. Mais les autres traits qui caractérisent le re’ém sont inconciliables avec les mœurs du buffle. Dieu, dans Job, xxxix, 9-12, veut humilier l’homme en le mettant au défi d’assujettir le re’êm à son service; le buffle, au contraire, est domesticable. Il est sauvage, mais non féroce, comme le re’êm. Ps. xxi, 22. Enfin iln’a jamais dû être connu en Palestine. Il n’a pénétré dansl’Asie occidentale qu’à une époque assez tardive, si bienque les Arabes n’avaient pas de nom indigène pour ledésigner, et empruntèrent celui qui était en usage chezles Perses. Cf. Frz. Delitzsch, Das Buch Job, 1876, 2e édit., p. 510.

H. Lesêtre.


BUGÉE, nom donné à Aman, dans la Vulgate, Bugæus. Esth., xii, 6. C’est la transcription latine de Βουγαῖος des Septante, Esth., iii, 1; xil, 6. Cette appellation défectueuse est due probablement à une mauvaise lecture de la première partie du nom ethnique hâ’ăgâgî, du texte hébreu, «Aman l’Agagite.» Cf. ix, 24. L’explication imaginée par Grotius, in loc., Opera, Amsterdam, 1679, t. i, p. 587, est sans fondement. D’après lui Βουγαῖος est le même mot que Βαγώης, Judith, xii, 11 (texte grec: Vulgate, 12: Vagao), et signifie «eunuque», d’où, par extension, «grand officier de la cour». Voir Agagite.

E. Levesque.


BUGENHAGEN Jean, luthérien allemand, né à Wollin, en Poméranie, le 24 juin 1485, mort à Wittenberg le21 mars 1558. Il est souvent cité sous le nom de Doctor Pomeranus, du lieu de sa naissance. Il étudia à l’université de Greifswald, et fut ordonné prêtre. Il dirigea pendant quelques années l’école de Treptow, et, en 1517, fut chargé de faire des cours d’Écriture Sainte aux religieux de Belbog, de l’ordre des Prémontrés. Sur l’invitation du duc Boleslas X, il écrivit l’histoire de la Poméranie. Il se montra d’abord adversaire résolu de Luther; mais, vers 1520, après une lecture du livre de la Captivité de Babylone, du fameux hérésiarque, il vint à Wittenberg écouter les réformateurs, qui bientôt n’eurent pas de plus fidèle disciple. Il expliqua les Psaumes dans cette ville, se maria, devint pasteur protestant et rendu le mot ḥârûl: le chaldéen y a vu des chardons, Soph., ii, 9; les Septante, des broussailles, φρύγανα ἄγρια. (Dans Soph., ii, 9, ayant mal lu le mot précédent, ils ont rendu ḥârûl par un verbe, ἐκλειπειν.) La Vulgate traduit par le mot général d’ «épines», de «buissons», spina, sentes. Bon nombre de commentateurs identifient le ḥârûl avec les orties, sans doute à cause du sens étymologique qui implique l’idée de brûler (comme urtica vient de urere, «brûler»). Mais l’ortie n’est pas une plante sous laquelle on puisse s’étendre, Job, xxx, 7, et se reposer. De plus, dans Prov., xxiv, 31, les ḥărullîm sont mentionnés après les qimmešônîm, identifiés généralement avec les orties. Enfin le ḥârûl vient dans les champs en friche. Prov., xxiv, 31; Soph., ii, 9. Tous ces caractères, malgré le caractère vague de la description, peuvent convenir à la bugrane, mieux encore qu’à l’Acanthus spinosus, très abondant, il est vrai, en Palestine, que H. B. Tristram, The natural history of the Bible, in-12, Londres, 1889, p. 475, regarde comme le ḥârûl.

E. Levesque.

BUIS. Hébreu: ṭeʾaššûr, de la racine ʿâšar, «être droit,» arbre au port droit, selon Gesenius, Thesaurus, p. 164.

I. Description. — Arbrisseau ou petit arbre de la famille des Euphorbiacées, nommé Buxus sempervirens par C. Linné, Species plantarum, in-8°, Stockholm, 2 3 édit., 1762, p. 1394. Il varie beaucoup de grandeur: dans les pays chauds, c’est un arbre assez grand et assez fortpour offrir un tronc de trente à quarante centimètres dediamètre; dans les climats plus tempérés, c’est un arbrisseau de quatre à cinq mètres, que l’on peut réduire à l’état nain, de manière à le faire servir de bordures aux plates-bandes des jardins. Ses rameaux sont touffus, très nombreux, quadrangulaires, finement veloutés; sesfeuilles sont toujours vertes et ne tombent jamais, deforme ovale, coriaces, d’un beau vert luisant en dessus, jaunâtres en dessous; les fleurs sont petites, jaunâtres, groupées en petit* paquets à la base des feuilles supérieures; elles sont de deux sortes: les fleurs mâles ont un calice à quatre folioles et sont à quatre étamines protégées par des pétales ovales; les fleurs femelles ont un calice à cinq divisions, et leurs styles sont au nombre de trois.; le fruit est une capsule qui porte au sommet trois appendices en forme dé cornes; la capsule est divisée intérieurement en trois compartiments dans lesquels se trouvent deux graines (fig. 634).

Il est certain que le huis ne vient pas à l’état sauvage, au moins de nos jours, en Palestine. La seule espèce debuis que l’on trouve en Orient, c’est le Buxus longifolia, qu’on rencontre aux environs d’Antioche et au mont Casius. On le trouve aussi sur le Liban. Tristram, Fauna and Flora of Palestine, p. 410. Il diffère du buis ordinaire par ses rameaux non veloutés d’une pubescence fine; par ses feuilles du double plus grandes, longues d’un centimètre et demi, de forme elliptique et étroites, très arrondies à leur extrémité supérieure; par les pétales de la corolle allongés et amincis du haut; enfin par son fruit plus gros, à cornes plus longues et recourbées. — Le bois du buis est l’un des plus durs, des plus compacts et des plus lourds que nous ayons en Europe; il est jaune, susceptible d’un beau poli; celui des climats chauds est plus estimé; son grain est d’une finesse, d’une régularité extraordinaire; aussi est-il employé à fabriquer une foule d’objets. Son écorce est d’un blanc jaunâtre, un peu fongueuse et très amère. — Voir H. Baillon, Monographie des Buxacêes, in-8°, Paris, 1859.

M. Gandoger.

II. Exégèse. — La Vulgate rend par buxus le motṭeʾaššûr du texte hébreu. Is., xli, 19. Il est vraisemblable qu’il en est de même dans Is., lx, 13, bien qu’à suivre l’ordre des mots elle paraisse avoir traduit par pinus; mais il y a interversion. Parmi les nombreuses identifications proposées, celle de la Vulgate est encore la mieux établie. D’abord elle s’adapte bien au contexte. Le prophète Isaïe, lx, 13, parmi les arbres qui font la gloire du Liban et doivent servir à l’ornement de la nouvelle Jérusalem, nomme le ṭeʾaššûr. Cet arbre est mentionné aussi parmi ceux qui couvriront les solitudes de leur feuillage, au retour de la captivité. Is., xli, 19. Or le buis est unarbre d’ornement, au feuillage toujours vert. Il est vraique ces caractères généraux peuvent se rencontrer dansd’autres arbres. Mais le texte d’Ézéchiel, xxvil, 6, apporte une première et puissante confirmation en faveur du buis. Décrivant les vaisseaux de Tyr, le prophète dit: «Les bancs [de tes rameurs] sont faits d’ivoire incrusté dans le buis des îles de Kittim.»

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634. — Buis (.Buxus sempervirens).

Le texte massorétique porte, il est vrai: «l’ivoire fille des buis,» baṭʾaššûrîm (ʾaššurîm, abréviation de ṭeʾaššûr); mais cette expression singulière et suspecte provient d’une coupure fautivedes mots בח אשרים. Il est plus simple, plus naturel, delire en un seul mot בתאשרים, «dans le buis,» avec unmanuscrit hébreu et la version chaldéenne. Ce buis estapporté des îles de Kittim (Vulgate: «des îles d’Italie»). Il s’agit d’une des îles ou régions maritimes de la Méditerranée, peut-être la Corse ( Bochart, Geographia sacra, part, i, liv. iii, ch. v, p. 180), célèbre par son buis. Pline, H. N., xvi, 6; Théophraste, Hist. plant., iii, 15, 5. L’art de travailler le buis et d’y incruster de l’ivoire était très connu des anciens. Virgile, Æneid., x, 137. Le buis sertencore en Syrie pour fabriquer beaucoup d’articles daménage. Tristram, The Natural History of the Bible, p. 339. Dans ce passage d’Ézéchiel, la Vulgate, influencéesans doute par la traduction erronée des Septante, rendבתאשרים par prætorolia, «chambres:» ce qui n’offre pas un sens satisfaisant. — La seconde preuve en faveur du buis se tire de la traduction des Targums, qui rendent ṭeʾaššûr par ʾèškarʾîn, Is., xli, 19; lx, 13; Ezech., xxvii, 6; ce motdésigne certainement le buis. Im. Löw, Aramäische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 37. — On objecte contre cette interprétation que le buis ne croît pas en Palestine. Il suffit de remarquer que la Sainte Écriture ne parle pas du buis de ce pays, mais du buis apporté du Liban (Buxus longifolia) et du buis apporté par les Phéniciens des îles de Kittim, c’est-à-dire de l’Occident (Buxus sempervirens). — Le sens de «buis» donné à ṭe’assûr est donc suffisamment établi pour faire rejeter diverses identifications proposées par plusieurs interprètes, mais qui n’ont aucun fondement, comme celles de cèdre, de pin, d’orme, de peuplier, d’érable, de scherbin. Le scherbin, qu’on trouve dans les versions arabe et syriaque de l’Écriture, compte un certain nombre de partisans. Gesenius, Thesaurus, p. 164; Mülhau und Volck, Gesenius’ hebräisches Handwörterbuch, 11e édit., p. 893. Ils en font une sorte de cèdre ou de cyprès; mais en réalité c’est un genévrier, Juniperus phœnicea, et il n’a point les caractères réclamés par le contexte dans les passages de l’Écriture cités plus haut. Cf. Tristram, The natural History of the Bible, in- 12, Londres, 1889, p. 339; Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 153; E. F. C. Rosenmüller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, t. IV, part, i, p. 292. — Quant au buis de Is., XXX, 8, dans la Vulgate et les Septante: «Écris sur du buis,» il ne se trouve pas dans le texte original, qui a seulement: «Écris sur une tablette (lûaḥ),» sans préciser la nature du bois dont elle était faite.

E. Levesque.

1. BUISSON. Touffe ou fourré d’arbrisseaux bas, rameaux, souvent garnis d’épines. Plusieurs mots sont employés dans la Vulgate avec cette signification de buisson: — 1° Vepres, «buisson épineux,» traduction de l’hébreu sebâk, «branches entrelacées, buisson.» Gen., xxii, 13. Les Septante mettent un nom propre, Σαϐέκ; — vepres revient, Is., v, 6, et IX, 17; x, 17; xxxil, 13, pour traduire šâmîr, le paliure; — Is., vii, 23, 24, 25, où il traduit tantôt šâmîr, tantôt šayiṭ, «épine;» — 2° Sentes, «buisson piquant,» Job, xxx, 7, où il est mis pour ḥarûl, «bugrane.» — 3° Rubus, «ronce,» Exod., iii, 2, 3, 4; Deut., xxxiii, 16, pour senéh. Voir Buisson ardent. — 4° Rhamnus, Jud., ix, 14, rend âtâd, «le lyciet,» dans l’apologue célèbre de Joatham sur les arbres fruitiers et le buisson. — 5° Spina, rend un certain nombre de mots hébreux. — Voir Arbustes épineux, col. 889, Épines, Paliure, Ronce, Lyciet.

E. Levesque.

2. BUISSON ARDENT (hébreu: senéh; Septante: βατός; Vulgate: rubus). Buisson de l’Horeb, qui parut tout en feu sans se consumer, et du milieu duquel Dieu parlant à Moïse lui révéla son nom et lui donna sa mission. Exod., iii, 2-4; Deut., xxxiii, 16; cf. Act., vii, 30, 35. Son nom hébreu, senéh, indique, d’après l’étymologie, une plante épineuse. Ce n’est pas un terme générique, employé pour désigner toutes sortes d’épines; il n’est employé que dans le récit de l’apparition de Jéhovah àMoïse, Exod., iii, 2, et dans un passage qui y fait allusion. Deut., xxxiii, 16; de plus, il est accompagné de l’article. Exod., iii, 2. Il s’agit donc d’une espèce particulière de plante épineuse. Les uns y voient une espèce ou variétéde ronce, le Rubus fruticosus. Celsius, Hierobotanicon, 2 in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p, 48, et Im. Low, Aramäische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 275. Cette opinion a en sa faveur la traduction des Septante, βατός, et la Vulgate, rubus. Mais on objecte que la ronce ne se trouve pas au Sinaï, et que plus probablement elle porte, en hébreu le nom de barqânîm. Voir Ronce. D’autres, avec H.-B. Tristram, The Natural History of the Bible, p. 438, préfèrent identifier le senéh, avec une sorte d’acacia, l’acacia ou Mimosa nilotica, commun dans la péninsule sinaïtique; senéh leur paraît être l’équivalent de šent, nom égyptien de l’acacia. Mais šent rappelle plutôt šittîm, nom hébreu de l’acacia seyal (col. 102); l’acacia nilotica, espèce voisine du seyal, portait aussi en égyptien le nom de èent. Voir Loret, la Flore pharaonique, in-8°, Paris, 1892, p. 84. Il est donc probable que si Moïse avait eu à le désigner, il l’aurait appelé šittîm. Le senéh pourrait être cependant quelque autre espèce d’acacia différente des deux précédentes. — Quelques-uns ont fait du senéh une espèce d’aubépine. La Palestine et les pays voisins possèdent plusieurs espèces de cet arbrisseau, appelé za’rûr, par les indigènes. Palestine exploration Fund, 1891, p. 123. Une espèce d’aubépine, le cratœgus sinaïtica, est assez abondante au Sinaï. Th. Shaw, Voyage de Shaw dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant, trad. de l’anglais, 2 in-4°, La Haye, 1743, t. ii, p. 117; E. Boissier, Flora orientalis, t. ii, p. 663; G. Bénédite, La Péninsule sinaïtique, in-8°, Paris, 1890, 719 b. Aussi plusieurs voyageurs, comme Poco*cke, Voyages de Richard Poco*cke, trad. française, 6 in-12, Paris, 1772, I, 1, p. 440, ont vu dans cet arbrisseau épineux le senéh ou buisson ardent. E. F. Rosenmüller, Handbuch der biblischer Alterthumskunde, t. iv, 1re partie, p. 204; M. Julien, Sinaï et Syrie, 1893, p. 118. Il est curieux qu’une espèce d’aubépine, le cratœgus pyracantha, ait reçu chez nous le nom de Buisson ardent. L’arbuste du Sinaï est plus vigoureux, plus haut, et a les fruits plus gros que notre aubépine commune.

Celui qui parle dans cette vision se nomme l’ange de Jéhovah, Exod., iii, 2, puis Jéhovah (Iahvéh) et Élohim. Voir Ange de Jéhovah, col. 586. Le buisson ardent, quine se consume pas, symbolise le peuple d’Israël plongé alors en Égypte dans la fournaise de l’affliction, Deut., iv, 20, d’où le Seigneur doit le faire sortir plein de vie. Act., vii, 34; Philon, Vita Mosis, i, 12; Cornélius a Lapide, Comm. in Exodum, c. iii, 2, édit. Vives, p. 452. — Les feux de broussailles qu’on a coutume d’allumer dans ces déserts du Sinaï n’ont rien de commun avec cette apparition: entre un fait si naturel et le phénomène miraculeux, le plus simple pâtre n’aurait pu se méprendre. L. de Laborde, Commentaire géographique sur l’Exode, in-f°, p. 11. — Saint Luc, xx, 37, et saint Marc, xii, 26, citent ce passage de l’Exode, ch. iii, en l’indiquant par les mots: ἐπι τοῦ βάτου, super rubum, titre ou formule en usage chez les talmudistes et les rabbins pour indiquer ce passage de la Bible. — Suivant une ancienne tradition, le couvent de Sainte-Catherine, au Sinaï, serait bâti sur le lieu de l’apparition. Derrière l’abside de la basilique de la Transfiguration, élevée sous le règne de Justinien, se trouve en contre-bas une petite chapelle demi-circulaire, décorée à l’intérieur de ciselures en argent et de riches tapis. C’est la chapelle du Buisson ardent ou de l’Apparition, construite à l’endroit où l’on présumait qu’avait eu lieu la vision. On en attribue la construction à sainte Hélène: son style, sa situation au-dessous du chœur de la basilique Justinienne confirment cette tradition. Pour y pénétrer, il faut, à l’exemple de Moïse, ôter sa chaussure. Au IVe siècle, sainte Silvie la visita. Comme de son temps, on montre encore, à quelques pas derrière la chapelle, dans le jardin attenant, une ronce, plantée par les moines, pour rappeler aux pèlerins le buisson ardent. C’est l’influence du pâtot des Septante, qui leur a fait choisir cette plante, qui ne croît pas naturellement au Sinaï. Sainte Silvie, Peregrin. ad loca sancta, édit. Gamurrini, in-4°, Rome, 1887, p. 41; Antonin de Plaisance, Itinerarium, Patr. lat., t. lxxii, col. 912; R. Poco*cke, Description of the East, t. i, p. 150; M. Jullien, Sinaï et Syrie, in-8, Lille, 1893, p. 115-118.

E. Levesque.

BUKENTOP Henri, récollet flamand, lecteur émérite de théologie de l’université de Louvain, mort dans cette ville en 1716. Il fut un hébraïsant fort distingué, en mêmetemps qu’un sage investigateur des solutions aux difficultés que présente parfois le sens des Saintes Écritures. Il publia deux ouvrages: 1° Lux de luce, in-4°, Bruxelles, 1710. (Voir à son sujet le Journal de Trévoux, janvier 1712.) Dans ce livre, il étudie, éclaircit et résout, à l’aide du texte hébreu, un nombre notable de passages de la Vulgate; 2° De sensibus Sacræ Scripturæ et cabala Judæorum, in-12, Louvain, 1704. (Journal de Trévoux, 1712, article 121.)

P. Apollinaire.

BUL (hébreu: bûl), huitième mois de l’année juive, de vingt-neuf jours, comprenant la fin d’octobre et le commencement de novembre. C’était le mois des pluies.

Les uns, et c’est l’opinion commune, croient que son nom signifiait «pluie»; ils rapprochent ce mot de mâbul, «déluge» en hébreu, et le considèrent comme une abréviation de yebûl, «pluie.» D’après d’autres, bûl vient, à la vérité, par contraction de yebûl, mais avec une autre signification, c’est-à-dire celle de «produits de la terre». Yebûl a ce sens, Jud., vi, 4, avec sa forme pleine, et avec la forme contractée bûl, Job, XL, 20; cf. Is., xliv, 19. D’après cette étymologie, bûl désigne le mois où la terre, après la sécheresse de l’été, recommence à produire aux premières pluies. Le nom du mois de bûl a été retrouvé dans les inscriptions phéniciennes. Corp. inscript, semito-Phœniciæ, t. i, p. 15, 36 et Tab. ii, n° 3; Tab. v, n» lu. On ne le rencontre qu’une fois dans l’Écriture, I (III) Reg., vi, 38, où il est dit que le temple de Jérusalem fut terminé au bout de onze ans, au mois de bûl. C’est à l’occasion d’une construction élevée par des ouvriers phéniciens, et le mot bûl est précédé de yérah, nom phénicien du mois, rarement employé par les Hébreux, qui se servent habituellement du mot If odes: deux raisons qui font regarder le mot bûl, avec les mots éthanim et ziv, comme des noms de mois plutôt phéniciens qu’hébreux. Le mois de bûl fut appelé plus tard marcheschvan, טרחשוז, marḥéšvân. Taon., i, 3; Josèphe, Ant. jud., i, iii, 3.

F. Vigouroux.

BULGARE (VERSION) DE LA BIBLE. Voir Slaves (Versions).


BULKLEY Charles, anabaptiste anglais, né à Londres le 18 octobre 1719, et mort dans cette ville le 15 avril 1797. En 1740, il fut nommé ministre dans le Northamptonshire.Il avait d’abord appartenu à la secte des presbytériens. Parmi ses écrits, nous remarquons: Discourses on the parables of our blessed Saviour and the miracles of his holy Gospel, 4 in-8°, Londres, 1771. Quelques années après sa mort fut publié un autre ouvrage de Bulkley, Notes on the Bible, 3 in-8°, Londres, 1802. — Voir Orme, Bibliotheca biblica (1824), p. 64.

B. Heurtebize.


BULLET Jean Baptiste, né à Besançon en 1699, où il est mort le 3 septembre 1775. Professeur de théologie, doyen de l’université de Besançon, associé de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, d’une vaste érudition, il a laissé deux catégories d’ouvrages: des travaux d’érudition pure, et ceux qui se rapportent à la défense de lareligion. Parmi ces derniers, le plus remarquable est intitulé: Réponses critiques aux difficultés proposées par les nouveaux incrédules sur divers endroits des Livres Saints, 3 vol. in-12, Paris, 1773-1775. Son élève, l’abbé Moïse, ajouta, en 1783, un quatrième volume aux Réponses critiques. Voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. i, p. 46. Nous devons aussi citer de Bullet: Histoire de l’établissem*nt du Christianisme, in-4°, Lyon, 1764.

O. Rey.


BULLINGER Henri, célèbre réformateur suisse, né à Bremgarten, près de Zurich, le 18 juillet 1504, mort le 17 septembre 1575. Il avait eu le dessein de se faire chartreux, lorsqu’il fut gagné à la réforme par la lecture de Mélanchton, et surtout par l’enseignement de Zwingle. Il adopta les idées de ce dernier, avec des vues cependantplus modérées, moins éloignées du catholicisme. À la mort de Zwingle, il lui succéda à Zurich. Il prit une grande part à la première rédaction de la Confession helvétique et du formulaire de 1549, et composa (1564) la seconde confession de foi. Ses œuvres nombreusesconsistent surtout en sermons et en commentaires sur l’Écriture. Les principaux travaux scripturaires, publiés d’abord séparément, tous à Zurich, et plusieurs fois réédités, sont: Explanatio hebdomadum Danielis, in-8°, 1530; In S. Pauli ad Hebræos Epistolam commentarius, in-16, 1532; In D. Apostoli Pauli ad Thessalonicenses, Timotheum, Titum et Philemonem Epistolas commentarii, in-8°, 1533; In Acta apostolica commentariorum libri sex, in-8°, 1533; In sanctissimam Pauli ad Romanos Epistolam commentarius, in-8°, 1533; In D Petri apostoli Epistolam utramque commentarius, in-8°, 1534; In omnes apostolicas Epistolas D. Pauli 44 et septem canonicas, commentarii, in-f°, 1537; In Jesu Christi Evangelium secundum Joannem cornmentariorum libri decem, in-f°, 1543; In Evangelium secundum Marcum commentariorum libri sex, in-f°, 1545; In Evangelium secundum Lucam commentariorum libri novem, in-f°, 1546; In Evangelium secundum Matthæum commentariorum libri duodecim, in-f°, 1546. Il fit la préface de la Bible dé Zurich. Cf. J. Simler (son gendre), Narratio de ortu, vita et obitu H. Bullingeri, in-4°, Zurich, 1575; Niceron, Mémoires, t. xxviii, p. 172-203; J. Herzog, Real-Encyklopädie, 2° édit.» t. ii, p. 779-794.

E. Levesque.


BULLIOUD (Pierre de), magistrat et littérateur français, mort à Lyon en 1597. Procureur général au parlement de Dombes, procureur du roi au présidial de Lyon, il était fort versé dans la connaissance des langues anciennes. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé: Expositions et remarques sur les Évangiles, tirées des escrits des saincts Pères et des monumens anciens de l’Église contre les erreurs modernes, in-4°, Lyon, 1596. Il a été réimprimé sous le titre de La fleur des explications anciennes et nouvelles sur les quatre évangélistes, in-4°, Lyon, 1628.

B. Heurtebize.

BUNA (hébreu: Bûnàh, «prudence;» Septante: Βαναά), second fils de Jéraméel, qu’il eut d’Achia, sa première femme. I Par., ii, 25.


BUNSEN Chrétien Charles Josias, célèbre homme d’État et savant allemand, protestant rationaliste, né le 25 août 1791 à Korbach, dans la principauté de Waldeck, mort à Bonn le 28 novembre 1860. Il fit ses études à Marbourg et à Gœttingue, où il s’occupa surtout de la Bible et de la linguistique. Pour compléter son éducation, il voyagea, visita l’Autriche, la Hollande, Copenhague, Berlin, où il se lia avec Niebuhr, Paris, où il étudia l’arabe et le persan avec Silvestre de Sacy. Entré dans la carrière diplomatique, il fut ambassadeur à Rome, à Berne, à Londres; puis, résignant son poste, en 1854, il fut ennobli et se livra tout entier à ses travaux intellectuels. Son principal ouvrage est une traduction de la Bible avec des prolégomènes, des introductions, des notes critiques et des commentaires, Vollständiges Bibelwerk fur die Gemeinde, 9 in-8°, Leipzig, 1858-1870. Il ne put terminer lui-même son travail; la dernière partie fut publiée par Holtzmann et Kamphausen. Cette traduction, souvent heureuse, n’est pas toujours correcte. Voir col. 380. Dans d’autres ouvrages, comme Gott in der Geschichte, 3 in-8°, Leipzig, 1857-1858, et Aegyptens Stelle in der Weltgeschichte, 5 in-8°, Hambourg et Gotha, 1844 à 1857 (édit. anglaise, supérieure à la précédente, 5 in-8°, Londres, 1848-1867), il touche en passant à plusieurs questions bibliques. Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 3e édit., Paris, 1891, t. iv, p. 218, 224; t. v, p. 238; Allgemeine deutsche Biographie, t. iii, p. 541-552.

E. Levesque.


BUNTING Henri, théologien protestant allemand, né à Hanovre en 1545, mort dans la même ville le 30 décembre 1606. Il avait étudié à Wittenberg, fut ministre

à Grunow et surintendant à Gosslar. On a de cet auteur: Itinerarium Sacræ Scripturæ, ou Voyages des patriarches, prophètes, juges, rois, de Notre-Seigneur et de ses apôtres, in-f°, Helmstädt, 1581; ouvrage qui a eu de nombreuses éditions; De monetis et mensuris Scripturæ Sacræ, in-4°, Helmstädt, 1583; Harmoniæ Evangelistarum, in-4°, Helmstädt, 1583.

B. Heurtebize.


BUONRICCIO Angelico, — et non Angelo, comme le nomment certains auteurs, — natif de Venise, chanoine régulier de Saint-Sauveur, général de son ordre, vers 1605. Il a paraphrasé en italien quelques livres de la Bible. Le titre de ces paraphrases, cité en latin par plusieurs bibliographes, a fait croire que Buonriccio les avait écrites en cette langue. — Voici la liste de ces ouvrages: Le cristiane e divote parafrasi sopra tutte le Epistole di San Paolo, e le canoniche, in-8°, Venise, 1565; Le pie e cristiane paraphrasi sopra l’Evangelio di San Matteo, e di San Giovanni, imprimé dans laGhirlanda spirituale (traduction italienne d’un opuscule du P. Louis de Grenade), sous le titre de Fiori xii, in-4°, Venise, 1569; Dichiarazione de’Salmi di David, in-4°, Venise, 1584. — Voir Mazzuchelli, Gli scriltori d’Italia, in-f°, Brescia, 1763, t. vi, p. 2414; Alberici, Catalogo degl’illustri scrittori Venetiani, in-8°, Bologne, 1605, p. 9.

O. Rey.


BURDER Samuel, ministre anglican de Londres, né en 1773 et mort le 21 novembre 1837, a laissé: Oriental customs: or an illustration of the Holy Scriptures by an explanatory application of the customs and manners of the Eastern nations, 2 in-8°, Londres, 1802-1807, plusieurs fois réédité (1816, 1839), et traduit en allemand, avec corrections et additions, par Rosenmüller, 4 in-8°, Leipzig, en 1819 (il se sert abondamment des observations de Harmer, avec additions tirées des récents voyages; le tout arrangé selon l’ordre des livres et des chapitres de la Bible); Oriental Literature applied to the illustration of the Sacred Writings, especially with référence to antiquities, traditions, manners, 2 in-8°, Londres, 1822; Oriental customs applied to the illustration of the Sacred Scriptures, in-8°, Londres, 1831, 4e édit., 1847: c’est un choix des principaux articles des deux précédents ouvrages, avec additions d’après de récentes publications. Une œuvre plus directement scripturaire est The Scripture expositor: a new commentary critical and practical on the Holy Bible, 2 in-4°, Londres, 1809.

E. Levesque.


BURGESS Thomas, théologien anglican, né à Odiham, dans le Hampshire, le 18 novembre 1756, étudia à Oxford, devint évêque de Saint-David en 1803, et de Salisbury en 1825; il mourut le 19 février 1837. Ses publications furent extrêmement nombreuses; son biographe, J. S. Harford, Life of Bishop Burgess, in-12, Londres, 1841, en énumère une centaine. En dehors de quelques travaux sur la langue hébraïque, ses œuvres scripturaires se bornent à des Remarks on the Scriptural account of the dimensions of Solomon’s Temple, in-12, Londres, 1790; Initia Paulina sive introductio ad lectionem Pauli Epistolarum, in-12, Londres, 1804; Selecta loca prophetarum quæ ad Messiam pertinent, in-12, Londres, 1810.

E. Levesque.


BURGOS (Paul de). Nom chrétien d’un juif converti. Voir Salomon (Hallévi).


BURK Philippe David, exégète protestant danois, né à Neuffen le 26 juillet 1714, et mort à Kirchheim le 22 mars 1770. Après avoir étudié à Tubingue, il fut pasteur à Bolheim, puis à Hedeffingen, et, en 1766, devint surintendant à Kirchheim. On a de lui: Gnomon in duodecim prophetas minores, in quo ex nativa verborum vi simplicitas, profunditas, concinnitas, salubritas sensuum cœlestium indicatur, in-4°, Heilbronn, 1753; Gnomon Psalmorum in quo ex nativa vi verborum simplicitas, profunditas, concinnitas, salubritassensuum cœlestium indicatur, in-4°, Stuttgard, 1760; œuvre selon la méthode du célèbre Gnomon de Bengel. Cf. Walch, Bibliotheca theologica, in-8°, Iénà, 1765, t. iv, p. 565.

O. Rey.


BURKITT William, exégète et ministre anglican, né à Hitcham (Northamptonshire) le 25 juillet 1650, mort en 1703. Il fut successivement ministre à Milden (Suffolk) et vicaire de Dedham (Essex), en 1692. Il a publié un commentaire du Nouveau Testament, intitulé: Expository notes, with practical observations on the New Testament, wherein the sacred text is as large recited, the sense explained, and the instructive example of theblessed Jesus and his holy Aposiles to our imitation recommended, in-f°, Londres, 1700. La 13e édition, soigneusem*nt corrigée, in-f°, Londres, 1752, a souvent étéréimprimée depuis. — Voir L. Stephen, Dictionary of national biography, t. vii, p. 371.

O. Rey.


1. BURMANN François, théologien hollandais, né à Leyde en 1628, mort le 12 novembre 1679. Pasteur à Hanovre en 1655, il devint, en 1665, professeur de théologie à Utrecht. On a de lui: Getuigenisse of te Uitlegginge over de 5 Boecken Mosis, in-8°, Utrecht, 1660; in-4°, 1668; Over t’Iosua, Richteren en Ruth, in-4°, Utrecht, 1675; Over de Boecken der Koningen, Kronyken, Esra, Nehemia en Esther, in-4, Amsterdam, 1683; Over de 2 Boecken van Samuel, in-4°, Utrecht, 1683; Fr. Burmanni exercitationes academicæ, in-4°, Rotterdam, 1688, où il traite des synagogues, des ministres du Nouveau Testament, apôtres, évangélistes, prophètes, de la cène, etc.; Tractatio de passione Jesu Christi, in-4°, Herborn, 1695. Voir Acta eruditorum, Leipzig, année 1695, p. 320, et Supplementa, t. i, p. 455-472.

E. Levesque.

2. BURMANN François, théologien coccéien, né à Utrecht le 15 mai 1671, mort dans cette ville le 22 septembre 1719. Après avoir été pasteur de diverses églises, il devint chapelain de l’ambassade hollandaise en Angleterre. En 1715, il fut nommé professeur de théologie à Utrecht, où il mourut. Cet auteur a laissé, entre autres écrits, une concorde en flamand des Saints Évangiles, Harmonie of the overeenstemminge de vier Evangelisten, in-4°, Amsterdam, 1713 et 1740.

B. Heurtebize.


BUSARD, oiseau de proie, de la famille des falconidés. C’est, d’après une opinion assez probable, l’oiseau impur appelé en hébreu râ’ah. Le busard forme une variété du genre buse, mais il est beaucoup plus agile et adroit que la buse simplement dite, dont il se distingue par ses tarses longs et grêles, et par une sorte de collerette de plumes serrées à la partie inférieure du cou jusqu’aux deux oreilles (fig. 635). Il habite les endroits humides et les marais, , où il établit son nid assez près du sol. Il se nourrit d’oiseaux et de petit gibier.

Il y a en Palestine trois espèces de busards; la plus commune est celle du gros busard rouge, buteo ferox, qui a la taille d’un petit aigle, et qu’on trouve depuis la Syrie jusque dans l’Inde.

Le râ’àh est nommé une seule fois dans la liste des animaux impurs. Deut., xiv, 13. Dans la liste parallèle du Lévitique, xi, 14, le râ’àh est remplacé par le dà’àh, «vautour». En conséquence, certains auteurs sont portés à croire que dans le Deutéronome, il faudrait lire dâ’âh, la différence orthographique des deux mots ne consistant que dans le changement de lettres presque semblables, le ד, d, et le ר, r. Mais dâ’âh ne se lit lui aussi que dans le seul passage du Lévitique. Il est donc assez probable que les deux mots ont leur raison d’être. Tous deux conviennent à des oiseaux de proie; dâ’âh signifie le «volant» et râ’âh le «voyant». Les Septante les traduisent l’un et l’autre par γύψ, tour»; la Vulgate rend le premier par «milan» et le second par «vautour». Le busard était assez commun en certains endroits de la Palestine et assez facile à capturer, pour que Moïse ait songé à en défendre l’usage dans l’alimentation.


635. — Busard.

Il est vraisemblablement désigné par le mot râʾâh. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 186; Wood, Bible animals, Londres, 1884, p. 361.

H. Lesêtre.

BUTIN (hébreu: baz, et, dans les livres plus récents, bizzâh, béṣaʿ, ḥéléq, malqôaḥ, mešissâh, ʿad, šâlâl; Septante: προνομή, σϰύλα; Vulgate: præda, spolia). Le butin se compose des objets de valeur et des animaux dont on s’empare après la victoire. Les captifs forment une catégorie à part. Voir Captifs. Comme le butin est la conséquence de la victoire, et que la Sainte Écriture raconte un très grand nombre de combats, il n’est pas étonnant qu’il y soit fréquemment question de butin, et que les Hébreux aient possédé plusieurs mots pour désigner ce genre de capture. Il en a été du reste chez eux comme chez tous les autres peuples de l’antiquité, et rien n’est fréquent, dans les inscriptions et les monuments de l’Égypte et de l’Assyrie, comme les énumérations de dépouilles prises sur l’ennemi vaincu, et les représentations de convois chargés du butin conquis (fig. 636).

I. Principaux butins mentionnés dans les Livres Saints. — 1° Parfois ce sont les Hébreux qui remportent eux-mêmes le butin, sur les Égyptiens, Exod., xii, 35; Sap., x, 19; sur Séhon, roi d’Hésébon, Deut., ii, 94, 35; sur Og, roi de Basan, Deut., iii, 7; sur les Madianites, Num., xxxi, 11; après la prise de Jéricho, Jos., vi, 17, de Haï, Jos., viii, 2, 27, d’Asor et des villes voisines, Jos., xi, 14; sur les Philistins, I Reg., xiv, 32; xxx, 16; II Reg., xxiii, 10; sur les Amalécites, I Reg., xv, 12; xxvii, 8, 9; après la prise de Rabbath, ville des Ammonites, II Reg., xii, 30; après les victoire d’Asa sur les Éthiopiens, II Par., xiv, 13, 14; de Josaphat sur les Ammonites et les Moabites, II Par., xx, 25; après la levée du siège de Béthulie, sur les Assyriens, Judith, xv, 7; enfin après les victoires des Machabées sur Gorgias, I Mach., iv, 23; sur Lysias, I Mach., vi, 6; sur Nicanor, I Mach., vii, 47; sur différents ennemis, I Mach., XI, 51. — 2° D’autres fois, les Israélites sont vaincus, et ils enrichissent successivement de leurs dépouilles le roi chananéen Arad, Num., xxi, 1; les Philistins, I Reg., xxxi, 8, 9; I Par., x, 8; le roi de Syrie, II Par., xxviii, 5; les Iduméens, II Par., xxviii 17; les Chaldéens, au moment de la grande captivité, IV Reg., xxv, 13-17; II Par., xxxvi, 18, et, plus tard, les Romains, après la prise de Jérusalem par Titus. Josèphe, Bell. jud., VII, v, 5. — 3° Les prophètes annoncent aux Juifs le butin que les étrangers feront sur eux, en punition de leur infidélité à Dieu. IV Reg., xxi, 14; Is., v, 29; vin, 1, 3; x, 6; xxiv, 3; Jer., xv, 13; Ezech., vii, 21; xxxviii, 11-13. Mais ils prédisent aussi aux ennemis qu’à leur tour ils seront pillés, Jer., L, 10; Hab., ii, 8, et ils célèbrent à l’avance la grande revanche que, sous ce rapport, Jérusalem prendra un jour sur ses vainqueurs. Is., xi, 14; xxxiii, 14, 23; Ezech., xxxix, 9, 10; Mich., IV, 13. Il s’agit surtout, dans ces derniers textes, du butin spirituel que fera la ville sainte après la venue du Messie.

— 4° Dans la bénédiction qu’il donne à ses fils avant de mourir, Jacob représente deux d’entre eux, Juda et Benjamin, comme devant être habiles à conquérir le butin. Il dit de Juda et de Benjamin:

Juda est un lionceau:
Tu reviens de la proie, mon fils.

Gen., xlix, 9.

Benjamin est un loup ravisseur:
Le matin il dévore sa proie,
Et le soir il partage les dépouilles.

Gen., xlix, 27.

Ces prédictions font allusion aux destinées temporelles des deux tribus, et aussi au rôle spirituel de leurs principaux descendants. — 5° Il est parfois parlé d’un butin moins noble que les précédents, celui que font les brigands, les voleurs de grand chemin et les méchants en général. Jud., IX, 25; Job, 1, 15; xxiv, 5; Prov., 1, 13; xvi, 19.

II. Répartition du butin. — 1° Dans certains cas, pour inspirer aux Israélites l’horreur de l’idolâtrie, Dieu commandait que tout le butin pris sur les idolâtres fût détruit, à l’exception de ce qui pouvait être purifié par le feu, comme l’or, l’argent, l’airain et le fer. Jos., vi, 17-19.Après la prise de Jéricho, Achan contrevint à l’ordre du Seigneur, et garda pour lui «un manteau de Babylonie, deux cents sicles d’argent et une barre d’or». Jos., vii, 21. Cette transgression attira une défaite à Israël, et fut ensuite punie avec la dernière rigueur. Voir Achan. — Plus tard, Saül ne sut pas se souvenir de cet exemple. Il avait reçu l’ordre de détruire absolument tout ce qu’il prendrait aux Amalécites, I Reg., xv, 3; mais il épargna soigneusem*nt tout ce qui avait de la valeur. I Reg., xv, 9. Ce fut l’occasion de sa réprobation par le Seigneur. I Reg., xv, 11, 23. — 2° Il y avait toujours dans le butin une part prélevée pour le service divin. Moïse établit que cette part serait d’un cinq-centième des dépouilles attribuées aux combattants. Num., xxxi, 28. Après la victoire contre les Madianites, les officiers tinrent cependant à faire davantage, et ils consacrèrent à Dieu l’or et les parures précieuses dont ils s’étaient emparés. Num-, xxxi, 48-54- Cette part sacrée est mentionnée expressément à la suite du plusieurs victoires. II Reg., viii, 11; I Par., xxvi, 27; II Par., xv, 11. — 3° Voici comment Moïse fit diviser le butin pris sur les Madianites: on le partagea en deux portions égales, l’une pour les combattants, moins le cinq-centième réservé au Seigneur, l’autre pour le reste du peuple, moins un cinquantième attribué aux lévites. Num., xxxi, 28-47. Dans les lois qu’il porta plus tard au sujet de la guerre, Moïse dit: «Tu partageras à l’armée tout le butin, et tu te nourriras des dépouilles de tes ennemis.» Deut., xx, 14. Cette prescription générale ne déroge sans doute pas â celle qui a été formulée précédemment avec plus de détail; d’ailleurs le législateur s’adresse au peuple tout entier, et l’autorise à se nourrir des dépouilles, par conséquent à en avoir sa part. — En renvoyant au delà du Jourdain les combattants de Ruben, de Gad et de la demi-tribu de Manassé, Josué leur rappelle qu’ils ont à partager avec leurs frères le butin conquis. Jos., xxil, 8. — À la suite «dépouillant les principautés et les puissances, il les a livrées en spectacle avec pleine autorité, en triomphant d’elles en sa propre personne.» Col., ii, 15.

H. Lesêtre.

BUTLER Charles, savant anglais, catholique, neveu d’Alban Butler, le célèbre auteur de la Vie des saints, né à Londres en 1750, mort en 1832. On a de lui des études remarquables sur la Bible, publiées dans le tome Ier de ses Philological and biographical Works, 5 in-8°, Londres, 1817, sous ce titre: Horæ biblicas. Part I. Containing an historical and litterary account of the original text, early versions, and printed éditions of the Old and New Testament. Part II. Containing an historical and literary account of the Coran, Zend-Avesta, Vedas, Kings and Edda, or the books accounted sacred by the Mahometans, Parsees, Hindus, Chinese and Scandinavian nations. — Voir L. Stephen, Dictionary of national biography, in-8°, Londres, 1886, t. viii, p. 45.

O. Rey.


BUTOR (hébreu: qippôd). Il est question de l’animal ainsi nommé dans trois passages de la Sainte Écriture. Isaïe, xiv, 23, dit de Babylone: «Je ferai d’elle la demeure du qippôd et un marais d’eaux.» Dans sa prophétiecontre l’Idumée, il dit encore: «Le pélican et le qippôd la posséderont, l’ibis et le corbeau y habiteront.» Is., xxxiv, 11.Sophonie enfin s’exprime ainsi dans sa prophétiecontre Ninive: «Les troupeaux coucheront au milieud’elle, ainsi que toutes les bêtes des nations; le pélican etle qippôd habiteront dans ses portiques, la voix (des oiseaux)chantera à ses fenêtres, la dévastation (Septante et Vulgate: le corbeau) sera sur son seuil.» ii, 14.


637. — Butor.

Les versionsont cru que le qippôd était le hérisson. Septante: ἐχῖνος; Vulgate: erurius. Cette traduction paraît autorisée par la ressemblance du mot qippôd avec le nom arabe du hérisson, kunfud. Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, p. 1226, rattache qippôd au verbe qâfad, «contracter,» parce que le hérisson se contracte en boule quand on l’effraye. Mais l’examen des trois textes dans lesquels se trouve le mot qippôd ne permet pas de croire qu’il s’y agisse du hérisson. Dans le premier texte d’Isaïe, le parallélisme exige que le qippôd soit un animal aquatique, capable de vivre au milieu des marais. Ce n’est pas le cas du hérisson, quihabite dans les bois et se tient caché pendant le jour sous la mousse et dans le tronc des vieux arbres. Dans le second texte, le qippôd est associé au pélican, palmipède qui vit au bord des eaux et fait une chasse active aux poissons; le hérisson conviendrait d’autant moins ici, que les deux autres animaux nommés ensuite sont encore des oiseaux. Dans la prophétie de Sophonie, le qippôd est encore associé au pélican, et appelé à mener une vie aquatique, puisque Ninive se trouvait sur le bord du Tigre, dont les inondations devaient engendrer de vastes marécages auprès des ruines de la ville. De plus, la voix qui chante par les fenêtres délabrées est naturellement celle des oiseaux, par conséquent celle du qippôd, le dernier animal nommé, et celle du pélican. Le qippôd ne saurait donc être le hérisson. Les passages cités obligent à supposer que c’est un oiseau vivant sur le bord des eaux. Déjà la version arabe avait traduit qippôd par el-houbara, oiseau qui est une espèce d’outarde. Robertson, Thesaurus linguæ sanctæ, Londres, 1680, p. 956, enregistre l’opinion de commentateurs qui font du qippôd une anataria, un oiseau qui vit auprès des lacs et des marais dans le désert. Si l’on remarque que les principaux oiseaux des rivages, héron, grue, cigogne, ibis, ont déjà leur nom hébreu, il ne reste plus guère que le butor qu’on puisse identifier avec le qippôd. C’est ce qu’ont fait W. Drake, dans le Dictionary of the Bible de Smith, 1863, t. iii, supplément, p. xxxi; Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 243; Wood, Bible animais, Londres, 1884, p. 462.

Le butor, botaurus stellaris (fig. 637), est un échassier de la famille des ardéinés ou hérons. Il est caractérisé par son bec long, droit, tranchant, terminé en pointe aiguë et fendu jusque sous les yeux. Comme le verbe qâfad signifie surtout «trancher», il est possible que le nom de qippôd ait été donné au butor à cause de la conformation de son bec. La tête est surmontée d’une aigrette que l’animal relève ou abaisse à volonté. Le cou est court et fortement garni de plumes susceptibles d’érection. Cette particularité établit une certaine ressemblance entre le butor et le hérisson. Ainsi doit probablement s’expliquer la désignation de deux animaux si différents par le même mot hébreu qippôd. Il est à remarquer que la version syriaque traduit ce mot par le «hérissé». Quand le butor est au repos, il replie son cou sur son dos de telle manière, que son bec se dresse la pointe en l’air. Ses doigts sont légèrement palmés à la racine. Le butor vit de grenouilles et de poissons. C’est donc un hôte des marais et des rivages. Cet animal est très courageux; il se défend contre toute espèce d’ennemis, même contre l’homme, à l’aide de son bec et de ses ongles. Il pousse un cri qui rappelle le mugissem*nt du taureau, avec quelque chose de plus intense et de plus perçant. D’Orbigny, Dictionnaire universel d’histoire naturelle, 2e édit., t. vii, p. 137, dit que son nom de botaurus ou de bos taurus, lui vient de là. C’est à cette voix lugubre que ferait allusion le prophète Sophonie. Toutefois Littré n’admet pas l’étymologie de d’Orbigny, et fait dériver botaurus du bas-latin bitorius ou butorius, d’origine inconnue. Dictionnaire de la langue française, t. i, p. 442.

H. Lesêtre.


BUXTORF, nom de plusieurs savants de la même: famille, qui durant plus d’un siècle occupèrent la chaire d’hébreu, à Bâle. Les deux plus célèbres sont:

1. BUXTORF Jean, dit l’Ancien, le plus célèbre des hébraïsants protestants du commencement du xviie siècle, né à Camen, en Westphalie, le 25 décembre 1564, mort à Bâle le 13 septembre 1629. Il commença ses études à Marbourg et à Herborn, les continua à Heidelberg, Bâle,

du pays de Buz (voir Buz 3): ce qui d’ailleurs peut ne faire qu’une même chose, si le pays de Bûz doit son origine au fils de Nachôr.

BYBLÔS. Voir Gébal.

BYNŒUS Antoine, philologue calviniste hollandais, né à Utrecht le 6 août 1654, mort à Deventer le 8 novembre 1698. Disciple du célèbre Grœvius, il était fort versé dans l’étude des langues orientales. Il gouverna plusieurs églises de sa secte. Parmi ses ouvrages, nous devons citer: De Calceis Hebræorum libri duo, in-12, Dordrecht, 1682; in-4°, 1059, etc., et dans Ugolini, Thesaurus antiq. sacrar., t. xxix, col. dclxxi; De natali Jesu Christi libri duo. Accessit dissertatio de Jesu Christi circumcisione, in-4°, Amsterdam, 1689; De morte Jesu Christi libri tres, 3 in-4°,; Amsterdam, 1691-1698. Cet ouvrage parut en hollandais, sous ce titre: Gekruyste Christus ofte verklaaringë van het Lyden, Sterben en Begraben van Jesus Christus, in-4°, Dordrecht, 1725. Il a composé aussi en hollandais une explication de la prophétie de Jacob, Silo of Jacobs voorzegginge, in-12, Amsterdam, 1694, et une explication du psaume cx, Over den cx psalmen, in-8°, Amsterdam, 1716. Cf. Acta eruditorum, Leipzig, année 1684, p. 68; année 1690, p. 115.

B. Heurtebize.

BYSSUS. Voir Lin.

BYTHNER Victorinus, professeur de langue hébraïque, d’origine polonaise, né vers 1605. Il embrassa la religion anglicane et devint professeur à Oxford. Il mourut à Deventer vers 1670. Nous ne citerons de cet auteur que l’ouvrage suivant, assez estimé: Lyra prophetica Davidis régis, sive Analysis crïtico-practica psulmoram. In qua omnes et singulæe voces hebrææ in psalterio contentæ ad regulas artis revocantur, earumque significationes genuine explicantur, etc. Insuper Harmoniu Hebræi textus cum paraphrasi chaldæea, et versione græca, fideliter confertur. Cui ad calcem addita est brevis institutio linguæ Hebrææ et Chaldœæ, in-8°, Zurich, 1645, 1650, 1653, 1664, 1670; in-4°, Londres, 1679, avec des additions, et in-8°, Londres, 1823. Il a été traduit en anglais, sous le titre: Lyre of David, in-S°, Londres, 1836, et in-8°, 1847.

B. Heurtebize.

FIN DU TOME PREMIER

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